Chapitre 31
« Que se passe-t-il lorsqu'une sorcière tient votre cœur dans ses mains ? Elle n'attend pas la Pleine Lune pour vous dévorer. »
Moi (paroles de Ruth Durand)
Plume d'un Oiseau de Joie, feu de dragon et talisman d'Endor. Le tout à mélanger dans du sang de licorne et à enterrer au milieu d'un champ de coquelicots. Et surtout, ne pas oublier d'arroser la terre de sept larmes de phénix. Pour terminer, poser le corps ou ce qu'il reste de cadavre du défunt sur ce sol qui renferme la concoction. Que ce soit des cendres ou un cheveu. Le recouvrir d'un linceul et attendre. Le charme pourrait ne pas opérer. Notamment si la fatalité a condamné cette mort.
— Et la bouillie de méduse ? rappelai-je à Jalil.
— Exacte.
Il ajouta cet ingrédient sur sa liste.
Jalil voulait ressusciter mon père. Et même si je ne connaissais rien de Cassian, qu'Aurélien serait toujours un père à mes yeux, j'avais envie de rencontrer cet homme. Deux pères valaient mieux qu'aucun.
— Ressusciter un homme est impossible.
— Le Miroir d'Echo dit toujours la vérité, contesta Jalil devant mon manque de confiance. Tu n'es pas une sorcière depuis très longtemps, tu en connais encore trop peu sur ce monde.
Posant un sac sur son dos, il posa sa main sur le sommet de ma tête.
— Je pars ressusciter ton père.
— Bonne route, je suppose.
Jalil fit apparaitre un tapis et disparaitre son sac qui devait avoir rejoint le Mani. Lorsque le tapis se mit à planer au-dessus du sol, mes yeux l'illuminèrent.
— Oh mon dieu ! Laisse-moi être ta Jasmine !
Il secoua de la tête.
— Pourquoi moi j'ai un balai et toi un tapis ? En plus, il a l'air super... vieux.
— Autant que moi.
— Et t'as quel âge ?
Il ne répondit que d'une esquisse énigmatique.
Disparaissant aux yeux du monde normal, mais jamais aux miens, il s'apprêtait à décoller.
— À mon retour, je t'aiderai à devenir immortelle.
Et il s'envola comme ça, me laissant avec une simple phrase.
— Immortelle... Tu te fous de moi !? Reviens ici, Mage de mes deux qui me laisse sur un cliffhanger horrible !
Mais il ne reviendrait pas avant d'avoir terminé sa quête de la résurrection.
La nuit tombait déjà. Même si l'été empêchait les soirs d'être trop froid, je préférais retourner à l'intérieur. Ma mère m'avait laissé cette maison. Et avec l'aide de Jalil, celle-ci était devenue très rapidement plus confortable que lorsque j'y avais vécu quelques jours avec elle. Il était tant de choses impossibles à réaliser avec la magie qu'un Alchimiste pouvait accomplir. Modifier l'apparence d'objets inanimés de façon permanente pour ne citer qu'un exemple. Il pouvait modifier la matière avec une aisance étrange. Adieu la vieille maison en bois et bonjour l'habitat moderne aux baies vitrées et toit plat. Le bois y était toujours présent, mais sans cette apparence vieillot.
J'avais eu un aperçu de la raison pour laquelle Jalil avait été 1er Siège. Nombreux étaient les sorciers tentant toute leur vie de devenir alchimiste, très rare étaient ceux qui y parvenaient.
Finalement, je me rendais compte que se spécialiser était très difficile. Et très certainement que de nombreuses sorcières n'y parvenaient pas.
Sautant sur le canapé hyper confortable, j'allumai la télé. Il était temps pour moi de rattraper mon retard sur quelques séries.
***
La Pleine Lune affectait de nombreuses créatures. Les loups-garous n'échappaient pas à la règle. Perdant l'esprit, ils se laissaient guider par leurs instincts les plus féroces. Ceux du loup qui sommeillait en eux. En cette nuit, les bêtes prenaient le contrôle et les maîtres s'endormaient pour ne constater les dégâts que le lendemain. Un lycan pouvait dévorer son propre enfant si celui-ci n'était pas de sa meute.
Mais avec le temps et surtout un entrainement approprié, la Lune perdait de son influence. Même s'ils étaient plus irritables et à fleur de peau que la normale, ils pouvaient se maîtriser. Et de cette maîtrise, ils pouvaient alors jouir de la puissance nouvelle et temporaire que leur accordait l'astre.
En ces nuits sacrées, Hunter se chargeait souvent de rappeler à l'ordre ses loups. Il était Alpha de sa meute, il se devait de toujours user de son autorité pour calmer les esprits échauffés. Chacun ici savait se maîtriser, mais une simple contrariété suffisait pour déclencher des effusions de sang. Mais aujourd'hui, aucun ne pouvait compter sur lui.
— Tu devrais peut-être chasser, Hunter, lui conseilla sa sœur avec une pointe d'inquiétude dans la voix.
Michael ne semblait pas être d'accord.
— S'il part à la chasse, il va la démolir.
Hunter était du même avis. Seulement, il fallait faire quelque chose. Le loup en lui prenait petit à petit le contrôle. Hunter maîtrisait son côté bestial, mais en contrepartie ses instincts s'amusaient à lui faire perdre la tête. Son odeur était partout et le moindre son lui semblait être un geste de sa part. Pourtant Hella n'était pas dans son domaine. Oanelle le lui affirmait dès qu'il se mettait à vraiment douter.
— Tu ne lui feras pas de mal, mais elle pourrait bien t'aider à t'apaiser. Si tu es vraiment imprégné, tu as besoin d'elle.
— Ou bien on l'enferme dans la cage et on attend demain pour l'en sortir.
L'Alpha acquiesça, se levant déjà pour se diriger vers la porte qui le mènerait au sous-terrain. Il s'y enfermerait et y passerait la nuit.
En venir à de telle extrémité alors qu'il était un Alpha...
On lui ouvrit la fameuse « cage ». Une pièce close faite de béton et dont les murs épais étaient griffés. Pour un loup, être enfermé s'avérait déjà être une épreuve douloureuse. Alors lorsqu'il fut certain que rien n'ouvrirait pour le libérer, il se laissa complètement aller. Le loup en lui sortit, faisant disparaitre tout ce qui était de sa raison et de sa conscience.
Une erreur.
Quelques minutes plus tard, un gros bruit retentit. Le temps que Michael et Oanelle descendent, il était trop tard. Un énorme trou se trouvait là à la place de la porte. Ils remontèrent, prévenant chaque loup de la meute. L'Alpha s'était enfui.
Le bruit d'un moteur se fit entendre depuis la cour. Hunter partait-il en voiture ?
Oanelle se précipita dehors. Non, ce n'était pas Hunter. Un autre homme sortait de la berline.
— Vixy, nous avons un problème, avoua-t-elle au Bêta.
L'homme aux longs cheveux, toujours sérieux dans ses expressions, retourna dans son véhicule, n'ayant pas besoin de plus d'explications pour comprendre.
— L'adresse de la sorcière, ordonna-t-il en baissant la vitre pour entendre la réponse d'Oanelle.
Après le lui avoir donné, la louve regarda Vixy repartir. S'il y avait bien une personne capable de contrôler un minimum son Alpha était le Bêta, le loup le plus fort après lui.
« Hella, tu vas passer une sale nuit ».
***
Mes paupières s'ouvrirent. La pièce était plongée dans le noir.
Après avoir regardé quelques épisodes, j'avais finalement eu l'idée de retrouver ma chambre pour profiter de mon lit et d'une longue nuit de sommeil. Mais de ce que je voyais, il faisait encore sombre dehors. Mon bras s'étira et ma main se saisit de mon portable. La lumière puissante de celui-ci me fit grimacer. Il était exactement trois heures du matin.
Me connaissant je n'arriverais pas à me rendormir.
Repoussant mes draps, je m'assis au bord de mon lit, soupirant un bon coup. Je n'avais même pas fait de rêve. Peut-être qu'après avoir bu un peu je pourrais retrouver le sommeil. Durant un instant, je l'avais tout du moins supposé. Les lueurs magiques qui régnaient dans la chambre, tournoyant autour de moi, m'indiquèrent que mon réveil soudain en plein milieu de la nuit n'était pas anodin.
C'était assez joli. Le mauve venait soulever mes cheveux dans un coup de vent qui n'existait pas. Il s'agissait de mon aura. De la même manière que Strix possédait une aura florale dans son parfum et verte dans sa couleur, entourée de végétation, la mienne semblait être encore en cours de construction.
Je l'avais un jour aperçu bleu, m'enveloppant pour ne laisser qu'un mirage autour de moi. La seule chose qui changeait cette nuit était sa couleur. Pas de bleu, mais bel et bien du mauve pâle. Couleur lilas.
Puis tout disparut. Une autre teinte apparaissait non loin, suivie d'un grognement sinistre. Mon visage se tourna vers la menace se tapissant dans l'obscurité de ma chambre, éloignée des baies vitrées qui laissaient entrer les puissants rayons de la Lune glissés sur ma peau.
Deux yeux rouges brillaient dans le noir. Il s'avança, révélant sa face de loup beaucoup trop gros pour être normal.
— Hunter ? devinai-je sans peine à la vue de l'animal.
Et l'animal devint homme, fondant sur moi pour tenir prisonnier ce qui aurait pu être mes armes de résistance. Mes poignets gardés par ses mains, ses doigts se détachèrent pour s'entremêler dans les miens. Dressé au-dessus de moi, cette lueur dangereuse ne quittant pas ses yeux, il ne semblait pas être dans son état normal. Cela n'empêchait pas mon cœur de me rendre sourde de ses battements bruyants.
La porte de ma chambre s'ouvrit violemment. À dire vrai, elle vola en éclats. Un homme entrait et en réaction Hunter grogna, montrant les crocs. Vixy entra.
— Qu'est-ce qu'il se passe ? parvins-je enfin à demander.
— C'est la Pleine Lune. Hunter n'a jamais été confronté à cette dernière sous les influences de l'imprégnation.
— L'imprégnation ?
Apparemment, j'avais loupé quelques épisodes de la série « Les malheurs de Hella, l'apprentie sorcière ».
— Cela arrive lorsqu'un loup-garou tombe éperdument amoureux. Ce n'est plus l'homme ou la bête qui s'est attaché, mais les deux ensembles. Il n'aimera plus personne.
— Un amour éternel... Non, on s'en fout en fait. Fais-le descendre !
À l'entente de mon haussement de voix, Hunter réagit. En une fraction de seconde, il eut le temps de s'asseoir et de m'attraper pour me coincer dans une étreinte quelque peu douloureuse. Je parvins à me saisir d'une couverture pour mettre une barrière entre moi et son... entre-jambes.
— J'aurais voulu l'arrêter avant qu'il ne vienne, mais maintenant qu'il est là et qu'il t'a attrapé, c'est un peu tard.
— Quoi ? Tu ne vas pas m'aider à me débarrasser de cette bête en rut ?
Lorsqu'Hunter se mit à humer mon odeur, plongeant son nez dans mes cheveux, je pus simplement sentir un frisson me parcourir.
— Vixy, par pitié aide-moi.
Il décida d'agir. Posant un genou au sol, la tête basse, il leva seulement ses yeux dorés vers l'Alpha. Hunter paru s'apaiser, sa prise sur moi se desserrant. Il reconnaissait son Bêta et c'était déjà une super bonne nouvelle pour moi ! Enfin, jusqu'à ce qu'Hunter me rallonge pour reprendre là où il s'était arrêté.
— Bon, maintenant ça suffit !
Et soudain, comme si ma prière avait été entendue, Hunter fut éjecté. Loki venait d'apparaitre.
— Deux hommes nus sur trois dans la chambre d'une jolie jeune femme innocente...
Une réflexion que Loki entendit. Des vêtements apparurent sur lui.
Hunter sauta sur Loki, les deux hommes reprenant forme animale. Ensemble. Cela me fit presque mal de voir le renardeau se battre contre le loup anormalement grand.
— Hella, utilise ta magie, me demanda Loki.
— C'est un Alpha.
— Et toi une sorcière puissante.
Mais les Alpha ne craignaient pas la sorcellerie. Ils en étaient comme immunisés. Vixy retira sa chemise. Il allait se battre avec Loki, tenter de faire revenir Hunter. La bête en lui avait véritablement pris le dessus. Qu'aurais-je pu faire ?
— Je vais m'en occuper, promit Vixy.
Alors je levais mon bras devant lui, le dissuadant de faire quoi que ce soit.
— Loki, repars !
Et le familier partit dans un écran de fumée, mes mots ayant eu un effet immédiat. N'ayant plus personne avec qui se battre, Hunter se tourna vers moi, les babines retroussées en prévision d'une possible nouvelle confrontation contre un autre mâle venu lui dérober ce qu'il avait reconnu comme étant sien : moi.
Je ne connaissais rien concernant cette histoire d'imprégnation, mais quelque chose me disait que j'allais en entendre parler encore très longtemps.
Dans ma main apparut un balai. Il n'avait pas autant de classe qu'un tapis volant, mais il ferait sa part. Il volerait, et moi avec. Courant jusqu'à la fenêtre, je sautai et... tombai lamentablement par terre non sans ressentir une douleur terrible à l'épaule. Bon, briser une vitre n'était aussi simple que dans les films.
Même si Hunter n'était pas lui-même, le gros loup qu'il était semblait s'interroger sur ce que je venais de faire. Moi-même je me posais la question. Vixy se contenta de me tourner le dos, tremblant tant il rencontrait des difficultés pour ne pas rire. Après m'être relevée, j'ouvris les portes-fenêtres menant sur un balcon. Hunter me suivit à pas de loup. Et lorsque je pris mon envol, comme attendu, il sauta hors du balcon pour me poursuivre. Je volai dans la forêt, esquivant les arbres avec une vitesse qui m'effrayait. Le loup allait vite, je serais plus rapide.
La course se termina là où j'avais voulu nous mener. Au pied d'une étendue d'eau se nourrissant d'une petite cascade. Mes orteils se posèrent doucement sur le sol froid, se laissant caresser par les feuilles mortes, l'herbe fraîche et les fleurs au parfum douçâtre. Le bruit de l'eau s'écoulant dans une nuit paisible avait de quoi calmer tout esprit confus ou en ébullition.
Le balai disparaissait pour retrouver le Mani.
« Allez, ta maman t'a appris durant une semaine entière », tenta de me rassurer ma petite voix intérieure. J'avais bien appris les rudiments de la sorcellerie au contact de ma mère avant qu'elle ne meure vraiment des suites d'un sortilège lancé par une nécromancienne envoyée par ma tante. Serait-ce suffisant face à un loup-garou qui ne craignait rien de la sorcellerie ? La réponse était évidente même si Loki supposait le contraire.
Inspirant profondément, j'entendis le loup s'approcher. Les bras le long du corps, je tournai mes mains sur elles-mêmes, jouant de mes doigts sur l'air. Aux yeux de ceux qui ne voyaient qu'une version de la réalité, j'aurai été en train de réaliser un échauffement étrange des mains. Mes yeux voyaient bien plus. Les énergies venaient s'y enrouler. Le mauve de mon aura tourbillonnait autour de mes doigts, suivant leurs mouvements. Elle sembla déteindre sur eux qui commençaient à se peindre de cette magnifique couleur.
Le loup s'approchait et je lui fis face, pivotant dans une lenteur voulue pour éviter toute brusquerie qui aurait pu à la fois énerver le loup et me faire perdre ma prise.
Et je lançai cette aura droit contre le loup. Il eut un mouvement de recul, sentant cette puissance étrangère à la sienne tenter de le dominer. Si je ne pouvais le vaincre dans la magie, je pouvais toujours stimuler d'autres instincts. Dresser la bête.
Ça n'eut pas l'effet escompté.
Mon aura autour de lui se brisa, le rouge aux puissantes phéromones de l'Alpha venant la remplacer sans difficulté. Elle se répandait avec bien plus de rapidité que la normale et dans des proportions dangereuses. Mes jambes allaient pour trembler, me prévenant d'une chute future probable. Ma main se plaqua contre mes narines, essayant de filtrer cette force.
— Hunter ! hurlai-je dans un moment de pur désespoir en espérant que cela le fasse réagir.
Et finalement, je perdis pied, m'effondrant. M'empêchant de tomber et toucher sol, un bras vint me recueillir et me servir d'appui. Mais ce contact n'eut rien pour m'aider à me calmer, pour apaiser la fièvre soudaine.
— Je suis désolé Hella.
Mon regard se leva vers le sien qui ne se détourna pas. La mâchoire serrée, on pouvait deviner la maîtrise miraculeuse dont il faisait preuve en ce moment. Un simple mouvement de ma part, même infime, déclenchait des réactions que je reconnaissais. Il me tenait et ne voulait pas que je m'éloigne. La bête était partie, pas ses instincts. Pourtant il parvint à arrêter l'effluve de sa senteur d'Alpha, me permettant de retrouver mes forces.
— Tu fais vraiment chier ! explosai-je enfin en le martelant de multiples petits coups de poing sur la poitrine.
— Je suis désolé. J'étais certain que la pièce de béton me retiendrait.
— Ah ouais ? Et pourquoi maintenant tu es complètement maîtrisé ? Il a fallu que j'hurle ton nom et perde pied pour que tu reviennes. Je parierai que tu l'as fait exprès.
— Je suis simplement plus calme. Tu es là, devant moi, dans mes bras. Ce qui me faisait perdre la tête était de ne pas te sentir près de moi.
Sa main glissa dans mes cheveux, ses narines se délectant de leur odeur.
— De ne pas sentir ton parfum envoûtant.
Son doigt caressa ma joue, avant de se poser sur mes lèvres pour s'amuser à entrouvrir ma bouche. Ses yeux en étaient comme hypnotisés.
— De ne pas pouvoir...
— M'embrasser ? Je ne me suis pas vengée pour la dernière fois.
— Est-ce une obligation ? Ne pourrais-tu pas simplement...
— Me coucher et te laisser me posséder ?
— Je n'aurai pas formulé ça comme ça.
— Ah oui, et tu aurais dit quoi ?
Il eut un sourire amusé, celui qu'il laissait toujours paraitre lorsqu'il voulait m'amadouer. Il n'y arriverait pas.
— J'aurais voulu que tu me laisses t'enlacer et t'aimer toute la nuit.
— C'est à cause de la Pleine Lune ?
— Les loups-garous perdent la tête les soirs de Pleine Lune, leurs instincts les dictant et la bête en eux se tenant prêts à sortir.
Sa voix se voulait joueuse, mais bien trop calme à mon goût. Je l'avais déjà remarqué avant, mais depuis ce jour où j'avais attenté à sa vie, depuis cet instant sous la pluie avec moi hésitante et lui persuadé que je ne le tuerais pas, le loup avait changé.
Son comportement envers moi...
— Tu vas me dévorer ?
— Tu le voudrais ?
Et pourquoi en réponse mes propres mains venaient agripper son dos ?
— Je ne suis pas une sainte-nitouche. Je griffe, je mords et je domine. Avec moi, ton côté Alpha dominant sera brisé.
— Je griffe, je mords et je domine. Avec moi, ton côté Méchante Sorcière sera brisé.
— Je voulais seulement que ce soit clair.
— Que serait l'amour sans une rivalité complice ?
— L'amour ?
— Je t'ai dit que je t'aimais.
— Je ne te l'ai pas encore avoué.
— Avoué ? Cela signifie-t-il que tu m'aimes ?
— Qui sait ? Cela pourrait peut-être m'échapper ?
Et lorsque ses lèvres se posèrent sur les miennes, j'en fus persuadée. J'allais vraiment céder ces mots pour ce loup. Si Martin demeurerait à jamais dans mon cœur, il ne possédait plus cette place si importante qui avait été dérobée par un Alpha qui, à présent, me soulevait de terre pour permettre à mes jambes de s'enrouler autour de sa taille.
— Je t'aime Hunter.
— Je sais.
Si le bonheur venait de faire son entrée, je ne pris pas garde du hululement de la chouette. La nuit conservait ses rancœurs et le jour les vengerait.
***
La main posée sur une branche, une simple pression de sa poigne eut suffi à la briser. Elle était furieuse.
La chouette revenait jusqu'à elle après lui avoir soufflé les secrets de deux amants. Strix savait pourtant que ce jour arriverait, qu'Hella ne lui accorderait jamais ce genre de regard. Mais de la voir se laisser tomber pour un loup-garou, un monstre sanguinaire qui la mettrait en pièce dès qu'il prendrait conscience qu'une sorcière et un loup ne pouvaient être ensemble...
Elle le savait, il ne s'agissait que d'une excuse pour cacher sa jalousie.
Strix n'était pas une harceleuse, elle n'espionnait pas Hella. Aujourd'hui était spécial. Une nuit de Pleine Lune. Et pour les sorcières, il s'agissait d'un moment au lendemain difficile. À trois heures du matin, chacun se réveillait. Autrefois, elles se réunissaient entre elles dans des forêts obscures, faisant de la magie pour s'amuser ou se protégeant des créatures violentes devenant puissantes sous les rayons de la Lune. Strix avait voulu passer cette nuit à jouer à des jeux vidéo avec Hella ou à bien mater des films d'horreur. Comme avant. Les deux amies s'étaient en quelque sorte perdues de vue depuis qu'Hella était devenue une sorcière. Non, depuis qu'Hunter était apparu dans la vie de sa meilleure amie.
Strix descendit de son perchoir. Il n'y avait qu'une seule chose à faire. Elle devait sauver Hella et pour cela elle avait besoin d'aide.
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