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Chapitre 8: ambiance électrique


La bande des quatre jeunes supporta le sermon des adultes qui, tour à tour, vidaient leur angoisse en aboyant leur mécontentement.

Après madame Martin, ce fut le père de Cid qui passa sa colère. Sa pomme d'Adam frétillait dans sa gorge et ses mains calleuses auraient volontiers donné une baffe à son fils s'il n'y avait pas eu de spectateurs.

Les parents de Théo étaient arrivés sur ces entrefaites et avaient pris le relais. Surtout madame Adami, il faut dire. Elle bouillait littéralement. Depuis la tombée de la nuit, elle avait passé des dizaines de coups de fil aux parents de Cid pour savoir si les jeunes étaient rentrés ou si madame Martin les apercevait au bout du chemin. Elle se faisait un sang d'encre pour son fils unique qu'elle couvait encore comme une poule attentive. C'est elle qui avait donné l'alerte et appelé tous les amis de Théo quand celui-ci n'était toujours pas rentré à vingt et une heures. Elle avait par deux fois composé le numéro du commissariat de police, mais son mari, plus posé, l'avait arrêtée et réconfortée en lui rappelant que Théo n'était pas tout seul, qu'il avait presque quinze ans et qu'il s'était sans doute un peu trop attardé chez un copain.

Maintenant que son fils se tenait devant elle, elle laissait libre cours à sa colère et tout le monde en prenait pour son grade.

— Enfin, tu es totalement inconscient, on ne se balade pas dans les bois, la nuit, sans avertir sa famille. Il n'y en a pas un pour rattraper l'autre dans votre troupe d'écervelés ? Un coup de fil aux parents vous aurait écorché la langue ?

— J'avais plus de batteries, Man ! mentit le jeune homme.

— La belle excuse et les autres bêtas là, ils pouvaient pas appeler leurs parents pour faire passer le message ?

Les jeunes regardaient leurs pieds. Ils avaient coupé leur portable pour ne pas se faire repérer par les Indésiratas, mais ça bien sûr, ils ne pouvaient pas l'expliquer à cette mère en furie.

— Et puis, qu'est-ce que c'est que cette mèche ! Une nouvelle mode ! Tu as demandé l'autorisation avant de te teindre les cheveux !

Thys et Mélia ne purent s'empêcher de sourire à cette remarque. C'était d'ailleurs un peu nerveux après tout ce qu'ils venaient de vivre et un fou rire commença même à les secouer.

Ce fut trop pour cette mère en pleine démonstration d'autorité. Elle s'en prit alors aux parents des jumeaux.

— Ah ! Ben Bravo ! C'est ça, ricanez, ricanez. Il est vrai que vos parents n'ont pas l'air de désapprouver vos agissements. Vous êtes habitués à une vie de bohème. Un père au chômage, une mère qui traine à la maison, une tante loufoque. Quel bel exemple, hein ! Mais...

— Stop, Maryvonne ! Tu vas trop loin là ! intervint son mari. On a tous été un peu éprouvés. On ramène chacun nos enfants à la maison et on reparlera de tout ça, la tête reposée !

Jean Adami avait attrapé fermement sa femme sous le bras et l'entrainait déjà vers la voiture en s'excusant du regard auprès de la famille Ano. Théo suivit en trainant les pieds.

Anthony Ano fit un signe gêné à Oscar Martin et à sa femme et s'éclipsa à son tour vers la misérable R5 de Téodor Lux avec à sa suite, femme et enfants, un peu choqués par l'intervention de la mère de Théo. Ils s'entassèrent tous dans l'habitacle.

Le Maître Arcan était resté en retrait pendant ces règlements de comptes familiaux, mais dès la voiture en route, il tempêta :

— Où étiez-vous ? Qu'avez-vous encore manigancé ?

— On a voulu revoir la demeure, répondit honnêtement Mélia qui jugeait inutile de jouer au chat et à la souris avec le Maître.

— Et ? grinça-t-il en même temps que les amortisseurs de sa voiture.

— Il y avait les Le Tallec avec d'autres Péragores, annonça Thys d'une toute petite voix.

— Ce n'est pas possible, on ne peut pas vous faire confiance, éclata alors Sylvie qui s'était contenue jusqu'à présent. Vous le savez pourtant que ce n'est pas un jeu, que le danger est réel ! Vous en avez déjà fait les frais tous les deux !

Sa voix s'étrangla et elle se mit à sangloter. Serrée entre ses deux ados à l'arrière de la voiture, la grande femme blonde paraissait épuisée. Thys et Mélia passèrent chacun un bras autour de ses épaules et l'embrassèrent, bien malheureux du stress qu'ils causaient à leur mère.

— Vous êtes complètement inconscients, les fustigea à son tour Antony, vous vous êtes lancés dans la gueule du loup. Vous ont-ils vu ?

Les jumeaux se regardèrent en espérant chacun que l'autre répondrait à cette question embarrassante. Ce fut Mélia qui s'y colla.

— Ils ont capturé Théo, mais on a réussi à le libérer.

— Quoi ? s'écria Téodor en appuyant par réflexe sur le frein.

Tous les passagers se trouvèrent projetés vers l'avant et stoppés nets par leur ceinture. La vieille voiture toussota et cala. Le Maître Arcan s'était retourné. Son visage n'avait rien d'engageant. Ses lèvres s'étiraient sur un inquiétant sourire qui laissait apparaître ses canines proéminentes, ses petits yeux rétrécis perçaient la nuit maintenant bien installée.

— Vous allez me raconter tout ça quand nous serons rentrés, sans rien oublier. En attendant, je ne veux plus entendre une parole dans cette voiture ! Je réfléchis !

Tous se turent, même les parents conscients que cet ordre s'adressait à tous.

Aussitôt arrivés à l'appartement, Téodor siégea sur son fauteuil de cuir préféré et laissa les autres s'entasser sur le canapé face à lui. Grand-père Ano et Tantine les avaient rejoints, attirés par le freinage vigoureux de la R5 dans la cour.

Ce fut Mélia qui fit le récit de leur aventure. Elle n'omit qu'une chose : le rendez-vous que Briac leur avait fixé le lendemain. Elle comptait bien s'y rendre et se doutait qu'elle n'en aurait pas la permission si ses parents l'apprenaient.

Téodor ne fit que trois commentaires à l'écoute de son récit. Quand elle parla de Jason Le Tallec et de sa recherche de l'ouverture sur l'Ethérie, il s'écria : « La confrontation approche, ça devient inévitable ! »

À l'annonce du voyage spatio-temporel sous l'eau, il décréta : « Ça, c'est du lourd pour Rinata ! »

Quand il apprit comment les jumeaux avaient libéré Théo, il secoua la tête et gémit : « Les niguedouilles ! La chance sourit aux ingénus. »

Comme il ne dit rien sur Cid et la stupéfiante libération d'énergie qu'il avait apparemment engendrée, Thys n'y tint pas et l'interrogea :

— Maître, que s'est-il passé avec Cid ?

— C'est une batterie, un Ki. Tu ne l'as pas compris depuis le temps !

Pas d'autres explications et le jeune Ether devina qu'il ne serait pas bienvenu d'insister. Ce fut Charles qui posa la question suivante :

— Ce gamin, Théo est un Inanimata. Il ne contrôle donc absolument pas les énergies. Alors comment expliques-tu le fait qu'il ait pu résister ainsi aux attaques ?

— Aucune idée ! J'ai jamais entendu parler de ça ! Cela m'intrigue aussi, je vais y réfléchir, mais il y a plus urgent. J'aimerais savoir d'où viennent les gemmes que ces Péragores ont utilisées pour localiser l'entrée de l'Ethérie et s'il y a un risque qu'elles leur permettent de s'infiltrer sur le plan subtil !

Anthony acquiesça :

— On a de précieuses informations grâce à l'imprudence des jeunes, mais les représailles des Le Tallec pour notre famille risquent d'être terribles.

— Ils ne nous ont pas vus, papa ! protesta Mélia. Nous avons juste eu affaire à deux de ses hommes qui ne nous connaissaient pas.

— Tu parles ! Quand ils parleront d'une blonde fluette et de sa copie masculine aux yeux vairons, tu crois qu'ils vont mettre longtemps à faire le rapprochement avec les enfants Ano, se moqua Téodor.

La jeune fille ne sut que répondre. L'évidence était là. Jason allait être furieux et ses parents allaient encore en subir les conséquences. Tous se turent pris par leurs pensées.

Nadine, très mal à l'aise avec cette conversation qu'elle ne maîtrisait pas, et pour briser le silence qui durait, se mit à faire des vocalises pour détendre l'atmosphère. C'était sa dernière lubie en date. Elle s'était prise de passion pour le chant d'opéra et s'entrainait du matin au soir sans considération pour les oreilles de ses colocataires. Le pire c'était quand Electric, son compagnon à quatre pattes, la rejoignait en jappant et hurlant à la mort.

Téodor n'avait pas la patience de la famille Ano ni leur bienséance. Aux premières notes en vibrato que la jeune femme émit, il la rabroua en lui demandant si elle venait de se coincer un orteil sous la chaise pour beugler pareillement. Cette intervention la laissa sans voix et l'œil larmoyant.

Il était plus de minuit et les esprits n'étaient plus très clairs pour analyser la situation. Téodor s'invita à dormir sur le canapé. Sans autre forme de procès, il retira ses sandales à grosses sangles, bouscula ceux qui étaient encore installés et s'allongea. Une minute plus tard, il ronflait, mais sa large moustache blanche semblait rester aux aguets.

Anthony et Sylvie accompagnèrent leurs enfants dans leur chambre et leur annoncèrent la sanction.

— Aujourd'hui, vous avez trahi notre confiance et ça aura des conséquences. Plus aucune sortie n'est permise jusqu'à la fin de l'année scolaire. Il vous reste trois semaines de classe. Tout votre temps libre vous le passerez à l'appartement. Il y a assez de ménage à faire pour vous occuper. Ensuite vous poursuivrez vos semaines de premier cycle des transformations en Ethérie sous la surveillance de Térence Plomb. À votre retour, nous aviserons. Est-ce que c'est compris ?

— Oui, ronchonna Thys.

Mélia se contenta de baisser la tête. Il fallut toute la tendresse et les facéties de Chinchou, le petit chinchilla de Bolivie pour apaiser la jeune fille cette nuit-là et lui permettre de s'endormir. D'ailleurs tous se tournèrent et retournèrent dans leur lit à la recherche du sommeil. Sauf Nadine qui s'entraina à chanter en sourdine. Sauf Téodor qui ronfla l'opéra de la Traviata.

Le lendemain, dès que Thys et Mélia entrèrent dans la cour du collège, Théo leur sauta dessus. Sa mèche blanche égayait ses cheveux châtains ramenés en une queue de cheval soignée.

— Vous voilà enfin ! Alors c'était quoi hier ? Expliquez-moi tout, je ne tiens plus. J'ai fait des cauchemars toute la nuit.

Les jumeaux avaient eu tout loisir de discuter de l'attitude à adopter face aux questions de leur camarade. Et ils avaient décidé de lui dire la vérité. Il aurait été trop difficile d'inventer une version crédible pour cacher les phénomènes paranormaux dont Théo avait été le témoin.

Néanmoins, face aux yeux avides de sens et à la mèche quasi étincelante de leur copain, ils restaient sans voix ne sachant comment aborder le sujet. Ils avaient en mémoire la réaction de Cid lorsqu'il avait appris que Thys avait des capacités peu communes et se demandaient comment révéler leur véritable nature à Théo en faisant le moins de dégâts possible.

Ce fut Cid qui résolut le problème. Il arriva tout fringant, ne fit pas cas de la présence de Théo tant l'excitation l'habitait et il s'adressa aux jumeaux d'une voix chevrotante d'émotion :

— Alors, les Jums, moi aussi j'ai des dons, c'est ça ? J'appartiens à une lignée ? Laquelle ? Je vais devoir passer mon Oritis ? Vous avez vu ma puissance ? Hein ! Je vous ai bien aidé à le décoiffer, le Péragore !

Thys et Mélia affichèrent un sourire crispé et Théo bondit sur l'occasion.

— Des dons ? Une lignée ? C'est quoi ces histoires ? vous allez m'expliquer à la fin !

— Merde, j'ai gaffé, réagit alors Cid en plaquant une main sur sa bouche. Désolé !

— Non, non ! Parle, le supplia Théo. Tu en as trop dit, tu ne peux pas t'arrêter comme ça. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ?

Cid fit la grimace et jeta un coup d'œil en direction de Thys. Son copain haussa les épaules et se décida à intervenir.

— Bon, c'est vrai que tu mérites une explication, mais prépare-toi à subir un choc.

— C'est hier que je l'ai eu le choc, maintenant je suis prêt à tout entendre ! lui répondit Théo, les pupilles avides de révélations.

Thys, Mélia et même Cid se relayèrent pour lui relater leur incroyable version du monde et des hommes. Théo ne les interrompit pas. Il se contentait de ciller sur deux ou trois explications, voire de grimacer. À la fin de leur récit, il y eut un long silence. Leur compagnon déglutit, passa sa main dans les cheveux juste au niveau de sa nouvelle mèche, sans même s'en rendre compte.

— Et je suis qui, moi là-dedans ?

— Oui, et moi aussi, qui je suis ? renchérit Cid.

— Toi Cid, tu es une batterie selon notre Maître Arcan. Ne m'en demande pas plus, il est de fort mauvais poil et n'a pas développé. Quant à toi, Théo, tu es une énigme. Tu n'es pas ouvert aux énergies, mais apparemment ton corps est équipé pour lutter contre les mauvais influx.

— Mais...

Théo et Cid avaient protesté en chœur, déçus de ne pas obtenir plus d'informations. Pour l'heure, ils devraient rester sur leur faim, la cloche du collège avait déjà sonné depuis cinq bonnes minutes et les rangs s'éloignaient vers les salles de classe.

Tout essoufflés, les quatre compères rejoignirent le cours de physique. Heureusement, monsieur Quimber était en pleine recherche de ses lunettes et il ne remarqua pas de leur retard. Après une exploration vaine de son sac, de son bureau et des poches de sa veste, le prof réclama le calme en plissant les yeux.

— Il est myope comme une taupe, ricana Julien suffisamment fort pour susciter le gloussement de toute la classe.

— Silence, protesta le prof de physique-chimie qui ne parvenait pas à distinguer les traits du moqueur installé en fond de classe.

C'était une trop belle occasion de perdre quelques minutes de cours et les bavardages montèrent, les bouts de gommes voltigèrent, les feuilles de leçons se transformèrent en avion ou en boulettes.

L'agitation cessa bien vite lorsque Monsieur Quimper déballa le contenu de deux grosses valises et leur proposa de s'associer par binômes pour monter un circuit électrique. Thys et Cid se rapprochèrent et Théo grimaça quand il comprit qu'il allait travailler avec Blaise. Celui-ci était un fainéant de première que rien n'intéressait.

Mélia, quant à elle, faisait équipe avec Laura. Chaque binôme reçut une fiche d'instructions et put piocher dans les valises le matériel nécessaire à l'élaboration de leur circuit.

— Je vous laisse soixante minutes pour réaliser votre montage et un schéma explicatif des variantes possibles. Les deux premières équipes qui auront terminé avec succès seront sélectionnées pour participer au concours intercollèges de Cervelec, leur annonça Monsieur Quimber.

— Oh ! Vous auriez pu prévenir que la sélection était aujourd'hui, geignit Clarisse qui pensait ne pas s'être assez préparée.

Ce concours était très populaire. Les finalistes de Cervelec deviendraient à coup sûr de vraies stars dans leur collège et auront la chance de visiter l'institut de recherche de nouvelles technologies en compagnie du célèbre professeur Laffut. Mais pour cela, il fallait être sélectionné et ensuite passer les cinq épreuves successives qui demandaient toutes un trésor de concentration, d'imagination, de minutie et de connaissances techniques.

Thys et Cid, très motivés, planchaient déjà sur leur montage. Les instructions étaient complexes et une grande part était laissée à leur réflexion. Blaise se curait le nez en bâillant tandis que Théo se désespérait devant la quantité de fils, d'alternateurs, de fusibles, de lampes ou de piles à assembler. Monsieur Quimber profita de l'effervescence des cerveaux pour partir à la recherche de ses lunettes.

Cela faisait bien trente minutes que les élèves se trituraient les méninges avec plus ou moins de succès. Thys et Cid avançaient bien. Ils voyaient avec soulagement bon nombre des autres binômes encore tâtonner pour le choix des composants. Laura et Mélia avaient bien progressé aussi, mais elles semblaient maintenant avoir des difficultés à brancher l'ampèremètre sur leur circuit en dérivation.

— On va gagner, jubila Cid.

— Attends, attends ! On n'a pas encore fini. On n'est pas à l'abri d'un sac de nœuds, l'avertit Thys. Ça semble trop facile.

Mais tout s'enchainait parfaitement et c'est sans difficulté que les deux garçons achevèrent à la fois leur circuit et leur schéma. Cid se mit à héler le pauvre Monsieur Quimber qui n'avait pas retrouvé ses lunettes et qui larmoyait à son bureau en essayant de distinguer le travail de ses élèves. Le prof mit quelques instants à situer le groupe qui l'appelait. Arrivé à la table des garçons, il identifia enfin ses interlocuteurs.

— Alors Thys et Cid, vous êtes prêts pour la démonstration ?

— Oui Monsieur ! répondit Cid fièrement.

Et il actionna l'interrupteur. Ce fut le flop total. La série de lampes ne s'alluma pas. La mini sonnerie ne se déclencha pas. Le bras mécanique ne bougea pas.

— Ce n'est pas bien concluant ça ! rouspéta Monsieur Quimber en faisant mine de remonter ses lunettes sur son nez.

Mais ses doigts ne rencontrèrent aucune monture et il soupira. Il se pencha sur le circuit pour l'inspecter, son nez pointu touchait presque les composants. Soudain, il s'immobilisa, releva sa tête aux yeux plissés et éclata de rire.

— Étourdis, une erreur pareille peut vous coûter votre place de sélection ! Dépêchez-vous d'y remédier.

Ceci dit, il se dirigea vers Romain et Mustapha qui mettaient le point final à leur circuit. Il ne leur restait plus que les schémas à faire. Le binôme de Mélia était sorti de son impasse et faisait les dernières vérifications.

— Je ne comprends pas, ça marchait il y a une minute ! se lamentait Cid paniqué.

— Il a dit une erreur de débutant. Oh ! Mais regarde, il n'y a plus la pile, constata Thys interloqué. Comment est-ce possible ? Évidemment que ça ne pouvait pas marcher ! Cid, tu l'as mise où ?

— Je ne l'ai pas touchée moi ! Elle était à sa place avant que le prof ne vienne !

— C'est ça que vous cherchez, les gars ? les interrogea Blaise qui tenait entre deux doigts la précieuse batterie.

— Salaud, t'as pas le droit ! mugit Cid qui s'élança pour la lui reprendre.

Mais Blaise mit l'énorme pile plate de 4,5 volts dans sa bouche et la goba. Il força la déglutition de son étrange repas et grimaça un peu. Puis il étira son cou et releva la tête fièrement. Sous le regard consterné de Thys et Cid, il claqua de la langue et émit un rot sonore qui venait d'outre-tombe. Ensuite, il ouvrit en grand sa bouche. Il n'y avait plus rien. Seules les dents jaunies garnissaient le gosier de l'ogre ! Thys et Cid étaient sidérés.

— J'y crois pas ! Il est top grave, le mec ! Il a bouffé une pile !

— Grave oui ! Il est complètement malade ! Je vais lui casser deux ou trois dents à ce gros sac, glapit Thys.

Et il fonça sur le garçon roux qui préparait lui aussi ses poings. Mais Cid s'interposa.

— Stop, Thys ! Pense au concours, on a encore une chance si on se dépêche.

Le jeune Ether se réfréna de mauvais gré et rejoignit son circuit non sans lancer une injure au binôme de Théo.

— Qu'est-ce que l'on fait, alors ?

— On prend une autre pile. On la place sur le circuit et on la surveille pour que l'autre taré ne s'en fasse pas un dessert.

Mais la valise de matériel montrait ses entrailles vides. Chaque groupe s'était servi, peut-être plus que de nécessaire.

— Premier circuit validé, clama soudain monsieur Quimber en désignant Mustafa et Romain, il reste encore une place, dépêchez-vous !

Son regard porta sur Cid et Thys. D'un haussement de sourcil, il les incita à s'activer.

— Merde, merde, merde, éclata Thys, on va se faire avoir !

Il regarda Blaise qui lui souriait en se frottant le ventre comme après un repas un peu trop copieux. Thys ne put se contenir. La colère montait et l'autre le provoquait encore en faisant rouler entre ses doigts sa propre pile. Théo n'avait pas remarqué le manège de son coéquipier, il se débattait depuis un moment avec un méli-mélo de fils qui l'exaspérait. Cependant, il releva la tête quand il entendit un grésillement sur sa droite. Il vit alors Thys, rouge de colère, les mains violacées, prêt à étrangler Blaise, qui trop heureux de sa bêtise se gaussait dans son coin sans prêter attention à son rival. L'Ingéni du jeune Ether se devinait sous sa mèche blonde.

Mélia, assise une rangée devant, ressentit soudainement la tension qui animait son frère. Elle se retourna et lui fit signe de se calmer. Pour l'instant, les binômes étaient concentrés sur leur circuit et ne prêtaient pas attention à Thys. Monsieur Quimber, qui avait l'oreille fine à défaut d'une bonne, avait entendu le grésillement. Mais il imaginait qu'il s'agissait d'essais de circuits électriques mal aboutis.

Pourtant, les mains de Thys n'en finissaient pas de crépiter et le jeune Ether ne se contrôlait plus. Déjà, son esprit sondait l'estomac de Blaise et créait un remous inquiétant. Le mangeur de pile ne riait plus et se tenait le ventre en grimaçant. Cid, témoin de la scène, comprit qu'il devait agir.

— Stop, Thys, contrôle-toi ! Tu ne dois pas faire ça !

Et il apposa une main sur l'épaule de son ami pour le calmer. Ce contact amical n'eut pas l'effet escompté. Thys eut soudain l'impression de vrombir de l'intérieur. Une puissance énorme l'habitait et l'étouffait. Il eut la présence d'esprit de détacher son attention du pauvre Blaise nauséeux. Et il secoua ses mains devant lui pour décharger la tension exorbitante qui le martelait de toute part. Des filaments microscopiques d'énergie furent projetés ainsi dans la salle de classe et en un instant toutes les ampoules s'éclairèrent, les mécanismes s'activèrent, les sonneries tintèrent et les cheveux se dressèrent. Le prof ne savait plus où donner de la tête. Heureusement, l'incident dura à peine deux secondes. Et s'il laissa, Monsieur Quimber et la plupart des élèves, perplexe, il n'empêcha pas le binôme de Thys et Cid de reprendre leur réflexion.

— J'y suis ! Tu as dit que j'étais une batterie, une sorte de pile, quoi ! chantonna soudain Cid.

— Et alors ? demanda Thys sans vraiment prêter attention aux propos de son copain.

Il était encore sous tension et avait peur de voir un circuit s'enflammer. Il se sentait vidé.

— Je suis une pile, je te dis ! insista Cid.

— Oui, j'ai compris, mais je t'ai dit que je n'en savais pas plus ! Téodor n'a pas voulu m'expliquer ! Et puis, il y a plus urgent à faire, tu ne crois pas ? Il faut que je me calme et que l'on trouve une pile pour faire marcher notre circuit.

— Tu ne m'écoutes pas ! Je suis une pile ! Je suis une pile !

Ceci dit, Cid posa son index droit sur un fil et son index gauche sur l'autre et leur circuit s'illumina en carillonnant.

— T'es trop cool Cid ! Monsieur, Monsieur ! On a fini ! clama Thys complètement bluffé.

Monsieur Quimber n'attendait que ça. Il observa rapidement l'agencement de fils électriques. Tout fonctionnait. Il valida. Il n'aperçut pas des index de Cid qui effleuraient discrètement le haut du circuit où aurait dû se trouver la fameuse pile.

Qualifiés pour Cervelec, les garçons jubilaient. C'est tout juste si Cid ne dansa pas la Zumba.

À la sortie du cours, Thys eut droit à un sermon de sa sœur.

— T'es un imbécile ! Tu fais n'importe quoi avec les énergies et en plus t'embarques Cid là-dedans ! Et si Monsieur Quimber avait compris ce que Cid faisait, hein ! Tu y as pensé à ça ?

— Déstresse, il était complètement miro aujourd'hui !

— Alors, Cid est vraiment une pile ? demanda Théo qui avait couru pour les rejoindre.

Il était pâle et commençait seulement à réaliser toute la portée de leurs révélations.

— Oui !

— Et moi, je... je... suis quoi ?

— On ne sait vraiment pas Théo. Normalement, tu es juste un Inanimata, un humain qui n'est pas ouvert aux énergies. Mais...

— Mais ?

Mélia hésita. Elle cherchait ses mots.

— Mais apparemment, tu es capable de bloquer les attaques des Péragores ! Tu as donc des capacités exceptionnelles !

— Exceptionnel ! répéta Théo rêveusement.

Curieusement, cette explication lui convint et il ne revint pas à la charge de la matinée.

Les cours s'enchainèrent. À midi, alors que la majorité des élèves s'égayaient vers le réfectoire. Les jumeaux et Cid complotaient. Mélia était toujours décidée à se rendre au rendez-vous de Briac, mais elle voulait prendre ses précautions. Ils convinrent que Cid les accompagnerait et ils proposèrent même à Théo de les épauler. Comme celui-ci ne ressentait pas les attaques, il pourrait appeler à l'aide si Briac préparait un mauvais coup.

Ils déjouèrent la vigilance du surveillant et coururent derrière le réfectoire. Briac avait dit qu'il les attendrait vers le vieux cabanon du jardinier. Mais personne ne s'y trouvait. L'abri de jardin, auquel il manquait plusieurs planches de bois, avait pris son air sinistre des jours de pluie. Le vent se levait et les branches des tilleuls fouettaient la toiture branlante.

Les quatre adolescents se mirent à douter. Leur courage vacillait et ils étaient prêts à déguerpir à la moindre alerte. Mambo, le vieux matou errant de l'école, choisit cet instant pour sortir du cabanon en poussant un long miaulement âpre. Cid et Théo réagirent au quart de tour et piquèrent un cent mètres en direction du bâtiment principal. Mélia laissa échapper un cri d'angoisse et Thys serra les poings.

— Fausse alerte, les trouillons ! Ce n'était qu'un chat, dit-il.

Il faisait le fier, pourtant il ne maîtrisait pas les battements de son cœur. Une main se posa sur son épaule et il cessa de respirer alors que ses cheveux voulaient se décoller de son crâne !

— Repos Thys, plaisanta Briac. Je ne suis pas plus dangereux qu'un chat. Je vois que vous avez amené du renfort.


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