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La bibliothèque était une immense bâtisse du XIXème siècle qui abrita dès sa construction la plupart des archives de la région, un nombre important de livres et qui, depuis quelques années, était dotée d'une salle informatique. C'était une des plus belles fiertés de la ville et l'on comprenait aisément pourquoi. La bibliothèque se trouvait dans le centre-ville d'Auburn, entre l'église et le lycée de Rosalie, et dégageait une sorte d'aura puissante qui charmait l'adolescente à chaque fois qu'elle s'en approchait. Cependant, peu de personnes se sentaient réellement attirées, alors il n'y avait jamais grand monde là-bas. Néanmoins, Rosalie ne s'en plaignait pas ; elle préférait ça aux grandes foules, au manque de tranquillité. Elle aimait bien pouvoir se sentir libre de déambuler dans les allées sans être à chaque fois dévisagée.
Une fois à l'intérieur de la bibliothèque d'Auburn, elle se rendit directement dans la salle informatique. Elle se connecta à l'aide de son identifiant car elle était bien évidemment inscrite. Rosalie se souvint que c'était sa mère qui avait insisté pour qu'elle le soit dès sa rentrée au collège.
Ensuite, la page web s'afficha sans trop de peine. Comme elle savait comment procéder, elle chercha les archives de tous les journaux publiés en ville et dans la région sans trop de problèmes. Et dans la barre de recherche, elle tapa ces sept lettres : ROSWELL.
Cette fois-ci, beaucoup de résultats s'affichèrent et tous lui donnèrent l'impression d'être sur la bonne voie. Elle cliqua sur un premier article qui datait de deux semaines, c'était le plus récent à ce sujet. Elle commença par lire les grandes lignes...
« Le manoir Roswell sera-t-il finalement vendu ? »
Rien d'intéressant si ce n'était le fait que cet article confirmait ce qu'elle avait cru comprendre la veille. Ils allaient essayer de tirer profit du manoir parce qu'il ne rapportait rien en restant inhabité. Néanmoins, cela l'aida à comprendre que Roswell était un nom.
Rosalie cliqua sur un autre article après avoir décidé de chercher par ordre chronologique. Le premier article qui parlait du manoir Roswell datait de 1965. Mais là encore, rien d'intéressant. L'article faisait l'éloge d'un certain Jonathan Roswell, un homme d'affaire plutôt influent qui semblait gérer quelques entreprises plus ou moins importantes. Sa femme, quant à elle, était une couturière et costumière reconnue dans tout l'État. Tous les deux avaient décidé de rénover le manoir afin d'y séjourner pendant leurs vacances.
Le prochain article datait d'août 1987 et quand elle lut le titre, elle savait qu'elle avait mis le doigt sur quelque chose d'intéressant.
« LE DRAME ROSWELL
11h11. C'est très exactement l'heure qu'affichaient les horloges quand le corps sans vie de Jonathan Roswell a été découvert dans son mythique manoir ce lundi 29 août. C'est à cet instant précis que les minutes ont arrêté de s'écouler pour l'entièreté de sa famille.
En effet, selon les dires de la police et leur communiqué de presse, l'homme d'affaire se serait pendu à la rambarde des escaliers et son épouse aurait été assassinée. Actuellement, nous ne savons pas pourquoi Jonathan aurait décidé de mettre fin à ses jours. Toutefois, nous pouvons supposer que cela puisse avoir un lien avec le meurtre de son épouse. Mais ce n'est pas tout. Son seul et unique fils, Michael, est lui, porté disparu...
L'on est témoin aujourd'hui à Auburn d'un drame sans équivoque.
Une tragédie que l'on n'oubliera pas.
C'est pourquoi nous leur rendrons hommage.
Les funérailles auront lieu ce mercredi 2 septembre. »
Michael était probablement le garçon qu'elle avait vu sur la photographie. Sa disparition aurait-elle un lien avec le suicide de son père et le meurtre de sa mère ?
Choquée, Rosalie fit une pause dans ses recherches et vint reposer son dos contre le dossier de sa chaise. Ses doigts pianotaient sur la table, signe qu'elle était songeuse. En effet, elle essayait de comprendre.
Jonathan Roswell était un homme politique et un homme d'affaire reconnu en ville, il habitait au manoir, probablement avec son fils et son épouse, et un jour, en 1987, il a mis fin à sa vie et sa femme fut retrouvée assassinée. Leur fils, le même jour, était porté disparu. Et c'était tout ce qu'elle savait pour le moment. Seulement, pour elle, rien n'était logique. Rien n'avait de sens. Un suicide, un meurtre et une disparition au sein de la même famille ? Cela lui semblait bien suspect... Et si c'était Jonathan Roswell qui avait assassiné sa femme ? Son fils, quant à lui, aurait tout simplement pris la fuite pour sauver sa vie.
Rosalie massait maintenant ses tempes, les coudes reposant sur la table, essayant de recoller les pièces du puzzle. Mais plus le temps avançait et plus elle avait l'impression que trop de pièces étaient manquantes. Elle devait compléter le tableau avec d'autres articles. Par conséquent, elle devait continuer ses recherches. Cependant, en voyant l'heure qu'il était, elle sut qu'il était temps pour elle de rentrer. Il allait être midi et elle n'avait pas pour habitude d'être en retard pour le repas. Ses parents s'inquièteraient très certainement. Et elle serait réprimandée.
Néanmoins, sa curiosité était trop grande pour qu'elle puisse être totalement ignorée. Rosalie cliqua alors sur un autre article et se dit mentalement que c'était le dernier.
Elle le lit rapidement, le survolant partiellement, et soupira quand elle comprit qu'il ne lui apprendrait rien d'autre d'intéressant. Néanmoins, il y avait une photo de l'intérieur du manoir de l'époque, publiée en noir et blanc, qui accompagnait le texte. Elle plissa les yeux, zooma un peu, et finit par remarquer un corps. Le corps de Jonathan Roswell. Elle plaqua sa main sur sa bouche, horrifiée, mais ne détacha pas son regard de la photo pour autant. Elle en était incapable. D'abord, elle se demanda comment un journal pouvait publier une telle photo, et ensuite, cette pensée s'envola pour laisser place à plein de questions. Qui avait découvert le corps ? Comment ? Dans quelles circonstances ? Et puis, pourquoi Jonathan Roswell, qui était riche, qui connaissait le succès, avait-il mis fin à ses jours ? Ensuite, qui avait tué son épouse ? Enfin, pourquoi leur fils avait-il disparu ? Ne l'avait-on jamais retrouvé ensuite ?
Rosalie imprima quelques autres articles et photos afin de les étudier plus tard, sachant qu'il était vraiment temps pour elle de quitter les lieux. Et au moment où elle récupéra son « dossier », ses yeux s'arrêtèrent sur la photo du garçon, Michael, qui n'avait que 19 ans à l'époque. Elle songea tristement qu'il était plutôt mignon et qu'il n'avait sûrement pas mérité tout ça ; puis ajouta mentalement que le drame Roswell semblait sans fin : tout s'était déroulé le jour de son anniversaire.
Elle finit par se déconnecter du réseau de la bibliothèque pour quitter les lieux le plus rapidement possible. Grâce aux informations récoltées ici, elle en savait davantage. Cependant, elle savait qu'elle était encore très loin de connaître l'ensemble de l'histoire. Le manoir Roswell détenait toujours d'innombrables secrets entres ses murs. Et pour une raison spontanée et d'une profonde impulsivité, très probablement irréfléchie, elle se mit en tête de tous les découvrir.
*
Hey ! J'espère que ce chapitre vous plaît !
Vous en savez un peu plus sur ce qui s'est passé au manoir en 1987...
Mais le mystère reste encore et toujours à élucider.
Rosalie y parviendra-t-elle ?
Merci d'avoir lu jusque-là ! ♥
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