Chapitre 22
« Je ne suis pas la gentille de l'histoire, mais sans aucun doute la méchante sorcière qu'Hansel et Gretel poussèrent dans le four. Et tout comme elle, je brûlerai dans les flammes de l'Enfer. »
Moi (paroles d'Hella)
L'arrivée de Frédéric, le frère de mon premier et dernier ex-petit ami décédé, avait eu le même effet qu'un barrage s'effondrant et laissant l'eau qu'il retenait se répandre sur une terre qui s'était adaptée à son absence. Autrement dit, chacun se serait bien passé de connaitre mon passé, mais maintenant qu'il était là, il fallait s'attendre à ce que plus rien n'aille.
Mon passé avait été ma vie, et aujourd'hui il m'avait offert des armes qui me plaisaient assez. Je fabriquais mon vernis à ongles qu'à présent je savais être douloureux et menaçant s'il pénétrait la peau de certaines créatures de par les ingrédients que j'y incorporais. Je pouvais me battre contre un Alpha avec une chance de possiblement m'en sortir sans magie, ces derniers étant insensibles à la plupart des sorts. Une chose que je ne comprenais pas d'ailleurs.
— Donc tu es en train de me dire que tout ce que j'ai tué durant des années...
— Tous des monstres, acheva Oanelle. Au sens littéral comme au sens figuré. Meurtriers, violeurs, hors-la-loi et fugitifs, toi et ta mère faisiez le travail d'un exécuteur en gros.
Elle leva la main et je frappai dedans en signe de « Super trop cool mon passé ! ». Hunter ne semblait pas du même avis. Songeur, il se frotta le menton tout en survolant les documents du regard. Il réfléchissait, mais à quoi ?
— Cela m'étonne que la Soveraineté ait laissé faire ça. C'est comme se faire justice soi-même. Vous vous êtes fait remarquer. Et si Oanelle a pu faire tous ces liens, eux aussi.
— Et donc ?
— Je ne sais pas.
Si je me souvenais bien, la Soveraineté était un genre de puissance régnant sur le monde surnaturel.
Hunter sortit du dossier une carte qui, apparemment, retraçait tous nos déménagements avec ma mère depuis mon enfance. Non, vraiment, Oanelle était douée, mais super flippante. Pouvoir collecter toutes ces informations...
Je me tournai vers elle, la questionnant du regard. Elle me fit un clin d'œil.
— J'ai de nombreux contacts.
Ça, je n'en doutais pas.
— Tous ces déplacements indiquent que vous étiez en train de fuir.
— Pourquoi fuir ? questionnai-je.
— Si tu ne le sais pas, je ne peux pas t'aider à deviner, Hella.
— Mais moi je peux ! intervint alors Oanelle.
Hunter attendit, tout comme moi. La louve fouilla dans sa poche, sortant une feuille qu'elle tendit à son frère. Ce dernier la déplia pour en lire le contenu. Il blêmit de façon inquiétante.
— Tu te fous de moi !?
Oh, oh, le loup semblait autant terrifié qu'énervé envers Oanelle. Elle se renfrogna, reculant d'un pas et Hunter se tourna vers moi, redirigeant sa colère. Il me montra la feuille qui ne contenait que deux mots. Ou plutôt un nom.
Le mien.
— Linda Desondes, nomma à haute voix Hunter.
— Ah, Oanelle ne t'a pas raconté ce détail de ma vie ?
Il fusilla aussitôt la pauvre étudiante qui roula des yeux, sortant un instant pour revenir avec un autre dossier en plus de celui déjà sur le bureau. Pendant que je me trouvais à parler avec Ruth, les deux loups avaient discuté de ma vie dans mon dos avant de finalement me faire venir pour me révéler leurs trouvailles.
Je me tentais tout de même quelques pas en arrière, désireuse de partir avant que le fameux barrage m'explose en pleine tête. Hunter n'attendit pas pour frapper son bureau de sa main.
— Hella, tu restes ici !
— OK, murmurai-je en m'asseyant presque par automatisme.
Il était vraiment intimidant lorsqu'il s'y mettait le Grand Méchant Loup. Se mettant à lire en feuilletant ce qui devait sans doute être ma vie, Hunter reporta enfin son attention sur moi.
— Hella, ton véritable nom est-il vraiment Desondes ?
— Et alors ? Plein de gens ont ce nom de famille.
Enfin, là tout de suite je l'espérais parce que même si je ne savais pas encore ce que cela signifiait, ça n'annonçait rien de bon pour moi.
— Est-ce que le nom de Cassian Desondes te dit quelque chose ?
— Désolé, mais je ne connais pas tous les « Desondes » de la Terre. Juste moi et ma mère. Malaurie Desondes, qui est devenue Malaurie Doux et qui est morte. Chose que tu dois maintenant savoir puisque Oanelle est apparemment la meilleure de ta meute en espionnage, balançais-je avec sarcasme.
Il fit passer le papier à la déchiqueteuse avant de se lever, marchant jusqu'à moi.
— Tu dois avoir raison, je suis désolé de m'être emporté comme ça.
Il me tendit sa main, sa mauvaise humeur passée.
— Je t'offre quelques douceurs sucrées ?
Mes doigts s'y glissèrent et le loup me tira à lui pour me soulever du sol.
— Au risque de me répéter, je sais marcher Hunter.
— Je n'en doute pas.
Pour autant, cela ne l'empêcha pas de resserrer sa prise autour de moi alors que sa mâchoire se crispait. Il pouvait tenter de le cacher, l'inquiétude sur son visage ne disparaissait pas. L'origine de ce sentiment parasite ? Si seulement j'en avais eu connaissance. Tout ce qu'il m'était possible de faire ? Écarter une mèche de ses cheveux tombée devant ses yeux, la replacer derrière son oreille. Ma peau frôlant la sienne le fit réagir. Ses sourcils se fronçaient, son regard se posa sur moi. Il s'était arrêté pour seulement m'observer.
— Qu'est-ce que tu fais, Hella ?
— Je ne sais pas encore.
Je descendis de ses bras pour laisser mon odorat me guider vers le goûter préparé par les loups de la meute d'Hunter. Si je m'installais, remerciant un à un les petits serviteurs heureux et remuant la queue dès que leur Alpha claquait des doigts, Hunter retira la plupart de ses habits, se transformant en loup pour partir courir, accompagné d'Oanelle et de deux autres loups.
Pas cool. Il me laissait manger toute seule.
— Plus de gâteaux pour moi, déclarai-je en me frottant les mains.
Un choux à la crème particulièrement appétissant m'attira. Mais au moment de m'en emparer, il disparut, dérober par un gars. Ils étaient cinq à venir déranger la tranquillité de mon repas le plus important de la journée : le goûter.
— C'est mon choux, commençai-je à jouer les emmerdeuses qui ne partageaient jamais rien.
Ce que fit l'amérindien torse nu et bien foutu qui m'avait volé un chou à la crème ? Comme n'importe qui sur Terre, il mordit dedans et le mangea entièrement, ne me quittant pas du regard tandis que ses amis riaient aux éclats.
— Dans ma grande générosité, je ne vais rien dire.
Et je pris une part de gâteau, prête à le manger. Un autre loup m'attrapa le poignet pour croquer dans ce dernier.
— Alors toi t'es mort, déclarai-je ouvertement la guerre.
Lorsque l'on provoquait la grande Hella, c'était l'Enfer tout entier que l'on se prenait sur la tête. Et l'Enfer en question fut une tarte à la crème que j'écrasais contre la face de celui qui me tenait encore. Un homme aux cheveux frisés qui répliqua immédiatement pour me lancer sur la table.
Un genou parmi les pâtisseries, un sourire en coin, je lançai une à une les gourmandises sur les loups qui n'hésitèrent pas à répliquer par un bombardement de coussins. L'un d'entre eux me cogna brusquement à la tête pour me faire perdre l'équilibre et tomber dans un genre de fontaine qui déversa son liquide sur moi. Le combat cessa immédiatement tandis que je me léchais la lèvre.
— Fontaine de chocolat, Hunter a vraiment pensé à tout.
Je retirai le chocolat sur mon visage, jaugeant mes adversaires.
— Goupil, sors de ta cachette, ordonnai-je alors.
Aussitôt, apparu sur une chaise à côté de moi Loki, jambes croisées et prenant quelques morceaux encore mangeables de ce qui se trouvait sur la table.
— Tu ne m'as pas vraiment aidé avec le vampire.
— Ton collier a aussi agi sur moi. Un objet très puissant, trop pour la sorcière de bas étage que tu es pour le moment.
— Et en plus, il m'insulte, levai-je les yeux au ciel.
Avec Loki on ne savait jamais à quoi s'attendre. Un jour, il était un charmeur venu vous faire la plus belle des déclarations d'amour, et le lendemain il était un connard jouant avec les mots pour vous rabaisser.
— Une guerre contre cinq loups, qu'est-ce que tu en penses ?
Se changeant en renardeau, il sauta sur un meuble, juste à côté d'une statuette. Le souffle des loups se coupa.
— Pas la statuette de la Louve. Hunter nous tuerait, supplia frisette.
Le temps qu'ils s'intéressent de nouveau à moi, j'avais empoigné de la purée de pâtisserie pour en faire de grosses boules qui s'éclatèrent sur leurs faces, en faisant tomber un. Les loups, comprenant la supercherie, s'emparèrent de coussins, même si l'un d'entre eux surveillait Loki du coin de l'œil. On était jamais à l'abri d'une mauvaise farce du rusé renard appartenant à une sorcière perfide. Mais au moment de me balancer leurs armes inoffensives, un grognement menaçant s'éleva.
— Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ici !?
Frisette et le Voleur de Choux me pointèrent du doigt. Le nouvel individu se tourna vers moi ce qui souleva ses longs cheveux clairs.
— Sylvestre, Adahy ! Vous me nettoyez tout ce foutoir. Que ce soit fini avant le retour de l'Alpha. Exécution !
Sylvestre, qui était frisette, se retenait de rire en ramassant les coussins tout en regardant Adahy le voleur de choux. Ils voulaient remettre ça, c'était certain.
Loki avait disparu. Comme toujours.
— Toi !
Le blondinet me pointa d'un doigt accusateur.
— Moi ?
— Oui, toi.
— Moi ?
— Arrête ça. Suis-moi.
Je descendis de la table, allant vers le beau gosse aux traits aussi sévère que son caractère de chien.
« Ah, j'ai fait un jeu de mots. C'est un loup, il a un caractère de chien », me marais-je toute seule dans ma tête. Ce devait être ce que l'on appelait le début de la folie, non ? Quoique, peut-être que le début était passé depuis longtemps et qu'aujourd'hui était la preuve que j'étais déjà bien atteinte.
— Toute cette nourriture gâchée. Bien sûr, il fallait s'en douter. Lorsque l'Alpha n'est pas là, les louveteaux s'amusent.
— Les louveteaux ?
— Ils n'ont qu'une trentaine d'années. Ils ont été transformés il y a un peu moins de dix ans. Ne prends pas en mal ce qu'ils ont fait avec toi. Se bagarrer comme ça est une forme de respect. Un jeu. Et lorsque l'on est aussi turbulant et indiscipliné qu'eux, on demande rarement l'autorisation avant de provoquer l'autre pour l'obliger à jouer.
— Je suis une sorcière. Ce n'est pas étrange qu'ils veuillent « jouer » avec moi ?
— Pas depuis qu'Hunter t'a ramené de chez les vampires. Il a massacré la moitié des sangsues à lui seul, laissant les autres aux loups de la meute pour qu'ils puissent se défouler le temps qu'il te trouve. Il était si furieux et rongé par l'inquiétude que chacun a compris.
— Compris ?
Il m'emmena jusqu'à l'étage, me faisant entrer dans une salle de bain. Il sortit un instant et revint avec des vêtements propres qu'il posa sur le coin du lavabo.
— Tu es importante pour notre Alpha. Et surtout, tu es venue en aide à la meute au 1er Mai. Oanelle t'apprécie, tout comme Michael. Tu as le respect de la meute.
— Michael ne m'apprécie pas, il a peur de moi.
— Peur ? Peut-être, mais il t'apprécie vraiment. Malgré les apparences, il est un enfant plutôt timide. Si Oanelle est douée pour recueillir des informations, Michael sait comment se cacher sans jamais se faire repérer, ce qui fait de lui le plus doué de la meute pour surveiller et espionner un allié ou un ennemi. Il est celui qui a averti Hunter pour le vampire Drake.
Alors Michael me surveillait vraiment comme mon ombre, ce que lui avait d'ailleurs ordonné Hunter. Me protéger, veiller sur moi. Comme si j'avais besoin de ça. Quoique, cela signifiait que sans Michael peut-être qu'en cet instant encore je serais dans les cachots de ce psychopathe.
— Oh, qui es-tu ?
— Vixy Rhys. Je suis le Bêta.
Il me laissa seul dans la salle de bain. Il était temps de se nettoyer de tout ce sucre.
***
L'impossible était vraiment possible. Strix en avait à présent la preuve. Annette, son Mage, était puissante. Cela ne faisait aucun doute, mais de là à devenir un Siège ? Quelque chose devait lui échapper, impossible autrement.
La vieille femme buvait sa tisane dans un calme absolu.
— Strix, appela-t-elle alors son apprentie.
Elle s'approcha.
— Cela fait un moment qu'Hella n'est pas venue.
Oh, oh, ce n'était pas une très bonne idée ça. Sa meilleure amie, sa sœur d'âme était devenue une sorcière solitaire. Pour qu'elle puisse avoir le droit d'entrer sur le territoire d'un coven, il lui faudrait une très bonne raison du genre « Je veux rejoindre le convent, est-ce possible ? » et non « Salut mamie, ça faisait longtemps ». Il y avait des règles chez les sorcières. Les transgresser n'était jamais bon. Même pour la petite-fille du Mage.
Mais connaissant son Mage, Strix savait exactement à quoi pensait Annette. Et cette vieille femme, au contraire de défier les règles, allait les appliquer à la lettre.
— Annette, tenta de la prévenir Strix.
La vieille femme leva sa main pour l'inciter au silence.
— Il s'agit de ma petite-fille. Je la fais venir si je veux.
Strix se mordit la lèvre. Quitter le convent serait sans doute la plus grande erreur qu'aurait commise Hella.
— Je fais à présent partie du Convent, déclara alors Annette.
— Mais ça ne la convaincra pas.
Le regard de la sorcière changea, tout comme son apparence qui se rajeunissait pour laisser apercevoir sa véritable forme de sorcière. Une créature à l'image du peuple sylvestre, jeune et beau. Sans défaut, si ce n'était celui de ne pas en avoir.
Ce qu'Annette voulait, elle l'aurait.
***
Des choses étranges, j'en avais vu. Mais ça, jamais.
— C'est moi ou les gens perdent la tête ?
Un trait d'humour ne ferait pas de mal, mais apparemment cela n'amusait pas tout le monde. Sauf peut-être mes nouveaux amis Sylvestre et Adahy, qui semblaient amusés par la situation.
Un peu après ma douche, j'avais été appelée. Un colis en mon nom avait été déposé devant la porte, ce qui était déjà louche en soi puisque je ne vivais pas chez Hunter, mais plutôt aux dortoirs de l'université. Ensuite, on m'avait interdit de le prendre à cause de l'odeur étrange qu'il dégageait. Une odeur de sang qui se sentait même sans posséder un odorat de loup-garou. Alors évidemment j'avais pris le colis pour le poser sur la table du salon. Et j'avais ouvert.
Un magnifique cadeau. Une tête sanguinolente dans un sac en plastique. Un petit mot l'accompagnait.
— Les crimes ne restent jamais impunis, commençai-je à lire à haute voix. Et il est des créatures qu'il est interdit de toucher sans en payer les conséquences.
Posant le papier, je sortis la tête. Je reconnus immédiatement son identité.
— Par tous les saints, jurai-je avec une émotion dans la voix.
Qui donc avait fait ça ?
Il s'agissait de Drake, le vampire sadique qui m'avait kidnappé pour attirer Thérésa dans ses filets. Un grognement échappa à Hunter qui paraissait légèrement frustré.
— Je devais m'en occuper moi-même, bouda-t-il. Bon, donne-moi ça que je t'en débarrasse.
Il approcha ses mains et je plaquai le visage du mort dans son sac contre moi, reculant pour me réfugier auprès de Ruth et Loki.
— Non ! C'est ma tête.
Il écarquilla en grand les yeux.
— Hella, ce n'est pas un jouet ou un gâteau. C'est la tête d'un vampire.
Et ça je le savais parfaitement.
— C'est un cadeau, rectifiai-je tout de même. Quelqu'un a eu vent de ma douleur et m'a vengée. Il m'a envoyé sa tête en guise de trophée.
— Je l'aurais également fait si je ne m'étais pas occupé de remettre tes petites fesses sur pied.
Ce fut à moi d'être surprise.
— En fait, t'es jaloux.
— Et alors ? Tu accordes plus d'attention à une personne inconnue qui a déposé un nonos sur le palier de ma maison qu'à ceux qui t'ont soignée.
Posant la tête sur la table, ma main sur cette dernière j'attendais en regardant Hunter droit dans les yeux.
— À feu et à sang, n'est-ce pas ?
Et le crâne s'enflamma. Une fois tout brûlé, il ne resta qu'un crâne noirci. Je levai mes ongles vers moi, grimaçant.
— Merde, j'ai niqué ma manucure.
Mais Hunter avait retrouvé le sourire, c'était déjà pas trop mal. Maintenant, il y avait une chose que j'avais vraiment envie de découvrir, à savoir l'identité de mon admirateur secret. Et surtout la raison l'ayant poussé à traquer et arracher la tête de ce Maître.
— Les enfants, Tante Ruth s'est bien amusée, mais elle doit rentrer, annonça-t-elle en se tournant ensuite vers moi. Tu me raccompagnes, sucre d'orge ?
Nous sortîmes du bâtiment, laissant aux soins d'Hunter mon trophée qu'était ce crâne carbonisé. Une fois à sa voiture, Ruth me prit un instant dans ses bras.
— Sucre d'orge, je dois retourner en France. Voyage en amoureux. Cela me peine de te le demander, mais surtout ne te sépare plus de... cette meute. Hunter sera surement la seule personne qui ne voudra rien de ce que pourrait offrir les Laga. Mais à mon retour, je ferai de toi la plus puissante des petites sorcières. D'accord ?
— Ramène-moi un souvenir.
— Sans faute.
La voiture démarra et lunettes de soleil sur le nez, Ruth la sorcière chasseuse de monstres partit loin de moi, me laissant seule face à un monde que je commençais peu à peu à comprendre.
La sorcellerie était complexe, mais lorsque l'on en faisait partie, on apprenait vite et on retenait bien, parce qu'il s'agissait de notre nouvelle nature. Notre nouvelle identité. J'étais une sorcière. J'étais une Laga. Et aujourd'hui comme hier, je me sentais de mieux en mieux, intégrant cette vérité et ses règles avec plus de facilité que prévu.
J'avais toujours appartenu à ce monde. Demain arriverait le jour où je n'en douterai plus.
Mon portable se mit à vibrer pour signaler un message. Il s'agissait de Strix.
— Hella, m'appela Hunter sur le palier de sa demeure.
— Ma grand-mère veut que je rentre.
Après un froncement de sourcils, il se frotta les yeux avant de descendre me rejoindre.
— N'y va pas.
— Après la jalousie, voici venue la possessivité. Mon p'tit loup fait attention, tu tombes amoureux d'une sorcière sans cœur.
— Je ne plaisante pas, Hella. Tu es une sorcière solitaire d'après ce que j'ai appris. Même s'il s'agit de ta grand-mère, tu seras sur un territoire qui n'est pas le mien.
— Ma grand-mère est bien moins dangereuse que toi, Hunter.
— C'est évident.
Et orgueilleux en plus de ça.
— Je te l'ai déjà dit et je te le redirai autant de fois qu'il le faudra pour que tu le comprennes. N'aie confiance en personne.
— Pas même en toi, je sais.
— Tu sais, mais tu n'as pas conscience de l'importance de cette mise en garde, Hella. Et c'est bien ça qui m'inquiète.
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