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// ... Chapitre quarante-deux ... //

"Avalanche" - Just Friends


- Vous ne passerez pas !!! hurlait le magicien.

Les gouttes de sueur froide descendaient le long de la nuque de la titan, elle était pétrifiée devant la monstruosité de braises noires et rouges. Le pont se brisa faisant tomber la bête dans l'abîme. Son estomac se tordit en voyant Gandalf à bout de bras pendu dans le vide.

- Gandalf !!! a hurlé Frodon.

Elle devait faire quelque chose, elle devait bouger !

- Fuyez, pauvres fous !

Elle se précipita et plongea dans le gouffre sans fin. Tout était noir, la fumée brulait ses yeux, une lueur est apparue dans les ténèbres, une lueur de flamme. Plus elle descendait, plus la chaleur augmentait. Elle vit bientôt de la lave en fusion bouillonner devant ses yeux, elle allait brûler... Elle essaya d'atteindre des parois, mais il n'y en avait plus, il ne restait plus qu'un océan de lave qui se rapprochait à toute vitesse.

Il n'y avait rien à faire, elle allait être brûlée vive. Un œil s'est formé dans la lave et une pupille de flamme a jailli sous elle. Elle a hurlé à pleins poumons, l'œil l'a dévoré, elle s'est fait happer par les flammes, ses vêtements ont brûlé, sa peau a fondu, elle voyait ses doigts fondre, la peau se détacher pour ne laisser que les os...

- Non !!!!!

oOo

Un hurlement inhumain envahit la petite chambre et même Caras Galadhon entière. L'elfe passa une main dans la sienne, essayant de calmer l'humaine dont la voix venait d'assombrir le cœur. Il était impuissant, les heures défilaient devant lui, ne pouvant rien faire d'autre que de contempler les gouttes perler son front, même son chant ne pouvait la calmer. C'était finalement Holorïn, après les supplications de Legolas qui la fit boire une tisane pour la plonger dans un sommeil plus profond encore

Ils restèrent longtemps tous à la regarder dormir... Frodon s'était approché doucement, sans vouloir la réveiller de son sommeil réparateur. Il avait été tellement rassuré quand Aragorn était venu à leur rencontre pour leur annoncer qu'elle était revenue, et heureux quand l'elfe était descendu à son tour pour leur dire qu'elle était saine et sauve.

Aragorn regardait Legolas assis dans le fauteuil à la regarder sans ciller. L'elfe ne l'avait presque pas quitté, sauf quand les autres montaient la voir. Il fuyait... Partant la journée pour revenir la nuit et la surveiller jusqu'au petit matin avant qu'il ne prenne le relais.

- S'est-elle réveillée ? demande le rôdeur en rentrant silencieusement dans la chambre.

L'elfe soupira.

- Non pas de changement, hormis les rêves qui la hantent... Cela reste tout de même moins violent qu'en début de semaine.

- Les cauchemars ont commencé quand elle est revenue de la bataille des Cinq Armées. J'étais un enfant, mais je m'en souviens... Elle n'était que l'ombre d'elle-même.

Legolas ne dit rien, la regardant toujours avachi dans le fauteuil.

- Quand l'avez-vous rencontrée pour la première fois ? demande l'homme en s'asseyant sur le lit.

- Dans la Forêt Noire, avec la compagnie des nains en route pour Erebor... Ils traversaient la forêt. Nous sommes tombés sur eux alors qu'ils étaient attaqués par les araignées. Elle m'a menacé avec une de ses armes étranges, ses cheveux étaient encore bruns à cette époque. Je n'avais aucune idée de qui elle était et la pensais mortelle... Une simple femme dans cette guerre, c'était insencé...

Il y eut un silence et l'elfe se pencha en avant pour lier ses mains devant ses lèvres en baissant la tête.

- Je l'ai poignardé... À l'épaule gauche... continua-t-il.

- Pourquoi avoir fait ça si vous la pensiez mortelle ?

Il prit l'arête de son nez.

- Je voulais juste qu'elle reste là... La blessure n'était pas mortelle, elle aurait mis sans doute quelques semaines à s'en remettre. Mais elle aurait été incapable de tenir son arme pendant un bon moment, suffisamment longtemps pour qu'elle ne s'implique pas plus.

- Un plan tiré par les cheveux si vous voulez mon avis, lance Aragorn en souriant.

- Oui... Mais elle ne m'écoutait pas, elle venait de risquer sa vie pour m'aider, ça m'a mis hors de moi et je ne l'ai pas supporté. J'étais déjà... il soupire. Quand je l'ai revue, au milieu de cette bataille, couverte de sang, je n'y ai pas cru, elle disait vouloir faire face à l'armée qui nous prendrait en étau, c'était de la folie furieuse... Mais elle est partie... Gandalf m'a dit qui elle était et j'ai su que la douleur que je lui avais infligée était inutile... Je l'avais blessée pour rien.

- C'est une drôle de première rencontre...

- Mon père m'a dit ce qu'avait fait son prédécesseur juste avant que je ne lui dise adieu. Elle regardait la plaine remplie de cadavres, pleurant en silence. J'étais tiraillé entre la prendre dans mes bras et l'insulter, mais je n'ai fait ni l'un ni l'autre, juste la laisser partir... J'ai fait mon choix après...

- Le choix qui t'empoisonne...

- Estel... Pour moi ce n'est pas ce choix qui m'empoisonne, mais mon... Mon amour pour elle.... C'était ma mère Estel...

- C'était Eriador Legolas. Elle est Maliha, dit-il d'un ton ferme en se levant.

L'elfe soupira en regardant de nouveau le sol. Estel s'approcha de lui pour poser une main rassurante sur son épaule. Legolas passait ses mains sur son visage, comme pour y retirer les doutes qui le collaient.

- Et maintenant regarde-moi... Je suis pathétique, à attendre de la voir ouvrir les yeux.

- Ça fait maintenant plus d'une semaine, elle va bientôt se réveiller, dit-il d'un ton rassurant.

Le rôdeur sortit doucement pour rejoindre les autres et passer une nuit de sommeil bien mérité. Legolas resta là, à la regarder en lisant son livre de temps en temps. Surveillant chacun de ses gestes, écoutant chaque respiration et levant les yeux vers elle chaque fois que l'une d'entre elles n'était pas régulière ou semblait étouffée...

oOo

La douleur se répand dans mon corps comme un virus. J'avais chaud... Une chaleur qui me tordait au milieu des images de feu et de cendre. L'obscurité me prenait parfois, dans une douceur hors norme... Mon esprit s'apaisait et la douleur partait, puis revenait après un temps incalculable.

J'ai eu la force, la force d'ouvrir les yeux...

Ma vue était floue... Les formes d'un quadrillage, d'un reflet il me semble. Les draps blancs autour de moi... Puis la douleur insupportable qui s'engouffre dans ma gorge et la douce obscurité qui me prend.

J'ai essayé une seconde fois...

Toujours flou... Une fenêtre... Une forme, c'était quelqu'un je crois, assis devant moi. La douleur s'infiltre dans mes veines conscientes... Mais je ne veux pas partir de nouveau, pas cette fois. Ma vue s'est stabilisée, j'ai cru apercevoir un livre dans sa main... Les jambes croisées, des cheveux blonds, une tunique bleue.

- Legolas... je murmurais entre mes lèvres sèchent.

Le livre tomba et la forme bougea un instant. Son visage apparut devant mes yeux comme un mirage...

- Maliha, il semble dire, mais le son est sourd.

Ma main fut enfermée et la tristesse me submergea à la vue de son visage. D'un cercle net au milieu de cet univers flou et brumeux, je vis son regard unique.

- Je... Je suis désolée... Je n'ai pas pu... Frodon...

- Frodon va bien.

Le soulagement relâcha mon corps tendu et serrais sa main faiblement. Ma tête tournait maintenant, l'obscurité m'appelait dans une larme, mais je ne voulais pas repartir dans les cauchemars. J'étais hors du temps, n'arrivant pas à définir de repère autour de moi et cette sensation m'était insupportable. Mais il était là... Legolas était là...

- Je l'ai laissé... les larmes coulent en serrant sa main. Il m'a balayé... Tout est devenu noir... Je l'ai laissé Legolas... dis-je alors que ma voix faiblissait dans la douleur.

- Calme-toi... Rendors-toi Maliha.

Une douce chaleur passa sur mon front et j'en fermais les yeux. Les images tournaient encore autour de moi, la douleur passait dans mon ventre pour me tordre.

- Non... Les cauchemars...

- Je vais chercher Holorïn.

Ma main devint froide. J'étais si seule à cet instant en entendant un "Vlam !" bruyant. Je devais rester éveillée. Combien de temps étais-je restée alitée au juste ? Vu les blessures que j'avais, probablement plus d'une semaine. Quel jour étions-nous ? Je bougeais un bras, puis une jambe, mais la douleur était atroce... Un instant je m'étais demandé pourquoi Legolas était là, pourquoi m'avait-il tutoyée, pourquoi ? Mais les questions furent balayées par la douleur alors que j'essayais de me redresser doucement.

- Bordel... je murmurais entre mes dents.

J'avais l'impression d'avoir couru un marathon. J'étais complètement tordue, mais au moins le paysage autour de moi ne tournait plus maintenant. La porte s'ouvrit à la volée, mais tout était encore flou et la nausée me prit de nouveau après un mouvement brusque de la tête..

- Qu'essaies-tu de faire ? demanda durement la voix que je reconnus comme celle de Legolas.

- Me redresser... Les images tournent trop...

Il s'avança et prit l'oreiller pour le placer plus convenablement, alors que je posais ma main sur son bras pour me hisser...

- Je vais devoir te rendormir Maliha.

Je tournais faiblement mon visage vers la silhouette qui devait être Holorïn. La douleur grondait dans mes tempes et les sueurs froides dégoulinaient dans mon cou.

- Non... je chuchotais, en reprenant mon souffle.

- Tu arrives à peine à bouger.

Il s'approchait déjà, passant devant Legolas et tendit la main vers moi. Je la claquais d'un geste brusque, un geste de dernier recours, car c'était la seule résistance dont j'étais capable.

- Non...

Mais sa main était déjà sur moi et la douce chaleur m'envahit...

- C'est trop tôt Maliha.

oOo

- Elle s'est réveillée, annonça le guérisseur au rôdeur.

- Après seulement une semaine ?!

- Oui et vous auriez dû la voir... Elle n'arrivait même pas à se redresser et peinait à parler, dit Legolas, les bras croisés et la mine sombre.

- Je l'ai rendormie de force, elle était encore beaucoup trop faible et le poison attaquait encore ses muscles.

Aragorn soupira.

- Quand se réveillera-t-elle pour de bon alors ? demanda le nain.

- Je pense que je la laisserai refaire surface dans une semaine encore, laisser le temps à son corps d'éliminer totalement le poison.

- Comment peut-elle être encore en vie après de telles blessures, c'est abominable, murmurait Boromir.

- C'est une dure à cuire c'est tout ! Digne de ce qu'elle est ! lança fièrement le nain.

- Oui, mais elle ne fait pas assez attention. Un jour, elle finira par y passer, dit Aragorn.

La compagnie était lasse et toujours fatiguée. Les hobbits restaient principalement en bas et ne discutaient que rarement avec les elfes. Boromir passait son temps avec eux ou Aragorn quand il montait voir Maliha ou s'entraînait. Gimli suivait comme il le faisait toujours, mais parfois il lui arrivait de partir dans la journée avec Legolas pour une promenade dans les bois, ce qui choqua beaucoup les autres membres du groupe d'ailleurs.

Tous espéraient que Maliha revienne bientôt parmi eux pour reprendre la route et laisser derrière eux le souvenir persistant de Gandalf qui demeurait dans les bois sacrés.

oOo

J'ouvris de nouveau les yeux...

Tout était encore obscur autour de moi, mais la douleur n'était plus là. Je mis de longues minutes à me rendre compte où j'étais, mais le milieu familier me rassurait. Alors c'était bien Haldir que j'avais vu... Je me redressais difficilement, mes muscles encore endoloris. Il faisait nuit dehors. Je posais un pied, maladroit au sol, puis l'autre en faisant taire la douleur.

Je portais une tunique bleu clair en soie et un pantalon large d'un ocre rougeoyant, c'était tellement doux et confortable. Je pris le risque de me lever en me tenant au fauteuil et entrepris de marcher jusqu'à l'armoire pour récupérer un kimono.

Le froid me saisit en passant la porte, mais c'était comme une renaissance. Je laissais l'oxygène humide de la Lorien rentrer dans mes poumons en marchant sur les balcons silencieux. Caras Galadhon était tellement belle la nuit... Je ne savais pas vraiment où j'allais, simplement marcher et oublier les rêves qui m'avaient hantée durant des jours entiers. Holorïn avait dû me droguer pour faire passer la douleur pendant mon sommeil et les images m'avaient harcelée.

En passant sur une terrasse, je vis Estel en bas, assis proche de ce qui devait être un camp. Je descendis difficilement les premières marches de l'escalier le cœur battant. Mes mollets étaient en feu, mais je voulais le voir. Mes pieds rencontrèrent l'herbe fraîche et je ne pus m'empêcher un sourire de soulagement. Il était là, à fumer face à la rivière qui coulait doucement entre les arbres.

- Estel, je murmurais en m'approchant.

Il se retourna, lâchant sa pipe vivement venant à ma rencontre à petite foulée. Je n'ai pas vraiment compris, me lovant juste dans ses bras chauds qui m'entourèrent d'un geste brusque contre lui.

- Par les Valars, Maliha... J'ai eu tellement peur.

- Je vais bien maintenant.

- Te rends-tu compte de ce que tu as fait ?

- Je devais essayer...

Il me regardait avec des yeux sévères, mais inquiets.

- Nous étions tous inquiets pour toi, nous t'avons cru morte Maliha.

- Il y en a au moins un qui a dû être heureux pendant un temps, dis-je avec un faible sourire.

- Quand apprendras-tu à être sérieuse ?

- Laisse-moi au moins le temps de ne pas y penser Estel.

Il soupira semblant hésiter.

- Legolas était aussi inquiet que nous tous Maliha.

Dire que j'étais surprise était un euphémisme en le regardant sans comprendre, mais l'idée d'approfondir le sujet me crevait déjà le cœur. De toute façon, il était facile de prononcer des mots...

- Comment vont les autres? Avez-vous traversé les plaines sans encombre ?

- Oui, tout le monde va bien et toi, je pense que tu devrais aller voir Holorïn.

- Oui, je vais y aller.

- Je t'accompagne.

Nous avions de nouveau gravi les marches, Estel m'aidant comme il pouvait en tenant mon bras de temps en temps car je refusais qu'il ne me porte. La cité était endormie et je réalisais ma chance de voir le reste de la compagnie dormir paisiblement avant de remonter.

- Combien de temps Estel ? je demandais d'une voix grave en marchant sur un pont.

- Deux semaines, Legolas m'a dit que tu t'étais réveillée il y a une semaine, mais Holorïn a préféré te rendormir.

Legolas ? Je le regardais en fronçant les sourcils et il me rendit un sourire discret.

- Pardon ? je ne pus m'empêcher de dire.

- Il prenait mon relais la nuit. Maliha, il faut que tu comprennes que tu as frôlé la mort. Ta première semaine de sommeil a été compliquée, Holorïn souhaitait que l'on te surveille.

- Je ne me souviens pas de m'être réveillée... En revanche, les cauchemars, ça je m'en souviens très bien...

- Tu es arrivée deux jours après nous, c'est Haldir qui t'a trouvé à la frontière. Maliha, je ne veux plus te voir comme ça...

- Quand repartons-nous ?

- N'évite pas le sujet, dit-il durement.

- Il n'y a rien à dire Aragorn, je devais au moins essayer, je te l'ai déjà dit.

Mon ton était dur, mais je ne reviendrais pas sur mon choix et ce n'étaient pas les yeux sinistres d'Estel qui me ferait changer d'avis. Il n'ajouta rien et après un simple soupir nous avions continué en silence jusqu'au talan du guérisseur. Nous étions rentrés pour le voir affairé à réaliser des tisanes de feuilles séchées. Il posa sur moi un regard de colère à l'instant même où nous étions sortis du couloir.

- Alors, te voilà debout.

Oui comme tu peux le voir, dis-je en me préparant au pire.

À cet instant Legolas entra en trombe dans le talan et s'arrêta net en me voyant avec Estel. Il y eut un long silence avant qu'il ne fasse un pas en arrière, hébété.

- Je ne veux pas savoir ce qui t'a mise dans cet état Maliha, mais tu dois comprendre que j'ai failli ne pas pouvoir te ramener, continua néanmoins Holorïn sans y prêter attention.

- Je n'ai pas eu le choix. J'ai eu du mal à remonter et les orcs m'attendaient à la sortie.

- Tu veux dire que tu as remonté ce gouffre ? dit Estel complément perdu.

- Exactement.

Legolas passa devant nous pour s'asseoir sur le divan en posant les coudes sur ses genoux. Il était pâle et les yeux gris d'orage, la mort du magicien l'affectait plus que je ne l'aurai pensé.

- Vous êtes une idiote, dit-il.

Mon sang se figea. Ses yeux me dévisageaient avec une colère sans précédent.

- Avez-vous un instant imaginé que nous aurions pu être attaqués avant d'atteindre la Lórien ? Vous êtes ici pour protéger le porteur de l'anneau, pas pour accomplir des tâches suicidaires.

Je ne savais pas quoi penser... Une sueur froide dégoulina dans mon dos. Et un mélange de colère et de tristesse me pris sans que je n'arrive à le contrôler.

- Legolas, dit fermement Aragorn à côté de moi.

- Quoi ? il enchaîna avec un sourire de haine. N'est-elle pas là pour ça ?

Je fermais les yeux pour avaler ses mots... Je venais de refaire surface et avaler ses reproches était la dernière chose que je souhaitais... En même temps je serais peut-être débarrassée...

- Je devais essayer, dis-je encore d'une voix tremblante pour me convaincre intérieurement.

Il se leva d'un bond, pour se placer rapidement devant moi et me défier des yeux.

- Pour quel résultat ?

Je ne pouvais répondre, pas devant ce regard que je ne comprenais pas. Pas devant ce visage qui se décomposa en une fraction de seconde pour y laisser place à ce qui me semblait être de la tristesse.

- À quel prix ? finit-il en fronçant les sourcils.

- Le prix ? je demandais à fleur de peau dans une conversation de non sens.

- Maliha. repris Holorïn. Ce que veut dire Legolas c'est que j'ai dû te déboiter l'épaule pour la replacer correctement, refermer la plaie dans ton dos et par-dessus tout, fracturer ton bras droit pour créer une soudure plus convenable et tu n'as pas idée de ce que cela m'a coûté...

Il n'y avait pas de haine ou de colère dans les paroles du guérisseur, seulement de la tristesse. Legolas me dévisageait toujours et plissait les yeux aux mots qui résonnaient dans la pièce. Mes émotions se mélangeaient et ce qui était il y a quelques secondes encore des certitudes, furent réduites en cendres. Les pupilles grises devant moi semblent implorantes, suppliante et folle...

- Je suis désolée... dis-je dans un murmure en n'ayant que ses mots là sur les lèvres devant sa peau pâle.

Après un lourd silence, il soupira et partit sans rien ajouter de plus. Je ne m'étais pas retournée, juste écouté les pas légers qui s'éloignaient, et chacun d'entre eux me brisait le cœur.

- Je ne peux pas imaginer non plus le poids sur tes épaules. Je sais ce que tu as combattu et c'est un miracle que tu sois encore là. Mais si tu veux pouvoir continuer à protéger les gens que tu aimes, tu devras faire plus attention à tes limites. Viens, que je regarde si tout va bien.

Il m'entraîna dans une autre pièce suivie par Estel et je me laissais faire l'esprit tourmenté. Il était perdu dans les phrases de Legolas et le souvenir de ses yeux tristes. Je ne comprenais pas... Les mots étaient encore tellement loin de l'expression au fond de ses yeux. Pourquoi m'aurait-il surveillé pendant deux semaines, alors que Rilomë vivait ici ? En le regardant s'asseoir sur le divan, j'avais cru me rappeler quelque chose, mais mes souvenirs n'étaient que des écrans de fumée.

- Un Balrog alors ?

J'attachais mon attention aux yeux d'Holorïn qui examinait mon bras droit avec inquiétude.

- Oui... J'ai su quelle était ma limite à l'instant même où sa lame a frappé la mienne.

- Tu as croisé le fer avec lui ? Je m'étonne même que tu n'ais eu qu'un os mal soudé. Même Glorfindel n'en a pas réchappé. Pourquoi avoir sauté Maliha ? Si tu savais que tu ne pouvais rien faire ?

- Je devais essayer de remonter Gandalf. J'ai réussi à les atteindre, mais le Balrog m'a balayé... Je me suis retrouvée sur une corniche dans le noir, tout était fini... Mon Dieu Gandalf... ma voix se tord.

Le souffle me manquait... Les images défilaient dans ma tête comme un stylo sur une feuille de brouillon...

- Maliha écoute bien ce que je vais te dire, il prend mon visage entre ses mains. La chute de Gandalf n'est en rien de ta faute. C'était un accident, les Balrog sont des êtres hors du commun, un fléau qui dépasse l'entendement. Je ne vais pas te dire si tu as bien fait ou non, c'est ainsi que cela devait se passer, c'est tout ce qu'il y a à dire.

Je laissais les larmes couler en silence sur ses mains. Puis me blottie contre lui en retrouvant le souvenir du regard suppliant de Gandalf. De la chaleur du feu contre la peau, de la douleur dans mes os, des yeux effrayés de Frodon et la peur qu'il n'ait pas survécu... De la course effrénée à travers les couloirs, les hurlements, les tambours qui faisaient vibrer nos pieds... De la main chaude enfermant la mienne face à la terreur... À cet instant, j'aurai souhaité... Là maintenant, je m'en rendais bien compte... Et cette pensée me fit horreur... J'aurais tant souhaité me réfugier dans les bras de Legolas.

Retrouver la même chaleur autour de moi que celle de mon saut vers lui. La seule fois où je crus à une mort certaine... Sentir sa main passer dans mes cheveux et son souffle murmurer, encore et encore à mon oreille : "Je te tiens, c'est terminé, calme toi...".

J'étais fatiguée... Tellement fatiguée et triste au-delà des mots. La perte, toujours cette même perte des personnes que j'aimais et cette même impuissance... Je laissais sortir un sanglot et Aragorn serra sa prise.

- Je suis désolée... dis-je encore en me détachant de lui.

- Tu n'as pas à l'être Maliha, la seule chose que nous souhaitons, c'est que tu prennes soin de toi. Que tu restes en vie...

- Legolas a raison, si jamais vous aviez été at...

- Legolas a eu très peur Maliha, même s'il te fait croire le contraire. Ne regarde pas ses mots, mais écoute ceux qui se cachent. Et je te le répète, cela devait être ainsi.

Holorïn prit mon bras et passa en revue chacun de mes os. Il manipulait chaque articulation sans rien dire. Les rayons du soleil commençaient timidement à traverser les branches de la forêt quand il me laissa partir. Je suivis Aragorn, toujours perdue dans mes pensées. Essayant de chasser les réflexions puérils en arrivant au camp. Frodon se tenait debout, immobile avec Sam et les autres. J'affichéais un sourire triste alors qu'il me regardait sans un geste.

- Maliha.

- Frodon...

Il s'approcha et je m'agenouillais devant lui.

- Je suis désolée Frodon, je n'ai rien pu faire...

- Oui, je suis attristé que Gandalf ne soit pas avec vous, mais la joie de vous voir devant moi me remplit Maliha.

Je souris tristement.

- Vous nous avez fait une belle peur Madame, quelle idée de plonger dans ce gouffre ! lance Boromir.

- Comment avez-vous fait pour remonter ? demande Pippin.

- Avec mes bras, pardi ! dis-je en riant.

Vous êtes un phénomène Maliha, enchéri Merry.

Il y eut un lourd silence. J'essayais de raviver les sourires, mais visiblement la tristesse était toujours parmi nous et ne nous lâchera pas de sitôt...

- Souhaitez-vous une tresse Madame ? demanda timidement Sam.

Ses mots qui me marquèrent au fer rouge. Cette touche délicate de normalité au milieu de ce cauchemar..

- Oui Sam, je veux bien.

oOo

Nous étions restés au camp longtemps pour discuter. Merry et Pippin racontaient que les elfes ici étaient inabordables par rapport à ceux qu'ils connaissaient à Fondcombe. Sam ne disait rien, tressant mes cheveux doucement en riant à quelques blagues. Frodon lui semblait inquiet, triste et déconcentré. Boromir, lui aussi mal à l'aise et je tournais un regard interrogatif à Estel, qui me répondit d'une mine grave silencieuse.

La journée s'écoula lentement, mais pourtant elle était bien remplie. Je me présentais devant la dame après le déjeuner, pour lui adresser mes remerciements. Elle était toujours la même, avec son regard lointain et sage.

- Quelque chose me dit que Gandalf ne devait pas être sauvé Maliha. Nous ne savons pas encore quel était le but de ce destin, mais je suis certaine que nous trouverons les réponses bientôt. Alors ne restez pas affligée par sa perte. Votre courage est grand, fille d'Illuviné et je sais que les membres qu'ils restent de cette compagnie sont sous bonne garde.

- Je ferai de mon mieux ma Dame.

- Comme toujours, je le sais... Maliha, comme je l'ai dit aux autres avant vous, l'égarement gronde dans cette communauté. Vous devez rester vigilante, autant sur ce qui vous entoure que les personnes à l'intérieur.

- Ne vous inquiétez pas ma Dame, je sais qui surveiller, je me surveille moi-même d'ailleurs... Dame Galadriel, mes cauchemars ont redoublé depuis notre départ, je ne crains que cela soit lié à ma proximité de l'anneau.

- Cela oui, ou simplement le fait que l'obscurité est de plus en plus présente, nous le sentons tous.

- Je vois.

- Restez sur vos gardes et prenez le repos que vous avez mérité. Peu d'entre nous ont croisé le fer avec le démon du feu et encore moins sont en vie pour en parler...

Je fis un signe de tête avec respect, qu'elle me rendit.

- Vos épreuves ne font que commencer Maliha, mais ne puisez pas trop profondément dans votre obscurité. La colère ne mène qu'à la souffrance, faites confiance à votre cœur et ne le laissez pas abandonner.

Longtemps les mots restèrent dans ma tête alors que je marchais sur les plateformes blanches. Dans quelques jours nous serions repartis, le temps pour moi de finir de récupérer et nous entamerions la partie la plus difficile et la plus périlleuse du voyage. Perdue dans mes pensées, je regagnais mon talan en silence, la fatigue d'une telle journée. Ma force me tenait debout, mais finalement la fatigue était bien plus lourde que je le pensais.

oOo

- Elle dort encore, lança Aragorn.

- C'est bien normal, son corps ne peut pas encaisser comme ça sans broncher. Aragorn tu dois la surveiller, dit Holorïn sérieux.

- Comment voudrais-tu qu'elle m'écoute...

- A-t-elle sombré ?

Aragorn réfléchit quelques instants.

- Il me semble que oui, face au Balrog, j'ai à peine reconnu sa voix.

- Béni les Valars de l'avoir entendue parler...

- Que veux-tu dire ?

- Eriador ne parlait pas quand l'obscurité le consumait, il ne pouvait pas dire un mot.

- Alors tant qu'elle parle, cela veut dire qu'elle maîtrise ?

- Oui c'est ce que je pense, il soupire. Un œil rouge ?

- Oui.

- Si jamais il y en a deux, tu devras faire le nécessaire.

Holorïn le regardait sans ciller, les mains appuyées sur la table de bois.

- Elle me l'a déjà demandé et j'ai refusé Holorïn. Jamais je ne pourrais la tuer.

- Il en va de votre survie.

- Holorïn, je ne pourrais pas.

Il soupira en réfléchissant.

- Maliha sait très bien ce qu'elle est, je sais qu'elle a demandé à Glorfindel de le faire et qu'il avait accepté. Sachant cela, elle n'a pas pu partir dans cette quête sans être certaine d'avoir une solution de repli... lança le guérisseur.

Aragorn comprit instantanément ce que le guérisseur voulait lui dire. Holorïn se retourna pour éviter son regard et continuer à réaliser le mélange d'herbe qu'il avait interrompu.

- Tu crois qu'elle le lui a demandé, c'est ça ?

- Je ne le crois pas, j'en suis certain...

Il y eut un instant de silence. Un silence pesant et aucun d'eux ne savaient s'ils devaient ou non rentrer dans le vif du sujet.

- Cela me semble compromis, lâcha finalement une voix derrière eux.

Les deux se retournèrent pour voir Haldir rentrer dans le talan une sacoche à la main.

- Pardonnez-moi, je ne voulais pas écouter aux portes. Je suis venue vous apporter les plantes que vous aviez demandé Holorïn, dit-il.

- Vous êtes amplement pardonné Haldir.

Il déposa le sac sur la table et l'ouvrit en soupirant.

- Je ne connais pas beaucoup le prince de le Fôret Noire, mais en trois mille ans, j'en sais assez pour savoir que je ne l'avais jamais vu ainsi, dit-il en retirant les plantes du sac.

- Et moi, je ne l'ai même pas vu... soupira Aragorn en baissant la tête.

- Vous n'avez pas les yeux d'un elfe Estel, ria doucement Holorïn. Quoi qu'il en soit, Haldir a raison, cette possibilité est compromise... Son masque a déjà beaucoup souffert depuis la dernière fois que je l'ai vu, cela m'étonnerait donc qu'il puisse le faire.

- Je suis de votre avis, lança Haldir.

- Vous le saviez-vous aussi ? demande Aragorn à Holorïn.

- Depuis votre précédente visite.

Le rôdeur soupira désespéré. Il s'en voulait de ne pas avoir fait plus attention.

- Est-elle réveillée ? demanda le garde.

- Oui depuis cette nuit, mais elle dort de nouveau, répond Aragorn.

- Qu'avez-vous l'intention de faire ?

Aragorn afficha un visage frustré.

- Rien, je suppose...

- Il n'y a rien à faire... Ils sont aussi têtus l'un que l'autre, laissons le temps faire son devoir, dit Holorïn.

- As-tu vu sa réaction ? demanda Aragorn excédé. Il m'a clairement dit qu'il n'accepterait jamais ses sentiments.

- Cela deviendra une nécessité, Estel tu le sais aussi bien que moi. Qu'il ne dise rien par orgueil est une chose et connaissant son sang cela ne m'étonne même pas, mais ce dont je suis certain, c'est qu'il ne la laissera pas sombrer, finit le guérisseur.

- Espérons... Espérons...

Il y eut un long silence où chacun méditait sur la question. Pour les trois hommes, cet amour était un cas unique et sans précédent.

- Qui l'eût cru ? enchaîna Haldir en tenant ses hanches.

- C'est en effet une situation hors du commun. Si on laisse de côté l'aspect tragique de l'affaire, je dois dire qu'après trois mille ans, voir le prince de Vertbois-le-Grand épris d'une humaine est une chose à laquelle je ne m'attendais pas le moins du monde, rie Holorïn.

- Attendez-vous à voir vos épaules mouillées mes amis... Plus d'une elfe sera déçue ! dit Haldir en faisant signe de partir.

Aragorn lâcha un soupir amusé. Pour lui, Maliha méritait tout le bonheur du monde et il le lui souhaitait chaque jour. Mais celui-ci semblait plus que compromis.

oOo

J'étais bien dans mon bain chaud, regardant par la fenêtre les branches qui dansaient doucement. Malgré le bien-être de l'eau brûlante, l'intérieur de mon âme était, elle, froide. Glaciale même. L'environnement me paraissait gris... Les cauchemars ne m'avaient laissé aucun répit et mes sentiments n'étaient qu'un mélange confus et difformes.

Je devais méditer, c'était une nécessité. M'entraîner aussi, ne sachant pas si j'avais encore la force de tenir à nouveau Laureline. J'ouvrais la porte en partant, pour tomber sur Frodon la main levée, prêt à frapper.

- Frodon ?

Il resta sans rien dire quelques secondes, l'air déstabilisé et hésitant.

- Vous désiriez me voir ? je demandais dans un sourire.

- Je dois dire que oui... Mais vous semblez vouloir sortir alors...

- Non non, ça peut attendre, entrez.

Je le laissais entrer en refermant derrière lui.

- Je ne vais pas passer par quatre chemins... il commença. Je ne sais pas à qui parler et je crois que le faire avec vous est ma meilleure option.

- Si vous le dites, dis-je dans un sourire.

Il s'assit sur le divan en retirant sa veste avec un air perturbé et soucieux. Les cernes sous les yeux, les cheveux ébouriffés plus qu'à l'habitude et pâle comme un linge.

- J'ai eu un entretien avec la dame des Galadhrim, dit-il.

- Laissez-moi deviner, le miroir ?

- Exact... il soupira en triturant ses doigts.

- Et vous êtes perturbé par ce que vous avez vu.

- Oui...

À partir de là, je me tus. S'il voulait parler, qu'il le fasse, les révélations du miroir étaient personnelles. Pour ma part, je ne souhaiterais les révéler à personne, hormis peut-être à mon cercle proche. Je m'asseyais en tailleur à côté de la cheminée en le regardant chercher des yeux n'importe quoi qui pourrait le détendre.

- J'ai vu la Conté brûler... J'ai vu ce qu'il se passerait si jamais j'échouais... Maliha, l'ampleur de ma tâche...

Il ventilait rapidement, devenait pâle plus encore, mais il se reprit rapidement.

- Maliha... Avez-vous changé depuis que vous avez été appelée ? Avez-vous toujours été ainsi ?

Changement de sujet brutal, je me suis dit. Mais peut-être que sa réflexion était beaucoup plus profonde que celle qu'il venait d'annoncer plus tôt.

- Non, non... Je n'étais pas celle que je suis aujourd'hui. J'étais brune, déjà, sans force et pouvant mourir de n'importe quelle blessure tout comme vous.

- Et votre esprit ?

Après tout, lui aussi avait un poids à porter, ma situation lui serait donc familière. Cela voulait-il dire qu'il avait changé lui aussi ? Le mal engendré par l'anneau le prenait-il ?

- Legolas croit que les Titan sombrent par envi, ou excès de pouvoir. Qu'ils s'offrent au mal parce qu'il a plus à donner que le reste du monde sans doute, mais la réalité est tout autre... Les Valars nous ont offert l'ouverture de l'âme, cela veut dire que nous ressentons à la façon des elfes... Mais pour moi c'est un cadeau empoisonné...

- Pourquoi ?

- Je suis jeune Frodon... Pour un elfe, je suis une enfant, gérer mes sentiments est une chose difficile. Alors, partir en guerre, tuer et perdre les êtres qui me sont chers m'affecte comme eux... La joie est démesurée, l'amour incontrôlable, la colère assourdissante, la peur infranchissable, la tristesse me met à genoux et je suis une enfant dans l'art de les maîtriser. Il y a une part de moi, une part qui m'a été offerte par Sauron il y a bien longtemps et je pense qu'il l'a offerte aux autres aussi. C'est une ombre, bien tapis au creux de mon âme qui attend qu'une seule chose, celle de me dévorer. Les elfes ne peuvent comprendre les titans Frodon, car ils ne savent rien des épreuves que notre âme endure durant notre tâche. Mais lui, lui, le sait parfaitement et il attend sagement. Quand mes sentiments sont trop forts, je laisse l'ombre prendre le contrôle et je ne ressens plus rien. C'est une libération, une manière de ne plus me sentir submergée, mais il grignote mon âme à chaque fois que je la laisse faire.

- Alors, vous n'êtes plus vous-même ?

Pourquoi je semblais lire de l'espoir dans ses yeux sur une chose si sombre...

- J'arrive à me contrôler, je sais ce que je dois faire et pourquoi, mais je n'ai plus d'émotions.

- Maliha, j'ai aussi changé... Je vous l'ai dit, mais j'ai aussi l'impression que ma personnalité se modifie... J'ai peur de devenir plus sombre, comme si je devenais comme lui.

Alors il voulait en venir là...

- Avez-vous mis cet anneau ? je demandais en désignant l'objet autour de son cou.

- Oui, mais trois fois seulement. La Dame m'a mis en garde de ne plus le faire, ce que j'avais déjà prévu de faire d'ailleurs. En vous entendant, j'ai l'impression de me reconnaitre. À chaque fois que j'ai mis cet anneau, une partie de moi s'en est allée.

Je fronçais les sourcils. C'était, en effet, comparable à ma situation. Pour Sauron, nous étions les pièces d'un échiquier complexe établi sur l'endurance de nos âmes visiblement.

- Il vous faut être prudent... Je ne pensais pas que l'ennemi pourrait autant toucher cette communauté...

- Gandalf m'avait dit que le mal n'était pas présent qu'à l'extérieur, mais aussi à l'intérieur, dit-il.

- Ne vous en faite pas pour moi Frodon, j'ai ordonné à Legolas de me tuer au moindre écart et nous savons tous les deux qu'il le fera sans hésiter, dis-je dans un sourire rassurant.

- Je ne me méfie pas de vous Maliha...

Alors, il l'avait remarqué. Il avait vu que Boromir avait déjà changé depuis notre départ.

- Le seigneur Boromir est sous bonne garde, nous le surveillons discrètement avec Aragorn, même si je pense qu'au fond de lui, il reste loyal à cette quête, il est un esprit qu'il est facile de faire basculer.

- Et si c'était moi ? dit-il en levant des yeux durs.

- Que voulez-vous dire ? je demandais perdue.

- Si finalement, je n'arrivais pas à jeter l'anneau ?

- Frodon ne vous posez pas cette question, il y a encore beaucoup de chemin à parcourir, il est trop tôt. Vous n'êtes pas seul. Et même si vous l'étiez, je peux sentir à travers vos yeux et à travers vos actes jusqu'à maintenant, un courage insoupçonné qui nous façonne tous. Je ne crois pas que cette tâche devait être attribuée à un autre que vous, que ce soit bien ou mal, c'était à vous de le faire. Aillez confiance au destin que les Valars vous ont tracé, car je sais qu'ils ont fait le bon choix. Ne perdez pas espoir, vous êtes l'espoir...

Il sourit, mais je voyais bien qu'il n'était sûr de rien, comment l'être ?

- Que les Valars me protègent.

- Ils le feront, Frodon.

Je le vis plonger dans la torpeur un instant.

- M'accompagnerez-vous à l'entraînement Frodon ? je demandais pour apaiser les nos coeurs.

- Avec joie.

Nous étions sorties du talan pour descendre vers la salle d'entraînement. Il me paraissait déjà un peu plus léger, discuter lui avait visiblement permis de s'adoucir un peu. Il resta là, avant que Sam et les deux autres ne le rejoignent pour me regarder manier Laureline précautionneusement. Pendant une heure ou deux, je restais à enchaîner les passes les unes après les autres alors que je les entendais rire de bon cœur.

Je méditais encore deux bonnes heures à côté d'eux sans aucune gêne particulière. Après ça, je les raccompagnais au camp pour voir Aragorn discuter avec Boromir. Mes sourcils se fronçèrent à la vue du visage triste et perturbé du chevalier. Estel me lança un regard inquiet alors que je posais Laureline contre l'arbre le plus proche. Legolas et Gimli étaient absents, venant de l'elfe cela ne m'étonnait absolument pas, mais de Gimli...

- Savez-vous où est Gimli ? je demandais dubitative.

- Oh, il est parti plutôt avec Legolas pour une visite de la cité, répondit Sam.

- J'y crois pas, je lançais tout sourire.

- C'est pourtant vrai, il est venu ce matin. Il est rare de le voir depuis plusieurs jours, dit Aragorn revenant vers nous.

- Je l'ai vu avec une elfe hier et je peux vous dire qu'ils ne semblaient pas éplucher les patates ! dit-il avec des yeux malicieux.

- Pippin... râla Merry en lui tapant l'épaule.

- Quoi ?! Ils étaient juste tous les deux sur un balcon là, comme deux...

- Pippin ! Saurez-vous un jour tenir votre langue, la vie privée du seigneur Legolas ne vous regarde aucunement ! réplique Sam en lui jetant un oreiller.

Rilomë... Je soupirais en levant les yeux au ciel comme si l'entendre ne me faisait rien. Estel esquissa un sourire en s'approchant de moi et posa une main sur mon épaule.

- L'entraînement était bien ?

- Épuisant, mais bien, oui.

- Nous partons dans deux ou trois jours, seras-tu prête ?

- Bien entendu, dis-je en souriant.

Il retira sa main, mais je l'arrêtais en le voyant partir.

- Boromir ? je murmurais sérieuse.

- Rien d'inquiétant pour le moment. Il est juste un peu perdu.

- Très bien.

- Repose toi, termina-t-il en partant.

- Ah mes amis ! on entendit hurler au loin.

Nous nous étions tous retournés pour voir le nain dévaler les escaliers. Il tenait sur son épaule un sac aussi large que lui et je ris en le voyant sauter des deux dernières marches.

- Devinez un peu ! il lança en arrivant.

Il déposa le sac par terre tel un trésor.

- J'ai réussi discrètement à subtiliser quelques bouteilles pour notre repas de ce soir, il annonça d'un ton fier. Les hobbits dansaient déjà de joie...

La soirée allait-être longue... Repose toi, avait dit Estel... Ben voyons...

oOo

J'avais bu plus que je n'aurais dû, mais par les Valars que cela me faisait un bien fou. Rire aux éclats devant Merry et Pippin faisant les pitres en chantant. Sam grondant le nain dont les gargarismes intempestifs faisaient même vibrer les arbres. Boromir souriait joyeusement et son malaise de la cité elfique semblait s'estomper à mesure que la Lune montait à travers les branches des feuilles dorées.

J'étais assise à côté d'Estel, plutôt avachie contre son épaule d'ailleurs, verre à la main à rigoler comme une jeune fille qui souhaitait oublier un mauvais contrôle de math... J'avais besoin de l'innocence de cet instant entre amis. Amis ? Sans doute, comme toute épreuve, la perte de Gandalf nous soudait... Le temps n'était plus quantifiable, il passait juste sans que nous ne le voyons et à la fin, quand les hobbits s'endormirent les uns contre les autres, les bruits de la nuit prirent possession des lieux.

- Alors ma fille, comment vous sentez-vous ? me demandait le nain d'une voix fatiguée de fin de soirée.

- Mieux, je dois dire...

- Ah tant mieux, votre lame nous sera utile à l'avenir. Mais j'ai eu très peur pour vous.

- Il a raison vous savez, lança Boromir en buvant une gorgée.

- J'ai eu chaud, j'avoue.

- Maliha... murmura Estel.

- Et vous Gimli, Legolas était-il un bon guide ? On m'a dit que vous étiez avec lui. Alors comme ça, on fraternise avec les oreilles pointues ?

- Ma foi, je dois bien avouer qu'il est agréable de converser avec lui parfois et c'est un très bon guide en effet. Mais n'allez pas croire que je suis d'accord avec les mots qu'il vous adresse ! Je lui ai même fait la morale à ce sujet !

- Ne vous faites pas d'illusions... dis-je dans un sourire.

- Vous auriez dû voir la tronche qu'il tirait quand vous étiez alité ! Pâle comme un mort, à ronger ses ongles comme une femme à côté de votre lit ! lance Gimli, riant bruyamment en mimant ses mots.

Je fis une pause alors que j'apportais le précieux liquide à mes lèvres.

- Tu vois que je ne raconte pas que des histoires Maliha, murmure Aragorn à mon oreille.

- Il devait sans doute espérer ma mort plutôt, je fini en prenant ma gorgée.

- Tu n'as qu'à le lui demander... continue le rôdeur d'un ton malicieux.

- Tsss.

Je montais les escaliers avec peine... Je n'étais pas forcément très saoule, mais la fatigue était là et mes pieds semblaient en décalage avec mon cerveau. La stupeur m'arrêta une fois arrivée sur le balcon de l'entrée de mon talan.

Il était là, droit comme un piquet, les bras croisés, me tournant le dos en regardant le paysage. Je savais parfaitement qu'il m'avait entendue... Moi et mes pas lourds, comment n'aurait-il pas pu ? Mais que faisait-il ici au juste ? Ce balcon ne menait qu'ici. Ici chez moi en l'occurrence. Je fronçais le nez en continuant jusqu'à ma porte.

- Vous vous êtes perdu ? je demandais d'un ton lasse.

Oui, oui, d'accord, j'avais pour intention de l'ignorer, mais aux dernières nouvelles une femme pompette avait toujours le choix... Et d'ailleurs ? Pas de réponse ? Je gardais la main sur la poignée en le regardant serrer sa manche sans détourner les yeux de sa contemplation fantomatique.

- Legolas, que faites-vous là ? Ce balcon n'a que mon talan à desservir...

- J'ai oublié un livre, je dois le ramener à son propriétaire avant de partir.

Un silence passa... L'information peinait à monter visiblement, puis je lâchais un rire moqueur discret en tournant la poignée pour rentrer. Je laissais néanmoins la porte ouverte, mais aucun elfe ne passa l'horizon des événements. Il était encore là dehors à regarder le paysage comme s'il souhaitait repousser encore un peu l'échéance qu'il avait pourtant prévue lui-même.

- Vous venez ? j'insistais pour en finir.

Je plaçais Laureline contre le coin du divan en époussetant mes vétements comme une femme fraîche... La porte claqua légèrement derrière l'elfe qui rentra sans rien dire en restant planté sans avancer. Je retirais ma cape et mes bottes d'un geste incertain en poussant un soupir. Je devais bien l'avouer, j'étais complètement déstabilisée et le moindre geste que j'arrivais à exécuter me rassurait... Il s'anima finalement et commença à s'avancer vers mon lit pour récupérer le livre posé sur la petite desserte à côté du fauteuil qu'il devait avoir occupé... Je le regardais faire sans rien dire alors qu'il s'avançait de nouveau pour sortir.

- Legolas, puis-je vous poser une question ?

- Allez-y.

Son ton était froid et glacial comme d'habitude, mais j'avais décidé de prendre mon courage à deux mains et de profiter de l'alcool qui coulait faiblement dans mes veines.

- Pourquoi êtes-vous resté à mon chevet ?

Il devint livide et me contemplait comme si j'étais une Maiar ou quelque chose de surnaturel...

- J'ai répondu au souhait d'Aragorn, dit-il finalement en faisant mine de se retourner.

- Vous mentez... je laissais échapper sans m'en rendre compte.

La colère passa dans ses yeux et il s'avança vers moi à grands pas. Il m'écrasait de sa prestance, détaillant mon visage comme rarement il l'eût fait.

- Que cherchez-vous, fille d'Illuviné ?

- Je ne cherche rien Legolas, je vous pose une question et votre réponse n'est que mensonge.

Pendant un bref instant son visage laissa paraître de la douceur. Il fit un dernier pas en avant et je pris peur en reculant dans le divan derrière moi, finissant par tomber en arrière, complètement déstabilisée. Contre toute attente, il me retint... Serrait fermement mon bras en me ramenant à lui.

- Pourquoi ? je finis par dire presque muette.

Il plissa les yeux.

- Pourquoi Legolas ? j'insistais avec colère en regardant sa main incapable de soutenir autre chose. Vos mots sont durs, mais pourtant... Je ne vous comprends plus, je n'y arrive plus...

- Alors cessez d'y penser.

- Ce n'est pas si simple, dis-je en retirant mon bras vivement. Une insulte et après je sens votre main dans la mienne face au Balrog ,et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres, vous le savez très bien. Mais que cherchez-vous donc ?

Ses yeux me fixaient d'une volonté inconnue et presque sombre.

- Ce que vous semblez voir est une illusion Maliha.

- Alors pourquoi ?! Répondez-moi !

Même après la méditation, je sentais les émotions me gagner et prendre le dessus sur ma raison. La tristesse et la colère baignaient dans l'alcool qui parcourait librement mes veines et la volonté de savoir était plus forte que tout à cet instant. Je ne remarquais que quelques secondes après que mes doigts s'étaient accrochés à sa tunique. Il soupira, puis s'avança vers moi, posant sa main sur la mienne pour la retirer doucement, mais je refusais de flancher.

- Vous êtes saoule.

- Oui. Assez pour enfin pouvoir vous affronter. Alors, répondez-moi...

Il empoisonnait mon poignet. De longues secondes défilèrent, puis le temps s'arrêta en le voyant baisser les yeux sur nos mains. Sa prise se fit plus douce et son pouce passa sur ma peau dans une caresse. Mes doigts lâchèrent prise, mais il me retint de partir.

- Vous êtes un membre de cette compagnie, un membre important malgré ce que je peux en penser. La perte de Mithrandir m'a affaibli un instant et Aragorn avait peur pour vous Il vous aime comme une sœur. Je suis celui qui ne dort pas. J'ai simplement rendu service à un ami cher à mon cœur, voilà la raison.

Je me reculais en ne le supportant plus et retirais ma main d'un geste sec.

- Très bien.

Je me détournais et regardais le feu dans l'âtre comme pour retourner à la réalité, finalement l'alcool n'était pas mon allié. Je l'entendis marcher jusqu'à la porte, mais il s'arrêta sans l'ouvrir.

- Nos querelles pèsent à Aragorn, je veux bien essayer de faire un effort à votre égard.

Je n'en croyais pas mes oreilles, le dévisageant vivement pour y trouver le mensonge. Mais son visage était pourtant sincère... Devais-je me méfier ? Dois-je y croire ?

- Mon cœur me dit de vous croire, mais ma raison me l'interdit, dis-je durement.

- Je ne vous l'offrirai pas deux fois Maliha.

- Commencez par me tutoyer dans ce cas.

Un air surprit passa, avant un faible sourire.

- Si tel est ton souhait.

- Merci Legolas.

Il hésita, restant stoïque quelques secondes, mais finalement posa une main sur son cœur et la tendit vers moi. C'était la première fois que Legolas me saluait officiellement et j'en restais sans voix. C'était un salut respectueux à la manière des elfes, et je le lui rendis sans attendre.

oOo

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