XVI : la première vérité
Point de vue de Tom
J'envoyai un message à Sofia, lui conseillant de faire attention à elle ce soir, tandis que j'entendis la porte s'ouvrir. Je levai les yeux et vis June. Mais ce n'était pas la même personne que j'avais vu entrer il y a quelques minutes, indécise et essoufflée. Elle avait maintenant une allure sûre, et semblait chercher quelqu'un. Elle posa enfin les yeux sur moi. Je vis son regard, quand elle s'avança. Ce n'était ni de l'indécision, ni quelconque forme de douceur. June semblait en colère, mais avant tout, perdue. Elle ne fut maintenant qu'à quelques mètres quand elle s'arrêta.
- Ne me dis pas que tu as fait ça, s'il te plaît, souffla-t-elle, me fixant toujours.
Un sentiment de regret m'envahit immédiatement. Je savais de quoi elle parlait. Elle savait ce que j'avais fait.
- Non, je ne peux pas y croire.
Je tentais de soutenir son regard, mais la honte que je ressentis ne me le permettait plus. Je baissai les yeux.
- Mais... Je.... Putain ! Cria-t-elle.
Je fus surpris par son haussement de voix.
- Mais, bordel ! Aie au moins l'audace de me regarder dans les yeux !
Je levai les regard, comme un garçon, devant sa mère. Devant moi, June semblait hors d'elle.
- Désolé, je....
Elle me coupa directement.
- Non, je ne veux pas que tu t'excuses. Je veux savoir pourquoi t'as fait ça !
Que dire ? Je ne répondis pas.
- Tu voulais te mettre une fille de plus dans ta collection ? Accroître ton égocentrisme déjà surdimensionné ?
Certainement pas, June. Je te respecte trop pour ça.
- Ou alors...
Son ton de voix baissa et redevint normal. Elle baissa les yeux à son tour. Je pus donc la détailler. Elle avait ses cheveux en bataille, et je sentais d'ici l'odeur de transpiration et d'alcool des fêtards britanniques.
- Tu voulais juste me faire du mal ?
Je m'étranglais presque intérieurement face à cette réplique. Comment pouvait-elle penser cela ? Je... Jamais je ne voudrais la blesser. Pourtant, c'est ce que je faisais à cet instant précis.
- Je ne peux pas y croire, Tom.
Elle marqua une pause de quelques secondes, avant de relever la tête. Une larme coulait sur sa joue. Cette vision me brisa le cœur. Je voulus m'avancer vers elle, retirer cette larme de son visage, et la serrer dans mes bras. Mais je ne le pouvais.
- Non, tu sais quoi ? J'y crois. J'aurais du y croire. Ne pas te laisser entrer dans ma vie.
Ma voix se débloqua d'un coup.
- J'étais déjà dans ta vie.
Elle parut étonnée. Il y avait de quoi. Je me taisais depuis plusieurs minutes, et j'ouvrais la bouche pour dire une chose aussi fortuite.
- Pas dans ce sens là, Tom.
Je fis un pas vers elle, ce qui m'a fit reculer. Une autre larme glissa de son œil à son menton.
- Quoi ? Tu te moques de moi ? Jamais, tu ne m'as considéré dans ce sens là !
Elle détourna le regard, tendis qu'elle essaya une autre goutte. Elle étouffa un sanglot.
- Ça ne te donnait pas le droit de faire ça.
- En quoi ça change quoi que ce soit ? Tu aimes Alex, pas moi !
Elle semblait éviter mon regard. Ça me déchira le cœur, et pourtant, je continuai.
- Tu es amoureuse d'Alex, pas de l'illusion que tu t'es faite de lui cette soirée là, lançai-je, sèchement.
Elle tourna enfin les yeux vers moi, et fit un pas en avant. Nous n'étions plus qu'à un mètre l'un de l'autre. Quelques mèches brunes s'étaient accrochées à ses joues, ses lèvres tremblées, et ses yeux étaient rouges. Mais par dessus tout, June était déçue, et même dégoûtée.
- Comment peux-tu le savoir ? Répondît-elle, sur le même ton.
- Tu me l'as dit ! Dans la forêt. Et je le vois, ton regard, quand tu es face à lui. Tu tentes de le cacher, mais tu l'aimes. Et tu sais quoi ? Lui, non. Il ne t'aimera jamais.
Je vis le bras droit de June se lever, et rester en l'air. Mais peut importer le fait de me prendre une gifle. Le dégoût était maintenant vraiment discernable. Elle redescendit finalement son bras le long du corps.
- Et toi ? Taylor le grand ? Quelqu'un t'as déjà aimé ?
- Toi. Cette soirée là.
Nous restions comme quelques secondes, même plusieurs minutes. Puis, elle se tourna, et s'apprêta a rentrer. Mais, au dernier moment, elle se tourna.
- Pourtant, tu es à des années lumières de celui que tu étais cette soirée là.
Puis, après ces mots aussi tranchants que destructeurs, elle entra, me laissant seul, dans le froid, et dans les regrets.
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