// ... Chapitre cinquante et un ... //
"Under The Water" - AURORA
Il l'a regardé longtemps.
La claymore luisait dans une main, tandis que l'autre tenait Laureline. Il la jeta au pied du corps qui ne bougeait plus et s'accroupit pour la contempler de plus prêt. Au plus profond de lui il n'aurait jamais pensé rencontrer un membre de sa lignée et encore moins une femme. Les souvenirs voulaient remonter, mais l'ombre l'en empêcha avec force et il se laissa faire sans résister.
Elle était si jeune... Il regarda son visage aussi blanc que ses cheveux et les membres dont certain angle étaient en trop. Les plaies béantes la parcouraient et il trembla de colère.
- Un jour je te tuerai, mais ce jour n'est pas arrivé, dit-il. Ton ombre n'est pas assez grande pour te faire basculer. Alors seulement, nous serons chérir ton utilité comme il se doit.
Le pensait-il vraiment ? C'était la question qui passa dans son esprit, mais qui fût mangée en une fraction de secondes.
- Mon seigneur... demanda un Uruk Hai en s'approchant. Les hommes se sont tassés dans le bâtiment principal.
- Le titan est à terre, ma tâche est terminée, dit-il en retirant son heaume.
- Mais...
Les longs cheveux blanc balançaient dans le vent glacial, alors qu'il serrait le poing d'énervement.
- Je ne réponds pas à Saroumane. dit-il d'une voix sombre.
- Il a pourtant dit que vo...
Il attrapa l'Uruk par le cou pour le broyer.
- Crois-tu que mon maître partage ses pouvoirs ? Saroumane est bien trop présomptueux pour y avoir seulement pensé. S'il échoue ici, alors il n'a aucune valeur.
L''Uruk tomba lourdement dans la boue avant de repartir affolé sans demander son reste. Le titan regarda encore une fois le corps déformé avant de partir à son tour pour rejoindre son maître.
- Savoure ton humanité, tant que tu en a encore le temps.
oOo
Le cor résonna, haut et fort et la pluie sembla trembler face à la note grave sortant du gouffre. Elle sembla même chasser les nuages. La pluie avait cessé et il ne restait plus que la boue et les orcs criant presque déjà victoire.
Ce fut l'éclat du matin, mélangé au désastre qui accompagna le courage. Un renouveau montrant que non, l'esprit et le souffle des hommes n'étaient pas encore tombés.
Ils dévalèrent les ruelles, martelant le sol. Tranchant du haut de leurs chevaux les têtes noires en brandissant les lances d'un dernier signe d'honneur. Oui, on pouvait perdre une bataille, mais pas sans s'être battu jusqu'à son dernier souffle. Telle était l'image que l'on aurait pu voir à cet instant.
Aragorn cherchait du regard, mais il ne voyait que les corps jonchant le sol boueux. Ou était-elle ? La seule trace blanche dans ce décor noir qui attirait son regard était la main blanche de Saroumane sur un casque noir. C'est un trou large dans une des tours qui lui donnait un frisson d'horreur.
- Sur la plaine ! hurlait le roi en tête des cavaliers. Rabattez-les sur la plaine !
Son cœur s'emballa encore. Quand ils avaient ouvert les portes, il s'attendait à la voir là, à combattre, mais elle n'était pas là... Et il n'y avait pas que lui qui était inquiet. Du coin de l'œil il vit Legolas chercher également tout en continuant son propre combat avec Gimli.
- Ah ah, quarante et un ! hurlait le nain.
L'elfe le regarda presque avec colère, mais il ne pouvait rien y faire. Il savait que Gimli avait une façon propre à lui de contenir sa peur. Legolas cherchait, échangeant parfois un regard avec Aragorn, mais celui-ci disait toujours "non" des yeux.
De toute façon, ils allaient tous y passer et l'idée lui sembla presque bonne. Les orcs étaient tout autour d'eux et petit à petit le courage se dissipa pour laisser place de nouveau au désespoir. C'était terminé et Legolas regretta chaque minute avant que cette bataille n'éclate. Il aurai souhaité être moins orgueilleux et bien moins stupide. Il avait eu un avertissement et n'avait su l'écouter qu'à moitié... Elle lui avait souri, l'avait aidé, lui avait sauvé la vie, n'avait jamais retourné la haine qu'il lui dédiait.
Le seul souvenir qu'il lui restait, c'était de lui cracher ces phrases à la figure et de la voir devenir livide. Il y avait pourtant cru... A la tenir dans ses bras, pleurant une perte inqualifiable. Passer ses doigts dans ses cheveux blancs, poser enfin ses lèvres sur sa peau et sentir son corps contre le sien pour en faire taire le tremblement de la tristesse. Tout, il se souvenait de tout, et il avait tout perdu par de simples mots empoisonnés. Maudit sois-tu, il pensa en enfouissant sa lame dans la chaire noire.
Les hommes étaient arrachés de leurs chevaux. Un par un ils tombaient et petit à petit on ne pu faire la différence entre les Uruk hai et les Rohirrims.
A cet instant, le soleil perça les nuages. Un cavalier blanc parue sur la colline et derrière lui le soleil de l'espoir. Le sol vibra, laissant voir une nouvelle armée d'hommes.
- Pour le Rohen ! hurlait celui qu'ils reconnurent comme Eomer, brandissant son épée.
oOo
Au loin, sur le sommet de la plus haute colline se tenait Eriador. Il regardait les troupes de Saroumane perdre la bataille. Il aurait pu les aider, mais son maître était beaucoup trop orgueilleux pour prendre le risque de partager ses futures terres. La seule chose qu'il aurait dû effectivement faire, c'est la tuer, elle. Il serra le poing sans savoir vraiment pourquoi, puis se retourna pour rentrer auprès de son maître.
Il n'était pas sorti de la tour depuis longtemps. Sa tâche d'aider Saroumane était maintenant terminée. Il lui avait inculqué certains savoirs de son monde, poison, arme et autre, pour répondre à un accord passé à la va vite.
Mais son maître avait été clair, s'il devait sortir son arme, c'était pour lui et personne d'autre. Et seul Morgoth sait à quel point les batailles lui manquait.
Il était là pour ça après tout, non ?
oOo
Eomer regardait autour de lui, les cadavres jonchaient le sol et la boue noire de sang. Il voyait des membres parsemés de ci et là. En regardant de plus prêt l'état des corps, il se demanda ce qui avait bien pu se passer. Une folie meurtrière avait, comme, découpé les créatures et cette pensée lui fit froid dans le dos. Il mit pied à terre et ses bottes rentrèrent dans le sol d'un un bruit humide. Il entendait au loin le rôdeur crier le nom de la femme qu'il n'avait vu qu'une fois, Maliha. Si elle était portée disparue cela ne voulait dire qu'une chose, mais en même temps, il connaissait sa lignée...
Il s'approcha des corps des chevaliers pour vérifier s'il n'y en avait pas encore en vie, mais rien d'autre que les créatures noires était autour de lui. Son regard accrocha un scintillement. Il s'approcha pour voir une grande lame recouverte de mélasse. Il n'avait jamais vu de telle lame. Il se baissa pour la prendre, mais ses yeux se sont posés sur une chevelure blanche.
C'est ainsi qu'il la vit. Elle était là, son corps enfoncé dans le sol pâteux et son visage recouvert de sang. Il ne restait que très peu de mèches blanches, toute recouverte de terre séchée. Il eut du mal à regarder en réalité. Son bras brisée d'une plaie ouverte et l'os à l'air libre lui inspira la nausée. Ses jambes étaient dans une position improbable et inhumaine et il baissa la tête vers le sol, incapable de plus.
Cette femme était morte, cela ne pouvait être autrement... Jamais il n'avait vu un être humain dans un tel état et la vue le fit encore pâlir. Il s'approcha et s'accroupit plus prêt pour retirer quelques mèches remplies de boue de son visage. Même s'il ne connaissait pas les quatre compagnons, que Gandalf avait dit en compagnie du roi, il avait vu leur complicité et leurs liens forts. Il pouvait dire qu'une chose, une seule, que le seigneur Aragorn ne supporterait pas de la voir comme ça... Il soupira en admirant le doux visage ravagé de la jeune Titan.
- Témhir ! il cria pour appeler le jeune chevalier qui passait par là.
Le jeune s'approcha alors que Eomer tentait de sortir le corps de la boue.
- Prends la lame qui est ici et dit à Hama de prévenir le seigneur Aragorn que nous avons retrouvé la titan.
Mais ledit Témhir ne bougeait pas, absorbé d'horreur face au spectacle.
- Hey ! hurla encore Eomer, pressé. Grouille-toi.
Le jeune homme resta encore plusieurs minutes à le regarder enlever la boue des vêtements et remettre les jambes dans une position convenable tout en s'approchant... La tête tomba en arrière du bras d'Eomer et un spasme tendit les muscles et un souffle granuleux sortit de la bouche. Eomer tomba en arrière en la tenant contre lui n'en croyant pas ses yeux.
- Par tout les Valars, cette femme est encore vivante... Vite dépêche-toi ! il cria au jeune.
Celui-ci partit en courant difficilement, traînant la grande lame derrière lui.
Eomer était sous le choc, personne dans un tel état ne pouvait être encore vivant. Il se leva, la dame dans ses bras, et entama de la ramener au gouffre. Il voyait sa poitrine essayer de se lever pour prendre de l'air et ses muscles se tendirent encore dans ses bras.
oOo
La musique résonnait dans l'habitacle de ma voiture. Le son, fort, atténuait le bruit sifflant du moteur électrique. J'étais sur le périf. Je voyais les voitures derrière moi et aussi celles qui me doublaient sur la file voisine. Mon esprit était centré sur la réunion à laquelle je devais assister ce matin. La guerre de l'eau faisait encore rage dans les pays du tiers monde et les alliés nous talonnait de plus belle. Voulant augmenter les cadences de fabrication.
Toujours plus vite, toujours plus mortelles, toujours plus d'efficacité. Je me sentais épuisée mentalement par ce métier, mais c'était la seule préoccupation. Je vivais seul, ne voyais que très peu ma famille et mes amis étaient principalement mes collègues. L'armement est un monde secret. Nous ne pouvons pas parler de notre métier comme les autres, réduit au silence par notre contrat.
Le contrat...
Le mot résonnait dans ma tête à m'en faire mal. Je ferme les yeux sous la migraine qui me prend soudain.
Maliha ?
oOo
Hama s'avançait vers Aragorn doucement, il ne voulait pas faire ça. Etre l'homme qui annoncerait la nouvelle. Elle était vivante, mais le jeune lui avait aussi confié l'état dans lequel elle était.
- Nous l'avoir trouvé mon seigneur.
Aragorn se retourna vivement pour dévisager le chevalier qui était, visiblement, mal à l'aise.
- Où ?! demande-t-il en prenant ses épaules
- C'est... C'est le capitaine Eomer qui l'a retrouvée, il doit remonter par la grande porte.
- Merci, finit-il par dire en partant vers la porte.
Dans sa course, il vit deux hommes monter le chemin vers l'entrée. Un jeune chevalier tenait Laureline et la traînait avec peine. Puis Eomer, portant un corps entre ses bras. Il resta figé. Comme si l'immobilité lui permettrait d'encaisser plus facilement les images qui lui parvenaient. Ses jambes tremblent, puis le lâchent et il tomba à genoux face au spectacle qui se présentait à lui.
Ces cheveux étaient noirs et collés en paquet. Son bras visible, brisé en deux à l'avant bras, révélant l'os. Ces vêtements, en lambeau, recouverts de boue, de sang, la vue était insoutenable et il regarda le sol.
- Valars...
L'ombre d'Eomer le recouvra, mais il ne voulait pas lever les yeux.
- Mon seigneur, dit alors Eomer. Je suis désolé...
Sans un mot, regardant sur le côté la désolation de la guerre comme pour fuir, il se leva avec résignation. Ses yeux se posèrent sur ce qui avait été un jour une jeune fille pleine de vie, au sourire niais et aux yeux taquins. Maintenant c'était presque un cadavre à la peau grise, parsemée de tâche bleue et de plaie rougeâtre.
- Je ne sais pas comment, mais elle est encore en vie... murmure encore le chevalier.
Aragorn lui caressa le visage avec des doigts tremblants.
- Qu'as-tu fait, Maliha ?
Il regarda les blessures et découvrit qu'il manquait à sa jambe droite une grande partie de chair et fronça les sourcils. Il resta comme ça, sans bouger, sans rien dire. Observant les muscles essayer de se reformer, la peau de se fermer, mais sans succès.
- Comment ? demanda Eomer. Comment peut-on être en vie après tant de blessures et de souffrances ?
- Je ne sais pas... répond Aragorn en regardant l'eau couler de ses cheveux sur le sol noire.
Il prit le bras mutilé de la titan et le posa délicatement sur sa poitrine. Eomer le laissa faire en silence. Aragorn prit doucement la dame dans ses bras et remercia de la tête Eomer. Le chevalier le suivit en récupérant Laureline des mains du jeune homme.
Estel la transporta à l'intérieur de la cité. Les hommes la regardaient, retirant leur heaume par respect et allégeance. Sans savoir pourquoi, Aragorn était en colère. En colère contre eux, contre les créatures maintenant mortes, contre ce monde et même contre elle. Son cœur souffrait, se disant qu'il aurait dû insister, ne pas la laisser affronter seule l'armée. La responsabilité de son accord lui pèse dans la poitrine, mais aussi de ne pas avoir pu la protéger. A aucun moment il aurait pu l'aider... Sa mâchoire s'est serré en réalisant qu'il était juste un homme.
Personne ne pouvait comprendre sa façon d'agir, ni ne connaissait vraiment sa limite. Il avait depuis longtemps compris qu'il n'y avait aucune manière de l'arrêter. Elle avait la capacité de faire ce que personne ne pouvait faire, alors pourquoi l'en dissuader ? Pourquoi ne pas docilement se cacher derrière elle ? Sa colère doubla...
Comment savoir quand elle se mettait en danger ? Rien ne semblait l'atteindre et pourtant c'était la deuxième fois qu'il la voyait dans cet état. Le pire, c'est que cette nuit il aurait pu insister pour qu'elle s'arrête. L'aurait-elle écouté ?
Tous les guerriers étaient rassemblés dans la grande salle, ainsi que Gandalf qui parlait avec le roi. Aragorn passa la porte et resta planté là sans rien pouvoir dire. Les hommes se turent et Gandalf s'est finalement retourné pour rencontrer la cause de leur silence.
- Maliha... Par les Valars, lance Gandalf en venant près de lui.
Il vit Dame Eowyn avancer avec curiosité, mais elle s'arrêta précipitamment en déposant ses mains sur sa bouche.
- C'est Eomer qui l'a trouvé, elle est vivante Mithrandir...
Gandalf s'approcha du corps et examina la titan. Il posa une main sur le front glacé, se concentrant pour voir son âme. Les traits du magicien se sont tirés pour afficher un visage abattu.
- Elle est faible, je ne la perçoit presque pas. Mais elle est en vie...
Legolas entrait à son tour, mais restait en retrait voyant Aragorn de dos porter quelqu'un. Son cœur loupa un battement. Il croisa le regard d'Eomer et vit Laureline dans sa main. L'elfe n'osa pas avancer plus, le ventre tordu par la peur.
- Par ma barbe... lança Gimli en arrivant également derrière lui.
Aragorn ferma les yeux. C'était un des gestes les plus durs qu'il aurait à faire dans sa vie, se retourner... Il entendit les pas timide de Legolas vers lui et mis fin à la torture. Il se retourna, dévoilant Maliha dans ses bras et l'elfe se décomposa. Ses yeux ont parcouru le corps sans un battement de cil, posant sa main sur l'épaule du nain pour se maintenir debout. Il était incapable de bouger, de parler, de penser. La vue du corps sale et déformé lui donnait envie de vomir de rage et de tristesse.
Legolas avala difficilement en entendant le bruit horrible de la gorge qui essayait de respirer.
- Suivez-moi, nous allons l'allonger, lance alors Eowyn.
Aragorn la remercia du regard, la suivit à travers la caverne et la déposa sur un lit de camp au milieu des autres blessés. Il s'est assis de tout son poids sur une caisse, laissant la dame et Gandalf s'occuper des blessures. Arrêter l'hémorragie de son ventre en déchirant un tissu, bander son bras et sa jambe, nettoyer ses cheveux.. Il plonge ses yeux dans ceux de l'elfe, debout à ses côtés. Son regard était vide, son visage de marbre, comme enfermé dans un mutisme protecteur.
- Si elle tient dans l'heure nous aurons de la chance... dit le magicien sans se retourner.
Ils sont restés là à regarder Gandalf effectuer les premiers soins. Erwin l'aidait du mieux qu'elle pouvait, nettoyant les plaies ou le sang c'était mélangé à la boue.
La salle était remplie de nombreux blessés et on entendait les cris des uns et des autres. Legolas n'en pouvait plus, commença par effectuer des aller et retour en regardant de temps en temps la jeune femme retrouver un air descent au fur et à mesure qu'Erwin la nettoyait. Puis s'arrête en croisant les bras, prend l'arête de son nez, marche de nouveau, un cycle sans fin. Aragorn restait assis, silencieux. Les mains liées en regardant le sol pour y trouver ses réponses. Gimli regardait avec espoir les gestes d'Eowyn et Gandalf en se maudissant de ne pas pouvoir être d'une quelconque aide.
- Mes seigneurs ! Par les Valars je vous cherchais. Les Orcs partent en direction de la forêt de Fangorn ! Ils tentent de rejoindre Saroumane ! lance alors Hama en déboulant dans la fourmilière.
Gandalf s'arrêta un instant.
- Etes-vous des nôtres ? demanda alors Théoden en arrivant à son tour.
Aragorn regarda la titan sur son lit de camp, puis Gandalf. Legolas n'a même pas réagit et Gimli le regardait la bouche ouverte.
- Nous ne pouvons pas l'abandonner, Gandalf. dit Aragorn.
- Il n'y a rien à faire, malheureusement... dit doucement le magicien. Je suis impuissant pour le reste.
- Quoi ? lança alors Legolas comme sorti des ténèbres.
- Ses plaies sont bandées et nettoyées. Maintenant c'est au temps, de faire son travail. Je suis désolé Legolas.
- Je m'occuperai d'elle.
Tous se retournèrent pour voir Eowyn le regard sincère.
- Je veillerai sur elle, vous avez ma parole.
Ils savaient qu'ils avaient mieux à faire que d'attendre. Que c'était peut-être leur seule chance d'assurer une victoire définitive contre Saroumane. Aragorn se leva et dévisagea la femme devant lui.
- Elle est mon amie, presque ma sœur. C'est comme si vous aviez ma propre vie entre vos mains, madame.
- Partez sans crainte, elle répondit sûre d'elle.
- Très bien dans ce cas, dit-il.
Legolas resta encore un moment à la contempler, ne pouvant se résoudre à suivre ces compagnons. Aragorn passa à côté de lui en laissant courir une main réconfortante.
- Vient, il n'y a rien à faire de plus, Legolas, dit-il en continuant de marcher pour sortir.
Mais il resta encore là... À regarder ses yeux en espérant les voir s'ouvrir. C'était comme la dernière fois, mais cette fois-ci il avait une part de responsabilité. Eowyn s'approcha de lui alors que le nain faisait de même.
- Elle ira mieux à votre retour. Elle est forte, dit-elle en regardant l'elfe.
Il soupira en serrant la mâchoire.
- Tout le monde la croit forte, mais elle ne l'est pas. C'est la personne la plus fragile que je connaisse, finit-il en partant d'un élan de courage.
Gimli regarda la dame et ils échangèrent un regard compréhensif. Au moins ils ne l'avaient pas perdu...
oOo
Je roulais et roulais sur le bitume. La température extérieure est de quatorze degrés et il est neuf heure dix. "Pinned Upon" - Poloshirt est affiché sur l'écran et résonne encore et encore. Passant en boucle dans l'habitacle, enfermé dans un laps de temps infini. Les mêmes pensées tournaient dans ma tête et il m'était impossible de les changer. Je savais que je devais me souvenir de quelque chose d'important, mais je ne savais pas quoi...
Une sortie à prendre ? Combien de fois ai-je fait le tour du périph au juste ? Pourquoi je ne savais pas où aller? N'avais-je pas une réunion pour le nouveau contrat ? Le contrat...
Maliha ?
La boucle recommença... Je n'eus pas le temps de comprendre d'où provenait cette voix... Et vis la même voiture rouge en face de moi, puis la grise me doubler sur la voie voisine... Les mêmes choses, les mêmes pensées, le même moment...
oOo
Ils atteignirent Isengard pour y voir que la bataille était déjà terminée. Ce fut une grande joie pour eux d'y trouver Merry et Pippin buvant et mangeant en signe de victoire.
- Le porc salé est délicieux, avait-dit Merry.
- Et bien, ça valait le coup de se faire un sang d'encre... murmura Gimli.
- Où est Maliha ? demanda Pippin.
Un air grave passa sur le visage du nain et Legolas détourna les yeux.
- Elle est gravement blessée et elle est retournée directement à Meduseld, lança finalement le nain.
- Oh, va-t-elle bien?
- Nous ne savons pas vraiment, dit Legolas d'un ton bas.
Legolas était heureux de les voir, mais cette joie était enfoui sous une couche de mal être. Chaque seconde, chaque jour qui passait il se demandait si elle s'était réveillée. Là-haut dans la tour sombre se tenait Saroumane en haut de sa tour et à ses côtés Grima.
- Vous avez perdu cette guerre Saroumane, avait dit le magicien blanc.
- Vous m'avez peut-être vaincu Gandalf, mais le mal lui régnera sur le monde et vous serez impuissant. Croyez-vous que Sauron soit aveugle ? Croyez-vous qu'il n'a pas vu le plan que vous cachiez ?
- Peut-être mes plans vous sont-ils parvenus oui, mais ne pensez pas que nous avons perdu espoir. Et sachez que nous ferons tout pour continuer à vivre en paix Saroumane.
Il rit. D'un rire machiavélique et glacial.
- Vous ne savez pas ce qui vous attend. La mort sera à votre porte et cela à déjà commencé. Sans même le savoir vous avez signé votre perte.
- Il est devenu fou, murmurait Estel.
- Oui... Complètement fou, enchérie Gimli.
- Fou ?! hurla le sorcier. N'est-ce pas vous les fous, de marcher aux côtés d'un titan ? D'ailleurs où est-elle ? Ou est le poignard qui vous tuera tous par derrière ?
Gandalf eut un mouvement de recul. Legolas plissa des yeux et il lui fallut un instant pour comprendre qu'il n'en croyait pas un mot... Quand il le réalisa son esprit bondit de panique. Avait-il finalement oublié ?
- Les titans ne sont pas comme nous tous et ils ne le seront jamais. Illuviné est bien une Eru, mais pas n'importe laquelle et son monde est bien différent du nôtre. La lumière n'y est que froide et intermittente. Elle est étroitement lié à l'obscurité, incapable d'ouvrir les yeux sur la quiétude de la simplicité et de l'acceptation.
Legolas buvait les mots du sorcier sans comprendre. Gandalf commença à s'impatienter.
- Legolas, envoi lui une fêche que l'on en finisse ! crie Gimli en remuant derrière lui sur Hasufel.
- Avez-vous cru pouvoir la sortir de sa véritable nature ? Avez-vou....
Mais ce fut le silence. Sa voix s'était mélangée à un râle tordu. Grima venait de le poignarder de sang froid. Chancelant, le maia déchu tomba dans le vide pour s'empaler sur une pique. Tous regardaient la scène choqués et il fallut un temps incroyablement long pour les sortir de la torpeur.
- Que voulais-t-il dire ? demanda Pippin naïvement.
- Ce ne sont que les paroles d'un vieux fou, lança Gandalf en se détournant.
Aragorn continua à regarder le cadavre et les mots tournaient dans sa tête. Il n'avait pas compris les mots de Saroumane, mais pourtant cela lui paraissait important. Un instant plus tard, Pippin descendit vivement de Gris Poil pour plonger ses mains dans l'eau. Le sorcier avait fini par faire tomber une chose qui lui était précieuse.
- Pippin, donnez-moi ça mon garçon, lança alors Gandalf.
Le rôdeur regardant le magicien prendre des mains du hobbit une boule de verre obscure.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-il.
- Un outil qu'il ne vaut mieux pas utiliser, murmura Gandalf à l'homme.
Ils repartirent pour plusieurs jours de chevauchées. Il leur faudra environ deux à trois jours pour atteindre Edoras. L'elfe fut incapable de dormir, que ce soit sur le chemin du retour ou sur celui qu'ils avaient déjà parcouru d'ailleurs. Le retour des hobbits avait un peu ravivé sa joie, mais l'inquiétude persistait.
- Ne voudrais-tu pas te reposer un peu ? demanda le nain en venant à côté de lui.
L'elfe le regarda dubitatif et surpris par son approche soudaine.
- Je n'ai pas le cœur à dormir, il lui répond.
- Et bien trouve le. Tu me fais peine, je suis certain qu'elle va bien maintenant. ça ne sert à rien de ruminer.
- Garde pour toi ta pitié Gimli.
- Ce n'est pas de la pitié, j'essaie simplement de te remonter le moral, ou est le mal à ça ?
L'elfe soupira en regardant le paysage noir et silencieux.
- Pardonne-moi... il murmura.
Le nain passa une main dans sa barbe.
- Que comptes-tu lui dire ? demande-t-il.
- Lui dire ?
- Elle survivra tu sais... Alors as-tu réfléchi à ce que tu allais lui dire ?
L'elfe chercha un instant. A vrai dire, il voulait simplement libérer son coeur.
- La vérité, dit-il sans hésitation.
- Et si elle ne t'écoute pas ?
- Je trouverai un autre moyen.
- ah, ah, tu ne connais pas les femmes toi !
- Que veux-tu dire ? demanda Legolas avec intérêt.
- Elles sont, bornées, colériques et ...
- Sensibles, douces et émotives, fini l'elfe.
Le nain le regarda en se disant qu'il avait changé. Un sourire passa sur sa moustache et il put dire aujourd'hui que Legolas avait compris. Mais peut-être était-il trop tard pour ça.
oOo
De retour au château de Meduseld, les quatre compagnons se précipitent à l'intérieur, les deux hobbits les suivant pressement.
- Pensez-vous qu'elle va mieux ? demande Pippin, vivement en courant aux côtés du magicien.
- Allez vous donc finir avec vos questions idiotes, je n'en sais pas plus que vous ! rétorque le magicien en faisant claquer son bâton sur le sol.
Depuis leur retour, même Gandalf pouvait avouer que l'air était plus vivant. Les Hobbits étaient des personnes simples, aimant l'instant présent. Ils ne se préoccupaient pas de l'avenir, ou très peu et c'est cet aspect là qui apaisait les personnes autour d'eux. C'est avec presque un sourire qu'Aragorn aperçut Eowyn traverser la salle à vive allure.
- Où est-elle ? lança-t-il en courant vers elle.
Elle se retourna en perdant presque les linges entre ses bras.
- Eowyn, où est-elle ? dit-il de nouveau en la prenant par les épaules.
- Dans une des chambres...
- Bien, conduisez-nous, ajoute Gandalf. Et vous, vous restez ici. dit-il aux deux hobbits.
- Hein ? Mais pourquoi ? lança Pippin.
- Si elle est réveillée elle aura besoin de calme et le calme ne fait pas partie de vos habitudes.
Les Hobbits restèrent là à les regarder partir tout en ruminant.
- Suivez-moi, dit Eowyn après avoir repris ses esprits.
- Gandalf ! Dites-lui au moins que nous sommes là ! crie un hobbit, mais ils étaient déjà dans les couloirs.
Ils marchèrent, Aragorn, Gandalf, Gimli et Legolas à travers les couloirs sombres en suivant la dame.
- Comment est son état? demanda vivement Gandalf.
- Elle n'a pas repris conscience... Je suis désolée, répondit- elle.
- Ces blessures, comment sont-elles ? guérit-elle vite ? coupa encore le magicien.
- Non pas plus vite qu'une autre, il y a de vilaines blessures, ça prendra du temps... C'est ici.
Gandalf passa en premier, suivi par les trois autres.
- Messieurs, elle ajouta en les arrêtant soudainement. Elle n'est pas en tenue... Je veux dire, les blessures sont partout et nous avons retiré ses v...
- J'en ai que faire, vous trois restez dehors, lance le magicien d'un geste.
- Gandalf, proteste Legolas.
L'elfe avait le regard dur en prenant l'épaule du Maia.
- Un peu de pudeur, Legolas. Je ne pense pas qu'elle apprécierait que vous la voyiez comme ça.
Tous restèrent interdits derrière la porte sans ajouter un mot, en regardant le magicien s'y engouffrer.
- Je suis désolée, lança Eowyn en fermant derrière elle.
Gandalf resta un moment à examiner Maliha. Les trois autres étaient repartis dans la grande salle sous les moquerie des deux hobbits et Legolas faisait les cents pas. Gimli attendant patiemment avec une bière à la main et Aragorn regardait le feu en réfléchissant assis sur un banc.
- Pourrais-tu nous faire honneur de quelques minutes d'immobilité ?! Tu me donnes le tournis à marcher ainsi, grogne le nain en tapant sa chope sur la table.
L'elfe ne répondit rien, perdue dans son anxiété. Merry et Pippin le regardaient sans vraiment comprendre son comportement. La dernière fois qu'ils l'avaient vu il désirait la tuer. Du moins aux dernières nouvelles...
- Legolas, calme-toi, nous ne pouvons rien y faire, enchérie doucement Aragorn d'un geste.
- Comment veux-tu que je sois calme ?
Gandalf revint alors à leur rencontre le visage fermé.
- Bon, dit-il en voyant ces compagnons sur le qui-vive. Elle ne guérit pas. Les plaies ne saigne plus, son corps à fait le strict nécessaire, mais ça s'arrête là. Je ne comprends pas... Elle pourrait se remettre, elle ne perd plus de sang, mais pourtant elle reste dans l'inconscient. J'ai essayé de la ramener, mais son esprit s'y est refusé. Que s'est-il donc passé Aragorn ? Il va falloir me dire pourquoi elle refuse de revenir, et maintenant.
Legolas soupira en croisant les bras. Aragorn le regarda en lui tendant une main de réconfort.
- Ce n'est pas de ta faute Legolas... murmura le rôdeur.
- Ne sois pas crédule Aragorn, tu sais parfaitement qu'elle me revient pourtant, dit finalement l'elfe avec désaroie. Si je n'avais pas dit ces mots...
- Oh, je vois, votre père à encore transpiré de vous... Quelle sornette lui avez-vous mis dans l'esprit cette fois-ci ? grogne le magicien de colère.
L'elfe affronta ses yeux un instant, mais plia sous le poids des mots...
- Gandalf, nous avions tous les nerfs à vif et Maliha a aussi un mauvais caractère, vous le savez bien... Il est impossible de lui faire entendre raison quand une idée lui passe par la tête. Elle avait pris cette décision, rien n'aurait pu la faire changer d'avis, alors ne te sens pas responsable Legolas.
- Penses-tu qu'elle ait sauté du mur sans raison ? crache l'elfe.
- Legolas...
- En attendant, elle se meurt. Nous sommes loin de la médecine elfique ici et je n'ai aucune idée de comment la sortir des ténèbres... Et même si elle en sortira un jour...
Aragorn se leva alors et partie voir son ami sans en demander la permission. Il voulait juste la voir et voir de ses propres yeux ce que disait le magicien. Gimli et Legolas l'on suivit à leur tour dans les couloirs. Eowyn sortit de ladite chambre à leur arrivée.
- Vous pouvez y aller, dit-elle.
Aragorn passa la porte doucement. La chambre était silencieuse, hormis le feu timide qui craquait. Elle était alongée sur le petit lit, propre et habillé d'un tunique blanche. Son visage s'est tordu en voyant la peau si pâle, presque cadavérique de son amie. Il s'approcha, pour s'assoir sur le coin du lit en face de lui.
- Maliha... dit-il en plaçant une main sur son cœur.
Elle était blanche comme un linge. Le rôdeur regarda alors les différentes blessures. Il y en avait partout et toutes plus profondes les unes que les autres. Oui le sang ne coulait plus, mais elles étaient encore à vif sous les bandages. Il soupira, caressant son visage et un de ses sourcils fendus. Il finit par se lever en se sentant tout aussi impuissant que Gandalf. Elle avait déjà l'air partie... Là, dans ce lit aussi blanche que les draps.
Legolas se tint devant celui-ci, les bras croisés et Aragorn posa une main sur son épaule en arrivant à sa hauteur. Il regarda intensément l'elfe le regard plein de haine vers le lit. La culpabilité et la colère le rongeait.
- Je t'en prie, ne t'en veux pas... Elle avait pris la décision de le faire, tu le sais très bien. Viens...
- Je vais rester là... il murmura entre ses dents. J'ai des choses à lui dire.
Aragorn le regarda incrédule, mais compris. Après tout, il avait déjà réussi à la faire revenir une fois, peut-être réussirait-il de nouveau... Il lâcha l'épaule de l'elfe qui n'avait lui pas quitté la femme des yeux et se retira.
- Venez Gimli, laissons-les seuls...
- Hum... Ne fais pas l'idiot cette fois-ci ... lança tristement le nain en le suivant.
*J'ai enfoncé mes ongles dans le cuir du volant. Mon esprit était tourmenté, je suffoquais dans cet habitacle d'acier. Entendant toujours la même chanson encore et encore, croisant les mêmes voitures.
Où suis-je ?*
Le silence régnait dans la pièce. Il entendait la respiration difficile de Maliha. Un bruit d'air sifflant qui entrait et sortait. Oui elle était vivante, mais il ne trouvait pas ce qui faisait d'elle, elle... Il ne percevait pas son âme. C'était comme si en face de lui il y avait une coquille vide, un objet identique à celui qui reposait contre la table avec le reste des affaires de la titan. Un objet d'acier froid... Il s'avança vers elle en contournant le lit puis s'assit à ses côtés. Il n'osa pas la toucher de peur de sentir la peau qu'il savait glacée et ferma les yeux pour parvenir à trouver l'âme de la femme qu'il aimait.
Il ne vit que le noir dans son coeur... Il fronça les sourcils et posa finalement sa main sur la sienne et frissonna au contact glacial comme il l'avait prédit. Il la vit alors, l'âme qu'il cherchait, mais elle brillait à peine, enfermée dans une ombre presque opaque.
Il n'y avait presque plus rien de la lumière qu'il connaissait. Il ne l'avait pas sentie souvent, certes, mais il s'en rappelait comme si c'était hier.
Il l'avait vu pour la première fois lors de leur première séparation, si douce, si chaude et pleine de vie. La deuxième fois lors de leur danse en Lorien. Il n'avait pas su empêcher la sienne de sortir sous la caresse qu'elle a laissé dans son dos. Par respect, c'était-il dit, elle lui avait montré la sienne juste un instant, mais il n'avait rien pu y lire, aveuglé par la lumière.
Maintenant c'était à peine une flamme bleutée, prisonnière des ténèbres.
* Je suis fatiguée... Tellement fatiguée et pourtant je ne faisais que conduire cette voiture sans m'arrêter. Etais-je en train d'essayer de fuir ? De chercher mon chemin ? Non, je savais que je devais aller au boulot, c'était simplement ça... Alors pourquoi te poser tant de question Lucy...
Lucy ? C'est quoi ce nom ? Lucy, oui... C'étais bien ça... Luçy... C'est mon nom.*
- Il faut que tu reviennes Maliha... murmura l'elfe en se penchant à son oreille. Nous avons besoin de toi... J'ai besoin de toi.
Le silence, toujours le silence.
* Un camion arriva en face, je mis mon clignotant pour passer sur la voie de gauche.*
Legolas caressa doucement sa joue, murmurant des phrases douces dans son oreille. Il sentait l'âme bouger au fond d'elle, mais pas en sortir. Il devait s'enfoncer encore, chercher à l'en sortir. La trouver et lui dire que la vie l'attendait, qu'il l'attendait.
* Une chaleur me parcourait alors que je commençais à doubler le poids lourd. Je me sentais observée, mais personne n'était à côté de moi.
- Maliha...?
Il était là, dans mon rétroviseur central. Ces yeux bleus... Un regard que je connaissais par cœur. Un regard que je désirais par-dessus tout. Celui pour lequel la chaleur se répand dans mon corps à cet instant.
- Legolas...
Mes bras bougèrent tout seul. J'effectuais un grand mouvement de volant vers la droite, sans réfléchir. Je devais le faire, je devais sortir de là et le voir... Le camion s'approchait sur la droite, mais aucune peur ne vint freiner ma décision de rentrer dans le flanc de celui-ci...
Tout devint noir. Je n'entendais plus la musique, plus rien... Mais l'espace semblait s'élargir. Je sentais que j'avais la place de respirer, de m'étendre dans ce vide obscure. J'étais mieux là... Beaucoup mieux... J'avais ma place ici à côté de cette forme dorée qui se dessinait à côté de moi. Une lumière douce et réconfortante, la dorure d'une âme aux feuilles vertes dansant autour d'elle... *
Il savait qu'il avait réussi, il la sentait enfin vivante. Il avait réussi à balayer les ténèbres pour lui permettre de sortir. Il n'avait pas vraiment idée de comment il avait fait ça se dit-il en retirant ses lèvres de sa tempe. Elle était toujours faible, mais libérée. Un sourire passa sur ses lèvres en voyant les blessures commencer à se réduire doucement.
Il se leva en caressant une dernière fois sa joue.
- Quand je te reverrai, je te le dirai Maliha et je ne ferai plus taire mon coeur. Je t'en fait le serment.
Il regagna la porte, la regarda une dernière fois et referma sur lui. Le sourire ne le quittait pas et Aragorn lâcha un soupir de soulagement en le voyant revenir. Gandalf se dit que la magie des elfes étaient beaucoup plus grande qu'il ne l'avait imaginé.
oOo
Les hommes étaient lasses et fatigués, à la fois de la route et de la dernière bataille encore présente dans leurs esprits. Le repas du soir se fit en silence, pour les morts et pour la tristesse. Demain ils fêteront la victoire, mais pas aujourd'hui. Aujourd'hui était un jour de deuil, car certains avaient perdu leurs propres enfants dans cette bataille. Un moment de répit était la bienvenue. Pour se retrouver et épancher leur peine, en silence.
- Comment va votre ami, mon seigneur ? demanda Eomer en s'approchant de la table des invités.
- Elle se remettra... Elle devrait se réveiller bientôt, répondit Estel.
- J'en suis heureux... Un instant j'ai cru que la mort était sa seule issue... dit-il dans un soupir. C'est un titan n'est-ce pas ? Ces cheveux blanc et son nom...
- Oui, c'est ce qu'elle est, en effet.
- Je vois... Beaucoup d'hommes lui doivent la vie. Certains d'ailleurs désirent la remercier.
- Elle n'accepterait certainement pas cela, lança le rôdeur avec un demi-sourire.
- Pourquoi donc ?
- Quand vous la rencontrerez, vous comprendrez, finit-il.
Eomer s'entendait particulièrement bien avec la compagnie. Ses valeurs se rapprochaient beaucoup de celles d'Aragorn et celui-ci appréciait discuter avec lui jusqu'à tard dans la soirée. La nuit arriva vite et les hommes s'endormirent épuisés. Les ronflements de Gimli envahissaient la salle et Legolas se retira à l'extérieur pour prendre un peu l'air et apprécier les étoiles. La nuit était froide et le matin couvert de givre.
oOo
Mon corps semblait brûler.
J'entendais mon souffle dans mes oreilles, rapide, affolé même.
Les images des yeux d'Eriador en face de moi défilaient et je ne savais pas si c'était rêve, ou réalité.
* Quand comprendras-tu que les sentiments humains ne te conduiront jamais au bonheur ? *
Mon cœur battait la chamade...
* Le sacrifice d'une éternité de service, au prix d'une âme déchue et souillée. Où comptes-tu trouver le bonheur après tant de mort ? *
Il fallait que je sorte de cet enfer...
J'aurai voulu rester dans les ténèbres jusqu'à mon dernier souffle, assumer mes erreurs, assumer la mort de ceux que je n'ai pas pu sauver.
J'ouvris les yeux sur le flou.
Tout était noir, ou est-ce suis-je encore plongé dans les ténebres ?
Ma vision s'éclaircit petit à petit et je distinguais une lumière qui danse au plafond. Je tournais la tête difficilement pour voir un feu dans la cheminée à côté de moi.
Alors j'étais en vie... Je ne savais pas vraiment si je devais m'en réjouir. La douleur commençait et j'en serrais les dents avec désespoir en la sentant me parcourir.
La chambre était vide, plongée dans l'obscurité de la nuit ou régnait un silence mortel. Combien de temps suis-je restée inerte ? Puis la réalité frappa. Aragorn ? Legolas, Gimli ? S'en étaient-ils tous sortis ?
J'essayais de bouger et mes membres ont répondu. Péniblement, que je me redressais pour sortir une jambe, puis deux, des draps dans une douleur sanglante. Après avoir repris mon souffle et stoppé les images qui dansaient autour de moi, je me levais difficilement.
J'assumais pleinement cette douleur et de toute façon je la méritais. Une larme coula sur ma joue, elle était un mélange de tristesse et de colère. L'image de l'enfant dans les bras ne me quittait pas... Je plaquais mes mains sur mon visage, la réalité était encore une fois tellement plus dure à supporter que l'inconscience...
Qui suis-je ? Pour laisser les hommes mourir. Pour ne pas être à leurs côtés et les sauver! Je n'étais qu'une pauvre et misérable immortelle. Quelle cruauté, que le cadeau d'être un titan. Devoir regarder ces gens mourir d'un simple coup d'épée, alors moi je ne faiblissais jamais.
Je n'avais pas le droit de me plaindre, je ne faisais que ressentir une douleur physique, rien d'autre... Je me suis soutenue à la poutre de la cheminée. La tunique que je portais était trempée et j'eus peine à la retirer avant d'enfiler une chemise blanche légère posée sur une chaise à proximité de l'âtre. Elle était chaude et entoure mon corps de la chaleur du feu. J'arrivais à marcher, non sans mal, vers la porte et l'ouvris doucement.
Tout était désert, il n'y avait personne dans les couloirs et j'entendis le bruit de mes pas nue résonner. J'avançais dans les couloirs sombres, m'arrêtant parfois pour reprendre un souffle, avant d'arriver finalement dans la grande salle que je reconnaissais comme celle de Meduseld. Alors nous avions finalement réussi... Gandalf était-il arrivé à temps ? Les autres s'en étaient-ils sortis ? Je continuais ma route, regardant les hommes dormir et reconnus la silhouette d'Aragorn et de Gandalf. Un ronflement retentit et un sourire rapide passait sur mon visage. Je progressais jusqu'à apercevoir une silhouette devant le feu au centre de la salle. Une silhouette droite et rigide... Legolas.
Bien entendu, le seul être debout à cette heure-ci devait bien être un elfe, qui d'autre ? me dis-je en fronçant le nez. En le voyant là devant les flammes, la tristesse me serrait le cœur me remémorant ce que j'aurais plutôt voulu oublier...
Ne serai-je jamais rien qu'une arme pour lui ? Ne suis-je rien que la titan, la race si impure, à payer les erreurs de mes prédécesseurs jusqu'à ma mort?
Pourquoi a-t-il fallu que ce soit lui ?
Je ne le supportais plus, c'était trop pesant.
Je fermais les yeux en soupirant, mais trop fort car il se retourna vivement et me dévisagea.
Merde...
La colère monta sans savoir pourquoi. Je restais silencieuse, voulant juste être en paix. Taire mes souffrances et cet amour devenu presque nuisible. Ne rien ressentir...
- Tu es réveillée. dit-il quand je me détournais vers la sortie.
Un air froid passa dans mon dos.
- Perspicace... je répondis sans me retourner.
Traversant la salle sans attendre une réponse, titubant une fois ou deux. Je voulais juste sentir le vent et aérer mon esprit. J'ouvris la porte et l'air glacial passa dans mon nez. Ma peau se refroidit en un éclair et je me sentis enfin soulagée.
- Maliha...
Le vent passait dans mes cheveux alors que je respirais la brise, mais le bien-être que j'aurais pu ressentir était balayé par le regard brûlant de l'elfe dans mon dos.
- C'est la deuxième fois que tu reviens dans un état pareil. Eomer s'est demandé s'il ne valait mieux pas abréger tes souffrances...
Sa voix était presque douce... Mais je ne lui pardonnerais pas. Mon cœur était aux aboies et ma peine immense. Combien d'enfants étaient morts cette nuit-là ? Et lui et ses mots qui résonnaient encore dans ma tête.
- Peut-être aurait-il dû ? Ta souffrance aurait été apaisée sans même te salir les mains, ai-je répondu en croisant les bras.
Je voulais simplement qu'il s'arrête de parler.
- Tu ne sais rien Maliha, dit-il d'un ton lasse.
Il allait déjà trop loin. Je me retournais en sentant la colère remplir mon coeur.
- Je sais que tu as souhaité la mienne.
Il ne dit rien.
- Et maintenant tu viens te plaindre de l'état dans lequel j'étais. Toi ? Après m'avoir dit ça ?
Il baissa les yeux presque de honte il me semblait.
- J'avais peur Maliha.
- Peur ? je répondis en marquant un sourcil.
- Nous n'aurions pas passé la nuit si Gan...
- Et toi quand tu as peur tu balances ce genre de phrases ? je le coupais déjà excédée.
- Je souhaite m'excuser comme il se doit. Je n'avais pas le droit de te dire de telles paroles.
Un jour, j'aurais souhaité de telle paroles... Mais pas aujourd'hui, pas ce soir. Aujourd'hui il n'avait pas le droit.
- T'excusez...? J'ai du mal à y croire.
- C'est pourtant la vérité.
- Legolas à chaque fois que tu semble m'accepter c'est pour mieux m'insulter. Combien de fois m'as tu montré un changement pour ensuite me poignarder dans le dos comme ce soir là ? Alors tes excuses, je suis désolée, mais ça ne prend pas, plus maintenant...
Il fronça les sourcils et plissa ses yeux comme il savait si bien le faire. Je venais de toucher son orgueil et j'en étais certaine et dire que ce n'étais pas mon but serait certainement mentir. En même temps, combien de fois m'avait-il rabaissée ? Il avait fait un effort en me présentant des excuses, mais c'était trop tard, beaucoup trop tard, pas après toutes ses années.
- Je comprends que tu ne les acceptes pas. Mais comprends mes mots, pour les personnes qui tiennent à toi, te voir combattre de cette façon a été une épreuve Maliha. Je reconnais ma responsabilité, la pression que je t'impose, mais s'il te plaît ne la laisse plus te dominer.
Je fis un pas en avant sous la colère affrontant ses yeux sans honte. Il était temps de ne plus me laisser marcher sur les pieds et de dire la vérité.
- Sais-tu ce qu'est la douleur, quand on te transperce, quand on te tranche et quand tes os se brisent les uns après les autres ? Non Legolas, tu ne sais rien. Sais-tu ce que cela fait d'être comparable à la mort ? ça non plus, tu ne le sais pas. Crois-tu que retirer une vie ne me fait rien ? Crois-tu qu'avoir tout se sang sur les mains ne me fait rien !? Crois-tu que d'être la seule personne capable d'affronter une armée entière ne me fait rien ?! Crois-tu que de savoir que je n'ai pas d'autre but dans la vie que celui de tuer ne me fait rien ?! Que je n'ai pas peur moi aussi ?! Que je n'en souffre pas ?!
J'ai repris mon souffle alors que je plongeais dans le bleu pour me noyer et y vider ma douleur.
- Je souffre à chaque vie que j'arrache Legolas ! A chaque blessure que je reçois ! A chaque personne qui perd la vie parce que je n'en ai toujours pas assez fait ! Alors si parfois j'ai la possibilité de pouvoir fermer les yeux quelques secondes sur toute cette souffrance, je le fais !
Le temps s'était arrêté. Il me regardait presque avec pitié maintenant et je le supportais encore moins.
- Alors, pourquoi refuser l'aide que l'on te propose Maliha ?
- Si tu possédais une telle force ne t'en servirais-tu pas pour protéger les gens que tu aimes ? En sauver le plus grand nombre ?
- Laisse nous aussi te protéger... dit-il durement.
- Nous ?! Pourquoi je ferai ça, pour vous voir mourir ?!
- Et sacrifier ton âme encore et encore, crois-tu que cela est mieux ?!
- Oui ! Legolas, oui !
- Tu ne sais pas ce que tu dis ! Te rends-tu seulement compte de ce que tu deviens ?
La colère remplissait mes veines comme du poison.
- Tu veux la vérité ?! J'ai pris la décision de la laisser me prendre et d'en tuer le plus possible, c'était mon choix ! La seule façon de réussir ! N'était-ce pas ta propre demande ?! j'ai presque hurlé.
Son visage se tendit, ses bras lâchèrent pour lui permettre de serrer les poings. Il fit un pas vers moi avec son air impassible que je ne comprendrais jamais. En même temps, j'en avais plus rien à foutre... Il prit mon bras, mais je le retirais violemment et fit un geste pour le faire reculer.
- Tu crois faire quoi Legolas ?
- Arrête.
Le mot claqua. Il fronçait les sourcils en s'arrêtant à un mètre de moi. J'avais envi de lui aracher ce visage. Aracher cet air sans émotions, presque supérieur, qui me mettait hors de moi.
- N'est-ce pas toi qui souhaite me trancher la tête ? N'est-ce pas moi, fille d'Illuvine, qui mérite la mort de tes propres mains ? Je t'ai même demandé de le faire pour te faciliter le travail.
- Arrête Maliha.
Sa mâchoire était serrée et ses yeux ont explosé de colère. J'avais finalement fissuré le masque. Mais je ne savais plus ce que je disais. J'étais devenue une folle enragée qui perdait tous son sang froid. J'avais cette colère enfouie dans mon cœur. L'amertume de n'être rien à ses yeux, alors que mon amour pour lui était si grand...
- Que je m'arrête ?! Depuis trop longtemps je te laisse me piétiner Legolas, je ris jaune.
- ça suffit...
- N'assumes-tu pas tes propres mots ?
- Tais toi !
ça aussi je ne l'avais jamais vu... Une telle colère peindre son visage. Il était maintenant dans un état qui m'était inconnu.
- Tu es inconsciente ! Tu plonge dans la mort sans te retourner et regarde toi, tu tiens à peine debout, cracha-t-il d'un geste de la main. Regarde l'état de ton corps et les cicatrices qui le parcourent !
- Et je l'accepte ! dis-je en faisant un pas en avant.
- Alors il n'y a que toi qui l'accepte ! Moi je ne l'accepte pas !
- Pardon ?! Toi ?! Laisse moi rire Legolas, veux-tu dire que tu me considères enfin comme un être digne de vivre ?
- Tu vas me rendre fou...
- Voyez-vous ça et...
- Les personnes qui t'aiment sont-elles obligées de te voir mourir ?!
Il hurla cette phrase comme jamais il ne l'avait fait. Le masque se brisait devant moi et je pouvais voir toute sa colère... Une colère écrasante. Son visage déformé, ses yeux d'un gris si profond que j'en eus peur pendant une fraction de seconde.
Mais elle n'était rien comparée à la mienne. Comparée à toute la souffrance accumulée durant tant d'années. Qui s'était finalement transformée en tristesse et en rage. Chaque cicatrice, chaque fracture et chacun de ses mots, je les sentais dans ma chair et dans ma mémoire. S'infuser dans mon sang me pourrissant de l'intérieur. Et j'explosais...
- La faute à qui ?! HEIN ?! Je te hais Legolas ! TOI et toutes tes phrases empoisonnées qui bouffent mon âme ET CETTE PUTIN d'emprise que tu as sur moi ! Je T'INTERDIT de prononcer le verbe AIMER ! Le sens même t'en échappe ! Ton cœur est glacial, empeste l'orgueil, la fierté et TU OSES PARLER D'AMOUR ?! NON LEGOLAS ! NON, TU N'ES PAS DIGNE DE L'UTILISER ET ENCORE MOINS DEVANT MOI !
La colère se diffusait lentement...
La bouffée de chaleur passait dans mes veines pour s'évanouir dans le froid. Je repris difficilement mon souffle, mes poumons me faisaient mal et je réalisais les mots qui résonnaient dans ma tête.
J'eus honte et mes muscles se détendirent sous la sueur froide du regret.
Je l'avais traité d'égoïste, d'orgueilleux...
J'avais dit que je le haïssais même...
J'avais atteint ma limite, c'était allé trop loin. J'étais allée trop loin...
Je soupirais en détournant les yeux après plusieurs secondes. Après avoir vu son visage se décomposer pour devenir livide... Je sentais la douleur dans mes jambes qui faisait écho à celle de mon cœur. Lancinante, comme un poignard que l'on remue dans une plaie depuis trop longtemps ouverte.
Je soupirais sous son regard maintenant perdu sur moi... Je ne pouvais pas le supporter. Je préfèrais encore perdre la face... Je ne pouvais pas assumer de dire le même genre de phrase qu'il était capable de me lancer sans en avoir le cœur rempli de remords.
- Je n'aurai pas dû dire ça... je murmurais choquée.
Mais aucune réponse ne me parvint, c'était mieux ainsi. Ses yeux étaient toujours sur moi, mais ses sourcils se fronçèrent.
Partir.
Je dois partir.
M'enfuir de ce regard qui s'endurcit après avoir vidé mon sac, et retrouver la tranquillité de la solitude. Je n'étais pas de taille de toute façon, je ne l'avais même jamais été.
Je passais à côté de lui sans un regard, mais il agrippa fermement mon bras que j'arrachais je d'un coup sec.
- Ne me touche pas...
J'ouvris la porte à la volée ne faisant même pas attention à ma force. Tenté de traverser la grande salle en courant, mais mes jambes lâchèrent et je m'étalais de tout mon long sur le sol glacé... Ravalant mes larmes sous la douleur, me redressant comme je pouvais. Je réussis à m'engouffrer dans le couloir en titubant et les larmes envahirent mes yeux... Je dus me tenir au mur pour ne pas encore tomber à genoux avant de continuer pour finalement atteindre ma chambre. Dos contre la porte je me laissais glisser, mon cœur avait atteint un chagrin à s'en lacérer les veines...
Les flammes dans la cheminée dansaient devant moi. J'arrêtais de penser en me terrant dans l'obscurité du chagrin et du non-sens...
oOo
Dehors, l'elfe était dans un état second... Regardant la plaine en évitant de se concentrer sur la douleur lancinante de son cœur. Il avait enfin réalisé...
Finalement il avait réussi à la tenir loin de lui... C'était une victoire. La haine qu'il avait semée depuis toutes ces années avait fonctionné à merveille. Elle le haïssait... Il s'était promis de le lui dire. Et quand il l'avait vu dans l'ombre, la seule chose qu'il avait souhaité c'était de la prendre dans ses bras. Mais son regard l'avait transpercé.
- Tu payes tes erreurs Legolas.
Il tourna son visage pour voir le rôdeur sortir par la porte.
- Je souhaitais le lui dire Aragorn.
- Et elle ne t'a pas écouté. Pourquoi le devrait-elle ? Legolas depuis longtemps tu affectionne à la mettre plus bas que terre. Comment peux-tu t'étonner qu'elle ne t'écoute plus ?
- Je suis perdu...
- Dans tous les sens du terme mon ami.
Le rôdeur passa une main sur son épaule en soupirant.
- Ne t'inquiète pas trop Legolas, elle redeviendra la femme que l'on connait tous. Les batailles la tiraillent plus que nous. Ne perds pas espoir et ne la laisse pas entrer dans l'obscurité.
oOo
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