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Chapitre7: La mèche de Théo


Cid aurait voulu hurler, mais il ne trouvait plus sa bouche. Il n'était plus qu'un courant d'air entrainé dans le sillage d'une étoile. L'aura de Mélia était tout illuminée par son Inguéni. Elle vrombit et prit de la vitesse, Thys à sa suite. Alors, comme dans les manèges de la fête foraine, Cid ferma les yeux, crispa ce qu'il pensa être des muscles et se laissa aspirer et balloter de droite et de gauche en attendant que ça passe.

Ce voyage tempo-sidéral dura une éternité et il n'en savoura pas les sensations d'apesanteur et de liberté tant la peur était profonde. Puis tout s'apaisa et il se sentit flotter. Pourtant, il refusa de laisser son esprit regarder où il se trouvait et préféra s'enfermer dans une bulle noire. Un petit bourdonnement le gênait et il eut envie de le chasser comme une mouche. Bien vite, il se rendit compte qu'il ne s'agissait pas d'un insecte, mais d'une voix qui inlassablement l'appelait.

— Cid ! Cid ! Cid ! Hou ! Hou !

Il lâcha la pression quand il reconnut la voix de Thys. Elle était étrange, proche et éloignée à la fois. Elle emplissait la tête de Cid, mais son écho paraissait se perdre dans les profondeurs du monde. Le garçon voulut y répondre et il se surprit à entendre tout haut ce que son esprit formulait.

— Au secours Thys ! Qu'est-ce qui m'arrive ?

— Déstresse, vieux ! Mélia a fait un bond spatio-temporel. On a laissé notre corps dans le cerisier et on a dérivé selon ses pensées. On est arrivés. Tu ne crains rien. Ouvre ton esprit.

— Comment ?

— Ne cherche pas à t'enfermer dans le noir ! Regarde autour de toi, on est là !

Cid fit l'action d'ouvrir les yeux, comme s'il avait encore un corps. À peine la lumière s'immisça-t-elle dans son esprit qu'il hurla en pensées :

— Thys, Thys, on est scotchés au plafond !

— Calme-toi, tu ne risques rien ! Je suis déjà venu dans cette chambre avec Mélia. Ton corps n'est pas là, tu ne peux pas tomber !

— Oh ! Dans quoi m'avez-vous embarqué !

— Aie confiance mon pote ! le rasséréna Thys. Je suis passé par là, je sais ce que tu vis.

Enfin, le jeune homme accepta sa situation et s'ouvrit à ce qui l'entourait. Il s'en amusa même.

— Eh ! Les Jums, regardez ! On dirait que je fais la méduse pour me déplacer.

Effectivement, la silhouette fantomatique de Cid, s'élargissait, comme gonflée d'air, puis se contractait, ce qui la propulsait quelques centimètres plus loin. Il rejoignit ainsi l'aura de ses copains.

— Là, tu m'en bouches un coin, mec ! s'enthousiasma Thys. Moi, je fais plutôt le poulpe et je me ventouse aux murs.

Cid était fier de lui et rayonnait de jaune. Il inspecta alors la chambre et remarqua soudain la silhouette étendue sur le lit.

— Mince, c'est qui ? On est où là exactement ?

— Chez les Le Tallec, l'informa placidement Mélia.

— Quoi ! hurla la voix de Cid dans la tête des jumeaux alors que la pièce restait silencieuse.

— On ne craint rien, Jason et ses fils sont à la demeure, le rassura Thys.

— Et elle, c'est qui ?

— On sait pas. bien que je commence à avoir ma petite idée ! lui répondit Mélia.

— Ah ! Tu penses à qui ? demanda Thys très intéressé.

— Briac !

— Hein ! Qu'est-ce que tu racontes !

— Briac est dans la chambre ! s'exclama Mélia horrifiée.

En effet, le jeune Péragore était entré silencieusement dans la pièce et s'approchait de la femme statufiée. Avec précaution, il s'assit au bord du lit et fixa longuement la malade. Puis, il lui prit la main avec douceur et se mit à lui chuchoter à l'oreille. Aucune réaction ne troubla le beau visage endormi.

Les trois compagnons perchés au plafond n'osaient pas remuer un pan de leur membrane immatérielle. Cid était au courant de la mésaventure de Mélia chez les Le Tallec, lors d'un bond spatial dans cette même pièce, et il craignait que Briac les perçoive et les fasse souffrir. Il n'y avait personne sur la plateforme du cerisier pour prendre soin de leur corps et essayer de les ramener si le Péragore décidait de les torturer.

Justement, Briac s'agita et il parut renifler l'air. Il était aux aguets et se releva avec empressement. Il parcourut la chambre de long en large, souleva rapidement les gros coussins du coffre, vérifia derrière la porte et à l'intérieur de l'armoire. Puis, il s'immobilisa pile au-dessous des trois amis et leva lentement la tête. Son regard fouilla la zone où se trouvait Mélia. Et il se mit à sourire en hochant la tête d'un air entendu. Il passa machinalement la main sur son menton une à deux fois, songeur, puis retourna auprès du lit.

Cid en profita pour respirer et questionner les deux Ethers :

— Il ne nous a pas vus là ?

— Non, il n'y a rien à voir puisqu'on n'est pas vraiment là ! lui répondit Mélia absolument pas sûre d'elle. Mais chut, silence radio.

Briac embrassa le front de la belle endormie qui n'avait pas bougé d'un millimètre, il lui couvrit respectueusement les pieds et arrangea ses longues nattes. Puis, il rejoignit la porte, mais avant de sortir, il lança bien haut sans se retourner :

— Merci d'être venue Mélia. J'ai toujours besoin de te parler, je t'attends demain après le déjeuner, derrière le réfectoire, près du cabanon du jardinier.

Il fit deux pas dans le couloir et se ravisa avant de fermer la porte :

— Tu peux venir aussi, Thys ! Quant à l'intrus, sa présence n'est pas indispensable !

La porte se ferma doucement et les pas s'éloignèrent.

— Vous avez entendu ?

La voix de Mélia n'était qu'un chuchotement stupéfait dans leur esprit, mais les garçons acquiescèrent, circonspects. Briac les avait perçus, localisés et reconnus ! Mais il ne les avait pas attaqués, il leur avait juste donné rendez-vous !

Ils n'eurent pas le temps de s'appesantir sur l'attitude du Péragore. De l'air chaud les couvrit et les garçons se sentirent aspirés à la suite de Mélia. Ils commençaient déjà à réintégrer leur enveloppe charnelle. Le feuillage du cerisier se dessinait et le chant du merle leur souhaitait la bienvenue. Cid reprenait contact avec la réalité et avait l'impression d'avoir déjà chaussé un pied quand il se sentit une nouvelle fois étiré et précipité dans la houleuse virée de Mélia.

Le voyage dura longtemps. Sans contact avec ses compagnons. Cid se demanda, s'il n'était pas perdu dans l'entretemps. Cette fois, il avait osé ouvrir les yeux et voyait défiler des couleurs nébuleuses alors que tout son être tressautait ou zigzaguait comme suivant un courant capricieux qui pouvait virer à quatre-vingt-dix degrés après une course folle en ligne droite. Enfin cette cavalcade effrénée cessa et Cid se stabilisa. Il observa les lieux. Tout était assez sombre. De gros blocs de pierre formaient comme une muraille. Peut-être le rempart d'un château. Un escalier pour géant prenait naissance en dessous de lui et menait à une longue terrasse de pierre usée. Où se trouvait-il ? Il ne percevait pas ses compagnons et commençait à s'inquiéter.

Soudain, une ombre se découpa au-dessus de lui et quelque chose frétilla tout près de ses narines. S'il avait eu son corps, il aurait hurlé et fait un bond en arrière. Il fut stupéfait de se trouver nez à nez avec un petit poisson blanc rayé de brun, couvert de longues épines et de fines nageoires. L'animal lui fit face et s'enfuit dans l'ombre.

Bon sang, mais il se trouvait sous l'eau ! Il était apparemment au fond d'une mer ou d'un océan. Son premier réflexe fut de bloquer sa respiration. Mais, il ne maîtrisait plus cette fonction de son corps. Pourtant, il n'éprouvait aucun mal à s'oxygéner et ne ressentait pas l'humidité glisser sur sa peau.

Deux lueurs pâles se tenaient à quelques mètres de lui au-dessus d'une structure rocheuse qui ressemblait à un énorme visage sculpté. Ce devait être Thys et Mélia ! À la manière d'une méduse cette fois bien dans son milieu, il tenta de les rejoindre. Mais, il lui fut impossible de communiquer avec eux. Apparemment sous l'eau, la réception n'était pas bonne ! Cette réflexion réussit à l'amuser.

Puis une nouvelle fois, sans mise en garde, il se sentit étiré et propulsé à une vitesse vertigineuse dans un abysse de couleurs et de lignes. L'allure diminua petit à petit et Cid distingua le paysage qui l'entourait, il survolait le bois de Dressons et arrivait au cerisier.

Ouf ! Ces instants d'adrénaline allaient prendre fin ! Comme un parachutiste, il se mit en position pour atterrir dans son corps qu'il voyait affalé sur la plateforme, mais que nenni ! Le voilà qui reprit de la vitesse, comme une toupie, il tourna sur lui-même et fut projeté dans le néant ! Une seconde de flottement et déjà il se stabilisa.

— Merde, j'en ai marre de cette galère !

Il se surprit à entendre sa voix résonner.

— Chut ! Pense moins fort Cid ! Regarde où nous sommes !

Ah ! Le contact était rétabli avec les jumeaux ! Alors, où se trouvaient-ils cette fois ? Mince, mais c'était le salon de la maison de la famille Ano ! Ils étaient dans la demeure interdite ! Où donc était Théo ?

Il n'eut pas à s'interroger longtemps. Un gémissement près du canapé attira son attention. Dans la pénombre due aux volets fermés, Cid distingua une forme allongée sur le sol contre le mur.

— Les Jums, il est là ! glapit-il horrifié.

— Oui, Cid, on l'a vu, fais-toi discret, regarde dans l'angle ! lui ordonna Thys.

À deux pas de Théo, se tenait un de ses geôliers, assis à fumer tranquillement tout en pianotant sur son téléphone. Un autre homme entra dans la pièce, un verre de vin à la main.

— Bon, il a parlé ? demanda le nouveau venu.

— Ben, il affirme toujours qu'il est seul !

— Le patron va pas être content, Nelson ! Fais ton boulot correctement.

— T'as qu'à t'en occuper toi !

— OK ! Tu vas voir, je ne vais pas lambiner, moi ! Alors, passons aux choses sérieuses, mon gars !

Le colosse posa son verre de vin sur le sol, se retroussa les manches, s'étira le cou avec un sourire mauvais et saisit Théo au col. Il le souleva et lui plaqua le dos contre le mur. Le garçon poussa un petit cri plaintif et essaya de se recroqueviller sur lui-même.

— Bon, alors tu vas nous dire avec combien de copains tu t'es faufilé ici !

— J'suis tout seul monsieur, promis ! geignit Théo.

— Ne m'oblige pas à te faire du mal, garçon.

Théo ne répondit rien, il regarda son interlocuteur et haussa les épaules, désespéré.

Nelson s'était levé, il ricana et envoya une bouffée de nicotine sur le visage de son prisonnier.

— Tu vois, Trevor, il n'a pas froid aux yeux, le gamin. Je lui ai donné une dizaine de bonnes paires de claques et il n'a rien voulu dire, se moqua son compagnon. Alors ce n'est pas avec ta voix mielleuse que tu vas l'impressionner.

— Je vais passer aux grands moyens, alors ! sembla se réjouir l'armoire à glace qui maintenait sa pression sur le torse de Théo

— Eh ! Tu déconnes, c'est un Inanimata. Il n'a aucun ressenti, tu ne peux pas faire ça !

— Pas le choix, le patron veut des noms. Tu veux décevoir Le Tallec toi ?

Nelson se renfrogna, gonfla une joue d'air et haussa les épaules.

— À ta guise, je te laisse faire, je monte la garde derrière la fenêtre, des fois qu'il y en ait un autre qui rapplique !

Trevor se plaça face à Théo qui n'avait rien compris à leur conversation, mais qui devinait que tout cela ne présageait rien de bon pour lui.

— Bon, gamin, c'est bien, tu as montré du courage jusqu'à maintenant, mais là, la douleur va être forte, je te conseille de te mettre rapidement à table.

— Je vous ai tout dit ! Et je n'ai pas faim, merci, essaya de plaisanter le garçon. Mais sa voix près de la déchirure trahissait sa détresse.

— Ah ! T'es carrément con, toi. On va vite voir si tu vas encore avoir envie de te foutre de ma gueule, après ça !

Et le Péragore commença toute une série de petits gestes rapides à hauteur d'yeux. Théo le regarda faire perplexe. Puis comme les gestes s'accéléraient et que l'homme suait en accumulant les grimaces, Théo ne put s'empêcher de rire.

— Morveux, tu ne vas pas ricaner longtemps, s'agaça l'Indésirata.

Et Trevor reprit sa gestuelle surprenante. Il faisait valser ses mains autour du visage du jeune homme et se rapprochait de plus en plus, agacé par le manque de résultat.

Mélia et Thys assistaient à la torture de leur ami sans pouvoir agir. Quand ils avaient vu le Péragore amorcer son attaque, ils avaient souffert pour Théo. Cid, lui, n'avait rien compris et crut que le bonhomme était pris d'une crise de démangeaison soudaine.

— Qu'est-ce qu'il lui arrive ?

— Il attaque !

Mais rien ne s'était passé. Théo n'avait pas hurlé. Aucun membre ne s'était tordu, le sang ne ruisselait pas. Au contraire leur camarade avait même éclaté de rire.

Le Péragore furieux avait renouvelé son agression avec hargne, mais les trois copains ne purent en voir l'efficacité, une bourrasque les entraina dans un tourbillon sombre. Après un grand huit tumultueux, ils atterrirent sur la plateforme, chaussés d'une peau inconfortable. Cid vomit son goûter et resta un bon moment la tête en bas en haletant.

— Berk, tu ne peux pas contrôler les virages, Mélia ? haleta-t-il.

La jeune fille était immobile, les pupilles dilatées, les traits tirés, elle revenait lentement à elle.

— Tu vas nous faire remarquer avec ton dégueulis, toi ! constata Thys, pâle comme un linge.

Et il vomit à son tour en se cramponnant à une branche souple.

— Reprenez-vous ! Il faut aller chercher Théo, maintenant, décida Mélia. Ils ne sont que deux avec lui ! Les autres nous pistent dehors et ne s'attendent sans doute pas à ce que l'on rentre dans la maison.

— OK Mèl, mais tu veux faire comment avec les deux colosses qui s'occupent de lui ?

— Je ne sais pas encore, mais il faut faire vite ! Ils vont le torturer !

— Ça n'avait pas l'air de lui faire bien mal, constata Cid, c'est débile tous ces mouvements qu'il fait !

— Je ne sais pas pourquoi Théo a rigolé, mais je connais les Indésiratas, ils ne vont pas en rester là ! Vous venez ! s'entêta la jeune fille.

Quand Mélia était décidée, il fallait plus d'un bulldozer pour l'arrêter et les garçons n'avaient pas la carrure de gars de chantier. Ils suivirent docilement la fragile blonde, en pestant intérieurement. Ils atteignirent le garage sans rencontrer âme qui vive. On devait les chercher dans le bois. Prenant appui sur le genou de son frère, Mélia se hissa jusqu'au soupirail dans lequel, elle se faufila en ondulant chaque partie de son corps. Elle disparut entièrement par l'étroite ouverture. Les garçons entendirent un bruit sourd de l'autre côté du mur du garage.

— Mèl, ça va ? s'inquiéta Thys.

Pas de réponse. Mais deux minutes plus tard, ils perçurent le bruit du frottement d'une clef dans une serrure et la porte piétonne du garage s'entrouvrit. Ils quittèrent les hautes herbes dans lesquelles ils s'étaient accroupis et se précipitèrent à l'intérieur. Mélia ferma juste derrière eux et faillit coincer dans la porte le sac à dos que portait Cid.

— Ouf ! On y est !

— J'ai bien cru que j'allais y laisser quelques cheveux, se plaignit Cid en jetant un regard accusateur à Mélia.

— Chut, plus un bruit maintenant, les gourmanda la jeune fille, on va tout faire en silence pour ne pas attirer ceux de dehors.

— Quel est le plan ? demanda Thys.

— Ben...

Mélia rougit et se tortilla un peu sur elle-même.

— Je pensais que Cid pourrait assommer celui qui guette à la fenêtre pendant que nous nous occuperions de ce Trevor...

— T'es malade, avec quoi tu veux que je l'assomme ? Et s'il m'entend arriver, hein ?

— Et puis nous, on s'occupe comment de Trevor ? s'inquiéta Thys.

— Chut ! Bon sang ! Vous avez une meilleure idée ?

Thys et Cid se regardèrent, ils n'avaient rien à proposer, mais détestaient le plan de Mélia. Ils sentaient qu'ils allaient se jeter dans la gueule du loup. Ils n'étaient pas des aventuriers sans peur ni des ados gonflés de muscles rompus à la castagne.

— Bon, vous êtes prêts ?

— Attends, attends, sœurette ! Que veux-tu faire à Trevor ?

— Je pensais que l'on pourrait essayer d'agir sur ses terminaisons nerveuses pour déconnecter son influx énergétique de son cerveau, cela devrait l'immobiliser le temps de fuir avec Théo.

— Mais on n'a jamais tenté un truc pareil ! s'insurgea Thys.

— Si, moi avec Mélanie, un jour d'entrainement en Ethérie.

— Et alors ? Ça marche ?

— Pas très bien, mais on avait peur de se faire mal, aujourd'hui, ça va marcher !

— Oh ! Là ! là ! Mélia ! Dans quoi tu nous embarques ? Je le sens mal !

Sur ce, Cid qui furetait dans les recoins du garage revint avec une grosse tuile trouvée dans un tas de décombres.

— J'suis prêt ! Mais on y va tout de suite ou je pisse dans mon froc, tellement j'ai la trouille.

— OK ! Ne frappe pas trop fort quand même, il ne faut pas le tuer, juste le mettre hors circuit, comme tu l'avais fait pour Briac.

Cid hocha la tête, il était blanc. Le tour de ses yeux violet agrandissait encore la terreur de sa pupille. Mélia lui passa une main amicale dans le dos pour l'encourager, mais elle recula vivement. Elle avait reçu comme une décharge électrique et son Ingéni luisait maintenant fortement.

— C'est drôle, ça, commenta Thys qui à son tour tapota l'épaule de son ami.

Comme pour sa sœur, un courant le traversa et son cristal à la tempe illumina le garage.

Tous les trois se jaugèrent, incapables d'expliquer le phénomène. Mais ils n'eurent pas le temps de s'appesantir sur le sujet, car à cet instant des pas lourds se rapprochèrent du cellier, la pièce adjacente au garage. Les trois jeunes se tassèrent derrière la porte. L'individu qui les cherchait s'arrêta et flaira le palier. Il fit le mauvais choix et entra dans le cellier. Thys bondit hors du garage, et frappa un grand coup dans le dos de l'homme qui s'affala comme une masse au sol. Alors qu'il se relevait en grognant, Cid lui assena un monumental choc au sommet du crâne à l'aide de la tuile qu'il n'avait pas lâchée. Cette fois, l'homme ne bougea plus.

— Il a son compte ! se rassura Cid.

— Et d'un ! commenta Thys fièrement sous le coup de l'adrénaline.

Mélia ferma vivement la porte du cellier à clef.

— Vite, allons chercher Théo, avant que celui-ci ne se réveille et ameute tous les Indésiratas du coin !

Ils atteignirent le salon sans encombre. Par la porte entrouverte, ils devinaient Théo plaqué contre le mur et percevaient les jurons de Trevor.

— Non de non ! Pourquoi il ne ressent rien, celui-là ?

Et le talon claqua sur le sol. Un bruit de roulement de tonnerre enveloppa la maison, le carrelage se fissura jusqu'aux pieds de Théo qui poussa un cri.

— Ah ! Tu vois que ce ne sont pas que des mouvements sans conséquence, triompha Trevor. Alors tu me réponds ou je te fends en deux comme ces carreaux !

— Mais comment vous faites ça ? gémit Théo.

— Avec qui es-tu venu ici ? vociféra l'Indésirata en faisant voler ses doigts.

Le mur se fendilla autour du corps de Théo, dessinant une silhouette apeurée.

— D'accord, je vais tout vous dire, mais arrêtez ça ! hurla le garçon.

Thys et Mélia choisirent cet instant pour intervenir. Ils firent irruption dans le salon, prêts à en découdre. À leur grande surprise, Trevor, trop préoccupé par les futures révélations de son otage, ne les entendit pas entrer et leur tournait toujours le dos. Ils profitèrent de cette aubaine pour se concentrer sur l'influx nerveux de leur ennemi. En quelques mouvements de main lents et amples, ils se connectèrent à l'encéphale du cerveau du Péragore. Ils devaient maintenant bloquer les influx transmis à la moelle épinière pour l'immobiliser. Mais Trevor sentit que quelque chose s'infiltrait en lui et en quelques gestes vifs se protégea. Furieux, il toisa Théo qu'il croyait responsable de cette maigre attaque.

— Ah ! Mais il cache bien son jeu, l'avorton. T'es donc un Ostende, sans odeur et insensible aux énergies ! Quel monstre es-tu ?

Théo, qui avait aperçu ses amis et qui ne comprenait rien à ce qui se passait, leva les bras pour les appeler à l'aide. Encore une fois, le Péragore se méprit et crut que le garçon allait l'attaquer, il pointa ses doigts en direction de la tête de son adversaire et les agita convulsivement. Un rai de lumière siffla et percuta le front de Théo avec une force capable de faire éclater un mur.

Mélia, Thys et Cid hurlèrent, le Péragore fit volte-face et découvrit les trois ados. Un sourire se dessina sur son visage alors que ses yeux foudroyaient les intrus. Les jumeaux emplis de haine envers celui qui avait abattu leur ami laissaient leur Inguéni crépiter sa colère.

Main dans la main, ils unirent leur énergie pour contrer leur ennemi. Ils avaient très vite perçu l'attaque. Elle s'infiltrait sous leur peau comme un ver rampant en créant d'horribles démangeaisons. Avec leurs maigres connaissances et leurs quelques cours en Ethérie, ils paraient cette intrusion douloureuse, mais étaient incapables de lancer une offensive à leur tour. L'énergie de leur Inguéni se vidait et leurs cristaux luisaient à peine. Trevor semblait s'amuser avec eux et ne montrait aucune fatigue, il prépara même une nouvelle agression en moulinant comiquement des poignets.

Cid, qui était resté en retrait, paralysé par l'horreur de voir la tête de Théo fracassée, sortit à cet instant de sa torpeur. Sans réfléchir aux conséquences, il se rapprocha de ses amis pour les soutirer à l'emprise de l'Indésirata. Il les prit tous les deux par une épaule et les tira fortement en arrière.

Ce contact en pleine action eut un effet stupéfiant. Une onde de chaleur parcourut le corps des jumeaux. On pouvait voir sa progression sur leurs membres qui se couvrirent instantanément d'un liseré bleuté. Des filaments de pure énergie s'échappèrent des doigts de Cid pour rejoindre les Ingénis des jeunes Ethers. Comme une batterie en pleine charge, la vie et la force inondèrent Thys et Mélia. Avec une facilité déconcertante, ils repoussèrent la nouvelle attaque de leur adversaire et projetèrent simultanément le surplus de leur bouillonnement dans le torse de Trevor. Celui-ci se plia en deux, le souffle coupé, percuté par une rafale de la violence d'un uppercut. Il n'eut pas le temps d'esquisser le moindre geste pour se redresser, déjà Cid l'assommait avec la même tuile qui avait servi à mettre Nelson hors d'état de nuire. Une bosse poussait sous les cheveux clairsemés, la tuile était brisée en deux. L'homme avait son compte, mais un râle rauque rappelait que la vie l'habitait encore.

Thys lui décocha des coups de pied hargneux en pleurant.

— Meurtrier, sale crevure, je vais te réduire en purée pour ce que tu as fait à Théo !

— Arrête Thys, c'est bon. Il est KO !

Cid avait agrippé son copain et s'arc-boutait en arrière pour l'arracher au corps inerte. Il le ceinturait maintenant en essayant de le calmer. Il fallut plusieurs minutes de tensions avant que Thys renonce à sa vengeance. À bout de souffle, les garçons regardèrent le corps de l'Indésirata et quand celui-ci poussa une sorte de gémissement, le jeune Ether se racla la gorge et lui cracha avec mépris sur le visage.

Pendant ce temps, Mélia s'était approchée du corps de Théo. Elle redoutait ce qu'elle allait trouver. La tête ne devait être qu'une bouillie et elle n'était pas sûre d'avoir la force de regarder. Son regard se posa d'abord sur les chaussures terreuses de la victime et remonta en hésitant le long du pantalon. Elle continua son inspection craintive en détaillant le tee-shirt orange. Il ne portait pas une tache de sang. Les mains de Théo étaient sagement posées sur son ventre. Mélia craignait de regarder plus haut, le point d'impact était proche. Le cou était intact. Elle ferma les yeux et déglutit. Que restait-il de la tête ? Elle prit son inspiration et regarda. Deux énormes pupilles lui firent face. D'abord, elle eut un haut-le-cœur, puis le battement d'une paupière la rassura. Le visage était intact. Et même mieux, Théo se redressait en s'appuyant sur ses coudes.

— C'est... c'est fini ? demanda-t-il d'une voix rauque.

Mélia se jeta à son cou en étouffant un cri. Théo se retrouva de nouveau couché sur le dos écrasé par la jeune fille qui sanglotait de soulagement.

C'est dans cette position que les trouvèrent Cid et Thys. Ils imaginèrent le pire avant de voir Théo se redresser en repoussant gentiment Mélia. À leur tour, ils se jetèrent dans les bras de leur ami et l'aplatirent une nouvelle fois au sol. Théo dut les supplier de le lâcher pour ne pas mourir asphyxier.

Ils prirent alors le temps de le regarder. Aucune blessure ne défigurait Théo, mais une belle mèche blanche témoignait du point d'impact au-dessus du front. Le phénomène était déroutant et les trois garçons cherchaient une explication. Mais Mélia les rappela vite à l'ordre, il fallait fuir, ils avaient assez perdu de temps. Théo était groggy, la tête lui tournait et ses jambes étaient toutes molles. Il s'appuya sur ses amis et le petit groupe rejoignit le garage.

Des bruits sourds leur parvenaient du cellier. Nelson était revenu à lui et essayait de défoncer la porte. Les jeunes se faufilèrent par le soupirail et regagnèrent le bois en un éclair sans rencontrer un membre de la famille Le Tallec.

Théo retrouvait peu à peu ses facultés et fut même le premier à escalader le grillage d'enceinte. Mélia déchira son short lors de la descente et Thys s'égratigna le coude, mais ils étaient saufs. Ils coururent au moins vingt minutes sur le sentier de l'Aval-Pierres en se retournant parfois pour vérifier qu'ils n'étaient pas poursuivis. Ils fuyaient l'horreur, la terreur ou l'incompréhension qui les avait habités durant ces quelques heures. Il faisait presque nuit, leurs parents allaient s'inquiéter. Ils arrêtèrent leur course à quelques mètres de la maison des Martin. Les mains sur les hanches, le souffle court, ils essayaient de se redonner contenance. Ils se regardaient. Difficile de commenter ce qu'il venait de leur arriver. Il y avait eu l'étrange attitude des Le Tallec, la capture de Théo, les voyages spatio-temporels de Mélia, la puissance toute nouvelle qui avait envahi les jumeaux lorsque Cid les avait touchés, l'insensibilité de Théo aux attaques des Indésiratas.

Ce fut Théo qui rompit le silence.

— Bon, les gars, comment je vais expliquer ça moi, hein ?

Il désignait sa mèche blanche qui devenait phosphorescente au fur et à mesure que la nuit tombait.

Ils n'eurent pas le temps de résoudre cette énigme, Madame Martin venait à leur rencontre, le visage rouge de colère.

— Ha ! Vous voilà, on allait alerter la police, ça fait des heures que l'on vous cherche. Les parents de Thys sont là et ceux de Théo ne vont pas tarder. On a cru qu'il vous était arrivé quelque chose !

Sur ce, elle attrapa Cid par l'oreille et le traina à sa suite en continuant sa litanie. Les autres suivirent. Théo eut juste le temps de souffler aux jumeaux.

— Il faudra tout m'expliquer !

Une voiture pétarada, deux phares les éblouirent et Téodor Lux apparut, furibond.

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