Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Chapitre 15

« Tout l'art de la guerre est basé sur la duperie. C'est pourquoi, lorsque vous êtes capable, feignez l'incapacité ; actif, la passivité. Proche, faites croire que vous êtes loin, et loin, que vous êtes proche. Appâtez l'ennemi pour le prendre au piège ; simulez le désordre et frappez-le. »

Sun Tzu

Comme promis, la texture était visqueuse, presque pâteuse. Un flan raté en quelque sorte. Et rien que de l'observer, l'imaginer dans ma bouche me donnait envie de filer droit aux toilettes pour vomir toutes les délicieuses pâtisseries que j'avais mangées depuis mon arrivée chez Hunter. Hors de question que cela arrive. Gâcher toute cette nourriture aurait été un crime.

Pourtant le regard d'Hunter se faisait insistant. Je n'avais pas vraiment le choix apparemment. Et puis d'un côté, j'étais assez curieuse de connaitre ma véritable apparence.

Ouvrant la fiole, je laissai l'odeur venir jusqu'à mes narines. Contre toute attente, elle n'était pas aussi affreuse que je l'aurai supposée. C'était même le contraire, le parfum de la rose apparaissant plus fort que le reste. Une esquisse rassurée se traça sur le coin de mes lèvres. Si l'odeur était bonne, généralement cela était bon signe quant au goût du contenu. N'est-ce pas ? Alors je levai la fiole vers Hunter.

— À la mienne, déclarai-je avant d'avaler cul sec.

Je retirais ce que j'avais dit. C'était la pire des choses que j'avais jamais ingurgitées. Et des choses dégueu', j'en avais avalé beaucoup dans ma vie. Le goût restait dans la gorge, se coinçant comme des glaires dont on ne parvenait pas à se débarrasser durant un rhume bien agaçant, venant titiller la glotte afin d'appuyer un désir montant de vraiment courir jusqu'aux toilettes pour régurgiter cette matière visqueuse, semblable à la sensation d'une pâte à prout dans les mains. Rien que d'y penser, additionné avec la sensation qui ne partait pas, j'avais vraiment envie de vomir.

Quand allais-je me sentir mieux et moins malade ?

« Ah, ça arrive », compris-je en le sentant monter en moi.

La douleur. Comme un millier d'aiguilles dans l'estomac, tout me transperça de l'intérieur, faisant remonter ce mal le long de mon œsophage, dans ma gorge. Ma bouche s'ouvrit, laissant sortir l'origine de la souffrance sans la faire disparaitre elle. Hunter blêmit en voyant ce qui s'échappait.

De longues pattes velues sortaient une à une, s'aidant de mes lèvres comme appui pour laisser la tête apparaitre. Chacun des poils se sentait sur les coins de ma bouche, sur ma langue. Ma propre salive me dégoûtait alors que l'araignée se dépatouillait dedans afin de s'éjecter hors de moi. À la vue de la mygale projetée au sol, je me levai précipitamment pour me débattre dans tous les sens avant de sauter sur le loup-garou, prenant bien soin de ne plus avoir le moindre contact avec le sol que je fixais de mes yeux effrayés, prenant tout de même le temps de frotter mes lèvres sur le vêtement d'Hunter, ayant encore cette sensation désagréable d'un monstre velu à huit pattes sortant de moi.

— Les araignées ne sont-elles pas censées être ton familier ?

— Et alors ? Une veuve noire, visuellement c'est moins effrayant qu'une putain de mygale poilue ! Merde, elle s'approche ! Hunter, fais quelque chose !

Lorsque je lui demandais de « faire quelque chose », je me serai attendue à ce qu'il jette un objet sur l'araignée ou encore qu'il appelle ses chiens. À quelques détails près, ce fut ce qui se passa.

À quelques détails près.

Son bras s'enroula autour de ma taille, forçant mon corps à se coller au sien. J'aurais pu m'agacer. Mais dans l'immédiat, j'avais besoin d'Hunter.

« Attends, comment ça j'ai besoin d'Hunter ? Pour écraser une araignée ? Va te faire foutre Hella la peureuse ! »

Bien décidée à reprendre le contrôle de la situation, je tentai de m'écarter d'Hunter, mais finis par hausser un sourcil. Il y mettait de la force ce salaud !

— Mais tu vas me lâcher ? Je peux l'écraser toute seule !

— Moi aussi.

Il prit un objet et le lâche pile sur la pauvre créature qui ne put qu'être morte en dessous. Quant à Hunter, non seulement il ne me libérait pas, mais en plus son regard ne pouvait s'empêcher de chercher le mien.

— Je sais que tu as rarement vu une créature aussi magnifique que moi, mais si tu pouvais regarder le cul de ta statue là-bas ce serait pas mal.

— Un collectionneur sait reconnaitre un chef-d'œuvre lorsqu'il en a un sous les yeux. Pourquoi regarder ailleurs ?

— OK, qu'est-ce que tu me fais là ? Être draguée, ça ne me dérange pas en temps normal. Mais là, par toi, je t'avoue que ça me glace le sang. Alors si tu ne me lâches pas je vais...

Coupant moi-même court à mes mots, je le sentis qui revenait. Cette sensation de douleur. Mais cette fois, tout mon être devenait meurtri d'une souffrance silencieuse aux origines inconnues.

— Tu vas quoi, Hella ?

— Je vais gerber.

Aussitôt Hunter me libéra. Penchée vers le sol, ce n'est rien d'ordinaire qui s'échappa de moi. Il aurait été inutile de décrire un vomi, mais là ça en valait la peine. Rouge, un mélange de suc gastrique et de substance inconnue que je soupçonnais être du sang, je vomissais presque littéralement mes tripes dans une quantité astronomique qui ne prédisait rien de bon vis-à-vis de ma future santé d'ici quelques secondes.

Une fois fini, un nouveau rejet arriva en vague. Et second round de douleur où mes jambes, affaiblies, usèrent de toute leur volonté pour me maintenir debout. Jusqu'à ce que finalement un autre composé ne sorte. Des toiles d'araignées.

— Putain, c'est quoi ce bordel ?

Je n'eus pas le temps d'exprimer davantage d'inquiétude, le sol se dérobant sous mon poids tandis que je perdais connaissance.

Que m'arrivait-il bon sang ?

***

Ruth était furieuse. Il n'y avait que les Laga pour avoir des systèmes de protection aussi faciles d'accès que difficiles à cracker. Et pour la énième fois, la sorcière rousse se réveilla en sursaut, inspirant si bruyamment qu'elle toussa, manquant de peu de s'étouffer. Plonger ainsi dans des rêves pouvait donner l'impression de faire de l'apnée. Mais dans le Mani des Laga, la sensation était bien pire.

— Je hais cette putain d'araignée, s'emporta Ruth dans la grossièreté.

— Voyons Darling, tu n'as pas à te démoraliser ainsi. Je crois en toi et tu le sais.

La sorcière se tourna vers l'homme qui tenait sa main, la réconfortant tandis qu'elle se redressait sur le canapé. Il était si adorable. Si parfait.

— Oh Sweety, pardonne mon vocabulaire déplacé. La colère et la frustration se mêlent en moi.

— Je n'ai rien à pardonner à une créature aussi sublime que toi. Quelques mots grossiers te donnent un air rebelle.

— Tu aimes ça Sweety ?

— J'adore ça, Darling.

Elle sauta dans les bras de son amour d'humain, le bousculant sur le sol.

— Et si tu abandonnais le côté british aujourd'hui Sweety pour quelque chose de plus américain ?

— Comme tu voudras Sorcière.

La saisissant par la taille, ce fut à son tour de prendre le dessus de la situation. Dressé au-dessus d'elle, il retira sa cravate d'une main, déboutonnant rapidement sa chemise élégante. Ruth voulut l'aider avec un peu de sorcellerie, mais ne put rien faire.

— Tiens, ma magie ne fonctionne plus.

Alors Oscar Durand leva une petite fiole. Il venait de les enfermer dans un cercle anti-sorcière. Ruth se mit à rire.

— Tu es à ma merci, s'amusa le chasseur.

Il se pencha vers elle, l'embrassant tendrement.

Oscar était un chasseur, autrement dit un humain chassant les monstres. Et Ruth... Disons qu'elle aidait le groupe de chasseurs dans lequel Oscar faisait partie. La famille Durand n'était pas très grande, et aucun n'était lié par le sang. Ils repéraient et traquaient les monstres les plus dangereux.

Et dans cette famille, Ruth était la « Tante », Oscar était l'« Oncle ». Elle était également la seule sorcière du groupe qui l'avait accepté comme l'une des leurs. Il s'agissait de sa famille.

Mais bon sang, la mission qu'on leur avait confiée était une telle horreur ! Le fait qu'elle ait été une Trompeuse était fort utile, seulement avec Hella... Si la jeune femme n'avait pas rejoint les Laga, elle aurait très certainement pu infiltrer plus facilement son domaine. Et surtout elle aurait pu trouver ce foutu familier. Arachné, une vieille amie.

À demi dénudée par les mains vicieuses de son mari, Ruth ne profita bien plus de ces caresses, l'arrêtant net. Tous deux se tournèrent vers la porte d'entrée avant de se jeter un regard complice. Ils l'avaient senti. Un intrus.

Se rhabillant au minimum, chacun se leva, Oscar prenant soin de briser le cercle. Ruth s'approcha de l'entrée, mais arrêta soudainement Oscar, posant sa main sur son arme pour l'abaisser.

— Il n'y a aucun danger Oscar.

— Tu sais de qui il s'agit ?

— De quelqu'un qui a délibérément décidé de ne pas masquer sa présence.

— Darling, j'aurai souhaité davantage comme information.

— Sweety, je te présente...

Elle ouvrit en grand la porte.

— ... le véritable familier d'Hella. Et je pense qu'il est là pour m'expliquer comment détruire cette araignée vorace qui a tissé habilement sa toile.

***

Quelque chose n'allait pas. Je rêvai, j'en étais certaine. Mais je ne me trouvais pas dans mon Mani. Alors où étais-je exactement ?

Eh bien, pour faire simple j'étais littéralement comme une mouche dans une toile d'araignée.

Et l'araignée n'était pas loin.

Arachné installée tranquillement sur sa toile m'observait avec ses six yeux sur la tête. Dans son dos se déployaient huit pattes longues et velues. Elle s'avança lentement vers moi avec ces dernières, la multitude d'yeux occupant tout son front ne me lâchant pas du regard. Elle ne semblait pas être très contente. Et moi non plus à dire vrai.

— Arachné, qu'est-ce qu'il se passe ?

— Ne joue pas aux idiotes. Tu as réussi à me berner. Je ne sais pas comment tu y es parvenue, mais il n'est pas question que je te laisse me fuir. Je n'ai pas fini mon travail.

— Ton travail ?

Deux de ses pattes tournèrent mon visage brusquement vers un cocon enveloppé par sa toile. Et je blêmis. Ce qui me terrifia ne fut ni les araignées grouillantes tout autour de moi, ni même mon ignorance sur ce qui était en train de se passer en cet instant entre moi et Arachné. Ce qui fit renaitre la peur en moi était tout autre.

Les pattes d'Arachné sur mon visage, les tarentules montant le long de mon corps, il n'y avait jamais eu qu'une seule chose pour véritablement me terrifier.

— Maman.

***

Il ne comprenait pas ce qu'il se passait. Hella avait vomi du sang, des toiles d'araignées et des araignées entières. Pourquoi ? Comment était-ce possible ? La potion était supposée être inoffensive, n'ayant que le pouvoir de révéler la vérité. Pas d'amener un individu aux portes de la mort.

Hella ayant perdu connaissance, il l'avait montée dans sa chambre. Juste en attendant d'avoir des idées. Le médecin de sa meute n'avait pas su trouver l'origine de son mal, pas plus que la sorcière qu'il avait eue au téléphone pour comprendre. D'après elle, la potion avait dû ronger un puissant sortilège de confusion, le genre de chose qui pouvait remodeler des identités de façon illusoire. Et concernant les araignées, sachant que ces trucs étaient censés être ses familiers, il était possible qu'ils aient tenté de la protéger... ou de tuer la potion. Peu importait l'origine du mal, les résultats étaient les mêmes : très mauvais.

Il pouvait entendre le cœur d'Hella battre à tout rompre. Peu importait contre quoi elle se battait en elle, elle semblait terrifiée. Poussé par son instinct, il s'empara de la main tremblante de la jeune étudiante.

— Je vais trouver une solution.

Mais tandis qu'il pensait ainsi, quelque chose attira son regard. Une tache au niveau de la poitrine de la malade. Il tira sur le haut d'Hella, révélant une marque cauchemardesque. La chair était nécrosée, presque en putréfaction. Elle n'était pas complète.

Malheureusement, Hunter connaissait ça.

— Pourquoi ton identité a-t-elle été créée de toute pièce Hella ? Bon sang, mais qui es-tu ?

Pour qu'une marque du Diable réagisse ainsi, c'était qu'il y avait un rejet. Un peu comme l'on changerait la couleur des ailes d'une fée pour modifier ses pouvoirs, trafiquer une marque pour changer l'identité d'une sorcière était dangereux et contre nature. Complètement blasphématoire, même aux yeux d'un loup-garou. Il ne semblait pourtant pas qu'Hella l'ait fait d'elle-même. Alors qui, et pourquoi ?

— J'arrive juste à temps on dirait.

Hunter se retourna brusquement. Une femme se tenait là, devant lui. Comment avait-elle fait pour pénétrer sur son territoire sans qu'il ne l'ait senti ? Sans qu'aucun de ses loups ne l'ait senti ? Sans même qu'il ne l'entende arriver derrière lui ?

— Tu dois te demander comment j'ai fait pour échapper à tes sens. Moi-même je suis surprise, mais il faut croire que le familier d'Hella est puissant.

— L'araignée.

— Oh non, rien d'aussi vorace.

Elle entra, laissant ses boucles rousses rebondir derrière elle.

— Qui êtes-vous ?

— Je suis Tante Ruth mon chou, se présenta-t-elle en pinçant la joue d'Hunter à la manière d'une grand-mère. Et si je suis là, c'est pour sauver Hella et, par la même occasion, tuer une femme qui devrait rester morte.

— La sauver... Vous savez ce qu'elle a ?

— Oh que oui. Sa mère est une garce de sorcière. Et son familier aspire les forces d'Hella pour les offrir à sa maîtresse. Fort heureusement pour Hella, elle possède un familier plus rusé qu'une araignée orgueilleuse.

— Et que comptez-vous faire ?

— Je suis une Trompeuse. Je vais tromper un rêve.

***

Je pouvais voir son visage. Il était endormi. Même si elle était ma mère, elle ne me ressemblait en rien. Et pourtant, certains détails étaient des preuves suffisantes du sang qui nous liait.

Puis, comme un cauchemar, elle ouvrit les paupières. Si son corps demeura dans le cocon en toile d'araignée, ce qui semblait être son fantôme surgit pour foncer droit sur moi. Les cheveux flottants dans l'air, de grands yeux vides, elle me souriait avec horreur, laissant échapper de sa bouche un liquide putride et épais, noir.

Tu as été très vilaine.

— Non... Non... Je n'ai pas fait exprès... Je n'ai pas...

Son visage sembla s'attrister alors que sa main tout aussi cadavérique que le reste de son apparence translucide se posa sur mon visage.

Mais bien sûr que si tu l'as fait exprès. Maman t'a entrainé pour que tu saches le faire. Tu es intelligente grâce à maman. Maman ne pensait pas que tu retournais ce cadeau contre elle par contre.

— Je...

Maman est très fâchée, tu sais ?

Et sa bouche s'ouvrit en grand tandis qu'elle poussait un cri à dresser mes cheveux sur ma tête.

— Les fantômes devraient simplement reposer en paix, interrompit une voix.

Et en un claquement de doigts, le fantôme disparu, laissant place à Ruth. Et bon sang, je n'aurai jamais cru dire ça un jour, mais...

— Ruth, je suis contente de te voir.

— Voyons Hella, appelle-moi Tantine. Après tout, je suis en train de te sauver la vie, cela fait de nous des êtres plus proches.

Elle gigota ses mains dans le vide, me libérant par magie de la toile.

— Non ! hurla Arachné.

Aussitôt, toutes les araignées foncèrent sur nous. Ruth se mit à tracer des symboles étranges avec ses doigts, laissant apparaitre des fils de lumières. Et tout à coup, tout se brisa.

L'instant d'après, j'ouvrais les yeux. Mais la réalité n'était pas encore là.

L'endroit était blanc, vierge de toutes informations. Et pourtant, j'étais persuadée que si je tendais le bras je pourrais me saisir d'objets importants. Ils viendraient selon mes besoins et mes désirs. Je ne tentais pas l'expérience.

Tout était si calme, tout était si peu familier. Mais je connaissais ce lieu.

Je fermai les yeux, imaginant de nouveau un labyrinthe infernal. Et lorsque mes paupières se rouvrirent, ce fut dans un palace à l'image des sorcières d'Eastwick qui apparut tout autour de moi. J'étais de retour chez moi. Dans mon Mani. Au-dehors, la neige tombait, ses flocons s'effritant dans une cendre purificatrice. Tout était parfait, magnifique. La Lune dans le ciel serait toujours pleine, se dressant en reine dans mon ciel de minuit.

Au moment de refermer les portes, je me stoppai. Dans la neige blanche s'avançait une créature visible de sa couleur bien différente. L'animal s'arrêta devant moi, s'asseyant pour lever son adorable face vers la mienne. Son pelage roux donnait envie d'être caressé à chaque instant, et le petit cri de salutation qu'il poussa me donna envie de pleurer.

Je m'accroupis, écartant mes bras au renardeau qui avait su me retrouver. Bien plus immédiat qu'avec Arachné, bien plus instinctif, je savais qui il était. Il savait qui j'étais.

Il courut jusqu'à moi, nous acceptant comme un ensemble. J'étais sa sorcière. Il était mon familier. Il aurait pu avoir un nom, il aurait pu ne pas en avoir. Au final, peu importait pour moi. J'aurais pu être puissante, j'aurais pu être faible. Au final, peu importait pour lui. Il était fier d'être mon familier, j'étais fière d'être sa sorcière.

Enfin dans mes bras, je ne le lâchai plus. Pas même lorsqu'il prit une forme humaine. Un beau jeune homme qui lécha ma joue avant de me sourire joyeusement, le regard pourtant aussi sournois que pouvait l'être le mien par moment.

— Dis mon nom, et je dirais le tien.

Chacun à genou face à l'autre, nous nous tenions les mains, enlaçant nos doigts ensemble dans l'espoir que cela nous aurait permis de n'être qu'un.

— Loki, dans meilleur et dans le pire, dans la puissance et dans la faiblesse, jusqu'à ma mort et jusqu'à ma vie, je te choisis et t'accepte pour familier, toi et tes frères et tes sœurs.

— Hella, dans le pire et dans le meilleur, dans la faiblesse et dans la puissance, dans ta vie et dans celle d'après, je te veux pour sorcière, toi et seulement toi pour Maîtresse véritable.

Et le rouquin dont les cheveux courts frisaient légèrement, plongea son regard verdoyant dans mes yeux.

— Tes yeux sont une mer céleste prisonnière d'un Paradis étincelant même dans les nuits les plus sombres. L'eau serait-elle ton seul élément ? Comment les autres esprits pourraient-ils s'empêcher de se plier pour t'obéir et t'aimer ? La nature doit t'offrir ses fruits avec aisance, le vent te fera voler sous son ciel pour réaliser tous tes vœux, le feu bouillonnera de passion pour te réchauffer ton âme blessée. L'eau ne peut être seule à te posséder, n'est-ce pas ?

— Des mots habiles, même envers ta sorcière. Te moquerais-tu de moi, goupil ?

— Je te respecte trop pour cela, mais je t'aime trop pour ne pas pouvoir m'en empêcher.

Et Loki, bien plus grand que je ne le serai jamais, se blottit contre moi, déployant sa queue de renard pour nous envelopper tous les deux. Il était temps de s'endormir pour revenir à la réalité.

***

La peur n'avait rien de raisonnable ou de raisonné. Elle était spontanée, parfois inutile. Mais en cet instant, la peur qu'avait ressenti Logan était légitime. Que le familier de Malaurie décide de subitement dévorer Hella, cessant de simplement s'en nourrir petit à petit... Il avait bien failli forcer la porte de la demeure de ces loups-garous pour sauver lui-même la jeune femme.

Ce qui l'en avait empêché ? Le familier réel d'Hella qui l'avait informé que tout irait bien avant de repartir. Finalement, une sorcière était venue pour s'occuper du problème. Elle était Ruth Durand, une sorcière travaillant pour un groupe de chasseurs composé exclusivement d'humains si l'on oubliait cette sorcière. Avec Oscar Durand, ils formaient l'Oncle et la Tante de la famille de chasseur. Logan s'était renseigné sur elle lorsqu'elle avait drogué Hella à leur première rencontre.

Ah, elle s'en est sorti finalement. Je pensais que l'araignée l'aurait dévorée.

Logan se tourna vers un individu qui venait de faire son apparition. Là où chacun y verrait un adolescent, pas plus âgé de quinze ans, l'instinct des créatures non humaines leur crierait de se méfier de cet individu qui était bien loin d'être un jeune garçon.

Que fais-tu dans les parages, Logan ?

— Ce serait plutôt à moi de vous poser cette question ?

Le garçon s'approcha, main dans le dos. Chacun de ses petits sauts, sourire sur le visage, faisait bondir la perle accrochée à l'une de ses mèches de cheveux. Un blond solaire. Et dans ses bonds, on aurait pensé qu'il ne touchait jamais le sol.

Il s'arrêta, son attention toujours posée sur Hella.

Tu devrais partir, Logan.

— J'ai une mission, ma place est ici. Mais la vôtre...

Aussitôt le garçon leva sa main en signe d'approbation.

Feras-tu mention de ma présence dans ton rapport ?

— Devrais-je le faire ?

Je ne préférerais pas.

— Alors, partez.

Et la laisser sans défense ?

— Elle ne l'est pas. Elle ne le sera jamais.

Pas tant qu'il serait là, ses yeux posés sur elle. Alors comme rassuré, la perle du garçon s'illumina, le faisant disparaitre pour laisser Logan seul avec sa colère.

Il lâcha un grognement furieux qui attira l'attention des loups, l'obligeant à partir à son tour pour ne pas se faire repérer. Mais sa fureur montante ne disparut pas. La mort de Malaurie, la mère d'Hella, avait été une bonne nouvelle et l'espoir pour Hella de vivre une vie sans menace. Mais non seulement cette garce ne voulait pas se contenter de mourir, en plus elle dévorait l'énergie de sa propre fille. Quel genre de mère pouvait faire ça ?

« Absolument toutes », se répondit Logan pour lui-même.

Finalement, une esquisse apparut sur le visage de l'homme. La jeune sorcière était plus puissante qu'on ne l'aurait cru. Il avait hâte d'en être témoin. En attendant, il était temps pour lui de faire son rapport.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro