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Chapitre 9 l'Ostenrata


Le Péragore détailla Cid et Théo qui revenaient honteusement sur leurs pas. Un sourire narquois entamait sa pommette droite.

— Nouveau look Théo ? Pas mal la mèche blanche !

Théo ne répondit rien. Il serrait les dents.

Briac se désintéressa des garçons pour porter toute son attention sur Mélia. Il la détailla d'un air songeur.

— Bon, on va enfin pouvoir discuter, Mélia ? lui demanda-t-il.

— On est là pour ça ! déclara bravement la jeune fille.

Les yeux profonds de Briac la subjuguaient. Ce garçon dégageait un magnétisme troublant. En alerte, elle s'efforçait de ne pas voir la lueur inquiétante qui perçait son regard triste.

— Installons-nous dans le cabanon, on sera plus tranquilles ! proposa le Péragore.

Il s'effaça galamment devant l'entrée ouverte aux quatre vents et lui fit signe de passer. Mélia jeta un regard à ses compagnons.

— On vous accompagne, s'imposa Thys.

Briac haussa les épaules et envoya un sourire railleur aux trois garçons.

— Après vous, messieurs !

À l'intérieur du cabanon, il faisait sombre. Des toiles d'araignées étiraient leurs rangées d'insectes saucissonnés entre les poutres vermoulues. Des boites de conserve contenant des clous ou des graines étaient alignées sur une étagère terreuse. L'endroit n'était guère accueillant. Mélia dut se faufiler entre la brouette et les outils de jardinage pour permettre aux autres de rentrer.

Finalement, chacun trouva sa place. La jeune fille s'adossa à la cloison, Cid et Théo se partagèrent un tonneau en guise de siège, Thys s'assit sur l'échelle couchée qui vacilla sous son poids, Briac resta debout face à Mélia. Il se tenait devant la sortie ce qui n'était pas rassurant. Mais la jeune fille se tranquillisa. Ils étaient quatre contre un.

Thys et elle commençaient à maîtriser les énergies, du moins quelques systèmes de protection. Cid était un Ki, il leur fournirait donc un supplément de flux s'ils s'épuisaient dans un combat. Et Théo, insensible aux attaques énergétiques, pourrait partir chercher les secours.

— Tu as lu le dossier ? demanda Briac à Mélia, sans autre introduction.

— Oui !

Elle marqua une pause, troublée.

— Fanny Clivier est ta mère, n'est-ce pas ? tenta-t-elle, tendue.

Briac acquiesça tandis que Thys s'étrangla de surprise.

— Je vois que je t'ai bien cerné, dit Briac. Tu es perspicace.

Mélia retint un sourire. Elle prit le temps d'observer son adversaire. Tout le corps de Briac était sous tension, une veine pulsait dans son cou et ses biceps saillaient, prêts à en découdre.

— Explique-nous tout, commanda la jeune Ether avide de comprendre l'entêtement du Péragore à lui parler de ce dossier.

— Et bien c'est long et compliqué, répliqua-t-il en passant une main nerveuse dans ses cheveux.

— Il va falloir aller à l'essentiel, les cours reprennent dans vingt minutes, fit remarquer Thys qui n'appréciait pas d'être mis sur la touche.

Briac prit une longue inspiration et fixa Mélia, comme si les autres n'existaient pas.

— Comme tu l'as lu, Fanny Clivier a été kidnappée le 18 juin 1994, juste après une épreuve du Baccalauréat, commença-t-il sur un ton doctoral. Quelques semaines plus tôt, lors d'une soirée entre amis, elle avait rencontré un homme un peu plus vieux qu'elle. C'était déjà un businessman important et il était très apprécié ou plutôt très réputé. Fanny et lui avaient passé une partie de la soirée à discuter. Inévitablement l'homme était tombé sous son charme. Elle était merveilleuse ! J'ai tout un lot de photos de cette époque.

— Viens-en au fait, s'agaça Thys.

Briac grimaça, mais ne jeta même pas un regard au frère de Mélia. Il s'assura que la jeune Ether était toujours captivée par son récit et poursuivit.

— L'homme d'affaires a donc proposé un rendez-vous à la jeune Fanny. Mais celle-ci a repoussé ses avances, car elle se sentait mal à l'aise face à cet homme. Il exposait sa richesse et son pouvoir aux yeux de tous et ça ne lui plaisait pas du tout. Elle était plutôt du genre discret. Mais, on n'éconduit pas comme ça un homme habitué à avoir tout ce qu'il désire. À la suite de cette rencontre, il lui a téléphoné dix fois par jour pour la supplier de lui donner une chance de lui prouver son amour.

— Mais comment sais-tu tout ça ? demanda Mélia suspicieuse.

— J'ai pu lire récemment le journal intime de Fanny. Elle raconte tout en détail. C'est... C'est troublant.

— Oh ! C'est donc ça... Continue alors !

— Fanny commençait à avoir peur. Elle se sentait envahie par l'insistance de cet homme.

— Mais ce gars, c'était qui ? osa demander Cid.

Briac lui jeta un regard noir, mais ne daigna pas lui répondre. Il s'adossa contre une poutrelle vermoulue qui libéra un filet de poussière et respira fort avant de poursuivre :

— Fanny était une jeune femme intelligente, mais aussi indécise. Elle repoussait son prétendant inlassablement, mais elle lui trouvait, malgré tout, du charme et elle était flattée de l'intérêt qu'il lui portait. Celui-ci a-t-il perçu le doute dans le regard de la jeune femme ? Le fait est qu'il ne s'avoua pas vaincu et il se mit à la suivre partout. Dès qu'elle était seule, il s'approchait d'elle et lui récitait des poèmes ou lui faisait des promesses d'un amour éternel. Un jour, il s'est mis à genou devant elle avec un bouquet de fleurs et l'a demandée en mariage. Elle a écrit dans son journal qu'elle a été prise de panique, elle ne s'attendait pas à ça et elle l'a repoussé fermement. Alors l'homme d'affaires aurait été pris d'une sorte de crise d'hystérie. Il s'est jeté sur elle et l'a portée jusqu'à sa voiture. Elle s'est débattue bien sûr. Elle a même réussi à se dégager en le mordant et elle s'est sauvée en hurlant. Mais la pauvre, elle n'a rien compris à ce qui s'est passé ensuite. Elle explique que son corps s'est figé d'un seul coup et qu'elle ne pouvait ni bouger ni crier.

— Un Indésirata, se désola Mélia. Cet homme était un Indésirata. Un Péragore même. Jason Le Tallec, ton père, n'est-ce pas ?

— Il est venu la cueillir en lui susurrant des mots doux et des promesses d'amour, continua Briac les yeux brillants, sans relever la remarque de Mélia. Il l'a emmenée chez lui et l'a enfermée dans une grande pièce luxueuse avec une chambre et grande salle de bain. Elle était affolée. Elle explique, dans son journal, qu'il venait la voir tous les jours et lui parlait gentiment, mais si elle essayait de s'enfuir, elle sentait ses jambes s'alourdir et tout son corps se pétrifier. À travers son récit, on sent qu'elle est terrorisée et qu'elle ne comprend pas ce qu'il lui arrive. Elle a résisté plus d'un an. Puis, elle a cédé aux avances de son kidnappeur en échange d'une promesse d'un peu plus de liberté.

— Oh ! Elle a accepté d'aimer ce monstre ! s'exclama Mélia.

— Ce monstre est mon père et tu le sais, éructa Briac. Il l'aimait, ajouta-t-il plus doucement comme pour excuser les actes du Péragore.

— Elle, elle ne l'aimait pas, elle avait peur ! fit remarquer Mélia platement.

— Elle avait peur, oui, répéta Briac, les yeux embués. Pourtant, elle a commencé à l'aimer. Si, crois-moi ! Elle écrit qu'elle a appris à l'apprécier. Il faisait tout pour la rendre heureuse, à part lui laisser sa liberté. Quelques mois plus tard, elle a donné naissance à un petit garçon, Alan. Mon père était alors un homme comblé. Fanny transmit tout son amour à son fils pour oublier sa condition de prisonnière. Pourtant, elle rêvait toujours de liberté, elle voulait revoir sa famille, ses parents. Dans son journal, elle leur écrit des pages entières pour leur raconter sa vie.

— La pauvre ! Elle n'a pas essayé de s'enfuir ? demanda Mélia.

— Non ! Mon père était trop heureux avec sa femme et maintenant son fils. Il avait aussi trouvé un moyen de pression. Si Fanny tentait la moindre fuite, il la menaçait de ne jamais revoir son fils. Par contre, si elle se montrait docile, il lui promettait de l'emmener à l'extérieur avec lui. C'est ce qu'il fit d'ailleurs lors d'une soirée caritative où se retrouvait tout un tas d'autres milliardaires. Alan était resté sous bonne garde à la maison pour ôter toute envie à Fanny de s'enfuir ou d'appeler à l'aide. Elle se tint bien lors de cette fête, heureuse de goûter à cette nouvelle bouffée d'air et trop inquiète de perdre son fils. Mais des invités ont cru reconnaître la disparue du 14 juin. Tu as dû lire l'article !

Une nouvelle fois, les yeux sombres de Briac sondèrent Mélia. Celle-ci acquiesça.

— Oui, c'était trois ans après sa disparition.

— C'est ça ! Du coup mon père a étouffé l'affaire avec quelques milliers d'euros. Par la suite, il a été plus vigilant et Fanny ne pouvait sortir que dans les bois derrière la villa où personne d'autre n'avait le droit d'aller. Puis Daniel est né à son tour. Fanny raconte dans son journal qu'elle vivait uniquement pour ses fils. Apparemment mon père, toujours amoureux, se rendait compte qu'elle n'était pas heureuse, il la comblait d'attention et lui laissait de plus en plus de moments de liberté. Il savait qu'elle ne prendrait pas le risque de s'enfuir sans ses fils qui étaient surveillés en permanence.

Briac marqua une pause, respectée par ses interlocuteurs fascinés. Il sembla un instant plongé dans ses pensées puis reprit son récit.

— C'est quand Daniel a eu à peu près deux ans qu'elle est tombée une nouvelle fois enceinte... de moi, cette fois. Et c'est là que ça a commencé !

— Quoi ? s'exclamèrent en chœur les jumeaux comme à leur habitude.

— Elle a écrit dans son journal qu'elle ressentait de drôles de choses quand Jason venait la voir. Elle était prise de migraines ou de bouffées de chaleur. Mais, elle ne lui a rien laissé paraître. Puis ses mains l'ont inquiétée, elles chauffaient et la démangeaient. Ma mère avait aussi parfois l'impression d'entendre des voix. Elle a cru qu'elle devenait folle et elle s'est énormément confiée à son journal. C'est alors qu'elle s'est rappelée d'une phrase qu'une vieille dame lui avait glissée lors quand elle était petite : « Toi, tu es éveillée aux sensations, tu es une Ostende ! Il ne faut pas avoir peur de ce que tu ressens ! »

Mélia plaqua une main sur sa bouche pour étouffer un cri de surprise, Briac grimaça un sourire triste.

— Vous ne pouvez pas comprendre ce que j'ai ressenti quand j'ai vu ce mot écrit en capitales dans son journal : une OSTENDE ! Ma mère était une Ostende !

— Effectivement, ton amour propre a dû en prendre un coup, ricana Thys qui n'avait pas encore réalisé ce que sous-entendait une telle révélation.

— Continue, le supplia Mélia.

— Ma mère était une Ostende et elle ressentait l'Appel, l'Appel de l'Oritis ! Ses sens étaient extrêmement développés. Vous avez connu ça, tous les deux, non ? demanda Briac en s'intéressant uniquement aux jumeaux.

— Oui, chuchota Mélia, tandis que Thys se renfrogna.

Il n'aimait pas les questions de Briac. Il avait l'impression que celui-ci cherchait à leur soutirer des informations. Pourtant le Péragore poursuivit son récit sans montrer plus d'intérêt aux réponses des Ethers.

— Un jour de liberté, enceinte de six mois, elle a pu sortir du parc. Ses sensations l'ont guidée au pied d'une montagne où elle a trouvé toute seule « l'Ouverture ». C'est ce qu'elle écrit dans son journal, vous devez savoir ce que cela signifie, non ?

Mélia acquiesça encore une fois. Thys se crispa un peu plus. Quant à Cid et Théo, ils se ratatinèrent. Ils avaient l'impression d'être au sein d'une histoire qui ne les concernait pas vraiment. Théo se concentra sur l'observation d'une araignée qui entortillait goulument une mouche de son fil soyeux.

— Dans son journal, ma mère raconte alors en détail son initiation, continua Briac. Apparemment, elle a connu un bonheur incroyable au contact d'un bloc de rubis. Puis la pierre a éclaté et elle a reçu un éclat en bas du dos comme une grosse écharde rouge. C'était son Ingéni. Mais elle n'en savait rien.

— Personne ne l'avait guidée ! commenta Mélia.

— Mince alors, s'exclama Thys, qui fit aussitôt le lien avec la pointe de rubis qu'il avait vu dans les mains d'Alan dans le jardin de la demeure Ano.

— Que s'est-il passé ensuite ? demanda Mélia qui redoutait le pire.

— Et bien, ma mère est rentrée chez son geôlier pour revoir ses fils. Jason ne s'était pas aperçu de sa fuite qui n'avait duré que quelques heures. Mais elle avait changé. Et mon père l'a remarqué, il l'a beaucoup questionnée. Elle a réussi à garder son secret en prétextant que sa grossesse la fatiguait. Elle a confié dans son journal qu'elle sentait que son futur enfant serait exceptionnel puisqu'il avait vécu avec elle ce moment incroyable dans la montagne. !

— Ouais, et t'es devenu un sale Péragore ! fit remarquer Thys cynique.

Briac serra les poings et l'atmosphère devint électrique, mais Mélia intervint.

— Tais-toi, Thys ! Laisse-le parler !

Thys balbutia un vague mot d'excuse et Briac relâcha l'attaque qui naissait.

— Oui, ma mère rêvait de belles choses pour moi, mais elle n'a jamais pu me connaître.

La voix de l'Indésirata se brisa. Il se ressaisit vite en affichant un rictus de façade, mais les autres ne se laissèrent pas leurrer, ils ressentaient l'émotion qui étreignait Briac et cela le rendait finalement plus humain et presque sympathique.

— Dans les dernières pages de son carnet intime, ma mère raconte la colère de Jason quand il a découvert, un soir, la pointe de rubis en haut de son dos. Il a voulu lui arracher. Apparemment ce n'est pas chose facile. Il aurait essayé diverses techniques, toutes très douloureuses pour ma mère, mais l'Ingéni a résisté. Jason ne supportait pas de voir souffrir sa femme, mais il ne supportait pas non plus de voir ce bout de minéral pointer fièrement son appartenance aux Ostendes.

— Alors comment il lui a enlevé ? Car on l'a vue, nous, la pointe de rubis et il n'y avait pas ta mère autour ! fit remarquer Théo qui s'était tu jusque-là !

— Vous l'avez vue ? s'étouffa Briac. Où ?

Mélia, Thys et Cid fusillèrent Théo du regard. Celui-ci grimaça un sourire gêné.

— Où ? répéta Briac avec fièvre.

— On parlera de ça plus tard. Continue ton récit, trancha Mélia.

Le jeune Péragore était contrarié. Les poings crispés, il hésita, dévisagea chacun de ses interlocuteurs, puis finalement obtempéra dans un soupir.

— Les dernières lignes que ma mère a écrites, je les ai apprises par cœur : « Briac, mon petit, je ne te connais pas encore, pourtant je te sens. Tu vibres en moi, plein d'énergie, et je ne pense pas que je pourrai un jour te serrer dans mes bras. Jason veut m'ôter ma pointe de rubis, il appelle ça un Ingéni. Ça le rend fou ! Je sens que je vais en mourir. Il a fait appel à une vieille femme qui selon lui connaît un remède pour détacher la pierre de mon corps ! J'ai peur. Je sais que tu vas devenir un enfant extraordinaire, j'aurais aimé pouvoir te guider. Je t'aime, mon fils. » Et ça s'arrête là !

— Tu sais ce qui s'est passé après ?

— Pas vraiment, répondit Briac amer. Mais pas besoin d'être devin pour comprendre que mon père a réussi à lui arracher son Ingéni et qu'elle a sombré dans un coma sans fin. Tu l'as vue, Mélia, hein ! Je t'ai perçu dans sa chambre. Fanny est comme cela depuis ma naissance ou quelques mois avant, je ne sais même pas...

La jeune Ether serra les lèvres, elle se souvenait très bien de ses visites dans la chambre de la Belle au bois dormant, de la sensation à la fois oppressante et langoureuse qui se dégageait de la pièce.

— Que t'a dit ton père pour t'expliquer l'état de ta mère ? demanda Thys troublé lui aussi plus qu'il ne l'aurait voulu.

— Il rejette la faute sur moi. Il dit que j'étais un trop gros bébé, que l'accouchement s'est mal passé et que ma mère ne s'en est jamais remise. Mes frères eux aussi croient à cette histoire.

— Tu ne leur as pas montré le journal intime de ta mère ? s'étonna Mélia.

— Non, ils sont trop endoctrinés. Ils en parleraient immédiatement à mon père.

— Elle est bien jolie ton histoire, fit remarquer Thys, mais pourquoi tu nous racontes ça ! Qu'est-ce que tu veux ?

— De l'aide, j'ai besoin d'aide !

— Non, mais je rêve ! Toi, tu veux que l'on t'aide ? Tu as essayé de nous tuer. Tu n'es qu'un monstre !

— Thys, arrête, s'exclama Mélia, tu n'as pas écouté son histoire ? Briac est à moitié Ostende !

— À moitié Ostende ! Tu crois que c'est possible ça, toi ? Moi, je n'ai vu qu'un Péragore qui obéit aux ordres de son père et qui me fiche la nausée à chaque fois que je le vois, d'ailleurs, il est temps que je prenne l'air !

Sur ce, Thys fit mine de sortir, mais Briac l'attrapa par le bras. Aussitôt, le jeune Ether se retourna et décocha un coup de poing magistral dans l'œil de son ennemi. Puis, il enchaina par une belle droite dans l'estomac. Il s'apprêtait à marteler de coups de pied le Péragore surpris et plié en deux, quand Théo s'interposa.

— Oh ! Mon gars, tu disjonctes ? Regarde-le, il ne se défend pas !

Briac se redressa en se maintenant les côtes, il serrait les dents et arborait son plus sombre regard. Il s'adressa à Mélia qui avait les larmes aux yeux :

— J'ai tout fait pour vous aider. Mélia, rappelle-toi ! Je t'ai apporté l'énergie nécessaire à ta survie dans le gymnase, après le feu d'artifice de Baldo.

— L'ombre, c'était toi ? Je n'avais pas rêvé !

— Non ! J'ai lutté aussi contre l'énergie de mes frères et de mon père lorsqu'ils t'ont repérée dans la chambre de ma mère.

— Oh ! Ces coupures d'énergie qui m'ont permis de reprendre pied et de laisser le temps à Téodor de me ramener, c'était toi encore ?

— Oui et j'ai aussi aidé ton grand-père quand les miens ont attaqué ta famille à Noël. Touti voulait l'achever. Il s'en est fallu d'un cheveu.

— Il nous a raconté que quelqu'un l'avait aidé, mais aucun d'entre nous n'avait compris ton rôle, poursuivit Mélia hébétée.

— Et en Bolivie, je t'ai cachée dans une Chinkana pour que mon père ne te capture pas ! Tu t'en souviens quand même. J'ai pris des risques pour vous ! Je ne suis pas un monstre.

Thys était silencieux. Mélia le regarda et lui fit un signe de tête impératif en direction du Péragore. Le jeune Ether dandina sur place, se racla la gorge et opta pour un profil bas. Il tendit une main à son ennemi.

— Sans rancune ! On va dire que t'es un Ostenrata. T'as donc pas que des mauvais côtés.

— Je vais prendre ça pour des excuses, dit Briac, même si le terme Ostenrata a une connotation qui ne me plaît pas.

— De quelle aide as-tu besoin ? demanda Mélia pour couper court à la querelle des deux garçons.

— Je veux soigner ma mère. Il faut m'aider à retrouver son Ingéni et découvrir comment lui incruster dans le corps pour qu'il retrouve sa fonction.

— Briac, ta mère est comme morte, je ne crois pas que l'on puisse lui redonner son Ingéni, dit doucement Mélia.

— Non, elle vit, je la sens quand j'entre dans sa chambre ! Elle essaie de communiquer avec des émotions. C'est elle qui m'a guidée vers son journal intime, j'en suis sûr.

— Comment ça ?

— Je l'ai sentie. Il y a un peu plus d'un an. Je m'étais assis au pied de son lit comme je le fais souvent quand je suis en conflit avec mon père. Je me sentais mal, seul. J'ai eu l'impression qu'une main se posait sur ma tête et me caressait les cheveux. J'ai entendu une voix douce me dire qu'elle m'aimait. J'ai bondi, j'ai cru que ma mère s'était réveillée. Mais, elle était toujours étendue sur son lit, immobile, les yeux clos. Alors, là j'ai... j'ai pleuré !

Briac avait hésité à prononcer cette dernière phrase, il s'attendait à une remarque sarcastique de la part d'un des garçons, mais ceux-ci ne bronchèrent pas.

— Continue Briac, l'incita doucement Mélia qui comprenait la peine du Péragore.

— Je suis resté prostré de longues minutes au bord du lit. Puis la colère m'a pris et j'ai crié sur cette mère qui ne m'avait jamais serré dans ses bras. Je lui ai reproché son absence, je l'ai traitée de feignante, incapable de s'occuper de ses enfants... J'ai dit beaucoup de choses dont je ne suis pas fier. J'étais encore en train de hurler quand la fenêtre qui était entrebâillée s'est ouverte en grand. Un livre en équilibre sur l'étagère a été balayé par une rafale. Il est tombé sur un vieux bougeoir qui a roulé sur le meuble et bousculé le manche de l'aspirateur rangé dessous. L'aspirateur est tombé et a choqué un grand vase chinois qui devait valoir une fortune. Le vase s'est brisé en deux. À l'intérieur de celui-ci, j'ai trouvé un cahier d'écolier vert et bleu dans lequel ma mère racontait son histoire. Vous voyez ! Ça ne peut pas être une coïncidence ! C'est un signe, Fanny Clivier essaie de communiquer... Elle vit toujours à l'intérieur de son corps paralysé. Voulez-vous l'aider ?

Les quatre autres se regardèrent. Visiblement chacun avait été ébranlé par le récit de Briac. Ils opinèrent les uns après les autres.

— On va t'aider, proposa Mélia, même si pour l'instant on ne sait pas comment !

— Tu dois savoir que ton père garde l'Ingéni de ta mère dans une mallette avec deux autres gemmes, révéla Thys. Il veut s'en servir contre les Ostendes.

— Comment vous savez ça ? Une mallette ? Je ne l'ai jamais vue et je ne suis pas au courant d'une nouvelle attaque contre les Ostendes.

Devant la mine sceptique de ses interlocuteurs, Briac insista.

— Il faut me croire, mon père ne me dit pas tout. Il ne me fait pas confiance. Il sait que je suis différent.

— Si tu veux notre aide, il faudra que de ton côté, tu nous tiennes au courant des manœuvres des Indésiratas, déclara Thys.

— Je le ferai si cela ne crée pas de tort à ma famille. Je ne veux pas que mon père et mes frères souffrent.

— Quoi ! Tu es prêt à protéger ces monstres. Jason a enlevé et torturé ta mère ! s'exclama Mélia.

— Je sais, mais il l'aimait et c'est mon père. Je n'ai que lui. Je ne vous laisserai pas lui faire du...

Briac fut soudain projeté vers l'avant. Il allait percuter Mélia quand un grand homme sec l'empoigna par le col et le ramena en arrière. Jean Tangon, le directeur du collège et Gérald, un surveillant au sourire difficile avaient fait irruption dans le cabanon. Les deux hommes se placèrent autour du Péragore et amorcèrent une série de gestes lents qui firent grimacer Briac.

— Alors, c'est là que tu comptais décimer tes proies, mais je t'ai à l'œil ces derniers temps, vociféra le directeur bedonnant.

— Non ! Attendez, il...

Mélia se précipita au secours de Briac pour expliquer à Monsieur Tangon l'erreur qu'il commettait, mais le jeune Péragore lui fit signe de ne rien dire.

— Mon père doit croire que je vous... lui chuchota-t-il avant de pousser un cri de douleur.

— Sortez d'ici, vite ! On s'occupe de lui ! leur intima le directeur qui dans sa fureur et sa conviction héroïque ne s'était pas aperçu de l'échange codé de ses élèves.

Les quatre jeunes quittèrent précipitamment le cabanon en emportant dans leurs cheveux le garde-manger des araignées locataires des lieux.


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