// ... Chapitre quarante ... //
"Lightworker" - Lyktum
Dommm Dom Dom
Mon sang se glaça.
Des cris, des rires... Le claquement des armures...
- Des orcs ! crie Legolas en prenant son arc.
Merde...
Plus je perdais mes yeux à travers la salle et plus la sensation remontait en moi, on était fait comme des rats... Ils étaient probablement des milliers... J'avalais difficilement ma salive en entendant leurs cris résonner dans mes oreilles toujours plus proches.
- On a aucune chance ! crie Frodon.
- Nous sommes coincés ici et ils doivent être des milliers dehors ! Enchaîne Boromir.
Réfléchi, Maliha, réfléchi...
Mon coeur battait dans mes temps et la chaleur envahissait mon corps. Sam prit Frodon contre lui et je vis le regard désespéré de Pippin... Je lisais dans leurs yeux à tous les questre la peur sans nom qui tiraillait leurs entrailles.
- Qu'ils viennent ! Il y a encore un nain dans la Moria qui respire !
- Barricader la porte ! hurle Gandalf en prenant son épée.
Aragorn se précipita vers la porte avec Boromir.
Je ne peux pas rester ici... Me dis-je en retirant mon sac. Il n'y a pas suffisamment de place pour me permettre de combattre confortablement et par-dessus tout, c'était beaucoup trop dangereux pour eux de rester proche de moi... Je sentais la colère parcourir mes veines, je savais ce qu'il me fallait faire... et j'étais déterminée.
Il me faut sortir...
- Aragorn attends ! dis-je rapidement en serrant mes protèges-poignets.
J'échangeait un regard avec le rôdeur qui soupirait en regardant à l'extérieur et baissait la tête de résignation. Je pris la première lame dans mes reins et l'encastrais dans l'autre d'un geste dur. Un frisson passa dans mon dos au son sourd et lourd de l'acier sur le sol. Pas un frisson de peur, non, mais de colère. Elle envahissait mes veines à mesure qu'ils riaient dehors. Des rires cyniques et moqueurs et j'eu envie de hurler...
- Bon, voilà comment on va faire, je vais buter tout ce beau monde dehors comme ça on pourra repartir.
- Maliha...
- Vous allez y laisser la vie Madame, termine Boromir en prenant mon bras.
- Maliha, vous ne pouvez pas faire ça, c'est de la folie ! hurle Frodon.
Ces yeux bleus se remplirent de terreur et Sam le maintenait presque debout. S'il y avait bien une chose que je m'étais jurée de faire, c'était faire disparaître cette peur de ses yeux. Après un soupir, je retirais mon bras de la poigne de l'homme et arrivais à la porte d'un pas déterminé.
- Maliha si vous succombez, nous sommes perdu, me dit le Magicien derrière moi.
- Et si vous ne survivez pas, c'est le monde qui le sera, répondis-je en regardant Frodon.
Estel posa une main sur mon épaule et la serra violemment pour me retenir.
- Enfermez-vous, barricadez cette porte.
- Vous êtes folle ! s'exclame Boromir.
- Laissez faire ! Je crois que la Dame à plus d'un tour dans sa manche les amis ! assure le nain sur la tombe tenant fièrement sa hache. Mais laissez en rentrer un ou deux tout de même !
Une flèche passa devant nous et traverse la salle. Legolas la ramassait rapidement et l'examina.
- Du poison... dit-il avec urgence en la jetant à ses pieds.
Le rôdeur le regarda prononcer ses paroles puis soupira avec inquiétude.
- Es-tu sûre ? murmura-t-il le regard triste en prenant mon bras d'un geste pressé.
- Non, mais c'est en mon pouvoir, alors je dois au moins essayer.
Il ouvrit la porte et je m'engouffrais tout en entendant un grognement grave. Un hurlement à faire trembler les murs.
Doommm Dom Dom
Je ne voyais au loin que les formes noires qui couraient sur le sol de pierre grise. Ils étaient bien des centaines...
- Ils ont un troll des cavernes... lance Boromir d'un signe de tête. Vous ne tiendrez pas !
- Ça ira ne vous en faites pas.
Le sol trembla de nouveau et les tambours grondèrent, ils seraient bientôt sur nous.
- Fermez cette porte ! je criais en me retournant vers eux.
oOo
Aragorn referma la porte sur sa plus grande amie, désespéré. Elle lui adressa un dernier regard qui se voulait rassurant.
Je tiendrai Estel, tu as ma parole, dit-elle en elfique comme dans un murmure à elle-même.
Dans la dernière lumière, la dernière image en face d'elle était cette porte qui se fermait et attrapa une dernière fois le regard de l'elfe. Elle se souviendrait longtemps de ces yeux. Deux yeux fixes, qui suivaient les siens à chaque seconde. À cet instant, elle voulut faire demi-tour, mais c'était son devoir et les yeux paniqués devant elle n'y pourraient rien. Elle vit ses mains serrer l'arc entre ses doigts en faisant un pas en avant, mais la porte se refermait. Elle entendit les hommes la barricader, puis les hurlements du troll et les rires des orcs derrière elle. La colère montait encore, pour atteindre son sommet.
Doooommm Dom Dom
Ils attendaient, quelques flèches se perdirent perdues dans le bois pourri à côté d'eux. Une créature cria, puis un son d'acier froid fendit l'air suivi de nombreux autres après lui. Aragorn et Boromir échangèrent des regards paniqués, mais aucun des deux n'osaient parler de ce son strident qui remplissait l'air dans la salle.
Un son métallique et humide, la chaire découpée, le sang qui coulait, les soupirs des égorgés, chaque son était un supplice... Le visage de Legolas se crispait en entendant la titan émettre un grognement sourd, la main serrant toujours plus son arc, alors que les secondes lui paraissaient des heures.
Ça continuait, encore et encore, en entendant tous les grognements arrachés par la lame. Merry bouchait ses oreilles et Sam fermait les yeux en serrant Frodon contre lui. La panique envahissait le hobbit, il ne pouvait rien faire, il le savait. Cette femme dehors, il la connaissait à peine et pourtant elle venait de passer la porte des enfers seule pour leur donner une chance.
- Aragorn, elle va mourir ! cria soudain Frodon, cédant à la panique.
- Ne soyez pas idiot, c'est une fille d'Illuviné, là dehors ! rétorque le nain.
Le rôdeur poussa un soupir en fermant les yeux, essayant de ne pas entendre les coups derrière la porte. L'acier découpait vite, toujours plus vite, sans jamais s'arrêter. Les minutes étaient interminables. Boromir sentait la sueur froide dégouliner dans son dos, Gandalf priait pour que Maliha tienne, mais il priait aussi pour ne pas ouvrir cette porte et regarder le spectacle accablant que pouvait offrir la jeune femme.
- Par les Valars... murmura Boromir en regardant le sol à ses pieds.
Il marchait dans une substance humide, il comprit pas de quoi il s'agissait au début, mais oui, ses pieds piétinaient du sang, un sang noir et collant. Il recula violemment et Aragorn le retient sans comprendre.
- Boromir ?!
- Regardez...
Aragorn baissa les yeux pour découvrir la marre noir qui se formait devant la porte. Il lâcha Boromir pour reculer à son tour et sortit de la substance moite avec un air médusé.
- Que se passe-t-il dehors?! lâcha Sam, voyant les deux hommes de chaque côté de la porte se plaquer contre le mur.
- Ce pour quoi elle est là ! répondit Gandalf en tenant son épée fermement.
Dom, dom, dom
Ils ne la virent même pas passer.
La porte explosa d'un fracassement épouvantable, dans un amas de poussière. La pièce fût envahie d'un nuage épais d'une odeur vieillissante qui prenait le nez. Legolas lui, avait vu l'ombre éventrer la porte, mais il n'était pas certain. Pourtant il l'avait bien vue s'encastrer dans le tombeau maintenant en morceau.
La poussière tournait, lourde, accompagnée du tintement des gravats tombant sur le sol. Après plusieurs secondes de silence, l'ombre se leva du tombeau et un fin sourire passa sur le visage déformé. La forme nette de la titan apparue sous leurs yeux, à genoux. Son bras droit avait une allure délirante et se reformait dans un craquement insupportable. Elle planta la lame dans le sol et s'est relevée doucement. Legolas était figé, il entendait son souffle court, ses cheveux contrastaient dans ce décor obscur et le rayon de lumière frappait son dos recouvert de sang noir.
- Maliha..., murmura Aragorn à côté de lui.
Elle retira une fine goutte de sang de sa lèvre avant de faire un pas en avant. Le hurlement du troll envahit la pièce et tous se figèrent en le voyant à la porte. Il hurlait de colère en crachant sa bave immonde.
Tu n'iras pas plus loin, elle murmura, reprenant une respiration.
Ils n'auraient jamais cru possible ce qu'ils virent ensuite, elle planta la lame dans le sol comme dans du beurre, tendit simplement la main et saisit la plus grande partie de la pierre tombale qui restait de sa chute. La dalle traversa la salle dans un courant d'air violent. Le troll, passant la porte à cet instant précis, ne put l'éviter et le son de la chaire écrasée envahit l'espace.
Maliha n'était qu'une ombre de colère, serrant son arme dans sa main, murmurant des mots incompréhensibles. Elle marchait déjà vers les premières créatures qui tentaient d'entrer. Ils eurent un instant de recul en la voyant approcher, passant la lame d'un son sec derrière elle pour mieux les faucher. Aucune d'entre elles n'eut le temps de seulement penser que leur vie allait finir ici, à cette seconde. Maliha abattait sa colère, découpant sans ménagement le premier d'un mouvement latéral. La suite fût impossible à suivre pour ses compagnons qui la regardaient faire une série de mouvements tous plus impossibles les uns que les autres.
Mais malgré ses efforts, ils arrivaient à entrer par ses côtés, ses compagnons ne restèrent pas longtemps immobiles, car ils furent bientôt tous submergés. Un troll entra de nouveau, alors que Maliha était en son centre aidant les hobbit à se protéger.
- Montez, je vous ouvre la voie ! elle hurla de panique.
Aragorn était occupé à gauche avec Boromir, tuant ceux qui rentraient encore. Gimli sur la droite riant à chaque vie qu'il arrachait en disant que les nains ne s'avouaient jamais vaincus. Le troll prit en chasse Legolas qui se trouvait sur la corniche, mais elle n'avait pas le temps de l'aider, elle jetait juste des regards de temps en temps pour vérifier qu'il s'en sortait. Les hobbits montaient sur les balcons maintenant libérés par la titan. Elle le vit sauter sur la bête, son souffle resta coincé dans sa gorge en le voyant faire. Il décocha une flèche sur sa tête, mais elle se disloqua sur le cuir de la créature. Il retomba à terre et elle prit place à ses côtés, bandant de nouveau son arc contre son dos.
- Viens par là ! hurlait le nain.
Gimli passa à cet instant, découpant la peau d'une de ses jambes, mais cela ne suffit pas à le mettre à terre. Maliha planta de nouveau la lame dans le sol en prenant les armes sur ses cuisses d'un geste ferme. Attendit que Legolas tire sa flèche pour passer devant lui et vider son chargeur sur la créature. Les balles rentraient dans son cuir, il cacha ses yeux d'un bras en s'approchant, les balles étaient complètement inefficaces, trop petites pour une si grande créature. Maliha tira d'un son plat, chargeur vide, indiqua à Legolas des yeux de prendre le relais en passant de nouveau dans son dos pour recharger avant de les ranger.
Elle prit de nouveau la lame entre ses mains pour protéger l'elfe, tuant plusieurs orcs autour d'eux. Legolas encocha une flèche et tira dans son cou. Elle passait de nouveau sous l'arc pour trancher une de ses jambes d'un grand coup horizontal accompagné de Gimli sur l'autre. Il chancela, mais ce ne fut pas suffisant. Elle prit appui sur une pierre à proximité et planta Laureline dans son dos. La lame traversa le large corps comme dans du beurre.
Il était fou, la rage emplissait ses yeux sous la douleur, cherchant par tous les moyens de retirer la lame. L'elfe regardait le spectacle hébété en prenant à nouveau une flèche. Le troll hurlait et attrapa finalement la jambe de la femme dans son dos. La titan, n'eut pas eu le temps de serrer plus puissamment les mains L'elfe écarquilla les yeux, voyant Maliha partir. Il l'entraîna son corps sur le côté, puis le passa au-dessus de sa tête pour l'abattre violemment à ses pieds comme une vulgaire poupée de chiffon.
Elle poussa un cri étouffé au choc dur contre la pierre, élevant de nouveau la poussière autour d'eux. Legolas serra les dents sous le son granuleux du sang qui prenait déjà sa gorge et des os brisés. Il banda son arc et visant la bouche béante qui hurlait la victoire, et elle chanta. Une flèche parfaite, pour atterrir parfaitement où il le désirait, à l'intérieur de sa gorge. Le troll chancela, émettant des gargouillis, les yeux en arrière, mais la vie quittait déjà son regard en s'écroulant sur le sol, alors que Legolas récupérait Maliha dans ses bras.
- Maliha !
Ses yeux étaient perdus, cherchant la lumière. Elle tendit une main tremblante en criant des mots qu'il ne comprenaient pas. Derrière eux, le nain et les autres découpaient encore les créatures dans un brouhaha incessant. Il prit la main tendue, ses bras émettaient encore des bruits étouffés insupportables pour ses oreilles. Ses os bougèrent soudain à travers sa main, car ils reprenaient déjà leur place. Il détourna le regard du visage qui se tordait de douleur en serrant les dents, mais il se refusait à regarder cette horreur.
- Maliha...
- Ça va, je vais bien... elle murmura en se retournant pour prendre appui sur ses bras une fois le travail fait.
Il récupéra un bras pour l'aider à se lever. Il n'osait imaginer quelle douleur cela pouvait être, le rendant malade. Elle s'écroula contre lui, ses jambes étaient parcourues de violents tremblements, son corps n'avait pas encore terminé le travail de sa jambe droite.
- Putain... elle murmura encore dans l'oreille de l'elfe, alors qu'il passait son bras sur ses épaules.
À cet instant, ce si court instant de faiblesse, il passa la porte. Un orc, beaucoup plus grand que les autres. Le regard de Maliha se figea, en voyant la lance dans sa main.
- Arrêtez-le ! hurlait déjà Estel en tuant un orc.
- Legolas... elle n'eut que le temps et la force de dire.
L'elfe contre elle se tendit. L'orc était vêtu d'une cotte de maille noire et luisante. Seule sa langue rouge et humide ressortait de cette image obscure et répugnante. Il hurla des mots en langue noire en voyant Boromir arriver sur sa gauche et brandit rapidement la lance. Sa vitesse était extraordinaire pour un orc. Ses bras semblaient articulés par une force surnaturelle.
Legolas releva la femme contre lui de nouveau d'un geste brusque. Maliha prit une arme sur sa cuisse d'une main, retirant son bras de l'elfe. L'orc envoya Boromir en touche, le choc de la lance contre son bouclier fit trembler l'air autour d'eux d'un son de métal. De ses mains tremblantes elle visa comme elle pue, mais la balle n'atteignit que le mur. Aragorn, d'un grand mouvement horizontal, le rata lui aussi dans une volée. L'orc passait sous les lames, n'ayant qu'un seul objectif...
Legolas tira une flèche, elle atteignit l'orc dans le bras, mais bien trop tard. Car la lance se logeait déjà dans le flanc de Frodon, le projetant contre le mur avec violence.
- Frodon non ! hurlèrent les hobbits en courant vers lui.
Aragorn leva sa lame et dans un fracas strident finit par fendre sa tête. L'orc s'écrasa par terre dans une mare de sang noire.
- C'est impossible... murmurait la titan les mains tremblantes de colère en serrant l'habit de l'elfe entre ses doigts.
Sam détruit la lance pour permettre à Aragorn de récupérer le corps de Frodon qui était pâle et inconscient.
Doomm, Dom, Dom
- Il faut y aller, trouver les escaliers ! hurla Gandalf en ranimant la communauté.
Aragorn, portant Frodon sur son dos, passa les portes derrière le magicien et Boromir. La titan se précipita vers le troll pour récupérer sa lame avant de les suivre. Son cœur battait la chamade, de peur, de tristesse, de colère, elle ne savait plus...
- Gimli ! interpela l'elfe en voyant le nain encore en prise avec un orc.
- Allez ! insista encore Gandalf. Maliha passez devant, ouvrez la voie.
oOo
J'exécutais l'ordre et remontais vers l'avant. On rentra finalement par de nouveaux couloirs d'escaliers étroits, mon cœur souffrant le martyr en voyant le hobbit dans les bras d'Estel. Les bras ballants, le corps mou... Si je n'avais pas faibli...
- Je vais bien, je peux marcher... articula une voix faible.
- Frodon ? Je vous ai cru mort ! répondit Aragorn en posant le hobbit devant lui.
- Je n'ai rien, c'est juste un peu douloureux...
- Par ma barbe, comment pouvez-vous être en vie après ça ?!
- Je suis si content de vous entendre parler M'sieur Frodon ! lança Sam en le prenant par le bras.
- Nous n'avons pas le temps pour ça ! Cherchez un chemin vers la droite et continuez !
- Gandalf, où allez-vous ? Je hurle en le voyant partir vers l'arrière.
Mon cœur était un ascenseur émotionnel incontrôlable. Frodon allait bien, mais maintenant Gandalf décide d'aller je ne sais où, et tout seul qui plus est.
- Continuez, je vais les ralentir !
- Nous n'aurons plus de lumière ! hurle Boromir, Merry et Pippin dans les bras.
- Débrouillez-vous, je dois fermer les portes !
Gandalf partit et l'obscurité nous envahit. L'air nauséabond des cavernes de la Moria me prit les narines et j'eu envi de vomir mon stress. Prenant le bracelet à mon poignet pour oublier la sensation intenable, il fondit dans ma main pour se transformer en petit drone familier. La lumière revint, projetée par l'objet qui volait déjà au-dessus de nous. Elle était, certes, beaucoup plus faible que le bâton de Gandalf, formant simplement un cercle de lumière sur les parois noires, mais c'était déjà ça. Nous n'avions pas perdu de temps et je dévalais les marches en serrant une arme dans ma main, les couloirs étaient de plus en plus étroits.
- Maliha sur la droite ! s'écria Aragorn.
J'abbatais l'orc en trois coup, éblouissant les couloirs, avant de pousser le corps d'un autre du pied. Le son des os brisés dans la chute envahit le couloir et je détournais les yeux.
Dom, Dom, Dom.
- Ma parole, c'est un film d'horreur..., dis-je à moi-même en continuant.
Chaque choc de tambours me faisait frissonner à mesure que je regardais dans un couloir adjacent. Ils semblaient de plus en plus proches, et mon monde se résumait juste à cette partie de cache-cache atroce et épuisante. Le drone éclairait les couloirs les uns après les autres. Derrière, je les entendais haleter, l'air commençait à être irrespirable. Les murs tremblaient, nous déstabilisant tous et un son sifflant arriva à mes oreilles alors que je débouchais dans une autre salle.
- Qu'il fait chaud, c'est impossible, nous nous sommes trompés de route ! lança Boromir surveillant les arrières.
- Gandalf... C'est Gandalf ! indiqua Gimli en regardant vers le haut.
- Que fait-il si loin de nous ? demanda Frodon.
- Regardez son bâton ! indiqua Merry.
Je vis moi aussi la lueur de son bâton alors qu'il essayait de nous rejoindre par les escaliers en haut de la salle. Je crus entendre sa voix dans les murs alors que son bâton s'éclairait d'une lumière blanche aveuglante. Le son fracassant fendit l'air, les murs tremblaient et la lumière devenait nuit de nouveau dans un flash éblouissant. Une flèche sifflante passa à côté de mon oreille. Cela ne finirait jamais...
- Devant, ils sont là ! cria l'elfe. Nous devons continuer !
J'ai avancé, guidé par la faible lumière du drone en tuant les orcs à proximité sur le palier. Malgré la lumière, nous ne pouvions éviter les flèches. Je sortie Laureline, m'en servant comme bouclier faisant de mon corps la seule barrière pour les protéger. Les flèches de Legolas et d'Aragorn sifflèrent à côté de moi qui tenais bon.
- Maliha avançons ! Nous n'avons pas le choix !
- Ils arrivent par les côtés ! crie Boromir.
Alors j'avançais, essayant de percuter les flèches avec Laureline dans des mouvements souples, mais il y en avait beaucoup trop. Même si Legolas et Aragorn protégeaient ma position, c'était beaucoup trop... Et Gimli et Boromir étaient eux occupés à l'arrière. J'ai couru continuant de faire bouclier avant d'atteindre la nouvelle porte. La pluie de flèche s'arrêta alors que nous rentrions dans un nouveau couloir, et rangeais Laureline pour reprendre une arme.
- Attends, attends Maliha, soufflait Aragorn épuisé.
- Quoi ? dis-je les muscles tremblants sous l'adrénaline.
- Je dois te retirer cette flèche.
- Une flèche ?
Je sentis la douleur alors qui l'arrachait à l'arrière de mon épaule.
- Oh..., je murmurais.
Ma peur grandissait au point de ne plus faire attention à mon propre corps. Plus le temps passait et plus elle montait, me prenant la gorge. Mon souffle était court, signe que j'avais perdu du sang. L'ombre remua en moi, pas maintenant... Nous devions sortir et non combattre.
- Elle est empoisonnée. Maliha combien en as-tu reçu ?
- Je ne sais pas Estel, nous n'avons pas le temps pour ça...
- Maliha...
- Écoute, nous devons sortir de là, qu'importe le nombre, j'en ai rien à foutre, de toute façon le poison ne fera effet que dans quelques heures, Frodon doit sortir de là tu m'entends ? C'est tout ce qui compte Estel... Il faut avancer, comme Gandalf l'a dit.
Il me regardait médusé, fronça simplement les sourcils dans la faible lumière avant de faire un signe de tête entendu. Nous avions continué de descendre. J'ai cru que nous allions arriver dans les entrailles de la terre, escalier après escalier, la chaleur était infâme et l'air rempli de cendre et de poussière.
- Bon, ça devrait les maintenir hors de nous un moment !
Mon cœur loupa un battement, mais ce n'était que le magicien en revenant vers nous dans le couloir étroit.
- Gandalf..., murmurait Boromir de soulagement en retirant la sueur sur son front.
Le drône passa devant le visage du magicien, il semblait fatigué et la lueur de son bâton était éteinte.
- Mais où étiez-vous donc ? demanda le nain. On ne voit plus rien ici, la lueur de cette chose est trop faible ! finit-il en désignant le drone de sa hache.
- J'ai fermé les portes avec des sorts, mais je crois que je suis tombé sur quelque chose que je n'aurai pas dû voir... J'ai essayé de fermer la dernière avec le plus puissant que j'avais en mémoire, mais c'était beaucoup trop puissant, mon sort n'a pas tenu, les orcs autour de moi disaient simplement "ghâsh", feu, j'en ai encore des frissons dans le dos...
- Quoi ? demanda Estel.
- C'était quoi Gandalf ? j'ajoutais rapidement.
- Je ne suis pas sûr, mais conservez votre petite lumière, je suis fatigué... Gimli, Gimli, venez là, j'ai besoin d'un bras pour me soutenir. Maliha, continuez d'avancer, il faut sortir d'ici et atteindre le pont...
Nous avions dévalé les escaliers, encore et encore, la chaleur était bientôt intenable. Les gouttes de sueur dévalaient mes tempes et mon cou. Combien de marches avions-nous descendues maintenant ? Je n'en savais fichtre rien, mais le temps me paraissait tellement long, et toujours ces mêmes couloirs puants... Une chose m'inquiétait, nous n'étions plus suivis, mais pourquoi ? Les tambours résonnaient encore, toujours aussi proches, mais plus aucun cri d'orc. La faible lumière du drone ne me permettait de voir qu'à quelques mètres devant moi et la progression était lente et difficile à mesure que la chaleur augmentait.. Je ne savais pas où je posais les pieds et mes mains moites serraient l'arme comme si ma vie en dépendait. Le mot noir qu'avait employé Gandalf résonnait dans mes tripes sans aucune raison apparente.
- Faisons une pause, je suis fatigué... protesta le magicien quand nous avions débouché sur un large palier.
J'entendais son souffle perdu dans la chaleur et les tambours. Nous étions encore sur une esplanade entre deux étages. Je me penchais avec curiosité pour en regarder le fond, mais il n'y en avait pas. C'était juste une abîme rouge de fumée...
- Nous sommes bien descendus, la porte ne devrait plus être loin maintenant. Frodon, j'ai bien cru que vous étiez mort et qu'Aragorn ne faisait que porter un cadavre !
- Non, non je vais bien, un gros bleu m'attend, mais je vais bien.
- Vous êtes un dur à cuire, cette lance aurait transpercé un sanglier ! rigola Gimli en tenant le magicien par le bras pour l'aider à s'asseoir.
- Maliha comment va votre corps ? me demanda le magicien.
- J'ai perdu du sang, mais je tiendrai.
- Tu devrais aussi dire que le poison coule dans le sang qu'il te reste.
- Aragorn... je protestais d'énervement.
- Combien de flèches ? lança néanmoins Gandalf.
Je restais silencieuse. Car en réalité, je ne le savais pas vraiment.
- Trois. lança Legolas. Sans compter le nombre d'os brisés et de plaies béantes bien entendu...
Me retournant vivement vers lui, je le vis poser son arc sur le sol et retirer son carquois sans un regard.
- Vous avez vu ça vous ? dis-je d'un air froid.
Il plongea son regard dans le mien.
- Vous êtes là pour protéger le porteur de l'anneau, vous devriez faire attention à rester en état de le faire.
Un petit air de fierté apparu sur son visage et ma bouche se pinça avant de lancer un soupir en rangeant mon arme sur ma cuisse.
- Je n'ai pas besoin de vos conseils merci...
- Aux dernières nouvelles, une lame émoussée n'a aucune utilité, dit-il dans un sourire narquois.
La colère ne fit qu'un tour.
- Puissent les Valars arracher votre langue...
- Ça suffit vous deux ! cri Aragorn.
Il quitta mes yeux pour faire l'état des lieux de ses flèches sans rien ajouter. Je n'avais pas besoin de ça maintenant, pas dans cette situation, car mon sang froid s'était sauvé depuis longtemps... Je me retournais pourtant, affichant un regard d'excuse à Aragorn en m'approchant du magicien.
- Bon vous avez déjà vu pire, ça devrait aller, mais faites attention, d'ici quelques heures vous ressentirez le poison, prions pour être sorti d'ici là... dit finalement Gandalf dans un murmure pour lui-même.
- Ne vous en faites pas pour moi. Mais Gandalf qu'avez-vous vu là- haut ? Je lui murmurais.
Il me regarde, perdant ses yeux inquiet dans les miens un instant avant de soupirer en tenant son bâton contre lui.
- Je ne sais pas ce qui nous poursuit, mais une chose est sûre, Balin s'est enterré trop profondément et a réveillé ce qui ne devait l'être. Il prend mon épaule. Maliha, vous devez vous tenir prête. Ménagez votre corps, nous aurons besoin de votre force.
Je me relevais le souffle coupé. Le sérieux dans ses yeux me glaçait alors que les tambours résonnaient encore dans les couloirs.
- Allons-y, il faut passer par la grande salle, à gauche, descendre encore pour trouver les escaliers et atteindre le pont, la première salle et enfin, la lumière. Maliha, Gimli, passez devant.
Et nous avions de nouveau dévalé les marches, déboulant dans une autre salle. Elle était immense, remplie de somptueuses colonnes de pierres gigantesques, mais c'était l'enfer sur terre. Par courage, ou par peur, nous nous étions élancé dans l'obscurité pour rejoindre l'autre côté.
DOOOMMM DOM DOM
Le sol trembla sous nos pieds, plus violemment que jamais. Tous se figèrent, perdant presque l'équilibre sous la violence des vibrations. Une brèche s'enflamma sur la droite, fouettant mon visage d'un courant d'air brûlant. Les flammes sortaient comme alimentées par les tambours. Une flèche siffla au creux de mon oreille, puis une autre. Ils étaient là, nombreux, cachés derrière les cendres incandescentes qui flottaient bercées par la chaleur ambiante.
- Rester derrière Maliha ! hurla Aragorn alors que j'en fracassais une avec Laureline.
- Maliha on y va nous n'avons plus le choix, nous devons traverser, atteindre les escaliers! criait le magicien en désignant une porte en face de nous.
- Passez devant, je vous couvre, je répondais d'un geste.
- N'y a-t-il pas un autre chemin ?! demanda Frodon.
- Non, nous devons passer !
Frodon tire sa lame bleutée avec détermination, suivi par les autres. Alors j'ai couru derrière eux... Entourée par la vague de cendre noir qui semblait nous suivre. L'air brûlait mon visage et mes poumons. Les flammes jaillissaient des entrailles de la terre et les tambours résonnaient dans mes tempes.
- En face, la porte, vite ! hurlait encore Gandalf.
Les flèches s'encastraient dans le bouclier de Boromir maintenant en tête. Les des orcs riaient, sortant de partout, des fissures du plafond rocheux, de droite, de gauche, des crevasses dans le sol. Bientôt, une véritable marée d'orcs nous entourait. Les premiers rangs se dressèrent devant l'homme.
- Troll ! hurla Legolas sur la droite.
- On va tous mourir ! enchérissait Pippin en courant dans les talons de Boromir.
- La ferme Pippin et cours ! lança Merry.
- Ils sont bloqués par les flammes, profitons-en il faut continuer ! pesta de nain.
- Ne vous arrêtez pas ! cria encore Gandalf.
Les trolls prirent des pierres et les fracassèrent sur le sol pour créer des ponts de fortune. Les flèches de Legolas sifflaient, elles aussi, derrière moi alors que je continuais, comme Aragorn, Boromir et Gimli, chacun de notre côté, à dégager une route par la force. Ils étaient trop nombreux, beaucoup trop nombreux. Un large cercle se formait autour de nous. Ils riaient encore, nous regardant toutes dents dehors alors que les trolls approchaient à leur tour. La panique prenait mon cœur et les sueurs froides de la peur passèrent dans mon dos.
- Nous n'y arriverons pas ! cria Boromir.
- Ils sont partout ! renchéris Merry
Nous étions encerclés, coincés dans un étau. Obligés de nous arrêter, ils resserraient le cercle autour de nous. D'un geste impulsif, je plaçais les Hobbits derrière moi et tapais un grand coup de pied par terre de colère qui fait vibrer les colonnes de pierre. Les orcs s'arrêtèrent et nous défièrent en hurlant de désarroi.
- Restez bien derrière Maliha ! dit Aragorn aux hobbits.
Je n'arriverai pas à les contenir, c'était impossible, de plus, avec les Hobbits, je serai beaucoup moins efficace.
Mais un grognement lointain fit trembler les murs. Les orcs se figèrent, se regardant les uns les autres. Paniquée, je me tournais vers la provenance du grognement qui retentit encore, dans un râle rauque et puissant. Legolas, à côté de moi, prit une flèche dans son carquois, mais celle-ci tomba par terre comme une brindille. Je le regardais sans comprendre son geste...
Puis je réalisais... Il l'avait juste laissé tomber...
Dommm Dom Dom
Les tambours retentissaient encore et le visage de l'elfe se décomposa... Le temps s'arrêta, je ressentais la panique de Legolas à côté de moi comme si c'était la mienne. Tournant le regard en arrière pour comprendre que la seule issue possible était bel et bien, la mort.
Nous étions perdus...
Au loin, une épaisse masse noire se formait derrière la marée d'orcs, figés, eux aussi, devant cette ombre colossale. Elle grandit, prenant une forme incompréhensible. Les créatures se turent, seules nos respirations faisaient écho dans l'air à présent. Je ne savais pas très bien ce que je voyais, un homme, une ombre déformée... Je ne pue que faire un pas en arrière, écrasée par la masse noir qui atteignait le plafond rocheux.
Des flammes atteignirent finalement l'ombre pour s'étouffer dans un amas de fumée noire et piquante. Il est apparu dans ce mélange brûlant et mes lèvres tremblèrent de terreur... Enveloppé dans le manteau de flammes qui embrasaient sa peau, vint un être maudit, un démon, une naissance digne des enfers.
- Un Balrog... murmure Legolas comme si les mots lui coûtaient la vie.
- Le fléau de Durin... ajoute Gimli en laissant tomber sa hache.
- Alors, c'est ce que je craignais... se désola Gandalf.
Un Balrog. Je faisais face à un monstre de la lignée de celle qui avait ôté la vie à Glorfindel. Le silence était pesant, plus personne, pas même les orcs autour de nous n'osaient bouger. Une pression saisissante se dégageait de la créature, enfermant ma poitrine dans un étau de sidération. Sa grandeur était écrasante... Il prit une longue inspiration avant d'expulser l'air dans un râle assourdissant. Un souffle semblable à une nuée ardente. L'air chaud brûlait mes joues, mes yeux me piquaient, déversant des larmes dans le nuage de cendres. Les orcs gémirent en se sauvant de toute part et le silence revint, annonçant respectueusement la mort elle-même.
Je restais là, figée devant lui, alors qu'il commençait à marcher vers nous. Chaque pas résonnait dans mon corps et l'Ombre tambourinait dans mon cœur. Mais je l'ai faite taire une fois de plus... Le cor de Boromir résonna dans un écho lointain, mais il continuait sa marche ignorant l'intimidation du Gondorien.
- Inutile ! Il faut partir ! cria Aragorn comme pour nous réveiller d'un cauchemar.
Les doigts de Legolas attrapèrent ma main molle... Un geste de désespoir pour me sortir de la transe ténébreuse qui avançait vers moi. Mais ce n'était pas la fuit qu'il réveilla, mais ma colère. Celle d'être prise au piège face à ce monstre m'envahit en un instant, comme si le geste de l'elfe m'avait ravivée. Résistant à son appel, je plongeais mon regard dans ses yeux gris qui affichaient un air suppliant. Je lisais sa peur, sa panique et son impuissance. Ils étaient tous submergés, chaque visage que je rencontrais n'étais que crainte... Nous ne pouvions pas en rester là, Frodon était tétanisé dans les bras d'Estel et ma colère montait, et montait encore...
Ça suffit...
Dégageant doucement mes doigts de ceux de l'elfe, j'empoignais Laureline avec force, avant de faire face au diable en personne. D'une colère bondissante, j'abattais la lame au sol. Je l'avais libérée, puisant une goutte de l'obscurité présente dans mon âme et laissa mon œil gauche brûler.
Les murs frémirent, les colonnes tremblèrent et il s'arrêta. Il était là, devant nous silencieux, semblant nous dévisager et j'ai su à cet instant que j'avais sonné l'heure du défi... La force coulait dans mes veines, la peur s'était apaisée, maintenant conquise par la noirceur de mon âme.
- Courez... je murmurais d'une voix sombre en ne quittant pas la bête des yeux.
Il expira, laissant les flammes sortir de ses narines en fusion.
- Maliha c'est de la folie... murmura Boromir.
- Faites ce qu'elle dit, cet ennemi dépasse vos capacités. Courez !
- Non, non Maliha ! semblait hurler le hobbit derrière moi.
- Reviens en vie... murmura la voix de Legolas à mon oreille dans un souffle qui me piqua la peau.
Une main serra mon épaule, puis glissa sur mon flanc... Ils étaient partis. Le Balrog ne bougeait pas, alors qu'ils partaient tous en courant vers la porte. Je ne le lâchais pas des yeux, alors que je tenais fermement Laureline dans la roche devant moi. Mes jambes eurent envie de courir, de sauver ma vie coûte que coûte, mon courage ne tenait qu'à un fil, par cette noirceur et le simple contact de la main de l'elfe que je sentais encore sur ma peau.
Je dois tenir...
Il inspira encore, gonflant son buste avant de hurler devant moi. Mon visage brûla, mes yeux pleurèrent. Ses dents sombres léchées de flammes n'étaient qu'à quelques mètres de moi, mais je ne pouvais pas fermer les yeux. Il brandit une épée sombre qui s'embrasa et j'arrachais Laureline d'un mouvement souple.
La serrant dans ma main, j'attendais le coup. Elle luisait au-dessus de moi, reflétant les flammes. Je n'avais que pour seule conviction de l'arrêter ici même, mais je me sentais tellement frêle face à lui. Il abattit sa lame et le coup fût d'une violence abominable... Mon genou ploya sous l'impact, j'hurlais en me relevant et le repoussais de toutes mes forces en profitant de son déséquilibre pour lui entailler la jambe, il recula.
Un nouveau coup rapide arriva sur ma droite. Parant, je hurlais encore pour me pousser à tenir, alors que mon âme murmurait la chose impossible quand mes os résonnèrent sous l'impact. Sa force était monstrueuse, impensable... Il me prit à revers, mais plantais mes pieds dans le sol, cassant la roche pour tenir la pression était énorme. Laureline résonnait dans mes bras et je béni Myrimir dans un murmure. Je hurlais à chacun de ses coups, encourageant mes muscles tendus à leurs maximum. Encaissant choc après choc, détruisant le sol pour rester sur mes jambes.
Si j'avais une limite... Elle était là... Juste devant moi...
Combien de temps j'étais restée là... L'adrénaline coulant dans mes veines, à retenir le flux noir de me prendre totalement. Je la sentais anéantir ma peur à une vitesse alarmante, mais je ne cessais de chercher une ouverture en ne voyant que ses jambes en face moi. A chaque fois que j'arrivais à les atteindre, à les entailler, ce n'était qu'en surface, les flammes sortaient de la plaie pour la refermer dans une croûte de lave noire.
D'un coup violent, puisant dans chacun de mes muscles, j'ai abattu ma colère et transperçais sa cuisse. Il hurla alors que je l'avais retirée pour recommencer.
Je n'ai pas compris...
Je plaçais Laureline derrière moi, emmagasinant toutes mes forces dans mes bras et mes jambes... J'eu juste eu le temps de voir la lame de flamme arriver contre la mienne de front pour prendre le coup d'une violence inouïe.
Je roulais...Emportée, en perdant le fil des images qui défilaient et de la douleur de mes os qui se brisaient à chaque impact de mon corps sur le sol.
Un instant plus tard, j'étais là, la tête dans le vide en ayant finalement passé la porte tant désirée plus tôt. Regardant le fond de l'abîme rouge de flammes et de lave sur les marches d'un escalier brisé. La noirceur me noyait, le goût du sang envahissait ma bouche et mon corps n'était qu'un feu ardent ...
- Maliha !
Aragorn....
Sa voix était embrouillée, le son me paraissait si loin, perdu dans le sifflement de mes oreilles... Je me levais doucement, essayant de faire taire les tremblements alors que mon corps terminait la tâche de réparer mes os sans aucune douceur.
Aragorn et Frodon étaient sur une extrémité d'escalier. Je réalisais enfin le spectacle devant moi, les escaliers immenses qui sortaient du vide rouge et brûlant. La douleur me tournait dans ma tête et la sueur dégoulinait dans mon cou, mais elle se gela. Comme pétrifiée en les voyant tous les deux devant un gouffre. L'escalier était brisé, les autres déjà de l'autre côté, ayant visiblement réussi à sauter, mais le trou était maintenant trop grand.
Je réussissais à me lever et faire un pas, puis un autre, traînant Laureline fermement dans ma main qui tremblait sans raison, si le poison... Les lourds pas du Balrog firent vibrer le sol, me faisant tomber à genoux... Je repris un souffle douloureux, avant de me relever aidé de Laureline pour rejoindre l'escalier.
- Maliha ! hurlait Frodon dans la fournaise.
Je fis un signe de main calmement en tenant mes côtes douloureuses.
- Le gouffre est trop grand ! cria Aragorn.
Réfléchir...
Je fermais les yeux un instant, oubliant le sol vibrant des pas du monstre derrière nous et les fourmillements dans ma main. Mes yeux regardaient Aragorn tenant Frodon dans ses bras et les autres sur l'escalier plus bas hurlant des paroles inaudibles... Je levais Laureline pour fendre la roche dans un cri de courage. Elle transperça la pierre et la fissura, détachant le morceau de la terrasse d'où je me trouvais. Je retirais la lame de fatigue pour me retrouver de nouveau à genoux. Aragorn hurla encore, mais je ne comprenais rien.
- Allez, penchez-vous ! je crus entendre un instant plus tard.
Je poussais légèrement le bloc vers les autres. Ils sautèrent, atterrissant indemne dans les bras de Legolas qui me paraissait flou et si loin. Le mur qui nous protégeait de lui tomba en miettes. J'ai croisé le regard d'Estel, un regard de panique en l'espace d'un instant. Je le savais, à l'instant même où leurs visages s'étaient décomposés, je l'avais su, il était derrière moi.
- Fuyez ! je hurlais dans un dernier souffle en sentant la chaleur derrière mon dos.
Il abattit violemment sa lame, et je levais Laureline pour répondre dans un mouvement d'urgence. La tenant au-dessus de moi à deux mains, genoux à terre, pour encaisser. Les os de mon avant-bras droit éclatèrent sous sa puissance et la chaleur de sa lame brûla ma peau... J'ai hurlé à la mort cette fois-ci. Je ne la supportais plus... Top de douleur, trop de fatigue, trop de souffrance. Sa puissance était monstrueuse et je ne pouvais rien faire... Petit à petit, l'idée que je pourrais survivre me quittait...
- Maliha, sors de là !
Mes yeux croisèrent ceux du magicien. Je voulais tant la libérer à cet instant, encore une fois... La laisser me prendre, mais c'était trop tard, la créature me balaya d'un revers de main hors norme.
Un choc sourd et sec.
La poussière m'envahit, mon souffle resta coincé pendant un temps interminable. Tout mon corps vibra de douleur. Je me sentais glisser doucement, mais aucun de mes membres ne voulaient bouger pour me retenir. Je heurtais le sol sans bruit. Tout était flou et rouge devant moi, mon esprit embrumé par la douleur.
- Maliha, relève toi !
Aragorn...
- Maliha debout !
Je le voyais flou durant quelques instants sous les hurlements. Puis ma vue redevint normale petit à petit, au fur et à mesure que j'entendais les sons sortir de leurs bouches. Le sol trembla de nouveau, il était là, à quelques mètres à peine face à eux. La chaleur chauffait mon visage, mes narines respiraient cette fumée noire et incandescente. Il hurla, un rugissement terrible qui réveilla mes sens jusqu'alors endolories.
Comment avais-je la force nécessaire de le faire ? Me remettant sur mes jambes mes jambes, je plaçais Laureline dans son fourreau. La peur me transperçait de toutes parts, pourtant je courais vers les autres. Qu'importe la douleur parcourant mes membres en passant entre ses jambes. J'ai sauté avec toute la force qui me restait sans réfléchir, je voulais juste fuir...
Je plongeais mon regard dans les yeux gris.
L'elfe ouvrit les bras dans un regard déterminé.
Il m'attrapa, encaissant le choc puissant contre lui.
Ses bras m'entouraient dans une étreinte forte et la chaleur de son corps envahissait le mien. J'agrippais son cou, son dos, en m'autorisant à reprendre le souffle d'une peur indescriptible.
- Je te tiens, je te tiens..., il murmura à mon oreille en passant une main dans mes cheveux.
Le souffle court, mon cœur battait la chamade et ma gorge sifflait sous la fumée imprégnée qui irritait encore ma gorge. Je ne pouvais qu'enfouir mon visage dans son cou, fermer les yeux en respirant son odeur en remerciant secrètement les Valars d'être dans ses bras. Un gémissement de terreur sortit, alors que le sentiment que j'avais failli mourir s'immisçait dans mon esprit. Il aurait pu me tuer, m'écraser comme si je n'étais rien d'autre qu'une brindille... Alors je serrais encore l'elfe qui me rendit l'étreinte désespérée.
- C'est terminé, calme toi...
Mes muscles se liquéfièrent quand je me détachais de lui pour regarder derrière, mais il me retint encore une fois de tomber. La douleur commençait à partir et il arriva à me stabiliser en me tenant l'épaule. J'étais à bout de souffle, regardant le monstre rugir de colère.
- Maliha, il faut y aller... dit-il précipitamment en me soulevant encore.
Un grand bruit de roches surgit soudain, il frappait le mur de rage en nous voyant partir.
- Vite ! cria Gandalf
Legolas me prit la main et me tira pour reprendre la fuite. Nous avions descendu les escaliers à toute allure, ne je ne savais pas comment j'arrivais à le suivre, mais sa main serrait la mienne en tirant vers l'avant. Je la lâchais en arrivant dans un couloir étroit, écrasant mon épaule de fatigue contre le premier mur. Il me retint encore, alors que mes jambes tremblantes ne demandaient qu'à céder. Gandalf nous attendait et il arrêta Aragorn en prenant son bras.
- Passez le pont, il est juste là. Que tout le monde passe le pont.
- Gandalf ! rétorqua-t-il.
- Faites ce que je vous dis ! Les épées ne vous sont d'aucun secours ici !
Legolas me tirait de nouveau par la main avant que je ne puisse dire quoi que ce soit.
- Allons-y ! dit-il.
On traversa le pont au-dessus de l'abîme noire avant d'interrompre notre progression une fois la tâche faite en nous retournant vers Gandalf qui s'arrêtait en son milieu. Le Balrog arriva et lui fit face. J'ouvris grand les yeux sachant très bien qu'il ne tiendrait pas....
- Je suis un serviteur du Feu Secret, détenteur de la flamme d'Anor, le feu sombre ne vous servira à rien, flamme d'Udûn ! Vous ne passerez pas !
- Gandalf ! cria Frodon
Gandalf abattit son bâton sur le pont, l'onde de choc puissante et balaya la poussière d'une lumière blanche. Que cherche t-il à faire ? c'est impossible... La peur me saisit, même si je n'ai aucune envie de croiser le fer de nouveau avec cette chose, je ne pouvais pas voir ça.... Je lâchais l'épaule de l'elfe avant de courir vers lui, mais Aragorn m'avais retenu, serrant brutalement mon bras pour me faire tomber.
- Non Maliha, tu ne peux rien faire.
Je le regardais paniquée. Quoi ? Je n'allais pas rester là sans rien faire. Le Balrog lèva un fouet immense et l'abattit sur Gandalf dans un claquement strident. Il le para de son épée, mais fit un pas en arrière. Il n'y arrivera pas ! J'arrachais violemment mon bras d'Aragorn, mais Gimli l'aida à m'arrêter à nouveau. Ils tiraient tous les deux avec force et bientôt Boromir se joignit à eux en voyant que j'arrivais à me dégager.
- Laisse-moi y aller ! j'hurlais au rôdeur. Gandalf !
- Vous ne passerez pas ! cria le magicien en frappant de nouveau son bâton dans un nouvel éclat.
Le Balrog fulminait de rage et s'élança vers Gandalf. Le pont craqua, puis cèda sous son poids. Il tomba dans l'abîme de la Moria sous nos yeux exorbités. Gandalf se retourna doucement dans un soupir rassuré. Mes muscles cédèrent, lasse, mais quelque chose l'attrapa par la cheville. Il chuta, se retrouvant à bout de bras sur le pont, et je ne pouvais faire autre chose que de retenir mon souffle. Il essayait de remonter, mais ne le pu. Aragorn serra mon bras plus fortement, mais j'étais figée, mes muscles étaient tétanisés et mon souffle coupé...
- Fuyez, pauvre fou.
Il se laissa tomber... Impossible... Pas possible...
Le hurlement de Frodon me sortit de la sidération. Je ne voyais plus Gandalf, la panique m'envahit et mon cœur se déchira. C'est impossible, je ne peux pas le laisser tomber, il ne peut pas nous laisser maintenant...
- Non... je murmurais à moi-même.
Poussant Gimli et Aragorn qui ployèrent sous ma force sans un mot, j'ai couru vers le pont sans réfléchir, écoutant juste mon cœur qui hurlait de désespoir.
- Maliha ! criait Aragorn
- Maliha non ! lançait Gimli
oOo
Elle sauta, plongeant la tête la première dans le gouffre sans fond.
oOo
Sorry, j'ai été longue... ^^'
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