24. Tyler
Le surdoué entra dans sa classe avec la boule au ventre. Il avait changé d'école, en plein milieu d'année: appart sa sœur et sa petite Elie, il ne connaissait personne.
Enfin, si. Il avait rencontré le Grand Jason! En réalité, il aurait encore préféré que ce garçon vole en orbite autour du satellite naturel de Saturne!
Les vacances dans ce petit chalet isolé lui paraissait si loin désormais. Eléonore et lui avaient pu retrouver pleinement leur amitié. Et il s'était vite rendu compte qu'ici, ce ne serait plus aussi facile que là-bas. Il y avait Jason mais il semblerait aussi que sa Chantilly si pétillante et pleine de vie ait.... Changée, tout compte fait.
Elle était plus rangée, plus... Discrète.
Presque timide.
Il avait été étonné à la pause, de la voir bégayer lorsqu'un personne l'avait bousculé. Il avait cru rêvé, avant que Kinaé ne lui parle de son caractère réservé.
Les deux premières heures, il avait suivi le principal un peu partout dans l'établissement et on lui avait expliqué les règles de l'institut. Et pour la première fois, le directeur ne s'extasia pas sur son jeune âge, ou ses résultats exceptionnels.
C'en était presque déroutant pour lui. Et tellement, tellement, plus rassurant.
Et pourtant, le jeune-homme avait eu de nombreuses désillusions. La première avait été ses parents. Ceux-ci n'avaient même pas pris la peine de l'accueillir et Kinaé lui avait montré, navrée, sa nouvelle chambre.
Tyler n'était pas offusqué qu'ils aient transformé son ancien refuge en un bureau d'avocat pour sa mère. Ce qui l'avait blessé, c'est que sur les vingtaines de pièces de leur villa, sur les cinq chambres d'amis, ses parent ne lui avaient trouvé qu'un petit coin dans le grenier. Il avait passé sa première journée à pousser les cartons, nettoyer la poussière et tuer les araignées.
Monsieur et Madame Hale étaient rentrés tard le soir, partaient tôt le matin pour Chicago et il ne les avait pas vu avant de se préparer pour sa rentrée. Enfin, Tyler y était habitué depuis tout petit.
Il avait retrouvé, empilé, les livres et encyclopédies que ses parents lui faisaient apprendre plus jeune. Il avait huit ans lorsqu'il comprit l'espagnole et il connaissait le système nerveux et les cellules à sept ans.
Le regard du garçon s'assombrit en se rappelant cette période sombre. Peu d'enfant tombait dans une dépression.... Et c'était Léo qui l'avait sorti. Avec sa petite Elie.
Rien que pour elle, ses parents ne lui paraissaient plus aussi froids, aussi prétentieux. Lorsqu'il en avait marre, lorsqu'il se disait qu'il n'aurait jamais dû revenir, il pensait à elle. À ses jolies yeux de chats, à ses longs cheveux enflammés. À son petite nez délicat et à ses lèvres rosés. Et alors, il se disait que quoiqu'il arrive, il ne repartirait plus.
Seulement, lorsqu'il ouvrit la porte de son cours de biologie, il se retrouva en face d'une vingtaine de yeux qui le scrutèrent dans les moindres détails, cherchant ses défauts pour lui trouver le surnom le plus horrible. Il n'avait jamais aimé le regard que les autres lui portaient parce que, malgré les beaux discours philosophes, on portait toujours une critique sur le physique des gens qui nous entoure. On l'avait appelé Binoclard, Cerveau, Chouchou, Fayot... Il avait assez lu sur la société de XXIième siècle pour connaître les stéréotypes ainsi que les préjugés que chaque humain subissait. Parce que c'était ainsi, on reproduisait inévitablement ce que l'on vivait. Et ça formait un cercle vicieux.
Il passa une main dans son dos et gratta nerveusement sa nuque.
-Vous êtes Monsieur Hale, je suppose?
-Oui, Tyler Hale.
Il entendit les gloussements de quelque filles au premier rang et il rougit. A chaque fois, c'était pareil, les filles se moquaient de lui.
Sauf que lorsqu'il passa entre les bancs pour rejoindre le fond de la classe, un brunette lui fit un clin d'œil et il rougit encore plus.
C'était vrai que, en trois ans, il avait eu le temps de changé. Sa taille, d'abord. Lui qui faisait avant quelque centimètres de plus qu'Eléonore avait désormais deux bonnes têtes de plus qu'elle. Son corps s'était un peu plus dessiné, il troquait bine souvent ses lunettes pour des lentilles et apparemment, les trois filles de devant l'avaient remarqué.
Il posa doucement son sac au sol et s'assit sur la chaise. Son voisin de table haussa un sourcil lorsqu'il sorti ses trousses et sortie sa plume, son crayon gris, sa gomme et son Tipex. Il les positionna bien devant lui, droits et parallèle.
-Tyler, donc?
Celui-ci regarda le jeune-homme au cheveux hirsutes et brun, au yeux gris d'aciers et à la barbe de deux jours.
-C'est ça.
-Moi, c'est David. Redoubleur de père en fils depuis trois générations!
-Vraiment? Tu as quel âge?
-J'ai 22ans.
Tyler faillit lui dire que, s'il ne l'avait pas fait exprès, il aurait passé son bac à 15ans et qu'il serait actuellement à l'Université dans le but de devenir chirurgien ou ingénieur.
-Je pourrais t'aider si tu veux, je suis plutôt calé dans quelque les matières, répondit-il à la place.
-Nan Mec, c'est ma fierté, tu vois? Je suis le Dieu des terminales, dit-il avant d'éclater de rire.
Tyler secoua la tête et une partie de son angoisse s'envola. Tout le monde n'était pas forcément cinglé dans ce lycée. Peut-être n'y avait-il que ce Jason qui l'était.
David parla encore un peu jusqu'à ce que le professeur les menaces de retenus.
-Vieux, à ce rythme-là, j'aurais plus de samedi avant juin, rigola-t-il.
Tyler sourit timidement avec lui. De toute façon, il n'avait pas de problème pour suivre le cours. Même s'il n'écoutait pas maintenant, il pourrait toujours lire quelque notes ou même ses livres chez lui. Il était hors du commun, après tout, c'était ce que ses parents lui avaient toujours répétés.
Sauf qu'il n'avait pas l'impression d'être un super héros, StudyMan comme l'avait appelé Léo. Il avait souvent cru qu'il n'était qu'un monstre. Pas assez normal pour pouvoir profiter d'une vie banale. Et, même si cela paraissait tellement cliché de le dire, son retour était un nouveau départ, où personne ne le connaissait plus.
David soupira bruyamment et écrivit quelque lignes sur sa feuille.
Midi arriva et Tyler attendait Eléonore à la porte de sa classe. Cette dernière sortit en rigolant, ses yeux pétillants plongés dans ceux de ce rebelle à la noix. Son cœur se resserra, comme s'il était pris en étau entre deux énormes enclumes brûlantes. Il avait toujours sous-estimé le mal que pouvait causer l'amour.
Il en vivait désormais l'expérience et il avait aussi remarqué que ce sentiment à sens unique faisait ressortir la plus mauvaise partie de lui.
Il n'avait pas forcément été courtois avec ce rockeur et, malgré tout sa volonté, il ne parvenait pas à le regretter.
Ce mec voulait détruire sa Chantilly, il le sentait. Ce genre de garçon n'aspirait q'à une seule chose: pouvoir coucher avec une jolie fille. Pour un pari, un défis, un enjeu personnel.....
Avant, Léo l'aurait probablement mis en garde contre les gens intéressés.
Mais de toute évidence, il n'y avait plus personne pour protéger sa petite Elie et lui..... Elle ne l'écouterait pas.
Timidement, il passa son bras autour de celui de la jeune fille. Elle ne détourna pas les yeux mais sa main trouva la sienne et enserra ses doigts.
Il eut un sourire narquois et posa ses prunelles chocolat sur le jeune-homme qui, de tout évidence, avant remarqué leur échanges.
La mâchoire de Jason se contracta et il finit par faire un sourire forcé à sa «Rouquette», pour ne pas l'inquiéter.
Une jeune-fille passa au loin et il croisa son regard noir. Un poids descendit dans son estomac lorsqu'il vit que ce n'était pas lui qu'elle fixait avec une telle animosité mais sa petite Elie.
Il connaissait Eléonore: elle finirait tôt ou tard par surprendre ce regard et, comme toujours, elle foncerait dans le tas avant de réfléchir vraiment.
C'était étrange le paradoxe qu'elle habitait. Lorsqu'il s'agissait d'un problème d'un de ses proches, elle prenait le temps d'analyser toutes les données de l'équation avant de se prononcer.
Et pourtant, lorsqu'il s'agissait d'elle..... C'était toujours la même chose. Elle fonçait tête baissé et tout lui retombait toujours dessus.
Les perles bicolores rencontrèrent les pupilles haineuse de l'adolescente et Tyler retint son souffle, se préparant déjà à soutenir sa Chantilly.... Mais cette dernière baissa les yeux et contempla ses chaussures.
Une minutes passa, les sourcils du surdoué se froncèrent sous l'étonnement mais il ne dit rien, au contraire, il reporta son attention sur Jason.
Celui-ci leva les yeux au moment même où ceux de sa Rouquette se baissait et il fusilla l'autre d'un regard de braise. Les immensités bleus se glacèrent et il prit la main gauche d'Eléonore pour l'entraîner vers le self.
Il prit chacun leurs repas et s'installèrent sur une table. Tyler sourit en voyant qu'il se retrouvait face à son ennemi, tandis qu'Eléonore bavardait avec Kinaé.
Elle était heureuse et il se demanda si elle avait ce même sourire avant qu'il ne rentre.
Tyler voulait qu'elle soit heureuse, même sans lui, mais il cherchait à se convaincre qu'il valait encore quelque chose à ses yeux. Il avait BESOIN d'elle, de savoir qu'il partageait encore ne serait-ce qu'un lien infime avec la fille qu'il aimait.
C'était une addiction autant qu'un junkie cherche son crack: tellement ancré dans les veines qu'on ne pouvait pas s'en défaire. Il la chercha des yeux et sourit lorsqu'il vit sa main remettre constamment une mèche derrière son oreille, signe qu'elle était stressée.
Il sentit un coup de pied en dessus de la table et se retint pour ne pas sursauter. Montrer que l'adversaire ne nous atteint pas, stratégie inventé durant le Moyen-Age. Bluffer et garder un visage fermer à toutes expressions, règle principal du Poker. Ses lectures défilaient presque devant ses yeux alors qu'il changeait au fur et à mesure ses tactiques quand il en trouvait des meilleures.
Il ne savait pas quelle cartes possédaient Jason dans son jeu, et le sien n'était pas vraiment glorieux mais le bluff pouvait changer une partie.
Le regard noirs de son ennemi le transperça mais il fit comme s'il n'existait pas. De toute façon, il n'avait pas le profil du garçon qui avait une patience infini, il craquerait bien le premier. Et s'il n'était pas au courant pour Léo, C'étais qu'il ne comptait pas tant que ça pour sa Chantilly.
-Arrête de sourire comme un débile amoureux!
-Pourquoi? Mon bonheur t'étouffe?
Le surdoué se tourna vers la rouquine alors que cette dernière parlait avec Kinaé de son cours particulier qui serait annulé.
-Pourquoi?
-Et bien, Môsieur ici présent s'est fait collé!
Tyler jeta un regard à Jason qui s'était refrogné.
-Je peux toujours sécher leur foutu retenu...
-Pour en avoir tout les samedis jusqu'à la fin de l'année? Tu vas aller à cette retenu.
-Moi je peux te donner des cours si tu veux, proposa innocemment Tyler.
Il crût que Jason allait s'étouffer avec sa viande mais celui-ci se reprit un visage neutre et reporta son attention sur Chantilly.
-Je ne sais pas.... On s'était organisé Jason et moi....
-Tu n'as pas dit que tu avais un test la semaine prochaine?
-Si, tu as raison.... Ça te dérange, Jason?
-Non, pas du tout. Je me débrouillerais seul pour math, ne t'inquiète pas.
Il lui fit un petit sourire forcé et reporta l'attention sur son assiette. Sur le coup, Tyler eut presque mal-au-coeur de voir à quel point Jason pouvait perdre si facilement.
Mais ensuite, celui-ci leva releva les yeux avec un sourire aux coins des lèvres.
-Par contre, tu devras venir avec moi à la fête foraine dimanche soir, ce n'est pas discutable.
Tyler resta un moment ébahie par ce revirement de situation avant de reprendre ses esprits. Le jeu venait d'évoluer: ils ne jouaient plus au poker, mais aux échecs et vu le regard que le rebelle lui lança, ce dernier l'avait compris aussi.
Au poker, c'était facile: une bonne dose de bluff, un peu de chance et quelques relations avec celui qui distribuait les cartes et le tour était joué.
Mais les échecs étaient plus ardus. Ce jeu était complètement posé sur le fait de réagir aux coups de son adversaire au fur et à mesure de la partie et d'essayer de prévoir ses stratégies, tout en s'en créant une et faire en sorte que son ennemi ne le remarque pas.
Tyler avait toujours détesté les échecs, en grande partie à cause de ses parents qui le forcer à jouer de longues parties tout les week-end quand il était petit. Afin de développer son imagination, sa ruse et son sang froid. Mais surtout, pour le rendre capable de créer des stratégies sur le tas, quelque minutes après que l'adversaire lui ait porté un coup.
Il n'avait pas le choix: le cour particulier devait être mémorable. Assez en tout cas pour faire éclipser la fête foraine.
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