XIV : la première solitude
- J'ai passé une journée... Quel est le mot ? Merdique ? Oui, merdique, soufflai-je.
- Waouh, sérieux ? Répondit Lee, faussement intéressée.
Je donnais l'impression de l'accabler avec mes histoires. A vrai dire, c'était surement le cas. Mais je n'avais plus personne d'autre à qui raconter tout ça, et sous peine de commencer un journal intime qui me mènerait vers la dépression, je préférais parler à Lee.
- Ce matin, j'étais avec Tom, et de ce fait, avec ses amis. Mais Sonia ne m'aime aveuglément pas, et Boyle est encore un plus gros macho qu'on ne le croit. Je ne voulais pas m'insérer dans leur conversation, alors je restai en retrait. Puis, l'après midi, je suis restée seule.
- J'ai remarqué. T'étais pas belle à voir, me coupa ma voisine.
Je m'assis contre mon lit, la capuche de mon gilet toujours rabattue sur ma tête.
- C'est vraiment bizarre, comme émotion. J'avais l'impression que même si je faisais une crise cardiaque, personne ne viendrait m'aider. On aurait dit que j'étais un fantôme, et que les gens autour n'avaient même pas conscience que j'étais présente.
- Bienvenue dans le monde réel, miss j'ai plein d'amis.
- Non... C'est juste que d'habitude, je suis toujours avec Alex...
Prononcer son nom me procurait comme des coups de couteaux dans le cœur. Je l'avais vu tourner le regard vers moi, parfois. Mais dés qu'il remarquait que je l'avais surpris, il se retournait net. J'aurai aimé aller le voir, qu'il me prenne dans ses bras un nombre incalculable de fois. Mais j'étais en même temps remontée contre lui du fait qu'il joue avec mes sentiments.
- Tu veux qu'on sorte ce soir ? Entendis-je.
Je levai la tête vers Lee, la regardant avec surprise.
- C'est pas interdit ?
Elle pouffa.
- Fumer et boire dans les chambres, ça l'est aussi. Et pourtant, ça t'a pas empêché d'avoir une clope dans le bec et de te bourrer la gueule. Je me trompe, peut-être ?
Je ne répondis pas, honteuse.
- Et puis, la moitié des ados ici le font. Tu les entends pas parler de ça, le matin ?
- J'écoute pas les conversations des autres, Lee.
Elle se leva, me coupant presque.
- Tu me saoules à toujours faire la vierge effarouchée. Viens, tu risques rien ! Souffla Lee en agitant les bras.
Je me laissai ma tête tomber sur ma couverture, soupirant fortement.
- Tu m'entraines vers le fond, tu t'en rends compte ?
Elle s'approcha de moi et me tira le bras pour que je me relève. Lee enleva la capuche qui se trouvait sur ma tête et ébouriffa mes cheveux.
- Allez, fais toi belle, tu ressembles à un rat d'égout.
- Parce que tu connais des rats de château, avec une coiffe sur la tête et des collants, peut être ? Répliquai-je.
Elle leva les yeux au ciel et me poussa en arrière, tout en partant s'allumer une cigarette.
- Tu me fatigues, June.
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