5. Jason
La confiance est un combat de chaque instant, que ce soit pour trouver des personnes en qui on peut avoir confiance ou faire confiance à des personnes qui feront de mauvaises choses -Revenge
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Jason alla chercher une serviette dans sa salle de bain. Sous la pluie, son t-shirt blanc était devenu transparent et laissait apercevoir son torse.
Il regardait son miroir et pourtant, c'était le portrait d'une jolie rousse au yeux vairons qui s'y réfléchissait .
Elle l'avait repoussé, il en était encore choqué. Cette fille, si timide, avait réussi à le rembarrer... Il aurait aimé être indigné mais il s'était amusé comme un fou, à lui parler sous la pluie. À observer ses petites mimiques si mignonnes.
Eléonore aurait pu paraître ridicule, complètement trempée avec ses chaussures qui faisaient un bruit d'éponge à chacun de ses pas.... Pourtant, il n'y avait vu qu'une personne avec ce petit quelque chose dans le fond de ses iris... Comme une force cachée....
Enfin, peut-être qu'il se trompait. Peut-être qu'elle était simplement furax contre la pluie. Peut-être n'était-elle qu'une faible de plus qui avait juste était poussé à bout...
Ou avait-elle juste laissé tomber la carapace ?
Il sourit en se rappelant de ses phrases de drague bateaux qu'il avait prononcé. C'est vrai que ce n'était pas exactement les meilleurs compliments qu'il avait fait... Mais cette fille était tellement...fascinante ! Il n'arrivait jamais à prévoir ne serait-ce que sa réaction. Et c'était...troublant, vraiment troublant.
Jason était beau, il le savait. Il était séducteur, aussi. Avec le temps, le jeune homme avait fini par croire qu'il comprenait entièrement le cerveau féminin. Alors, quelle claque pour son égo que de se rendre compte que ce n'était pas le cas ! La plupart des personnes se détendaient lorsqu'on les complimentait, or, cela la mettait mal-à-l'aise, Elle.
Il l'avait remarqué dès le premier jour. Elle s'était ouverte en cours de math alors qu'il était simplement lui-même mais lorsqu'il lui avait proposé de manger avec lui, elle s'était renfermée.
En réalité, cette fille était le contraire de tout ce qu'il avait toujours imaginé. Est-ce que toute les timides étaient comme elle ? Il ne savait pas dans quoi il se lançait le jour où il avait décidé qu'elle ferait partir de ses trophées !
Mais c'était cela, qui faisait son charme. Ce petit côté mystérieuse, retranchée... Il ne connaissait rien de sa vie et, lorsqu'il avait posé des questions à ses amis, aucun d'eux n'avaient été capable de lui répondre : pourquoi s'intéresser à la timide, La Muette ?
Personne ne la remarquait, personne n'en prenait la peine, en fait. Dans plusieurs années, aux réunions d'anciens élèves, tous auront oublié cette fille rousse qui gribouillait dans son cahier pour fuir le regard des autres. Enfin, cela ne serait plus tout à fait vrai désormais. Parce que lui se rappellerait de sa Rouquette. Il découvrirait tout ses secrets et ferait en sorte qu'elle se repose sur lui, qu'elle l'aime.
Parce que c'était cela, son but, non ? Et s'il n'y arrivait pas par des compliments et un peu de drague comme avec les autres, il trouverait un autre moyen de se rapprocher d'elle.
Jason était un prédateur, il avait l'habitude de chasser des proies. Il avait appris à être patient avec ces dernières....
***
Le lendemain, il chercha sa Rouquette du regard dans la coure alors que Brian lui racontait sa dernière partie de Strip Poker où il avait gagné. L'adolescent n'écoutait que sommairement et hochait la tête de temps en temps pour éviter des questions inutiles. Il ne trouva pas sa cible avant de rentrer dans le local. Elle était là, à sa place, à dessiner comme à chaque fois qu'il la voyait. Des mèches de ses cheveux tombaient sur la feuille comme un rideau qui protégeait ses yeux.
Elle était belle. Il l'avait déjà remarqué, jamais il n'aurait dragué une fille laide. Mais là, penchée sur sa feuille..... Oui, il serait patient avec elle, tant qu'elle lui appartienne en fin de compte, il saurait prendre le temps qu'il faudrait.
La jeune fille mordait sa lèvre inférieure, un tic qu'il avait compris qu'elle avait lorsqu'elle se concentrait. C'était tellement cliché, de se mordre la lèvre. Il avait appris que certaines filles s'entrainaient devant le miroir afin de paraître totalement....repoussante. Mais sur elle, c'était mignon. Il sut alors qu'elle ne pourrait jamais être vulgaire, grâce à ses traits fins.
Il s'installa à ses côtés mais elle ne daigna même pas tourner la tête. Le cours défilait sans qu'il ne comprenne le moindre exercice, trop occupé à fixer sa voisine.
-Je m'excuse pour hier. C'est juste que.... Tu me rends nerveux.
-Laisse-moi tranquille, lui répondit-elle sèchement.
Alors il n'avait pas imaginé son ton froid, hier.
-J'aimerais beaucoup que tu passes plus de temps avec moi.
-Pourquoi ? Pour que tu me transformes en ton jouet ? Non merci.
La cloche sonna et elle se leva à la hâte, rassemblant ses affaires en vrac avant de se lever. Jason soupira de nouveau : cela allait être carrément compliqué de la faire craquer. Il devait attendre une autre occasion pour pouvoir l'accoster....
Cette occasion arriva à leur du midi, lorsqu'il la croisa au self, serrant son plateau en quittant la file de la cantine.
Il se mît à la suivre et fuit surpris lorsqu'elle accéléra le pas, l'obligeant à faire de même.
Celle-ci aurait pu se mettre à courir mais, afin d'éviter les regards des autres, elle se résigna à prendre place à l'une des tables libres et poussa un soupir d'agacements en le voyant s'installer en face d'elle.
-Que veux-tu, Jason ?!
-Discuter. Je n'arrive plus à supporter les jacassements de Vanessa, elle parle vraiment trop cette fille, c'est pas possible !
-Donc tu t'es dit : pourquoi ne pas tenir compagnie à la seule fille qui, je suis sûr, ne m'adressera pas la parole ?
-C'est exactement ça !
-D'accord, reste si ça te chantes mais je ne gaspillerais pas ma salive pour toi.
-pour quelqu'un qui n'est pas censé parler....
Il sourit en la voyant lever les yeux au ciel, comme une adolescente insolente.
-Ok, ok.... Pas de drague alors !
-Mais ! Je ne t'ai jamais dragué !
-Tu me prends pour une imbécile ?!
-Bon, peut-être un peu.... Mais c'est instinctif chez moi, dès je vois une fille qui me plait, je ressens le besoin de....
-Tu recommences !
-Je recommence quoi ?
-À jouer au Don Juan.
-Même pas vrai !
-Mais si, je te jure, rigola-t-elle
Il s'attendait à un rire plus rauque et fut surpris de l'éclat cristallin qui quitta sa bouche. Il n'était pas bête au point de croire qu'elle était à l'aise. Ses mains serraient sa fourchette au point que ses jointures devenaient blanche, sa voix tremblait légèrement et ses yeux regardaient tout le monde sauf lui. Mais ça ne le dérangeait pas, ce n'était que la première fois qu'ils se parlaient sans accroche, après tout.
Il avait peur de basculer dans des discussions trop personnel, qui la mettrait encore plus mal-à-l'aise. Il avait peur qu'elle ne se referme comme avant.
Alors, il la laissa choisir les sujets de conversation en souriant. Elle était vraiment intelligente, en réalité. Elle s'intéressait à beaucoup de chose.
Rouquette ne lui parla ni de sa famille, ni de sa vie. Elle laissa juste entendre que Kanaé était sa meilleure amie et qu'elle aimait écrire des livres, des poèmes.
C'était sa passion. Son père lui avait acheté un ordinateur pour Noël avec un traitement de texte ultra perfectionné afin qu'elle puisse libérer sa plume plus facilement.
Il était impressionné de voir comment elle était mature. C'était étrange, pour une fille de 17 ans, d'être à ce point conscient des problèmes de la vie.
***
En rentrant chez lui ce soir-là, après avoir dîner avec sa mère et avoir fait la vaisselle, il s'installa dans son lit et ferma les yeux. Il n'arrivait pas à dormir, le visage d'Eléonore hantait ses pensés.
Ce déjeuné avait été reposant. Les populaires avaient tendance à ne pas être de véritables amis, plus des requins qui s'associaient pour devenir plus fort et rabaisser les autres. Cela l'avait peiné au début, avant de finir par s'y faire.
Elle, baissait le regard dès que vous la regardiez trop longtemps, mais il n'était pas comme Vanessa, à croire qu'elle se soumettait à tout le monde. Non, elle arrivait simplement à dissimuler plus facilement ses réflexions ainsi.
Il avait été heureux que Kinaé ne vienne pas les retrouver, même si les regards qu'elle lançait depuis la table d'à côté montrait clairement son envie. Il ne supportait pas cette fille, elle avait l'air....si fausse, à suivre son petit-ami partout ! Eléonore disait que c'était son amie mais il ne l'avait vu mangé avec elle qu'une seule fois et Rouquette n'avait pas pu en placer une.
Et puis, l'adolescent n'aurait pas pu passer pour le gentil ami compréhensif s'il y avait eu une personne qu'il ne pouvait supporter à ses côtés.
Non vraiment, c'était mieux ainsi. Il voudrait recommencer le lendemain, en y allant doucement. Le plus important était de gagner sa confiance.
Jason était un prédateur depuis longtemps, il avait l'habitude que ses proies lui résistent.
Mais il l'aurait. Quoi qu'il doit faire pour l'avoir, il l'aurait.
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