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// ... Chapitre quarante-neuf ... //

"When I R.I.P" - Labrinth


- Tu dois te reposer Estel... dis-je en le voyant s'asseoir dans la cuisine.

- Pas avant une bonne soupe, lance Gimli.

La nuit était arrivée vite et la soirée chargée en émotions. Les hommes étaient inquiets et je ne voulais pas penser aux jeunes hommes qui apprendraient ce soir qu'ils devront se battre demain.

- Merci, lança Estel en récupérant le bol brûlant.

- Quand Gandalf viendra-t-il ? demanda le nain.

Je savais qu'il connaissait déjà la réponse, mais il semblait pertrurbé et souhaitait sans doute crever l'abcès.

- Après-demain, si tout va bien, répondit l'homme.

- Il nous faudra tenir toute la nuit, murmura Legolas.

- Nous tiendrons, nous n'avons pas le choix, le rassura Estel.

- Je ne pensais pas qu'ils seraient aussi nombreux, dis-je en croisant les bras.

- Fort le Cor tiendra, lance soudain Gimli en tapant du poing. Il le faut !

Que pourrais-je faire ? Comme je l'avais dit, je ne les pensait pas aussi nombreux. Oui, les murs étaient hauts et épais, mais cela suffirait-il ? Une idée se formait dans mon esprit... Je regardais Legolas un instant. Il était tendu comme un arc, avec ses yeux froids et pensifs. Puis Estel, buvant sa soupe en regardant la table... Gimli, les bras croisés à compter les verres en face de lui. Oui, peut-être que si les orcs franchissaient le mur, je devrais le faire... Peut-être même avant...

- Et bien, je me sens mieux c'est vrai, dit Estel en finissant sa soupe.

- Allez vous reposez tous, lâcha Legolas, vous avez besoin de repos pour demain.

- Oui, venez Aragorn, je vous montre nos quartiers.

Je ne les avais même pas vu partir, trop perdue dans mes pensées. Je ne savais pas quoi faire, vraiment pas, nous étions trop peu nombreux. Si je ne faisais rien, si je n'en prenais pas le risque, alors peut-être ne tiendraient-ils pas la nuit en effet. Mais cela voulait dire abandonner mes amis et abandonner mon âme par la même occasion. Étais-je prête à abandonner Estel, Gandalf, Gimli et Legolas ?

- Maliha ?

Je levais les yeux pour trouver ceux de Legolas toujours au même endroit.

- Ne vas-tu pas méditer ? je demandais au hasard pour me sortir de ma pensée.

- Peut-être quelques heures dans la nuit, dit-il doucement.

La peur s'immiscait en moi d'un coup alors que je le regardais sans ciller. Je risquais de le perdre demain. Lui, Estel et les autres... J'en frissonnais déjà avec angoisse. J'avais eu un avant goût de la peine. Du chagrin de la perte, de la froideur d'un coeur qui perd tout. La perte d'Estel serait insoutenable, mais celle de Legolas, mortelle. La panique prit mon corps et je serrais mes bras autour de moi.

- Maliha ? me demanda l'elfe en fronçant les sourcils.

- hum ? je répondis pour ne rien paraître.

- Tout va bien ?

Si tu savais...

Pendant un instant j'aurai voulu le lui dire... Tout avouer, avant que tout ça ne prenne fin. Nous étions seuls dans cette cuisine et le silence régnait. Le moment était bien choisi pour lui annoncer que depuis toutes ces années, il était le seul.

Ne pas avoir de regret...

- Oui, enfin... Il y a quelque chose que j'aurai aimé te dire. dis-je dans un souffle perdu.

- Je t'écoute.

Je me posais dos au plan de travail en réfléchissant à mes mots. Comment avouer en sachant qu'il allait me rire au nez ? Voir m'insulter... Comment lui balancer mon amour quand la mort nous attendait le lendemain ? Il devait sans doute s'attendre à tout sauf à ça...

Je le voyais s'impatienter, alors que je cherchais mes phrases comme une collégienne. Allais-je assumer les mots qui sortiront de sa bouche après cet aveux ?

Peut-être pas...

- Laisse tomber... dis-je d'un coup en me dirigeant vers la sortie d'un pas pressé.

J'ai dévalé les escaliers sans me retourner. Mon cœur battait la chamade en maudissant ma faiblesse. Bordel, j'avais plus de cent ans ! Les mots ne devraient pas être si durs à sortir ! Je balançais mon poing contre le mur faiblement, mais celui-ci à quand même émit un tremblement. Je passais les couloirs pour entrer sans frapper dans la chambre d'Estel à côté de la mienne.

- Maliha ! hurla-t-il.

Je me retournais vivement en le voyant dans son bain.

- ça va, ça va, je t'ai déjà vu plus d'une fois à poil tu sais, dis-je en souriant.

Je pris une chaise pour m'asseoir à côté de lui.

- Je ne suis plus un enfant !

- Dans ce cas, j'ai vu plus d'hommes nue que toi, j'en suis absolument certaine.

- Ce n'est pas une raison !

- Ok, ok, dis-je en me retournant pour la seconde fois.

J'étais dos à lui maintenant avachie sur ma chaise en écoutant les clapotis de l'eau.

- Que s'est-il passé Estel ? je demandais.

Le clapotis s'arrêta un instant et je l'entendis soupirer.

- Je suis tombé de la falaise avec ce fichu warg. C'est Arod qui m'a trouvé. J'étais loin et blessé.

- Bienveillant le canasson, dis-je en me retournant discrètement.

- Maliha !

- Oui, oui.

Un silence passa.

- Ils sont vraiment dix mille ? je demandais pour en venir aux faits.

- Oui...

- Que penses-tu des hommes ici ?

- Je crois qu'il ne leur reste que le courage... dit-il dans un soupir tendu.

- Et les enfants, crois-tu vraiment ...

- Maliha, nous n'avons pas le choix.

- Cela fera quoi ? une cinquante de combattant en plus ? Avec les plus âgés nous pouvions tout au mieux être une centaine en plus. Mais ils seront probablement les premiers à mourir.

- Théoden ne les laissera en arrière, ne t'inquiète pas Maliha. Si le gouffre tombe, ils auront le temps de se cacher dans les montagnes.

- Alors autant ne pas les laisser combattre, dis-je durement.

- La plupart auront des arcs, ils assureront l'arrière garde, nous en avons besoin.

- Nous pourrions explorer les environs, trouver des hommes supplémentaires.

- Je compte parler de ça à Théoden demain, mais je n'y crois pas. Certaines personnes ici viennent des villages voisins attaqués par Saroumane.

- Ce gouffre est devenu un refuge et non un champ de bataille. Legolas dit qu'il y a un chemin sous la montagne.

- Il y a une chance pour son peuple alors.

- Pas si nous ne tenons pas, Estel, je pense que je vais devoir mener mon propre combat.

Je l'entendis sortir du bain en grognant.

- Que veux-tu dire ? Ce combat nous concerne tous.

- Pas si je suis la première ligne.

- N'y pense même pas, dit-il d'un ton anormalement grave.

- Je suis un Titan, tu sais très bien ce que cela signifie. Je suis le premier bouclier.

J'entendis le bruit d'un tissu avant de le voir se poster devant moi.

- Tu combattras à mes côtés et non devant moi Maliha, dit-il durement sans me lâcher des yeux.

D'un côté j'avais espéré qu'il dise ça... Cela me rassurait au plus haut point, de voir qu'il ne me regardait pas comme une arme. Pourtant, dans le fond, c'était ce que j'étais. Je ne pouvais pas échapper à ce destin et puis, allais-je vraiment rester en arrière en sachant que j'en étais capable ?

- Nous verrons bien. Viens là que je regarde cette plaie, dis-je en voyant la tâche de sang se former sur sa chemise blanche.

J'ai pris une aiguille dans son nécessaire de voyage et du fil. Estel ne disait rien, se laissant coudre en regardant le feu. Il était soucieux, je le lisais sur son visage. Les traits tiré, cette mine fade et obscure du rôdeur qu'il était. Même quand Legolas avait été blessé en Lorien il n'avait pas ce regard là. Je me souvenais de ses yeux calmes sur la plaie de l'elfe, de sa respiration parfaitement contrôlée, alors que moi j'étais complètement paniquée... Je sentais même son âme perturbée à cet instant, chose rare. Pas par peur, mais par autre chose...

- N'y a-t-il rien d'autre que cette bataille qui te chiffonne ? je demandais innocente.

Il baissa doucement la tête alors que je coupais le fil une fois la tâche terminée.

- Je crois que j'ai vu Arwen en ouvrant les yeux, dit-il soudain en elfique.

Comme si parler d'Arwen ne pouvait-être fait qu'en employant cette langue. J'ai trouvé ça beau d'une certaine façon.

- Elle veillera toujours sur toi Estel.

- Elle est loin maintenant, dit-il tristement.

Je regardais le médaillon briller autour de son cou. Il le tritura entre ses doigts un instant.

- Legolas te l'a rendu, dis-je dans un sourire.

- Oui, à mon arrivée.

- Estel, je ne crois pas qu'Arwen soit partie. Elle n'a pas abandonné.

- Une part de moi l'espère, mais l'autre me dit que c'est sa seule chance de survie. Maliha tu n'as pas vu cette armée... J'ai du mal à imaginer comment doit-être celle du Mordor.

- Je t'interdis de perdre espoir Estel.

- Je n'abandonnerai pas Maliha. Je resterai à me battre jusqu'à mon dernier souffle, mais la victoire me semble si mince.

- Nous y arriverons, je murmurais. Et tu la retrouveras.

Il prit ma main en m'adressant un doux sourire.

- Merci Maliha.

Je me posais avec lui, à même le sol, devant le feu. Les silences n'étaient pas gênant avec Estel. Ils étaient tranquilles et reposants.

- J'ai voulu avouer à Legolas ce soir, dis-je timidement.

- Voulu ? tu ne lui a pas dit ?

- Non...

- Pourquoi ? il me demanda sans me brusquer.

Les flammes dansaient sous mes yeux alors que je réfléchissais.

- Les reproches, sa haine, le passé. Je crois que je préfère mourir sans qu'il le sache.

- Tout ira bien Maliha, répondit-il durement.

- Je ne peux pas laisser ses enfants mourir Estel. Ni eux, ni vous...

Je le vis se tendre, mais je ne lui laisserais pas l'occasion de me tenir tête encore une fois.

- Crois-tu que cela m'enchante ?

- Non, non, mais j'ai le pouvoir de les protéger, tu le sais très bien, dis-je d'un faible sourire.

Il soupira. Je le voyais tiraillé et semblait même vouloir se battre avec moi. J'ai posé une main sur son épaule en signe de silence et le fit pendant quelques minutes. Essayant probablement de changer de sujet.

- Tu devrais le lui dire. Il a le droit de savoir.

- Imagine un instant: "Legolas excuse-moi, je voudrais te dire que je t'aime depuis quatre-vingt ans au moins, voilà". Super... Et tu veux savoir la suite, "Fille d'Illuviné, qui aimerait une créature telle que vous ?", il m'a déjà dit tu sais...

- Il a changé Maliha, ne me dit pas que tu ne l'as pas vu.

- C'est du flan, j'en suis certaine...

- Du flan ?dit-il surpris du terme.

- ça veut dire que c'est un mensonge... C'est mou, ça tient pas, du flanc quoi ! dis-je en mimant des doigts.

Il rit un instant sous mon regard surprit.

- Estel nous avons convenu un accord. Il me respectera jusqu'à la fin de cette quête. Point barre, fin du débat...

- Son comportement va bien plus loin qu'un simple accord de cordialité.

- Mazette ce vocabulaire... dis-je en riant légèrement.

- Maliha...

- Quoi ?

- Arrête, prend ça un peu plus sérieusement..., dit-il en me poussant légèrement l'épaule.

- Je ne sais pas Estel, les elfes ne changent pas d'avis comme ça. L'image d'hier me revint en tête. Oui, il y a des moments que je n'explique pas, mais aussi tellement d'insultes. Enfin, tu n'es pas sourd que je sache !

- Legolas est changeant, je te l'accorde. Mais je suis certain que tu devrais le lui dire. Aujourd'hui, demain ou dans une semaine, ou même plus peut-être, mais tu dois le lui dire. Ne le regrette pas.

- Je sais ...

Même si ce n'était que des mots échangés comme ça, ça m'avait fait un bien fou. Je ne m'étais pas confiée depuis longtemps. J'ai regagné mes appartement en lui souhaitant une bonne nuit. J'aurai tellement souhaité pouvoir plus le rassurer au sujet d'Arwen... Je sais qu'elle l'attendra, elle ne laissera jamais personne décider pour elle... Qu'en était-il de moi ?

J'étais décidé à le lui dire... J'ai regardé un instant la porte voisine à la mienne en me demandant encore une fois si je n'avais pas rêvé... L'espoir prenait vie, mais son comportement d'aujourd'hui était loin d'être le même qu'hier. Plutôt fidèle à lui-même. De toute façon, j'y penserais plus tard. J'y penserai si je m'en sort demain. Oui, si nous y arrivons, alors peut-être que je lui dirais.

oOo

Quand je sortis le lendemain, j'avais longtemps regardé le paysage devant moi. Le ciel était gris et lourd face au rempart, alors que le soleil persistait derrière nous. Non les Uruk hai ne craignent pas la lumière du jour, ces nuages étaient là que pour une seule chose... Éradiquer le courage, prévenir une bataille sombre et mortelle. Les nuages étaient bas. Si bas, qu'ils semblaient nous écraser. L'air glacial m'extirpa un tremblement avant que je ne me dirige vers la cuisine.

Les hommes avaient le visage fermé et osaient à peine lever les yeux du sol. Ils étaient déjà abattus et soucieux.

- Maliha !

Je me retournais pour voir Eowyn se diriger vers moi.

- Je suis heureuse de vous voir. Nous n'avons pas vraiment eu le temps de nous parler, dit-elle.

- Oui c'est vrai...

- Comment vous sentez-vous ? me demanda-t-elle.

- Je vais bien... dis-je.

Je ne pensais pas qu'elle m'avait vu... Mais visiblement elle était au courant.

- Auriez-vous un peu de temps ? J'aurai grand besoin d'aide pour transporter les vivre dans les cavernes.

- Aucun problème, allons-y, dis-je en la suivant.

Je la suivais avec le sourire à travers la forteresse. Récupérer une partie des affaires qu'elle souhaitait transférer et nous nous étions dirigées vers la grande salle, seule accès menant aux cavernes.

C'était magnifique. Hormis le fait que ce soit la seule échappatoire pour les femmes et les enfants, cette caverne était absolument somptueuse. Au départ c'était de simples galeries de roches, mais en s'enfonçant plus on arrivait dans de vastes salles scintillantes. Les stalactites et les stalagmites étaient gigantesques. Descendant du plafond presque étoilé en de massives colonnes de calcaire. Remontant tel des geysers figés dans le temps. Je restais admirative, essayant de capter la provenance de ce scintillement délicat tout autour de moi dans un silence béat.

- C'est magnifique n'est-ce pas ? lança Eowyn à côté de moi.

- Oui, ça l'est... dis-je presque sans voix.

Elle déposa les paquets et je fis de même. Il y avait déjà beaucoup de monde et petit à petit on distinguait les premières préparations du camp. Les enfants s'accrochaient à leur mère en pleurant presque et la vue me fit trembler. Eowyn me fit signe de la suivre pour ranger le reste.

- Vous restez ici ? je demandais en suivant ses mouvements.

- Oui... dit-elle avec déception.

- Cette idée n'a pas l'air de vous plaire.

- Non, en effet. Je sais me battre, je devrais aider les hommes, chaque épée comptera cette nuit.

- Pourquoi restez-vous ici alors ?

- Mon oncle me l'a ordonné, comme toujours.

Elle paraissait si abattue... Si j'étais à sa place, je crois que je réagirais de la même façon...

- Je devrais me battre... murmura-t-elle encore.

Je ne savais pas quoi dire. Elle était mortelle et pourtant je lisais le courage dans ses yeux. La détermination de vouloir protéger son peuple. Elle avait tout d'une souveraine à cet instant et l'idée me fit sourire.

- Eowyn... Un jour viendra ou devrez faire votre devoir. Il n'est pas encore arrivé. Mais à ce moment-là, ils pourront tous compter sur vous, je le lis dans vos yeux, dis-je simplement en rangeant les couvertures. J'en suis certaine.

Elle mit du temps à encaisser les mots sous mon sourire.

- Et nous combattrons ensemble, dit-elle.

Je tiquais légèrement avant de faire un signe de tête entendu. "Ensemble"... Mon nom me collait à la peau à cet instant. Un titan était-il vraiment capable de se battre aux côtés des autres ? J'avais dit à Estel quelles étaient mes intentions. Mais d'un autre côté, j'avais envie de me battre avec les hommes. D'être sur un pied d'égalité. De vivre chaque instant de cette bataille avec les miens. En avais-je le droit ?

J'avais continué à aider Eowyn. Nous avions transporté tous les vivres à l'intérieur ainsi que du matériel. Eowyn savait où placer chaque chose, anticiper chaque situation et atténuer les doutes de chacun. Les femmes venaient la voir pour parler de leurs doutes et de leur peur. Elle trouvait les mots justes à chaque fois. Elle était plus jeune que moi et pourtant si mature et femme.

Bien entendu elle était Eowyn, fille du Rohan, dame de la protection des terres par son oncle. Elle me rappelait les plus grandes femmes de mon monde. Celles qui n'avaient pas peur de parler, qui n'avaient pas peur de la mort ou de la douleur. Celles qui voulaient que leur voix porte.

Après un temps qui me parut trop court, l'heure était venue pour moi de rejoindre mes compagnons et prendre connaissance du plan de bataille.

oOo

Je marchais doucement à travers les cavernes puis les couloirs. C'était déjà l'effervescence. C'était le milieu de l'après-midi et le ciel était sombre et menaçant. Je fronçais les sourcils à la vue des nuages épais et noirs. Il n'y avait plus aucune trace du soleil qui était encore là le matin.

Estel avec les autres et le roi étaient en haut des remparts et je me précipitais pour les rejoindre. A mon arrivée la main dure de Legolas prit mon bras d'une pression ferme.

- Où étais-tu ? il me lança durement.

- Avec Eowyn, j'ai aidé à rentrer les vivres dans les cavernes.

Il ne répondit pas en retirant sa main vivement. Son regard était gris et profond, la méditation n'avait donc pas suffit à le reposer, ou du moins à le détendre. Ou était-il trop tendu face à la peur ? Gimli restait silencieux et Estel continuait de discuter avec Théoden. Un homme arriva derrière nous, pressé.

- Mon seigneur ? dit-il alors que je me retournais vers lui.

- Gamelin, qu'elles sont les nouvelles ? demanda Théoden.

- Nous avons rassemblé les hommes capables de tenir une armes comme vous l'avez demandé mon seigneur.

- Combien ?

- Pas assez... Nous sommes un peu plus de trois cents hommes et beaucoup ne savent pas se battre, dit le capitaine soucieux.

Un peu plus de trois cents hommes... C'était trop peu... J'ai sentie la peur tendre mon ventre et mon coeur battre plus vite.

- Mon seigneur, envoyez des cavaliers chercher de l'aide, parla vivement Aragorn.

- Et qui répondra ? Le Gondor ? Les elfes, les nains ? Nous n'avons autant d'amis que vous, finit-il en dévisageant Gimli et Legolas.

Estel résistait à répondre. Je lisais la tension sur son visage, mais il avait raison. Nous étions isolés ici.

- Personne n'a réussi à prendre Fort le Cor et ce n'est pas cette nuit que cela va commencer, continua-t-il. Nous tiendrons...

- Ce sont des Uruk hai, pas ses crétins d'orcs, lance Gimli.

- Et alors ? Ils se briseront sur les remparts comme par le passé !

- Nous ne tiendrons p...

- Et que voulez-vous que je fasse ? lance-t-il soudain. Regardez-les, leur courage ne tient qu'à un fil. Nous n'avons pas le choix, si vous voulez sauver vos peaux alors allez-y, partez.

Aragorn baissa les yeux un instant en ne trouvant aucune issue.

- Nous ferons tout ce que nous pourrons pour vous aider, dis-je.

- Bénis soit votre venue Titan. Votre présence ici nous donne un espoir que je n'osais entrevoir.

- Tel est ma tâche, mon seigneur.

Il me fit un signe de tête respectueux que je lui rendis.

- Nous ne vous laisserons pas tomber, ajouta Estel.

Théoden sembla se détendre un instant en nous regardant un par un.

- Même dans la mort je me souviendrai de votre aide. Nous serrons nous en montrer digne, vous avez ma parole.

Le mur principal était haut et épais, la seule faiblesse que j'ai décelée était en bas. Un ruisseau passait juste au milieu du mur par une petite arche de pierre. Je l'ai longtemps regardé en me demandant si cette faiblesse était exploitable... Je ne savais pas de quoi était réellement capable Saroumane, mais il me semblait impossible de passer par là. Du moins avec la technologie actuelle.

Nous avions tout préparé. Rassembler les épées pour les aiguiser. Placer toutes les flèches disponibles dans des tonneaux avant de les répartir sur toute la longueur des remparts. Préparer les lances, l'huile pour les flambeaux, tout.

Je rejoins encore Eowyn pour découper les draps pour en faire des bandages. Le soleil déclinait et nous n'étions pas prêts. Il y avait tellement à faire. Eowyn courait dans tous les sens, préparant de l'eau et des lits à l'entrée des cavernes pour les blessés.

- Pensez-vous que nous ayons assez de bandages ? elle me demande, alors que je déchirais encore un drap.

- Je ne sais pas, après...

Je ne voulais pas finir cette phrase...

La guerre était une chose atroce... Mes souvenirs étaient remplis de cadavre s'étalant sur le sol dans la bout dans une marée de sang noir. Après le courage, il y avait la peur, puis la fuite... La réalité n'était pas une fiction. Non, la guerre ce n'était pas une victoire après un hurlement honorable ou un courage retrouvé en un instant. C'était long... Très long... Jouant avec vos nerfs durant des heures. Du sang et encore du sang. L'odeur de la mort dans vos narines, le goût du fer dans votre bouche, le froid sur votre peau pourtant en sueur. Le son des armes fracassées, de l'acier froid et mortel, des cris de douleur et d'agonie... C'était ça, la guerre...

Un "tout" que l'on ne souhaitait que fuir. On se battait pour sa patrie, pour un choix, une idée. Mais après des heures et des heures, on finissait pourtant par sauver sa vie en oubliant le reste... Nous avions tous cette faiblesse... La faiblesse de faire passer notre vie avant celle des autres... Celle de fuir... De sauver sa peau, coûte que coûte...

Je baissais la tête en plongeant dans les images noires du passé. Chez moi, sauver était un métier... Protégé était un métier... Où était donc le courage ? Caché derrière une étiquette, un grade, un nom, un logo... ? Ma main suante passa sur mon visage en ravalant les larmes du regret... De l'aveuglement passé que je pouvais changer.

- Maliha ?

Je levais les yeux pour rencontrer les siens déterminés. Non je n'ai pas le droit...

- Oui, ce doit être suffisant...

Elle ne dit rien de plus en me regardant faire. Une cloche sonna et mon sang se glaça à chacun de ses coups... L'heure était venue...

- Vous devriez remonter, dit-elle.

Un frisson parcourut mon corps. Je devais faire un choix maintenant, l'heure était venue. Me battre seule ? Ou écouter Estel, mon coeur et me battre à leurs côtés ?

- Oui, dis-je dans un faible sourire. Je vous souhaite bonne chance Eowyn.

- Nous nous reverrons Maliha, je le sais.

Je lui pris la main d'un signe rassurant.

- Prenez soin d'eux, ils ont besoin de vous Eowyn. Que les Valars vous accompagnent, dis-je en partant.

- Que victoire soit vôtre, bonne chance, dit-elle.

Je remontais les galeries avec l'esprit troublé. Avais-je le droit de me laisser aller ? De vouloir rester avec eux ? Toujours les mêmes questions, qui tournaient en boucle encore et encore sans que le ciel ne me guide...

oOo

Arrivée dans la grande salle je croisais les hommes de la marche se préparant entre eux. Ils me saluèrent d'un signe de tête. Leur yeux me donnaient envie de pleurer... Il y avait cet espoir indéfinissable en me regardant.

Ai-je le droit ?

Hamas m'indiqua où étaient mes amis et je sortis en le remerciant. A l'extérieur, les regards étaient tout autres. Il n'y avait que la peur autour de moi. Des jeunes, des vieux, des fermiers, des forgerons et sans armures. Ils prennaient un par un une arme émoussée sans grande conviction, ne comprenant pas vraiment leur présence ici. La panique se lisait dans chacun de leurs regards fuyant... Une terreur, la même qui pourrait d'un coup assombrir mon coeur. Je soupirais avec amertume en continuant ma route complètement perdue dans mes doutes.

Je n'ai pas le droit de les laisser subir ça. La culpabilité m'envahit alors que je montais les escaliers vers la grande armurerie, m'arrêtant un instant sur un rempart regardant la plaine noire et froide. L'air était électrique et la tension palpable. J'espèrais juste que Gandalf reviendrait à temps...

La plaine au pied du gouffre était immense et bientôt elle sera remplie de créatures noires. Vais-je regarder du haut des remparts et attendre qu'elles viennent à moi en tuant toute vie sur leur passage ? Mes pensées me hante encore... Un choix, il fallait faire un choix. La fourmilière du haut des remparts semblait attendre ma réponse en murmurant dans le vent.

"Tu te battras à mes côtés" avait-t-il dit...

"Tu es le premier bouclier" disait l'autre pourtant...

Les hommes passaient leurs mains sur les épaules des plus jeunes. Les autres leurs tendaient des armes avec un regard implorant.

Je m'engouffrais dans le couloir. Je risquais de perdre les êtres que j'aimais ce soir... Et ils me paraissent tellement fragiles maintenant. Alors que moi... Moi...

Dans le couloir, je crus entendre la voix de Legolas parlant Elfique. J'entrais sur un silence lourd. Legolas dévisageait Estel le visage fermé et plein de colère. Les hommes autour d'eux avaient stoppé tout mouvement en les dévisageant soucieux. Je fronçais les sourcils en ne comprenant pas la situation, mais Gimli me fit signe de m'arrêter en prenant le pan de ma cape.

- Soyons réalistes, nous n'y arriverons pas. Ils sont dix mille dehors et se sont des enfants que l'on va placer en face d'eux ! cria presque Legolas.

- Legolas, nous ne pouvons pas faire plus... murmura Estel.

- Trois cents... Nous sommes trois cents Aragorn ! Regardez-les, ils sont déjà effrayés...

Legolas... Je lisais sur son visage comme dans un livre ouvert pour la première fois. A partir de cet instant, je compris à quel point il était paniqué. Incapable de garder le masque de sur ses sentiments. Car c'était bel et bien de la peur et de la fureur que j'y lisais.

- Ils tiendront jusqu'à l'aube. rétorqua le rôdeur.

- Aragorn, c'est un combat que nous ne gagneront pas !

Nous n'avions pas besoin de ce genre de discours maintenant... Pas devant des hommes terrifiés. Sans comprendre les paroles elfiques qu'ils prononçaient, ont pouvait néanmoins en comprendre aisément le sens.

- Alors je ..! cria Aragorn.

- ça suffit... Je crois que ce n'est ni l'endroit, ni le moment de décourager les personnes autour de vous... dis-je doucement en m'approchant.

Aragorn se retourna vers moi et s'excusa du regard, alors que l'elfe s'avançait lui, d'un pas dur, l'œil menaçant et excédé.

- Pour qui te prends-tu ? cracha-t-il en marchant dans ma direction.

- Pardon ? dis-je.

- Legolas, commença durement Aragorn en venant vers lui.

Mais l'elfe l'écarta pour se poster devant mon visage et me toisa comme jamais. Je ne l'avais pas vu comme ça depuis si longtemps... M'écrasant de toute sa grandeur, de toute son emprise.

- Je t'interdis de dire un mot de plus.

- Je parlerai si je le souhaite, Legolas. j'ai résisté.

Il fulminait maintenant. Je le vis exploser. Dévoiler sa haine sur ses traits normalement si beaux.

- Devant eux, devant Estel, Gimli et devant moi... Tu ose demander de me taire ? Alors qu'il ne restera que toi debout à l'aube ?

- Je...

Mais j'avais déjà perdu... Il venait d'étaler mon espoir à mes pieds pour le piétiner. Me montrer que le choix que je pensais possible, n'existait tout simplement pas. Car je portais simplement un mon... Mon nom...

- Aurais-tu oublié qui tu es ?! m'affligea-t-il plus encore.

Mes yeux s'écarquillèrent d'horreur... Nous étions revenues des mois en arrière et je sus que je m'étais fourvoyée... Depuis tout ce temps, il n'avait fait que des efforts pour masquer "ça" et non dévoiler autre chose... Elle était finalement toujours là...

Admire là...

- Réponds-moi ! hurla-t-il me faisant trembler.

Mais je ne pouvais pas... J'en suis incapable Legolas, pas devant ce visage plein de dégout et de colère.... Pas devant ses mots là. J'ai fermé les yeux pour refuser de la voir...

- Ta présence, tes paroles, ton odeur, ta respiration, me sont insupportables et savoir que des enfants mourront, alors que toi ! Toi, tu resteras debout !

Ressent la...

- Legolas ! cria soudain Estel comme dans un rêve en lui prenant le bras pour le résonner.

Je n'étais plus là... Je ne fis que constater l'espoir qui se brisais en moi. J'avais toujours été dans l'erreur, toujours dans le faux... Il avait raison. J'avais osé croire pouvoir me tenir à leurs côtés. J'avais osé croire qu'il avait changé, qu'elle avait fini par se dissoudre, sa...

Sa haine.

- Fait donc honneur à ton piètre nom et protège les. N'est-ce pas ta seule raison de vivre ?

- ça suffit ! hurla inutilement le rôdeur en l'éloignant de moi d'une main. Reprends-toi par les Valars, Legolas...

Il avait craché ces mots comme du poison, m'abattant en un instant et je mesurais ma faiblesse... Il avait soudoyé mes défenses pendant tout ce temps... Devant lui à cet instant j'étais nue et contemplais l'erreur d'avoir déposé les armes. De lui avoir fait confiance...

J'étais incapable de supporter ça maintenant. Incapable d'accepter que tous les indices n'étaient que de la poudre aux yeux... J'avais tout simplement mal interprété... Comment avais-je osé y croire ? Croire, qu'il avait changé et croire que je pouvais me permettre d'être avec eux... De me battre à leur côté, d'égale à égale... C'était terminé... C'était trop pour moi et je n'avais qu'une seule envie : en finir une bonne fois pour toute... Tout n'était que silence autour de nous et je prononçais le seul mot que j'étais capable de dire.

- Soit.

Il se tendit... Qu'aurais-je pu donner de plus que ça...? Je me détournais, conversant le peu d'honneur qu'il me restait... Il ne me restait plus qu'une chose à faire maintenant. Comme il l'avait dit: protéger le peuple du Rohan jusqu'à l'aube. Et qu'importe le prix à payer, j'avais signé ce foutu contrat. Ma décision était prise. A l'instant où il m'avait rappelé mon nom... J'étais seule, le premier bouclier. Alors je le serais.

- Tu vas y laisser la vie, dit finalement Estel en fronçant les sourcils.

Je soupirais simplement, continuant vers l'escalier sans répondre.

- Je te l'interdis... il pesta encore, dans un dernier espoir.

Ma décision était prise, je ne pouvais plus vivre comme ça. C'était terminé, je déposais les armes... Et puis, même si les mots de Legolas venaient de me détruire, il y avait une chose sur laquelle il avait raison. Je ne pouvais pas laisser des enfants mourir, non, c'était hors de mes principes.

- Ne peut-t-on pas affronter ça ensemble ?

Je m'arrêtais en posant la main sur la rampe. Ensemble hein ? Je le regardais, puis passais à Legolas, qui posait maintenant sur moi un regard indéchiffrable et perdu.

- Il n'y a jamais eu de "ensemble" Aragorn, pas avec un tel nom, dis-je en souriant du coin des lèvres tristement avant de continuer ma route..

oOo

Aragorn était figé. Il ne savait pas quoi lui dire, pas quoi faire, mais la colère grandissait en lui. Il attarda son regard au sol un instant avant de serrer le poing. D'un mouvement désespéré il s'avança vers l'elfe tout aussi tendu.

- Tu viens de la perdre, dit-il d'une voix dure.

Sans attendre un mot, pas même un regard, il partit. Gimli regardait l'amitié et l'amour se disloquer devant ses yeux. Le mal venait de gagner le combat du cœur. Il s'approcha de Legolas qui baissait déjà les yeux. Il n'avait jamais rien dit, regardant seulement la situation en attendant une fin heureuse, mais elle n'avait jamais été aussi lointaine qu'à cet instant.

- Vous avez fait une bourde mon ami... dit-il en prenant le bras de l'elfe pour le rassurer.

- S'il vous plaît Gimli, en prenant l'arrête de son nez.

- Non, pas cette fois, vous méritez ces mots.

- Je sais...

L'elfe partit précipitamment, mais le nain n'avait pas prévu de lâcher l'affaire. Il le suivit sur les remparts. Legolas souffrait et il le savait très bien. A le voir là maintenant, les mains sur la pierre et la tête basse, cette vision lui était claire.

- Par les Valars, qu'ai-je fait....

- Simplement laisser la peur parler à votre place l'ami, lança le nain à côté de lui.

- Je dois lui parler...

- Vous en avez assez fait pour ce soir.

- Non, non, je dois lui expliquer...

- Lui expliquer quoi ,que vous avez perdu vos cou..., il s'éclaircit la voix. Hum, là je suis peut-être un peu trop dur... Pourquoi avez- vous dit de tels mots alors que votre but était de la protéger Legolas ?

- Je n'en ai pas le droit... dit-il fermement.

- Pas le droit ?! A qui voudrais-tu demander la permission de l'aimer hormis à ton cœur, hein?! Je suis peut-être un nain, grossier, puant si tu veux, mais je sais qu'en amour il n'y a aucune règle ! Le jour où tu aura compris ça, tu commenceras à vivre mon garçon ! Ça n'a pas de prix ! Une femme comme ça, ça n'a pas de prix ! Et sûrement pas celui du devoir !

Legolas regardait le nain avec surprise. Il avait laissé la peur l'emporter et les mots s'écouler comme jamais auparavant. Il ne les avait pas entendu passer dans sa bouche. Ils étaient sortis comme du poison. Lui qui avait mis tant de temps à comprendre. Tant de temps à accepter... Il avait tout gâché en un instant et l'avait blessée.

oOo

Je retournais dans mes quartiers, muette et ailleurs. Pris mon sac à doc, retirais ma tunique et passais un pull noir fin col roulé, manches courtes et confortable. Mis un leggin fin tous aussi noir. Replaçais le pull par-dessus celui-ci et enfilais le bustier d'acier et de cuir. Fixais les protections d'épaules finement gravées par les petites lanières et serre le tout.

L'acier du bustier passais autour de ma nuque, en dessous de mes oreilles comme un col, puis sur mes omoplates, protégeant ainsi ma seule faiblesse : mon cou. J'enfilais mes bottes, noue les lacets fermement et plaçais mes protections d'avant-bras. Passant aux armes, je les fixais sur chaque cuisse après les avoir rechargées. Pris la ceinture et rangeais les chargeurs, après les avoir contrôlé un par un. J'avais arrêté de réfléchir, mes gestes étaient mécaniques et quelque part j'en étais soulagée.

Quand mon regard se posa sur Laureline que ma gorge se fit sèche. Je ne pouvais pas retirer la peur qui me prenais les tripes au fur et à mesure que la fin de ma préparation approchait. Quand je prendrais Laureline, l'entourerait et l'attacherait autour de ma taille, j'aurai terminé.

L'envie de m'enfuir était forte, l'instinct prenait le dessus sur le courage... C'était affreux, cette émotion primitive qui se répandait en vous, qui vous criait "sauve-toi" alors que votre désir était plutôt "sauve-les"... Je fermais les yeux en soupirant et attrapais le fourreau qui retenait la grande lame d'acier gravée et l'attachait fermement.

Mes yeux captèrent l'image de mon reflet dans le miroir. Un instant je vis la tresse et le lien se perdant dans les mèches blanches. Les mots de Legolas résonnèrent dans ma tête et je retirais le lien avec force. Mes cheveux courts tombèrent faiblement dans mon cou et je ne pu retenir mes larmes. Des larmes inutiles... Les larmes d'abandonner un espoir inexistant. Je serrais les dents d'être aussi faible.

D'un geste ferme, j'ébouriffais mes cheveux pour les coiffer et retirer complètement la tresse avant de contempler le lien dans ma main et de le ranger d'un geste de colère dans mon sac. Récupèrant violemment le compagnon, j'ouvris l'application "musique". La matière fondit et le contact froid sur ma peau me rassura. Il était temps de m'enfermer un peu. De ne parler à personne, rester concentrée et attirer le courage dans ce sang glacé. Oublier la peur qui me tiraillait encore et encore.

Mon cœur souffrait, mon esprit souffrait, "je n'ai pas le droit d'avoir peur! Non Maliha tu n'as pas le droit, alors taisez-vous ! Laissez-moi faire ce que j 'ai à faire ! A bat les émotions synonymes de faiblesse... Je ferais honneur à mon nom si tel est ton désir.

Je me regardais dans le miroir, mes yeux transpiraient la peur et l'angoisse. J'entendis le rythme rapide de la musique dans mes oreilles. Fermais les yeux et sautillais sur place pour me donner le courage. Faire monter l'adrénaline qui, je l'espérais, me ferait tenir toute la nuit.

"Je sais que ton courage est immense et ton coeur bon, alors ne désespère pas, j'ai confiance en toi"

Un sourire passa sur mes lèvres en voyant le visage rassurant de Glorfindel dans mon esprit. J'aimerais tellement le prendre dans mes bras et sentir son âme chaude et réconfortante. J'aimerais tellement qu'il soit là pour me pousser à ouvrir cette porte.

"J'ai confiance en toi"

Et je devais en être digne cette nuit.

oOo

La porte s'ouvrit en silence pour laisser passer la titan. Il n'y avait aucun bruit dans les couloirs, mais le son résonnait dans sa tête. La musique envahissait ses veines lui produisant un frisson de plaisir grisant. Combien de fois la musique l'avait accompagnée dans les moments insurmontables, lui donnant le courage d'avancer comme ce soir ?

Elle se dirigeait vers sa mort, elle le sentait dans ses tripes... Les mots de l'elfes avaient fini par achever son désir de rester avec ses compagnons. D'être semblable aux autres... Il avait raison, elle ne pouvait pas rester là sans rien faire et attendre simplement que les Uruk hai montent les remparts.

Elle n'a pas le droit.

Elle s'engouffra dans le couloir désert. Il n'y avait qu'elle et son pas décidé à affronter cette armée qui devait être là à présent. Elle resta un moment devant la grande porte. Attendant que ses émotions se taisent. Qu'elle reprenne le contrôle de son esprit et d'un soupir, elle les ouvrit.

Un pas après l'autre, elle s'avança pour entrer dans l'arène à son tour. Les hommes se retournèrent en la saluant et elle fit de même.

Montant les marches des remparts, ils tendirent leurs mains pour toucher ses épaules comme on touche l'espoir. Elle les regardait faire en silence, ne comprenant pas vraiment leur gestes, mais quand elle croisaient leur yeux, elle n'y lisait que l'espérance. Certains bougeaient les lèvres en baissant la tête devant elle, joignant leur mains dans une prière, mais elle n'entendait rien. Ne voyant que leur expressions pleines de reconnaissance et cela suffisait amplement. Jamais elle n'avait vu des personnes la remercier autant... Elle redressa un homme qui se penchait devant elle. Il tendit les bras pour la toucher aux épaules en disant des mots qu'elle n'entendit toujours pas... Elle ne savait pas quoi penser. Perdu face à tant de reconnaissance. Ils comptaient tous sur elle et sa force, elle le savait. Elle devait s'en montrer digne cette nuit.

Elle continua sa route ainsi, avant de regarder la plus haute tour pour y trouver le roi. Elle tendit son bras en signe de respect après avoir posé la main sur son cœur en baissant la tête. Il répondit à son signe en la laissant repartir en silence.

Elle gravit les marches pour accéder au mur principal. Ils l'a laissaient passer, mais elle était dans l'impossibilité d'affronter leur regard. Les mots de Legolas martelaient son esprit. "alors qu'il ne restera que toi à l'aube ! ". C'était peut-être vrai... Elle ferma les yeux pour s'échapper de la pensée.

Aragorn sortit des rangs et lui fit face, lui bloquant la route. Elle murmura simplement un 'bonne chance mon ami", avant de l'écarter. Elle distinguait devant elle Legolas et Gimli. L'elfe la regarda avec de grands yeux gris perdus. Ses lèvres s'entrouvrirent pour parler, mais elle n'entendit rien... De toute façon, elle ne voulait plus rien entendre. C'était terminé.

Elle s'arrêta, alors qu'une bonne distance la séparait de ses trois amis. La dernière chose qu'elle souhaitait c'était de se rapprocher d'eux.

Éviter de sentir l'envie de rester à leurs côtés.

Juste rester complètement focalisée sur sa tâche.

Tel était son choix.

Maliha ferma les yeux. Souhaitant secrètement ne pas les tourner vers la pleine qui devait à présent être remplie de créatures noires. A l'instant où ils se poseraient sur cette étendue de mort, elle n'aura plus le choix. Elle devra assumer le contrat... Son poing se serra et l'air entra dans ses poumons dans un dernier souffle de courage.

Puis ses yeux s'ouvrirent sur l'enfer.

oOo

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