// ... Chapitre quarante-six ... //
"New Gold" - Gorillaz
- Jolie tresse.
Je fusillais le nain du regard en déposant les lapins devant lui.
- En effet..., j'entendis Estel qui affûtait sa lame.
Je n'ajoutais rien, prenant ma place aux côtés du nain pour commencer à nous occuper de la viande. Mon regard se posa un instant l'elfe qui nous tournait le dos et le moment passa sans que nous ne parlions. Nous étions visiblement tous épuisés des derniers jours. Le ragoût cuisait doucement et je passais mes mains devant le feu pour récupérer un peu de sa chaleur. La nuit était fraîche et je n'avais envie que d'une chose, manger et me plonger dans le sommeil le plus profond de ma vie.
- Pff, je n'ai aucune envie de dormir à proximité de cette forêt... murmura Gimli en contemplant l'air sombre et lourd que dégageait Fangorn à côté de nous.
- Il y a de nombreuses histoires sur cette forêt, mais je ne sais même pas si elles sont vraies. Peut-être est-ce seulement des rumeurs, en savez-vous quelque chose Legolas ? demanda Estel en fumant.
- On raconte que cette forêt abritait les Ent autrefois.
- Onedrim ? dis-je en prenant mon tabac d'un geste lasse.
- Exact, dit-il, Fangorn est une des forêts les plus anciennes que je connaisse. On dit même que c'est l'une des dernières datant des Jours anciens, bien avant que les hommes ne se réveillent. Elle est un grand secret, même pour nous.
- Je ne souhaite rien savoir, pour ma part. Si elle veut bien nous donner de quoi alimenter le feu, c'est bien assez ! lance Gimli en prenant déjà une posture pour dormir.
- Laissons mourir ce feu, je ne me risquerai pas à rentrer dans la forêt et encore moins à couper une branche... ajoute Estel.
Je fumais face à la plaine, ne souhaitant pas perdre mes yeux dans le bois obscure pour l'instant, touchant mes cheveux d'un geste incertain. Je n'arrivais pas à me faire une image de cette tresse et ne sentait presque pas le lien de Gladriel, sauf à l'endroit où il passait au sommet de mon crâne et poussais un soupir de ne pas avoir un miroir. Je déferais probablement cette tresse avant même de l'avoir vue... Oui j'aurai bien aimé la voir...
oOo
Le lendemain, après avoir rassemblé nos affaires, nous nous sommes enfoncés dans la forêt.
- Je suis gelé jusqu'à la moelle... murmura Gimli. Par ma barbe, doit-on vraiment aller plus loin ?
- Les traces continuent, dit Legolas en regardant le sol. Courage l'ami.
L'air était lourd, chargé d'une odeur de mousse et d'humus. J'avançais tranquillement, postée derrière Aragorn le nez par terre. Quelques instant plus tard, il y eut un craquement lointain suivi de ce qui semblait être une plainte dans le vent. Nous nous étions stoppés, aux aguets, pour tendre l'oreille. L'écho du murmure sembla revenir pour me donner un frisson dans le dos.
-Aragorn, je chuchotais en prenant Laureline.
Legolas se précipita sur moi pour m'empêcher de la retirer du fourreau et lui adressais un regard de surprise et d'incompréhension total.
- Gimli ! Abaissez votre hache ! lança Estel d'un murmure pressant.
Je ne lâchais pas l'elfe des yeux alors que l'écho revenait encore. J'insistais une dernière fois, mais sa prise était ferme sur ma main.
- Nous ne serons pas les bienvenus si nous exhibons nos armes, dit-il calmement. Les arbres se parlent...
- Comment ça ils se parlent ? Sornette, je n'ai jamais vu un arbre parler ! dit Gimli vivement.
- Croyez-moi mon ami, ils ne sont pas vraiment contents de voir votre hache. Vous pourriez le regretter, rétorque Legolas d'un sourire en coin.
- De quoi ils causent d'ailleurs, sauf des crottes d'écureuil ou encore des champignons, hein ?
Legolas ferma les yeux pour se concentrer, relâchant ma main et sembla écouter plus attentivement autour de lui les sons passer et passer encore.
- Ils sont en colère... murmure-t-il. Mais il y a autre chose... Aragorn, nous ne sommes pas seuls...
- Quoi ? Bien sûr que nous ne sommes pas seuls, vous venez de dire que les arbres voulaient nous faire la peau ! pesta le nain. Avez-vous vu combien il y en a ?!
Legolas partit vivement, suivi d'Aragorn sans regarder les traces. Gimli vint auprès de moi sans comprendre en grommelant toujours dans sa barbe rousse.
- Je ne comprendrais jamais les elfes... il grognait en commençant à partir à son tour.
J'ai soupiré, perdant mon regard sur les arbres qui semblaient me regarder avec amertume. Baissant la tête, je m'enfonçais à mon tour à leur suite.
Legolas marchait vite entre les racines, suivi par Estel qui peinait un peu plus. Sautant au-dessus d'elles avec dextérité, il en venait presque à nous semer. Plusieurs fois je dû rattraper le nain pour éviter qu'il ne s'étale dans la mousse.
- Legolas, tu vas trop vite, dis-je suppliante.
Mais il s'arrêta d'un coup, collant son dos à un grand arbre.
- Chut, dit-il.
Nous l'avions rejoint doucement en rasant les branches tombantes. J'entendais le souffle fort du nain en dessous de moi et celle discrète d'Estel à mes côtés.
- Il est là... murmura encore l'elfe.
- Qui ? demanda Aragorn.
- Le magicien blanc.
Mon sang se glaça... Saroumane était bien dans ce bois. Avait-il récupéré Merry et Pippin finalement ?
- Es-tu sûr ? lui chuchota Estel.
- Certain...
Je le vis prendre l'arc dans son dos et Estel empoigna son épée. Je fis de même en posant une main, dans un signal, sur l'épaule de Gimli.
- Maliha, lança Estel, passe devant.
Je m'approchais, libérant la lame derrière moi et passant devant Legolas d'un pas discret.
- Ne le laissons pas parler, murmurait Estel.
- J'y compte bien... dis-je. Legolas, où est-il ?
- Je ne pourrais vraiment te le dire, je ne fais que le sentir. Avance doucement...
Je fis un pas, puis deux. Avançant doucement alors que Legolas prenait déjà une flèche. Je ne voyais rien, mais pouvais sentir la tension autour de nous. Les arbres s'étaient tus et il n'y avait plus que le bruit de la mousse sous mes pieds ou du bois qui craquait.
- Là ! lança Legolas.
Je ne vis rien venir. La lumière m'aveuglais m'obligeant à placer Laureline devant mes yeux. Legolas tendit son arc à côté de moi et Aragorn fit un pas en arrière.
- Legolas, tirez maintenant ! hurla le nain.
- Allez-y ! pesta Aragorn.
Il lâcha sa flèche, mais d'un mouvement elle fut écartée. Je sentis brusquement Laureline chauffer entre mes mains et les gravures elfiques prendre une teinte rouge flamboyante. Je fis un pas en avant pour me lancer dans le combat, mais Legolas arrêta mon geste.
- Attends, il murmura.
- Je ne peux pas ! Si je ne le tue pas maintenant je ne pourrais pas le faire, Laureline est...
Mais c'était trop tard, je lâchais la lame brûlante et agita les mains sous la douleur de la brûlure. Legolas passa devant moi, maintenant complètement désarmée, et continua de me maintenir loin du magicien..
- Baissez vos armes, voici une heureuse rencontre ! dit une voix rauque et sage.
- Qui êtes-vous ! criait déjà Estel en lâchant lui aussi son épée. Montrez-vous !
L'éclat s'évanouit. La lumière s'estompa derrière la silhouette blanche.
- Vous cherchez bien deux hobbits ? dit-il.
- Où sont-ils ! demanda vivement Aragorn.
- Qu'avez-vous fait d'eux Saroumane !? enchérit Gimli
Legolas tenait durement mon bras pour me retenir, mais il n'avait pas besoin de le faire. La voix avait suffit à elle seule à me figer.
- Ils sont bien passés par ici, avant hier et ont fait une vieille rencontre.
- Qui êtes-vous ! Montrez-vous !
Il sortit de l'ombre.
J'ai posé une main sur l'épaule de Legolas pour me permettre de passer devant lui et le voir de mes yeux écarquillés. Je ne pouvais pas y croire. Ce n'était pas Saroumane. C'était lui... Ce n'était pas ses vêtements habituel, pas ses cheveux, mais ses mains et ses yeux qui s'ouvraient vers moi étaient les siens. Ce regard qui me manquait tant. Ce regard que j'avais vu paniqué, que j'avais laissé tomber...
- Mithrandir... murmura l'elfe à côté de moi.
- Heureuse rencontre comme je le disais, Legolas.
Mes genoux flanchèrent. Était-ce de l'admiration, de la joie, de l'apaisement ou tout autre chose, mais je ne voulais plus bouger. Juste continué de vivre le rêve devant mes yeux.
- Ce n'est pas possible... je murmurais. Vous êtes tombé sous mes yeux...
- Oui fille d'Illuviné, à travers le feu et l'eau. J'ai oublié une bonne partie de ce que je croyais savoir et j'ai aussi appris beaucoup de choses que j'avais oubliées.
La voix envahissait mes oreilles, je me sentais tellement bien.
- Gandalf...
- Gandalf ? dit-il perdu.
Il sembla réfléchir un instant.
- ça, je l'avais presque oublié, comme de lointains souvenirs...Oui je me souviens maintenant, Gandalf le Gris.
- Oui, Gandalf ! répéta Gimli.
- Je suis Gandalf le blanc à présent et je reviens vers vous.
- Pardonnez-moi, je vous ai pris pour Saroumane, dit doucement Legolas.
- Je suis Saroumane, du moins ce qu'il aurait dû être.
J'ai regardé le sol, écoutant sa voix qui m'avait tellement manqué. Ses mots rentraient au plus profond de mon cœur pour le réchauffer. La main douce de Legolas passa sur mon épaule avant de me la tendre pour m'aider à me lever.
- Longue a été votre absence Gandalf, dit Estel en rangeant son épée.
- Oui... Je sais déjà quelles épreuves vous avez surmonté. Galadriel m'avait dit que Boromir était en danger face à l'anneau, mais fort heureusement son honneur est sauf. Pauvre Boromir... Que son âme puisse atteindre le repos... J'ai laissé Merry et Pippin entre les mains de Fangorn, de grandes choses sont en marche ici. Leur venue sera la chute de petites pierres qui entraîne une avalanche en montagne. J'entends déjà les premiers grondements. Saroumane ferait bien de ne pas être trop loin de chez lui quand celle-ci sera devant ses pieds.
- Il est un point sur lequel vous n'avez pas changé, mon cher ami. Vous parlez toujours par énigmes, dit Estel avec un sourire.
- Comment ça, par énigme ? Je ne faisais que me parler à moi-même, lança le magicien en rigolant.
Dire que son rire m'avait manqué était un euphémisme... Je ne pouvais que me nourrir de son visage, de ses traits traçant les lignes si rassurante, de sa présence et de l'aura chaleureuse qu'il renvoyait. Mon cœur était toujours troublé, mais le soulagement me prenait petit à petit. Il faudrait que j'ai cette discussion avec lui, je le savais... Lui présenter mes excuses. Les excuses de l'avoir laissé tomber lui et cette créature de mort dans le puits sans fond de la Moria.
- Assez parlé, nous avons à faire désormais et la matinée est déjà passée.
- N'allons-nous pas retrouver Merry et Pippin ? je demandais.
- Non Maliha, ce n'est pas cette route que nous devons prendre. La guerre est à notre porte... Ne laissez pas vos cœur se troubler par le choix d'avoir abandonné Frodon. Chacun d'entre vous s'est maintenant détourné de la tentation d'utiliser l'anneau et je pense que c'était le bon choix. Je vous le dis, la guerre est proche, nous nous sommes retrouvé, nos amis hobbits ont leur tâche, et nous avons désormais la nôtre. Nous devons aller à Edoras, le roi Théoden à besoin de nous.
- Nous vous suivrons alors, lança Estel d'une voix forte et sûre.
oOo
Nous avions rebroussé chemin pour sortir enfin du bois. Je ne pouvais pas m'empêcher de regarder le magicien comme si je n'y croyais pas. J'avais l'impression que si je détournais les yeux, il disparaîtrait... Il discutait avec Aragorn, affichant le fin sourire que j'ai toujours connu. Legolas vint à mes côtés, me sortant de mes pensées. Il guidait le cheval simplement par la douceur de ses doigts sur son encolure.
- Ne traînons pas, lança vivement Gandalf.
Il plaça une cape grise sur ses épaules d'un mouvement rapide et regarda la plaine. Un sifflement fluide traversa ses lèvres. Il me sembla venir de partout sauf de lui, m'entourant comme le vent. Il y eut un long silence avant d'entendre au loin un hennissement puis le bruit des sabots martelant le sol. Au loin un cheval blanc sortit du haut d'une coline pour arriver vite devant nous. Il était magnifique, je devais l'avouer, une encolure puissante, un poil luisant et une crinière ondulante merveilleuse. Je restais subjuguée par sa prestance et son élégance.
- C'est un Mearas, sauf si mes yeux sont abusés... murmura l'elfe en le regardant.
- Gris Poil, dit Gandalf en tendant une main vers le cheval. C'est le seigneur de tous les chevaux et un très grand et fidèle ami. Il m'a secouru plus d'une fois !
Nous nous mirent en selle sans tarder. Legolas me permit de monter encore derrière lui après avoir une nouvelle fois aidé Gimli. J'étais plus à l'aise que la première fois.
Longue a été la chevauchée et nous nous sommes arrêtés lorsque la nuit est tombée. J'avais mal au dos et aux fesses comme jamais, une après-midi entière à cru était ma limite je dois l'avouer. J'eus beaucoup de mal à descendre et encore plus à me redresser pour marcher.
- Et bien Maliha ? demanda le magicien.
- C'est que je me fais vieille...
- Voyez-vous ça ! dit-il en riant.
Nous avions allumé un feu et mangé le reste du pain tous les quatres. Je voyais Gimli se dandiner de gauche à droite. J'avais appris à comprendre le nain maintenant, le voir comme ça signifiait qu'il était gêné, ou qu'il réfléchissait beaucoup trop. Il lançait de temps à autre un regard vers le magicien et je voyais presque les questions s'agglutiner sur ses lèvres.
- Dites-moi Gandalf, dit-il finalement, allez-vous nous raconter comment vous avez terrassé le Balrog ?
- Ne prononcez pas son nom, murmura le magicien.
J'avalais ma salive en le regardant fumer sa pipe. Ses yeux se perdaient sur le feu comme s'il voyait devant lui les souvenirs s'y étaler.
- Je suis désolée, dis-je en soupirant.
- Vous n'avez pas à l'être Maliha, dit-il.
- J'aurais dû éviter ce coup...
Il prit une bouffée avant de plonger ses yeux dans les miens.
- Peu nombreux sont ceux qui ont tenu tête à une telle créature des ténèbres... Et encore moins vivant pour en parler. Le seigneur Glorfindel est déjà mort de la main d'un Balrog Maliha.
- Je le sais... je murmurais. Mais Gandalf, je n'avais pas le droit de vous laisser.
- Vous vous êtes tenue devant lui autant que moi, fille d'Illuviné, avec les plaies qui en découlent. Alors vous n'avez rien à regretter. Il s'est passé ce qu'il devait se passer. Ce combat n'était pas le vôtre et le destin vous l'a fait comprendre. C'était à moi de le faire... Des plus profondes salles au plus haut sommet, j'ai combattu le Balrog de Morgoth. Longtemps nous nous sommes affrontés et finalement, il alla s'écraser sur le flanc de la montagne. Je dois vous dire merci, Maliha, sans la plaie que vous lui aviez infligée, je n'aurai pas eu cette ouverture. Mais malgré ma victoire, j'étais à bout de force. Les ténèbres m'ont entouré et je me suis égaré hors de la pensée et du temps. Les secondes défilaient comme des siècles sans que je ne m'en rende vraiment compte et je fut ramené afin que ma tâche soit accomplie.
- Et maintenant vous êtes là Gandalf, avec nous, dit finalement Estel d'un sourire.
- Oui et j'en suis heureux.
Après ça, nous lui racontâmes tous. Tout notre périple jusqu'à aujourd'hui. La mort de Boromir, l'attaque, la poursuite, tout... Il nous indiqua qu'il nous surveillait depuis un bon moment, cherchant même à nous rattraper. L'aigle qu'avait vu Legolas sur le fleuve était visiblement un ami qui nous suivait depuis que nous avions quitté la Lorien. En revanche...
- Je suis certain de l'avoir touché, lança Legolas.
- Oui je suis sûr que tu l'as eu... je murmurais en me souvenant.
- Vous avez réussi à atteindre la monture et non le cavalier...
- Le cavalier ? je demande perdue.
-Un des neuf...
Je me figeais. Laissant passer le frisson glacial dans mon dos et mes poils s'hérisser en me remémorant le hurlement de cette nuit là.
- Ressasser le passé ne sert à rien, l'avenir est encore moins glorieux alors reposons-nous tant que les nuits sont calmes mes amis, dit soudainement Gandalf.
La nuit fut fraîche et balayée par le vent glacé sans interruption. Je ne savais même pas si j'avais réussi à fermer l'œil. Entre cauchemars éveillés et conscience du feu devant moi, je m'étais perdue dans un demi-sommeil tout sauf réparateur. Gandalf nous dit que nous atteindrions Meduseld en fin d'après-midi du lendemain. L'avoir retrouvé me comblait de joie et me rassurait beaucoup plus que je ne l'aurais avoué.
Un avenir peu glorieux, il avait dit...
oOo
Legolas me réveilla, ou du moins me sorti de ma somnolence désagréable, aux premières lueurs du jour. Estel faisait déjà notre sac et me tendit un peu de pain.
- Tu n'as pas bien dormi on dirait, dit-il.
- Non, presque pas je crois...
- Une fois au château nous serons à l'abri de ce vent infernal.
- Espérons pouvoir y rentrer, lança Gandalf en passant sa cape autour de lui. Il sera dur d'atteindre le roi et plus encore de le faire revenir à lui.
- Que voulez-vous dire ? demanda Gimli.
- Saroumane lui a empoisonné l'esprit...
- C'est ce que disait Eomer, dis-je en m'avançant.
- J'ai cru que c'était une façon de parler, murmura Gimli.
- Non Gimli, Saroumane a pris possession du Rohan. Le roi Théoden est devenu son pantin.
- Pensez-vous qu'une fois libéré le Rohan se lèvera contre Isengard ? demanda Estel.
- Une chose après l'autre Aragorn, d'abord réglons ce problème, nous verrons par la suite, fini le magicien en montant sur sa monture.
Legolas me tendit la main et je montais derrière lui d'un mouvement souple.
- Hâtons-nous ! lança Gandalf en partant au grand galop.
Les herbes étaient hautes, elles arrivaient presque à mes genoux alors qu'Hasufel était pourtant haut au garrot. Le soleil orange balayait le paysage d'une lumière particulière en transformant la plaine en une mer orangée magnifique. Les ondulations devant mes yeux me faisaient sourire. Je n'avais jamais vu un tel paysage, c'était si beau et si fragile. Le ciel prit sa teinte bleu habituel et la plaine était remplie d'un vert fané par l'hiver. Legolas s'arrêta d'un coup en regardant vers le sud.
- Isengard, dit-il.
Une fumée noire remplissait le ciel à l'horizon. Une marée noire et menaçante. Je serrais malgré moi les flancs de l'elfe avec colère et il tourna doucement son regard vers moi.
- La guerre arrivera bientôt n'est-ce pas ? je demandais dans un soupir tendu.
- On dirait bien.
Il repartit sans rien ajouter de plus, suivant Gris Poil entre les zones humides et les herbes. Longue fut la journée et nous ne nous étions pas arrêtés. La fatigue commençait à me gagner, après la course effrénée de ces derniers jours et la nuit dernière, je sentais bien que ma fatigue arrivait à son apogée.
- Legolas ! cria soudain Gandalf devant.
L'elfe engagea vite Hasufel vers le magicien pour arriver à sa hauteur.
- Que voyez-vous ? dit-il en montrant une lointaine lueur au sommet d'une colline lointaine.
- Il y a des murs d'enceintes et des toits de maisons. Je vois également un grand château d'hommes recouvert d'une toiture dorée. Il est protégé par des hommes en mailles brillantes, mais beaucoup dorment encore.
- Edoras et le château d'or de Meduseld, dit le magicien. Bien, la partie va être délicate, ne brandissez pas vos armes, du moins jusqu'à ce que nous soyons devant le roi.
Sur ces paroles, il repartit aussi vite que ce matin. J'échangeais un regard avec Estel avant que Legolas ne reprenne lui aussi la chevauchée.
Plus nous nous approchions et plus je pouvais voir la toiture dorée brillante sous le soleil. C'était un paysage à couper le souffle. Les grandes étendues d'herbes hautes nageant dans le vent et au sommet de cette colline le château fantastique. J'attardais une main sur le côté pour caresser les herbes au passage d'Hasufel. Quand aurais-je pris le temps d'apprécier l'herbe passant entre mes doigts avant ? Jamais... Un sourire passa sur mon visage en sentant l'odeur de la plaine dans le vent glacial.
- Tu ne devrais pas te pencher autant Maliha, dit doucement l'elfe devant moi. Tu risques d'être désarçonnée.
- Laisse moi profiter un peu d'un moment de paix Legolas.
- Profiter ?
- N'est-ce pas agréable de sentir cette herbe si douce... Et ce paysage...
- Je ne te pensais pas sensible à ce genre de chose.
Un sourire passa de nouveau alors que je regardais le soleil bas envahir d'une lumière dorée l'étendue vide.
- Tu ne me connais pas, tout simplement... je murmurais.
Il ne dit rien d'autre en essayant de rattraper Aragorn. Je n'avais pas remarqué, mais il avait diminué sa vitesse pour me permettre de profiter de l'instant. J'ai de nouveau attrapé ses flancs en murmurant un merci qu'il n'a pas dû entendre.
Nous avions vite atteint les murs de la cité. Ils étaient hauts, faits de pierres et de bois. Deux gardes étaient postés aux grandes portes. Gandalf s'avança le premier en nous faisant signe de ralentir le pas et de rester derrière.
- Haltes ! cria l'un d'eux. Veuillez donner vos noms et la raison de votre venue !
Gandalf mit pieds à terre et s'avança avec un sourire.
- Je suis Gandalf, à mes côtés, Aragorn fils d'Arathorn, ainsi que Legolas l'elfe, Gimli le nain et Maliha fille d'homme, nos compagnons. Nous aimerions nous entretenir avec votre roi.
Un air méfiant passa dans les yeux de l'homme alors qu'il nous dévisageait l'un après l'autre.
- Ces noms sont bien étranges, répondit le gardien, attendez ici, mais n'espérez pas trop, les jours sont sombres.
Il partit nous laissant avec l'autre qui n'avait pas l'air plus aimable. Il revnt un quart d'heure plus tard avec une mine renfermée.
- Vous avez la permission d'entrer, mais vous devrez laisser vos armes devant le château. Suivez-moi.
Les portes s'ouvrirent et nous l'avions suivi sans rien dire. La cité était plus petite que je ne l'aurai cru et que dire des habitants, tous vêtus de noir semblant être en deuil. Ils étaient pour la plupart blond comme les cavaliers que nous avions rencontré.
- Et ben c'est plus gaie dans un cimetière, lança Gilmi à côté de nous.
Je ne pouvais que confirmer cette réflexion car je lisais la tristesse sur leurs visages.
- Qu'a-t-il bien pu se passer ? je demandais à moi-même.
- Le deuil se porte dans leurs yeux, me répondit Legolas.
Nous avions atteint de grands escaliers de pierres blanches et mettons pieds à terre sans un mot.
- L'entrée est devant vous, que le seigneur de la marche vous soit bienveillant, adieu.
Je le regardais partir vers sa garde d'un œil curieux. Quelque chose n'allait pas ici, Saroumane avait bien fait son travail visiblement.
- Je n'aime pas cet endroit, dit Gimli en se redressant.
- L'ambiance est bizarre je te l'accorde, dis-je en posant une main sur son épaule.
- Allons-y, demanda Gandalf en prenant en main son bâton.
Nous avions monté les escaliers pour tomber sur une porte dorée illustrée de gravures chevaleresques. Un homme dans une armure d'argent nous arrêta comme l'avait dit le garde.
- Salut à vous voyageurs, je suis Hama, Huissier de Théoden. Comme on a dû vous le dire plutôt, je vous demanderai de me donner vos armes avant d'entrer.
Je regardais un instant Gandalf qui nous fit signe de coopérer. Legolas retira ses dagues blanches pour les donner à l'homme ainsi que son carquoi et son arc.
- Gardez-les bien, dit-il.
L'homme sembla prendre les armes du bout des doigts pour ne pas les casser.
- Je vous promets que nul ne les touchera seigneur elfe.
Aragorn s'approcha à son tour. Il tendit la grande épée d'un regard méfiant et eut peine à la lâcher quand l'homme la lui prend.
- Quel que soient vos noms, vous devez déposer cette arme, lance le garde en serrant l'épée entre ses doigts. Sauf si vous souhaitez vous battre seul contre tous Edoras.
- Il est loin d'être seul, rétorqua le nain en brandissant sa hache.
- Allons, allons, calma Gandalf. Notre mission est urgente, nous sommes tous amis dans cette obscurité, calmez-vous donc !
Aragorn lâcha sa lame dans un soupire et j'ai posé une main sur son épaule pour le rassurer. Gandalf tendit lui aussi son épée et fit signe à Gimli de faire de même. J'ai soupiré en m'avançant à mon tour. Il me dévisagea quand je lui tendis les deux armes sur mes cuisses, les récupérera doucement pour les passer à l'autre homme derrière lui. J'ai dégrafé Laureline pour la lui offrir d'une main. Il poussa un hoquettement de surprise quand son bras s'abaissa sur le poids et j'entendis Gimli rire.
Il la plaça non sans peine à côté de celle d'Estel et se tourna vers Gandalf.
- Votre bâton.
- Ne voyez-vous pas que je suis vieux ?
- Pardonnez-moi, mais il doit rester hors du château, par ordre de Langue de Serpent.
- Si je ne peux m'appuyer en marchant, je resterai ici jusqu'à ce que Theodent traîne la jambe pour me parler.
- Le bâton entre les mains d'un magicien n'est pas qu'un simple soutien... rétorqua l'homme.
Il soupira un instant en détaillant le dit bâton, je voyais bien l'hésitation dans son regard. Peut-être voyait-il en Gandalf l'espoir pour son roi ? Je ne savais pas, mais contre toute attente un sourire passa rapidement sur ses lèvres.
- Dans le doute, un homme de valeur s'en remet à sa sagesse. Je crois que vous êtes des amis et des gens qui n'ont aucun mauvais dessein. Vous pouvez entrer.
Je dévisageais Estel un instant avant d'entendre les lourdes portes s'ouvrir sur un endroit obscure. Hama tendit le bras pour nous donner la direction et Legolas offrit son bras à Gandalf. J'entrais en dernier, restant sur mes gardes en voyant les hommes cacher dans l'ombre de l'autre côté.
C'était une vaste salle, coupée en trois parties par deux grandes rangées de piliers finement gravés et recouverts de feuilles d'or. Jentendais derrière nous les portes se fermer et les hommes commencer à marcher silencieusement pour fermer la marche d'un air menaçant. Ils m'adressèrent un sourire peu accueillant que je leur rendis.
- Votre courtoisie a diminué roi Théoden.
Il était là, sur son trône, assis comme un vieillard devait l'être. Des cheveux grisonnant tombant sur une peau de bête tout aussi vieille que lui. A ses côtés, un homme à la chevelure plus noir que la nuit, ma lèvre s'est tordu alors qu'un rayon de soleil tombait sur eux pour les dévoiler gras et long. Une peau pâle, presque transparente et des yeux d'un vert clair perçant.
- Avez vous vu... lança le vieil homme pâle. Avez-vous vu les temps obscurs qui hantent ma maison ? Pourquoi vous ferais-je bon accueil, Maitre corbeau de Tempête ?
Gandal s'arrêta devant lui et Legolas se recula pour nous rejoindre. Les hommes nous encerclèrent maintenant de toute part. Je serrais le poing en regardant chacun d'entre eux.
- Titre pertinent mon seigneur, rétorque à son tour l'homme aux cheveux noirs. Mauvaise nouvelle vous êtes en effet et mauvaises nouvelles font mauvais hôte.
Sa voix était glaçante, comme la couleur de ses dents. Je passais devant Legolas, mais celui-ci arrêta mon mouvement en prenant ma main.
- Reste à l'arrière... dit-il en regardant derrière moi..
J'ai hasardé un nouveau regard et en effet les hommes resserrent toujours l'étau sur nous.
- Tu es devenu un serpent sans intelligence Grima, fils de Galmod. Garde donc le silence et ta langue fourchue derrière tes dents. Je ne suis pas passé par le feu et la mort pour échanger des paroles malhonnêtes avec un vil serpent.
Il leva son bâton d'un geste ferme et je crus entendre le tonnerre au loin faire trembler les murs.
- Son bâton... Je vous avais dit de lui prendre son bâton bande de traite ! hurla l'homme dans un sifflement.
En colère, le magicien abattit le bâton sur le sol d'un claquement orageux. Puis ce fut le silence, tout le monde retenait son souffle.
- Saisissez-les ! hurlait de nouveau le serpent.
Tous les hommes ont bougé pour nous mettre à terre. D'un coup violent j'en ai fait chavirer deux et ce fut un désastre. Un par un nous les faisions tomber.
- Il est temps de vous délivrer des ténèbres roi Théoden, lança Gandalf en s'avançant.
Je fauchais un chevalier qui voulait arrêter le magicien alors qu'il parlait, puis passa au suivant. Bientôt tous les hommes furent à terre et Gimli prit violemment Grima par le col, celui-ci lui échappa des mains et je le retiens à mon tour en l'envoyant valser de nouveau vers le nain.
- Je vous conseille de rester avec moi si vous tenez à votre vie l'ami, grogna t-il.
J'ai regardé les autres, mais Hama leur a dit d'attendre et je lui envoyais un regard de remerciement.
- Je vous libère de l'enchantement...
Le tonnerre lointain à repris, mais celui-ci fut coupé par un rire horrible et presque démoniaque. Il était comme sorti des enfers et je restais figée, perdue dans les yeux bleu presque mort devant moi du roi.
- Vous n'avez aucun pouvoir ici, Gandalf le Gris, lança-t-il d'une voix plus sinistre encore que son rire.
Gandalf retira son manteau d'un seul coup et la foudre s'abattit comme jamais. Envahissant la salle d'un blanc éclatant. Mon être se rempli de sa lumière et j'ai eu le souffle coupé.
- Je vous aspirerez Saroumane, comme on aspire le poison d'une plaie.
Le roi fut plaqué en arrière dans son siège, comme maintenue par la lumière du magicien. J'étais à la fois fascinée et affligée par ce qui se déroulait devant moi. Je n'ai même pas vu l'ombre passer devant mes yeux. Aragorn se précipita pour l'arrêter. Une femme, c'était une femme aux long cheveux dorés. Il lui murmura un mot que je n'ai pas compris, mais revint vite au magicien devant nous.
- Si je sors Théoden meur, dit-il d'une voix plus sombre encore.
Gandalf le projetta de nouveau en arrière.
- Vous ne m'avez pas tué moi, alors vous ne le tuerez pas ! Repartez dans l'ombre.
L'homme se débattait comme il pouvait, mais j'arrivais même à voir les traits de Saroumane sur son visage. J'ai fait un pas en avant en le reconnaissant.
- Partez ! hurla Gandalf une dernière fois.
Un hurlement à envahi l'espace, mais il fut étouffé par la lumière du magicien. L'air électrique se calma, alors que le roi tombait déjà de son siège. Araogrn lâcha la jeune femme qui se précipita vers lui d'une course rapide. Elle récupèra le roi dans ses bras avant qu'il ne s'effondre totalement sur les dalles.
Je n'entendais que la respiration lourde du souverain. Les chevaliers autour de nous attendaient eux, le souffle coupé. Je ne sais pas si ce sont mes yeux ou la réalité, mais petit à petit, les traits du visage de Théoden changèrent. Il devint blond, le bleu de ses yeux beaucoup plus humain et son visage plus jeune.
- Je connais ton visage, dit-il doucement en regardant la femme devant lui.
Des larmes coulaient en silence sur ses joues alors qu'elle lui répondait d'un signe de tête rassurant.
- Eowyn... Eowyn, fille-soeur... Il semblerait que le temps de la crainte est passé...
- Oui, dit-elle doucement.
Elle avait les larmes aux yeux, regardant son oncle avec tendresse. J'eus un pincement au cœur, et les larmes me montèrent presque à mon tour.
- Vos doigts se souviendraient de leurs anciennes forces, s'ils empoignaient votre épée, lance Gandalf d'une voix forte.
L'huissier arriva derrière lui tenant entre ses mains une longue épée dans son fourreau. La jeune femme se leva, révélant une taille fine et une chevelure digne d'une elfe. Je l'ai trouvée belle et délicate avec ses lèvres rosées. Une magnifique femme d'homme élégeante et délicate dans sa robe blanche entourée d'une ceinture d'or.
L'homme offrit le pommeau de l'épée à Théoden, celui-ci hésita un instant. Puis d'un son d'acier fort, tira lentement la lame éclatante devant lui. Il se leva, aidé de sa filleule, de toute sa hauteur et je pus constater ce qu'était un roi... Il était grand et même après sa faiblesse, on pouvait lire dans ses traits son honneur et sa stature royale.
Il regarda le fond de la salle et prit une grande respiration.
- Ouvrez ! Le seigneur de la marche s'avance ! Que l'on ouvre les portes, il fut un temps où il n'y avait pas d'obscurité ici ! dit-il d'une voix puissante.
Cette voix grave remua mes tripes et je me décalais pour le laisser passer en baissant la tête. Nous l'avions suivi dehors en silence, Gimli tenant toujours Grima par la peau de sa cape.
- Aller debout, on va faire un tour, lança le nain en le traînant.
Le roi s'éloigna et c'était Aragorn, passant une main sur mon bras, qui me sortit de mon observation. Dehors, le soleil mourant semblait presque le saluer. Les nuages passaient à grande vitesse au-dessus de nous, révélant les grandes étendues vertes balayées par le vent.
- Là non plus il ne fait pas aussi noir... lança le roi en soupirant.
- Non et l'âge ne pèse pas sur vos épaules aussi lourdement que certains voulaient vous le faire croire, dit Gandalf en se plaçant à ses côtés.
- Grima... murmura le roi. Où est ce vil serpent !
- Ici mon seigneur ! clame Gimli en le traînant devant le roi.
Le visage de Theoden devint rigide et froid. La main sur la garde de son épée se raidit en voyant venir Grima devant lui tenu par Gimli.
- Vous m'avez toujours été loyal, mais aujourd'hui Saroumane vous a acheté et vous m'avez trahi...
- Je n'ai fait que vous servir mon seigneur, je vous le jure ! lance l'accusé.
- Vous m'avez réduit à marcher à quatre pattes comme une bête, mais vous avez ma pitié Grima. Pour toute ses longues années de service. Voici les choix qui s'offrent à vous : vous restez à mes côtés et prouverez votre fidélité en combattant dans les heures sombres de la guerre, ou partez maintenant où vous voulez. Mais dans ce cas, si jamais nous nous retrouvons, je serai sans pitié...
Grima devint livide... Il sembla réfléchir quelques minutes et se leva doucement. Il observa chacun des visages autour de lui de ses yeux de vipère. Un frisson passa alors qu'il découvrit ses dents de ses lèvres, les montrant jaunes et horribles. D'un air suffisant, il siffla d'une façon inhumaine et cracha aux pieds du roi avant de s'enfuir à toute jambe.
- Rattrapez-le ! hurla Hama en sortant son épée.
- Laissez faire, grogne Theoden en retenant l'homme, trop de sang a déjà été versé à cause de lui. Donnez lui un cheval même s'il le souhaite, j'en ai que faire, tant qu'il reste loin de ma maison.
Il remonta les escaliers, mais s'arrêta un instant en regardant autour de lui.
- Où est Theodred, il demande, où est mon fils ?
Il prit violemment Hama par le col.
- Où est-il, Hama ?
- Theodred et ses cavaliers sont tombés dans une embuscade mon oncle, il y a quatre jours, commence Eowyn en haut des marches sur la terrasse. Il est mort dans la nuit...
Sa gorge s'était tordue en disant cette dernière phrase. Hama dû retenir le roi de tomber sous les mots. Mon cœur se serra, selon mon savoir, Théoden n'avait qu'un fils... Alors sa lignée s'éteindra avec lui. Un goût de déjà vu passa dans ma bouche.
- Je veux le voir, murmura le roi en montant difficilement les marches.
Nous l'avions suivi alors qu'il rentrait de nouveau dans le château d'or, mais mon regard s'attarda sur Eowyn toujours dehors à regarder les nuages défiler dans la lumière de la fin de l'après-midi. Elle avait l'air presque fragile avec sa taille si fine et ce visage angélique.
- Viens-tu Maliha ? me demanda Aragorn en passant derrière moi.
- Oui, oui je viens...
Je ne savais jamais quoi dire pour rassurer les gens. Avoir les bons mots, ceux qui réconforaitent, était une magie que je ne possédais pas. Je soupirais en suivant Estel dans la grande salle.
oOo
Nous étions restés tous les quatres là... À attendre que le roi apparaisse. Pourquoi nous présenter à un moment si horrible, comme un cheveux sur la soupe.
- Gandalf qu'allons-nous faire à présent ? demanae Estel. Le roi est maintenant hors des griffes de Saroumane.
- Peut-être, mais Saroumane n'en restera pas là. Tant qu'il n'aura pas tué le peuple du Rohan, il ne s'arrêtera pas.
- Qu'allons-nous faire alors ? je demandais en sortant ma tête de mes mains.
- Pour l'instant laisser Théoden à son deuil... On avisera après ça, fini Gandalf en soupirant.
Eowyn arriva quelque instant plus tard, nous expliquant que les funérailles seraient prévues pour demain matin au lever du soleil. On mangea en silence dans notre coin avec les chevaliers.
- Je ne vous remercierai jamais assez pour votre aide Gandalf, lança Hama en buvant.
- Ceci est mon rôle, qui serais-je si j'avais laissé ce royaume au main du mal ?
- Je sais que le roi Théoden vous en sera éternellement reconnaissant, même si les heures sont sombres pour lui en ce moment.
- Il a besoin de temps et je le comprends, perdre un enfant est une chose contre nature.
- En effet...
Il y eu encore un silence gênant et je me suis sentie mal à l'aise... Nous n'avions rien à faire ici, alors qu'un peuple entier pleurait leur prince perdu. Quelques heures plutard, Je vis la dame s'avancer timidement de nouveau en triturant ses mains. Tous baissèrent la tête en signe de respect et nous fîmes de même.
- Mon oncle passera la nuit aux chevets de son fils, murmura Eowyn en revenant vers nous les yeux rouges.
Sa voix était tremblante, je pouvais voir qu'elle essayait de tenir comme elle pouvait, mais la journée avait été épuisante pour elle.
- Madame ? elle demanda un instant.
Je me levait d'un bond.
- Oui, dame Eowyn ?
- Je vous ai fait préparer une chambre, dit-elle en souriant.
- Il ne fallait pas, je pouvais rester dormir avec les autres...
- Rare sont les femmes dans ce château, alors quand une se présente je souhaite qu'elle soit accueilli avec la plus grande convenance.
- Bien, si vous insistez, dis-je dans un sourire.
- Suivez-moi dans ce cas.
Je récupérais le sac contenant mes affaires et la suivie silencieusement à travers les couloirs sombres après un signe aux autres.
- Quel est votre nom ? elle demanda.
- Pardonnez-moi, je ne me suis même pas présentée, je suis Maliha, fille d'Illuviné.
- Fille d'Illuviné ?
- Exact.
- Alors vous êtes de la race des héros, ceux que l'on lis dans les légendes.
- Je ne sais pas si nous sommes vraiment des héros, mais c'est le cas oui.
- Pour nous vous êtes des héros madame, vous le serez toujours. La grande lignée aux cheveux d'argent, surhommes immortels, sauveurs des cauchemars de l'ancien monde.
Je m'étais presque arrêtée en l'écoutant. Jamais je n'avais entendu ces noms là... Savait-elle vraiment qui nous étions ? Le mal que nous avions fait ? Certainement leurs livres ne renfermaient rien d'autre que des exploits transformés et la fin du deuxième âge était beaucoup trop loin pour ces hommes. Une simple histoire, des personnages déformés ou idolâtrés, gardant un symbole de l'héroïsme tout en oubliant le mal qui s'y cachait...
- Je ne pensais pas rencontrer une femme avec un tel nom, je dois bien vous l'avouer, dit-elle en continuant sa route.
- C'est vrai que je suis la première, dis-je gênée.
Elle sourit simplement en poussant une petite porte.
- Voici votre chambre, j'ai demandé que l'on vous fasse chauffer de l'eau pour un bain. La salle de bain est à droite, la dernière porte.
- Merci beaucoup, je murmurais sous le charme.
- Vous êtes la bienvenue dame Maliha.
- Juste Maliha.
- Soit, je vous laisse si vous avez la moindre question ou demande, ma chambre est au bout du couloir.
- Merci beaucoup dame Eowyn.
- Eowyn suffira, Maliha, elle me répond d'un sourir sincère.
Elle repartie et je pus profiter pleinement d'un moment seule... C'était tellement agréable. Je me jetais sur le petit lit, appréciant déjà la nuit que j'allais passer enfin au chaud. C'était une toute petite chambre, un lit simple au centre, une table de chevet, une cheminée sur le mur en face de l'entrée, un bureau contre celui à l'opposé et une grande fenêtre donnant sur les plaines encadré de lourd rideau de velours bordeaux.
Une servante m'interpella quelques minutes plus tard et m'entraîna vers la salle de bain. J'ai juste eu le temps de prendre des vêtements propres et mon nécessaire avant de la suivre en vitesse.
L'eau était bouillante et c'était merveilleux. Je restais jusqu'à ce que mes doigts soient flétris par l'humidité. Touchant mes cheveux, attardant mes doigts sur la tresse de Legolas avant de la défaire avec regret. Il était aussi douée qu'Arawen, je n'avais eu aucun cheveux dans les yeux malgré la chevauchée et le vent glacial. Je sortie au bout d'une heure ou deux heures, avec ma large chemise blanche et un legging propre.
Tout était silencieux dans les couloirs, les hommes devaient encore bavarder dans la grande salle car j'aperçus la lumière du feu et entendu quelques murmures en passant. Je déposais mes affaires avant de les rejoindre avec ma brosse et mon lien à la main.
- Comment était le bain ? me lança Estel en fumant devant le feu.
Ils étaient encore assis autour de leur table, mais seuls mes compagnons étaient là, tous sauf Gandalf. Je le cherchais des yeux, pour le trouver déjà en plein sommeil dans un coin de la salle entouré de nos affaires.
- Agréable je ne peux pas mentir, dis-je doucement en m'approchant. Mithrandir dors déjà ?
- Il était fatigué oui, me répond Estel.
Je m'assis à côté de lui sur le banc et entrepris de démêler mes cheveux humides.
- Dormez-vous ici ? je demandais.
- Oui c'est ce qui est prévu.
- Au moins nous dormirons au chaud, c'est tout ce qu'il me fallait, lança Gimli en soupirant de fatigue.
- Il est vrai que c'est plus agréable que le vent glacial de la plaine, j'entendis Legolas alors qu'il se lève.
- Parlez pour vous, vous ne craignez pas le froid ! répondit Gimli.
Legolas ne rétorqua pas, mais lâcha un sourire en coin;
- Des nouvelles du roi ? Ou d'autre chose ? je demandais.
- Rien de plus que tout à l'heure ma fille, répond encore Gimli.
- Gandalf est inquiet, il pense que Théoden pourrait prendre de mauvaises décisions après le malheur qui vient de le frapper.
Je soupirais en arrêtant mon geste, brosse à la main.
- En même temps... Comment aurait-il l'esprit clair ? Il vient d'être libéré de l'emprise de Saroumane et apprend que son fils est mort dans la foulée.
On m'arracha la brosse de la main et je vis discrétement Legolas s'asseoir derrière moi.
- Laisse-moi faire ça, dit-il.
Gimli aspira sa fumée de travers avant de tousser comme un volcan en éruption. Il nous regarda un instant, mais je ne bougeais pas d'un poil, complètement prise au dépourvue.
- Je ne connais que peu les rois des hommes, mais on peut voir dans ses yeux une grande sagesse, lança Legolas en commençant à brosser. Ma parole, sois plus indulgente avec tes cheveux Maliha.
Il avait chuchoté ça d'énervement en voyant que la brosse n'arrivait à rien, mais en aucun cas il ne me faisait mal.
- Nous verrons bien demain de toute façon, continua Estel en nous regardant. As-tu discuté avec la dame des lieux ? il me demanda.
- Oui, dis-je en m'éclaircissant la gorge, un peu timide, mais je pense qu'elle cache bien son jeu, il y a la même flamme que Théoden dans ses yeux.
- Je l'ai remarqué aussi, dit Legolas en commençant à séparer les mèches pour tresser.
- C'est une très jolie femme en tout cas, enchérie Gimli en continuant de nous dévisager comme des "extraterrestres".
Et nous avions continué comme ça. Legolas les doigts dans mes cheveux à tresser en mélangeant mes cheveux au lien de Galadriel. Estel me regardant rougir du coin de l'œil en souriant. Gimli qui commençait à somnoler sur le banc et moi, à observer le feu brûler pour me déconcentrer des mains de l'elfe.
Une fois terminé, je me levais en leur souhaitant à tous une bonne nuit. Je ne voulais pas rester une minute de plus...
- Que ta nuit soit douce Maliha, me lança Estel.
- A vous aussi et bon courage avec ça, dis-je en désignant le nain ronfler.
oOo
Estel regardait Maliha marcher à travers la salle avec un sourire sur le visage. Les ronflements de Gimli envahissaient la salle et il tourna son regard vers l'elfe qui, lui, observait le feu pensif.
- Tu as de la chance tu sais, murmura le rôdeur d'un air espiègle.
- La chance de quoi ? répondit l'elfe les coudes sur ses genoux.
- Que je sois un ami loyal.
- Pourquoi ça ? répondit Legolas déjà excédé.
- Sinon je dirais certainement à Maliha la signification de la petite tresse que tu as si maladroitement cachée parmi les autres.
L'elfe soupira en posant son dos contre la table.
- Tu n'y arrive plus, c'est ça ? ajouta l'homme.
- Aragorn, si tu souhaites me dire "je te l'avais dit", va y... Je fais comme je peux.
- Je sais Legolas, je sais. Je suis heureux que tu lâches enfin un peu prise.
L'elfe se leva.
- Je n'ai pas le choix, c'est une véritable torture.
Il partit sur ces derniers mots, laissant l'homme regarder le feu seul. Les ronflements du nain étaient maintenant un bruit constant et lourd. Aragorn soupira en se levant pour aller rejoindre sa couche aux côtés de Gandalf.
- Avouez qu'il y a déjà un net progrès. lança le magicien couché dos à lui.
- Sans doute, mais ils en sont encore loin...
- Cela viendra, cela viendra... Avec les innombrables épreuves qui les attendent, oui, après ça... L'orgueil, la colère et la haine s'effaceront dans un lavis, comme de l'encre diluée sur du papier... termina le magicien en plongeant de nouveau dans le sommeil.
oOo
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