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Chapitre 20: Au complet


— Il y a quelqu'un dans notre chambre ! s'écria Thys.

— Chut ! Cachons-nous ! C'est pas normal, s'inquiéta Damien. Ils sont au moins deux.

— C'est peut-être Téodor qui a ramené un moniteur de plongée, suggéra Blandine en se blottissant contre son ami.

— Ben voyons ! Qu'est-ce qu'ils feraient tous les deux dans NOTRE chambre ! répondit le jeune Aguerris.

— Surtout que Téodor est dans sa chambre ! Regardez !

Mélia désignait la dernière fenêtre du premier étage. On distinguait bien la petite silhouette trapue du Maître Arcan assise au bord du lit. Soudain, une autre ombre se découpa dans la lumière. Une femme visiblement, plus grande, plus élancée que Téodor. Elle s'approchait du Maître Arcan alors que celui-ci ne semblait pas avoir perçu sa présence.

— Oh ! Il faut le prévenir ! Ça doit être des Indésiratas. Ils nous ont trouvés ! Attention, Maître Lux ! s'égosilla Mélia.

Mais elle était trop loin et les fenêtres devaient être bien isolées, Téodor n'eut aucune réaction. Il se tenait face au petit bureau, sans doute un livre dans la main. Derrière lui, l'ombre se rapprochait dangereusement.

Instinctivement, les Prudens comprirent que leur seule option était d'atteindre l'esprit de Téodor. Ils formèrent un cercle et connectèrent leur Ingéni en psalmodiant une litanie de mots appris par cœur lors de leurs cours en Ethérie. Mélia esquissa quelques gestes souples et amples, repris par l'ensemble de ses compagnons. Très vite, ils parvinrent à capter les ondes sonores qui les entouraient et à les compresser. D'un mouvement bien synchronisé, ils envoyèrent ce flux vibratoire dans un tube d'air qui vint se fracasser contre la fenêtre de Téodor.

Le résultat fut spectaculaire. Une détonation d'une puissance inouïe fit trembler tout le bâtiment. Les vitres résistèrent, mais le Maître Arcan s'était redressé d'un coup. Au lieu de se tourner vers l'ombre et de parer une attaque, il alla ouvrir la fenêtre.

— Mais c'est quoi ce cirque, vociféra-t-il à l'adresse des Prudens qui étaient maintenant à portée de voix. Vous n'en loupez pas une ! Qu'est-ce qui vous prend ?

— Derrière vous ! hurla Mélia essoufflée, tandis que Blandine poussait de petits cris en agitant les bras.

— Ah ! Vous l'avez vue ! C'était une surprise !

— Une surprise ! Non, vous n'avez pas compris, derrière vous, il y a un... Un Indésirata ! lui hurla encore Mélia.

Là, les Prudens virent les babines du grand Arcan se retrousser et pour la première fois ils assistèrent à un fou rire de Téodor. C'était assez impressionnant. Le petit homme tressautait en émettant des sons rauques similaires à des hoquets, tandis que ses mèches blanches dansaient en s'enlaçant au sommet de son crâne.

— Ils t'ont pris pour un Indésirata, hoqueta-t-il en s'adressant à l'ombre qui l'avait rejoint à la fenêtre.

Ils entendirent glousser et Rinata apparut à son tour. Elle les héla et leur envoya une poignée de baisers.

— Alors mes guimauves mielleuses, c'est vous qui faites trembler les murs, vous progressez vite avec ce vieil ours japonais !

— Mamina ! crièrent en chœur les jumeaux avant de rester sans voix devant l'apparition de leur grand-mère.

En quelques foulées la petite troupe gagna la chambre de Téodor. Rinata les embrassa tous les cinq et garda plus longuement ses petits-enfants contre elle.

— Mais qu'est-ce que tu fais là, finit par articuler Thys en se dégageant légèrement de l'étreinte de la Maître Arcan.

— Ah ! Et bien merci pour l'accueil ! Tu croyais que j'avais pris des cours de plongée pour vous piloter à distance ? Moi aussi je voulais faire partie de l'aventure. J'ai juste eu un petit contretemps, dit-elle l'air mystérieux.

— Mamina qu'est-ce que tu nous mijotes, demanda Mélia. Tu as trouvé un cylindre ?

— Oh ! Non ! Mais je suis venue avec deux beaux cadeaux pour vous ! Ils vous attendent dans la chambre des garçons.

Ni une ni deux, les jumeaux se précipitèrent dans la pièce d'à côté avec une certaine pointe d'appréhension. Ils venaient de se rappeler les deux silhouettes entrevues quelques minutes plus tôt.

Thys ouvrit la porte d'un coup et découvrit ses deux potes Théo et Cid installés sur un lit en train de jouer aux cartes.

— Comment ! Mais vous êtes là aussi ? Je n'en reviens pas !

— Salut mec ! Ta grand-mère est épatante, elle nous a payé le voyage. Elle dit qu'on peut être utile ici ! C'est trop méga cool ! Je ne comprends rien au japonais, mais j'ai déjà mangé un plat de sushis à se taper le cul par terre ! annonça Cid.

— Mais vos parents...

— On fait officiellement partie du projet « École et étude de sites en alternances », nous aussi maintenant ! Monsieur Tangon a convaincu nos parents en un tour de main. Ils sont super fiers. Par contre, j'en connais qui vont être verts de jalousie au collège ! prédit Théo avec une forte inflexion de satisfaction dans la voix.

— Je n'y crois pas ! Vous êtes là ! Et tout le monde croit que vous participez au projet de Mamina ! Hallucinant ! s'exclama Thys qui semblait seulement réaliser ce qu'impliquait la présence de ses amis.

— C'est grâce à Daniel qu'ils sont là, leur expliqua Rinata qui venait de les rejoindre dans la chambre.

— À Daniel ? répétèrent les jumeaux interloqués.

Rinata s'en amusa et prit son temps avant de répondre.

— C'est une façon de parler. Térence a collecté les éclats de diamants qui provenaient de l'Ingéni placé sur le casque de Daniel et il en a tiré une belle somme. Une très belle somme même. Nous allons pouvoir voyager beaucoup plus facilement et en plus grands groupes.

— Et comme nous sommes au complet maintenant, nous commencerons nos recherches dès demain, intervint Téodor.

— Rien de neuf au fait Mélia ? Tu n'as eu aucune vision qui pourrait nous guider ? demanda Rinata en sondant les réactions de sa petite fille.

— Ben, en fait, si ! répondit la jeune fille gênée, sans oser regarder ses camarades.

— Oh ! C'est formidable ! Raconte-nous ça, ma petite canette laquée ! Qu'est-ce que tu as vu ?

— Attends une minute Rinata ! intervint Téodor suspicieux. Ne trouves-tu pas que ta petite canette a l'air coupable. Et ceux-ci qui rongent leur frein, fit-il en désignant le reste des Prudens. Allez, dites-moi ce qu'elle a encore fait !

— Elle a failli nous tuer, s'exclama Mélanie qui visiblement n'avait pas décoléré.

— Mais j'ai vu les Ostendes Originels de cette Zone, s'empressa de raconter Mélia. Ils se préparaient à cacher le cylindre.

— Vraiment, viens avec moi et donne-moi tous les détails, se réjouit la grande Ether. Pendant ce temps, Téodor écouta les doléances de Mélanie et de Thys. Sa moustache frémit plus d'une fois alors que son Ingéni vibrait en continu.

La soirée fut plutôt agréable. L'arrivée de Théo et Cid permit de désamorcer les tensions du groupe. Les nouveaux arrivants firent connaissance avec le reste des Prudens et le courant passa plutôt bien. Théo présenta une belle démonstration de jonglage. Il venait de participer à un stage dans un cirque. Cid en profita pour faire le clown. Ce qui fit rire aux larmes Mélanie.

Dès le jour suivant, ils partirent tous en quête du fameux socle. Ils retournèrent toutes les pierres autour de la grotte et dans la grotte, mais ne décelèrent aucune trace du cylindre.

— Ne sens-tu rien par-là ? ne cessait de questionner Téodor en regardant Mélia.

— Non, non, je n'ai aucune sensation.

— Branche-toi sur le Ki, tu vas augmenter ton potentiel.

— Le quoi ?

— Le Ki, la pile quoi ! Ton copain Cid, si tu préfères, s'emporta le maître Arcan.

Cid rougit instantanément et déglutit mal à l'aise en contemplant tour à tour Mélia et Téodor.

— Qu'est-ce que je dois faire ? demanda la jeune fille.

— Tu le touches, bon sang, ce n'est pas compliqué, s'agaça le maître. Tu l'as déjà utilisé, il me semble...

— Utilisé ?

Le terme ne plaisait pas du tout à Cid, qui avait vraiment l'impression d'être réduit à un simple objet ! Mélia s'approcha et plaça ses deux mains sur le torse du garçon. Aussitôt son Ingéni vrombit et s'éclaira sous son tee-shirt.

La sensation était agréable, libératrice. La jeune fille respira à pleins poumons et ferma les yeux pour guider son esprit jusqu'au monde Originel. Mais elle n'eut pas la surprise de faire un bond spatio-temporel. Par contre, elle entendit une voix très distinctement, comme un appel au loin.

— Vous entendez, demanda-t-elle à la petite troupe qui l'accompagnait. Vous entendez cette voix de femme ? Elle nous appelle. Mais je ne comprends pas ce qu'elle dit.

— Je n'entends rien, répondit Mélanie en interrogeant du regard tous les autres.

— On n'entend pas Mélia, mais ne te déconcentre pas, c'est peut-être un message, la conseilla Rinata.

Mélia prit la main de Cid et s'engagea sur le petit sentier qui passait derrière la grotte. Tous la suivirent à distance. Elle marcha une bonne demi-heure en s'arrêtant parfois pour demander au reste de la bande s'ils entendaient la voix.

— C'est une vieille femme, je crois. On dirait qu'elle chante parfois. On s'approche. Je sens qu'on s'approche.

Ils arrivaient à proximité d'habitations. Un petit hameau de trois ou quatre maisons entourées de champs où s'égayaient de petits chevaux. Mélia dépassa les bâtiments et continua quelques mètres avant de marquer un arrêt. Tous retinrent leur souffle.

— Je l'entends vraiment bien maintenant. On y est presque, dit-elle.

Elle bifurqua sur la droite, et derrière une rangée de gros cèdres, découvrit une chaumière aux murs de bambous, de paille et de terre, dont toute une partie était ouverte sur la nature. Sur une natte brune, une vieille femme chantait, assise en tailleur. Elle fit signe aux visiteurs d'avancer.

Mélia fut la première à s'approcher. Elle avait lâché la main de Cid qui en avait profité pour se mettre en retrait.

— Avance, n'aie pas peur, dit une voix cachée, alors que la vieille femme continuait à chanter en fixant la jeune Ether.

— Vous parlez ma langue ? demanda la jeune fille stupéfaite.

— Non, elle ne parle pas, mais elle comprend, répondit un jeune garçon qui sortit de l'ombre. Elle est chamane, c'est une Yuta. Elle attend vous.

— Elle nous attendait ? Comment savait-elle que nous venions ? demanda Téodor qui désirait reprendre son rôle de dirigeant.

— C'est une chamane, je vous l'ai dit, soupira le garçon. Elle communique avec esprits de la nature. Elle a message pour vous.

— Oui, oui. On écoute, s'empressa de répondre le Maître Arcan.

— Ce soir, quand lune sortira des bambous au cri d'un oiseau nocturne, elle livrera message.

— Hein ?

Téodor grimaça et regarda tour à tour chacun de ses compagnons, mais aucun ne semblait avoir compris le sens des paroles du petit japonais.

— C'est une chamane, je vous l'ai dit. Vous avoir le temps de préparer votre esprit. Asseyez-vous près du feu, dans notre dôma.

Leur jeune hôte s'inclina devant eux, avant de se préoccuper de la marmite qui glougloutait gentiment sur le foyer.

— Tu parles très bien notre langue. Qui te l'a appris ? demanda Thys en s'approchant de lui..

— Je connais dix langues. Les esprits des morts m'ont enseigné. Je m'appelle Kazuhisa, je être le disciple de Ghiza Guen et aussi son arrière-petit-fils, dit-il fièrement.

— Son arrière-petit-fils, elle est très âgée alors ? voulut savoir Thys.

— Ghiza est la doyenne de l'île. Elle a 119 ans.

Tous les visages se tournèrent vers la vieille femme qui chantait toujours. Elle se tenait bien droite et ses yeux souriaient à ses convives. Une multitude de rides élégamment dispersées sur son visage et son chignon gris témoignaient de son âge avancé. Mais sa voix puissante, sa posture, la vivacité de son regard la rajeunissaient.

Kazuhisa proposa au groupe de visiteurs une boisson sucrée qui infusait dans une marmite en terre, puis il leur raconta des légendes qui auraient créé le Japon.

Bercés par la voix du jeune garçon, emportés par le rythme scandé par la chamane et sous les effets de la boisson, ils s'assoupirent tous sur les nattes en bambou qui tapissaient le sol. attendait cet instant, il sourit à Ghiza et hocha la tête en connivence. Puis, il saisit une coupelle de bois dans laquelle, il versa un liquide ambré. Il apporta cérémonieusement ce récipient vers la chamane qui était maintenant en transe. La vieille femme retira une longue aiguille de son chignon et piqua chacun des doigts de sa main gauche. Cinq perles de sang se formèrent qu'elle laissa tomber dans le récipient.

reprit la coupelle et mélangea son contenu avec un rameau de cèdre, puis il en aspergea le front de chacun de ses convives toujours endormis.

Mélia fut la première à se réveiller grâce aux effleurements de Chinchou qui se baladait sur son cou. Elle se dépêcha de le glisser dans sa poche. Il faisait nuit, mais la lune pleine diffusait sa lumière blanche. Tout était silencieux. Ghiza la vieille chamane était toujours assise sur sa natte et ondulait paisiblement sur un rythme intérieur.

La jeune Ether s'étira et secoua doucement son frère, puis ses autres compagnons.

— Allez les loirs, debout ! Je ne sais pas ce qu'ils nous ont fait boire, mais je n'ai jamais aussi bien dormi.

— Je rêvais que j'ouvrais un sarcophage qui contenait plein de pâtisseries, grogna Cid à l'adresse de Mélia. Et je n'ai pas eu le temps d'en goûter une seule. Tu n'aurais pas pu attendre deux minutes avant de me secouer comme un prunier ?

— Ben ceux-là, j'ai beau les remuer dans tous les sens, ils n'ouvrent pas un œil, s'indigna la jeune fille en désignant le reste de la bande.

Seule Mélanie s'était assise, mais gardait encore les yeux fermés.

Une chouette hulula une longue plainte glaçante et une légère caresse de plume frôla leur tête lors de son envol.

— Ce soir, quand la lune sortira des bambous au cri d'un oiseau nocturne, elle vous livrera le message, récita Mélia. Ce sont les paroles de Kazuhisa. D'ailleurs où est-il celui-là ?

— Je ne sais pas, mais tu as raison. Impossible de réveiller les autres. On dirait qu'ils ont été drogués ! s'inquiéta Cid.

— On a tous été drogués. Peut-être que l'on est moins sensibles qu'eux ou alors elle ne voulait que nous trois ! annonça Mélia en désignant la chamane.

Ils s'approchèrent de la vieille femme. Mélanie se frottait encore les yeux et bâillait plus que de raison. Ghiza ne parut pas percevoir leur présence. Ils restèrent, quelques longues minutes, à la contempler. Puis Mélia finit par se racler la gorge :

— Excusez-moi, madame. nous a dit que vous aviez un message à nous communiquer. Heu ! Il fait nuit, il y a la lune là et puis la chouette nous a fichu la frousse. Je crois que c'est le bon moment !

— Elle ne t'entend pas, fit remarquer Cid. Regarde, elle est en transe.

Ghiza tremblait et quelques perles de sueur recouvraient son visage. Ses yeux étaient grand ouverts et fixaient l'horizon. Soudain son bras se leva vigoureusement et désigna un point derrière eux.

— Elle veut qu'on parte, devina Mélanie peu rassurée par le comportement de la chamane.

— Non, regardez, elle nous invite à rejoindre cette lueur là-bas, remarqua Cid.

Derrière la végétation, une zone diffuse irradiait une couronne de lumière d'or.

— On y va ! proposa Mélia. Surtout on se suit bien.

— Et les autres alors ? s'inquiéta Cid en désignant les cinq corps encore avachis au sol.

— Ils dorment, laisse-les ! souffla la jeune Ether en haussant les épaules.

Et ils s'enfoncèrent dans la nuit, suivant le sillon de lumière tracé par la lune, souvent masquée par les grands arbres touffus. Mélia était surexcitée par l'aventure. Et c'était bien la seule. Mélanie, encore sous le choc de l'incident de la veille, avait du mal à faire confiance à son amie Clairvoyante et Cid était, quant à lui, très inquiet de la réaction qu'aurait le Maître Arcan à son réveil.

Ils sortirent de la forêt et arrivèrent sur une plateforme surplombant l'océan. C'est là que l'auréole dorée prenait naissance. Ils avancèrent prudemment au bord de la falaise et s'arrêtèrent à quelques centimètres de la source lumineuse suspecte.

— Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? demanda Cid, le souffle court.

— On fait confiance, répondit Mélia en tendant la main pour toucher l'orbe doré.

— Attends, crièrent en chœur ses deux compagnons.

Trop tard. Mélia toujours aussi impulsive avait plongé le bras dans la lumière et un ruban ambré serpenta autour de son corps, jusqu'à la couvrir entièrement d'or. Puis ce fut le tour de Cid sous les yeux horrifiés de Mélanie. Enfin, la petite Donnador se fit elle aussi momifier par les bandelettes de lumière. Leur regard fut d'or. Le chant de la Chamane emplit leur esprit et sa voix leur parvint, claire, compréhensible, comme si le japonais était leur langue natale.

« Enfants des Cités d'Originelles, élus par les esprits d'Izanagi et Izanami, partagez avec moi cet instant entre les temps pour découvrir le secret de nos ancêtres. Ouvrez vos yeux d'or et contemplez. »

Alors sous leur pied l'océan se déchira. Une profonde brèche repoussa des tonnes d'eau pour libérer une structure colossale de pierre : d'immenses terrasses en enfilade, des marches d'escalier taillées pour un géant, des parois hautes et angulaires qui s'élevaient et se défiaient.

« La Cité engloutie de Yonaguni ! » murmura Mélia pour elle-même.

Mais sa voix fit échos dans le crâne de ses compagnons tétanisés. Et petit à petit la cité prit vie ou plutôt l'image d'une vie qui avait existé des milliers d'années auparavant leur parvint. Ils perçurent la multitude d'étoffes soyeuses qui balançaient doucement leur couleur au gré du vent, ils entendirent les cris et les chants d'enfants, ainsi qu'une musique de fond à la fois rauque et entêtante qui sortait de tubes à moitié remplis d'eau. Ils virent l'effervescence harmonieuse de plus d'un millier de personnes qui vivaient en osmose avec le rythme imposé par la nature. Et puis la lumière d'or les guida vers un minuscule point qui se faufilait dans une enfilade de ruelles bordées de parois droites et vertigineuses.

C'était un tout jeune homme, le front ceint d'une gemme d'ambre. Il portait précautionneusement contre lui un lange.

« Un bébé ! » pensa Cid.

« Non, un cylindre ! C'est , le grand et si jeune Maître Arcan Originel de la zone 11. Il va cacher le cylindre, leur confia Mélia tout excitée. Il ne faut pas le perdre de vue. »

Le perdre de vue aurait été difficile, Gensaku était comme sous le projecteur d'une lumière dorée pour que nos trois amis suivent ses péripéties. Lui ne pouvait pas se douter que des milliers d'années plus tard, ses actes seraient dévoilés par l'art d'une chamane pour sauver encore une fois l'humanité.

Il œuvrait discrètement en ce moment pour préserver l'espèce humaine et garder une trace de tout ce qui faisait sa richesse. Il s'enfonça dans un corridor au plafond bas qui s'ouvrait au pied d'une structure pyramidale à plateaux. Au bout d'une centaine de mètres, il déboucha dans une vaste pièce, au centre de laquelle siégeait une curieuse table de pierre en forme d'étoile. Il s'en approcha. Avec précaution, il retira les étoffes qui protégeaient l'objet précieux qu'il transportait.

C'était bien le cylindre que Mélia et Mélanie avaient vu lors du saut spatio-temporel. Il était d'un noir si pur que ses parois lisses reflétaient nettement le visage anxieux de Gensaku. Le jeune homme éleva l'objet au-dessus de sa tête et récita des vers dans une langue inconnue de nos jeunes témoins du temps, puis il serra le cylindre contre sa poitrine et s'agenouilla, semblant prier. Quand il se redressa, ses mains étaient vides.

« Mince ! Je n'ai pas vu où il l'a mis ! Où est ce fichu cylindre ? » hurla Mélia.

« Disparu » souffla Cid.

« Il doit y avoir un trou », proposa Mélanie.

« Ou un socle, c'est ça un socle ! Il a parlé d'un socle », essaya de se rassurer Mélia.

Et comme à la fin d'une séance de cinéma, le projecteur d'or s'éteignit laissant Mélia et ses compagnons dans le noir. Leurs yeux mirent quelques minutes à accepter la lueur blafarde de la lune. Légèrement hagards, ils se regardèrent. Cid haletait et il dut s'asseoir sur un rocher, car ses jambes se dérobaient.

— C'était quoi ce truc ? demanda-t-il d'une voix caverneuse qui lui fit peur.

— Une vision du passé offerte par Ghiza la chamane, répondit Mélia, les yeux pétillants. Maintenant, on sait où se trouve le cylindre de la zone 11.

— On croit savoir, la corrigea Mélanie. Moi, je n'ai pas bien vu où il l'a mis.

— Ça ressemblait à un autel en forme d'étoile.

Cid se racla la gorge, s'essuya le front avec son avant-bras et osa la question qui le turlupinait :

— Mais, elle est où cette ville du passé maintenant ?

— Au fond de l'océan, Cid, juste là !

Mélia désignait la masse sombre qui se mouvait bruyamment à leur pied. La lune éclairait une large piste qui rebondissait sur les vagues et se couvrait d'écume.

— Sous l'eau ? Tu veux dire que le cylindre de tes ancêtres est au fond de l'océan ?

Mélia se contenta de hocher la tête et les incita à rebrousser chemin. Cid suivait comme un automate, il cogitait. Il avait encore une tonne de questions. Tout était nouveau pour lui, même si les jumeaux l'avaient informé de leurs péripéties et qu'il avait vécu une aventure déroutante contre les Indésiratas à la demeure Ano.

— Ça c'est sûr, ils ne vont jamais nous croire les autres, finit-il par lâcher. Comment on va leur expliquer qu'on a aperçu ce qui se passait sous l'océan, il y a des milliers d'années ?

— Quand les Ethers originels vivaient ici, il n'y avait pas l'océan, fit remarquer Mélia.

— Quand Mélia raconte ce qu'elle voit, ils la croient toujours ! répondit la jeune Donnador.

Pour la jeune Ether, cette réflexion de Mélanie sonnait comme une critique. Elle observa discrètement la petite fille et constata que celle-ci semblait tendue.

« Elle m'en veut encore de l'avoir associée à mon bond spatio-temporel », songea Mélia en soupirant.

Ils approchaient des habitations. Une chouette hulula près d'eux et quitta sa branche pour s'élancer vers d'autres sommets. Les trois amis levèrent la tête pour contempler son vol silencieux et leur regard fut aussitôt attiré par une clarté puissante qui clignotait au bout du chemin. Puis un cri de détresse perça la nuit.

— Par les Ethers Originels, c'est Blandine ! s'affola Mélia alors que son Ingéni se mit à crépiter.

— Il y a le feu ! La maison de la Chamane brûle ! s'exclama Cid horrifié en pointant du doigt une zone devant eux.

Une fumée noire dépassait la cime des arbres, et on entendait le bois craquer. Ils étaient encore trop loin pour voir l'étendue du désastre, mais ils imaginaient le drame si leurs compagnons étaient restés assoupis. Ils se mirent à courir au risque de se prendre les pieds dans les racines rampantes que la nuit cachait. À la sortie de la forêt, ils furent saisis par la chaleur des flammes qui dévoraient tout.

La première chose que vit Mélia et qui l'anéantit fut une longue silhouette anguleuse qu'elle connaissait trop bien. Elle hurla, une main se plaqua sur sa bouche et un bras la ceintura.


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