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// ... Chapitre quarante et un ... //

"White Nights" - Grandbrothers


Sors Maliha...

À l'instant même où les rayons du soleil éblouirent mes yeux, je la sentais... La falaise de la perte et la chute dans l'abîme du chagrin. Les images défilaient encore devant mes yeux, comme pour me faire comprendre que la réalité était à mes pieds. Elle s'était laissée tomber dans l'abîme, sans que je puisse faire un geste. Vu les yeux écarquillés d'Aragorn, une main en suspens comme s'il suppliait le temps de s'arrêter.

Passe cette porte...

J'avalais ma salive, regardant le paysage verdoyant autour de moi sans comprendre. Survolant des mes yeux fous, mes compagnons à la recherche de n'importe quel repère qui me permettrait de croire à un cauchemar. Mais mon regard revenait toujours sur cette porte de pierre menant à l'enfer. En espérant à chaque instant la voir en sortir.

Je te l'ordonne...

Et mon corps trembla. Un tremblement incontrôlable de douleur en ne voyant que l'obscurité dans le passage. Mes veines douloureuses entraînèrent un sang glacé, tout était noir, la froideur de la perte me prenait de plein fouet, m'obligeant à déposer les armes. À laisser le masque tomber comme s'il n'était qu'une supercherie depuis le début.

Sors Maliha, passe cette porte, je te l'ordonne !

Alors c'était ça... C'était ça, le vide. Une douleur lancinante qui vous abat à chaque respiration. Elle vous mettait à genoux, oui elle me détruisait déjà, je la sentais ; le manque commençait à partir de maintenant et pour l'éternité...

Que pouvait-on faire d'autre que de s'avouer vaincu par une si cruelle évidence ? Que pourrais-je faire d'autre que regarder ce trou béant happer mon âme ? Ou, observer ces ténèbres l'engloutir en simple spectateur encore et encore.

- Legolas, relevez-les.

Estel, comment pourrais-je me relever moi-même...

Le rôdeur s'approcha pour poser une main sur mon épaule, mais ne sentit rien de sa chaleur. J'étais froid, comme si j'avais perdu ma vie, ma lumière. Je me détournais, puis partie, suivant les ordres d'un geste mécanique. La colère...

Très bien alors...

Je n'ai pas le droit, je n'ai pas le droit de la pleurer... Je voulais hurler, hurler de ne pas être indifférent, de ne pas me réjouir. Hurler contre moi-même, contre cette faiblesse, contre ce sentiment qui maintenant riait de moi...

Je te hais...

Hurler de l'avoir perdu, hurler ma douleur, hurler le désespoir, hurler contre la vie, hurler de ne pas l'avoir arrêtée, hurler contre ma tristesse, hurler contre moi-même... Je ne savais plus, tout se mélangeait, je devenais fou...

- Les orcs vont envahir cette plaine, il nous faut gagner la Lórien.

J'ai regardé les arbres devant nous et la colère a été plus grande encore. Ma respiration était désordonnée et rapide sur mes lèvres sèches.

Valars pardonnez-moi...

J'allais vivre avec ça... Les arbres au loin riaient de moi... Je voyais ses yeux, le rouge de ses lèvres, sentais encore son corps contre le mien, sa main dans la mienne, l'odeur de sa peau, la caresse de ses doigts dans mon dos... La Lórien... Mon âme était cendre...

Mais je te l'offrirai si cela pouvait te sauver.

oOo

Je serrais les bras le long de mon corps pour gagner de la vitesse. La fumée noire du Balrog me piquait toujours les yeux. La chute semblait infinie et les flammes de son corps illuminaient les parois noires. La roche défilait à côté de moi, l'air fouettait mon visage comme pour éveiller mes sens et finalement j'aperçus le magicien.

- Gandalf ! j'hurlais en brassant l'air.

Il tenait déjà la lame entre ses mains. Nous étions proches du Balrog, beaucoup trop proche et je sortie à mon tour Laureline d'un geste pressé.

- Non Maliha ! Non ! Vous devez protéger Frodon.

- Jamais je ne vous laisserai affronter ça seul !

Pointé la lame vers le bas, je m'élançais vers la bête furieuse qui tombait. D'un coup, d'un seul, la lame choqua sa peau noir de charbon. C'était dur, dur comme du diamant et je serrais les dents en donnant mes dernières forces. Même si l'air brûlait, même si j'y laissais la vie, qu'importe, Laureline devait traverser sa chaire. Je suffoquais, la cendre rentrait dans mes narines, m'empêchant de respirer, et ravalais les larmes et la douleur.

- Maliha ! hurla encore le magicien.

La lame passa la peau et la lumière jaillit de la plaie... Mon cœur se remplit d'une joie démesurée, me poussant à un hurlement de victoire et de persévérance, mais sa main me fauche sans merci.

Le sifflement du choc dans mon oreille...

La poussière...

Le noir...

oOo

- Vous ne pouvez aller plus avant.

- Haldir, nous sommes exténués, s'il vous plaît laissez-nous rentrer dans Caras Galadhon... demandait Aragorn à l'elfe en face de lui.

- Vous portez le mal avec vous Estel.

Derrière eux, Legolas écoutait leur échange sans aucun intérêt. Ils étaient tous fatigués au-delà du possible et Frodon n'avait même plus la force de dire quoi que ce soit... Il avait perdu un ami cher et une autre qu'il connaissait certes à peine, mais la tristesse était bien là, grandissant à chaque seconde.

Ils avaient atteint la Lórien tard le soir et rencontré les elfes juste après la frontière. Ils étaient maintenant dans les arbres, essayant de négocier une escale dans la cité elfique afin d'y trouver un quelconque repos. Ils n'avaient presque plus de vivres et le chagrin de la perte les accablait.

Haldir avait salué le prince de Vertbois-le-Grand, mais celui-ci n'avait renvoyé qu'un salut distant et vide. Les yeux gris, la voix basse, le gardien des bois blanc avait su lire dans ses yeux la perte immense et n'aurait pas pensé que le magicien était si cher à ses yeux.

- La dame accepte votre requête, avait dit l'elfe finalement en revenant vers eux. Mais le nain aura les yeux bandés.

- Quoi ? Et comment vais-je pouvoir marcher dans cette maudite forêt les yeux bandés ! Pourquoi moi et pas les autres, c'est injuste ! Je n'accepterai que si Legolas le fait lui aussi !

- Pourquoi devrais-je marcher les yeux bandés chez mes propres parents ! cria l'autre avec indignation.

- Nous marcherons tous avec les yeux bandés dans ce cas! lâcha Frodon excédé.

- C'est insensé... grogna l'elfe en commençant la marche.

- Legolas !

Il s'arrêta et se retourna finalement après un tressaillement d'épaule.

- Très bien, alors donnez-moi ce bandeau, que l'on en finisse !

L'espace un instant, l'elfe devant le rôdeur était un inconnu... Les yeux brillants avaient disparu et Aragorn ne savait que comprendre d'un tel comportement. Les arbres devraient l'apaiser, mais il n'en était rien. Son visage était couvert de poussière et son regard d'un gris profond, comme ceux qu'il avait pu voir à l'intérieur de la mine un jour plus tôt.

Estel aussi était à fleur de peau, mais essayait de tenir comme il le pouvait. Il sentait que si lui aussi commençait à flancher, mais la communauté serait perdue. Il tendit le bandeau à Legolas qui le récupéra d'un geste de colère.

- Legolas..., commença-t-il dans la langue des elfes. Ne laissez pas la peine obscurcir votre cœur mon ami, une fois dans la cité, nous nous reposerons et vous retrouverez la paix. J'en suis certain.

Devant lui, l'elfe plissa les yeux. Comment trouverait-il la paix au juste ? Aragorn avait-il seulement idée de la douleur présente dans son cœur ? Du dilemme qui le rongeait jusqu'à la moelle ? Il aurait hurlé contre les mots, mais il savait qu'Aragorn se retenait à laisser couler les larmes. Il prit le bandeau d'un geste sec, avant de repartir vers l'avant.

oOo

Réveillez-vous...

Ma tête me faisait mal...

Maliha... Réveillez-vous...

J'ouvris péniblement les yeux pour ne voir que du noir... La douleur cognait encore dans mes tempes, mais tout autour de moi était silencieux. Laureline était à côté de moi sur ce qui semblait être une petite plateforme face au vide. Oui, c'était une corniche, alors que les contours prenaient vie autour de moi. Me traînant vers la falaise, mon regard se posa à la recherche du fond, mais je n'y voyais que l'obscurité.

Gandalf...

Alors, j'avais échoué. Une larme dévala le long de ma joue et je ne pus retenir le sanglot. Après plusieurs minutes à essayer d'admettre la perte de mon ami, puis tourné mon visage vers ce qui devait être la sortie...

J'étais tellement loin de la surface, mais je ne pouvais pas abandonner Frodon... Mes yeux s'attardaient sur les mains que je sentais encore, alors c'était possible. Je me levais difficilement, rangeant Laureline dans son fourreau et fis face à la paroi noire du gouffre. La roche était ruisselante et glissante, mais je ne m'avouerai pas vaincue. Avant de poser une main pour prendre une prise, mon esprit me foudroya de la triste constatation que j'allais remonter seule...

Ce mur était mon dilemme, la preuve de ma faiblesse...

Le sentiment de tristesse envahissait mon cœur alors que je frappais la pierre de frustration pour me créer une prise fiable. L'ascension commençait, glissant à chaque mètre sur la roche mouillée. Une fois je j'étais retombée, mais me rattrapais d'un geste désespéré avec Laureline et sentie mon épaule se déboiter en râlant de douleur. Je ne savais même pas où était la surface, je ne voyais rien et le découragement était total...

oOo

- Gandalf le gris n'a pas passé les frontières de cette forêt... Il a basculé dans l'ombre et la flamme... murmurait la Dame.

- C'était un Balrog de Morgoth..., commença l'elfe couvert de poussière. De tous les fléau des elfes, il est le plus mortel, hormis celui qui siège dans la tour sombre... Nous avons perdu Gandalf dans un ultime affrontement sur le pont... Et puis... Elle... Elle a

- Maliha a sauté, termina Aragorn dans un murmure de tristesse.

- Aucun des actes de Gandalf eut été inutile et Maliha protège toujours ceux qui en ont besoin. Ne laissez pas le vide remplir votre cœur, car le danger a totalement envahi ce monde et l'amour est désormais mêlé de souffrance.

Il n'avait pas pu prononcer un mot de plus... La colère qui le tenait encore debout dégoulinait pour se transformer en une tristesse insoutenable. Croiser les yeux de la Dame alors que ses lèvres essayaient de former les mots lui déchiraient l'âme. "Votre cœur souffre Legolas Thranduilion... Un amour tant redouté... Tant refoulé, haï... Fait place maintenant au regret, une douleur inévitable et indescriptible n'est-ce pas ? Puissent les arbres de la Lórien apaiser sa perte dans votre cœur."

Il avait évité de faire parler son cœur depuis le début, mais les mots l'avaient transpercé.

Elle ne pouvait pas être morte, c'était impossible lui criait son esprit. Cela faisait un jour qu'ils étaient arrivés et malgré l'air apaisant de la cité elfique, Legolas sombrait. Chaque seconde, chaque minute, était plus dure que la précédente...

Il restait en retrait de la communauté, essayant de purger sa peine parmi les arbres. Mais rien ne le calmait, pas même leur vue qu'il aimait tant autour de lui, rien... Tout lui paraissait gris et sans vie. Son cœur battait douloureusement et il se perdait lui-même. Lorsqu'il fermait les yeux, il voyait son visage, ses yeux, entendait sa voix, ses hurlements et cela le torturait. Il n'aurait jamais cru possible un tel sentiment, que la perte puisse être comme ça... Il pensa à son père quelques secondes, comment pouvait-il tenir au juste ? Combien de fois avait-il voulu la tuer ? Combien de fois l'avait-il maudite ? Et maintenant la seule chose qu'il désirait c'était de la voir, de la toucher, de l'entendre respirer à côté de lui... Tant de remords et tant de regrets qui étaient maintenant incontrôlables.

Il fronça les sourcils face aux souvenirs de ses propres paroles qui tournaient dans sa tête. Pourquoi avait-il attendu de la perdre pour se rendre compte qu'il aurait pu l'aimer sans limites ? Une rage sans nom prit possession de lui, elle se transforma en haine puis en larmes. Valar qu'il était stupide...

oOo

J'arrivais finalement à la sortie, une flèche me transperça mon dos à côté de ma colonne vertébrale et mon hurlement envahi la nuit... Une seconde se joignit à elle alors que je me hissais sur le plateau glacé. Les orcs me guettaient, mais j'eu la force de dégainer une arme pour tirer je ne savais où. Sortant des mines en titubant, il faisait nuit, la lune était haute, illuminant la plaine à perte de vue, l'espace... Je les entendais rire derrière moi, ils me suivaient et ne comptaient pas me lâcher...

- Laissez-moi... je murmurais pourtant.

J'étais à bout de force et me laissais tomber pour reprendre un semblant de force, mais la tristesse me tordait les tripes. Mes mains étaient rouges de sang et les fermais en ravalant ma colère grandissante. Mes poumons se bloquèrent quelques secondes avant de déverser ma tristesse dans un hurlement incontrôlable. Qu'importe si orcs entendaient les cris, j'en avais que faire, je voulais juste hurler ma souffrance, hurler ce nouvel échec. L'adrénaline n'était plus là pour me permettre de tenir. Mes doigts s'engourdissaient, la sensation se propageait dans mes poignets et mes avant-bras. C'était déjà trop tard...

Sous la lumière de la lune, j'aperçus les bois de la Lórien au loin, Aragorn avait dû les mener là avant la nuit, j'en étais certaine. Ai-je le courage ? Le courage de me lever encore ? Si je restais là, je mourrais, soit par le poison qui remplissait mes veines, soit par les orcs, il y en a bien un me coupera la tête... Aurais-je la force de regarder mes compagnons en face après avoir laissé Gandalf à son sort.

Mon Dieu, qu'ai-je fait... ?

Frodon... J'avais juré de le protéger, de le suivre jusqu'au Mordor. J'avais juré ma vie, et j'allais l'abandonner maintenant ?

J'essuyais les larmes d'un revers de main et me redressais lentement. Je partis en courant tout en essayant de me débarrasser des deux flèches qui me faisaient souffrir. J'en retirais un, mais l'autre se brisa dans ma main et la pointe resta enfoncée dans la chair de mon dos. Il me faudra plusieurs heures de course pour atteindre la Lórien et plusieurs heures encore pour arriver à Caras Galadhon...

Après trois heures, le souffle me manqua, l'engourdissement prenait ma poitrine et mes poumons chauffaient douloureusement. Combien de temps je tiendrais ? Et même si j'arriverais à atteindre la forêt. Le poison était plus virulent que je ne l'aurai cru et les orcs gagnaient du terrain derrière moi...

Une demi-heure plus tard, ils m'entouraient. Il couraient à côté de moi, je sortis Laureline pour me défendre au mieux en ne sentant presque plus mes mains. Elle était si lourde et je perdais facilement l'équilibre en la hissant au-dessus de moi. Une autre flèche se planta dans ma cuisse me poussant dans une chute violente qui me fit manger la poussière.

J'étais foutue, ma gorge se remplissait de sang du sang. Plus le temps passait et plus l'idée de survivre me quittait... Je me relevais péniblement en voyant déjà les orcs courir vers moi et arracha la flèche dans un cris de douleur. Une lame me trancha le flan puis me transperça, la lutte était infernale et les hurlements ne voulaient même plus sortir de ma poitrine. Mes muscles étaient tétanisés et je chutais sous le poids de la lame après chaque mouvement.

Mes yeux se brouillaient, ma tête tournait comme dans un grand huit infatigable. La torpeur me prit en constatant que oui, mon corps ne cicatrisait plus et le sang imbibait mes vêtements. Il dégoulinait le long de mes bras, et ma prise sur Laureline devint glissante. Mon corps était à bout, j'avais perdu trop de sang. Mon regard se perdait sur la lisière de la forêt illuminée sous la lune en me disant que c'était impossible.

- Donnez-moi la force...

J'arrivais à les tuer, non sans mal, car je n'arrivais plus à soutenir la lame entre mes mains. Je tombais, me relevais en cherchant l'air qui me manquait avant de reprendre une course de plus en plus lente. Quand je franchissais finalement les premier arbres, je n'entendis que le bruit des feuilles mortes sous mon corps.

Appuyant mon corps contre un arbre après m'être relevée, je continuais ma route en marchant. Non, je n'étais plus suivi, mais la mort semblait toujours le faire. Je n'atteindrais jamais Caras Galadhon... Je n'étais même plus capable de me repérer, perdue entre la douleur et le voile flou devant mes yeux.

J'entendis les cris rauques et gras des orcs dans le lointain. Ils n'oseraient jamais me poursuivre dans la Lorien, mais de toute façon j'étais perdue. Mes poumons sifflaient, une main tenait encore Laureline en la traînant lâchement derrière moi.

L'air me manquait et je dûs m'arrêter, à bout de force. Des minutes infernales défilèrent, le vide prenait mon cœur en même temps que mes yeux.

Je n'y arriverai pas...

Je vais mourir là...

Mes yeux se fermèrent contre ma volonté. Je ne sentais plus le vent, plus rien. Seuls de frêles rayons de lumière passaient dans l'obscurité de mes yeux.

Était-ce une forme ? Ou le mirage de la mort qui s'agitait en criant victoire. Je crus entendre mon nom dans la nuit, comme un murmure lointain.

- ... Haldir.... Soigner

Haldir... Haldir, je connais ce nom... J'essayais d'ouvrir les yeux encore un peu, il fallait qu'il enlève cette flèche. Ma tête tournait tellement, je ne distinguais que des formes noires qui se déplacaient autour de moi comme des fantômes... Haldir... Je vous en prie...

- Haldir, j'articulais difficilement, puisant dans mes dernières forces, Le dos... Flèche... Dos.

L'obscurité...Les arbres dansèrent encore tout se mélangeait, puis, le visage d'Haldir au-dessus de moi, dans une la lumière presque aveuglante. Je volais parmi les branches.

- Maliha... Tiens... Nous sommes...

Il me parle non...?

Je ne comprenais pas... Et me laissais transporter par les ténèbres.

oOo

Il rentra au camp discrètement dans la nuit, une fois la plupart des membres du groupe endormis, mais croisa Aragorn qui lui lança un regard triste. Il savait qu'il avait perdu deux très proches amis en quelques secondes. Maliha était une sœur, il le savait, mais il était incapable de réconforter son ami. Incapable de prononcer son nom sans la voir dans son esprit, sans que son cœur ne torde sa poitrine.

- Legolas...

- Je suis désolé, mais je n'ai pas le cœur à parler... dit l'elfe dans un murmure.

- Je suis certain que Gandalf n'aurait pas voulu te voir te morfondre ainsi....

Il regarda l'homme choqué. Le rôdeur avait bien compris qu'il haïssait la titan, mais cette vérité mensongère le frappait de plein fouet. Il prenait toujours soin de montrer sa haine, et il n'était même pas venu à l'idée d'Aragorn qu'il n'y avait pas que la perte du magicien qui rongeait son cœur. Et devait très certainement penser qu'il n'en ressentait qu'une satisfaction malsaine. La nausée grimpa dans sa gorge.

- Mes seigneurs !

Un elfe courait dans leur direction.

- Nous avons trouvé la titan, dit-il en reprenant son souffle.

Le cœur de Legolas bondit dans sa poitrine, alimentant son corps entier d'une chaleur vivante.

- Où ? lança-t-il en prenant fermement le bras du garde.

- Le seigneur Haldir l'a amenée au guérisseur, elle...

L'elfe détourna son regard vers le sol d'un air grave.

- Elle quoi ? demanda précipitamment l'autre.

- Elle est... Ils... Ils ne savent pas si elle passera la nuit...

Legolas ouvrit de grands yeux, Aragorn ne savait pas vraiment quoi dire sous le choc de l'information. Sans plus de cérémonie, l'elfe poussa le messager d'un coup d'épaule avant de partir en courant à travers la cité. Le rôdeur le regarda s'éloigné incapable de bouger, surpris par la réaction de son ami. Il remercia calmement l'elfe avant de partir à sa poursuite.

L'elfe monta les marches quatre par quatre et courut entre les talan. Courait à en perdre haleine, saisi par la panique et qu'importe qui l'observait à cet instant, il n'y avait qu'une seule sensation dans son esprit, la peur. Il voulait la voir de ses propres yeux, la voir respirer et plonger encore une fois dans le vert de ses yeux.

Il arriva devant le talan tant espéré pour y voir Haldir, mais ses yeux s'écarquillèrent de terreur. L'elfe devant lui avait le teint blafard et sa tunique recouverte de sang séché. Il passait une main sur son visage comme pour effacer la réalité, Legolas avala sa salive avant de prendre la parole.

- Haldir...

L'intéressé releva les yeux pour croiser les siens, ne s'attendant pas à le voir ici.

- Où est-elle ? insista Legolas.

La surprise passa sur le visage d'Haldir. Il l'avait vu un jour plus tôt aux frontières de la forêt. Certes, il n'avait pas été bavard, solitaire même, et avait su lire la peine immense dans ses yeux. Cependant, il n'aurait imaginé que cette perte soit liée à la personne qu'il venait de déposer chez Holorïn. Pourtant, cette émotion dans les yeux du prince héritier de la Forêt Noire était clair... L'idée qu'il s'était trompé passa rapidement dans son esprit, suivi d'un "il ne le supportera pas", si c'était bien de ça dont il s'agissait...

- Elle est avec Holorïn... Il fera ce qu'il peut, mais...

Legolas n'attendit pas plus et s'engouffra presque dans le talan avant d'être arrêté par la main du capitaine.

- Seigneur Legolas, avec tout le respect que je vous dois, laissons Holorïn faire son travail, vous ne feriez que le gêner.

Il serra son bras pour l'en empêcher.

- Je veux la voir...

- Non, mon seigneur, vous ne le voulez pas...

Le temps resta suspendu. Que voulait-il dire ? Le silence était insupportable alors qu'il essayait de déchiffrer le regard suppliant de Haldir. Il écarquilla les yeux et son cœur s'étouffa. La panique envahit ses veines et arracha son bras pour rentrer en trombe dans la talan de guérison.

Les elfes couraient dans tous les sens, un avec une bassine d'eau, l'autre avec des linges. Son regard s'attarda sur la lame posée sur le coin d'une chaise, elle ne brillait pas, et était recouverte de crasse noire et de terre. Legolas continua sa progression, évitant les elfes qui couraient vers la pièce du fond les bras chargés.

- Norin de l'eau ! il entendit crier.

D'un pas rapide, il traversa le couloir et retira le rideau pour déboucher sur le spectacle la plus épouvantable de sa vie.

Elle était là, étendue sur une table de bois, maintenue sur le côté par deux elfes. Ses vêtements gisaient par terre dans une mare de sang. Son visage d'une paleur mortelle et sa peau maculée de rouge, de noir et de poussière. Ses mains, inertes et sales, tombaient dans le vide. Les elfes avaient retiré son haut et il ne restait plus qu'un bandage imbibé retenant sa poitrine. Il ne l'aurait pas reconnu, le blanc de ses cheveux était crasseux et certaines méche collaient sur son visage. Sa peau d'habitude lumineuse et bronzée était maintenant terne, diaphane et cadavérique...

Son souffle resta coincé dans sa gorge, il lui était impossible de faire un pas de plus, de bouger un bras ou simplement le doigt. Il était figé, comme tous les elfes autour de lui qui le regardaient en retenant leur souffle. Il était impuissant, ne sachant pas comment traiter les émotions qui martelaient son coeur.

- Sortez d'ici, dit durement le guérisseur. Norin, faites-le sortir.

L'elfe essuya ses mains sur un linge avant de s'approcher et de lui prendre le bras, mais Legolas résista, se détachant violemment de son emprise. La vision devant lui ne pouvait être réelle, c'était impossible. Lui qui avait tant espéré la voir ainsi, là maintenant, devant le fait accompli, ne voulait qu'une chose, hurler aux Valars de lui pardonner et de la lui rendre. Lui rendre son souffle, son regard, son sourire, ses couleurs... Le rôdeur déboula derrière lui et le prit par l'épaule. La chaleur de la main de son ami le sortie de sa transe, il fait un pas en avant d'un mouvement lent, puis un autre.

- Legolas, il faut sortir.

Il plongea ses yeux dans ceux d'Aragorn qui se voulait rassurant. Le rôdeur dû lâcher son épaule, car le regard devant lui était trop suppliant pour ne pas le laisser faire. Aragorn lisait sa douleur, mais aussi autre chose. Pas un seul instant, il aurait pensé voir cette expression sur le visage de l'elfe. Alors il se posa cette question : accepterait-il que quelqu'un ne le laisse pas avancer si Arwen était sur cette table...? Alors il le lâcha en silence...

- Tiendra-t-elle ?

Le guérisseur leva les yeux d'un air pressé et inquiet.

- Il faut que vous sortez Legolas. Je...

- Répondez-moi !

Les elfes se figèrent, le cri était si désespéré que personne n'osa bouger en attendant la réponse du guérisseur. Aragorn regardait le visage de l'elfe attendre sa réponse comme on attend une sentence. Tout était en suspens dans la pièce, tous voyaient cet elfe implorant regarder celui dont les mains tenaient la vie la plus chère à ses yeux.

- Je suis désolé... Je ne sais pas, beaucoup de choses tiennent à sa volonté... S'il vous plaît sortez, rester ici ne vous apportera que tourment et chagrin...

Legolas fit un pas en arrière, attiré par le rôdeur derrière lui, mais il ne pouvait pas, il ne pouvait pas la laisser là, inconsciente et immobile. Il arracha son bras des mains d'Aragorn qui le laissa faire, pour franchir les quelques pas qui les séparaient d'elle. Personne ne voulait le retenir, Holorin le regardait d'un air dur, mais l'elfe s'accroupie simplement, laissant ses muscles lâcher, pour placer son visage en face de celui de la femme sur la table.

D'une main tremblante, il caressa sa joue glacée et y retira les mèches collées par le sang et la boue les unes après les autres. Il n'arrivait pas à ne pas trembler, sa peau était tellement froide.

- J'aurais dû te retenir...

Il y eut un silence... Habité de ses doigts qui parcouraient sa joue du geste le plus tendre et le plus doux du monde. De ses yeux qui la regardaient avec l'espérance de pouvoir se plonger dans les siens. Il toucha ses lèvres, l'une d'entre elles était fendue et il mordit la sienne en baissant les yeux sur les vêtements en sang sur le sol.

- Legolas, murmurait le rôdeur derrière en prenant ses épaules qui tressaillaient.

L'elfe respira un grand coup avant de se relever pour faire demi-tour sans se retourner. Il savait parfaitement qu'il devait partir, qu'il gênait le travail d'Holorïn, il n'y avait que lui pour faire un miracle, mais c'était tellement dur... Il s'arrêta juste avant de sortir en prenant une grande inspiration.

- Je vous interdis de la laisser mourir. Je ne vous le pardonnerai pas...

Le guérisseur relèva la tête, le ton était insolent et implorant, le mélange étrange d'une phrase désespérée. L'elfe sortit sans attendre de réponse, le visage fermé. Aragorn le suivit après avoir remercié le guérisseur.

Son ami était sur le balcon, les bras croisés et le regard dur sur le paysage.

- Elle est entre de bonnes mains... Gardons espoir, il la sauvera, je le sais.

L'elfe commença à marcher en long et en large, prenant l'arrête de son nez, tapant du poing la rambarde, avant de finir de nouveau dans la même position et de soupirer. Aragorn ne savait pas vraiment quoi dire, les questions tournaient dans sa tête, il était inquiet pour Maliha, mais elle était entre les mains d'un des plus grands guérisseurs de la terre du milieu... Et il n'y avait rien à faire d'autre que prier... Mais il faisait face à un inconnu, et ça, il pouvait essayer de faire en sorte de savoir pourquoi. Comment avait-il pu se tromper ainsi ?

- Elle est plus chère à ton cœur que je ne le pensais, n'est-ce pas ? demanda-t-il doucement.

L'elfe le regarda d'un air sévère sans répondre.

- Dis moi la vérité, insista-t-il pourtant, décidé d'en avoir le cœur net.

Legolas baissa les yeux et revint à sa contemplation fantôme, puis fronça les sourcils perdu dans ses réflexion.

- Pouvons-nous parler de cela plus tard ? répond froidement l' elfe.

- Il n'y a rien d'autre à faire que d'attendre Legolas... Je sais que c'est intenable, ça l'est pour moi aussi, mais nous ne pouvons rien faire. Alors dis-moi la vérité. Est-elle aussi chère à tes yeux que tes gestes l'ont laissé entendre ?

L'elfe soupira encore, il n'avait pas pu se contrôler, mais à cet instant, il s'en fichait complètement. Il allait peut-être la perdre et l'idée même était insupportable. Alors à quoi bon se battre pour de simples mots ? Pour une simple vérité aussi écrasante soit-elle ? Aragorn est son plus proche ami, il lui confierait sa vie sans hésiter, alors pourquoi pas ses sentiments ?

Ce sentiment s'est glissé en moi, il y a bien longtemps maintenant...

Aragorn ne savait pas quoi dire, il avait bien vu l'amour dans ses yeux et la douleur que seul ce sentiment peut insuffler quand il est confronté à la perte. L'elfe prit une grande inspiration avant de continuer, rassuré de libérer son secret le plus profond.

- Je suis déchiré entre la haine et cet.... il soupira en fronçant les sourcils. Je devrais la détester, mais elle empoisonne mon cœur d'un sentiment que je n'ai jamais voulu... Et maintenant, j'irai jusqu'à lui donner ma vie s'il le fallait Aragorn, voilà la vérité.

- Alors depuis tout ce temps, tu l'aimes ? Legolas, mais alors pourquoi continuer à porter un tel mensonge ?

Il avait prononcé le mot tant redouté et l'elfe pâlit. Jamais il n'avait osé le nommer. Associé sa torture à ce qu'elle était réellement cachée sous la couche de haine fabriquée de toutes pièces. L'amour, oui, ce simple mot était sa malédiction, sa peur la plus grande, sa faiblesse...

- Ce n'est pas si simple... dit-il.

- Legolas, les elfes n'aiment qu'une seule fois et c'est un cadeau.

L'elfe se retourna, exaspéré par ses mots.

- Pas celui-ci... Mon cœur est attaché à la seule personne que je dois mépriser. La seule personne qui me soit interdite, la seule que je doive haïr.

- Alors, tu fais semblant... Depuis toutes ses années, tu fais semblant... Mais tu refuses de l'aimer pour des erreurs qu'elle n'a pas commises Legolas, dit le rôdeur d'un mouvement du bras.

- Je dois le faire Aragorn... Je n'ai pas le choix.

- Comme à l'instant, je suppose...

Il baissa la tête, se pencha et serra la rambarde d'énervement en constatant lui-même de ce qu'il venait de faire sous l'influence de son cœur aux abois.

- Je risque de la perdre... Et je... dit-il en réalisant encore.

Aragorn réfléchit et continua en voyant le regard rempli de doutes de son ami.

- Et tu oublies ta haine...

- Aragorn... Je ne peux pas oublier ça !

- Legolas regarde-toi ! Regarde tes gestes, regarde tes sentiments, ils débordent !

- Oui Estel, je vois, je le ressens à chaque instant ! Oui, elle est ma seule faiblesse !

- Ta faiblesse ? Penses-tu vraiment qu'elle ne mérite pas ton amour ?

Le mot résonna encore dans ses tempes. L'elfe croisa le regard de l'homme, il savait qu'il avait raison, ces heures étaient certainement les plus dures de sa vie. La voir sauter avait été horrible et maintenant, après l'espoir de son retour, la mort était de nouveau devant sa porte, s'était insupportable.

- Elle est une fille d'Illuviné...

- Elle est bien plus que ça ! Tu ne te rends même pas compte de qui elle est.

- Aragorn s'il te plaît...

- Tu viens de dire un simple nom, alors non, tu ne le sais pas ! Elle fait son devoir Legolas, ce qu'elle pense être juste.

- Et à sacrifier son âme comme eux, Aragorn ! Peut-être finira-t-elle même par tous nous tuer dans un accès de folie ?! finit-il en serrant la mâchoire et en désignant la porte derrière eux.

Aragorn plaça une main sur son épaule et le regarda intensément en le voyant à bout de nerfs.

- Son cœur est bon, tu le sais au fond de toi. Je sais que tu le vois aussi bien que moi...

Bien entendu qu'il le savait... Bien sûr qu'il l'avait vu tant de fois perdre ses larmes, perdre son sang pour la vie de ceux qui lui sont cher. Et même pour la sienne, lui qui la haïssait.

- Legolas, ce sentiment t'envahira encore et encore, tu ne pourras plus le cacher, ni l'ignorer, ou mentir à toi-même, tu te voiles la face en pensant pouvoir le faire taire éternellement.

Legolas baissa les yeux de nouveau, écoutant simplement son ami. Aragorn soupirait en s'approchant de lui. L'homme était déchiré de voir l'elfe le dos voûté, se soutenant à la rambarde comme s'il perdait la vie.

- Ne la juge pas sur un passé dont elle n'est pas responsable. Regarde là elle, entière, ais confiance en elle Legolas, elle ne sombrera pas si facilement. Tu as le droit de ressentir ce que ton cœur te crie et de l'embrasser totalement, laisse-le le lui montrer. Peut-être est-ce en lui offrant ton amour que ce destin s'envolera...

L'image de son père passa devant ses yeux... Non il ne pouvait pas.

- Il y a rien d'autre que je puisse faire que cacher mes sentiments Aragorn. Pour moi, pour tous les elfes morts de la lame de son prédécesseur, pour mon père et pour ma mère. Ce sentiment restera enfermé en moi pour l'éternité et il n'y aura aucun mot de prononcé.

- Veux-tu vraiment la perdre sans le lui avoir dit ? Abandonnant l'idée de pouvoir être à ses côtés pour l'éternité, tout ça à cause du simple fait qu'elle porte le nom d'Illuviné ? Cette dignité que tu t'infliges n'est qu'une illusion Legolas...

Aragorn le voyait déjà se refermer sous la question qu'il savait délicate. Il n'y avait plus rien à dire, Legolas refusait d'assumer ses sentiments et le mur en face d'eux était immense, de par son passé et sa position, il le savait. Peut-être le temps lui ferait-il ouvrir les yeux, et les moments qu'il passerait à ses côtés enfin réaliser. Aragorn s'en voulu de ne rien avoir vu, finalement, il était loin de connaître son ami, mais il était aussi heureux de l'avoir entendu s'ouvrir à lui.

- Le jour se lève, je vais aller prévenir les autres, dit finalement l'homme.

Legolas le regarda quelques secondes avec incompréhension. Il pensait que son ami resterait au chevet de la titan.

- Je te la confie, Legolas. Prends soin d'elle.

- Estel...

- Je ne suis pas à ta place, mais je sais quand un homme doit lâcher prise, et aujourd'hui me semble être le bon jour pour toi. S'il te plaît, fais au moins ça pour moi et aussi pour ton cœur. Tu sais très bien que tu en as besoin...

L'elfe soupira encore une fois.

- Très bien.

Il regarda partir après un sourire. Aragorn avait raison, il avait besoin de la sentir proche de lui, saine et sauve. Besoin de la voir respirer, de voir les couleurs revenir sur son visage et de voir ses yeux vert pâle s'ouvrir à nouveau. Juste aujourd'hui...

Une heure, peut-être deux, passèrent et l'elfe resta dans le couloir du talan de guérison, le visage entre ses mains. L'attente était insupportable, chaque seconde, son cœur se déchirait et paniquait à l'idée de voir Holorïn marcher vers lui pour lui annoncer la chose qui le tuerait à petit feu.

Parfois, il se levait, passait sur le balcon avant de revenir en passant une main sur son visage. Un elfe lui apporta de l'eau, mais il le renvoya de la main sans un mot. Le jour se levait et même s'il savait très bien qu'elle était entre les mains les plus sûres du monde, cela ne le calmait pas.

Finalement, après des longues heures d'attente, il vit le rideau fermant l'accès à la salle de soin s'ouvrir sur le visage dur d'Holorïn. Sa respiration resta bloquée dans ses poumons en le dévisageant alors qu'il se levait d'un bon.

- Holorïn? dit-il paniqué.

Le guérisseur s'approchait en affichant un léger sourire rassurant.

- Ses blessures ne saignent plus et il y a des premiers signes de cicatrisation. J'en conclut que l'on a évité le pire Legolas.

Le soulagement rendit ses jambes molles et il dut se retenir à l'épaule de l'elfe pour ne pas tomber.

- Elle est extrêmement faible, ses jours ne sont plus en danger, mais je crains qu'elle ne se réveille que dans une ou deux semaines. On n'est pas passé loin... Elle a perdu beaucoup de sang, du poison s'est infiltré partout et en quantité.

Legolas ferma les yeux et serra la mâchoire en repensant aux sons de ses os, à chacun de ses hurlements et à la terreur dans ses yeux.

- Nous l'avons nettoyée et habillée, souhaitez-vous la reconduire à sa chambre ? Nous avons conservé ses affaires et le talan qu'elle possédait. Je pense que se réveiller dans son lit lui apportera un peu de sérénité.

Il ne répond pas pendant plusieurs minutes, gardant ses yeux sur le sol. Puis croisait le regard d'Holorïn, déterminé et rassuré.

- Vous avez sans doute raison, oui.

- Bien, suivez-moi.

Ils entrèrent dans la salle de soin et Legolas posa les yeux sur le corps endormi. Elle était pâle comme une morte, des bandages recouvraient ses bras. Les elfes lui avaient mis une tunique bleue nuit de soie qui blanchissait encore plus les faibles couleurs de son visage et un pantalon large vert foncé. Il resta plusieurs minutes à la regarder en affichant un air désespéré. Incapable de faire un centimètre de plus.

- Son corps réagit bien à l'antidote, mais il va falloir être patient, elle revient de loin...

Il s'approcha doucement de quelques pas seulement, l'hésitation dans chacun de ses pas... Holorïn le regardait, marchant à côté de lui pour se tenir derrière la table et passa les cheveux de la femme derrière une oreille.

- Elle va bien Legolas.

Sous les paroles douces du guérisseur, l'elfe se décida enfin à faire un pas et la regarda comme on regardait un trésor. Un sourire triste passa sur Holorïn en le voyant caresser sa joue avec prudence et douceur. Legolas laisse glissa une main sur les bandages et s'approcha encore pour passer ses bras sous son corps avec délicatesse.

Elle était si légère, la voir dans ses bras remplissait son cœur. Il la serra contre lui un peu plus, calant son visage contre son cou, se remplissant de sa chaleur contre son torse. Il avait tant voulu faire ça depuis des années. Même si les circonstances étaient désastreuses, il se sentait si bien en devinant les battements de son cœur contre lui. Il posa ses lèvres contre son front et inspira doucement son odeur en fermant les yeux.

- La dernière fois la situation était inversée, c'est elle qui vous tenait dans ses bras.

Legolas leva les yeux vers l'elfe guérisseur, il n'avait que de vagues souvenirs de ce jour-là. Ses hurlements tordus par les sanglots, ses excuses, ses mains pleines de sang, les arbres qui défilent devant lui. Puis une douce chaleur, ses beaux yeux pâles dans les siens, une caresse douce et imaginaire, une voix claire...

- C'était il y a longtemps.

- Certaines choses restent hors du temps mon prince.

Holorïn affichait un regard mystérieux que Legolas ne sut interpréter. Il préféra terminer la conversation, ses sentiments avaient déjà été rudement mis à l'épreuve en parlant avec Aragorn, rien ne devait être ajouté pour aujourd'hui, il se sentait las et fatigué.

- Je vais la ramener à ses quartiers. Merci pour tout Holorïn.

- Avec grand plaisir, veillez bien sur elle, l'élimination du poison risque d'être douloureuse. Je passerai lui faire une infusion pour la faire dormir si elle se réveille trop tôt.

- J'en prends note.

Il marcha à travers les talan, la titan ne bougeait pas entre ses bras. Il l'avait calée contre son cou et sentait son souffle contre sa peau. Valar qu'il voulait que cet instant ne se termine jamais, il voulait la garder là pour l'éternité. Il fronça les sourcils sous cette pensée qui ne voulait pas le quitter. Jusqu'où était-elle entrée dans son cœur ?

Il sentait la partie chaude de celui-ci battre, celle qui s'était réveillée en plongeant la première fois dans ses yeux. Celle-ci ne battait que pour elle et il le savait, Aragorn avait raison... La faire taire était impossible, car elle hurlait plus fort encore. Plus il restait à ses côtés, plus il était dur de tenir, le mécanisme de haine s'effritait et il lui arrivait même parfois de vouloir abandonner son masque pour profiter de sa présence. Aujourd'hui était un coup de grâce, la goutte d'eau et bientôt, il serait à bout...

Il arriva devant la porte et l'ouvrit doucement. Il eut froid à l'instant où il la déposa dans le lit. Il poussa un soupir en le refermant sur son corps et contempla les lieux. Il savait où elle vivait en Lórien, il l'avait plusieurs fois suivi du regard rentrer dans cette chambre humaine.

Il se souvenait avoir faibli, avoir désiré la voir une nuit, alors qu'elle était enfermée dans la douleur du poison comme à cet instant. L'avoir regardée pendant de longues minutes se débattre avec les rêves douloureux.

Après un dernier regard, il referma la porte derrière lui avant de redescendre rejoindre les autres.

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