/ ... Chapitre quarante-sept ... /
"us" - OVERWERK
Je me réveillais d'un bon et en sueur... Haletante comme après la course la plus folle de ma vie. Après avoir repris mon souffle, je sortie du lit, accablée par les images encore trop claires dans le noir de la chambre. Pris mon visage entre mes mains un instant et me lèvais finalement en enfilant ma chemise blanche et mon legging.
Les images étaient de plus en plus horribles. Le sang, les hurlements, la noirceur, lui devant moi, ma main serrant le cou d'Estel. Je gémis faiblement aux souvenirs en sortant sans faire de bruit. Je passais un passage rapide par la salle de bain pour me rafraîchir et me changer les idées, avant de repartir vers les zones communes.
Tout était silencieux même si les ronflements du nain semblaient faire trembler les murs. J'aperçus la nuit à travers les carreaux de la grande salle, combien d'heures avais-je dormi ? Quatre, peut-être cinq avec un peu de chance... Je soupirais en marchant vers la grande porte.
L'air était glacial, mais je me sentais si bien dans le vent, restant assise sur le bord de la terrasse, une jambe dans le vide en me soutenant de mes mains en arrière. Le liquide métallique dégoulinait le long de mon cou et savourais le son calme en regardant les plaines danser sous la lune.
Une ombre s'avança à côté de moi, mais je ne me retournais pas, juste couper le son en attendant la suite, méfiante.
- Cauchemars ?
Le mot résonna dans ma tête et je ne pus m'empêcher de trembler, sursautant même légèrement, en reconnaissant sa voix puis l'entrevoir s'asseoir à côté de moi.
- Comment as-tu deviné ? je demandais.
- Je suis celui qui ne dort pas, je te l'ai déjà dit. Je t'entend souvent te plaindre durant ton sommeil.
Je soupirais... Pourquoi notre relation devenait-elle comme ça, si naturelle ? Je le regardais, il était dans la même position que moi, à regarder la plaine et la lune. Sa peau semblait luire et le trouvait encore une fois, parfait. Il m'avait dit qu'il ferait des efforts, mais ça commençait à faire beaucoup... Les tresses, ses mains trouvant trop souvent mon bras ou les miennes, ses mots trop gentils à mon goût et ce comportement presque doux.
Je ne voulais pas me poser de questions, pas trop du moins. L'espoir n'était pas permis avec les elfes, ils n'oubliaient rien, n'épargnaient rien... Mais pourtant... Là, à le voir regarder cette lune avec un sourire en coin comme si nos rapports avaient toujours été aussi simples... Oui, je devais m'avouer que l'espoir gagnait mon coeur et il n'y avait rien qui ne puisse m'y empêcher. Je ne pouvais que flancher, moi digne humaine, et lui pardonner.
Vraiment ? Devrais-je moi aussi faire un effort ? être naturelle ? Comme je pouvais l'être avec Estel ou Glorfindel ? J'ai souri, non pas comme Glorfindel, impossible...
- C'est toujours les mêmes images, je commençais en le quittant des yeux. La bataille sur les plaines d'Erebor, la neige qui se teinte de rouge... Le visage de Thorin aussi blanc et froid que la galce... L'ombre de Sauron devant mes yeux, sa voix dans ma tête... Gandalf qui tombe et cette peur...
Je fis une pause en reprenant mes esprits assaillis par les souvenirs.
- J'envi les elfes de ne pas pouvoir rêver, je murmurais en serrant mes genoux contre moi.
- Je ne pourrai malheureusement rien te conseiller en effet, dit-il en soupirant.
Son regard sur moi était presque doux, mais je détournais les yeux.
- J'y suis habituée maintenant, mais plus on s'approche de lui et plus ils sont réels...
- Les méditations ne t'aident pas ?
- C'est vrai que ça fait longtemps que je n'ai pas médité... Glorfindel me gronderait certainement... dis-je d'un soupire.
- Alors médite Maliha. dit-il en se levant pour partir.
Je le dévisageais un instant avec étonnement partir. Je n'arriverai jamais à le comprendre, c'était peine perdu.
oOo
Je méditais jusqu'au lever du soleil et comme il l'avait dit. Mon esprit était reposé et calme. Je rejoignis la grande salle pour y trouver les autres prenant un "petit-déjeuner". Gimli coupait un morceau de fromage devant une... Bière.
- Déjà de bon matin, dis-je en prenant place à côté d'Estel.
- Il n'y a pas d'heure pour une bière Maliha, qui a donc fait votre éducation ?
- Les elfes, lança Aragorn en rigolant.
- Ah, alors tu as beaucoup à apprendre, ma fille, dit-il en me désignant son couteau.
- Qu'elles-sont les nouvelles ce matin, je demandais en prenant un bout de pain.
- C'est un funeste jour, répond Gandalf. Il est prévu de rendre hommage à Théodred, fils de Théoden.
- Je vois, je murmurais. Un triste jour alors.
- Hum...
Et ce fut le cas... J'avais mis un pull noir pour respecter le chagrin de nos hôtes en deuil. C'était une cérémonie fabuleuse, loin de celle des nains que j'avais connue. Dame Eowyn chanta d'une voix claire dans une langue que je n'avais jamais entendu. Je me rendis compte que j'étais tellement loin des coutumes de ma propre race présente sur Arda. Le chagrin me pris presque, mais en même temps avec mon immortalité, cette vie n'était pas pour moi.
Il n'y avait pas de religion à proprement parler, juste un respect infini pour les Valars. Un respect simple d'avoir donné la vie et le salue de la reprendre avec amour. Si nous avions ne serait-ce qu'entre vu la présence d'Illuviné, notre histoire serait-elle différente ? Beaucoup de questions me travaillèrent durant la cérémonie. Je regardais Eowyn chanter dans le vent matinal en espérant qu'à une lointaine époque l'humanité, que je connaissais, avait un jour trouvé cette simplicité.
- Je suis désolée, commença Eowyn, vous êtes arrivé au pire moment... Mais sachez que nous vous sommes infiniment reconnaissant d'avoir ramené mon oncle à la raison.
La cérémonie était terminée depuis longtemps. J'étais seule sur la terrasse à regarder les oiseaux passer dans le ciel quand je l'ai entendue venir vers moi.
- C'est à moi de vous dire que nous sommes désolés d'arriver lors de cette tragédie, dis-je doucement en touchant son bras.
Elle esquissa un fin sourire.
- C'est pas commun de voir une femme entourée d'un homme, d'un nain, d'un magicien et d'un elfe...
- Oui c'est vrai, ai-je répondu en riant. Mais vous savez, ils sont plutôt agréables et attachants.
- Puis-je vous poser une question ? demanda-t-elle timidement.
- Allez-y, je vous en prie.
- Etes-vous réellement un titan ? Je sais que les cheveux blanc sont une marque de la grande race des hommes forts, mais je n'avais jamais pensé qu'ils puissent être des femmes.
- Je suis un titan, une fille d'Illuviné, en effet.
J'hésitais un moment... Mais, ils avaient l'air de tenir tous tellement à ma race... Ce n'était que de l'aveuglement.
- Vous savez, Eowyn... je commençais. Les titans ne sont pas ceux que vous croyez. Beaucoup de mal ont été faits de leur propre mains par le passé et...
- Nous le savons, dit-elle en me coupant. Comme tout grand pouvoir, il y a un risque. Nous sommes parfaitement conscients de l'histoire Maliha, fille d'Illuviné, mais nous savons aussi que vous n'êtes, comme nous, que des hommes. Le mal s'attaque souvent à notre cœur, certe. Pour autant, des vies ont été épargnées et sauvées grâce à votre race. Les autres ne voient pas le sacrifice d'une telle tâche, nous, nous le voyons. Nous voyons, car nous comprenons les épreuves de n'être que des hommes et vous l'êtes pour l'éternité...
Je restais sans voix... Son regard était ferme sur moi. Je finis par détourner les yeux des siens si intense et sûr d'elle. Je ne savais pas si elle avait raison ou non, mais une chose était sûre, je n'avais pas vu ma race sous cette angle là... Oui je restais humaine. L'avais-je oublié ? J'avais mes propres faiblesses et celles-ci me poussaient dans mes retranchements que trop souvent. Qu'importe la clairvoyance, ma façon de ressentir était humaine, rien de plus... Si seulement...
- Vous avez peut-être raison en effet. Merci Eowyn de m'avoir rappelée que j'étais... Humaine, dis-je d'un sourire.
- Je peux vous le rappeler aussi longtemps que vous le souhaitez entre ces murs, finit-elle en souriant.
Nous étions rentrées à l'intérieur pour trouver le roi à discuter avec les hommes. Je ne savais pas de quoi il était question, mais d'un autre côté cela m'était égal, j'irai où on me dira d'aller...
- Alors Saroumane nous à trahis... lança le roi sur son trône.
- Oui en effet et tout me porte à croire qu'il prépare la guerre, parla Gandalf.
- La guerre vous dites ?
- Les Uruk Hai qui traversent vos terres pour son signe, la main blanche, enchérie Aragorn.
- Alors Grimas m'a donc bien aveuglé... murmure Théoden.
Legolas était posé contre un pilier alors que Gimli sirotait encore une bière. Rien ne pouvait arrêter un nain visiblement et il était bien le fils de son père...
- Laissons donc les hommes discuter entre eux, voudriez-vous un thé, Maliha?
- Bien volontiers, dis-je en soupirant.
Pas que je ne veuille pas en savoir plus sur la tournure des événements, loin de là, mais un moment entre femme... Oui, ça me manquait énormément.
- Suivez-vous ces hommes par devoir ? elle me demanda devant sa tasse fumante.
- Nous avions une mission à accomplir, en effet.
- Avions ?
- Nous étions un groupe de dix personnes au départ de notre quête. Nous avons perdu Mithrandir lors de la première phase de notre périple. Puis, après notre passage en Lorien, un est décédé au cours d'un combat. Deux autres ont été capturés lors de cette même bataille et nous avons décidé tous les trois de leur porter secours. Les deux restants ont décidé de poursuivre seul et Gandalf nous à rejoint il y a peu avant d'arriver ici.
- Je vois, ce n'était pas un voyage de tout repos.
- Non... En effet, dis-je en regardant ma tasse.
Il y eut un silence et je ne savais pas comment passer les souvenirs pour changer de sujet.
- Viviez-vous au Gondor ? me demanda-t-elle finalement.
- Non, je vis avec les elfes à Fondcombe. Ce sont eux qui m'on formé à mon arrivée.
- Alors vous devez être proche de l'elfe qui vous accompagne ? dit-elle avec un sourire.
- Non, pas vraiment... Legolas vient d'une autre cité elfique, il est le fils du roi Thranduil.
- Oh, je vois, vous paraissez pourtant très proche, dit-elle en souriant.
- Croyez-moi, il me hait.
- Impossible, dit-elle en riant de plus belle. Je l'ai vu tresser vos cheveux hier soir.
- ça... ça c'est nouveau... dis-je du bout du doigt en suivant son rire.
Etait-elle au courant ? mais elle semblait gênée un instant.
- Et l'homme qui vous accompagne ?
- Aragorn, fils d'Arathorn, est le descendant du trône du Gondor. Il a vécu une bonne partie de son enfance avec moi à Imladris.
- Alors c'est un roi... dit-elle doucement.
- Ne lui en parlez pas trop, il n'aime pas ce titre. C'est un grand voyageur vous savez, il est connu sous le nom de Grand Pas la plupart du temps.
- En effet, ce nom me dit quelque chose...
C'était une bonne personne, douce et à la fois caractérielle. Contrairement à Arwen, elle était beaucoup sanguine, bien plus que moi même. Elle exprimait ses opinions d'une main de fer et j'aimais bien ça je dois dire. Même si elle me faisait penser à Tauriel, elle avait ce côté humain que je n'avais jusqu'alors jamais côtoyé.
Je pouvais parler de tout avec Arwen, mais pas de la même façon. Il me fallu des années, des dizaines d'années même, pour avoir le niveau de conversation que j'avais actuellement avec Eowyn... Les humains étaient beaucoup plus rapides dans le dialogue. Pour sûr, il n'avait pas le temps de divaguer...
- La guerre est à notre porte Maliha. Nous devons protéger notre peuple, mais j'ai beau être une femme, je sais très bien que nous sommes trop faible pour faire face à la noirceur du monde.
- Eowyn, dis-je en prenant sa main, nous sommes ici pour vous aider. Gandalf dirait certainement que notre route n'a pas croisé la vôtre par hasard, alors rassurez-vous.
- Espérons...
oOo
La journée passa lentement et dans le silence. Je passais une bonne partie de l'après-midi avec Eowyn et cela me fis un bien fou. De retour avec mes compagnons, Estel m'a fait un topo des conversations qu'ils avaient eu avec Théoden. Rien de bien significatif visiblement... Lui et moi ne savions pas vraiment quoi faire, rester ici et attendre que Saroumane bouge ses pièces était la seule chose à faire. Mais en début de soirée ce passa une chose que je n'aurais cru possible.
Des hommes entrèrent en trombe dans la grande salle, portant avec eux deux enfants. Je me levais d'un bond et Eowyn couru vers eux pour regarder les enfants.
- Ils sont épuisés... Que s'est-il bien passé ? demanda-t-elle.
- Leur village a été décimé par les hommes de la main blanche. Apparemment c'est également le cas pour les villages aux alentours, dit l'homme en déposant le corps endormi dans les bras Eowyn.
Le roi se leva à son tour pour faire les cent pas au milieu de la grande salle.
- Alors ça a déjà commencé... dit-il doucement.
- Il ne tardera pas à venir ici, dit Gandalf.
- Et que voulez-vous que l'on fasse ?
- Affrontez-le, menez vos hommes à Isengard, lança alors Estel qui fumait assis à la table.
Impossible, ils sont trop peu nombreux...
- Je ne risquerai pas une guerre ouverte, nous ne sommes pas assez.
- Envoyez des hommes prévenir Eomer, au moins cinq cents hommes sont avec lui.
- Il est déjà loin.
- Il vous est fidèle.
- Peut-être, mais avons-nous le temps ! Je ne crois pas ! lança alors le roi énervé.
Je m'approchais d'Estel pour lui mettre une main sur l'épaule. ça ne servait à rien de lui rentrer dedans. Il avait parfaitement raison. Nous ne savions pas où était Eomer... Et aller à Isengard serait la mort pour tous les hommes restants.
- Nous avons un titan avec nous, dit Gandalf, nous avons nos chances contre Saroumane.
J'avalais de travers alors que tous les regards se posaient sur moi. Il était vrai que je pesais gros dans la balance, mais... Contre l'Isengard entier...
- Quelles-sont les dernières nouvelles d'Isengard, combien sont-ils là-bas ? je demandais.
- Malheureusement je n'ai pas de vision claire de la tour noire d'Isengard. Saroumane me bloque la vue.
- Alors je ne peux pas vous garantir que j'y arriverai, dis-je en soupirant.
- Il y a une chose que l'on peut faire. Un endroit où nous serons protégé et où vous, fille d'Illuviné, pourrez facilement nous protéger. Le Gouffre de Helm.
- Ce gouffre ne vous protégera pas mon seigneur... Nous ne savons rien de l'armée en question, c'est trop risqué, dit alors Estel.
- Je ne risquerai pas d'attendre ici, nous n'avons pas la force de tenir ! Nous irons à Helm, ceci est mon ordre, lança Théoden sûr de lui.
Alors nous partons finalement en guerre... Une guerre de plus... Un froid passa dans mon dos un instant.
- Nous partirons demain ! Rassemblez les hommes ! Vider la cité ! cria alors le roi avant de partir.
Le silence s'intensifia dans la grande salle. Mon regard attrapa celui d'Estel, puis celui de Gimli qui soupirait lui aussi, Gandalf qui prenait son bâton et enfin Legolas, toujours appuyé contre le pilier baissa les yeux dans un soupir.
- Je dois partir, lança alors Gandalf en mettant son manteau autour de lui.
- Pour aller où ? demanda Gimli surpris.
- Suivez-moi. dit-il.
Nous l'avions suivi à travers la grande salle pour sortir et nous diriger vers les écuries.
- Théoden fonce dans un piège, je sais que le gouffre les a déjà sauvé une fois, mais quelque chose me dit que nous ne savons rien de toute l'étendue de cette histoire. Saroumane est beaucoup plus fort que nous le croyons et ça j'en suis certain.
- Pourquoi partez-vous alors Mithrandir, demanda Legolas.
- Je dois trouver Eomer, sans eux, nous n'avons aucune chance de réussir.
- Seriez-vous le trouver ? dit Estel.
- Me prenez-vous pour un magicien de pacotille, j'ai du flair vous savez ! dit-il en riant.
Nous étions rentrés dans les écuries pour rejoindre son cheval. Legolas ouvrit la porte du box et aida Gandalf à monter.
- Maliha, tu dois tenir jusqu'à mon arrivée... Je suis navré, la tâche va être dure.
- Ne vous inquiétez pas Gandalf, je ferai de mon mieux comme toujours, dis-je en souriant.
- Attendez ma venue à l'aube du cinquième jour, au lever du soleil regarder à l'Est. Je vous souhaite bonne chance mes amis.
- Revenez vite Gandalf, nous vous attendrons, dit Aragorn.
Le magicien lança son cheval et disparut dans la nuit.
- Pensez-vous qu'il réussira ? demanda Gimli.
- Bien entendu, c'est Gandalf, dis-je en posant une main sur son épaule.
- Oui tu as raison.
- Allons aider les hommes, dit Estel en partant.
Quand nous étions rentrés, c'était déjà "le bordel"... Les hommes couraient dans tous les sens. Même si la nuit gagnait déjà le ciel, tous passaient déjà avec des coffres et des armes. Je vis Eowyn venir vers moi à grand pas.
- Maliha, pensez-vous pouvoir nous aider avec les coffres de l'armurerie, elles sont très lourdes et doivent être mise dans la grande salle pour demain.
- Pas de problèmes, allons-y.
Ainsi que je me retrouvais chargée d'empiler les lourds coffres remplis d'épées et de boucliers. Il y en avait beaucoup... A cet instant que je me rendis compte de la réalité. Oui, nous partions réellement en guerre. La dernière avait eu un effet néfaste sur moi et elle avait été loin de celle que j'allais vivre... Nous avions le temps, enfin le temps, pour nous préparer, mettre en place des stratégies. Ce serait un siège, un véritable siège, surtout que nous ne savions pas combien ils seront en face.
oOo
Je rentrais dans ma chambre en laissant la porte ouverte. Vidais mon sac pour regarder les vêtements qui me restaient et ceux qui conviendraient le mieux pour la bataille à venir. J'avais toujours mon pull noir, un complément de bustier en acier elfique et mes épaulettes. C'était peu pour une armure, mais en même temps... Les épaulettes protégeraient mon cou, c'était le principal. Mon regard se perdit sur Laureline avec inquiétude.
- Voici venir ta première guerre, ma chère Laureline. Après un Balrog, une guerre ne devrait pas te briser... dis-je pour moi-même.
- Douterais-tu de l'acier elfique ?
Je bondis de stupeur avant de me retourner.
- Bon dieu Legolas ! Tu m'as fait peur ! dis-je une main sur le cœur en reprenant mon souffle.
- Pardonne-moi. Je n'avais vu personne jusqu'ici parler à son épée, dit-il avec amusement.
- Que veux-tu ? je répondis sèchement en croisant les bras.
- Le repas nous attend dans la cuisine. C'est l'effervescence, nous mangerons donc rapidement avant de reprendre les préparatifs. Estel te fait dire de ne prendre que le nécessaire et Gimli de te dépêcher pour partager une bière.
Il avait déballer son texte en esquissant un sourire.
- Qu'y a-t-il ? il me demanda en voyant ma tête.
Après un coup de tête et un regard lourd, je m'aprochais pour sortir en récupérant la poignée de la porte.
- C'est peut-être la plus longue tirade que tu m'aie jamais donnée l'honneur d'entendre mon cher Legolas.
- Voyez-vous ça...
Nous nous étions enfoncés dans les couloirs sans dire un mot de plus. Les hommes couraient encore et nous dûmes nous coller au mur pour les laisser passer.
- Ils sont tendus... murmura l'elfe.
- Pourquoi ne le seraient-ils pas... Ces hommes n'ont pas dû connaître beaucoup de guerres.
- Toi non plus...
- Assez pour savoir ce que ça signifie.
Je repris ma route sans rien ajouter, mais il prit fermement mon bras pour me faire face.
- Nos rapport ce sont peut-être améliorés Maliha, mais... Telle était ta demande... Je n'hésiterai pas si...
- C'est bon Legolas, je sais. Merci pour ça, dis-je dans un faux sourire.
En même temps il avait raison, je lui avais demandé de le faire. Et ma demande était toujours valable. Si jamais je sombrais il n'y avait que lui qui aurait la volonté de le faire. Ses efforts n'étaient que de la poudre aux yeux... Mes espoirs aussi et il venait de me le rappeler en quelques mouvements de lèvres seulement, comme si c'était la chose la plus simple à avouer pour lui, mais la plus dure à entendre pour moi. Sans le regarder, je repartis comme si de rien n'était,mais après quelques pas je ne sentis pas sa présence à mes côtés. Me retournant pour le questionner des yeux je le vis là toujours au même endroit à me regarder dans l'obscurité du couloir avec un air indéchiffrable, une main en suspens.
- Legolas ? je demandais en fronçant les sourcils.
Après plusieurs secondes il me rejoint en baissant la tête.
- Je suis désolé. dit-il.
- Désolé ?
- D'avoir à te dire ça.
J'ai soupiré.
- Comme tu l'as dit, tu ne peux pas oublier mon nom, dis-je en souriant en coin. Mais j'accepte ce "désolé" avec grand plaisir, ami.
Nous avons rejoint Estel et Gimli dans la dite cuisine. Un bol de soupe bien chaude m'attendait et je m'assis à côté du nain. D'un coup sec, il posa une bière devant mon nez.
- Première leçon, on n'entame pas son repas sans une gorgée ! dit-il sévère.
Le rire d'Estel envahit la cuisine, suivi de près par le mien. Cette simple phrase balaya la discussion du couloir en un instant. Après plusieurs secondes, Estel riait toujours doucement et Legolas laissa apparaître un fin sourire sur ses lèvres fines, qu'il était rare de voir. Ces instants-là me tenaient hors de l'ombre, je le savais très bien.
Je ne disais rien, mais Legolas m'avait rappelé une chose. Ma peur de moi-même, ma peur de lâcher prise, ma peur de laisser mourir les personnes que j'aimais... Gardons ça pour plus tard... Pour l'instant, buvons une gorgée...
oOo
Encore une fois, mon sommeil fut entrecoupé... Et encore une fois, j'étais réveillée aux aurores, mais c'était pas plus mal. Je fis mon sac et récupérais Laureline avant d'aller dans la cuisine pour grignoter un morceau. Les hommes étaient encore presque tous endormis dans la grande salle et je ne vis que Aragorn et Legolas dans la cuisine.
- Déjà debout ? me lança Estel en buvant un thé.
- Oui...
- Mauvais rêves encore ? Ajout-il.
- Toujours.
Je m'assis à côté de lui en prenant un bol.
- Quand partons-nous ? je demandais.
Legolas me prit le bol des mains pendant ma phrase pour le remplir de thé fumant.
- Dès que nous aurons terminé de charger je suppose.
- Merci Legolas, dis-je en reprenant le bol.
- Tu n'auras pas besoin de chevaucher avec Legolas, un cheval t'a été attribué.
- Oh, je vois, parfait.
- Dis-tu que je suis un mauvais cavalier ? murmura Legolas un sourire en coin.
Encore une fois je restais indécise... Il venait de faire de l'humour...
- Non, pas du tout, c'était tout aussi parfait que quand on monte sans selle. dis-je pour le taquiner.
Il ne répondit rien, mais conserva son sourire. Gimli apparue quelques instants plus tard et nous avions continué à parler de tout et de rien en attendant l'heure fatidique.
J'aidais les hommes à charger avec Eowyn comme superviseur. Tous les villageois étaient dehors, le visage anxieux. Il fallut la matinée entière pour tous placer sur les charrettes et atteler les chevaux de trait. A midi environ, nous avions mangé vite fait et puis ce fut le départ...
- Maliha, voici votre monture, m'indiquait Eowyn en m'amenant un étalon gris. Il se nomme Léolif, il est tout jeune, mais plein de loyauté.
- Enchantée Léolif, dis-je en lui caressant l'encolure.
- Il sera ravi de vous accompagner, j'en suis certaine, fini-t-elle.
- Merci infiniment Eowyn.
Je serrais la sangle avant de monter. Que c'était confortable de retrouver une selle et je devais avouer que celles du Rohan l'étaient particulièrement. Estel arriva à ma hauteur en trottant sur Arod.
- C'est un très beau cheval que tu as là, Maliha.
- Oui, Léolif, je l'aime déjà.
- Dans ce cas, en route.
Nous étions parties doucement. Le convoi était particulièrement long et lent, en même temps, déménager une ville entière n'était pas commun. Je voyais au loin les montagnes qui nous attendaient sagement.
oOo
Le soir arriva plus vite que prévu. Il avaient dit qu'il nous faudrait environ une journée entière, donc nous arriverions demain en fin d'après-midi si tout se passait bien. J'étais restée à l'arrière du convoi pour surveiller les alentours avec Estel. Gimli était lui, derrière Legolas et je voyais de là son désarroi qui me fit esquisser un sourire d'amusement.
Quand nous nous étions finalement arrêtés dans la nuit, j'étais rincée... Mal au dos, mal aux jambes, comme après une après-midi de chevauchée quoi. Gimli fit rapidement un feu pour nous réchauffer. Le soleil avait été brûlant toute la journée malgré le vent, mais maintenant que la nuit était tombée, l'air était d'un froid glacial dans les plaines arides. Je serrais la cape autour de moi en l'aidant à prendre du bois.
- J'espère que ce gouffre aura des murs assez hauts, marmonnait Gimli.
- Es-tu inquiet ? je demandais.
- Un nain n'est jamais inquiet au sujet d'une bataille... répondit-il sûr de lui.
- Le gouffre de Helm est imprenable, du moins ce sont les rumeurs que j'ai entendues, lança Estel en s'asseyant avec nous.
- Alors me voilà content !
- Vous n'aurez pas grand chose à faire depuis un si haut mur mon ami, parla alors Legolas en s'avançant à son tour.
- Ces orcs doivent être suffisamment intelligents pour avoir prévu des échelles héhé.
- Les orcs non, dis-je, mais Saroumane sûrement. Estel, j'ai une mauvaise impression à ce sujet... Ce n'est pas simplement une armée, mais celle de Saroumane. Quelque chose me dit que nous ne devrions pas la prendre à la légère.
- Il y a pire Maliha, me répondit l'homme, si mes suspicions sont bonnes, alors Grima a rejoint Saroumane depuis longtemps. Il connaît très bien les intentions de Théoden, cela ne m'étonnerait pas qu'il lui ai conseillé que nous irions nous réfugier à Helm.
Non, je n'avais pas pensé à ça en effet et l'idée me glaça un instant. Saroumane était fourbe et loin d'être con... Il fera tout ce qui est en son pouvoir pour gagner cette bataille.
- Alors c'est pire que ce que je pensais.
- En effet... Espérons que Gandalf rentre à temps, fini l'homme.
Le chevalier que je reconnus étant Hama, celui qui nous avait pris nos armes à la porte, vain avec une grande marmite à notre rencontre.
- Vous êtes les derniers ! dit-il. Tendez donc vos bols mes amis.
Gimli fut le premier à obtempérer en plaçant son bol devant lui.
- Comment s'est passé le voyage pour vous ? demanda-t-il en remplissant le récipient.
- Sans problèmes, dit Estel en fumant. Et pour vous à l'avant, rien à signaler ?
- Non absolument rien, à se demander si nous ne nous sommes pas trompés sur les intentions de Saroumane.
- Malheureusement, je ne pense pas, je lançais en donnant ma gamelle à mon tour.
- Vous savez, tous les hommes sont heureux de voir un titan parmi nous. Vous êtes l'attraction du moment Madame.
- Hein...
Je me tournais un instant pour regarder autour de nous, et en effet... Les yeux étaient, pour une grande partie, tournés vers nous. Je me sentie rougir de gêne.
- Tant d'attention n'est pas nécessaire vous avez...
- Bien au contraire, vous n'imaginez pas combien leur courage tient à votre présence ici. Peu d'entre nous n'ont pas suivi Eomer lors de son exil, par peur... Vous êtes un peu leur nouveau capitaine.
- Je vois...
- Pensez-vous que le seigneur Eomer répondra à l'appel de son roi ? demanda Estel pour changer de sujet.
- Bien entendu, il reste loyal au Rohan, il n'y a pas de questions à se poser à ce sujet. Il a défendu les terres sans l'accord de notre roi, celui-ci étant dans l'état que vous l'avez trouvé en arrivant. D'ailleurs, Dame Eowyn a dû vous le dire, mais je tenais à vous le dire. Mes hommes et moi tenions à vous remercier pour ce que vous avez fait. Sans vous nous serions encore dans l'ombre...
- C'est aussi grâce à vous que nous avons pu le faire Hama, huissier du roi. Vous avez laissé Mithrandir conserver son bâton et retenu vos hommes lors du processus d'extraction de Saroumane.
Le chevalier sembla gêné et frotta sa main derrière sa tête en riant. Il demeura encore un peu avec nous pour manger sa propre soupe. Il raconta l'histoire depuis son début, comment Saroumane avait petit à petit, via Grima, empoisonné l'esprit de Théoden. Disant même que la mort de Théodred était de son fait, car c'était bien Grima qui envoya son fils dans une bataille perdue d'avance. Mais aussi que celui-ci menaçait continuellement Eowyn et la guettait dans les couloirs du château. Sans m'en rendre compte, je serrais le poing d'énervement. C'était la première fois que j'étais confrontée à ce genre d'accusation ici sur Arda, mais visiblement les femmes étaient persécutées partout dans l'univers.
Hama était un chic type, c'était ma réflexion après plusieurs heures à discuter avec lui. Il était aveuglément fidèle à son roi et on pouvait lire en lui comme dans un livre. Les émotions que je ressentais émanent de lui n'était que timidité et loyauté. Un homme droit, qui méritait parfaitement sa position.
Il partit avec un grand sourire et Gimli ronflait déjà dans son coin... Je me couchais à côté d'Estel en admirant le feu en face de moi. Derrière lui était assis Legolas qui observait ses flèches. Je l'observais faire en ramenant la cape sur mon menton. Ces mouvements étaient nets et précis. Inspectant chaque plumes avec intérêt, corrigeant la droiture du bois en le plongeant dans les braises pour le redresser. Il avait de longs doigts, je n'avais jamais remarqué ça d'ailleurs et de belles mains même... Je regardais un instant sa mâchoire si tentante, puis ses lèvres fines et bien dessinées. Elles dessinèrent un sourire avant que je remarque que, depuis le début, il me regardait faire.
Rougissant au-delà du possible, je voulus me retourner, mais cela signifierait que j'étais en faute. Alors j'avais juste continué à soutenir son regard. Le sourire disparu, sa mâchoire s'est serrée, le voyant aux muscles bouger sous sa peau. Il fronça les sourcils, mais ce n'était pas un de ses regards méprisants, plutôt de la concentration, voire même... Il entrouvrit les lèvres et je me sentit fondre... C'était tro et me retournais d'un coup.
Je devais trier les questions maintenant, ainsi que les émotions... Ou pas... Pourquoi, pour une fois, ne pas juger, mais savourer cet instant tel qu'il avait été ? Je m'endormis comme ça, dans la douce chaleur qui chauffait mon âme...
oOo
- Cette âme est à moi.
- Non...
Il faisait noir... Tout était noir et glacial... Je ne sentais plus mon corps, mais c'était bien "moi". Juste, étriquée et serrée dans un espace impossible à définir. Comme si on voulait m'écraser.
- Tu cédera...
- Non...
- Tu as besoin de moi...
- Pourquoi en aurais-je besoin...
La lumière m'aveugla. Une chaleur démesurée me brûlait, c'était insupportable. Les flammes dansaient autour de moi, elles étaient partout, dessus, dessous, devant et derrière. J'étais dans un environnement en fusion...
- Tu deviendras celle que tu dois être.
- Non...
Mon regard se posa sur ma propre main dans un sable gris, genoux à terre dans la poussière. Ma main prit une poignée de sable et le sentit dégouliner entre mes doigts. Je ne ressentais rien, j'étais comme dans mes souvenirs, vide. Je levais les yeux pour voir le désert vide et me levais sans y penser. Laureline était plantée à mes côtés, un ruban noir flottant dans le vent à son pommeau. Je l'ai pris, encore une fois sans l'ordonner à mon corps.
A ma droite était placé là, un homme immense. Même debout je n'arrivais pas à ses épaules. D'un fracassement strident il planta une lame d'une longueur indéfinissable entre nous, une claymore incroyable... Je détaillais attentivement la lame et l'acier gravé sans pour autant avoir peur, en même temps, il était à côté de moi et non en face...
De par ma force, je vaincrais, tel est le serment des fils d'Illuviné
Un instant je croisais ses yeux rouges... Il n'y avais pas d'âme dans ce regard à travers son casque noir. Il n'y avait ni haine, ni rien... Peut-être juste de la tristesse, peut-être... Il récupéra la lame avant de se mettre en position et contre toute attente, je fis de même sans réfléchir. J'avais envi de hurler, mais rien ne sortait de ma gorge. J'entendis une voix lointaine rugir. Mes mains serrèrent Laureline et j'ai couru...
En face de moi... En face de moi, il y avait... Mon souffle se coupa, mes yeux eurent envie de pleurer, mais je ne pouvais rien faire... En face de moi, il y avait Estel...
Il était seul, face à moi, face à nous...
- Non, non, non...
- Maliha !
- Non, non !
- Maliha !
- Non !
Je me redressais, comme pour m'extraire. Ouvris les yeux, comme pour respirer. Le souffle rentra dans mes poumons, comme pour y trouver enfin la vie.
- Maliha.
L'image devint nette, Estel devant moi et Legolas à côté tenant mon épaule. C'était un rêve... Juste un cauchemar de plus, mais tellement réel... Mes nerfs lâchèrent la pression et je m'étalais contre l'elfe en reprenant mon souffle.
- ça va, dis-je d'une main.
- Ce cauchemar était beaucoup plus fort que les autres, lança alors Legolas en caressant mon dos.
Je me raidis d'un coup en m'écartant.
- Tout va bien Maliha, dit-il en me voyant faire, détends-toi.
- Qu'as-tu vu ? me demanda Estel.
J'hésitais un moment en regardant l'elfe à côté de moi.
- Je crois... Je crois qu'il y avait Eriador, mais je n'en suis pas certaine. C'était une étendue de sable gris et noir et puis... Et puis...
- Et puis quoi ? insista l'elfe.
Encore une fois je le regardais désespérée. Si je lui disais, notre relation allait en pâtir et le peu de confiance qu'il avait eue en moi fondrait comme neige au soleil. Mais de toute façon, je n'ai rien à perdre et c'était peut-être important.
- Nous étions tous deux en face de toi, Estel. Tu étais seul, face à nous... Je ne pouvais rien faire, mon corps... Mon corps ne répondait pas... Valars...
Legolas se leva en me regardant de haut et je n'eus pas le courage de croiser ses yeux.
- C'était un cauchemar Maliha, ne t'inquiète pas, mais je trouve qu'ils sont de plus en plus violents. Nous en parlerons à Gandalf quand tout ça sera terminé.
- Oui...
- Bien, lève toi, les hommes vont bientôt se réveiller.
Il se leva en soupirant de soulagement. J'étais encore un peu sonnée, mais vis la main blanche de l'elfe devant mes yeux. Son regard était dur, mais son intention sincère. La question brûlait mes lèvres, mais je m'abstins de toute remarque... Sans aucun doute, ce geste lui coûtait beaucoup. Je la pris avec détermination et me leva en vitesse.
Nous avions rangé nos affaires avant de repartir en silence. Je sentais le regard lourd de Legolas derrière moi lors de la chevauchée, je décidais alors de passer à l'avant cette fois-ci. Non il n'avait rien dit, cela m'étonnait, mais je savais très bien que les mots lui brûlaient les lèvres.
Je trouvais Eowyn, guidant le convoie à pied et décidais de mettre moi aussi pied à terre pour la rejoindre. Elle discutait avec Gimli et rigolait à gorge déployée.
- Qu'est-ce que ce nain vous a fait subir Eowyn, je demandais en me plaçant à leur côté.
- Oh, soit disant que les femme nains ont une barbe. Maliha est-ce vrai ?
- Et bien, c'est ce que disent les écrits en effet, après je ne peux pas vous le confirmer, je n'ai jamais vu de femmes naines.
- Mets-tu ma parole en doute ? lança Gimli du haut de son cheval.
- Non Gimli, mais avoue que ce doit être bizarre.
- Je te jure que c'est la vérité !
- Et alors, as-tu trouvé une beauté à barbe mon ami ? je rétorquais pour le taquiner.
- Je ne répondrais pas à ceux qui ne savent même pas ce déclarer !
Je le regardais surprise et rougissante.
- Pardon ?
- Tu sais très bien de quoi je parle, ne fait pas l'innocente.
- Parlez-vous du seigneur Aragorn ? demanda Eowyn le sourire en coin.
- Quoi, Estel, certainement pas ! dis-je sans réfléchir.
- Oh, alors je sais de qui il s'agit...
Oui. J'avais décidé d'aller à l'avant pour quitter son regard de reproche et maintenant je me retrouvait dans la même merde. Pire encore...
- Je n'ai rien à déclarer, Gimli fait erreur... dis-je pour clore le débat. Il essaye juste de détourner le sujet
- C'est peut-être un peu vrai en effet !
- Warg ! Nous sommes attaqués ! hurla Hama en haut de la colline.
Son cheval se cabra et je vis Legolas bandant son arc, lui aussi en haut de la colline.
- Gimli rejoint Legolas ! dis-je en remontant sur Léolif. Bonne chance Eowyn ! Nous reviendrons !
Je la quittais sans rien ajouter de plus, galopant à la suite de Gimli déjà loin. L'elfe au loin, récupéra le cheval sous le bras pour monter en selle.
- Aller courage Léolif, on y va, je murmurais alors que je récupérais Laureline dans mes reins.
Je passais devant l'elfe qui bandait déjà son arc de nouveau. La flèche partit dans un sifflement délicat et ma lame s'abattit sur le premier loup. Ils étaient nombreux, beaucoup trop nombreux. Le sang gicla sur la robe grise de Léolif alors que la tête se séparait du corps dans un grognement. J'ai réussi à attraper l'orc de l'autre main pour le projeter loin sur le côté.
Autour de moi c'était déjà le carnage. J'entendais les chevaux hennirent de douleur et certains hommes combattaient déjà à terre. Je vis Hama, lui aussi à terre face à un loup et me précipitait pour lui venir en aide, passant la lame en travers de la gueule sans hésitation. Je n'avais pas le temps de rester, car d'autres avaient déjà besoin d'aide. J'entendais les flèches de l'elfe siffler et Gimli râler à travers la plaine. Du coin de l'œil je vis Estel combattre sur Arod, tout le monde allait bien pour l'instant. Au loin, les villageois partaient déjà, dirigés par Eowyn.
Je réussis à en tuer deux autres, mais dû sauter sur le troisième, l'abattre à terre pour lui planter la lame dans le flanc. Le loup hurla, mais je tranchais sa gorge avant qu'il ne puisse continuer une seconde de plus.
- Maliha, attention, j'entendis le nain derrière moi.
Un nouveau loup galoper à grande vitesse vers moi. Je fermais le poing, rassemblant ma force pour lui balancer un gauche. Les os craquèrent et mon poing s'enfonçait dans la chaire chaude et moite. Une flèche rentra dans la tête du cavalier qui s'effondra au sol avec sa monture.
Aucun répit... Tout allait beaucoup trop vite, juste le temps de me concentrer sur ma respiration. Je lançais Laureline par une chaîne dans l'un d'eux et tirais de toutes mes forces pour le projeter sur celui qui menaçait le nain. D'un hurlement il fut balayé sous ses yeux.
- Non mais ! Qui t'as dit que j'avais besoin d'aide jeune fille ! beugla Gimli.
- Il était beaucoup trop gros pour toi ! dis-je en souriant.
- Trop gros ? Trop gros ?! De quoi je me mêle !
Nous en arrivions enfin à bout. Oui, après plusieurs dizaines de minutes le combat cessa. Legolas descendit de son cheval pour jouer des lames sur l'un d'eux, l'abattant en un rien de temps. Je regardais autour de moi, les derniers étaient à terre et les hommes les achevaient les uns après les autres. Je repris mon souffle en n'en voyant aucun revenir.
- Aragorn !
Appela l'elfe en rangeant ces dagues derrière son dos.
- Aragorn ! lança à son tour Gimli.
Un froid me prit en rangeant Laureline pour venir vers eux.
- N'était-il pas avec vous ? je demandais en regardant autour de moi.
Je l'avais vu au début de la bataille, mais c'était il y a un bon moment.
- Aragorn ! cria encore Legolas en marchant.
Il s'arrêta un instant en regardant le sol. Ses sourcils se froncèrent en touchant les herbes arrachées.
- Que vois-tu ? je demandais maintenant presque paniquée.
Il ne répondit pas, mais nous entendions un grognement d'agonie sur notre droite. Gimli courut et arriva en premier vers l'orc au sol. Je le suivis le coeur battant, laissant Legolas à son analyse.
- Dit-moi ce qui s'est passé et j'abrégerais tes souffrances, demanda le nain d'un ton sombre en tenant sa hache sous son cou.
L'orc, en sang, le dévisagea un instant. Legolas nous rejoint un instant plus tard, se plantant à côté de moi. L'orc ne disait rien et Legolas fulmina en se baissant à sa hauteur.
- Parle ! Qu'as-tu vu ? dit-il énervé.
- Il... Il a dégringolé de la falaise...
- Menteur ! pesta Legolas en l'agrippant par le col.
Il n'en dit pas plus, car la créature continue à rire, fière de sa phrase avant de mourir étouffée par ses glaires. C'était impossible... Legolas avait raison, il avait menti.
- Aragorn ! j'hurlais à plein poumons au bord du désespoir.
- Maliha... dit soudain le nain.
Mes yeux se posèrent de nouveau sur l'orc mort. Legolas tenait dans sa main le collier, ce collier là. Un pas en arrière, j'arrêtais de penser un instant... C'était le collier d'Estel, celui que lui avait offert Arwen, lui offrant de ce fait sa vie... Son immortalité... Jamais Aragorn ne s'en serait séparé.
- Je ne veux pas le croire. Estel ! j'hurlais encore en m'approchant de la falaise.
Regardant au fond, la rivière marron et bouillonnante.
- Non... Non.. Estel
Estel, c'était Estel enfin, personne d'autre...
Non, non... Je sentis la présence de Legolas, mes yeux se posèrent de nouveau sur le bijoux au creux de sa main.
C'était impossible, impossible, non ?
C'était Estel, enfin !
Je refuse, je refuse, je refuse, je refuse !
Incapable de parler, juste de croiser les yeux gris de Legolas perdu... Ce que j'y lisais me perçais le cœur et je sentis à peine sa main...
Ce que j'y lisais était impossible, impensable et je ne voulais que lui interdire cette pensée qui pourtant semblait faire son chemin sur son visage.
Mon esprit s'embrume, dans la douleur.
Mon corps tremblait, dans la douleur.
Mon âme se noyait, dans la douleur.
JE REFUSE, DE LIRE CETTE PERTE DANS TES YEUX !
JE REFUSE, CETTE TRISTESSE !
JE REFUSE, CETTE MORT !
oOo
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