// ... Chapitre trente-deux ... //
"Setting Sail (Chill Mix)" - Eastern Odyssey
- Maliha ?
La main de Glorfindel m'arrêta alors que je marchais doucement seule devant les autres. Je soupirais en me mettant à sa hauteur tout en continuant de marcher.
- Je sais très bien ce que tu vas dire Glorfindel. Je ne veux pas en parler...
- Tu vas être obligée.
- Écoute, c'est une partie de moi, c'est comme ça et je peux la maîtriser. C'est tout ce qui compte. Et si ça ne te plaît pas, c'est pareil, je suis comme ça.
Je voulais être ferme. Je venais d'accepter celle que j'étais devenue, qu'importent leurs promesses, leur confiance, et tous ses mots sur l'attachement qu'ils pourraient avoir envers moi. Cette nuit, j'avais simplement constaté que j'étais seule et redoutée.
- Pourquoi un si sombre discours ?
Sa voix fila dans mon esprit et m'arrêtais pour lui montrer mon agacement.
- Si tu avais vu tes yeux. Si tu avais pu y lire ce que j'y ai lu... Vos yeux à tous d'ailleurs... Vous avez tous peur de moi, tu auras beau dire Glorfindel, je reste celle que je suis. Pour la première fois cette nuit, j'ai vu la vérité sur ton visage, cette méfiance, cette hésitation de me tuer alors même que je te disais que je me contrôlais. Tu ne veux pas l'accepter, mais "ami", tu as besoin de moi, jusqu'à ce que je sombre et perde mon utilité.
- Ton utilité ?
- Oui, mon utilité ! Comme tous les autres, nous former, nous battre et enfin nous tuer parce que de toute façon, nous n'avons pas le choix !
- Tu n'es pas comme eux...
- Arrête de dire ça, tu ne sais rien de nous ! Et puis de toute façon tes yeux disaient l'inverse cette nuit ! Quoi que je fasse Glorfindel, ça fait partie de moi et je me maîtrise, mais même en te disant ça, tu as hésité !
J'avais hurlé... Depuis combien de temps je n'avais pas hurlé sur Glorfindel ? Mais la colère brûlait ma peau. J'avais envie de crier et d'insulter le monde entier...
- Maliha...
- Je n'ai rien à te dire de plus.
Il a pris mon bras pour le serrer durement pour m'empêcher de reprendre la marche.
- Oui, j'ai eu peur, et alors?!
Me retirant de son bras vivement, je le renvoyais un regard noir comme jamais je ne l'avais fait encore, prête à lui exploser ma douleur au visage.
- Et alors ? Alors je croyais que tu avais confiance en moi ! Elle est là la différence !
Il fronça les sourcils en respirant rapidement, ses yeux étaient en colère et les muscles de sa mâchoire bougeaient pour se retenir de hurler à son tour. Plus un son n'était présent autour de nous. Tout s'était arrêté... Derrière lui, le reste de la garnison s'était interrompue pour nous regarder. Legolas me renvoya un air méfiant, serrant l'arc dans sa main et je n'ai pu m'empêcher de le disigner du doigts d'un geste de colère pur.
- Et toi ! Tu n'as pas besoin de cet arc tu sais ?! Sois patient, tu auras ma peau à l'usure, tu n'auras même pas à lever le bras, parce que je finirais bien par crever de ce putain d'amour ! je crachais épuisée dans ma langue natale.
Ils fronçaient tous les sourcils et lui également en ne comprenant pas un mot du français que je venais de prononcer.
Je les laissais tous en plan pour continuer ma route. Mon esprit n'était qu'un ensemble de contradictions et de colère... Nous étions rentrés et j'avais parcouru le chemin seule tout en sentant leurs regards dans mon dos. Je voulais partir, me cacher, rester parfaitement seule sans rien demander et attendre juste ma prochaine mission.
Après avoir gravie les marches quatre par quatre, bousculée la porte comme jamais, j'étais rentrée dans mes quartier en jettant la lame sur le lit avanty de retirer mes bottes, quand quelqu'un entra en trombe...
- Qu'est-ce qui t'arrive au juste ?
Aragorn était là, devant moi, le visage assombrit par la colère. Glorfindel avait dû lui parler... Je détestais ce genre de situation, machin parle à machin et arrive sur ses grands chevaux...
- Tu ne peux pas nous demander de ne pas avoir peur Maliha.
J'ai froncé les sourcils, car il prenait un chemin glissant.
- Nous avons tous eu peur, c'est vrai... J'ai eu peur de te voir perdre le contrôle, mais j'ai eu peur aussi de ne plus revoir la Maliha que je connais. De ne voir que l'ombre dans tes yeux, si différente de ton âme.
- C'est bon Aragorn... Je l'ai accepté, tu sais.
Un air surpris passa sur son visage.
- Tu dis n'importe quoi... Ne la laisse pas...
- Écoute, je sais très bien ce que j'ai à faire et ce que je suis, d'accord ? J'ai choisi d'être cette personne, j'ai quitté mon monde pour vous aider à sauver le vôtre et je suis heureuse d'avoir accepté. Je vous aime et je continuerai de vous protéger du mieux que je peux Estel. C'est ma tâche, ma raison de vivre et d'être ici., mais tout ça à un prix, le prix de mon nom. Je ne peux pas vous empêcher de me voir comme un titan et je l'ai accepté.
Il soupira en me regardant tristement.
- Tu l'as dit Estel, je ne peux pas vous empêcher d'avoir peur de moi. Mais je suis comme ça, tu dois l'accepter si tu le peux, mais j'en doute, j'en ai eu la preuve la nuit dernière. Ça aussi, je dois l'accepter.
- Maliha...
- Tu auras toujours peur de moi Estel... Tout comme Glorfindel, et ce, malgré votre attachement pour moi. Je lis la méfiance dans vos yeux... Laisse moi juste le temps de l'accepter.
- Tu seras toujours une sœur pour moi Maliha, quelle que soit ta nature. Même si j'ai peur. Ne va pas croire que ta nature changera ça... Je me défendrai contre toi si tu sombres, je me battrai, mais pour te faire revenir. Tu es ma confidente, celle qui m'a tout appris, mon amie de toujours, ma sœur.
Je continuais de le regarder tout en cherchant mes mots, mais il n'y avait rien à répondre à ça, rien... Je lui ai offert un sourire triste, essayant de faire passer mes émotions par ce simple sourire qui voulait tout dire au fond... J'ai baissé les yeux en sentant mes émotions me prendre.
- Tu fais chier...
- Je sais.
Il m'a prise dans ses bras et j'ai pleuré, vidant ma tristesse sur son épaule. Mon avenir était loin d'être radieux, l'accepter, presque impossible. Je ferai de mon mieux, comme d'habitude. Si ce choix était à refaire, je le ferai de nouveau. Ce monde le méritait, il méritait de rester à ses côtés. J'ai quitté son épaule pour afficher un sourire presque apaisé.
- Merci... Mon frère.
Il sourit en me tapant dans le dos pour me pousser à me reprendre.
- Tu devrais aller voir Glorfindel. Tes paroles l'ont rendu... Irritable.
- Et toi tu devrais aller voir Arwen.
Il fronça les sourcils et soupira, sachant pertinemment que de toute façon, il n'échappera pas à cette discussion.
- Je ne peux pas lui rendre cet amour Maliha, dit-il lâchement.
- Parce que tu ne t'en sens pas digne, c'est ça ?
Il fait un signe de tête pour approuver.
- Alors pourquoi moi, je devrais me sentir digne du vôtre ?
Il croise les bras en semblant gêné.
- Ça n'a rien à voir...
- Estel, regarde moi dans les yeux et dis-moi que tu ne l'aimes pas de la même manière.
Il ne disait rien, préférant fixer le sol.
- Je ne peux pas accepter qu'elle perde son immortalité pour moi Maliha. Je ne suis personne, mon sang est maudit, je...
- Tu n'as pas à faire ce choix à sa place. C'est son choix. Aragorn l'amour des elfes est éternel, Arwen t'a choisi et je sais très bien que c'est pareil pour toi. Alors, tu veux quoi ? Rester à la regarder perdre sa lumière au lieu de l'aimer sans retenue toute ta vie ?
- Quoi ?
- Elle perd sa lumière Estel. Elle ne dit rien, mais je le vois. Je crois qu'elle se moque éperdument de ton sang et du passé de tes parents. Elle t'aime tel que tu es, ça s'arrête là.
Il me regarde sans rien afficher, perdu dans ses pensées. Je voudrais le gifler pour lui remettre les idées en place, lui prouver par x et y que leur amour était réciproque... Que demander de plus ?
- Écoute, je n'ai pas votre chance, mon amour restera pour l'éternité à sens unique, alors s'il te plaît ne t'inflige pas ça.
Ces yeux me dévisageaient de haut en bas comme pour encaisser ce que je venais de dire.
- Tu...
- Et oui, dis-je en serrant mes mains derrière mon dos, lui affichant un sourire sincère. Vous méritez le bonheur qui vous attend, s'il te plaît, ne laisse pas ton passé influencer ton futur.
Il souria et à cet instant, je savais que j'avais gagné. En même temps, c'était perdu d'avance, les Valars en avait décidé ainsi.
- Très bien...
Voilà, en le regardant partir, je me sentais bien, j'avais fait ma bonne action et au moins une chose positive était passé dans ma vie depuis les derniers jours. Les voir heureux me remplirait de bonheur... Je ne voulais pas penser au futur, ne pas penser que je les verrais vieillir et même mourir. Si on m'avait offert le même droit qu'Arwen, je n'aurais pas hésiter une seconde, mais je n'étais pas une des "premiers nés" et un cadeau des Valars ça ne se refuse pas...
J'ai retiré mon habit de voyage et pris un bain tout en réfléchissant à ce que je pourrais bien dire à Glorfindel... Passant un pantalon large bleu marine et une tunique de la même couleur, toujours avec le même questionnement. Enfiler mes ballerines, une longue veste de kimono grise, retirer la tresse et brosser mes cheveux avant de les sécher. Je prenais mon temps pour rendre mon teint potable avec un peu de poudre rosée et me mettre du rouge sur mes lèvres, prendre un sautoir, respirer et ouvrir la porte pour partir à la recherche de l'elfe.
Je marchais et marchais encore les mains dans les poches de mon kimono, regardant les premiers signes du printemps sur les arbres. L'elfe était introuvable, j'ai croisé Rilomë qui m'indiqua la bibliothèque à l'autre bout de la cité... C'était long très long et plus le temps passait, plus je reflechissais...
- Vous auriez dû lui couper la tête Glorfindel. Aviez-vous vu son visage?!
Mon sang s'était glacé.
- Elle a dit pouvoir se maîtriser Legolas.
- Avez-vous oublié ?
- Je ne crois pas que Glorfindel ait oublié cela, Seigneur Legolas, nous y étions...
Holorïn...
- Raison de plus... Elle aurait pu nous tuer, vous le savez très bien. Et cette lame, elle est devenue invincible à partir du moment où elle l'a eu entre les mains, et vous le savez très bien.
- Maliha est loin d'avoir les mêmes attraits que l'on connaît des anciens titans. Elle est plus calme, plus souple et plus raisonnable.
Celeborn... Ma parole ils étaient tous là... Il ne manquait plus que...
- Maliha a une chance de s'en sortir, la voix douce de Galadriel. Son coeur est bon et son amour grand. Il y a une bonté en elle qui n'était pas présente chez eux en effet.
- Je suis d'accord avec vous, lance Glorfindel.
- Elle n'était pas elle-même, cet œil rouge, ce visage de marbre sans expression. Ais-je été le seul à le voir ?
- Holorïn ? demande Celeborn.
- Elle a en effet laissé un instant le mal la prendre, mais de ce que j'ai pu voir elle ne leur a fait aucun mal.
- Elle a déposé son arme en arrivant devant eux après avoir éliminé les orcs qui les encerclaient, termine Glorfindel.
- Le mal commence donc à la ronger... dit Celeborn.
J'étais derrière le grand rideau dans l'entrée, écoutant certainement la conversation qui déciderait de mon sortet mon cœur se serra. Malgré les mots que j'avais dit à Glorfindel il restait fidèle à lui-même. Il me faisait visiblement un peu confiance finalement encore...
- Comme je vous l'ai dit, elle était là et m'a juré contrôler sa force.
- C'est votre amour pour elle qui vous rend aveugle Glorfindel, lâche Legolas.
Quoi ? Je frnçais les sourcils.
- Pardon ? demande rapidement Glorfindel.
- Votre amour ne doit pas influencer votre choix, il en va de notre vie à tous.
Là c'était trop...
- Je vous interdis de tenir de tels propos. Glorfindel n'est nullement épris de moi.
Je marcha rapidement pour arriver devant Legolas. PLongeant mon regard dans le sien, il n'a pas reculé. Il n'avait pas l'air surpris bizarrement, me regardait juste, simplement, sans colère et sans haine.
- Pourtant votre façon de vous parler, de vous protéger l'un l'autre, de vous regarder, de vous toucher, d'embrasser sa joue...
De simples mots, mais il m'avait déstabilisé à l'instant même où ses lèvres les avaient formés. Les syllabes, si douces, c'étaient juste glissées hors sa bouche doucement, comme pour en savourer les formes qu'elles formaient sur sa langue.
- Maliha tu n'as pas à répondre... essaie Glorfindel en s'approchant, mais je me reprenais rapidement.
- Glorfindel est tout pour moi, il m'a tout appris, depuis cinquante-deux ans il est mon soutient, je lui confierai ma vie autant que je la lui offrirai. N'allez pas mélanger les coutumes des elfes avec les miennes, vous ne savez pas d'où je viens. Et sâchez que je serai une femme comblée si son cœur avait choisi le mien, mais ce n'est pas le cas. Il n'éprouve aucun amour pour moi tout comme je n'en éprouve aucun pour lui, il n'y a qu'une amitié infiniment loyale.
Plus je débitais mes mots et lus je le voyais plisser des yeux.
- J'ai pourtant cru voir de l'amour dans vos yeux.
Il m'avait piégé... Et je fus bientôt complètement déstabilisée par ses yeux et cette tension, qui scrutaient mon visage.
- Vous avez mal interprété ce que vous avez vu mon Seigneur.
J'ai coupé court à cette conversation gênante au possible, pour aller directement devant le Seigneur et la Dame, évitant de me focaliser sur le regard de l'elfe dans mon dos.
- Si votre choix est de m'abattre, il en sera ainsi et je l'accepterai. Mais je ne laisserai que Glorfindel ôter ma tête.
- Maliha... murmure celui-ci.
La Dame me souria.
- Fille d'Illuviné, pouvez-vous nous certifier que vous étiez consciente ?
- Oui, je l'étais.
- Pourquoi avoir enfermé votre âme Titan ? demande gravement Celeborn.
- Le Seigneur Legolas et Estel était en difficulté, j'ai laissé mes émotions prendre le dessus et je l'ai senti sortir par mégarde. Je ne l'ai pas laissé faire et gardé totalement le contrôle. Une partie de moi était belle et bien enfermée, mais pas ma conscience, j'ai pu l'utiliser pour éliminer la menace.
- Vous ne devez pas utiliser son pouvoir à la légère.
- Je sais ma Dame, j'ai encore beaucoup à apprendre pour maîtriser parfaitement mes émotions.
- Ne craignez pas pour votre vie Maliha, commence Celeborn. Elle est précieuse, nous avons besoin de vous.
J'ai baissé les yeux avec tristesse, car ça je le savais déjà...
- Et j'accomplirai ma tâche.
- Bien.
Il était sortie et la Dame le suivait avant de s'arrêter devant moi pour lever mon menton.
- L'heure de votre bonheur viendra, ne désespérez pas Maliha.
Je regardais sa fluide robe blanche se balancer sous ses pas avant qu'elle ne sorte accompagnée de son mari. Je n'étais pas de nature à désespérer, mais c'était quand même la solution de facilité. Je me retourna pour tous les regarder, Holorïn me souriait doucement, Glorfindel était sérieux et Legolas toujours en colère visiblement.
- Vous devriez vous excuser auprès de Glorfindel Seigneur Legolas. Vous l'avez mis dans une position délicate, je demanda en ne baissant pas les yeux.
- En effet, admit-il contre toute attente.
Il se dirigea vers l'elfe concerné et lui présenta des excuses plus que satisfaisantes, mais se retournait déjà pour me faire face.
- Vous m'avez sauvé la vie par deux fois Maliha. Je vous en suis reconnaissant, mais pouvez-vous nous certifier que vous vous maîtriserez chaque fois que cette situation se présentera ?
- Non mon Seigneur, c'est pour cela que le Seigneur Glorfindel à ordre de me tuer si je perds pied. Quoi que vous pensiez de moi, je ne prends aucun plaisir à tuer et la simple idée que je pourrais tuer ceux que j'aime m'est insupportable. Je ferai tout pour ne pas en arriver là, même à en perdre ma vie. Je suis capable de sentir quand la force veut me prendre, quand je perds pied, dans ce laps de temps il est parfaitement possible pour moi de savoir si je vais sombrer totalement ou non, et donc de me laisser tuer...
Ces yeux bleus me dévisageaient, je me sentais nue devant lui. Il avait posé sa question d'une façon si douce que j'en avais été surprise. Il ouvrait les lèvres en continuant de me dévorer des yeux.
- Quoi qu'il arrive, nous ne sommes pas censés nous revoir un jour.
Il était partie simplement sans se retourner et restions juste tous les trois silencieux.
- Bon, je vais vous laisser, vous avez sans doute beaucoup de choses à vous dire tous les deux, lance Holorïn en claquant des mains.
Il sortie à son tour et j'ai regardé Glorfindel baisser les yeux au sol sans rien dire, bras ballants, affichant un air épuisé sur le visage. Je m'étais approchée de lui pour le prendre dans mes bras.
- Je suis désolée de te faire subir ça Glorfindel... Je suis désolée de ne pas avoir pu résister...
- Non, c'est moi Maliha... Tu ne devrais pas subir ça. Tu devrais pouvoir vivre libre...
- Ce jour viendra, j'en suis certaine.
Il a pris mon visage entre ses mains en souriant.
- À la base, je te cherchais pour te présenter mes excuses.
- Des excuses, pourquoi ?
- J'ai été froide ce matin, je voulais m'excuser... Je n'aurai pas dû être si...
- Tu as le droit d'être en colère, après tout, c'est nous qui t'avons arraché de ton monde.
- Mais j'ai fait le choix de rester et j'ai eu tort de te dire ça, j'ai choisi de devenir comme ça...
- Comme tu as le choix de changer les choses et de montrer que tu es plus forte que le mal en toi Maliha. Je voulais m'excuser pour avoir douté de toi, je n'aurai pas dû...
- Glorfindel...
- Pardonne-moi.
Son regard était sincère et dur. Faisant un signe de la tête, j'acceptais ses excuses, car il n'y avait visiblement pas de place pour protester. Il posa une main sur mon épaule en commençant à sortir pour marcher ensemble sur la passerelle. Bientôt l'heure du départ sonnera, je n'avais plus de raisons de rester ici... Je le savais et visiblement Legolas le savait également... La menace à la frontière Nord était éradiquée, pour l'instant du moins, et ma lame terminée...
- Cela m'étonne qu'il ait cru que je t'aimais, dit-il d'un coup.
- Pas forcément, c'est vrai que nous sommes proches et puis il faut dire que je te pousse un peu hors de tes limites.
- Mes limites ?
Je l'arrêta d'un geste rapide pour l'embrasser sur la joue et j'ai eu droit à un regard surpris.
- Tes limites.
- Et je me demande où sont les tiennes...
- Je n'en ai pas.
- Pardon ?!
Je riais de bon cœur en voyant son air gêné.
- Ça va détends-toi, je ne suis pas d'ici, tu le sais très bien. Nous n'avons pas de "limites" et pas de "règles" sur un tel sujet.
- Et tu veux que je me détende ?!
J'ai ri de plus belle en me serrant discrètement contre lui d'un air faussement mielleux.
- Ouuuuuhh, pourquoi pas après tout ? Cela fait si longtemps...
- Ne m'approche pas... Les femmes sont-elles toutes comme ça chez toi ? Par les Valars...
- Peut-être. Mais, en temps normal, ce serait plutôt toi qui viendrais à moi, dis-je en lui faisant une tape dans le dos avec un regard tendancieux.
- Non mais ce qu'il ne faut pas entendre...
Il fallait dire qu'il se prenait tellement au jeu quand je faisais la folle. C'était un jeu enfantin entre nous, mais quelque part, je crois que j'avais besoin de ces moments. Peut-être était-ce ma façon d'extérioriser mon stress et d'oublier les moments sombres. Je ne savais pas si Glorfindel s'en rendait compte, mais en tout cas je l'en remerciais... Ma vie à Fondcombe commençait à me manquer, mes vêtements, mes quartiers, ma cuisine, mon petit monde. Mon jardin, mes habitudes, mes journées à chiller... En quatre ans ici, j'avais comme l'impression d'avoir perdu l'essence de moi-même. Où étaient mes jeans, les seules et uniques, indestructibles, jeans que m'avaient confectionnés les couturières ? Mes escarpins... Arwen avait fait pourtant un énorme effort ici en préparant ma venue avec quelques tenues selon mes goûts, mais ma vie me manquait.
- Quand rentrons-nous Glorfindel ? dis-je en lui prenant la main.
- Quand souhaites-tu rentrer ?
- Bientôt, Fondcombe me manque... Elladan et Elrohir sont déjà là-bas depuis longtemps.
- Tu vas me dire qu'Elrohir te manque.
- Presque. Elladan surtout, je dois l'avouer. Ils sont partis si vite...
- Il n'était pas prévu qu'ils restent, les frontières de Fondcombe avaient besoin d'eux.
- C'est vrai..
Nous continuions à marcher tranquillement tous les deux.
- Nous sommes en février, je pense que partir après l'anniversaire d'Estel serait bien.
- C'est une bonne idée oui, il me répond. Je préviendrai le Seigneur et la Dame de notre départ après le premier mars donc.
- Il y aura sans doute un bal alors ? Cinquante ans... Le quart de siècle !
- Nous y fêterons certainement notre victoire et notre départ.
- Cela me semble bien. Penses-tu que Estel rentrera avec nous, et Arwen ?
- Je sais que Arwen nous suivra... Aragorn, je ne pense pas.
- Je m'en doutais... Explorer le monde hein ?
- En effet.
Les mots de Legolas étaient restés longtemps dans mon esprit. Avait-il vraiment voulu me piéger par ces mots ? "J'ai pourtant cru voir de l'amour dans vos yeux", la phrase tournait en boucle dans ma tête. Et les questions qu'elles engendraient avec elles d'ailleurs. Avait-il vraiment vu l'amour dans mes yeux ? Avait-il voulu me tester ? Se doutait-il de mon amour pour lui ? S'il l'avait vraiment vu, cherchait-il celui qui lui était destiné ? Trop de questions me traversaient l'esprit jour après jour...
L'amour me suivait partout ces derniers jours, tout Caras Galadhon sentait l'amour, les arbres, le vent, les bourgeons... Absolument tout. J'ai vu Arwen et Aragorn les mains liées du haut d'un balcon un soir où il faisait tellement bon... Le vent dansait doucement dans les branches alors qu'ils se murmuraient sans doute leur amour pour seuls témoins les arbres autour d'eux. Je restais là, à les regarder en secret, se promettre le plus bel avenir du monde. Et ils le méritent... À tout jamais, je protégerai cet amour, cet avenir.
oOo
- Alors Estel, ça fait quoi ?
- Maliha...
- Bon anniversaire mon ami, dis-je avec un beau sourire, alors qu'Arwen tressait mes cheveux.
- Je te remercie.
Il s'était assis sur le divan en attendant qu'Arwen termine cette... Magnifique coiffure... Ce soir était mon dernier bal à Caras Galadhon, car nous partirons dans une semaine. Cela nous laissait le temps de faire nos bagages et nos adieux. J'en avais déjà mal au cœur... Tellement que je n'avais même pas protesté quand Arwen avait mis devant mes yeux une robe verte, légèrement kaki tout en voilage...
Je l'avais juste enfilée sans faire d'histoire, en même temps, c'était plusieurs couches de soies très fines, soigneusement pliées pour former la poitrine. Manches larges, serrées sur les poignées, taille marquée par le tissu et par une large bande de tresses de soie sur le même tond, nouée sur un côté, laissant tomber le reste contre ma jambe. Contre toute attente, c'était une robe avec un col roulé et Arwen me fit un nœud élégant sur le côté de mon cou. Simple, efficace, pas dans le genre que je rechignais à mettre en l'occurrence.
- Je ne suis pas une très bonne amie, je n'ai même pas de cadeau à t'offrir...
- Je suis déjà le plus heureux des hommes Maliha.
J'ai fait un doux sourire à Arwen dans le miroir.
- Je sais...
- Allez hop, on va être en retard, lance Arwen après avoir placé un second pique.
- Il faudrait un jour que j'apprenne à faire ça toute seule...
- En aucun cas je te laisserai faire Maliha, c'est un coup à te voir arriver avec tes...
- Mes quoi ?
- Tes pantalons bizarres.
- Mes jeans n'ont rien de bizarre...
- À qui le dis-tu ?
- Mesdames, cessons de parler chiffon et allons plutôt parler danse. Il se fait tard.
S'exclama Glorfindel en rentrant. J'ai mis un rouge à lèvre en vitesse avant de sortir au bras de Glorfindel.
- Allez, c'est le dernier...
- Avoue que c'est même nettement plus agréable que d'aller à la guerre Maliha, me dit Arwen.
- Franchement... Pour moi c'est la même chose. L'ennemi est partout...
- Je t'en prie. Tu devrais m'accompagner, je pourrais t'amener dans les endroits les plus hostiles du monde et tu rêverais d'un bal, j'en suis certain, enchère Estel en riant.
Oui, cette ambiance allait me manquer. Aragorn allait me manquer... Ils étaient tous les deux devant nous, leur regard complice se croisant et je me suis mise à les envier sans l'avouer. J'ai serré le bras de Glorfindel et il pose son autre main sur la mienne et la tapote doucement. J'ai esquissé un sourire en coin en riant dans ma barbe... Cet elfe lisait beaucoup trop bien en moi ma parole...
- Ton regard en dit long...
- S'il te plaît...
- Je lis la jalousie dans tes yeux, ce n'est pas commun... dit Glorfindel à mon oreille avec un petit rire moqueur.
- Je t'en prie.
Je n'étais pas du genre jalouse, loin de là... J'en avais rien à foutre, mais cet énervement et mon vocabulaire mental me prouvait pourtant le contraire non ? De toute façon, à quoi servait d'être jalouse pour un elfe qui ne me regarderait jamais hein ? J'étais pathétique et lui il était là, à danser avec Rilomë d'une manière plus proche encore que la dernière fois. OK, j'avoue, c'était beau... Elle et son sourire dans sa magnifique robe vieux rose, ses cheveux bouclés caressaient doucement la peau de la main de l'elfe dans son dos entraîné par leur pas. Lui et les murmures qu'il laissait à son oreille, la faisant rire.
- Tss... En même temps regarde...
- Quoi donc ?
- Ils sont beaux non ?
Il soupira en me caressant le dos.
- Oui ils le sont... Il n'y a pas que du négatif dans la relation que tu entretiens avec Legolas.
- Tu rigoles j'espère ?
- Tu lui as sauvé la vie, il t'est redevable et il le sait très bien. Le discours qu'il t'a fait la dernière fois que vous vous êtes parlé en est la preuve.
- Ce n'est rien comparé au reste...
Nous étions tous les deux là, lui et moi, à regarder l'assemblée valser. Je remplissais mon cœur de voir Arwen et Estel danser ensemble avec des étoiles plein les yeux, tout en essayant d'oublier l'autre couple pour ne prendre que le positif de cette dernière soirée. Plus le jour du départ approchait et moins je voyais Estel, comme par hasard. Leurs adieux seraient terribles, Arwen savait qu'il partirait de nouveau avec Legolas parcourir le monde. Ou même peut-être rentrer avec lui à la Forêt Noire pour y passer quelque temps.
Il m'a dit qu'il comptait voyager encore une année ou deux avant de rentrer à Fondcombe prendre du repos, un repos bien mérité. Il avait pris pour amour le monde et ses peuples... Même si son amour pour Arwen était grand, il ne considérerait pas sa tâche accomplie tant qu'il n'aura pas libéré ceux qui peuvent l'être.
Et moi... Et moi j'attendrai que le temps s'écoule, protégeant les frontières de Fondcombe... Attendre que le monde ait à nouveau besoin de moi. Attendre la guerre... Mais quelque chose me disait que je n'attendrais pas longtemps.
Perdu dans mes pensées et mon verre de vin, il se passa quelque chose que je n'avais pas prévu. La musique s'était arrêtée pour passer à la prochaine danse et Legolas murmura à l'oreille de sa cavalièr en la laissant avec Armetiel et Haldir qui lui demanda déjà son bras. Elle semblait visiblement déçue de le voir partir si vite pour s'approcher de nous. Je faisais mine de reculer, mais Glorfindel me retenait d'une mani ferme. Il était arrivé en face de nous et salua Glorfindel avant de se tourner vers moi avec un regard que je ne comprenais franchement pas. Après une révérence vers moi, Il détourna les yeux pour se lancer dans une conversation sans importance avec l'elfe à côté de moi.
Je ne savais plus où me mettre, gênée comme jamais, la robe semblait me coller à la peau et l'air suffocant au possible... Je priais, seconde après seconde, que cette conversation s'arrête aussi vite qu'elle avait commencé... Il était probablement venu pour bavarder avec Glorfindel et ma place n'était pas ici. Moins je le voyais, moins j'entendrais sa voix et mieux je m'en porterai.
- Le bal vous convient-il ? demanda Glorfindel.
- Oui, parfaitement, les bals de la Lórien sont fabuleux.
- Cela va sans dire, quand prévoyez-vous de reprendre la route...
Je ne tenais plus en regardant Arwen au loin bavardant avec une elfe avec envi. Après une révérence rapide à Legolas en ne le regardant même pas et dégage mon bras de celui de Glorfindel, je me lança...
- Je vais vous laisser entre hommes, veuillez m'excuser mes Seigneurs...
- Me feriez-vous l'honneur de la prochaine danse ?
Mon cœur loupa un battement, la main de Glorfindel passa mon dos et me serra, me barrant la fuite que je pensais encore possible.
- Si vous m'autorisez à vous prendre votre partenaire Glorfindel, bien entendu ?
- Je n'y vois aucun inconvénient. Maliha ?
Pourquoi ? Il n'y avait aucune raison plausible qu'il puisse en avoir envie... J'arqua un sourcil et Glorfindel pinça violemment la peau dans mon dos pour me ramener à la réalité douloureusement.
- Je...Je vous l'accorde... Les mots étaient sortis sans vraiment que j'y réfléchisse en sentant encore la douleur des doight de l'elfe dans mon dos.
Legolas fit une révérence entendue et séloignait déjà pour atteindre l'autre côté de la piste, rejoindre Arwen et Aragorn. Paniquée et perdue, j'intérogeait Glorfindel du regard comme pour y lire que c'était un cauchemar eveillé.
- Tu pouvais difficilement refuser, dit-il sous mes yeux de merlan frit.
- Je suis dans la merde... dis-je en langue commune, complètement sous le choc.
- Surveille ton langage... Ce n'est qu'une danse Maliha, ne réfléchi pas trop.
La seule chose que personne n'avait vue, c'était les yeux de la Dame de la Lórien posait sur eux. Elle avait vu la demande, et elle vu le regard de l'elfe quand elle était entrée dans la salle au bras de Glorfindel. Un fin sourire s'était formé sur ses lèvres parfaites avant qu'elle n'aille parler au chef d'orchestre, promettant ainsi un spectacle des plus intéressants et une nuit de souvenirs immortels.
- Maliha...
- Cette demande n'a aucun sens...
- Peut-être a-t-il enfin vu la femme qui se cache der...
- Ne sois pas idiot. Il prépare certainement quelque chose... Mais quoi ? Je murmura en rongeant mon ongle.
- Tu le sauras bien assez tôt, c'est à vous... dit-il en retirant ma main de mes lèvres.
- Par les Valars...
La musique s'arrêta et il m'avait presque poussé sur la piste... J'ai traversé la salle, Legolas était déjà au centre, mais je regardais mes pieds, concentrée, en entendant les murmures autour de nous et ne releva les yeux qu'une fois face à mon surprenant cavalier. Je m'était maudite d'entendre mon cœur battre beaucoup plus vite qu'il le devrait. Les murmures continuaient de plus belle et j'ai regardé autour de moi si c'était bien nous qui les provoquions. Une bouffé de chaleur plus tard, je m'étais rendu comte que le cauchemar ne faisait que commencer... Mon sang se glaça de surprise en voyant la position des autres danseurs à côté de nous... Un bras parallèle au sol, l'avant-bras vers le haut, leur main se mêlant...
Je cherchais les yeux de Glorfindel our trouver un repère, mais celui-ci était complètement figé derrière moi. Un air grave passa sur son visage et il trourna ses yeux vers le chef d'orchestre. Suivant son regard, il les posa ensuite sur le doux sourire de la Dame qui s'avançait pour accompagner les danseurs avec le Seigneur des lieux. C'était peut-être le petit sourire en coin ainsi que son signe de tête, en croisant mon regard qui me fit froid dans le dos
Les Valars m'ont abandonné... Mon dieu sauvez-moi...
J'entendais la salle chuchoter bryamment en nous regardant et sans même m'en rendre compte je maintenais mon regard sur Glorfindel comme s'il pouvais me sauver.... En même temps... Qu'est-ce que je foutais en face de l'elfe qui me détestait ?! Pour une danse de l'âme en plus, impossible... L'elfe me fit finalement fait un signe de la main pour m'apaiser, pour respirer et je cala ma respiration à ses gestes. La panique me tirait le ventre et dans une vapeur de courage tourna finalement le regard vers mon cavalier. Il était stoïque et regardait la posture de nos voisins gravement. Hésitant, il semblait perdre contenance et son attitude habituellement fière et sûre avait disparu...
- Je... Je comprends mon Seigneur si vous souhaitez décliner cette danse. Je ne suis certainement pas la personne appropriée...
Mes mots s'étaient écoulés tout seuls et je restais même surprise à ma franchise, mais c'était la meilleure chose à faire en cet instant... Le mettre dans une situation aussi délicate et en payer le prix par la suite était la dernière chose que je souhaitais... Il leva les yeux sur moi et dévisagea comme pas permis... Un regard contrarié et froid. Je m'attendais à une réponse cinglante, prouvant mes dires...
- Ce n'est qu'une danse.
Cette réponse était sans appel, sûr de lui, il fit un pas en avant en se mettant dans la position adéquate. Ouvrit sa main de façon pressée me faisant signe qu'il attendait la mienne. J'entendais les murmures, Arwen et son visage inquiet derrière lui au bras d'Aragorn. J'ai regardé cette main encore quelques secondes, évaluant ce que pourrait donner le futur proche. Arwen m'adressa un sourire d'encouragement et je m'avançais à mon tour pour glisser ma main dans la sienne. Je n'ai pu que fermer les yeux à la sensation du contact frissonnant qui ravivait les images enfouies dans ma mémoire.
L'orchestre attendait que les murmures cessent tandis que je contemplais nos mains liées. Je sentais le sang pulser autour de la mienne, alors que la chaleur augmentait encore et encore.
Les premières notes envahissaient la salle après un long silence et je me laissa guider par Legolas. Je suivais le chemin qu'indiquait sa main pour le contourner, puis revenir de l'autre côté pour voir l'autre m'attendre et me guider de nouveau devant lui. J'effectuais la même chose pour qu'il puisse passer à son tour derrière moi.
Sans que avoir le temps de comprendre je l'avais sentie.... Une chose à laquelle je ne m'attendais pas. "Ils ne sont pas comme nous", je m'étais vaguement souvenue... Sa main, chaude, brûlante même, passa dans mon dos, épousant mes formes. Mes yeux s'étaient fermés, complètement prise au dépourvu. Je n'ai même pas eu le temps de laisser mon esprit trier les questions qui m'assaillaient, qu'il avais déjà repris ma main tremblante, emprisonnant mes doigts pour m'attirer contre lui. Je ne savais plus où j'étais, envoutée par son visage si proche du mien, sa main dans mon dos qui me pressait contre lui, son brulant souffle contre ma joue... La musique envahissait mon âme, et j'oubliais tout. Il m'entraina dans une valse langoureuse et mystérieuse, et je serrais son épaule pour m'accrocher à la réalité, mais je savais bien que j'avais perdu la bataille depuis le début. À l'instant même ou ses doigts étaient passés dans mon dos, la magie des elfes avait opéré, déposer les armes était maintenant ma seule option.
Je la sentais trembler contre moi. Le contact de son dos sous mes doigts m'enssevelissait un peu plus. A cet instant je ne pouvais pas imaginer la voir loin de moi. C'était impossible et je me demandais comme j'avais fait pour ne pas le faire avant. Toute la haine s'était enfuie, il ne restait plus que la chaleur de son corps dans ma main et la sienne sur mon épaule.
J'avais fait ce geste par habitude, pourtant il n'avait pas la même dimension, pas la même importance et je n'aurais jamais imaginé qu'il aurait un tel impact sur moi. Il était temps de lui dire adieu, je le savais très bien, en avais-je seulement envi... J'avais cédé, moi, devant ses yeux, au désir de danser cette danse si intrusive avec elle et je ne regretterai jamais ce choix. Car la sentir respiré dans mon cou était la chose la plus précieuse pour moi à cet instant.
Je me détachais d'elle pour lui permettre de passer derrière moi. Je ne résistais pas à caresser son dos, alors qu'elle revenait devant moi et je croisais ses yeux. Valars qu'ils étaient hypnotisant, si proches que ça me rendait fou. Je l'ai contourné, m'attardant encore aux creux de ses reins, du geste le plus doux que je puisse lui offrir. Envahis par un désir auquel je ne pouvais que me soumettre, savourant mon unique instant avec elle pour peut-être l'éternité. Je me dévoilerai en secret, sans qu'elle ne le comprenne vraiment, avant de, comme il y a des années, l'abandonner à nouveau.
Je pouvais sentir son souffle contre mon oreille, attarder son front contre ma tempe et ma main dans la sienne contre sa poitrine en me laissant entraîner dans ses bras. Je ne comprenais pas ses gestes, tellement attirants qui me faisais fondre tout en me laissant prendre au jeu. Abandonnant ma raison pour l'instant présent. Oubliant qui j'étais et qui il était, oubliant le passé et le futur.
Je soupirais avant de lever les yeux quand il me serra encore contre lui, me guidant à travers la salle. Ses yeux brillaient et je me noyais dans la couleur de tous mes maux... Valars, son corps contre le mien à travers le tissu de ma robe, y aurais-je seulement songé... Je respirais une grande bouffée d'air qui colla un peu plus ma poitrine contre lui et je fermais les yeux en sentant sa main nous serrer plus encore.
La plus vile part de ma personnalité sortait au grand jour. Celle étouffée par la pudeur des elfes... Les gestes étaient l'image de notre personnalité, n'est-ce pas ? Ils peuvaient transmettre nos sentiments, nos pensées les plus profondes, les plus secrètes ? Pourquoi Legolas laissait sa main parcourir mon dos ? Par habitude ? Et pourquoi ne le ferais-je pas ?
Il venait de réveiller la femme en moi depuis si longtemps endormie. Je me laissais guider par sa main pour passer derrière lui. La peau de mes doigts glissa sur la soie de sa chemise. Je les ai laissés aller, le long de son dos jusqu'au creux de son flanc.. Je le sentais se tendre et son visage chercha le mien. L'éclat dans ses yeux avait changé, ses lèvres s'étaient entrouvertes et l'ai sentie...
Une vague a envahi mon âme. Mon ventre était prit d'assaut par la chaleur alors qu'elle échappait à mon contrôle. Elle vibra sans ma permission, car depuis trop longtemps, je la faisais taire. Hurlé de la voir répondre à mes gestes, d'un espoir inavoué. Elle voulait seulement exprimer ce que mon cœur souhaitait, ce que ce rêve avait essayé de me dire... Qu'importe avec quelle force je la ferai taire, je ne peux que l'entendre, ce sentiment.
Son âme était apparue alors qu'il reprenait ma main, enfouissant ses doigts d'un geste possessif entre les miens. Elle brûlait d'une flamme aveuglante, les feuilles dansent dans cette sublime lumière dorée. Je l'a regardais, hors du temps, il était loin dans ses pensées en me pressant contre lui, sa main dans mon dos caressant le tissu du pouce et soupir en nous entraînant de nouveau dans la valse. Je ne maîtrisais plus rien, perdue dans son odeur, dans la lumière de son âme qui disparaissait déjà... Où suis-je au juste ? Je perdais presque le contrôle de mon âme à mon tour, en ayant la sansation de ne plus être là... Et j'ai réalisé que je l'avais véritablement perdue quelque instant, tout comme lui. La lumière avait totalement disparu et j'ai serré ma main dans la sienne pour revenir dans la réalité.
J'ai senti l'aura bleue éblouissante de l'âme de Maliha. L'avait-elle laissé s'échapper comme la mienne ? Juste un instant, de si précieuses secondes... Ne me laissant pas le temps de lire, de comprendre, elle était restée invisible, sans émotion... Me baigner de sa lumière en ne laissant aucune trace...
J'avais réussi à contenir mes sentiments, mon âme était certes apparue sans mon autorisation, mais au moins, elle était restée aussi silencieuse que la sienne. La musique s' arrêta doucement, mais je n'avais aucune envie que cet instant s'arrête, je voulais rester avec sa main dans la mienne le plus longtemps possible et revoir son âme. Mais le rêve était terminé, et la noirceur du remords revenais en entendant les dernières notes.
On resta quelques instants encore nos mains entrelacées, en nous regardant d'un air perdu, chacun se perdant dans les yeux de l'autre. Il serra mes doigts avant de les lâcher doucement, s'attardant sur ma peau en quittant mes yeux. Quand ma main eu froid, la réalité me gifla, je voyais de nouveau le monde autour de nous et le constater m'a fait pâlir. Et il affichait de nouveau cette expression que je lui connaissais si bien, celle de l'indifférence.
Je me reculais par réflexe en voyant ce visage et fit une révérence rapide en entendant les elfes murmurer de nouveau. Nous étions maintenant seuls au centre de cette salle depuis quelques secondes et je ne m'en étais même pas rendue compte.
- Merci pour cette danse Seigneur Legolas, dis-je d'un air aussi détaché que possible.
J'ai relevé mes yeux sur lui, finissant ma révérence. Il me répondit par un signe de tête entendu...
Je n'étais pas revenue aux côtés de Glorfindel, mais directement hors de la salle, passant à travers les voilages qui dansaient dans le vent et rejoindre le balcon pour sentir l'air frais contre mes joues brûlantes. J'ai repris mon souffle, celui que j'avais perdu pendant ces longues minutes passées à danser avec l'elfe...
- Maliha ?
Surprise, je m'étais retournée d'un seul coup sur Arwen, elle avait l'air inquiète.
- Tout va bien ne t'inquiète pas. J'avais juste besoin d'un peu d'air.
- Tu sembles bouleversée... elle pose une main sur mon épaule.
- Je ne pensais pas danser cette danse avec Legolas... C'était la dernière chose dont j'avais besoin... Seigneur... Je croyais que la danse de l'âme était rare chez les elfes, visiblement pas si rare que ça...
- Personne n'a compris pourquoi cette danse a été annoncée.
- Super... j'ai répondu en serrant l'arête de mon nez.
- Votre danse était magnifique.
- Je t'en pris....
- Pourtant, il y avait bien quelque chose. Je ne sais pas comment l'expliquer, mais on sentait une certaine complicité. Les elfes Sylvains ne dansent pas de la même manière que nous, mais...
- Je sais Arwen... Mais franchement, je ne pensais pas qu'il danserait avec moi de la même manière qu'avec Rilomë.
Sa bouche s'étira en un fin sourire et j'ai souri à mon tour en rigolant un peu nerveuse.
- Quoi ? je demande.
- Je crois que tu te trompes.
- Comment ça ?
- Il n'a pas dansé de la même manière, dit-elle sûre d'elle.
- Tu viens de le dire toi-même, ils n'ont pas la même façon de danser que vous. Et tu l'as bien vu, ces gestes là...
- Tu ne m'as pas laissé finir ma phrase Maliha. Il était proche de sa partenaire, comme à son habitude, oui. Mais là, il l'était plus encore. J'ai eu l'occasion de voir Legolas danser, crois-moi et ça, c'était autre chose.
- L'as-tu déjà vu danser cette danse en particulier ?
- Non, c'est vrai.
- Alors ne te fais pas trop d'illusion Arwen. On parle de Legolas là...
- Peut-être, mais réponds-moi sincèrement Maliha. Te l'a-t-il montré ?
J'ai soupiré en me détournant d'elle pour prendre appui sur le balcon et perdre mon regard sur les arbres qui dansaient dans le vent.
- Tu sembles déjà connaître la réponse, je me trompe ?
- Je m'en doutais...
Si Arwen avait vu ça, alors les autres aussi...
- Je m'en suis douté en voyant son regard. Je n'ai rien vu ne t'inquiète pas. Personne n'a dû s'en apercevoir. Raconte-moi.
- Je l'ai vu... Enfin je crois, je ne suis pas certaine. Seulement quelques secondes, il me semble. Et... Je crois que je n'ai pas pu empêcher la mienne de répondre. C'était un instant étrange, j'ai l'impression que ce n'était pas vraiment réel.
- Il te l'a vraiment montré...
- Je n'ai rien vu, que sa lumière...
- Un elfe ne montre pas son âme si facilement, Maliha...
Je ne savais pas vraiment ce que j'avais vu. Tout était allé si vite... L'aurait-il échappé ? Où avais-je peut-être ressenti juste l'âme de quelqu'un qui avait dévoilé la sienne en dansant à nos côtés ? Non, c'était pourtant bien la sienne d'après mes souvenirs. Mais pourquoi l'aurait-il fait ? Trop de questions se bousculaient dans ma tête, mais si Legolas voulait me dire quelque chose, son âme ne serait pas restée silencieuse...
- Admettons que je n'ai pas rêvé, Arwen je crois que s'il aurait voulu me dire quelque chose, son âme me l'aurait dit. Ce n'était pas le cas, donc peut-être juste l'euphorie du moment. Je ne veux pas me faire des idées, d'accord ?
Elle sembla réfléchir.
- Montrer son âme est un acte particulier pour un elfe. Mais je ne connais pas suffisamment les coutumes de nos cousins des bois pour t'en dire plus... Pour nous, la montrer sans rien paraître, enfin... Selon la coutume, c'est justement pour montrer que l'on a aucun sentiment...
- Très bien, alors oublions ça,
Elle rit doucement.
- Quoi encore ?
- Tu aurais dû voir sa tête quand tu lui as rendu son geste. C'était relativement drôle.
- Ah oui ça. Il ne savait pas à qui il avait à faire, je réponds en souriant.
- Je crois que les gens autour de vous non plus !
- C'est-à-dire ?
- Tu es devenu l'ennemi de nombreuses femmes à cet instant, tu aurais dû les entendre....
- Et ben, peut-être que ça les aidera à se décoincer un peu.
- Maliha.
- Quoi ?! C'est pas ma faute si vous êtes trop pudique !
C'est ça que j'aimais chez Arwen, elle pouvait vous faire sourire en quelques secondes, quel que soit le problème que vous avez dans la vie. Elle vous faisait toujours sourire et rire.
- Votre danse était magnifique. Je voulais te le dire. Vous aviez l'air en osmose, je ne pourrais pas vraiment te décrire ça, mais même si l'on voyait clairement votre gêne l'un envers l'autre, il y avait autre chose. Quelque chose qui faisait de votre danse un instant magique à regarder.
Toujours plus...
- Je suis heureuse que vous ayez, sans vraiment savoir pourquoi, échangé vos âmes...
- Cela ne voulait rien dire Arwen.
- Mais j'ai gagné mon pari...
- Ah... Parce que l'on avait parié quoi ?
- Pas avec toi.
- Et avec qui ?
- Ça mon amie, c'est un secret.
- Ouais, ouais, va rejoindre ton chevalier blanc là ! Traîtresse.
Elle a souri en embrassant ma joue avant de repartir vers la salle en faisant voler sa robe bleu ciel. Arwen était absolument la plus belle femme que j'avais jamais vue.
oOo
Un elfe marchait, pressé le long des talan. On pouvait sentir l'énervement dans la fréquence rapide de ses pas. Legolas savait très bien qu'il avait commis une grosse erreur ce soir. Et il était incapable de dire s'il la regrettait vraiment. Il marchait, encore et encore, cherchant le réconfort de la forêt autour de lui. Les arbres avaient toujours été ses amis, mais cette nuit, ils semblaient se moquer de sa faiblesse.
- Allez-vous la laisser partir, peut-être même pour toujours, sans le lui avoir dit ?
Il s'arrêta pour voir Holorïn derrière lui.
- Dire quoi ? À qui ?
- Ne faites pas l'ignorant Legolas. Je sais très bien ce qui tiraille votre âme, et pourquoi vous l'avez laissé s'échapper un instant.
Legolas fronça les sourcils. Il se doutait déjà que Holorïn avait vu au-delà de son masque, mais aller jusqu'à le provoquer... Certainement pas.
- Il me semble que cela ne vous regarde en rien.
- Je considère Maliha comme une amie, car elle a sauvé les miens. Ne mérite-t-elle de votre part que ce masque de haine ? Masque que vous avez, il me semble, de plus en plus de mal à tenir.
- Je n'ai rien à lui dire, et je vous le répète, cela ne vous regarde pas.
Legolas se retourna pour continuer son chemin.
- C'est un grand malheur que votre devoir détruise un si bel amour.
L'elfe s'arrêta et serra les poings.
- Alors, vous auriez dû demander à Eriador, fils d'Illuviné, ce que signifiait le mot "devoir" Holorïn. Elle n'aura rien d'autre de mon indifférence, quel que soit mes sentiments.
- Comme ce soir je suppose...
Il serra les dents.
- Holorïn, je n'ai rien contre vous. Vous avez sauvé ma vie et je vous en suis reconnaissant, mais restez à votre place. Je vais vous répondre clairement, une dernière fois, cet amour n'a rien de beau... Il est né que pour n'être que souffrance, et je continuerai de le nier et d'en souffrir autant de temps qu'il le faudra, celle-ci sera toujours plus supportable que celle de mon père.
oOo
Nota: je suis vraiment désolée, je ne respecte pas trop les mercredi... je suis en vacances avec 12H de décalage horaire et sans Wifi, c'est la loose...
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