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Chapitre 10 Aspiration glacée


Malgré les suppliques de Thys et les yeux larmoyants de Mélia, Jean Tangon alerta la famille Ano. Les parents de Cid et Théo furent épargnés. La querelle Ostendes-Inanimatas ne les concernait pas.

Dès la sortie des cours, Téodor vint chercher ses Prudens. Il bouillait littéralement et ses moustaches s'entortillaient sur elles-mêmes, alors qu'un tic nerveux lui retroussait une partie de la lèvre supérieure. Il hurla tout le long du trajet et la plupart de ses invectives étaient totalement incompréhensibles à cause des couinements et des râles de la vieille voiture.

À l'appartement, l'accueil ne fut pas plus chaleureux. Un conseil se tenait dans le salon présidé par Charles Ano. Rinata était présente aussi. C'était la première fois que Mélia et Thys la voyaient depuis sa sortie d'hôpital. Elle était très pâle et amaigrie, mais ses yeux trahissaient sa détermination. Les jumeaux réfrénèrent leur envie de se jeter dans ses bras et se tinrent, immobiles au centre du cercle d'adultes.

Ce fut Charles qui annonça la sentence sur un signe de tête du Maître Arcan.

— Les enfants, commença le doyen de la famille, nous sommes tous affreusement déçus par votre comportement. Après tout ce que vous avez vécu, tout ce que notre famille a enduré, vous prenez des risques inconsidérés. Vous êtes un danger pour nous tous.

— Mais, essaya de protester Mélia qui trouvait les mots durs et injustifiés.

— Aucun « mais » n'est valable dans cette situation ! Vous n'avez aucune excuse pour votre comportement.

— On n'a rien fait de mal ! On ne risquait rien. On était quatre, il était seul. Il n'est pas dangereux ! plaida encore la jeune fille.

— Pas dangereux ! C'est un Péragore ! Son père a voulu vous tuer et il est en train de nous étouffer à petit feu ! se révolta Anthony.

— Mais papa, il nous a dit que...

— Ça suffit !

Téodor Lux étira son mètre cinquante et parut soudain surplomber toute l'assemblée.

— Vous n'en faites qu'à votre tête. Vous pensez avoir toujours raison. Vous êtes des ados sans cervelle Plus aucune confiance ne vous sera accordée, et pour éviter de nouveaux dérapages, vous rejoindrez l'Ethérie dès demain.

— Mais l'année scolaire n'est pas finie, il nous reste encore dix jours de classe et c'est le meilleur, geignit Thys qui voulait absolument se rapprocher de Célia avant les vacances d'été.

Téodor crispa ses doigts sur une balle imaginaire et ses yeux devinrent deux billes noires luisantes. Son Ingéni siffla. Aussitôt, Thys eut l'impression que ses lèvres se scellèrent et il ne put plus prononcer un seul mot de la soirée.

Quelques heures plus tard, Nadine connut le même sort lorsqu'elle entama un nouvel air lyrique dans la cuisine. En deux temps, trois mouvements, elle fut réduite au silence par un tour de main du Maître Arcan. Celui-ci en profita même pour museler Electric qui lançait à la cantonade de trop joyeux jappements. Le chien et Tantine fixèrent Téodor avec de grands yeux criants de reproches, mais il les ignora totalement pour étudier le grand manuel qu'il emportait partout.

Le retour en Ethérie eut lieu dès le réveil des enfants, le lendemain. À peine lavés, ils furent conduits au nœud tellurique le plus proche. Mélia emporta Chinchou avec elle. Elle l'avait glissé dans la grande poche ventrale de son gilet et l'animal supporta sans mal le transfert dans le monde subtil. Comme à sa première incursion en Ethérie, le chinchilla était devenu lumineux. Cette fois, il s'échappa sans crainte de son refuge douillet pour partir gambader dans la brume. Ses moustaches d'argent frétillaient d'excitation et il faisait des bonds dignes d'un astronaute sur la lune. Anastasia qui vint à leur rencontre fut surprise par le phénomène :

— Curieux ! On ne voit pas d'animaux ici, d'habitude ! Celui-là semble avoir passé tous ses cycles de transformation, plaisanta-t-elle.

La grande femme à la peau d'ébène accueillit gentiment les jumeaux, même si elle savait qu'ils étaient arrivés ici en pénitence. Elle les conduisit au Jécorum. Le lieu n'était guère animé. Un groupe méditait sous les Pins Eternels.

Les jumeaux aperçurent Jonas, l'oncle de Mélanie qui leur adressa un signe vague de la main avant de disparaître dans la partie souterraine. Anastasia leur désigna les roches qui bordaient la rivière et les invita à s'asseoir.

— Bien, vous allez attendre Térence ici pour les recommandations. Je dois rejoindre Joanne Fosse. Il paraît qu'elle a réussi à guider un Inanimata qui s'éveillait aux sensations. Il devrait tenter son entrée en Ethérie dans quelques minutes et je veux être présente pour l'accueillir. Pas de bêtises, hein ! leur recommanda-t-elle avec un clin d'œil malicieux.

Elle les quitta en entrainant à sa suite une mousseline de brume en guise de traine.

— Les recommandations ? T'as entendu ça ? s'insurgeait Thys. Tu crois que l'on va être sous surveillance ?

— Ça en a l'air ! Quelle galère ! Et pour Briac, qu'est-ce que l'on fait ?

— Ah ! Lui, il nous a bien mis dans la bouse !

— Thys ! Il m'a sauvée plusieurs fois. Maintenant c'est lui qui a besoin d'aide !

— Je sais, mais je ne vois pas ce que l'on va pouvoir faire d'ici !

— Tu crois qu'il a été renvoyé du collège ?

— Je ne pense pas. Jean Tangon ne prendra pas le risque de se mettre à dos Jason Le Tallec.

— C'est vrai. Pauvre Briac. J'espère qu'il découvrira la pointe de rubis dans les affaires de son père.

— Ouais, ça serait une bonne chose. Comme ça, Jason Le Tallec ne pourra plus essayer d'entrer en Ethérie. Par contre, je ne pense pas qu'il suffise de placer le rubis sur le corps de Fanny pour lui redonner la vie.

— Non, ça, c'est évident ! Et je crois qu'il faudra en parler à Téodor. Il pourra peut-être trouver une solution.

— Laisse tomber ! Ce vieux grincheux ne voudra même pas t'écouter !

Des volutes de brumes mauves précédèrent l'apparition de Térence Plomb. Il arriva légèrement essoufflé et embrassa affectueusement les jumeaux avant de prendre des nouvelles du plan terrestre qu'il ne rejoignait plus très souvent ces temps-ci. La Faille qui affectait l'Ethérie devenait de plus en plus menaçante et l'agenceur restait pour la surveiller.

— Il paraît que vous avez des recommandations pour nous, lui demanda Thys.

Térence se renfrogna un peu et caressa sa barbiche toujours aussi bien taillée.

— C'est exact ! Vous êtes ici sous ma surveillance. Je dois être au courant de tous vos faits et gestes. Téodor tient à ce que vous m'indiquiez chaque déplacement.

— C'est le bagne quoi ! râla Thys en shootant dans une boule de brume qui s'éternisait à ses pieds.

— Il ne faut pas le prendre mal. Téodor est votre protecteur et Maître d'apprentissage. Il se sent responsable de vos actes.

— Il se prend pour Dieu, oui.

— Il faudra aussi que vous vous entrainiez avec le groupe de méditation. Trois fois par jours, ajouta Térence d'une voix presque timide.

— C'est ça, il est trop grave ce mec, geignit le garçon.

Mélia poussa un soupir de résignation et frotta ses mains qui la brûlaient depuis son retour en Ethérie.

— Pour l'heure, vous pouvez rejoindre vos quartiers ! proposa Térence sur le ton solennel d'un commandant d'armée alors qu'il n'arrivait pas à dissimuler un petit sourire en coin.

— Bien chef ! Oui chef ! ironisèrent les nouvelles recrues.

Malgré tout, les deux ados retrouvèrent chacun avec plaisir leur alcôve. Mélia s'étendit sur son lit et souffla sur ses mains pour apaiser la chaleur qui les enflammait. C'était un des symptômes de son retour en Ethérie. La dernière fois, ce phénomène avait duré deux jours avant de s'atténuer. Chinchou semblait apprécier le feu qui habitait les paumes de sa maîtresse puisqu'il vint s'y lover et s'installa pour un somme. La présence du petit animal apaisa quelque peu Mélia qui s'endormit à son tour.

De son côté, Thys, après avoir averti Térence, s'était dirigé vers le réfectoire. Il espérait bien dénicher quelques restes de repas pour calmer les grondements de son estomac qui manifestaient cette faim terrible qui le tenaillait à chaque arrivée en Ethérie. Mais, attablé au bar en pierre, Téodor Lux se régalait déjà de pousses de bambou croquantes nappées d'une sauce au miel. Le Maître fit signe à son élève de quitter les lieux. Il ne voulait pas partager son repas avec un traître, fit-il comprendre à Thys entre deux mastications.

Le jeune Ether s'en trouva profondément blessé et partit à travers le Jécorum à la recherche de quelque chose de comestible à se mettre sous la dent. Tant pis si Térence n'était pas au courant, c'était la faute de ce crétin de Téodor, après tout. Il trouva finalement un cerisier sauvage à quelques pas de l'atelier de Paulo. Il fit bombance des petits fruits amers jusqu'à ce que son ventre gargouille son trop-plein puis se dirigea vers l'atelier du sculpteur. Les lieux étaient déserts. Paolo ne travaillait pas, mais un beau bout de bois, du cèdre sans doute, attendait l'artisan.

Le garçon se rapprocha. Il avait vu Paulo à maintes reprises s'approprier le bois et créer des chefs-d'œuvre. Il avait envie d'essayer, la tentation était grande et il se convainquit qu'il ne ferait rien de mal. Comme l'aurait fait le sculpteur, Thys braqua son regard sur le morceau de bois brut. Très vite, il eut l'impression d'habiter la matière. Ses mains se mirent à palper l'écorce. Il fit rouler sous ses doigts les veines résineuses puis ses paumes s'immobilisèrent en libérant de minuscules étincelles bleutées accompagnées de grésillements. Le jeune homme recula vivement de plusieurs pas et secoua ses mains comme s'il avait été piqué. L'espace d'un instant, il avait vu défiler dans son esprit, l'essence même de l'arbre mort. Le jeune Ether, tout choqué, regardait encore le bloc de cèdre de travers quand Paulo revint dans son atelier.

— Tu l'as visité en son cœur, n'est-ce pas ? demanda le vieil homme.

Thys hocha la tête. Même s'il ne comprenait pas bien les propos du sculpteur, il savait que son esprit avait pénétré au cœur de la matière.

— L'effet est violent la première fois. Je voulais être là pour te guider dans ton premier contact, se désola le vieux Paulo en secouant ses épaules décharnées. Je savais que tu y arriverais, je l'ai compris la première fois que tu es venu me voir.

— Vous saviez que j'arriverais à faire quoi ? demanda Thys encore tout secoué.

— Chaque Ether a une matière privilégiée. Pour toi, c'est le bois. D'ailleurs ton talisman est une écorce, non ?

— Si ! Mais je ne comprends pas.

— Tu es comme moi, ton corps réagit tout particulièrement à la sensualité d'un éclat de bois. Tu ressens vibrer en toi le passé, le présent et le futur de cette matière. Tu peux te lier au bois mort ou vivant et t'en faire un allié.

— Un allié ?

Thys repensa à la branche du marronnier qui s'était mise en mouvement pour assommer madame Tangwitch. C'était l'année dernière en cours de sport. Il était furieux contre sa prof parce qu'elle faisait courir les élèves alors qu'il faisait un froid de canard. Il avait eu envie de l'assommer quand elle s'était servi un thé brûlant tout droit sorti d'un thermos. À peine avait-il pensé ça, que le grand marronnier lui en collait une. S'était-il allié volontairement aux pensées de Thys ?

— Mais comment ça marche ?

— Je peux t'apprendre, si tu veux ? demanda Paulo plein d'espoir.

Le jeune Ether commença donc son apprentissage chez le sculpteur avec la permission de Térence Plomb qui vit d'un bon œil cette initiation. Thys avait rendez-vous aux aurores à l'atelier du vieil homme et découvrait avec lui toute la palette de ressentis que pouvait cacher un arbre mort ou vivant. Ces séances étaient intenses et au bout de trois heures d'entrainement, le garçon regagnait son alcôve, harassé, et s'endormait facilement jusqu'à onze heures. Heure à laquelle, il avait intérêt de se lever pour rejoindre le groupe de méditation sous les Pins Eternels. Mélia, quant à elle, passait une partie de ses journées à rêvasser au bord de la Vreste en cueillant des pousses de roseau pour Clotaire. Elle avait croisé plusieurs fois Maître Lux, mais il ne lui adressait pas la parole et détournait même la tête quand il la voyait. La jeune fille avait tout de même bon espoir d'être pardonnée de son inconscience, car ces derniers jours les babines du Maître étaient moins retroussées et la moustache retrouvait petit à petit son aspect lisse et soyeux.

En attendant, elle accompagnait parfois Térence Plomb dans son inspection de l'Ethérie. La jeune fille était très perspicace et aidait l'agenceur à déceler les anomalies qui se multipliaient un peu partout. C'était parfois une tache sombre qui s'étendait dans une zone boisée ou un vide surprenant dans la voûte céleste. Mélia avait remarqué que la nappe de brume qui couvrait le sol s'effritait par endroits et délimitait une sorte de frontière derrière laquelle les phénomènes alarmants se multipliaient. Térence Plomb envoyait alors les régulateurs, Marcel et Sylvain Targent, inspecter les zones sinistrées et rééquilibrer les lieux. Leur diagnostic, à leur retour, était sans équivoque : la Faille s'étendait et toute l'Ethérie en était affectée comme une prolifération de verrues sur une peau saine. Un matin, Térence proposa à la Prudens de Téodor de l'accompagner aux abords de la vallée du Triorne.

Les lieux étaient sécurisés depuis la mésaventure des frères Targent et l'accès interdit. Térence Plomb prétendit qu'il voulait juste vérifier si la zone dévastée s'était étendue, mais secrètement, il espérait que Mélia, une fois sur les lieux, en tant que Clairvoyante, aurait une révélation qui permettrait d'enrayer la puissance d'aspiration de la Faille. Ils cheminèrent plus de deux heures sans apercevoir le moindre signe de dégénérescence des lieux. Bien au contraire, la voûte céleste livrait ses nébuleuses les plus spectaculaires au milieu d'une nuée d'étoiles. La brume bleutée s'enroulait charmeuse autour des arbres aux troncs scintillants de particules argentées. Mélia se sentait légère et avait même l'impression de flotter un peu comme Térence dont les jambes s'évaporaient dans le sol.

— Stop, intima soudain l'agenceur de l'Ethérie. Qu'est-ce qu'il se passe ici ?

— Qu'avez-vous vu ? demanda Mélia d'une voix blanche.

— Là, regarde !

Il lui désignait un bosquet à cent mètres devant eux. Les feuilles des arbustes étaient figées dans une fine couche de glace. Des perles de sève gelées piquetaient les troncs.

— Oh ! Mais qu'est-ce que c'est ? s'exclama Mélia.

— Je n'en sais rien, mais je veux en avoir le cœur net ! Reste là ! lui intima Térence.

Et l'agenceur de l'Ethérie avança à pas de loup en direction du groupe d'arbres emprisonnés dans la glace tandis que Mélia se rongeait les ongles. Térence Plomb n'était maintenant qu'à quelques mètres du bosquet, il ralentit encore et inspecta les alentours. Il était sur ses gardes.

La jeune Ether sentit soudain un courant d'air glacé s'enrouler autour de son cou comme une écharpe de neige. Elle frissonna et contracta ses muscles pour ramener la chaleur à son corps. L'atmosphère était devenue glaciale et le souffle de Mélia se figeait à quelques centimètres de son visage. La voûte céleste n'était plus visible et des amas noirâtres s'amoncelaient de toute part. Elle voulut crier à Térence de revenir, mais le son de sa voix ne se propageait pas. Il restait enfermé dans une gangue de glace. Alors que la panique la gagnait, elle se sentit aspirée hors de son corps.

— Non, non ! Pas maintenant ! cria-t-elle alors que ses pupilles se dilataient.

Pourtant, elle n'avait pas le choix. Elle partait pour un nouveau voyage spatio-temporel et laissait son enveloppe charnelle aux morsures du froid. Elle s'éloigna de son corps lentement, contrairement à d'habitude. Elle survola le bosquet que Térence avait enfin atteint, inconscient de ce que vivait sa protégée. Elle se lia aux branches pour ne pas dériver pendant que l'agenceur inspectait cette sculpture végétale glacée. Elle le sentit circonspect, inquiet. Puis, une nouvelle impulsion l'entraina. Elle ne contrôlait rien et vit défiler sous elle de grands espaces d'Ethérie vides, sans végétation.

Soudain, elle traversa un champ d'arcs électriques. C'était beau et effrayant à la fois. Des milliers de stries de feu lézardaient le ciel. C'est là qu'elle se rappela le récit des frères Targent. Ils avaient été frappés par des flux électriques en voulant s'approcher de la Faille !

« Non, je me dirige vers la Faille, non ! »

Elle aurait voulu freiner ! Revenir sur ses pas. Mais elle n'avait aucune prise sur ce corps immatériel. Elle prit de la vitesse et se retrouva entrainée au milieu d'une multitude de racines, feuilles, branches, petites roches aspirées, comme elle, vers le cœur de la vallée où se trouvait la bouche dévoreuse.

« Non, je ne veux pas y aller ! Il faut que ça s'arrête ! Il faut que quelqu'un m'aide ! Térence, Thys, au secours ! »

Mais rien ne la retenait. Elle fonçait à une allure démentielle et elle n'arrivait plus à discerner le paysage sombre autour d'elle. Puis sa course s'arrêta brusquement. Elle aurait vomi si elle avait eu un corps, elle se sentait toute retournée. Et ce qu'elle vit devant elle n'arrangea rien.

De profonds cratères avaient troué le sol. À perte de vue, la Terre semblait avoir été labourée par une tombée de météorites en furie. Mélia flottait au-dessus de cette désolation et se dirigeait maintenant vers une sorte de barrière de pierres. D'énormes blocs rocheux pointaient leurs arêtes tailladées. On aurait dit un rempart construit par une civilisation de géants. Pourtant, sans difficulté, son corps immatériel s'éleva au-dessus de cette structure et là, elle découvrit, avec horreur, le vide terrifiant qui rongeait l'Ethérie.

La Faille était le néant où tout s'engouffrait. Ce noir tumultueux semblait déchirer la terre et le ciel et s'étirait comme un film plastique à perte de vue. Une tension indescriptible l'habitait et le centre aspirait toute vie, toute énergie, toute particule d'existence...

Mélia rétropédalait en pensée pour fuir ce monstre intangible. Mais, encore une fois, elle ne contrôlait rien. Elle restait à une dizaine de mètres de la gueule béante.

« Par les âmes des Ethers ! Que va-t-il m'arriver ? Je ne ressens rien ici, mais mon corps se glace là-bas et la Faille doit en aspirer toute l'énergie ! Je vais mourir ! Il faut que Térence fasse quelque chose ! »

Et elle sanglota, comme on peut sangloter quand on n'a pas de corps. Elle fit vibrer en elle d'infimes bulles de gaz. Puis, une nouvelle force attractive la secoua. Elle crut d'abord que la Faille l'englobait, mais elle comprit rapidement que son voyage spatio-temporel n'était pas fini. Avec soulagement, elle accepta la vertigineuse aspiration qui la fit tournoyer dans les spirales du temps. Pourtant l'arrêt ne lui apporta pas le réconfort prévu. Elle flottait toujours à quelques mètres de la Faille dévoreuse. Mais cette fois, elle n'était pas seule. Un groupe d'Ostendes s'était déployé à une centaine de mètres de cette ouverture mortelle et œuvrait en chœur pour la réduire.

— Au secours, je suis là ! Venez m'aider ! Mon corps va perdre sa vie, il est à l'entrée de la vallée avec Térence Plomb ! Aidez-moi !

Mais personne ne s'intéressa à elle. Ils étaient tous extrêmement concentrés sur leur tâche. Leurs doigts dansaient gracieusement et quelques pétillements bleutés emplissaient l'atmosphère pour lutter contre la noirceur environnante.

— Oh ! Hé ! Je suis là ! Je suis Mélia, la Clairvoyante de la Zone 8 !

La jeune Ether se demandait où elle avait atterri. Elle était consciente d'avoir voyagé. La Faille s'ouvrait toujours à quelques pas, mais les lieux étaient différents et elle ne connaissait aucun des Ostendes présents. Pourquoi ne lui répondaient-ils pas ? Elle avait l'impression qu'ils ne l'entendaient même pas ? Pourtant, ils auraient dû au moins ressentir sa présence !


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