Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

// ... Chapitre quatorze ... //

"Sète" - Keizan


- On a semé les orcs, dit Bofur en essorant sa chemise.

- Pas pour longtemps, le courant faiblit, rétorque Dwalin.

- Sortez de là, nous allons continuer à pied, ordonne Thorin.

- Bombur est à moitié noyé !

- Regagnez la rive, dépêchez-vous !

Mon regard se pose sur Kili qui peine à sortir de l'eau. Il marche et titube quelques minutes avant de s'écrouler de douleur en tenant sa jambe.

- Kili ? lui lance son frère.

Je me suis précipitée vers lui pour le soutenir, mais il a repoussé mon bras violemment en râlant.

- Laissez-moi regarder, je demande fermement.

- Ça va, ce n'est rien, me dit-il en cachant sa douleur.

- Jouez les durs devant votre elfe, mais pas avec moi Kili.

Il soupire en me lançant un regard implorant et écarte sa main en plissant ses lèvres. J'ai regardé la pointe enfoncée dans sa cuisse, c'était plutôt moche. Il perd encore beaucoup de sang, les contours de la plaie commencent à devenir noire et les veines autour sont bleues. Je ferme les yeux et soupire de désespoir, j'ai bien peur que ce soit une flèche empoisonnée.

- Ça va faire mal, je dois l'enlever Kili, vous n'avez pas le choix.

Il me sourit tristement et je lui renvoie. Attrape le bois sortant de sa chaire, il gémit de douleur et je lâche en ne le supportant qu'à moitié.

- Je suis désolée...

- Ne vous en faites pas, enlevez-la.

Moi qui avais peur à la simple vue d'une seringue, me voilà les doigts dans une plaie prête à retirer une flèche. Je me surprends moi-même...

- Je vais tirer fort, elle est bien enfoncée.

- D'accord.

- Prêt ?

- Humf.

Je tire d'un coup et la flèche sort dans un filet de sang noir. Il grogne en tordant son visage de douleur. J'ai regardé la flèche un instant, distingue les sillons qui la parcourent permettant de faire circuler le poison depuis le petit linge imbibé enroulé au-dessus. C'est bien ce que je pensais...

- Je suis désolée Kili, il va falloir tenir jusqu'à que l'on trouve un moyen de vous soigner et vite, elle est empoisonnée. Je vais prévenir Balin.

Il a pris mon bras et me tire vers lui sèchement.

- Ne dites rien aux autres, s'il vous plaît...

- Kili...

Je lis dans son regard la panique et la peur, mais également cette volonté d'avancer et de ne pas abandonner. J'hésite un moment, ne sachant pas s'il pourra tenir en risquant sa vie comme ça... Mais c'est un nain après tout, peut-être y arrivera-t-il.

- Je vous en supplie, ne me laissez pas tomber.

Dans le pire des cas je le porterai et continuerai à contrôler cette plaie jusqu'à que l'on trouve un endroit sûr et trouver de l'athelas en route.

- Ok, mais je veux pouvoir surveiller ça, c'est bien compris ?

- Entendu.

Bofur se place à côté de moi, regardant la flèche dans ma main, le regard inquiet. Je lui fis signe que ça allait.

- Debout, lance Thorin

Quel rabat-joie celui-là.

- Kili est blessé, il lui faut un bandage, répond Fili.

- Les orcs nous talonnent. Nous devons partir, il rétorque.

- Deux minutes, je demande.

- Bofur me regarde avec peine.

- Allez, donnez-moi un linge, dis-je pressée.

Bofur déchire une partie de sa chemise. Je soupire, toujours plus propre... mais ça ira. J'entoure la jambe et lui tape sur l'épaule une fois la tâche finie.

- En route ! crie de nouveau Thorin.

- En route pour où ? demande Balin

- Pour la montagne ? répond Bilbon. Nous sommes tout prêts.

Je trouve mon regard vers l'horizon et la voix effectivement, elle n'est pas si loin, mais ce lac... C'était un lac immense, l'eau s'étendait à perte de vue, je n'avais aucune idée de quelle surface il pouvait avoir, mais j'ai su par avance que le contourner nous prendrait des jours entiers.

- Il y a un lac entre nous et cette montagne ? constate Balin. Et nous n'avons rien pour le traverser.

- Contournons-le, propose Bilbon.

- Vous avez vu sa taille ? dis-je en le désignant.

Balin fait la moue à la remarque en approuvant mes dires.

- Les orcs vont nous rattraper, c'est clair comme de l'eau de roche, rétorque Dwalin. Et nous n'avons pas d'armes pour nous défendre.

- Ça c'est mon problème, je lance en croisant les bras.

- Même si vous nous protégez, vous avez raison, le contournement nous prendra trop de temps et tout sera perdu, dit Balin.

Je me perds dans mes pensées, cherchant une solution quand une drôle d'impression me prend, celle d'être observée. Je me suis levée en fronçant les sourcils, scrutant le bois en face de nous, mais non ça ne venait pas de là.

Une ombre plane derrière nous, je me suis retournée vivement pour voir un grand homme bandant son arc dans notre direction. J'ai sorti un de mes révolvers et me suis dirigé vers lui par le flanc. Il décoche sa flèche et rentre dans le bâton que Dwalin saisit puis une autre, retirant la pierre des mains de Kili.

- Refaite ça et vous êtes mort, lance-t-il.

- Vous aussi, dis-je en dirigeant le canon vers sa tempe.

Il ne bouge plus et baisse son arme sans rien ajouter.

- Je ne vous ferai rien, si vous me dites qui vous êt...

- Excusez-moi, mais, vous êtes de LacVille si je ne me trompe pas ? demande Balin.

Il ne répond pas, tournant son visage vers le mien et affiche un air parfaitement calme.

- Maliha, mon amie, baissez votre arme, me demande Balin.

Je m'exécute, observant l'homme avec méfiance. Il est grand, brun, une moustache, un bouc élégant et semble bien bâti. Plutôt pas mal dans son genre, ne m'inspirant aucune méchanceté, au premier abord du moins. Avions-nous enfin croisé une âme charitable ?

- Le bateau que vous avez là, ne serait-il pas à louer par hasard ?

- Qui êtes-vous nains ? Il demande.

- Nous sommes des voyageurs des montagnes bleues et nous allons voir nos cousins dans les monts de fer.

- Et vous ?

Il me regarde avec méfiance un instant avant que je vois ses traits s'adoucir. Je ne sais pas trop quoi lui répondre, en même temps, une femme, treize nains, un hobbit...

- Je les accompagne, c'est tout, rangeant mon arme.

Il ne dit rien de plus et pousse un soupir blasé. Il faut dire que mon regard en dit long... Se détourne et commence à s'éloigner d'un pas lent.

- Pourquoi devrais-je vous aider ? demande-t-il finalement en retrouvant son bateau.

- Ses bottes sont fatiguées, ce manteau aussi, commence Balin.

L'homme prend les tonneaux un par un et les place sur son bateau. Je ne sais absolument pas quoi dire sur ce coup. Je n'ai aucun argument valable et pas du tout douée pour mentir d'ailleurs.

- Vous avez probablement des bouches affamées à nourrir ?

Ah oui, j'ai compris... Comment peut-on être aussi bon pour soudoyer quelqu'un... ? Je soupire de gêne en me grattant la tête. Pas que nous ayons le choix, mais prendre quelqu'un par les sentiments, c'est pas vraiment mon genre...

- Combien de louveteaux ? rigole Balin.

- Un garçon et deux filles. Il répond.

- Et votre femme doit-être une beauté, je suppose ?

Il arrête son mouvement.

- C'était...

Comment faire une bourde en trois questions. Tu as voulu jouer, tu as perdu Balin. Je vois bien qu'il s'en veut énormément, ce n'est pas un méchant bougre...

- Désolé, je ne voulais pas...

- C'est bon, ça suffit les politesses, s'impatiente Dwalin.

- Qu'est-ce qui vous presse ? demande l'homme.

- En quoi ça vous regarde ? rétorque le nain.

Je ne pense pas que ce soit le moment de le chercher...

- Ça suffit... je lance, excédée. Nous devons traverser, il nous faut des vivres. Pensez-vous pouvoir nous aider ?

- Et des armes, enchaîne Dwalin

Il me regarde dubitatif avant de passer à Dwalin. Observe les tonneaux et les touchent, passant ses doigts sur les marques du combat.

- Je connais ces tonneaux. J'ignore ce que vous faisiez avec les elfes, mais ça a mal tourné visiblement. Sachez que personne ne rentre dans Lacville sans l'autorisation du maître. Une grande partie de ses richesses vient des transactions avec les elfes justement. Il vous mettra au fer plutôt que de perdre les accords avec Thranduil.

Bon ça se complique.

- Propose plus, lance Thorin à Balin.

- On peut sans doute rentrer sans être vu ? demande Balin.

- Oui. Mais pour ça, il vous faut un passeur.

Le nain s'approche de l'homme en vitesse.

- Pour lequel nous paierons le double, finit Balin.

Le batelier semble intéressé d'un coup... Les hommes et l'argent... C'est partout pareil, mais bon, on n'est pas encore à la même échelle que chez moi.

- Très bien, dit-il finalement. Mais vous devrez suivre mes instructions et vous...

Il se rapproche de moi en me regardant de haut en bas.

- Vous êtes ma cousine, vous venez enseigner à mes filles.

- Enseigner quoi ? je demande sans réfléchir.

- Ce que vous voulez.

- Très bien, dis-je.

oOo

- Réponds à la question, lança Thranduil. Ne crains rien, dis ce que tu sais et je te libérerai.

Le roi tournait autour de la scène, comme pour ne pas en faire partie. Il posait de temps en temps un regard intéressé au prisonnier retenu, lame sur le cou, par son fils.

- Vous aviez ordre de les tuer. Pourquoi ? demanda Legolas en renforçant sa lame contre la gorge de l'orc à genou. Quelle valeur a Thorin Écu-de-chêne pour vous ?

- Ce bon à rien ne sera jamais roi, il commence d'une voix sifflante.

- Roi ? rétorqua Legolas. Il n'y a et n'y aura plus jamais de roi sous la montagne. Nul n'oserait entrer dans Erebor tant que le dragon y vivra...

- Tu ne sais rien, il lui coupe la parole. Vous courrez tous à votre perte.

- Que veux-tu dire ?

Legolas perdait patience et ne comprenait rien aux mots du prisonnier qui riait, essayant de les toiser malgré sa position. Legolas resserra sa prise, mais cela ne le découragea pas, bien au contraire.

- Notre heure est à nouveau venue. Mon maître sert l'unique et comme par le passé, votre pauvre Titan n'y pourra rien. La mort vous guette, je peux vous le prédire. Dans les flammes de la guerre, nous vous brûlerons jusqu'au dernier !

Il explosa de plus belle, obligeant encore Legolas à serrer la prise sous son cou. Il allait protester. Son cœur avait sauté dans sa poitrine au nom de la race de toutes ses questions, mais c'était déjà trop tard. Thranduil sortit son épée, d'un seul cou sec trancha la gorge de l'orc, étouffant son rire ignoble dans des râles immondes. Legolas regarda la tête dans sa main en soupirant et la lâche avec dégoût.

- Pourquoi avez-vous fait ça ? Vous aviez promis de le libérer.

- Et je l'ai fait, dit celui-ci en se détournant. J'ai libéré son corps de sa misérable tête.

- Il aurait pu nous en dire plus...

- Rien que je ne sache déjà.

Le roi commença à partir en direction de ses quartiers, nettoyant son sabre du sang noir de la créature.

- Pourquoi a-t-il parlé d'une guerre ?

Thranduil s'arrêta sous la voix de son fils en rangeant son épée avant de se retourner, affichant un air troublé.

- Ils vont utiliser une arme si puissante qu'elle détruira ce monde.

Legolas encaisse la nouvelle, mais une autre question lui brûlait les lèvres.

- Et au sujet de ce "titan" ?

- Je n'en ai que faire, les titans sont des brutes sans cervelle, des bons à rien...

- Qui sont-ils ? osa-t-il finalement.

- S'il y a une chose qu'il est bien inutile de savoir, c'est bien qui ils sont. De simples hommes sans intérêt et je ne veux plus entendre une seule question à ce sujet. Doublez la garde aux frontières ! Surveillez toutes les routes et les rivières. Fermez les portes, nul n'entre dans ce royaume et nul n'en sort.

Legolas regarda son père lui jeter un regard glacial. Son cœur se serra légèrement face à cette indifférence qui pourtant lui était commune depuis toutes ses années. En plus de deux mille années d'existence, il n'avait jamais vu son père ne serait-ce qu'esquisser un sourire... Jamais. Il se renfermait derrière un masque de froideur infini et opaque.

Les Titans, il avait déjà entendu ça. De simples histoires, des comptes absurdes de guerriers légendaires sortis de nulle part. Mais visiblement pas si légendaire que ça. Son père les avait alors rencontrés et ne s'en enchantait pas du tout.

Lui ne savait rien, d'où venait ce peuple ? On dit qu'ils ont une grande force, qu'ils ne sont pas une race à part entière, mais jamais il n'en avait jamais croisé. Aucun livre de la grande bibliothèque de Mirkwood n'en parlait, hormis les racontars d'enfants dans les couloirs ou lors des discussions au coin du feu avec les hommes.

Il soupira une nouvelle fois avant de partir vers les portes du royaume, la tête remplie de questions sans réponse. En vingt-quatre heures, il avait vécu et ressenti plus de choses qu'en mille années d'existense et cela le déstabilisait au plus point. Même s'il refusait d'y penser...

Il l'avait laissé partir... Partir vers il ne savait où, mais avec une troupe d'orcs la poursuivant et son cœur lui rappelait à chacun de ces pas vers les portes. Il serre le poing, éloignant les dernières images chaudes de son visage.

- Fermer les portes, que personne n'entre ni ne sorte, dit-il au garde à l'entrée, essayant de se détourner le plus vite possible pour oublier.

- Et Tauriel mon seigneur ? demanda l'elfe dans son dos.

Legolas émit un soupir avant de se retourner.

- Quoi Tauriel ?

- Elle est partie avec ses dagues et son arc et n'est toujours pas revenue.

Une chance traverse son cœur, mais c'est avant tout la peur de savoir son amie seule qui lui donna la dernière volonté de passer les portes sans se retourner, un air déterminé sur le visage.

oOo

Le petit bateau avançait doucement parmi les plaques de glace. La brume nous entourait sans un bruit, pas un oiseau et le vent ne siffle plus dans les branches. Simplement le silence glacial. J'entoure la cape que l'homme m'avait donné autour de mes épaules, cherchant un peu de chaleur dans cet air de glace. Des immenses formes noires se distinguent dans la brume épaisse. Des ruines, je constate en haussant les sourcils, accueillant...

- Attention ! crie Bofur.

Le batelier les contourne aisément et je pense qu'il doit connaître le chemin depuis le temps.

- Vous cherchez à nous noyer ? lance Thorin.

- Je suis né et grandi sur ces eaux Monsieur le nain. Si je voulais vous noyer, je ne le ferais pas ici.

Les nains continuent de discuter entre eux de je ne sais quoi, encore à râler, je suppose. Surement en train de compter leurs pièces d'argents, je leur avais donné tout ce que j'avais, après, ça m'était égal d'avoir de l'argent ou non... Trop de choses tournaient autour de l'argent avant que je ne vienne ici, les fins de mois difficiles, les impôts, les charges... Toujours à compter, à...

- Que fait une femme avec des nains ?

Je l'ai regardé incrédule et déstabilisée à la question soudaine. Sortant de mes pensées, j'ai réfléchi à une réponse, mais ne sachant toujours pas quoi dire, j'ai encore évité la question.

- On s'attache à eux à force, vous savez, je souris timidement.

- Ça ne répond pas à ma question.

Perdue.

- Je ne vous répondrai pas et vous le savez. Acceptez juste ce qu'ils vous doivent.

- Je le ferai.

- Quel est votre nom ? je demande pour changer de sujet.

- Bard, et vous ?

- Maliha.

- Un joli nom.

J'ai esquissé un sourire en voyant les visages des deux magiciens bleus dans mes souvenirs.

- Merci.

Cet homme a l'air d'avoir un très grand cœur, je ne sais pas pourquoi, mais je peux le voir dans les lignes de son visage et dans sa façon de me regarder. Même s'il semblait jouer les durs, il y avait une certaine douceur au fond de ses yeux.

- Vous n'avez pas l'air de venir d'ici, je me trompe.

Je me suis raidie.

- Non en effet, je viens d'un pays assez lointain.

- La lame entre vos épaules, est-ce la vôtre ?

- Oui, dis-je avec méfiance en croisant les bras.

- Elle est peu grande pour vous, non ?

Je ris à la remarque avant de croiser son regard.

- On me le dit souvent oui, mais non, elle a une taille idéale pour moi.

- Vous êtes entourée de mystère madame.

- Maliha... Simplement Maliha.

Les nains se sont levés d'un coup, regardant l'horizon, fixant la montagne qui se dévoilait du brouillard. Toujours aussi discrets sur leurs intentions...

- Restez là. me demande Bard en commençant à partir vers l'avant du bateau.

- Donnez-moi l'argent, demande-t-il aux nains.

- Nous paierons uniquement à la livraison, lance Thorin.

- Si vous tenez à votre liberté, obtempérez, il y a des gardes pas loin, dit-il, montrant l'entrée du port de la tête.

Je vois Thorin le regarder avec méfiance, puis pose un regard sur moi. J'ai approuvé d'un hochement de tête et le nain s'est détendu.

- Cachez-vous dans les tonneaux le temps que je règle ça, dit-il enfin en tendant la main devant Thorin.

Après quelques regards méfiants et des messes basses à n'en plus finir, les nains obéirent. Thorin lui tendit une bourse, sûrement remplie de leur économie à tous. L'homme la prit puis revint vers moi après avoir rangé l'argent dans son manteau. Je les ai regardés rentrant un par un dans leur tonneau, toujours avec ce même regard. Thorin me fit signe de la tête et je lui rendis un signe d'apaisement.

- Surveillez le Maliha, dit-il.

- Je le ferai Thorin, soyez certain d'être protégés.

L'homme me regarde en ne comprenant pas vraiment.

- Et que pourriez-vous bien faire au juste ?

- Vous ne voulez pas le savoir, dis-je en montrant la lame dans mon dos.

Il soupire.

- Je ne ferai rien, vous savez.

Je m'approche doucement.

- Je le sais, je veux juste qu'ils se détendent... dis-je en chuchotant.

- Restez là et cachez cette arme. dit-il en se retournant.

Il marche un instant, mais s'arrête pour se tourner de nouveau.

- Et ne dites rien à personne. Faite...

- La petite femme fébrile et perdue ? je souris.

- Oui, c'est ça...

- Pas de problème, soyez tranquille.

Il part précipitamment après avoir accosté sur le port doucement pour s'avancer devant un homme.

- Que fait-il ? demande une voix d'un tonneau.

- Il discute, je réponds doucement.

- Il nous désigne du doigt, rétorque Bilbon. Il se serre la main.

- Sacrebleu ! Il nous a vendu !

J'ai levé les yeux au ciel...

Bard revient après quelques secondes en me faisant signe que tout va bien. Un autre homme approche, m'adressant un signe de tête respectueux que je rends.

- Bien l'bonjour madame, dit-il.

- Bonjour à vous. je réponds d'un sourire.

- Alors comme ça on va voir les filles du p'tit.

Il parle avec gaieté, tout en commençant à prendre un large bac.

- Et bien oui.

- Je ne vous ai jamais vu par ici.

- C'est une première en effet et je ne reste pas longtemps. Mais j'avais promis alors...

- Ah les promesses... dit-il d'un ton las. Au moins vous l'avez tenue !

- Laisse-moi t'aider, lance soudain Bard en revenant prêt de lui.

- Oh merci.

Ils traînent à eux deux le grand bac rempli et un sourire se dessine sur mon visage quand Bard prend en main la marchandise qu'il contient. Il me lance un regard malicieux, j'ai fait un signe de tête comme allégeance à l'idée suivit d'un petit rire.

L'odeur m'a pris le nez alors qu'ils remplissaient de poissons les tonneaux un par un. Rien que de d'imaginer la tête des nains... Je me retiens de rire en me retournant, feignant de regarder le paysage, que l'on ne voyait pas du tout d'ailleurs, à cause du brouillard...

Bard à salué l'homme et j'ai fait de même. Il a détaché l'embarcation du ponton et nous avons repris la route sans un bruit.

- C'était un très bon plan, je finis par lui dire en brisant le silence.

- Mais taisez-vous vous ! Ce n'est pas vous qui êtes en train de suffoquer !

- Taisez-vous, dit Bard en mettant un coup de pied dans le tonneau. On s'approche de la douane.

oOo

Lacville, Esgaroth pour les intimes. Petite ville flottante loin de tout, visiblement. Et de ce que je vois, pauvre. On se croirait à Venise sur le principe. Sauf qu'ici tout était de bois, les bâtiments tombaient dans l'eau et semblaient tenir par l'opération du saint esprit... Mais une Venise mélangée à une architecture de vieux Londres, me dis-je en penchant la tête sur le côté. Pas une seule parcelle de terre, juste de l'eau, partout, je m'étais fait l'idée d'une île au milieu du lac, mais pas du tout comme ça. Les rues sont des canaux serpentant entre les vieilles maisons de bois et j'aperçois au loin un pont de bois sur pilotis. Je n'arrivais pas à en voir le bout, car il s'enfonce dans la brume.

- Halte ! Contrôle de la marchandise ! crie un homme vêtu de noir. Contrôle des papiers !

L'homme s'avance une lanterne à la main.

- Ne dites rien, me lance Bard loin d'être aussi tranquille que tout à l'heure.

- Qui c'est ? je murmure.

Mais il s'éloigne déjà en ignorant ma question.

- Percy !

- Bard, c'est toi ! As-tu quelque chose à déclarer ?

- Rien, sinon que je suis fatigué et gelé.

Il saute, lâchant le gouvernail et se dirige vers l'homme lui tendant un papier.

- Il me tarde juste de rentrer chez moi, finit-il.

- Et moi donc, répond l'homme en prenant la petite feuille.

Bard se retourne vers moi me faisant signe que tout va bien. L'homme revient avec la feuille, je sens mon corps se détendre.

- Bien, tout est en règle.

- Bop, bop, pas si vite.

Un deuxième homme apparaît et lui prend la feuille des mains. Ok, celui-là il est... Repoussant au possible. Une voix nasillarde, des vêtements noirs des pieds à la tête, un visage grotesque. Si j'avais eu une pince à épiler sur moi, je la lui aurait donnée sans hésiter.

- Tonneaux vides venant du royaume des forêts, dit-il en lisant la feuille.

Bard me lance un regard désolé. Si j'en crois ce que je sens, cet homme là est loin d'être un ami. Il empeste la cupidité et l'orgueil mal placé.

- Mais... Ils ne sont pas vident... finit de dire le type. Pas vrai Bard.

Il lâche la feuille dans l'eau et me regarde.

- Et vous, vous êtes qui ? il demande.

- C'est ma cousine.

- Et elle vient faire quoi ici la cousine ?

Ma parole, ses dents sont encore pires que ses sourcils.

- Je viens enseigner à mes neveux, dis-je en le regardant plus en détail.

Ah non... Il y a pire, la luisance de ses cheveux...

- Voyez-vous ça...

- Je ne pensais pas les femmes si cultivées et vous enseigniez quoi au juste ?

- Les mathématiques, mais je peux vous donner une leçon de savoir-vivre, cela ne vous fera pas de mal.

- Vous avez la langue bien pendue, femme.

J'ai fait un pas en avant, mais Bard m'a arrêté.

- Elle est farouche, mais elle n'a pas encore trouvé de mari, lance le batelier en posant une main sur mon épaule.

J'ai serré le poing. Même si c'était une diversion et il avait sans doute raison, mon orgueil était touché au plus haut point...

- Et bien, trouvez-en-lui un, ça vous fera des vacances... rétorque l'autre avec désarroi en regardant de nouveau son papier.

Il me dévisagea encore un instant, mais j'ai détourné les yeux en me faisant violence. Il s'avance vers les tonneaux et les inspecte en plissant le nez sous l'odeur.

- Bard, je crois savoir que tu es enregistré en tant que batelier et non en tant que pêcheur.

- Ça ne vous regarde pas...

- Faux.

Je vais me le faire...

- Ça regarde le maître, alors ça me regarde.

- Alfrid, un peu de cœur, il faut bien manger.

- Ces poissons sont illégaux !

Il prend un poisson et l'agite sous le nez de Bard. Je déteste ce genre de personnes, celles qui croient avoir du pouvoir juste parce qu'ils sont au service de quelqu'un qui en a. Jamais personne ne s'est fait un nom en étant au service d'un autre. Surtout pas ce genre de type débile et suffisant.

- Videz ces tonneaux dans le canal.

- Bien monsieur.

What ! Non, non, non ! Bard me fait signe de m'arrêter quand il me voit bondir.

- Allez, plus vite, lance Alfrid en poussant un homme.

- Les gens sont morts de faim. Les temps sont durs, la nourriture est rare.

- Ce n'est pas mon problème.

- Quand on saura que le maître rejette des poissons à l'eau et que les émeutes éclateront. Peut-être que ça deviendra vôtre problème ?

Bien joué. Alfrid hésite, affichant un regard presque paniqué et lève la main.

- Stop ! Toujours à défendre le peuple Bard. A protéger les petites gens. Ils t'apprécient, mais ça ne durera pas... Le maître et moi t'avons à l'œil, tâche de t'en souvenir. On sait où tu habites.

- C'est une petite ville Alfrid, tout le monde sait ou tout le monde habite.

Il repart aussi vite qu'il était venu après un regard plein de reproches à Bard. « À protéger les petites gens »... J'ai regardé Bard un instant, je pensais qu'il avait un bon font depuis le début, mais peut-être était-il beaucoup plus que ça après tout.

- Levez la herse !

Nous avons avancé doucement dans la rue principale, tout était noir et couvert de crasse, les déchets traînaient partout sur les pontons et une odeur âcre me prend les narines... Les gens nous regardaient passer en faisant un petit signe au batelier et même des sourires entendus.

- Ça s'est bien passé... dis-je en soupirant.

- Il faut tout de même être prudent et discret, les yeux du maître sont partout...

- Je vois.

Nous nous sommes engouffrés dans les petites ruelles et finissons par nous arrêter, accostant sur un ponton.

- Ils peuvent sortir, lance Bard en laissant tomber un tonneau au sol.

Les nains sortirent tour à tour de leur ensevelissement de poisson, non sans pester, bien entendu. J'ai regardé les alentours et suis tombée dans les yeux d'un homme à l'intérieur d'une barque.

- Bard, dis-je.

Il se retourne vers moi et je lui désigne d'un coup de menton. Le batelier s'avance vers lui et lui tend une pièce.

- Tu n'as rien vu, le poisson est à toi.

L'homme lui sourit gentiment, plein de reconnaissance dans les yeux et lui fait comprendre qu'il ne dira rien.

- On y va, suivez-moi, dit le batelier passant devant nous.

Nous rentrons dans les méandres de la ville, heureusement il n'y a personne en vue. Cette ville semble tellement pauvre... Je n'ai vu qu'un seul village des hommes, celui de Bree et cette vue me fend le cœur... Je ne trouve pas le regard joyeux et la musique du marché, ni les rires des enfants qui jouent dans les rues. Non, ils sont tous occupés à leur tâche, sans aucun entrain au fond des yeux et j'ai même pensé y voir la perte.

- Avant cette cité était prospère et riche... Nous vivions des transactions entre la montagne et le royaume des bois. Mais depuis que le dragon l'a prise, tout a changé.

Je ne sais pas vraiment quoi répondre, je connais cette histoire, maintenant que je constatais les dégâts de mes propres yeux, l'histoire prenait vie... Alors la perte que je semblais lire, c'était ça... Ils ont tout perdu à la venue de Smaug, leur vie changeant en un instant. Mais où avait été le titan désigné pour les protéger ? Pourquoi Eriador n'avait pas été là ? J'ai froncé les sourcils sous les questions qui tiraillaient mon esprit.

- Papa !

Un jeune garçon s'avance vers Bard. Si je l'avais croisé dans la rue, j'aurais deviné qu'il était son fils, car j'arrivai aisément à retrouver les traits de Bard sur son visage

- La maison est surveillée.

- Bon, on va faire autrement. Suivez-moi.

Il nous dirige vers l'arrière d'un bâtiment.

- Nager et passer en dessous de cette maison là-bas, c'est la nôtre, je vous récupère de l'intérieur.

- Et comment ? demande Ori

- Vous verrez bien... termina Bard. Vous, venez avec moi.

Les nains rentrent dans l'eau un par un. Par où va-t-il les récupérer depuis l'intérieur de sa maison ? Une idée me traverse l'esprit mais me tord le ventre rien que d'y penser... Je suis Bard entre les rues, nous montons un escalier, son fils ouvre une porte à l'étage et rentre. Petit, mais mignon comme maison et je sentais l'atmosphère sereine dans chacun des meubles. Bard s'arrête avant de rentrer pour contempler deux hommes en train de pêcher en bas. Il siffle pour les interpeller et leur lance une pomme.

- Dites au maître que j'ai fini ma journée, dit-il en riant.

J'aime bien ce mec, simple, efficace et plutôt pas mal.

- Papa ! Où étais-tu ? demande une petite fille resplendissante qui se jette dans ses bras.

- Père, te voilà enfin, j'étais inquiète, demande une autre sur notre droite.

Plus grande que sa sœur et tout aussi belle. Deux jolies têtes blondes respirant la joie et l'innocence, mon cœur se serre. Quelque part, j'aimerais aussi être insouciante, loin des combats, revenir à une vie simple et harmonieuse.

- Tiens Sigrid, Baïn, faites les entrer.

Il donne son sac à sa fille et ouvre la petite fenêtre, regardant dehors avec inquiétude. Puis revient vers ses filles, posant sa main sur mon épaule.

- Je vous présente Maliha, elle avait besoin d'aide ainsi que ses amis.

- Enchantée, dis-je le sourire aux lèvres.

Les filles me font une révérence chaleureuse.

- Voulez-vous du thé ? Il fait froid dehors, me propose la plus grande.

- Oui volontiers, je réponds.

Elle part vers la cuisine, mais s'arrête d'un coup, regardant dehors.

- Père pourquoi des nains sortent de nos toilettes ?

Je n'en crois pas mes oreilles... Alors mon idée était la bonne... Les pauvres, ils seront passés par beaucoup de choses désagréables. Je dois dire que je m'en sors plutôt bien pour l'instant.

- Ils vont nous porter chance ! dit la plus jeune.

Je n'ai pas pu m'empêcher de sortir un petit rire en voyant mes amis trempés et visiblement atterrés. Je ne pense pas que ces nains lui porteront chance, sauf peut-être s'ils réussissent leur quête. D'après l'enseignement d'Elrond Esgaroth était une plateforme tournante entre Erebor, Dale et le royaume Sylvestre, une ville assez riche avant que Smaug ne détruise Dale et prenne possession d'Erebor. Les hommes de Dale se sont alors retrouvés démunis, la seule ressource qu'il leur reste est sans doute les quelques transactions avec le roi Thranduil et les poissons du lac. Mais les deux doivent considérablement diminuer chaque année... Si les nains reprennent la montagne solitaire, alors l'espoir reviendra pour Esgaroth, mais rien n'est sûr, leurs chances de réussite sont minces, treize nains contre un dragon... Peut-être devrais-je m'impliquer ? Je les ai regardé grogner, puis dériva sur Bard et ses enfants... Oui, peut-être devrais-je faire quelque chose pour eux... Mais Elrond ne me le pardonnera pas...

Sigrid apporte des couvertures, ils doivent être frigorifiés.

Elle s'exécute et revient les bras chargés de couvertures chaudes qu'elle commence à distribuer.

- J'ai oublié votre thé madame... me dit-elle.

- Prends ton temps, ne t'inquiète pas, rien ne presse, je lui souris. Tu sais quoi, je vais t'aider, tu es déjà bien occupée.

Je m'approche de la cuisine, entreprends de mettre de l'eau dans une bouilloire et de la placer au-dessus du feu. Un geste simple qui me fait tellement de bien. Les gestes du quotidien m'avaient manqué, ce voyage était bien loin de mes habitudes et cette simple action me l'a montré.

- Qu'est-ce qui vous fait sourire madame ?

- Appelle-moi Maliha et c'est juste que ça fait bien longtemps que je n'ai pas fait du thé, je ris.

- Oh je vois, elle me lance un sourire.

Je tourne mon regard vers les nains qui discutent à la fenêtre

- Le jour où le dragon est venu. Commença Balin. Le jour ou Smaug a détruit Dale. Girion, le seigneur de la ville, a envoyé les archers tuer le dragon, mais les dragons ont un cuir incroyablement dur, leurs écailles sont impénétrables. Seule une flèche noire tirée par une Arquelance peut le transpercer. On avait forgé très peu de ses flèches. Girion tira deux flèches et la dernière ne fit pas mouche non plus...

- Si les hommes avaient réussi leur tir ce jour-là, ajouta Thorin. Tout serait différent.

- Vous parlez comme si vous y étiez, les surprend Bard.

- Tous les nains connaissent cette histoire, s'explique Thorin.

Je ne pense pas que Bard soit bête, je pense même qu'il se doute du but de notre quête.

- Vous savez donc que Girion a touché le dragon, ajouta son fils. Et délogé une écaille sous son aile gauche. Un dernier tire et il aurait été tué.

- Ça, ce n'est qu'un conte pour enfant petit, lance Dwalin.

Un conte pour enfants... Peut-être pas. Comment le savoir... Je récupère l'eau du feu et Sigrid me tendit une tasse avec un petit écumoire rempli de thé. Je la remercie poliment et commence à siroter après l'avoir laissé infuser.

- Vous avez pris l'argent. Où sont les armes, conclut Thorin.

Toujours trop pressé. Ne peuvent-ils pas s'arrêter un peu et se reposer... Le voyage a été long et éprouvant, un petit temps de repos est le bienvenu, mais "repos" ne fait visiblement pas partie du vocabulaire des nains.

- Attendez ici.

Je me détourne pour chercher Kili du regard et le trouve assis sur une chaise, le visage pâle. Il se lève pour rejoindre les autres et commence à leur dire qu'ils manquent de temps, car le jour de Durin tombe après-demain. Bard revient et découvre un sac humide, à première vue les armes promises sont, mais comment dire, plutôt décevantes. De simples objets de pêche recyclés à la va-vite. Les nains sont clairement insatisfaits, en même temps, ils n'iront pas loin avec ça.

- On a payé pour des armes, des haches et des épées forgées, peste Gloin.

- C'est pas vrai, c'est une blague ? crie Bofur en jetant son arme dans le tas.

- Vous ne pourrez pas trouver mieux si ce n'est à l'arsenal, mais celui-ci est bien gardé.

Oh non, pourquoi a-t-il dit ça... ça pue, me dis-je en baissant la tête, résignée.

- Thorin, prenons ça, nous avons fait plus avec beaucoup moins que ça, et tu le sais. intervient Balin.

- Oui, prenons et allons-nous-en d'ici.

- Vous n'irez nulle part, rétorque Bard.

- Comment ça ?

- Des espions surveillent la maison et tous les quais de la ville. Attendez la nuit.

Les nains hésitent.

- Soyez raisonnable, je lance. Reposez-vous jusqu'à la nuit, nous avons traversé beaucoup d'épreuves, récupérons un peu.

Thorin me regarde et finit par faire un signe entendu. Mon regard se pose encore sur Kili qui essaye de s'asseoir douloureusement.

- Sigrid ?

- Oui Maliha.

- Aurais-tu des linges propres ?

- Oui, oui, mais pourquoi ? me demande-t-elle.

- Un des nains est blessé et sais-tu où je peux trouver de l'Athelas ?

- Oh, je ne sais pas ce que c'est, ça ne me dit rien, dit-elle.

- Bon c'est pas grave donne moi tout ce que tu as.

Je m'approche de Kili.

- Vous faites peur à voir mon ami, je lui lance en m'agenouillant devant lui.

- Haha, merci, dit-il avec ironie.

Je prends son ancien bandage et le retire doucement. Je n'ai pu retenir un froncement de sourcils à la vue de la plaie. Horrible, noire et suintante, bientôt même Athelas ne pourra rien faire... Sigrid me pose les linges et quelques fioles sur le banc à côté de Kili, je la remercie du regard et commence à désinfecter la plaie. Kili grince des dents.

- Comment va-t-il ?

Je me retourne pour voir Balin le regard inquiet. Plonge mes yeux dans ceux de Kili qui me regardent suppliant et soupir en prenant un bandage d'un geste brusque.

- Il s'en remettra... je dis durement en voyant le sourire de Kili.

J'entoure de nouveau la plaie après l'avoir nettoyée à l'eau claire en la serrant fortement. Il ne tiendra jamais, je le sais... Il va devoir rester ici ou mourir sur la route.

- Vous n'allez pas tenir longtemps, vous le savez ça ? dis-je sans un regard.

- Je tiendrais, je me jure de tenir.

- Kili, à un moment, votre corps dira stop et là, je ne pourrais plus rien pour vous. Il faut que vous restiez ici.

- Hors de question, dit-il fermement.

Les nains et leur entêtement...

Il me regarde tristement, je finis ma tâche et me pose sur une chaise, retirant cape et épée pour récupérer la tasse fumante de thé. Bard fait de même et s'assit à côté de moi en soupirant

- Pourquoi suivez-vous ces nains ?

Je le regarde sans rien dire en sirotant mon thé... réfléchis aux mots que je vais prononcer, mais à quoi bon ? De toute façon, nous serons bientôt partis et il m'aura oublié dans quelques années... Si ce n'est pas moins.

- Pour les protéger.

- Je crois que ces nains sont suffisamment entraînés.

- Pas assez.

- Vous êtes une bien curieuse personne pour pouvoir protéger ces nains. Votre accent n'est pas d'ici, vos expressions non plus et je n'ose pas parler de l'arme avec laquelle vous m'avez menacé ce matin.

J'ai posé ma tasse vide d'un geste ferme.

- Je ne suis en aucun cas un danger pour vous, Bard, ni pour votre famille. J'ai juste pour tâche de protéger les peuples libres et aujourd'hui, ces nains ont besoin de moi pour mener à bien leur quête.

- Quel est leur but au juste ?

- Il m'importe peu et je ne suis pas au courant de grand-chose. Je ne suis pas dans leurs petites affaires, je protège seulement leurs arrières.

- Sans rien en retour ?

- C'est la tâche qui m'a été donnée.

- N'avez-vous pas une famille ?

Ma seule famille aujourd'hui c'est Arwen, Glorfindel et Estel... L'autre...

- Non... Dans tous les cas, je vous remercie pour votre aide et votre accueil. Et vous ? Peut-on savoir pourquoi vous êtes surveillé ?

Il a esquissé un sourire avant de boire une gorgée de thé.

- Le maître n'aime pas vraiment mes activités.

- Oh et qu'elles sont-elles ?

- Les temps sont durs pour nous. Le maître s'enrichit alors que le peuple a faim, alors j'essaye à mon échelle d'améliorer les choses.

- Je vois.

Il m'a raconté plusieurs choses, de un, les difficultés pour se nourrir et leur impossibilité à cultiver les terres autour du lac, le danger était maintenant partout et il était dangereux de s'aventurer hors de la ville. Deux, le poisson manque l'hiver, il va frayer plus loin dans l'eau active de la rivière. Trois le maître contrôle les aller et venu des bateaux marchands et récupère une grande partie de la marchandise à son usage personnel.

Nous ne pouvons pas faire grande chose, mais je m'arrange pour en cacher une partie et la distribuer discrètement. Mais c'est à double tranchant, s'il trouve que les marchandises ne sont pas suffisantes, il augmente les impôts...

- Je vois... Mais pourquoi ne pas...

- Je vous arrête, mainte fois nous avons essayé, mais le peuple a peur, ils se demandent qui le protégera... Qui les défendra contre le mal qui dort s'il n'est plus là ?

- Pourquoi pas vous ?

- Je ne peux pas prendre cette responsabilité et je ne le souhaite pas...

- Pourquoi ?

J'ai vu ses yeux tomber sur la table et regarder les nœuds du bois en soupirant. Il y avait quelque chose dans ce regard, le regret et l'amertume, mais aussi une tristesse profonde et lancinante. Cet homme est beaucoup plus qu'il ne paraît être ; sous ces airs simples ce tapis un homme d'honneur et sage.

- Nous partons, dit Thorin en posant une main sur mon épaule.

- Quoi ? je me retourne vivement.

- La nuit tombe, c'est maintenant.

Ai-je le choix ? Je regarde une dernière fois Kili qui se lève péniblement et Bard qui me fait signe que c'est bon. Kili a repris quelques couleurs avec l'onguent, mais ça ne durera pas. Le poison des flèches orc est une vraie plaie, je dois trouver de l'Athelas sur le chemin ou il ne tiendra pas.

- Très bien, je finis par dire.

Je prends Nordeline contre la chaise et la place entre mes omoplates.


oOo

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro