// ... Chapitre cinquante-six ... //
"Thunder Lake" - HUMAN (MUSIC)
C'était un véritable carnage. Les Oliphants piétinaient tout sur leur passage et il fallait de longues minutes aux hommes pour parvenir à les faire tomber. Quelque par au centre ce cette bataille sans nom, il y avait le titan tirait du bout d'une chaise la femme aux cheveux blanc. Elle hurlait en essayant de se débattre par terre laissant une traînée de sang derrière elle.
- Maliha ! hurla un elfe sabre à la main.
Elladan ne savait pas quoi faire, s'il pénétrait dans le cercle que formait les orcs il serait tué sur le champ. Eriador ne ferait qu'une bouchée de lui et il le savait. Son frère posa une main solide sur son épaule en le faisant reculer.
- Il n'y a rien a faire, deux titans... Elladan, même une armée entière ne suffirait pas à les arrêter...
- Alors on va laisser le nôtre aux mains de l'ennemi ! Elrohir elle est encore consciente ! Ne l'entends-tu pas hurler !
- Nous n'avons pas le choix ! Que veux-tu faire ? Affronter Eriador peut-être ?!
- Glorfindel ne nous le pardonnera pas, tu le sais très bien.
- Et pas uniquement lui... dit lentement son frère.
Plus loin, à l'opposé de leur position Eowyn regardait le spectacle complètement accablé d'une tristesse sourde. Son cœur tirait en voyant celle qui avait été son ami quelques semaines partir vers une destination impossible à imaginer.
- Où l'emmènent-ils ? demanda le semi homme devant elle.
- Là où on ne pourra jamais la libérer, elle murmura.
Fronçant les sourcils, elle talonna un instant le cheval avant de voir passer les hommes qui avaient reformé les rangs.
- Ne les laissez pas l'emmener ! hurla le roi en levant son arme.
Haut dans le ciel une autre créature noire volait et avant que les hommes et même les elfes ne puissent faire quelque chose, elle se posa à terre aux côtés de l'autre.
- Khamûl, prend le titan et amène-là au maître, elle doit sombrer définitivement, lança le roi sorcier.
- ce sera fait, répondit l'autre.
D'un mouvement d'aile, il s'envola de nouveau et des griffes de sa créature ailée, récupéra la titan hurlant à la mort pour essayer de s'extirper des chaînes une dernière fois. Les hommes regardaient le spectacle impuissant et les elfes l'étaient tout comme eux. Du mouvement de son épée, Théoden sonna la charge et les cavaliers chargèrent les rangs orcs pour percer la ligne épaisse. Eriador s'élança, son propre combat était arrivé et l'ancien homme n'eut aucune hésitation.
De l'autre côté , Théoden n'eut pas le temps de réfléchir alors que les mâchoires du Nazgûl se refermaient déjà sur son cheval, l'envoyant à travers d'un mouvement puissant et mortel. Eowyn écarquilla les yeux, talonnant plus encore sa monture, elle s'élança pour porter secours à son oncle maintenant à terre. Mais dans un mouvement violent, jugeant mal l'oliphant passant à côté d'elle, ils ont chuté, le hobbit et elle dans une collision.
- Merry ! hurla-t-elle se relevant difficilement.
Elle ne voyait plus sa monture, ni le semi-homme autour d'elle et ses yeux s'étaient posés sur le Nazgûl s'approchant déjà du roi à terre prisonnier sous son cheval mort. Sans en prendre vraiment conscience, elle courut jusqu'à se placer devant lui et lui faire face.
- Tu ne le toucheras plus, dit-elle d'une voix forte et certaine.
Le spectre la jaugea un instant avant de rire d'un son glaçant. La créature voulut encore s'avancer, faisant fit de l'humain en face de lui, mais il aurait dû. Deux trois coups. C'est ce qui suffit à Eowyn pour trancher son cou pour séparer la tête du corps du Nazgule. Comment avait-elle fait ? Elle ne le savait pas elle-même. L'adrénaline coulait dans ses veines et son épée était serrée dans sa main sans trembler. Elle avait fait le choix de se tenir devant lui et elle l'assumerait jusqu'à la fin. Même si cela signifiait la sienne. Elle avait mis son armure, taillé son épée, monté sur son cheval et dévalée la colline avec les hommes dans la bataille en hurlant à plein poumon. C'était son choix, elle avait tenu jusqu'ici et elle mourrait si son heure était venue.
Le spectre est apparue en face d'elle, au milieu des ailes tremblantes de sa monture maintenant sans tête. Elle fit un pas de recul face à sa grandeur qu'elle avait mal jugée. Il s'avança vers elle, montrant une masse reliée par une chaîne à sa main ganté d'une armure noire. De l'autre il tenait une épée, une des plus longues qu'elle n'avait jamais vu. Elle prit un bouclier de bois comme si celui-ci aurait pu protéger sa vie en le serrant contre elle avec force.
Elle ne put qu'esquiver, se baisser pour éviter la masse qui semblait faire trembler l'air au-dessus d'elle. Se décaler alors que la terre tremblait sous ses pieds lors des impacts. Elle hurlait pour se faire violence, pour faire réagir son corps qui n'avait envie que de s'enfuir. Elle appelait son courage à plein poumons à chacun de ses coups. Son bouclier explosa dans un coup qui aurait sans doute pu lui être fatal. Perdant l'équilibre, elle chuta contre le cheval mort derrière elle en serrant le bras douloureux sur sa poitrine. La douleur était vive, mais il lui restait un bras valide et elle se battra jusqu'au bout. Serrant les dents, elle se remit sur ses pieds et reprit une respiration coincée dans sa gorge sèche.
Elle n'avait pas vu le hobbit derrière lui. Et c'est l'espoir qui prit ses veines quand elle l'a vue enfoncé sa petit lâme dans la cuisse noir du spectre. Il a hurlé, d'un cri à en percer les tympans et elle sut que sa chance était venue. Il posa un genoux à terre se soutenant à sa lame.
- Pauvre fou, aucun homme ne peut me tuer, dit-il d'une voix sifflante.
Étouffante, elle retira son casque et le dévisagea presque avec le sourire.
- Je ne suis pas un homme.
Elle planta son épée dans sa tête dans un hurlement de victoire. Son arme fut projetée au loin mais l'armure tremblait. Sans qu'elle ne comprenne quoi que ce soit, il s'est recroquevillé d'une plainte inaudible. Elle se laissa tomber contre la monture en regardant le spectre mourir devant ses yeux ahuris. L'armure grinçait et semblait se repiler sur elle même dans un tas de métal noir. Le sifflement s'était arrêté et elle n'entendait que sa respiration haletante.
Dans un dernier effort, sous la douleur lancinante de ses bras, elle s'approcha de son oncle. Il était encore conscient et quand ses yeux ont croisé les siens elle ne put faire autre chose que de pleurer.
- Je connais ton visage, dit-il en caressant sa joue. Eowyn...
- Oui...
- Il semblerait que je puisse plus te protéger... Mon corps est brisé.
- Non, non s'est terminé maintenant, je vais vous sauver,dit-elle dans un sanglot.
- Eowyn, c'est la fin pour moi, mes yeux se voilent déjà... Mais je sais que je pourrais partir fière maintenant.
- Ne dites pas ça... Vous allez vivre.
- Ils m'appellent et devant eux je n'aurai pas honte.
Elle caressait son front en réprimant ses sanglots enfermé dans sa gorge. Il avait été à ses côtés toute sa longue vie. Pris soin d'elle au-delà du possible et même si certains de ses choix avait été dure à accepter, il restera à jamais un père pour elle.
- Eowyn...
Avant qu'elle ne puisse répondre, ses yeux étaient déjà dans le vague, regardant un monde dans lequel elle ne pouvait pas le suivre. Elle réprima un sanglot, cherchant autour d'elle un repère pour la ramener dans une réalité plus douce. Mais le front froid contre sa paume ne semblait pas vouloir partir.
Autour d'elle la guerre faisait toujours rage, mais elle en avait que faire en pleurant contre le corps mort. Pourtant c'était bien une victoire qui se dessinait.
oOo
Eriador avait beau essayer de les tuer, rien n'y faisait. C'était des spectres, des fantômes tout autour de lui, le défiant du regard. Les armées du Mordor se faisant massacrer et il ne pouvait rien faire. Il baissa la claymore pour la planter à terre à côté de lui. C'était une marée de morts qui envahissait le champ de bataille. Il s'était demandé comme cela était possible, mais de toute façon il avait accompli sa principale mission, ramener le titan à son maître.
La seule chose qu'il avait à faire maintenant, c'était de la faire sombrer définitivement, que son ombre prenne entièrement son âme, comme l'était la sienne à présent. Il fronça les sourcils un instant à cette idée, mais réprima le sentiment qui semblait presque le prendre. Non, cela faisait bien longtemps que les émotions l'avaient quitté et ainsi le libérer.
Il rengaine la lame dans son dos avant de partir aussi simplement qu'il était venu. Un long travail l'attendait maintenant. La prochaine fois qu'il foulera le sol du Gondor, se sera avec elle et ils rentreraient victorieux. Et enfin il connaîtrait la paix.
oOo
Aragorn avait laissé partir ceux qui les avaient mené à la victoire, maintenant il ne cherchait qu'une seule chose, Maliha. L'elfe à côté de lui semblait désireux de la même chose en regardant autour de lui. Il vit au loin s'avancer Eomer tenant un corps dans ses bras, mais c'est les cheveux blond d'Eowyn qu'il reconnut en courant vers lui.
- Eomer, comment ?
- Je ne sais pas... murmura l'homme en continuant de marcher vers la cité.
Le rôdeur n'osa pas poser sa question voyant l'homme au bord de la tristesse. Il passa une main sur le front de la dame avant d'afficher un sourire rassurant.
- Elle est en vie, elle survivra, dit-il.
Le visage d'Eomer sembla s'éclairer.
- Amenez-la à l'intérieur, ils seront quoi faire.
L'homme le remercia rapidement avant de partir. Legolas arriva et posa une main sur son épaule.
- Sait-il où elle est ? il demanda.
- Je n'ai pas osé lui poser la question, le tourment était trop présent sur son visage.
- Je vois...
- Estel !
Les deux compagnons se retournèrent pour voir les deux fils d'Elrond arrivés vers eux en courant.
- Encore des oreilles pointues... murmura le nain en les rejoignant à son tour.
- Elladan, Elrohir, avez-vous vu Maliha ?
L'elfe se tendit et baissa la tête, résigné.
- Ils l'ont emmené... dit Elrohir.
- Quoi ? lança durement Legolas qui en poussa presque Aragorn.
- C'était leur plan depuis le début et plutôt ingénieux, je dois dire. Ils l'ont retenue avec des chaînes, ils étaient des centaines à la retenir, puis elle a capitulé, un Nazgul l'a récupérée et s'est dirigé vers le Mordor il y a presque une bonne heure maintenant.
- Nous n'avons rien pu faire, leur piège était bien préparé. Eriador était là, nous n'aurions...
- Vous n'avez rien fait, cracha l'elfe hors de lui. Vous les avez laissé faire ! Par les Valars, mais...
- Legolas calme-toi, murmura le rôdeur.
- Non je ne me calmerai pas, ils l'ont laissé Aragorn, alors qu'elle aurait donné sa vie pour eux !
- On dirait que votre avis sur sa personne à bien changé, rétorqua Elrohir avec un air de dégoût.
- La n'est pas la question !
- Legolas, nous ne pouvions rien faire... murmura Elladan. Vous savez très bien ce dont les titans sont capables.
- Vous auriez au moins dû essayer ! pesta Gimli en frappant le sol de sa hache. Ne l'aurait-elle pas fait pour vous ?
- Nous n'avons pas sa force, maître nain...
Legolas avait envie de hurler... Son cœur battait à tout rompre et son regard semblait encore la chercher ne voulant pas y croire. Son âme n'était que tourment et il marchait en long et en large pour contenir la colère, voire même la tristesse qui s'y infiltrait déjà.
Le cri sortit et les elfes le regardèrent en baissant les yeux, honteux.C'était impossible à encaisser, pas maintenant. Il aurait souhaité qu'elle soit juste encore blessée, à presque en mourir même, mais il aurait pu la regarder, lui prendre la main, lui murmurer encore et encore ce qu'il aurait dû lui dire il y a quelque jour.
Sans même qu'il ne s'en rende compte, son corps tressaillit et une larme coula sur sa peau sale. Il hurla encore, sortant la fureur bouillonnante qui prenait son corps. Ses poings n'était pas assez fort pour lui faire mal, mais sa peau était blanchie sous l'effort de sa main transie. Impossible, impossible, impossible... Criait la raison dans son esprit. Il étouffait, il tremblait, il serrait les dents à les faire grincer, rien, rien ne pourrait remplacer ce qu'il venait de perdre.
- Legolas... murmura le rôdeur en prenant son épaule.
- Ne me touche pas... dit-il en se tournant vers lui d'un geste brusque.
Aragorn regarda un instant les larmes qui avaient envahi son visage déformé par trop de sentiments aléatoires. Il respira, quittant les yeux du rôdeur pour faire quelques pas en arrière, avant de s'enfuir sur la plaine sans but.
oOo
ça ne pouvait pas être vrai... Il aurait dû être là... Il n'aurait pas dû la laisser partir encore une fois. Il aurait dû être plus fort que ça... Plus fort qu'elle pouvait l'être même...
Mon âme avait envie de hurler encore et encore, sans s'arrêter. Je devrais me rendre à l'évidence, les cris ne suffiraient pas et les hurlements non plus... Il n'y avait rien d'assez fort, rien à ma porter, pour exprimer la perte comme elle grondait dans mon cœur. Même quand Elladan avait mentionné Eriador, cela m'avait fait ni chaud ni froid, une seule chose comptait, aller l'arracher de ses mains et la retrouver. Je suis longtemps resté sur cette plaine, à déambuler pour essayer d'accepter qu'elle n'était pas là. Encore une fois j'ai regretté de ne rien avoir fait pour empêcher ça. J'aurai pu mettre tout au clair une bonne fois pour toute. J'aurai pu l'empêcher d'y aller, ou même l'accompagner.
Oui, je n'aurai probablement rien pu faire face à Eriador, mais je me serai battu. A en mourir même. Eux n'avaient rien fait d'autre que de regarder. Qu'allait-il faire d'elle ? J'ai réprimé un frisson, l'imaginant dans la fournaise du Mordor, suppliant avec les yeux rouges de la folie sur son visage.
Le temps passa sans m'en rendre compte et quand j'ai levé les yeux, l'après-midi semblait déjà bien avancé. J'étais assis sur une pierre, les mains liées, a respiré l'air rempli d'une odeur de charbon. Mes doigts étaient sales, ma peau moite de sueur et je m'étais finalement levé pour me diriger vers les lumières de la cité.
C'était la fin du monde... Les pierres jonchaient le sol et quelque feu persistait encore de-ci de-là. Le visage des hommes était fatigué, mais je pouvais y lire le bonheur de la victoire. Les pertes avaient été nombreuses, mais nous avions vaincu d'une manière désespérée. Pour moi, il n'y avait aucune victoire. J'avais perdu la seule chose que désirait mon coeur. J'ai entrevu ce que mon père taisait en silence depuis des centaines d'années et je me suis demandé comment il pouvait l'affronter jour après jour.
J'étais arrivé au bout de ma route. Le vent passait dans mes cheveux et j'ai égaré mes yeux sur la grande cours pavés. Là, se tenait l'arbre blanc du Gondor, fière et majestueux. Puis le grand palais aux formes longilignes, tel une pointe vers le ciel. J'ai gravi les marches, trouvé ma route pour tomber dans une vaste salle tout aussi blanche que l'extérieur.
- Legolas, murmura Aragorn en s'approchant de moi.
- Pardonne-moi, dis-je en détournant les yeux.
- Il n'y a rien à pardonner...
- Tu avais raison, je l'ai perdu définitivement.
- N'en soit pas si sûr, elle est tenace, tu le sais autant que moi.
Un sourire passa légèrement sur mon visage aux souvenirs qui prenaient mon esprit. Oui, elle était tenace, colérique, bornée, mais pourtant si tendre et si douce parfois.
- Si elle a une chance de s'enfuir, elle le fera Legolas. Viens, nous avons beaucoup à parler.
Il m'entraîna dans les couloirs silencieux avant de déboucher sur ce qui devait être la salle du trône. Là, se tenaient Gimli, Eomer, Gandalf, les hobbits et les fils d'Elrond. Les visages étaient fermés, alors que je pensais y lire l'apaisement.
- Bien, commença Gandalf. Ceci est une victoire, mais je ne pense pas que nous devrions nous arrêter là.
J'ai regardé le magicien avec étonnement.
- J'ai perdu la vision de Frodon, mais celui-ci est bien entré au Mordor.
- Alors il a réussi, dit Estel avec intérêt.
- Oui, mais c'est une question de temps avant que l'ennemi ne le trouve, lança Elrohir.
- C'est un hobbit, je suis certain qu'il y parviendra ! lança Gimli en expirant sa fumée dans la salle.
- Il y a dix mille orcs et deux titan entre lui et la montagne du destin. Vous semblez oublier que Maliha connaît notre plan depuis le début.
j'avais très bien comprit où il venait en venir et mon sang bouillonna encore. Je me suis levé d'un bond en ayant pour intention de refaire le portrait à cet elfe, mais c'est la main d'Estel qui m'arrêta encore une fois.
- Elle ne dira rien, j'ai pesté.
- Comment pouvez-vous en être sûr, rétorqua Elrohir en croisant les bras fièrement.
- Parce que c'est de Maliha dont nous parlons.
- Nous parlons d'un titan. Si elle a sombré, rien ne peut nous garantir qu'elle ne dira rien.
- Quand Maliha sombre, tout est un ennemi pour elle, elle n'a pas de but précis. Je pense qu'elle se foutra royalement de Frodon, dit finalement Estel d'un ton apaisant.
- C'est vrai, enchérit Gandalf. Cela ne m'inquiète pas non plus.
- Que faisons-nous alors ? demanda Eomer.
Gandalf soupira en réfléchissant un instant.
- Dix milles orcs séparent Frodon de la montagne du destin comme vous l'avez dit et c'est ça qui m'inquiète le plus, dit soudain Estel. Il ne pourra jamais passer sans notre aide.
- Nous n'avons pas la force nécessaire pour leur tenir tête, pesta Eomer.
- Nous devons attirer l'ennemi hors de ses murs, laisser le temps à Frodon de passer et d'accomplir sa tâche, lança le rôdeur.
- Et que feriez-vous quand les deux titans seront en face de vous ? rétorqua l'elfe.
- Je la résonnerai, dis-je tout bas. Elle m'écoutera, comme la dernière fois qu'elle a sombré.
- Legolas dit vrai, il a déjà réussi à la sortir une fois de l'ombre.
L'elfe s'avança vers moi et j'ai croisé les bras pour lui tenir tête.
- Elle est avec Sauron maintenant, il finira par détruire totalement son âme. Il n'y aura plus rien à résonner, tout comme Eriador. Je pensais vous l'avoir déjà dit, Prince de Mirkwood, il n'y a rien à sauver quand un titan perd son âme.
- Elle m'écoutera.
Il poussa un rire cynique qui me fit plisser les yeux.
- Méfiez-vous Elrohir, je pourrais bien couper votre langue sans que vous vous en rendiez compte.
- Serait-ce une menace ?
- ça suffit, dit Elladan.
- Nous n'avons pas le choix, il faut aller à la porte noire, vider le Mordor. Avec un peu de chance il mordra à l'hameçon, enchaîna Estel.
- Une diversion alors, dis-je.
- Exactement.
- ça pourrait fonctionner, approuva Eomer.
- Une mort certaine, une faible chance de succès, mais qu'attendons-nous ? lança le nain sa pipe entre les dents.
Un sourire se dessina sur mon visage en entendant mon ami. J'avais maintenant une chance de la ramener et cette fois-ci je ne faillirai pas. Je le jure devant les Valars, je la ramènerai.
oOo
Sur la terre sombre du Mordor la créature s'était posé doucement et une horde d'orcs on récupéré les chaines qui emprisonnaient la femme aux cheveux blanc. Les yeux rouges regardèrent chacun d'eux un par un, mais elle se laissa faire. Elle avait arrêté de se battre maintenant. Son visage était calme et vide d'émotions. Elle leva les yeux pour regarder le ciel noir et orange au-dessus d'elle.
* Bienvenue titan, une voix dans sa tête. Te voilà enfin là où tu as toujours dû être. Une seule chose te sera demandée, celle de te battre à mes côtés.
Elle tiqua à la phrase en se retournant pour voir l'œil sans paupière loin derrière elle.
- Alors tu es comme les autres, elle murmura.
* Bien sûr que non, moi je ne jugerai pas ta fureur. Je ne jugerai pas ta folie meurtrière et j'irai même jusqu'à la beinir.
Elle baissa les yeux pour regarder les orcs qui tenaient toujours les chaînes. Elle ne sentait plus aucune lumière en elle, il n'y avait plus rien. Restant immobile, elle se laissa encore faire quand ils l'attachèrent à la paroie de pierre.
- Pourquoi m'emprisonner ? elle demanda.
* Il y a toujours de la lumière en toi, tu seras libre qu'une fois que tu l'auras exterminée.
- Je ne comprends pas...
* Tout comme Eriador avant toi, il te suffit de la tuer définitivement et enfin de te libérer de tes fardeaux inutiles.
Ils tendirent les chaînes et elle attendit... Attendit simplement que le temps passe. Elle était là maintenant, tellement loin de l'objectif qu'elle devait remplir, mais elle en avait que faire. Après tout l'avaient-ils aidé ? Non... Avait-elle eu une chance de vivre parmi eux en égale, sans qu'ils ne posent ce regard de crainte sur elle ? Non... Elle n'avait aucune chance de changer... Aucune chance d'être acceptée... Elle n'avait plus rien à perdre...
Quand ses yeux se posèrent enfin sur Eriador, elle cessa de réfléchir à sa vie passée. Il planta la claymore dans le sol avant de retirer son heaume. C'était un homme usé devant elle. Une barbe de trois jours mal taillée, des yeux rouge comme le sang, des cheveux blanc attachés derrière son crâne par une queue de cheval rapide. Les cicatrices sur son visage étaient innombrables et elle plissa les yeux, se disant que dans quelques centaines d'années, elle serait son portrait craché. Il était plus grand que dans son souvenir, ou était-ce parce qu'elle se sentait vaincue...
- Alors tu as arrêté de te débattre ? dit-il.
Elle garda le silence.
- Tu es libre maintenant, mais tu dois tuer ta part de lumière.
- Quand allez-vous arrêter avec cette histoire de lumière. Je ne comprends pas un mot de ce que tu dis, cracha-t-elle.
- Veux-tu être en paix ?
Maliha détourna les yeux, incapable de regarder ce visage remplie d'indiférance.
- Je ne serais jamais en paix, ça n'existe pas.
- Tu n'as rien perdu en venant ici... Ils t'ont laissé partir sans même lever le petit doigt. Reste à mes côtés, je suis le seul qui peut te comprendre après tout. Tu n'auras rien à perdre ici, plus de douleurs, plus de tristesse et plus aucun sentiment ne te tiraillera.
Elle le dévisagea un moment en se disant presque qu'il n'avait pas tord, mais le mal qu'elle aurait pu ressentir face à ces mots, remuait au fond de son cœur, enfermé dans son âme bien gardé.
- Pourquoi as-tu sombré ? elle demanda.
- Pour les mêmes raisons qui te poussent à le faire toi-même... Leur jugement perpétuel, lire dans leurs yeux que ce n'est jamais assez et pour quoi ? Pour ne voir que la peur et le dégoût sur leurs visages quand ils nous regardent.
- ...
- Maliha, c'est ça ?
Elle détourna les yeux à l'entente du nom qui sonnait faux dans ses oreilles.
- Si tu repars là-bas, ça ne s'arrêtera jamais. Il n'y aura jamais de place pour toi chez eux. Tu l'as sans doute déjà compris n'est-ce pas ? A quoi cela sert-il de les aimer en sachant qu'ils ne nous le rendront jamais ? A quoi bon se battre pour eux ? Ta lumière les aimes plus que tout et est même prête à mourir pour eux, mais toi... Toi non, toi tu n'en a pas besoin. Cette lumière te rend faible Maliha.
- Je ne sais pas de quoi tu parles...
J'ai presque cru voir de la tristesse dans ses yeux... Je ne savais pas de quoi il me parlait. Je ne comprenais rien. Je voulais juste tout saccager autour de moi, parce que j'en avais assez de les voir me regarder. Je voulais simplement déposer ma fureur face à eux et hurler d'avoir leur sang sur ma peau. Je n'avais que ça en tête, rien d'autre. Le reste était sagement enfermé...
- Je vais te raconter une histoire, écoute bien...
Il lui expliqua longtemps et elle bu ses paroles durant de longues minutes en n'en croyant pas ses oreilles. Ses yeux se sont écarquillés et elle s'est sentie si seule... Si désespérée... Elle ne pouvait que boire ses paroles, laissant même son cœur battre à tout rompre d'effroi et de mal-être.
Depuis trop longtemps elle avait été enfermée, depuis trop longtemps elle n'avait pas été écoutée. Depuis trop longtemps on l'avait reniée pour ce qu'elle était... Et maintenant après avoir fini d'écouter le discours de l'homme en face d'elle, elle allait en finir. Parce que c'était trop... Beaucoup trop dure d'entendre la vérité.
oOo
L'elfe regardait l'horizon. Le ciel était sombre et aucune étoile ne parvenait à transpercer les nuages. Devant lui se dressait les montagnes et une lumière orange persistait comme si c'était l'enfer. Il plissa des yeux en entendant des pas venir vers lui, mais la démarche lui indiqua qu'il s'agissait juste de son ami.
- Te voilà encore à regarder le ciel, dit Aragorn en se plaçant à ses côtés.
- Sauf qu'il n'y a pas d'étoiles à contempler. Il y a juste la mort et le mal devant moi cette fois-ci, dit-il lasse et fatigué.
L'homme le dévisagea un instant en sentant qu'il était perturbé. Legolas était rarement défaitiste, il se laissait juste porter donnant offrant sa confiance et son honneur jusqu'au confin du monde s'il le fallait.
- Maliha m'a dit qu'elle t'avait avoué ce qu'elle avait sur le cœur.
- Alors tu le savais ? demanda rapidement l'elfe en le dévisageant.
- En effet, depuis assez longtemps même.
- Et tu n'as rien dit ? il pesta presque.
- Ce n'était pas à moi de trouver les mots Legolas, mais à vous deux.
L'elfe soupira en se disant qu'il avait probablement raison. Ils en étaient arrivés là par leurs propres fautes, autant l'un que l'autre.
- Oui, elle me l'a dit... il murmura avec remords.
- Et elle s'est enfuie.
- Effectivement...
Estel laissa sortir un petit rire en mordillant sa pipe.
- Il vous en aura fallu du temps tout de même.
- Estel, je ne lui ai pas répondu, elle ne m'en a pas laissé le temps et maintenant elle est dans un endroit où je ne peux la rejoindre. Personne ne sait si elle reviendra...
- J'ai foi en elle, ça me suffit.
Legolas aurait vraiment voulu y croire, mais les mots d'Elrohir étaient bien ancrés dans son esprit et les doutes le prenaient minute après minute. Il voulait juste la retrouver et la serrer dans ses bras. Mettre un terme aux non-dit et passer à autre chose. Finir cette quête maudite et commencer à vivre à ses côtés pour l'éternité.
- Eriador est avec elle, dit-il enfin. Je ne le pensais pas vivant...
Sa main s'était serrée sur son bras en prononçant son nom.
- Oui, elle m'a dit l'avoir vu lors de la bataille du Gouffre.
- Quoi ? lança l'elfe médusé.
- C'est pour ça qu'elle était dans un tel état. Maintenant je sais pourquoi il ne l'a pas tuée. C'était un piège bien calculé, Eomer à tout vu et m'a décrit leur tactique sans omettre le moindre détail. Ils avaient prévu ça depuis le début et je l'avais vu...
- Que veux-tu dire ?
- Quand j'ai tenu le palenthir, je l'ai vu... Je n'ai pas compris ce que cela pouvait bien être, mais après avoir écouté Eomer je me rends compte que j'aurai pu éviter ça. J'ai douté d'elle Legolas, je ne lui ai pas tout dit alors que j'aurai dû... Nous avons tous une part de responsabilité lorsqu'elle sombre. Tu ne t'en est jamais rendu compte ?
- Si... Si maintenant je comprends. Son ombre ne faisait que la protéger...
- Exactement.
Oui, Legolas avait bien compris que son ombre n'était autre que son bouclier. Un bouclier contre tout autour d'elle. L'isolant des émotions indésirables, mais aussi lui donnant la force de faire ce qu'elle aurait été incapable de faire elle-même. Son ombre était impétueuse, implacable, presque de la haine pure, une envie de sang que l'on ne pouvait stopper. Quand il avait croisé les yeux rouge, il y avait lu l'indifférence et l'égoïsme.
- Penses-tu que l'on va réussir ? demanda l'elfe.
- Les chances sont minces, mais j'ai espoir.
- Frodon est-il seulement encore en vie...
- Je crois bien que nous l'avons sous-estimé mon ami. Gandalf est certain qu'il est maintenant là-bas, avec notre ennemi, s'il est arrivé jusque là, il ne reculera pas.
- Tu as sans doute raison...
L'homme se détourna avant de taper l'épaule de son ami.
- Aller, va te reposer, c'est une longue journée que celle de demain.
- Oui...
Il entendit l'homme s'éloigner avant de clamer d'une voix forte.
- Je ne pourrais pas la tuer Estel.
Le rôdeur s'est arrêté un instant avant qu'un sourire se dessine sur son visage fatigué.
- Moi non plus Legolas, moi non plus...
oOo
Ses yeux étaient maintenant d'un rouge sang indiluable. L'homme avait retiré ses chaines et plaçait les plaque de métale noir sur son corps. Elle se laissait faire étant à peine présente à cet instant. Eriador la regardait et il savait qu'elle venait d'entrer dans son propre combat. Actuellement elle n'était qu'une marionnette comme il l'avait été avant elle.
Il prit un instant son menton et la contempla pendant de longues minutes. Elle avait les traits de sa race, les traits qui lui avaient tant manqué par le passé. Il avait vu l'âme hurlante qu'il connaissait par cœur passer dans ses yeux verts pâles avant de sombrer. Oui ils étaient les mêmes... Même sans sa lumière, l'homme savait d'où il venait et qui il était. Rien ne pourra effacer son passé et les années vécues sur terre.
Il avait quitté un monde qu'il savait très éloigné du sien, mais il comprenait le français qu'elle avait employé et reconnaîtrait son accent parmi des milliers d'hommes. Il avait eu sa fougue, cette ténacité, mais aussi sa tristesse et cette certitude de n'appartenir à rien, décuplé par cette clairvoyance maudite. Aujourd'hui il avait compris et appris de ses erreurs. Il avait compris que de toute façon il n'avait pas le choix, c'était juste ainsi et il avait dû choisir. Rester tout comme elle, entre deux monde ou en choisir un.
Un goût amer passa dans sa bouche sans qu'il ne sache pourquoi. Mais il se surprit à ressentir du regret... Regret qu'il chassa du poing.
- Est-elle prête ?
Il lâcha le visage blanc pour se retourner sur le bras droit de son maître.
- Non.
- Tant-pis, mène-là à la porte, le temps presse.
- Elle n'est pas prête, dit-il encore froidement.
- J'en ai que faire, elle sombrera tout comme toi. Ce n'est qu'une question de minute. A la porte, vite.
- Comme vous voudrez.
S'il aurait pu tuer ce valet de merde, il l'aurait fait, comme chaque créature qu'il croisait jour après jour. Il avait appris à se soumettre au mal, simplement parce qu'il ne le jugeait pas. Il avait trouvé sa place ici... Mais même avec ça, il n'était pas arriver à combler le vide... Une partie de lui avait disparu et ne reviendrait jamais. Encore ce putin de regret...
oOo
Les hommes marchaient en silence en direction de la porte noire. Les visages étaient fatigués et tous savaient qu'ils n'étaient là que pour faire diversion. Ils n'avaient aucune chance... Mais derrière ces portes noires il y avait l'espoir, l'espoir d'atteindre, enfin, la paix tant espérée.
Legolas regarda la forteresse la plus grande qu'il n'avait jamais vu... Il se tenait face au Mordor et pourtant il n'avait envi que d'une seule chose, passer ces portes.
- Alors nous y sommes, murmura le nain à côté de lui.
- Oui, nous y sommes, il a répondu en le regardant.
- Je crois qu'il devrait en avoir assez pour nous deux, qu'en pensez-vous, l'ami ?
- Je suis de votre avis.
Le nain soupira en levant les yeux vers lui.
- Hum.... et dire que je vais mourir aux côtés d'un elfe...
- Que diriez-vous de mourir au côté d'un ami ? dit Legolas avec un faible sourir.
- Ah... Oui... ça, je crois que je peux le faire.
L'elfe déposa une main sur son épaule avant de tourner son regard vers la porte noire devant eux.
- Merci, Gimli, pour vos mots et votre présence.
- Comme quoi la sagesse des elfes n'est qu'une jolie façade...
- Peut-être bien...
Il s'est dit que le nain resterait à jamais dans son cœur, comme un de ses meilleurs amis. S'il avait la chance de survivre, il se promit de passer quelque temps avec lui et de profiter de la paix.
- Que le seigneur de la terre noire s'avance ! hurla Aragorn.
Il y eut un long silence, mais finalement la porte s'ouvrit sur un cavalier. Il s'approcha d'eux et s'arrêta à quelques mètres. Ce ne pouvait pas être humain, se dit Estel en le regardant. La créature sourit de ses dents en pointes avant de parler.
- Je vous apporte de mauvaises nouvelles, dit-il d'une voix sombre. Je vous apporte la nouvelle de votre défaite.
- Nous ne sommes pas venues discuter, pesta Aragorn en se plaçant devant lui.
- Je ne crois pas que vous soyez en position de faire autre chose que de discuter... Nous avons récupéré et tué votre fouineur de semi-hommes.
- Ce n'est que mensonge.
Il sortit ce que les quatres compagnons reconnurent sans même y penser. Il tenait de sa main ganté de noire le cotte de mailles de Frodon. Elle brillait encore sous la faible lumière du soleil et Estel eut envie de hurler.
- Votre combat est vain, le monde des hommes va s'effondrer et il n'y a rien rien que vous puissiez faire. La mort vous attend, sans aucun espoir.
Estel plissa les yeux.
- Il y a toujours de l'espoir...
- Pas face à eux.
Il leva le bras en direction de la porte qui s'ouvrait encore. Le visage de l'elfe s'est décomposé... Elle était là... Vêtue d'une armure noire, le visage aussi pâle que ses cheveux et deux billes rouges, qu'il voyait clairement.
La colère du rôdeur explosa, de rage, de chagrin, de haine. La tête de la créature tomba à terre et son sang se répandit sur sa monture paniquée. Son regard se posa sur les deux personnes en face d'eux. L'un sortit la lame la plus longue qu'il n'eut jamais vue dans sa vie d'homme. Mais quand il vit Laureline se planter dans le sol, il avala sa salive.
- Maliha ! il hurla en tenant l'épée dans sa main.
- Réveille-toi ! hurla alors l'elfe en se plaçant à côté de lui. Tu dois te réveiller...
Mais rien n'a bougé... Les chevaux piaffaient derrière eux, attisés par l'envie de fuir qui grandissait. L'aura sombre qui s'échappait en face d'eux était insupportable et écrasante. Legolas serra les dents, il n'en croyait pas ses yeux... Elle était avec eux... Elle avait fini par les abandonner, par sombrer, c'est son pire cauchemar qu'il admirait maintenant.
Il aurait voulu se dire "c'était à prévoir", "je le savais", "ils avaient tous raison". Il avait tant attendu ce moment par le passé, celui de pouvoir la tuer de ses propres mains.
Maintenant, ce n'était pas la haine qui le prenait, mais le chagrin. Un chagrin qui glaçait ses veines. Il ne pouvait rien faire... Il était démuni, sachant qu'il n'aurai pas la force d'accomplir la promesse qu'il lui avait faite, il en serai bien incapable. Devant son pire cauchemar, il réalisa enfin à quel point il l'aimait et à quel point celui-ci était plus fort que tout.
La large lame a brillé en face d'eux.
D'un geste souple, peut-être le plus beau qu'ils n'avaient jamais vu...
... elle récupéra la lame pour la placer en face d'elle et s'élança sur le sable avec un dernier objectif, les tuer.
oOo
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