10. Tyler
Tyler se brossait les dent en se regardant dans le miroir. Il passa ensuite une main dans ses cheveux afin de leur donner une allure à peu près coiffé. Il n'était pas vraiment coquet et ses mèches tombaient de façon désordonnées sur son front.
Il déjeuna et partit chercher sa voiture chérie. Il avait passé son permis de conduire à peine un mois auparavant. Ce n'était pas la première fois qu'il roulerait.
Il se dirigea vers son parc préféré et alla s'installer sur le ponton du lac.
C'était quelque chose qu'il ne faisait jamais. Soyons d'accord, se retrouver seul devant un lac pour réfléchir, c'était quelque chose que l'on faisait dans les films américains. Mais il avait besoin de quelque chose qui puisse l'aider à mettre au point ce qu'il ressentait.
Pour ne pas qu'il refasse les même erreurs qu'il y a trois ans.
A cette époque, il se trouvait dans l'Utah avec ses parents, sa sœur. Il avait deux meilleurs amis, comme tout garçons normal. Il faisait du foot avec Léo et tout d'eux allait souvent retrouver Eléonore ensuite. Ils passaient des après-midis entières à parler, rigoler. Ils faisaient des bêtises ensemble, ils protégeaient Eléonore des garçons trop lourds.
La seule chose qui lui avait vraiment pourri la vie, c'était sa mémoire trop bonne. Il retenait tout ce qu'il lisait, voyait ou même pensait.
On lui avait fait sauté deux classes. À quinze ans, il était entouré de lycéens de 17.
Il aurait pu grandir trop vite, oui. Peut-être même était-il plus sérieux qu'il ne le devrait. Et ses parents n'avaient rien fait pour le rendre normal.
Ils se vantaient de leur fils. Leur incroyable fils. Leur superbe fils si intelligent. Et Tyler s'était senti mal. Il ne pouvait pas les décevoir. Alors au lieu de vivre pleinement son adolescence, il s'était renfermé aux autres personnes, excepté ses meilleurs amis. Il avait repoussé ses parents et les adultes en général pour se concentrer sur ses études et les moments passés avec Léo et Eléonore.
Elle était la seule qui pouvait le comprendre. Léo aussi, mais Tyler avait eu peur qu'il ne se moque de lui. Sa meilleure amie l'avait écouté et avait même essayé de le conseiller au mieux. C'était dans ses bras qu'il s'était réconforté.
Son père avait alors trouvé un pensionnat à Seattle. Une école réservé au élèves surdoués et où le programme était fort poussé.
Tyler avait refusé. Il avait tenu bon : il réfuta qu'à quatorze ans, on ne devrait pas nous obliger à partir à 1000 km de sa famille, de ses amis.
Puis Léo était parti et il n'avait plus supporté.
Et la seule personne qui avait toujours su le rassurer n'était pas au meilleur de sa forme. Elle ne mangeait plus, ne dormait plus. Eléonore devenait un véritable zombie. Tyler avait été égoïste. Il avait eu peur qu'elle ne l'entraîne avec lui dans sa dépression. Il l'avait fui comme la peste.
Le père de sa meilleure amie, anéanti, l'avait changé d'école. Ils avaient déménagé dans un petit appartement plus proche de la maison de Tyler. Son paternel savait que le seul moyen pour que sa fille s'en sorte, c'était qu'elle se repose sur son meilleur ami.
Mais celui-ci ne pouvait plus. Il n'arrivait plus. Alors, lorsque sa mère glissa une nouvelle brochure du pensionnat sous son oreiller, comme elle le faisait chaque semaine, il avait pris la peine de le lire.
C'était stricte. Tellement stricte que Tyler avait un peu hésité.... Mais il aurait fait n'importe quoi pour quitter cette ville et s'éloigner de toute la douleur et la souffrance qu'il ressentait. Il pensait que de ne plus voir à quel point Eléonore souffrait l'aiderait.
Alors il l'avait lâché. Il avait attendu qu'elle change d'école. Il s'assura même qu'elle se fasse des amis en parlant d'elle à sa sœur. Il fit promettre à Kinaé de ne pas lui parler de lui et il partit. Eléonore ne sut même jamais quand il quitta la ville. Sa mère l'appela quelque jour plus tard en disant que sa meilleure amie était venu voir comment il allait et qu'elle lui avait répondu qu'il était parti dans ce fameux pensionnat. Même en allant mal, même lorsqu'elle avait tout perdu, elle était venu voir comment il allait.
Chose que lui, n'avait pas été capable de faire.
Tyler avait cru que cela aurait tout apaisé. Il avait cru qu'il se sentirait mieux.... Il pensait que la distance atténuerait les souvenirs. Il avait tort.
C'était pire qu'avant. Il s'en voulait d'avoir lâché Eléonore au moment où elle avait le plus besoin de lui. Il s'en voulait de l'avoir abandonné. Le chagrin laissait place à la culpabilité et Tyler ne savait plus lequel était le pire...
Il s'en voulait d'avoir tout détruire entre eux. Mais ce n'était pas lui qui avait fait volé le trio en éclat: c'était Léo. Léo avait tout gâché.
Mais dès que Tyler pensait à lui... Non, un homme de 18 ans ne pouvait plus pleurer comme le petit garçon de 15 ans l'aurait fait.
Il avait eu pire comme révélation à son départ. Il s'était rendu compte, bien trop tard, qu'à force de passer du temps avec sa meilleure amie, il avait commencé à la voir autrement....
Il était amoureux d'elle. Il l'aimait et l'avait laissé tomber. Il se détestait.
Mais il était trop tard de tout façon. Elle devait être détruite, il devait continuer ses études....
Bon d'accord, il n'avait pas non plus abandonné Eléonore comme ça sans se battre. Il avait essayé de revenir après cette prise de conscience mais c'était ses parents qui avaient catégoriquement refusé.
Alors il avait poursuivi ses études à Seattle e réintégré une classe avec des enfants de son âge. Sans parler à sa mère, son père ou sa sœur. Il n'était pas à sa place, parmi tout ces gens au cerveau anormal. Même s'ils avaient désormais tous son âge, il ne parvenait pas à être aussi snob qu'eux. Il avait alors décidé de se laisser porter. Il n'avait plus fourni d'effort pour réussir à l'école. Il redoubla les deux année qu'il avait gagné par rapport aux autres. Et ensuite, il se contenta des notes pile sur la moyenne.
Et maintenant, il en avait 18. Il était majeur, il pouvait assumer ses choix. Alors, après deux ans passer dans un pensionat, il avait décidé de revenir dans l'Utah pour sa dernière année de lycée.
Il voulait voir si Eléonore était toujours là. Si elle avait remonté la pente ou si elle était resté au plus bas.
Il n'allait plus la laisser, c'était juré. Il prendrait soin d'elle comme il aurait dû le faire dès le début.
Et puis, le petit Kyle devait avoir grandi. Ce petit bonhomme était tellement drôle!
Quoique....Peut-être que lui aussi aura changé.... Mais lui-même était-il resté le même? C'était ce genre d'épreuve qui vous marquez à vie.
Tyler avait chéri les souvenirs l'Eléonore pendant trois ans. Il avait passé ces trois années sur pause.
Il n'avait pas eu de relation depuis ce temps-là mais ce n'était pas de sa faute: il était timide.
Il finit par rentrer chez lui et fixa dans un coin la valise qu'il avait commencé à préparer. Il savait que son départ n'était pas imminent, qu'il avait le temps.... Mais sa patience était à bout et il avait besoin de faire ses bagages. C'était un signe de plus qui lui rappelait qu'il serait bientôt devant elle. Et que ferait-il? Il ne savait pas encore. Peut-être ne voudra-t-elle plus lui adresser la parole... Elle aurait raison. Peut-être aura-t-elle même un petit-ami.
Comme à chaque fois qu'il pensait à ça, son ventre se noua et il essaya de se calmer. C'était comme un élastique qui était tendu au maximum et il savait que, tôt ou tard, celui-ci finirait par lâcher.
Que ferait-il si, à son retour, elle avait trouvé un petit-ami? Dans ses souvenirs, Eléonore avait toujours eu beaucoup de succès. Elle était drôle, charmante. Elle se souciait des autres, prenait soin de son apparence.... Elle avait ce petit truc en plus qui faisais tomber les gens sous son charme.
Il ne le savait que trop bien.
Lui et Léo avait dû s'occuper de quelque garçons trop collants. Parce que si Eléonore avait bien un défaut, c'était qu'elle voulait à tout prix éviter de peiner les gens. Donc, elle n'osait pas rompre avec ses copains. Et qui envoyait-elle à la place?
Mon dieu, il se rappelait encore de Garry Spik qui s'était mis à pleurer.... Quelle idiot ce mec, il se demandait toujours pourquoi elle était sortie avec!
Un sourire naquit sur ses lèvres alors que les moments passé avec elle lui revenait en tête.
Il enterra les souvenirs de Léo au fond de son esprit. Même si Eléonore était et serait toujours relié à lui. Il savait qu'en la voyant, il ne pourrait s'empêcher de penser à son meilleur ami.
Léo.... Léo était l'un des gars les plus extraordinaire qu'il connaissait. C'était le petit futé de la bande, celui qui leur évitait les ennuies. Si Tyler était l'intellectuel et Eléonore, la douce et aimnte princesse, Léo était le cerveau. Le casse-cou. Celui qui osait tout sans que personne ne puisse l'arrêter.
C'était Léo qui était revenu une après-midi, trois cigarettes cachées dans la poche. Tyler se rappelait encore qu'Eléonore leur avait boudé lorsqu'ils avaient décidé de tenter l'expérience.
La jeune fille avait croisé les bras en les regardant faire leur bêtise sans y prendre part. Et lorsqu'ils étaient tombés malades comme des chiens, elle avait joué au garde-malade en les traitant d'imbéciles, de racailles et de délinquants en leur faisant savoir qu'elle se fichait bien d'eux. Et ils auraient pu y croire, si elle n'avait pas cette mine inquiète sur le visage. Elle avait passé sa main sur leur front, leur avait donné des cachets. Elle avait pris leur température et avait fini par s'endormir, entre eux deux. Il se rappelait aussi avoir vu la mère d'Eléonore appuyée contre le chambranle de la porte, à fixer les trois enfants d'un œil bienveillant.
Le rappel du passé ne lui laissait désormais plus qu'un goût amer dans la bouche. Parce qu'il savait que ces jours passés à trois ne pourraient plus jamais ce reproduire. Et que cette femme qui les observait ne pourrait plus jamais le faire. Même si lui revenait, Léo était parti. Et il savait, oh oui, il savait qu'il ne reviendrait pas.
Mais Eléonore était toujours là. Tout n'était pas perdu.
Prise d'une envie subite, il saisit son cellulaire et composa le numéro de sa sœur:
-Kinaé?
-Frangin ! Tu appelles pour Elinoue, je suppose?
Tyler hocha de la tête, avant de se rappeler qu'elle ne pouvait pas le voir et de répondre à voix haute.
-Tu sais que je pourrais presque être vexée? Tu viens me voir, tu me dis de prendre de soin de cette fille, que c'est ta meilleure amie mais de ne jamais parlé de toi. Je l'ai fais sans te poser la moindre question et, sincèrement, je ne le regrette pas. Eléonore est une fille super. Mais tu ne m'as jamais téléphoné. Pas une seule fois en 3ans. Et maintenant, tu m'appelles deux fois par mois pour me demander comment elle va!
-Je suis désolé....
-Ne t'inquiète pas, je comprends. Enfaite, je lui ai juste glisser deux/trois mots pour lui dire à quel point tu es cool et blablabla, et blablabla....
-Tu n'as pas dit mon nom?
-Jamais !
-Merci, Kin, je te revaudrais ça.
-Je suis devenue son amie, tu sais. Je sais que tu avais besoin de t'éloigner pour ne pas te perdre mais écoutes-moi bien Tyler : je ne te laisserais pas la blesser. Tu ne pourrais pas fuir une deuxième fois. Dieu seul sait à quel point elle a eu du mal à s'en remettre.
-Je ne la quitterais plus, je te le promets.
-Bien.
-Autre chose?
-Et bien.... Tu devrais te dépêcher de rentrer...
-Pourquoi?
-Il y a un nouveau à l'école....Jason. Il lui tourne autour.
-C'est un gars sympas?
-Il est du genre à porter des vestes en cuir et à venir à l'école avec une voiture stylé. Je ne sais pas si c'est vraiment le type de mec qui lui faut. Il est plutôt dragueur et rebelle.
Après quelque autre mots, il raccrocha et mît ses mains autour de son cou. Il partirait au fêtes de fins d'année. Plus que quelque semaines à tenir avant de pouvoir la serrer dans ses bras. A moins que le nouveau s'en charge à sa place.
L'élastique dans son ventre se tendit de nouveau et il jura.
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