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// ... Chapitre quarante-trois ... //

"Rayuela" - Gotan Project


Ma main claqua sur mon front, le bruit sec résonna contre les meubles en même temps que mon inspiration pressante. Qu'avais-je fait Valars... Oui j'avais tenu tête à Legolas, oui, je lui avais demandé de te tutoyer et oui j'avais essayé de lui faire avouer l'impossible comme une adolescente à la fleur de l'âge... Une sueur froide passa, puis une bouffée de chaleur en retirant les couvertures et plongea mon visage entre mes mains.

Il était tôt, le soleil n'avait visiblement pas remporté sa bataille contre la nuit et moi j'avais perdu la mienne face aux rêves... Que j'avais honte... Je me levais d'un bon, passant un leggin, un pull à manche courte et enfilais mes bottes. Attaché mes cheveux dans une queue de cheval en laissant le liquide métallique rentrer dans mes oreilles et sortis pour entamer une course directement sur le balcon avant de dévaler les escaliers.

Je passais devant le terrain d'entraînement, puis m'arrêtais pour reprendre mon souffle. Je me crus maudite quand son regard croisa le alors qu'il encochait une flèche. Mes joues étaient enflammées de rouges sous l'effort et heureusement, je devais avouer. Je râlais intérieurement avant de repartir pour m'enfoncer dans la forêt. Qu'avais-je bien fait pour mériter ça au juste ?

Demain.... Nous repartirons demain et j'allais devoir passer outre les désagréments avec Legolas, même si je ne comprenais pas la gêne qui s'était installée entre nous, ou était-elle imaginaire... Je ne l'avais pas aperçue depuis mon réveil, hormis hier soir et maintenant, après ce discours débile, je le croisais à chaque tournant. Comment en étions-nous arrivés là ? Pourquoi j'avais l'impression qu'il se passait quelque chose que j'ignorais ? Quelque chose d'important, qu'avais-je loupé ? Oui, il avait surveillé mes nuits et la raison qu'il avait donnée était valable, alors pourquoi quelque chose semblait manquer ?

Je mordis ma lèvre et poussais encore sur mes jambes pour faire taire mon esprit. Rien ne sera plus pareil... Cette phrase me hantait sans savoir pourquoi.

Je m'arrêtais après plusieurs heures sans vraiment avoir retrouvé la paix. Un bain chaud, des vêtements propres et confortables plus tard et je descendais les marches pour rejoindre la compagnie vers midi passé. Ils faisaient déjà leur sac et Aragorn vint à ma rencontre pendant que les elfes nous descendaient de quoi manger.

- Nous partirons demain, seras-tu prête ?

- Oui, aucun problème, dis-je.

- Le Seigneur et la Dame souhaitent nous voir avant notre départ. Nous irons après manger.

-Entendu.

On mangea en silence, tous étaient préoccupés par le départ. Legolas nous rejoint et Sam lui tendit un bol qu'il prit en s'asseyant aux côtés de Gimli. Ils entamèrent une discussion discrète et je levais un sourcil d'étonnement.

- Je crois qu'ils sont devenus amis, murmura Estel à mon oreille.

- Oh, je vois.

Alors si je m'attendais à ça... J'échangeais un regard avec l'elfe, puis le fond de mon bol me sembla plus intéressant.

- De quoi pensez-vous que le Seigneur et la belle Dame vont nous parler ? demanda Pippin en mâchant.

- Probablement nous préconiser une route, répondit Estel.

- Ne savez-vous pas par où passer ? demanda Frodon.

- Et bien, je ne sais pas vraiment quel chemin Gandalf avait prévu... dit-il en soupirant.

- L'ennemi doit tenir la plupart des rives du Grand Fleuve... murmura Boromir.

Aragorn soupira en sachant très bien qu'il devait avoir raison. L'homme était pâle comme un linge et déviait parfois son regard vers Frodon. Le reste du repas se fit en silence, j'arrivais à lire la tension de chacun d'entre eux dans mon âme. Une fois le repas terminé, j'aidais les hobbits à finir leur sac, puis Aragorn à rassembler toutes les affaires nécessaires pour le grand départ. Une fois la tâche faite, l'après-midi était déjà bien entamée. Le rôdeur avait l'air soucieux en regardant les sacs des uns et des autres.

- Je peux lire ta détresse Estel, dis-je doucement. De quoi as-tu peur ?

- Du chemin...

- C'est Minas Tirith qui t'inquiète pas vrai ?

- Oui, il soupire. Je ne crois pas que Gandalf aurait souhaité faire halte à la Cité Blanche.

- Le cœur des hommes convoite l'anneau, tu as vu Boromir aussi bien que moi.

- Je sais, mais sans l'aide des hommes je ne sais pas si nous parviendrons à passer Maliha.

Nous ne savions pas ce qui nous attendaient aux alentours de la cité... Aragorn avait raison, mais s'approcher trop près de la terre des hommes me faisait froid dans le dos.

- Nous aurons plus de chance en passant par les marais... Et aller directement aux Portes Noires.

- Peut-être... Ou passer par Ithilien et trouver un passage par les montagnes. Dans tous les cas, Emyn Muil est sur notre route, j'ai peur de ne pas savoir traverser les montagnes et de devoir descendre vers Minas Tirith, finit-il par dire.

- Attendons d'entendre Dame Galadriel, elle pourra sans doute nous aider.

En fin d'après-midi, nous avions tous monté les escaliers jusqu'au talan principale de la cité. Ils étaient là, tous les deux, à nous attendre avec un sourire. Frodon était devant moi, à ma droite Estel, et Legolas se tenait à ma gauche. Son épaule frôlait la mienne, mais le seigneur parla avant que je ne puisse faire quoi que ce soit.

- Le moment est venu, commença Celeborn. Nul ne vous oblige à aller plus avant et ceux qui souhaitent rester en ces lieux sont les bienvenus. Mais qu'il demeure ou qu'il parte, nul ne peut être assuré de la paix. Le mal est partout et nous sommes tous au bord du gouffre.

- Il me semble que chacun d'entre vous souhaite aller de l'avant n'est-ce pas ? demande la Dame en nous regardant un par un.

- Pour ma part ma demeure est vers l'avant madame et non derrière, lance Boromir en se dandinant.

- Alors votre chemin va vers Minas Tirith ? demanda le seigneur des lieux.

- Nous n'avons pas décidé de notre route, répondit Aragorn.

Boromir lança un regard orageux à Estel du coin de l'œil. Plus le temps passait et plus l'âme du Gondorien devenait sombre.

- Il vous faudra prendre le Grand Fleuve, vous n'avez pas le choix. Mais sur quelle rive passerez-vous ? L'ouest, vers Minas Tirith ou l'est, le bord le plus sombre ?

- Il me semble que l'ouest est le plus sûr, en effet, nous pourrions faire un détour par ma cité, mais je ne suis pas le guide de cette compagnie, répondit le Gondorien.

Encore une fois... Je fronçais les sourcils alors qu'une goutte de sueur dévalait sur la tempe de l'homme. Il n'allait pas bien, pas bien du tout et le regard que la Dame lui lançait n'arrangeait pas les choses visiblement. Mes muscles se tendirent, Estel avait le poing serré et semblait être indécis face à sa réflexion. Je n'aimais pas ça du tout.

- Sans Gandalf à vos côtés je comprends que le choix soit délicat et je ne suis pas à votre place, tout comme je ne peux choisir pour vous... Mais je peux tout de même vous aider. De ce que je vois il y en a parmi vous qui savent manier une embarcation. Legolas, vous connaissez les rapides Rivières de la Forêt, Boromir du Gondor et Aragorn le voyageur.

- Et moi ! lança Merry en levant le bras. Je sais manier une embarcation, comme les bateaux sur les rives du Brandevin.

- Voilà qui est bien, répondit Celeborn. Je vous fournirai donc des petites embarcations, suffisamment légères pour vous permettre de les porter. Celles-ci faciliteront votre voyage, mais elles ne vous éviteront pas le choix entre ouest ou est en arrivant à bon port.

- Je ne vous remercierais jamais assez pour votre aide Seigneur Celeborn.

- Ce n'est que peu de choses Aragorn fils d'Arathorn. Si votre quête réussi, ce sera à nous de vous remercier pour chaque jour que nous passerons en paix. Tout sera préparé et vous attendra au havre avant midi demain. Mes gens viendront vous aider pour les derniers préparatifs du voyage. Je vous souhaite une nuit paisible à tous.

- Dormez en paix, lance Galadriel. Ne laissez pas le futur envahir vos cœurs, seuls les Valars savent les chemins qu'emprunteront chacun d'entre vous, alors reposez-vous.

Nous étions tous redescendus silencieusement. Personne ne disait mot, mais je percevais que les paroles du Seigneurs et de la Dame nous avaient affectés plus que nous ne l'aurions imaginé. Peut-être nous rendrions nous enfin compte de la suite du voyage et de sa dangerosité ?

On s'assit, les uns à côté des autres, il était temps de discuter sérieusement de la suite. J'ai regardé les hobbits avec inquiétude, peut-être devraient-ils rester ici...

- Merry, Pippin et Sam, comme Elrond vous l'a dit avant notre départ de Fondcombe et Celeborn l'a répété, vous pouvez vous arrêter ici en Lórien. Le reste du voyage sera pire que celui que nous avons déjà traversé, dis-je.

- Pour ma part je suivrais Mr Frodon jusqu'aux confins du Mordor Maliha, répondit Sam le courage dans les yeux.

- Cela vaut pour nous aussi, n'est-ce pas Pippin ? lança Merry.

- Bien entendu.

- Vous n'êtes pas obligé de faire ça pour moi... murmura Frodon.

- Vous n'avez pas le choix Frodon, répondit Merry.

- Nous avons commencé cette mission tous ensemble et nous la finirons de la même manière, enchérie Pippin.

Ils me firent sourire. Cette étroite amitié apportait une douce chaleur à la communauté et celle-ci était inestimable.

- Peut-être qu'un passage par Minas Tirith serait le mieux... murmure Gimli engageant les hostilités.

- Je ne pense pas que Gandalf aurait souhaité une halte dans cette cité Gimli, lance Aragorn.

- L'anneau, pardonnez-moi, sait corrompre le cœur des hommes, finit Legolas. N'y voyez aucune allusion.

- Ne t'inquiète pas Legolas, nous connaissons tous l'identité des neuf ici... répondit Aragorn.

- J'irai seul à Minas Tirith s'il le faut. Comme je l'avais dit, il est de mon devoir d'aider mon peuple, dit Boromir.

Je ne le lâchais pas des yeux, comme les siens ne lâchaient toujours pas Frodon... La tension dans son regard était de plus en plus forte et je me demandais s'il ne fallait pas que je veille cette nuit pour le surveiller. Mon regard se tourna vers Legolas qui le regardait lui aussi avec insistance.

- Si votre but est toujours la destruction de cet anneau, alors vous n'avez nul besoin du Gondor pour ça. Mais si vous désirez vous battre contre lui, alors c'est folie d'y aller sans force, et encore plus fou de rejeter...

J'ai failli me lever, mais Estel me prit la main avec insistance. Le jeu de Boromir était maintenant clair, il n'avait pas abandonné son idée d'utiliser l'anneau et celle-ci le rongeait. Il lui dévorait l'esprit depuis longtemps.

- Je veux dire, sacrifier des vies en allant directement devant les portes noires... Je préfère rester dans ma cité et la défendre comme je le peux.

- Nous devons nous faire discrets, c'était le souhait de Gandalf, nous ne pouvons pas appeler une armée comme vous dites Boromir, posa Estel avec calme.

- De toute façon, nous avons déjà une armée ! lança Gimli en me désignant du doigt.

Legolas soupira de désappointement et regarda un instant, mais ne dit rien...

- Je propose que nous descendions le fleuve et que nous prenions une décision une fois à l'Argonath, dit Estel en soupirant.

- Je suis d'accord, je commence. Il est inutile de faire des plans sans connaître le terrain, si ça se trouve la route de l'est sera surveillée et nous n'aurons pas le choix.

- Oh ! Legolas, on dirait qu'il y a quelqu'un pour vous, lance Gimli en levant son doigt.

D'un mouvement d'épaule, je vis Rilomë descendre élégamment les marches d'escaliers. Elle était resplendissante dans sa robe blanche et bleu pâle, joignant ses mains d'une manière timide en s'arrêtant une fois arrivée en bas. Je lui fis un sourire et baissais la tête dans un signe de respect qu'elle me rendit.

- Pardonnez-moi, lança Legolas.

Il se lèva et nous salua, avant de s'avancer vers elle et de l'entraîner dans les bois.

- Pauvre enfant... murmurait Gimli.

- Elle l'attendra Gimli soyez en sûr. Les elfes aiment d'un amour immortel, dis-je doucement en les regardant.

- Et bien, elle pourra attendre encore longtemps dans ce cas !

- Que voulez-vous dire ? je demandais perdue.

- Gimli, pesta soudain Estel faisant sursauter le nain.

- Bien, bien, je vais dormir ! râla-t-il.

Je ne comprenais rien... Je restais encore un peu avec Estel et Boromir à fumer en regardant une dernière fois la rivière couler entre les arbres. Les hobbits dormaient depuis un moment déjà, ainsi que Gimli qui faisait frémir les feuilles de son ronflement bruyant.

- Votre cité doit vous manquer Boromir ? Vous en semblez soucieux.

- Je le suis Maliha... La cité blanche ne tient que par un fil.

- Si Gandalf n'était pas tombé Boromir, soyez sûr que je vous aurais accompagné, dit Aragorn. Votre rêve m'a laissé entrevoir un avenir que je n'aurai jamais cru possible, mais aujourd'hui il me faut conduire Frodon en Mordor et non me battre à vos côtés pour défendre Minas Tirith.

- Je le sais, mon Seigneur.

Mon seigneur... C'était la première fois que Boromir semblait accepter Aragorn pour ce qu'il était vraiment. J'ai retrouvé à cet instant les yeux du chevalier que j'avais vu pour la première fois dans les plaines de Fondcombe. Boromir avait un bon fond et je ne pouvais pas lui tenir rigueur de sa faiblesse, nous l'avions toute... Il désirait par-dessus tout protéger sa terre et son peuple et je le respectais pour ça, plus que quiconque eut-être même. J'espérais juste ne pas avoir à en venir aux mains, pouvoir le raisonner. En ayant vu son regard perturbé sur Dame Galadriel, j'en concluais qu'elle avait certainement dû, dans une certaine mesure, le menacer.

- Je vous souhaite une bonne nuit à tous les deux, Aragorn, Maliha, indiqua Boromir en se levant.

- Bonne nuit à vous Boromir, dis-je. Que votre nuit soit douce et reposante.

Je le regardais s'éloigner, peut-être avais-je de la peine de le voir si tiraillé et perdu.

- Je sais que c'est un homme d'honneur Maliha.

- Je n'en doute pas non plus sache le...

Il soupira néanmoins.

- Estel, ne t'inquiète pas, je sais que le chemin s'ouvrira à nous. Comme me l'a dit Galadriel, nous ne savons pas encore pourquoi le destin a pris cette tournure, mais il doit y avoir une raison. Aie confiance, nous aurons nos réponses.

Il lâcha une bouffée de fumée blanche avant de sourire.

- Je me suis toujours demandé comment toi, un esprit si terre à terre, tu pouvais avoir autant confiance aux Valars et au destin, dit-il.

Alors celle-ci, je ne m'y attendais pas du tout.

- J'étais devant un aéroport quand les mages bleus m'ont appelé. J'avais un rendez-vous avec un fournisseur à côté de Paris. Quand j'ai vu le monde changer autour de moi, que l'air qui rentrait dans mes poumons n'était plus le même, quand j'ai vu cette forêt infinie devant mes yeux, je n'y croyais pas. Mais après, petit à petit en prenant conscience de votre monde, j'ai su qu'il était impossible que les Valars n'existent pas... Mon esprit s'est plié à ce qui ne s'explique pas alors oui, j'ai entièrement confiance. Pour ce qui concerne Arda tout du moins...

- Que veux-tu dire ?

- Ils m'ont promis le bonheur Aragorn, mais cela me semble impossible.

- N'en sois pas si sûre...

Son regard était plein de malice et je fronçais les sourcils.

- Que sais-tu que je ne sais pas Estel ?

- Rien d'important, dit-il.

- J'ai pourtant l'impression d'avoir loupé un épisode depuis mon réveil.

- Tout vient à point à qui sait attendre, Maliha.

- C'est moi qui t'ai appris ça ! dis-je désappointée.

- Oui, alors applique ton propre enseignement !

Je fis la moue en me détournant pour fumer tranquillement sans rien ajouter.

- Tu trouveras le bonheur Maliha, je le sais, finit-il par dire en posant une main sur mon épaule.

Après une énième discussion sur la route, je finis par monter me coucher. Cette journée était, comme j'avais l'habitude de les appeler, "une journée sans". Une journée tourmentée que l'on n'arrivait pas à intégrer, pas à vivre pleinement. Je n'avais pas trouvé ma place, aucun repère, pour me sentir entière. Trop de questions, trop de doutes, trop de situations gênantes... Demain était un autre jour et je l'espérais, meilleur... Jamais je n'arriverai à m'endormir avec ça dans la tête et décidais d'aller rendre visite à Holorïn.

Il était là, à chercher un bocal sur une étagère avant de se retourner pour me sourire de ses lèvres fines. Bien sûr, il m'avait entendu...

- Alors sur le départ ? Demain j'ai crû comprendre.

- Oui demain... dis-je avec dépit.

- Je vois que tu ne sembles pas manquer d'enthousiasme.

- Sans Gandalf rien n'est plus pareil.

- Je voulais te poser une question Maliha. Pourquoi ne pas l'avoir simplement récupéré ?

Je soupirais en me dirigeant vers la fenêtre.

- Il n'a pas voulu... Tout est allé très vite, il a refusé, alors je tentais de l'aider. Après ça, le Balrog m'a balayé...

- Il a refusé ?

- Oui, il a dit que je devais protéger Frodon.

- Alors, il avait déjà choisi son destin... il murmure.

Je pris l'arête de mon nez entre mes doigts pour chasser les souvenirs noir et douloureux.

- Pardonne moi... dit-il doucement.

- Non non, c'est juste... J'ai ce sentiment horrible qu'il n'est pas mort... Que c'est juste impossible. Quand je regarde Frodon, j'ai envie de lui dire de ne pas s'inquiéter, je crois que je n'ai pas encore réalisé. Quand nous prendrons la route demain, je crois que je me rendrai enfin compte...

- Donne toi le temps Maliha.

- Oui, oui, le temps...

Il y eut un long silence rompu par la reprise des coups de pilon avec lequel il broyait des herbes médicinales dans son mortier. Qu'allait devenir cette compagnie sans Gandalf ? Aragorn était déjà perdu, ignorant quel chemin emprunter. Boromir finirait par sombrer... J'espérais seulement qu'il regagnerait son pays avant de le faire. Mais alors peu d'entre nous continueront, Estel restera fidèle à Frodon, tout comme moi. Il vaudrait peut-être mieux que les trois hobbits restent ici... Leur motivation semblait grande, mais la mort les attendait... Gimli ? Peut-être le nain restera-t-il jusqu'au bout ? Et Legolas ? Ne devrait-il pas rester ici avec Rilomë ? Que lui avait-il dit ? Je m'asseyais sur le divan en soupirant.

- Holorïn ?

Ma voix était sérieuse et il s'arrêta un instant pour croiser les bras.

- J'ai comme une impression ? dis-je dans un murmure incertain.

- Une impression ?

- D'avoir loupé un truc ? S'est-il passé quelque chose que je devrais savoir ?

Il soupira en s'appuyant contre la grande table de bois. J'étais pendu à son visage, attendant les paroles qu'il semblait vouloir dévoiler.

- Rien que je dois te dire Maliha.

Ma... Quelle déception...

- Holorïn, quand je passe un pont, quand je marche parmi les elfes, ils me regardent tous comme si j'avais l'emblème de Sauron sur le front... Et puis il y a ces mots, ces phrases que je ne comprends pas.

- Quelles sont-elles ?

- Qu'il était inquiet, qu'il est resté à me surveiller pendant deux semaines. Toutes les nuits...

J'avais déballé mes phrases sans queue ni tête, comme ça, pour m'en débarrasser. Arwen n'était pas là, Glorfindel non plus, Aragorn ne disait rien... Il n'y avait que lui, là devant moi...

- Je suis désolée, ça tombe sur toi, j'ai juste besoin d'en parler, mon âme est un chaos ambulant de questions et de tourments. J'aurais souhaité en éliminer au moins un...

- Oui, il était inquiet, dit-il en préparant une tisane et levant un sourcil sans me regarder.

- Super...

- Que ne comprends-tu pas ?

Je me levais effarée, gesticulant dans tous les sens.

- Inquiet ? Holorïn, inquiet, ne fait pas partie du vocabulaire attribué à une émotion de Legolas envers moi !

- C'était pourtant le cas.

- Holorïn !

- Maliha, dit-il d'un ton sévère. Qu'as-tu peur de comprendre ?

C'était peut-être ça en effet. J'avais peur de comprendre ce que cela voulait dire. Peur que l'espoir qui s'était éveillé en moi... Oui, l'impossible deviendrait discutable et j'étais effrayée de laisser une telle pensée entrer dans mon cœur.

- Je ne veux pas avoir espoir Holorïn.

- Non Maliha tu en as peur, parce que tu viens de constater que tu as espoir.

Je fronçais les sourcils, soudain hors de moi.

- Maudits soient les elfes et leur clairvoyance...

- Je ne te permet pas.

- Pardon...

Je m'asseyais de nouveau sur le divan en perdant mon visage entre mes mains.

- Tu n'as rien à perdre Maliha, dit-il en me tendant la tisane.

- Je souffre déjà assez Holorïn.

- Laisse le temps s'écouler, lui seul te dévoilera le chemin à suivre, beaucoup d'épreuves t'attendent.

- Tu as raison, je suis là à me prendre la tête sur des bêtises... Alors que nous allons entamer la partie la plus dure de notre voyage. Un voyage que nous ferons sans Gandalf...

Il ne dit rien en se levant et je bus une gorgée pour ravaler mes larmes.

- Je t'ai préparé de la crème.

J'ai fini ma tisane et récupérais la crème en silence. Holorïn avait un peu apaisé mon cœur, il avait raison, il y avait beaucoup plus important que ça dans ma vie actuellement, alors autant ne pas y penser.

oOo

Le matin venue, je fermais un nouveau sac, ayant perdu l'autre dans la Moria. J'avais mis à peu près la même chose que lors de mon départ d'Imladris, avant de fermer la porte. Plusieurs elfes étaient attroupés autour de la compagnie au complet à donner les petits paquets que je savais remplis de Lembas et de divers mets.

Un elfe réprimandait déjà Gimli, un gâteau à la main... Le bougre en avait déjà mangé plus d'un...

- Comment ça plus fortifiant ! Oui certes c'est meilleur que les gâteaux au miel, mais on ne va pas faire un fromage pour une bouchée ! peste le nain.

- Gimli... dis-je en m'approchant.

- Maliha, cet elfe me réprimande seulement pour deux petits gâteaux !

- Vous en avez mangé deux ?

- Et bien oui, dit-il.

- Une bouchée suffit pour avoir envie d'une sieste vous savez ?

- Oh...

L'elfe riait de bon cœur en regardant le nain parcourir son ventre d'une main.

- Vous pourrez piquer un somme dans le bateau, ne vous en faites pas mon ami, dis-je en tenant son épaule.

- Maliha, Gimli ! héla alors Aragorn.

Nous nous approchions pour voir les elfes nous tendre des capes. Nous en avions chacun une. Elles étaient légères d'un gris changeant en fonction de la lumière.

- Elles vous cacheront des mauvais regards, mais ne pourront vous protéger d'un plus grand danger, dit une elfe en accrochant la mienne dans une épingle de feuille.

- Je vous remercie, dis-je en m'inclinant.

- Que les Valars veillent sur votre route, fille d'Illuviné.

Je perdais mon regard sur les arbres autour de moi une fois que nous étions prêts. L'air de la Lórien allait me manquer... La brise, le calme des branches et de la douce lumière traversant les feuilles, me rendait déjà nostalgique. Une chose m'interpella pourtant, Rilomë n'était pas là, ils étaient pourtant nombreux à être venue nous dire adieu...

Je regardais un instant Legolas en plissant les yeux, il ne semblait pas plus distrait que ça. Je ne comprendrais jamais rien aux elfes...

- Si vous êtes prêt, c'est moi qui vous conduirai.

Je me retournais pour voir Haldir.

- Je vous pensais aux frontières ? dit Aragorn.

- Je suis rentrée dans la nuit du poste Nord et les nouvelles ne sont pas bonnes. Le mal grandi et vous n'auriez pu rebrousser chemin.

J'étais bien heureuse que ce soit Haldir qui nous guide, je ne l'avais point vu depuis mon réveil. Nous avions commencé à marcher à travers les bois en silence, admirant une dernière fois les arbres.

- Je suis heureux de vous voir debout Maliha.

Haldir s'était posté à côté de moi à l'avant du groupe.

- J'aurais aimé vous voir avant notre départ, mais on m'a dit que vous étiez réparti.

- Oh, mais je suis revenu, mais vous dormiez de nouveau, dit-il en riant.

- Il est vrai que j'ai passé beaucoup de temps à dormir...

- Pour avoir croisé le fer avec un Balrog et remonté un gouffre, je trouve votre récupération rapide.

- Peut-être oui...

Cette simple évocation me rappelait la perte associée... Haldir sembla le remarquer et ajouta vivement.

- Cette compagnie est haute en couleur, chacun est un porte-parole de sa race. Je suis heureux de voir les peuples ainsi réunis.

- Ça n'a pas été facile au début, mais je crois qu'aujourd'hui, nous sommes plus soudés que jamais.

- Comment vont vos rapports avec le Prince de la Forêt Noire ?

- Je ne saurai le dire, nous ne parlons pas et je crois que c'est mieux ainsi.

- Je suis certain que vous finirez par vous entendre.

Je le regardais avec des yeux ronds. Pourquoi tout le monde me disait une chose du genre ? Il serait préférable de changer de sujet...

- Resterez-vous longtemps en Lórien ou prendrez-vous la mer Haldir ?

- Je resterai jusqu'à ce que le destin du monde soit scellé.

- Ce n'est plus aux elfes de faire la guerre, vous savez, je murmure.

- Nous faisons encore partie de ce monde Maliha, si le devoir m'appelle, je répondrai.

Nous avions encore marché longtemps pour arriver au rivage du Grand Fleuve. Les elfes chargeaient déjà trois petites embarcations postées le long du rivage.

- Elles sont légères et robustes, en revanche il vous faudra les apprivoiser, mais je peux vous garantir qu'aucun d'entre vous ne chavirera, lança Haldir.

- Les apprivoiser ?

- Oui, je vous conseille de faire quelques tours avant de vous lancer pleinement sur le Fleuve.

- Et bien encore une fourberie d'elfe ! lança Gimli en s'approchant de l'embarcation. Je suis bien content de savoir nager pour ma part !

Legolas esquissa un sourire en prenant des réserves de flèches pour les placer dans l'embarcation.

- Merci pour tout Haldir, dit Aragorn en s'approchant.

- Que les Valars vous gardent Estel. Faites bonne route, il est temps de prendre la route mes amis.

- Au revoir Haldir, dis-je une main sur le cœur.

Frodon monta avec Sam et Aragorn, alors que Boromir aidait les deux autres hobbits à monter. Ils n'étaient pas vraiment à l'aise et Sam se cramponnait déjà de chaque côté du bateau.

- M'sieur Frodon, je crois qu'il serait peut-être judicieux de nous encorder...

- Cesse avec tes histoires de cordes Sam, les elfes nous ont dit que ces barques ne chavireront pas.

- Le seigneur Haldir à dit aussi qu'elle était compliquée à manier.

- Soyez sans crainte Sam, je suis le la lignée des Númenor, les fléaux ne me font point peur, ria doucement Aragorn.

Je regardais tout le monde monter petit à petit, Merry poussait déjà Pippin pour lui faire peur.

- Maliha, si cela ne vous dérange pas, je préfère avoir la pleine vue sur ces eaux, me dit Gimli en me tapant la cuisse discrètement.

- Oh, alors vous craignez véritablement l'eau Gimli ?

- Non, non, c'est juste qu'enfermer entre vous et l'elfe... Je préfère être devant, c'est tout.

- Très bien, cela met égal, dis-je en le suivant vers l'embarcation.

Legolas tendit la main à Gimli qui la récupéra, faisant légèrement tanguer le rafiot en passant une jambe.

- Par Durin ! Cette chose bouge déjà !

- Ne bougez pas excessivement mon ami et tout ira bien, dit Legolas en souriant.

- Ma barbe, vous allez pas commencer à faire la morale ! dit-il tremblant avant de s'asseoir lourdement.

Je m'approchais encore jusqu'au bord et Legolas se tourna vers moi. Je soupirais en lui donnant Laureline qu'il plaça derrière lui, puis mon sac. Essayant de garder mon équilibre comme je pus pour passer une jambe, mais la main de Legolas se plaça devant mes yeux. Je la récupérais en me stabilisant de nouveau un bras en l'air, mais la seconde arriva quelque instant après.

- Je te tiens Maliha.

Mon cœur loupa un battement et je me perdis dans ses yeux un instant. Passais une jambe en lâchant une de ses mains me tenant fermement à la première et terminais assise devant lui.

- Merci, dis-je, complètement perdue.

Les autres étaient déjà au centre du fleuve à faire quelques mouvements quand Legolas nous dégage du bord.

- Il n'y a qu'une seule rame ? je demandais en regardant l'elfe.

- Oui, mais ne t'inquiète pas, je peux gérer ça tout seul.

- Laissez-le faire, ça lui fera les bras ! lança Gimli.

- Très bien alors, dis-je en lui lançant un sourire au nain.

Il plissa les yeux un instant avant de détourner le regard et de ramer vers les autres.

Nous avions fait nos derniers adieux avant de nous lancer dans l'aventure. Elle fut de courte durée, car après avoir passé quelques passages rapides, au détour de la rivière j'aperçus un élégeant navire blanc en forme de cygne voguer vers nous. Le Seigneur et la Dame qui chantaient doucement à son bord en venant vers nous. Estel s'approcha pour finir par s'arrimer au navire et nous firent de même.

- Nous sommes venus vous faire un ultime adieu ? dit la dame en s'approchant. Et vous invitons à partager notre repas.

Nous avions débarqué pour les suivre sur une petite île au centre du fleuve. Frodon semblait captivé par la Dame ainsi que Gimli. Cela ne dura pas longtemps et je n'avais pas le cœur à manger. Gimli ne mangea presque rien non plus, en même temps, il avait avalé deux pains elfiques avant de partir... Il lui faudra deux jours pour s'en remettre.

Celeborn nous parla de la route, nous indiquant le passage à côté de Fangorn et des plaines du Rohan, mais aussi Emyn Muil d'où le vent provient des Marais des Morts. Mon regard tomba à ces mots. Boromir parla des histoires de Fangorn comme celles de bonnes femmes, mais je ne l'écoutais que d'une oreille.

Galadriel nous offrit à tous une gorgée d'hydromel en guise d'adieu.

- Nous avons le Seigneur et moi, des présents à vous distribuer, en souvenir à votre visite ici en Lórien, dit-elle finalement.

Elle offrit à Aragorn un fourreau magnifique et lui demanda s'il désirait autre chose. À cela Estel dévoila son cœur en lui répondant que la seule chose qu'il désirait était bien loin.

- Son destin lui appartient Elessar, une grande force émane d'elle, ne la croyez pas si vulnérable. Si un choix doit être fait, elle le fera. Je ne pourrais vous offrir meilleur cadeau que celui à votre cou, que les Valars protège votre amour.

La Dame le rassura en caressant le pendentif qu'il portait. Un fin sourire passa sur mon visage, puis celui de la tristesse, espérant secrètement qu'Arwen serait là une fois notre tâche accomplie...

À Boromir, elle tendit une ceinture d'or et à Merry et Pippin deux dagues faites d'argent. Elle prit un grand arc gris et le tendit à Legolas, avec flèches et carquois. Il était magnifique, beaucoup plus fort que celui qu'il avait actuellement et finement gravé d'or, ces remerciements furent longs tant il était reconnaissant. À Sam, elle offrit une boîte contenant un peu de terre, lui indiquant qu'elle ferait pousser n'importe quoi et qu'il aurait le plus beau jardin du monde. Elle ajouta une corde elfique et Frodon lui donna un coup de coude malicieux. Le pauvre hobbit fit une révérence bien basse en la remerciant.

- Quel cadeau un nain demanderait-il aux elfes, Gimli fils de Gloin ?

- Aucun... Sauf peut-être celui de pouvoir contempler la Dame des Galadhrim une dernière fois.

- Bénie soit la rumeur disant que les nains étaient cupides et malicieux. S'il vous plaît Gimli, dites donc ce que vous souhaitez, je vous en prie.

- Je ne désire rien... Sauf, peut-être... il s'arrête en ruminant. Non je ne peux pas demander ça. Peut-être un fil de votre si magnifique chevelure dorée. Mais cela est impossible, vous avez insisté !

- Jamais un nain n'a été aussi courtois Gimli, mais dites-moi, que feriez-vous d'un tel cadeau ? demanda la Dame.

- Je le chérirais, en souvenir des paroles que vous m'avez adressées lors de notre première rencontre. Je le monterai dans un cristal impérissable si jamais je retourne chez moi. Demeurant à jamais un gage d'amitié entre la Montagne et la Forêt jusqu'à la fin des temps.

J'étais impressionnée et conquise par son discours. Le passé était lourd pour ses deux races et pourtant il venait de s'effacer sous mes yeux. Mon regard croisa celui de Legolas qui lui aussi semblait surpris et heureux d'entendre les paroles du nain. Elle lui offrit trois de ses cheveux, les plaçant dans sa main en lui disant que jamais l'or n'aura d'emprise sur lui et que son cœur restera bon.

- Fille d'Illuviné, car c'est votre tour, dit-elle en souriant. Il n'y a pas plus beau cadeau que celui que l'on vous a déjà offert sans que vous le sachiez.

Ses yeux étaient remplis de malice alors que je ne comprenais pas le sens de ses mots...

- Alors, je n'ai que peu à vous donner en guise d'adieu.

Elle tend une longue cordelette plate finement tressée d'un vert d'eau magnifique parsemée de fils d'argent.

- Tournez-vous, demande-t-elle.

Je m'exécutais et la sens doucement défaire ma tresse.

- Jamais votre tresse ne sera défaite maintenue de ce lien. Il est le symbole de votre appartenance à deux mondes, mais aussi le lien de votre passé et de votre avenir. Noué dans vos cheveux, comme vous nouez les peuples sous votre protection.

Je sentais ses doigts passer délicatement dans mes cheveux et former une tresse collée à l'arrière de mon crâne. Elle prit mes épaules pour me retourner une fois sa tâche finie et me sourit tendrement.

- Faites confiance à votre cœur Maliha. Sachez écouter ce qui n'est pas prononcé et regarder ce qui est caché dans chaque être en face de vous.

- Merci dame Galadriel, je ne l'oublierai jamais.

Elle fit une révérence gracieuse avant de se diriger vers Frodon. J'effleurais mes cheveux et sentis le lien tressé parmi les mèches. Peut-être qu'un jour, je comprendrais l'ensemble de ses phrases, mais je ne les oublierais pas, je me le jurais. L'elfe, à côté de moi, regardait mes cheveux d'un air indéchiffrable.

- Quoi ? je murmurais, passant encore ma main sur les mèches, gênée.

- Cela te va bien.

Pincez-moi je rêve !

Je détournais les yeux pour regarder la dame offrir une fiole à Frodon sans rien pouvoir ajouter. Elle lui indiqua qu'il s'agissait d'un extrait de la lumière d'Eärendil et qu'elle l'éclairerait quand toutes les autres lumières seraient éteintes. Je vis Legolas se dandiner un instant en regardant le sol, il semblait gêné, probablement autant que moi.

Les elfes nous avaient raccompagnés aux bateaux et après de derniers adieux, nous avions pris la route pour de bon. Je fis un signe de tête à la Dame qui adressait un signe de main.

- Mon cœur se brise à chaque coup de rame, mes amis... lança tristement le nain.

Je posais une main sur son épaule.

- Vous avez avec vous un cadeau inestimable Gimli et des souvenirs qui resteront toujours avec vous.

- Oui, vous avez raison ma fille... il murmura en soupirant.

Le regard de Legolas brûlait mon cou , me poussant à me retourner un instant pour croiser ses yeux indéchiffrable. Mon cœur s'emballa... J'aurais dû monter avec Estel...

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