- Dépêche-toi, on va être en retard ! Lançai-je.

- J'ai plus le droit de manger mes œufs au plat en paix ?

Comme à son habitude, Alex s'était pris une assiette énorme pour le petit déjeuner. Et, comme à son habitude, il était dessus depuis déjà une demi-heure.

- Le rendez-vous est dans trente secondes !

- Voilà, j'ai fini. T'es pire qu'une alarme, soupira-t-il en se levant.

Je lui pris le bras et le tirai vers la salle de repos. Quand on arriva enfin, tout le monde était déjà regroupé. On se faufila pour arriver en face des professeurs.

- Bon, aujourd'hui, nous allons visiter Brighton. J'espère que vous êtes couverts, parce que le vent souffle très fort.

En ce mois de février, les températures dehors ne dépassaient pas les dix degrés. Les adultes parlèrent encore du programmes, puis le car arriva. Nous sortîmes rapidement. Dans la nuit, il avait neigé, et assez pour qu'elle tienne au sol. Je marchai en silence quand je sentis une fraicheur au niveau du cou. Je sursautai et lâchai un cri aigu avant de me retourner. La seule personne riant était, évidement, Tom.

- Tu vas le regretter, Taylor, murmurai-je entre mes dents.

Je m'abaissai, rassemblai une boule dans mes mains frêles et la lançai de toutes mes forces sur lui. Il ouvrit grand la bouche, tandis que j'éclatai de rire. Une bataille éclata, malgré les vaines tentatives des professeurs de nous arrêter. J'avais le dessus sur Tom, et ses vêtements étaient recouverts de neige.

- Bon, stop ! Tout le monde dans le bus, sauf vous deux.

Monsieur Taylor et moi nous retrouvions au rez de chaussée du bus, avec tous les professeurs. Comme tout les autres étaient à l'étage, il restait de nombreuses rangées de sièges libres. Tom se retrouva donc à mon extrême gauche. Nous étions assez loin des adultes pour qu'ils ne nous entendent pas chuchoter.

- Merci beaucoup Tom, tes interventions sont toujours très utiles et appréciées, lançai-je sarcastiquement.

- Ça va, miss modèle, t'as bien continué, t'es autant responsable que moi, répondit-il avec un sourire en coin.

- Tu voulais m'avoir pour toi tout seul, n'est-ce pas ? Riais-je. Je ne suis pas à ta portée, Tom, tu le sais bien, voyons.

- Ma stratégie a marché, et puis, honnêtement, je t'ai rendu service, non ? T'es tout le temps collée à Alex, tu dois en avoir marre.

- Quoi ? Pas du tout ! Tu sais, il n'est pas barbant ni lourd. Il n'a pas hérité de ce gène, contrairement à toi.

- C'est ça. De toute façon, tu n'as pas d'autres amis que lui, je me trompe ?

Mon humeur avait très rapidement changé. Il n'était plus humoristique. Son ton était hautain.

- Je préfèrerais mille fois être avec lui à ce moment précis qu'avec toi.

- Mais t'es avec moi.

- A mon plus grand malheur.

Quand j'ai dit que nos conversations étaient étranges, c'était un euphémisme.