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// ... Chapitre huit ... //

"Heavy, California" - Jungle


Aragorn courrait dans les rues d'Imladris, il apporte de la joie et ses rires réchauffent mon cœur. C'est peut-être ça qu'il manquait ici, une vie humaine de plus... J'aime beaucoup les elfes, mais les jours finissent et commencent toujours de la même manière, encore et encore...

Sa mère à décider de repartir dans le Nord, diriger le royaume des Dunedin maintenant sans roi. Il a été décidé que l'enfant resterait ici et élevé par les elfes. J'ai trouvé cela horrible dans un premier temps, mais après l'histoire racontée par la dame du Nord, je dois dire que, oui, Aragorn serait beaucoup plus en sécurité ici qu'avec eux. Les elfes l'on baptisé Estel, en référence à l'espoir qu'il susciterait pour le peuple du Gondor dans un futur proche, l'avenir des hommes est dans cet enfant. J'entends les elfes le chuchoter dans les couloirs et les ruelles quand il passe. Une lignée maudite, disent certains, la lignée déchue des hommes par son nom, mais aussi l'emblème de leur faiblesse. Alors, même ici, les hommes étaient faibles face à l'envi grandissante du pouvoir. Je ne peux le croire, nous n'avons pas la même "mère création", la même essence inscrite au plus profond de nos gènes. Et je ne peux pas croire que je verrais de nouveau voir s'étendre l'orgueil et l'envi. Non ce n'est pas ce que je lis dans les yeux bleus devant moi.

Le moment des adieux était déchirant. Aragorn a pleuré de nombreux jours dans les bras d'Arwen tout comme dans les miens. J'en ai passé des heures à essayer de lui construire des jouets, ils ne les regardaient même pas au début. Mais petit à petit, jours après jours, mois après mois, sa tristesse s'est dissipée. On a fini par retrouver son sourire joyeux et ses rires mélodieux.

Nous passons beaucoup de temps ensemble à jouer aux échecs, à pêcher, à jouer à cache-cache, à découvrir le monde autour de lui et à lui apprendre que chaque chose est importante et liée à une autre... Il grandit à une vitesse fulgurante, apprend très vite, son esprit est vif, intelligent et ouvert à la découverte et au respect. Il assiste souvent à mes entraînements avec Glorfindel, nous regardant avec l'émerveillement d'un enfant devant les lames brillantes sous le soleil. Aujourd'hui ce n'est qu'un jeu, dans l'avenir cela sera malheureusement sans doute son seul outil pour rassembler son peuple.

- Quand je serai grand, je serai plus fort que toi ! me lance t-il

- Faudrait-il encore que tu puisses tenir une épée digne de ce nom mon p'tit, je ris.

Les entraînements sont différents maintenant avec Nordeline dans les mains. Glorfindel me conseil des enchaînements et me guide pour exploiter mes capacités. Car il arrive rarement à tenir et il est difficile pour moi d'enchaîner sans puiser dans mes ressources. Mon combat est maintenant loin de celui des elfes, j'ai trouvé mon propre style, la meilleure façon pour moi d'exploiter ma force.

Nous continuons malgré tout le combat à main nue ensemble de temps en temps, et surtout, la méditation qui est devenue pour moi indispensable pour me canaliser. Ma clairvoyance s'est développée, je comprends et maîtrise mieux mes émotions, mais certaines deviennent explosives, comme la colère, d'autres, comme la peur, me font pâlir. Même si mon premier combat a été une réussite, les nombreuses escapades faites avec Glorfindel par la suite m'ont appris que je ne devais pas prendre cette première expérience comme acquise. Je suis restée figée devant les ennemis arrivant en courant vers moi plusieurs fois. Tétanisée, ne savant pas comment, cherchant une ouverture qui ne venait jamais...

- Ta peur diminuera avec le temps Maliha, me dit l'elfe.

- C'est mon instinct qui me joue des tours...

- La peur est la source du dernier recours pour te dire de fuir. Elle sera toujours présente quelque part en toi, mais il faut que tu l'acceptes. Il faut la regarder et lui faire face. Si tu souhaites protéger ceux que tu aimes, non ce n'est pas facile, je le sais, mais parfois une nécessité. Même si le danger est bien réel, la peur est un choix.

- Je vais essayer...

Longtemps j'ai essayé de l'apprivoiser, de la dresser, d'ouvrir les yeux devant la mort. Au début c'était toujours la même chose, elle me prenait le coeur, le faisant bondir et refroidir comme jamais, mes jambes tremblaient sans raison apparente, juste pour ce sentiment animal et démesuré. Mais petit à petit, mort après mort, j'ai regardé, comme la première fois, j'ai enfin ouvert les yeux pour les affronter directement. A partir de ce moment-là, j'ai su que je pouvais y arriver et à continuer ma tâche.

J'ai réalisé ce que j'étais devenue, sous l'encre bleue s'était créé une créature mortelle. Le mot Titan résonnait dans mes muscles, car maintenant je comprenais pourquoi un tel qualificatif avait été utilisé. Si ma dextérité augmentait encore, je deviendrais quoi, invincible ? Capable de tenir tête à une armée entière, à tuer tout autour de moi sans limite et sans pitié ? La peur pouvait à tout moment devenir la mienne. Qui pourrait m'arrêter dans un âge, voire deux ? Mon dos frissonne sans savoir pourquoi, une ombre semble planer au-dessus de moi sans en saisir le sens. Un jour peut-être comprendrais-je ?

oOo

Mon activité principale, hormis mon entraînement quotidien, était la réalisation de l'arme avec Lindir. Je passais beaucoup de mon temps libre à la forge et on avançait bien et finalement, après des mois de finitions et d'essais catastrophiques, nous avons réalisé des moules dignes de ce nom.

- Aucune fissure Maliha, ils me semblent impeccables. me dit fièrement Lindir.

J'ai regardé les pièces une à une, en effet c'était parfait.

- C'est du bon boulot ! Nous avons réussi, nous tenons la bonne trempe, c'est fabuleux.

- Quelle est la prochaine étape ? me demande l'elfe pressé.

- Nous allons pouvoir couler les pièces, commencer par faire le canon avec le guidon et la mire, puis nous ferons la glissière, le chargeur et l'ensemble des autres pièces, la détente, le chien, je vous laisserai faire la crosse comme vous le souhaitez Lindir, c'est vous l'artiste ici..

Lindir mit deux autres mois pour mettre au point toutes les pièces dans les bonnes tolérances. En deux mois j'avais de quoi monter une arme digne de ce nom. Il en fallut deux de plus pour réaliser des balles et assembler l'arme automatique que je tiens actuellement dans ma main.

Lindir est à côté de moi quand nous finissons de placer le chargeur à l'intérieur de la crosse. Il l'a faite lui-même à la main pendant de longues semaines, incrusté de bois clair finement sculpté de feuilles de chêne et monté en force dans l'acier brûlant. Une fois terminé et brossé, l'objet dans mes mains est un véritable bijoux, j'étais très loin de penser que l'on y arriverai, mais pourtant je le tenais, l'acier noir dans ma main, ma paume contre le bois doux.

- Et maintenant ? me dit-il

- Maintenant on va faire un essai à vide. je souris

Je place fermement mon doigt sur la détente en appuis , le claquement raisonne dans la pièce. Je souris à Lindir.

- Mon cher ami, ça marche ! 

J'appuie plusieurs fois sur la détente rapidement. Aucun bruit suspect ne me vient à l'oreille, le coup est parfait, sans accroche et réactif, pas de jeu dans la gâchette, pas de tintement, parfait.

- C'est tout...

- Comment ça c'est tout ! Vous rigolez ?! C'est génial vous voulez dire ! On a fabriqué une arme à feu dans une forge elfe et elle marche ! Alors non ce n'est pas tout ! C'est un véritable exploit, vous êtes un magicien Lindir !

- Mais ça ne fait que du bruit...

- Un pistolet c'est comme un arc, il lui faut une flèche. Attendez que l'on mette une balle à l'intérieur et vous verrez.

Le lendemain matin, nous étions, Lindir, Glorfindel et moi, rassemblés au camp d'entraînement. Glorfindel avait installé les cibles dont il se servait habituellement pour l'arc. Je lui avais demandé de les renforcer à l'arrière, il les a donc épaissies en ajoutant une couche de foin compacté et une fine plaque de métal d'environ un millimètre d'épaisseur.

- En quoi consiste cette arme exactement Maliha ? demande Lindir.

- C'est comme un arc vois-tu. Je me tourne vers lui et lui montre mes balles. Voici mes flèches et voici mon arc. On place les balles à l'intérieur et on tire... Bon allons-y. dis-je anxieuse.

Je prends une grande inspiration en me tournant vers la cible à environ quinze mètres, en regardant Glorfindel.

- A cette distance c'est relativement simple... rigole l'elfe.

- Le jeu ne consiste pas forcément à tuer de très loin Lindir, mais de tuer le plus vite possible. C'est avant tout pour la vitesse d'exécution que nous avons réalisé cette arme et pour les dommages qu'elle cause.

- Maliha m'a montré des images des dégâts que peut causer cette arme, c'est assez impressionnant.

Je tends doucement le bras et place ma main droite sous le chargeur pour conserver l'aplomb lors du retour. Je vise de mon œil gauche, enlève la sécurité, expire et tire. Un bruit sec, net et fort retentit faisant sursauter les deux elfes. Je sens le retour dans mon poignet et mon bras. C'est fait, je n'arrive pas à croire que ça ai marché sans me faire exploser la tête...

Je me suis retournée toute contente vers mes deux amis pour me retrouver face à deux visage dubitatif, cherchant à savoir où regarder.

- Et bien ? Me demande Lindir. Il ne s'est rien passé, sauf le bruit peut-être...

- Suivez-moi. dis-je en marchant vers la cible.

On s'avance et je montre du doigt le petit trou sur la cible, bien loin du centre...

- Et c'est tout, lance Lindir, tout ça pour un si petit trou.

- Restez là, mais reculez vous un peu quand même, je ne sais pas bien viser.

Je soupire en revenant en arrière. Reprends ma position de base et tire l'ensemble des balles, les unes après les autres sans m'arrêter, j'ai vidé les neuf balles restantes du chargeur. Glorfindel regardait la cible se faire cribler en quelques secondes.

Je retourne vers lui et enlève la cible, elle est trouée de part en part, il en va de même pour la plaque. Glorfindel semble étonné. Il tressaute en voyant que l'arbre est également troué et sur plusieurs centimètres par plusieurs balles. Lindir nous rejoint et ils restent tous les deux perdus devant l'arbre au tronc mutilé. Glorfindel m'a regardé d'un air grave.

- Je comprends ce que tu voulais dire maintenant. Autant quand tu disais que cette arme était puissante, mais aussi sur le fait qu'elle doit appartenir à toi seul.

Je l'ai regardé incrédule.

- C'est beaucoup trop pour nous... J'avais mis en doute tes paroles de ne pas vouloir partager ton savoir, mais maintenant que je la vois de mes propre yeux je comprends.

Lindir en a construit une autre, sa jumelle symétrique, il a gravé le métal de motifs elfiques, c'était maintenant de véritables œuvres d'art, mais des œuvres pour tuer... Il a produit autant de balles qu'il le pouvait avec les ingrédients que Gandalf lui avait donnés et maintenant nous avions de quoi tenir un véritable siège, j'avais assez de munitions pour au moins une année entière. J'ai passé beaucoup de temps à m'entrainer et chose bizarre, jamais Glorfindel n'a voulu essayer de tirer une seule fois, cette arme lui faisait peur. Il ne se sentait pas prêt à l'essayer et peut-être qu'il ne le ferait jamais... D'un autre côté j'étais plutôt contente qu'il ne l'essaie pas, c'était une part de moi qu'à la base je voulais ensevelir, mais si un jour le besoin s'en fait sentir, je serai bien contente de les avoir sur moi. Je me suis tout de même promis de les utiliser qu'en dernier recours, en cas de force majeure, si je n'ai pas d'autre choix.

oOo

La vie est si paisible, c'est si calme, hormis quelques sorties pour surveiller les frontières avec Glorfindel les temps sont calme. Aragorn passe beaucoup de temps avec moi, il se cache souvent dans ma chambre et dort parfois avec moi les jours de pluie ou d'orage. Arwen est partie en Lorient pour quelque temps, quelque temps dans la vie d'un elfe, c'est plutôt des années, car ça doit faire un an qu'elle est partie. Cela ne m'empêche pas de passer du temps à bavarder avec les couturières de tout et de rien autour d'une tasse de thé. Nous sommes devenues proches, et cela me ravit, j'aime énormément Glorfindel, mais une bonne conversation entre fille c'est indispensable.

- Je ne sais pas comment vous tenez le rythme Maliha, vous passez votre temps à vous entraîner, à méditer, à étudier et à aller à la forge pour je ne sais quelle raison. N'avez-vous jamais pensé à faire autre chose ? me demande Sunniva.

- Oh et bien, je commence après une gorgée de thé. Je suis ici avec vous aussi.

- Encore heureux mon enfant sinon on pourrait se demander si vous êtes encore une femme... lance Vairëla.

- Je ne sais pas ce que je pourrai faire d'autre, je suis ici pour apprendre à me battre...

- Vous pourriez avoir des activités plus, comment dire, normal...

- Ah et comme ?

- Broder, dessiner, lire, cuisiner, faire de la musique, peindre, jardiner, vous avez beaucoup d'options vous savez.

J'ai rit quelques secondes avant de reprendre.

- Je ne sais pas si j'ai vraiment le droit de faire cela voyez-vous ?

- Et pourquoi vous n'en auriez pas le droit ma chère ? réplique Vairëla.

- Je ne sais pas...

- Vous êtes une habitante d'Imladris, vous avez autant le droit que nous de faire ce qu'il vous plaît ici.

Je suis restée incrédule à la remarque, il est vrai que je vis ici maintenant, mais de là à pouvoir faire tout ce que je veux...

Je suis sortie d'ici perdue dans mes pensées, Elrond m'avait déjà accordé d'être celle que je suis une fois par mois, ce qui était déjà en soit une très bonne chose et une épreuve pour les elfes. Mais il est vrai que les journées étaient parfois longues et que malgré la présence d'Estel, la routine s'était installée.

J'ai demandé à Glorfindel de diminuer les entraînements, mes compétences au combat s'étaient considérablement développées et maintenant avec les gardes aux frontières il était inutile de conserver une telle fréquence.

- Et que voudrais-tu faire ? m'avait demandé l'elfe curieux.

- Je ne sais pas trop, apprendre autre chose ou simplement faire des choses que je faisais avant.

- Comme ?

- Je dois commencer à apprendre à broder avec Sunniva cette semaine, je voudrais également voir avec le seigneur Elrond s'il est possible d'avoir accès aux cuisines..

- Tu as accès aux cuisines, pas besoin de demander à Elrond pour cela Maliha. Et tu voudrais faire quoi exactement? De la nourriture de ton monde.

- C'est un peu l'idée en effet... Les pizzas me manquent, les cookies me manquent, les pâtes, les hamburgers... Je voudrais faire des conserves de sauce tomate, des confitures, retrouver un peu le goût de chez moi.

- Tu y a le droit tu sais et je serai curieux de goûter tout ça.

Je me suis lancée un peu tous les jours, rien n'était simple, il fallait tout repenser, tout inventer mais j'ai fini par pouvoir me faire une pizza digne de ce nom, des pâtes et plein d'autres choses qu'Estel était ravis de manger de temps en temps. J'ai fait des confitures à chaque saison, des sauces que j'ai mis en conserve. Toutes les recettes et les essais ont été écrits dans un carnet que Glorfindel m'avait offert, il a goûté à chacune des recettes préparées, toujours curieux d'en savoir plus sur mon monde et notre mode de vie.

Ce n'était peut-être rien, mais entretenir mon passé m'a permis de conserver mon identité et de ne pas oublier celle que je suis. Je regardais des films avec Aragorn, souvent les mêmes, car les films que j'ai ne sont pas nombreux hors du cloud, mais j'avais tout de même quelques très vieux Disney qui trainaient, au plus grand bonheur de l'enfant. J'ai continué à scanner les paysages pour les cartographier, Glorfindel s'est finalement habitué à voir planer le drone entre nous. Maintenant j'avais une carte très complète des alentours et il m'arrivait parfois de partir seule en balade pour découvrir de nouveaux endroits, mais également pour me retrouver seul face à la nature.

oOo

J'ai découvert un lac, entre les pieds des montagnes, un lac magnifique d'eau limpide d'un bleu turquoise. C'est devenu mon refuge, mon lieu de méditation et de réflexion, il m'arrive aussi d'y passer l'après-midi en été avec Estel et de simplement poser un drap. Moi, le lac, les larges bandes bleues pâles enroulées autour de ma poitrine, le shorty moulant cousu avec soin par Sunniva et le soleil pour bronzer, juste le sentir réchauffer ma peau et ne rien faire.

- Mais que fais-tu habillée dans cette tenue allongée sur le sol.

- Oh heu, je bronze Glorfindel. Je prends le soleil.

- Qu'est-ce que c'est encore que cette idée ? Couvre-toi !

- Ah non, vois-tu c'est une coutume chez moi, quand il y a du soleil et qu'il fait très chaud comme aujourd'hui, on bronze.

- Il y a des choses que je ne comprendrai jamais.

- Tu n'as pas besoin de tout comprendre...

Je ris en levant la tête de ma serviette.

- Ne sois pas si coincé Glorfindel, n'as-tu jamais vu une femme dans cette tenue ?

Il ne dit rien pendant un moment, détournant la tête, les yeux au ciel.

- Jamais ?! Je sais que tu n'as jamais connu l'amour de l'âme l'elfique, mais tu as bien dû avoir des expériences ? m'étonnais-je.

- Et bien non, rien de ce genre. Dit-il en croisant les bras.

- Je connaissais les elfes prudes, mais tout de même... Tu ne vas pas me dire que ça ne t'as jamais, enfin... Tu n'as jamais été attiré par quelqu'un, juste parce qu'elle est jolie, belle ou agréable à regarder ?

- Ce n'est pas aussi simple Maliha...

Il approche et finit par s'asseoir sur le drap à ma droite, regardant Aragorn patauger dans l'eau.

- Arwen m'a déjà fait un topo tu sais... Je sais que les elfes n'aiment qu'une seule fois dans leur vie. Que ce sont des âmes sœurs, qu'il est impossible de vivre l'un sans l'autre et que si un drame arrive, un elfe peut en mourir. Mais n'as tu jamais trouvé juste quelqu'un d'attirant ? ça n'arrive jamais à un elfe de juste vouloir... Enfin tu sais, le plaisir de la chair quoi...?

- Certains elfes oui, mais pas nous Maliha.

- Certains?

- Les elfes du royaume des bois de Mirkwood par exemple.

- Oui on m'a indiqué certaines différences, mais sans précision.

- Et bien... Ils sont plus... Ils sont moins à cheval sur les traditions.

- ça ne veut rien dire Glorfindel. On m'a dit qu'ils étaient moins "prudes", plus ouverts, mais sur quoi exactement ? Comprends moi, jouer avec les mots n'a jamais été mon fort...

- Disons qu'ils ont la possibilité de se tromper sur leur choix, et que cela ne les dérange pas.

- Ne parle pas avec des énigmes...

- Il est possible pour eux d'avoir une relation intime sans que se soit l'élu de leur âme. Ils partent du principe que le cœur parle avec une coure plus poussée.

- Tu veux dire qu'ils ont des relations charnelles avant le mariage?

- Qu'entends-tu par charnelle Maliha?

- Bon, pardonne moi, mais si on continue comme ça, ça va devenir complexe. Alors, je ne vais pas y aller par quatre chemins, ils couchent ensemble avant le mariage ou pas? Ou ça reste juste de simples gestes comme s'embrasser, s'enlacer ?

Glorfindel m'a regardé avec de grands yeux choqués mais s'est rapidement repris en voyant que je ne l'étais pas le moins du monde.

- Dans toutes les cultures elfiques Maliha, le lien de l'âme vient après... C'est sacré, la seule différence entre nous c'est que, oui, les elfes Silvan pousse un peu plus la cour jusqu'aux gestes que tu as dit. Mais même la race des hommes conservent cette tradition du lien... Cette question n'a pas de sens.

Il m'a regardé droit dans les yeux et j'ai bien vu que la question lui brûlait les lèvres. A moi de voir maintenant si je lui permettais de me juger... Je ne me sens pas mal d'être celle que je suis, mais quand on est peut-être la seule à être justement ce que l'on est, le mensonge peut-être facile à choisir. Je ne mentirai pas à Glorfindel, il est mon ami le plus cher ici et sûrement ce que peut être un meilleur ami à l'heure actuelle, alors je ne pense pas avoir de raison de lui mentir...

- Pose ta question Glorfindel, j'y répondrai.

Ses sourcils se sont froncés d'abord, puis son regard est devenu doux comme s'il avait compris l'enjeu que cela représentait pour moi.

- Votre culture est-elle si différente à ce sujet ?

J'ai soupiré en regardant Estel patauger dans le lac.

- Nous n'avons plus la valeur du mariage. En partant de cette idée, je peux te dire que je n'ai pas attendu et que personne n'attend un amour exceptionnel chez moi. J'ai eu plusieurs hommes dans ma vie, certains que j'aimais et d'autres non, mais j'ai partagé avec chacun d'entre eux le plaisir de la chair. Alors pour répondre à ta question, oui nous sommes très différents.

Il y a eu un long silence gênant, que j'ai eu beaucoup de mal à supporter, surtout en sentant son regard sur ma joue. Déjà que mon monde est très certainement horrible pour lui, maintenant c'est surement moi qu'il trouve horrible. Je dois être souillée, ou toute chose sacrée a disparu...

- Je ne te jugerai jamais Maliha, soit en certaine.

J'ai levé les yeux vers lui en serrant mes genoux contre ma poitrine.

- Hum... j'ai murmuré. J'ai l'impression d'avoir tous les défauts du monde parfois ici, d'être l'incarnation d'un démon, d'avoir commis tous les péchés interdits et sacrés d'Arda, de souiller votre culture.

- Ne dis pas n'importe quoi... ta culture est différente, c'est tout. Si nos rôles étaient inversés, c'est moi qui ne me sentirais pas à ma place... Tu es unique, c'est peut-être dur à porter, mais c'est ce pourquoi tu es forte.

Je lui souris doucement avant de lui mettre une tape dans le dos.

- Je pourrais t'apprendre tellement de choses sur les femmes Glorfindel. Tiens, dis-moi, comment les elfes se courtisent ? Vous avez un rituel pour ça aussi ?

- Et bien, généralement cela dure des années, sauf exception bien sûr car il y en a toujours. Mais en général c'est long, nous prenons le temps de nous connaître, mais le meilleur moyen est la danse dans un premier temps, ensuite on bavarde lors de la promenade, on passe du temps à partager des activités... Il a une ancienne tradition elfique qui permet généralement aux elfes de se déclarer après plusieurs années de cour.

- Ah et c'est quoi ?

- Une danse, on l'appelle la danse de l'âme. Cette danse est très rare lors de festivité ici, mais très courante en Lorien et encore plus à Mirkwood, tu l'auras compris. Elle consiste à danser avec le partenaire que l'on courtise depuis longtemps et de lui montrer son âme pendant la danse.

- Montrer son âme ? Tu veux dire comme quand tu lis en moi ? Mais qu'est ce que cela peut-il faire de particulier ?

- Tu n'as pas suffisamment travaillé ton âme pour pouvoir arriver à ce stade. Mais quand un elfe montre son âme, il montre ses sentiments à l'autre.

- Oh je vois, donc tu danses cette fameuse danse et arrive un moment ou tu montre ton âme pour avouer tes sentiments ? Et si ce n'est pas réciproque ?

- C'est rarement le cas Maliha, cette danse est justement là pour leur permettre de se déclarer officiellement. Mais en effet cela peut arriver, même si je ne l'ai jamais vu, mais il suffit que l'autre ne montre pas son âme, reste "silencieux" pour faire comprendre que l'autre s'est trompé.

- C'est horrible...

- Je te l'accorde, mais au moins les deux partenaires savent à quoi s'en tenir.

- C'est vrai...

- J'ai prévu de t'apprendre cette danse.

- Hein ?

- Pourquoi diable j'apprendrai cette danse au juste ?

- Tu es capable d'ouvrir ton âme et bientôt de parfaitement lire celle d'un autre, tu seras donc peut-être invitée à y participer.

Moi ? Invitée par un elfe ? L'idée ne m'était jamais venue, faut dire que mes priorités était bien loin de celle de rencontrer l'amour... Mais l'idée d'être courtisée par un elfe, un homme serait largement...

Mon cœur s'est serré d'un coup, une goutte froide a parcouru mon dos. Je n'avais jamais pensé à cela... Jamais...

- Glorfindel... Un elfe peut aimer un homme ?

- C'est très rare. Mais c'est déjà arrivé.

Je suis restée silencieuse en réfléchissant à toute vitesse à ma condition, et à l'avenir. Jamais je ne m'étais posé de telles questions, mais si on y regarde de plus près, les possibilités sont minces d'atteindre le bonheur à deux pour moi.

- Maliha...?

- Je viens de réaliser quelque chose...

C'est impossible...

- Quoi donc ?

- Je suis immortelle, mais je suis humaine...

Glorfindel a froncé les sourcils semblant ne pas comprendre. J'ai laissé ma main passer sur mon visage en imaginant un futur tout tracé...

- Je finirai probablement ma vie seule...

- Pourquoi dis-tu ça ?

- Et bien... Réfléchit Glorfindel, je suis immortelle, ce qui veut dire que si je me marie avec un homme, je le verrai vieillir et mourir... Si je veux être heureuse durablement je devrai plutôt me tourner vers un elfe, mais vu ce que tu as dis, ça risque de ne jamais arriver, et les elfes n'aiment qu'une fois... Je dois avouer que je n'avais jamais pensé à ça, mais cette idée me glace le sang pour être honnête.

- Maliha...

J'ai tourné un regard triste vers lui.

- Et les enfants? Si je vis finalement avec un homme, que j'accepte de le voir mourir, que j'ai des enfants, seront-ils immortels ? Ou les verrais-je mourir à leur tour ?

- Je ne sais pas Maliha...

J'ai tourné de nouveau mon regard vers le lac en regardant Estel, mon visage c'est assombri alors que les idées de l'avenir s'anéantissait petit à petit, que mes choix partaient en fumés, que mon avenir s'émiettait pour finalement devenir noir de vide... Mon cœur est devenu lourd et j'ai senti l'amertume et la tristesse, j'étais une arme maintenant, avec tout ce qui pouvait y ressembler, froide, éternelle et solitaire, attendant juste que l 'on ait envie de la sortir de temps en temps en cas de besoin...

- Alors autant partir sur le cas où je reste seul toute ma longue et éternelle vie. Je ne veux pas voir dépérir l'homme que j'aurai choisi, c'est trop dure rien que d'y penser. Un elfe ne viendra jamais croquer un fruit déjà entamé, qui plus est un être hybride, ni homme, ni elfe, ni rien du tout. Je suis condamnée à vivre éternellement seule. Quel cadeau magnifique...

Je passe un kimono et soupire prenant mes genoux entre mes bras.

- Tu ne sais pas ce que l'avenir te réserve, Iluvatar a promis le bonheur aux Titans alors ne désespère pas. L'amour d'un elfe pour un homme est peut-être rare, mais c'est déjà arrivé, tu ne sais rien Maliha.

- Il y a rien de près ou de loin qui me rapproche d'une elfe ou d'une femme humaine d'ici, Glorfindel. J'en suis l'absolue opposée, autant physiquement que mentalement et tu le sais très bien...

- Je ne te l'ai jamais dit, mais tu es une très belle femme Maliha. Tu as énormément de qualités et tu es forte.

- Passe moi tes compliments tu veux, je suis peut-être dans la moyenne d'une femme mais certainement pas d'une elfe.

- Tu as une beauté sauvage, tu ne ressembles à aucune femme que j'ai vu durant ma longue vie. La couleur de tes yeux, la forme de ton visage, ton grain de peau, tes cheveux, ta démarche, ta façon de parler, tes expressions, ta voix, ton accent, tout chez toi est unique, tu n'es ni de la race des hommes ni de celle des elfes comme tu le dit, et c'est ce qui te rends belle Maliha. Tu es belle à ta façon et pour cela je sais qu'un jour cette beauté attrapera forcément le cœur d'un autre, j'en suis certain.

Je regarde Aragorn jouer encore avec le petit canard en bois que je lui ai fabriqué. Avant qu'un elfe daigne me regarder quel âge aurais-je ? Combien d'années se seront écoulées hein ? Combien d'années aurais-je passé seule ?

Le bonheur hein ?

oOo

Huit années se sont écoulées, Aragorn a fêté ses 6 ans hier... Elrond essaie de lui apprendre à lire et écrire depuis quelques mois. Mais il est très dissipé. Le temps passe tellement vite... Je me regarde dans la glace, je n'ai pas changé, je n'ai pas pris une seule ride, mon corps non plus n'a pas bougé, hormis la fine musculature qui a pris forme. A bientôt quarante ans, rien n'a changé.

Et ça c'est quoi au juste ?!

Mon hurlement a dû être entendu dans tout Fondcombe, car on a frappé à ma porte quelques minutes plus tard.

- Maliha, c'est Glorfindel, tout va bien ?

- Non ça ne va pas du tout ! Je ne comprends pas !

Il entre doucement dans la chambre et me découvre à passer les mains dans mes cheveux.

- Glorfindel, j'ai des cheveux blancs ! J'ai des cheveux blancs ! Comment c'est possible ? Je ne suis pas immortel ? Mon visage ne change pas, mais j'ai des cheveux blancs ! Regarde !

Je me suis retournée en lui montrant l'objet de ma panique. Il s'approche et regarde mes cheveux détachés tout juste secs du bain.

- C'est normal ? lui demandais-je.

- J'ai toujours vu les titans avec les cheveux blancs, c'est un signe distinctif entre vous et nous les elfes. C'est votre côté humain.

- Tu veux dire que je vais rester jeune mais avec des cheveux blancs ?! C'est une blague ?

- La preuve en est, dit-il simplement.

- Et tu trouves ça normal toi ?!

- Je te l'ai dit j'ai toujours vu les titans avec des cheveux blancs.

- Non mais... Non, non...

Une chose de plus m'avait été enlevée, mon apparence normale... Maintenant je ne pouvais même plus paraître normal, j'avais l'impression que chaque chose m'était retirée les unes après les autres.

oOo

Maliha sentait sa vie lui échapper, chaque chose qui faisait d'elle ce qu'elle était, le peu d'identité qui lui restait, partait en fumée. Elle était une arme, immortelle mais pourtant vieillissante entre deux races. Le mot "hybride" lui revenait de plus en plus à l'esprit au fur et à mesure que le temps passait.

Elle a regardé l'elfe en face d'elle et elle pouvait presque y lire ouvertement sa pitié, dégoûtée par cette vue, elle l'a contourné pour partir vers le lac les larmes aux yeux. Tout s'effondrait en elle, elle ne savait plus ce qu'elle était devenue. Elle s'est arrêtée devant l'immense nappe bleu calme et à tenté de reprendre contenance entre deux sanglots. Qui était-elle ? Un mal-être grandissait sans même qu'elle ne s'en rende vraiment compte. Mais maintenant son cœur était nu et sans barrière devant l'évidence de n'être plus rien que cette "chose". Peut-être avait-elle fait une erreur ? Peut-être que c'était finalement devenu trop dur ? Peut-être aurait-elle préféré continuer sa vie dans le bocal ?

Elle ne savait plus si elle était prête à vivre toute les longues années qui lui restait à vivre toute seule, car qui voudrait d'une humaine, souillée, immortelle avec des cheveux blanc, s'est-elle dit.

- Maliha ?

Elle s'est retournée, paniquée sur le seigneur Elrond qui la regardait pleurer avec un air grave.

- Glorfindel m'a parlé de votre détresse.

Elle n'a pas répondu, reprenant sa contemplation du lac.

- L'immortalité n'est pas forcément une chose facile à porter, mais elle permet d'ouvrir votre esprit et d'apprendre la patience.

- Je ne pourrais jamais être humaine et jamais elfe. Je ne suis ni l'un ni l'autre, je suis un titan. Alors comment vais-je vivre ma vie une fois ma tâche accomplie ? Que vais-je faire ? Qui suis-je ?

- Maliha, vous n'en savez rien, personne ne peut savoir. Les Valars vous ont promis le bonheur. Qu'importe quelle forme cela prendra, mais il viendra.

- Espérons... Et pendant ce temps, mon corps change.

- Le blanc est pur et délicat, immaculé. Comme votre raison d'être ici, voyez cela comme une marque des Valars. Ne désespérez pas, ce n'est pas pour cela que votre esprit change, vous êtes toujours la même à l'intérieur, votre cœur est toujours le même.

Il a la mine sombre d'un coup.

- Il y a autre chose dont je voulais vous parler. Je ne sais pas si c'est le bon moment, mais le sujet est prêt.

- Dites, au point où j'en suis, je pense que je préfère être fixée sur mon avenir.

- Les deux mages bleus ne vous ont surement pas parlé de cela, car jamais une femme n'a été envoyée avant vous. Glorfindel m'a fait part de votre conversation d'il y a quelques années. Et je dois vous dire, que si vous avez des enfants avec un mortel, ils le seront malheureusement.

Cette annonce ne lui a rien fait, car elle s'en doutait.

- Et avec un elfe ?

- Il est très rare qu'un elfe et une humaine s'unissent. Mais en vue de votre immortalité cela peut changer, comme vous l'a dit Glorfindel. Dans ce cas, vos enfants auront l'immortalité. Mais je vous le rappelle...

- C'est très rare, j'ai entendu. De toute façon je ne veux pas d'enfants, je n'en ai jamais voulu.

Elle soupire encore en regardant le ciel devenir sombre.

- Merci pour cette discussion, au moins je sais à quoi m'attendre pour l'avenir.

Il lui a fallu beaucoup de temps pour encaisser le choc, elle est restée à réfléchir pendant des mois. A chaque fois qu'elle voyait Aragorn, les paroles d'Elrond lui revenaient en mémoire. C'était dur de l'admettre, que finalement il serait possible qu'elle mène éternellement une vie de solitude. Cette perspective lui glaçait le sang et la réveillait la nuit. Elle s'est dit qu'elle partirait sans doute sur les terres immortelles comme les autres une fois sa tâche accomplie. Mais dans ce cas, elle ne pourra pas guider les hommes, elle ne pourra pas les empêcher de devenir comme eux.

Il lui faut juste accepter de ne pas pouvoir connaître l'avenir. Que les plans sur la comète ne servent à rien sauf à déprimer et à brouiller ses pensées. Elle continue donc en mettant ses réflexions dans un coin de son esprit, essayant juste de vivre le moment présent, malgré les jours, les mois et les années qui défilent devant ses yeux.

En même temps, tant de questions pour de si longues années à venir, c'est peut-être un peu trop tôt ? Avoir une éternité devant sois peut donner le tournis, mais ça dépasse simplement son imagination. Alors nous verrons ce que l'avenir réserve.

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