1ST SEQUENCE : PLAYTIME
Le soleil s'était déjà couché depuis plusieurs heures, laissant la dame blanche du ciel de minuit étendre son voile argenté à travers les rideaux entrouverts d'une chambre encore éveillée. Au-dehors, les échos lointains de rires d'enfants déguisés résonnaient parfois, mêlés au crissement des feuilles mortes sous les pas des retardataires. La lumière diaphane jouait sur le désordre qui habitait la pièce, caressant des piles de vêtements abandonnés sur le sol et des croûtes de pizza oubliées dans des boîtes à moitié refermées. Cette chambre, à la fois chaotique et étrangement chaleureuse, respirait l'effervescence particulière d'un soir d'Halloween, où tout semblait un peu plus vivant, un peu plus étrange.
Au fond, ces soirées du 31 octobre étaient probablement ses préférées. Les seules où le monde entier partageait sa deuxième passion dans la joie et la bonne humeur. Et il n'allait pas s'en plaindre.
Cette chambre vivait Halloween à sa manière, avec ses néons rouges et roses diffusant une lumière tamisée qui transformait l'espace en un décor digne d'un clip de synthwave. Plusieurs guitares reposaient contre le mur, tandis que des LED multicolores pulsaient au rythme des cœurs affolés. Au centre de cette scène trônait un bureau encombré de câbles, de micros, et de deux écrans géants, dont les lumières bleutées donnaient une allure presque irréelle aux deux silhouettes rivées dessus. L'odeur persistante de pepperoni tiède, mêlée à celle d'un désodorisant bon marché vaporisé à la va-vite, flottait dans l'air stagnant, alourdi par la peur que les deux joueurs transpiraient à grosses gouttes.
Le premier condamné au supplice se tenait penché en avant sur son siège, assis en tailleur, cramponné à sa manette. Ses cheveux blonds légèrement ébouriffés retombaient en mèches folles sur ses épaules, encadrant son visage tendu. Vêtu d'un short décontracté et d'une chemise à carreaux mal boutonnée, il était à l'image de la pièce : un chaos charmant. Ses doigts s'agitaient frénétiquement sur les boutons, déclenchant des mouvements rapides de son personnage.
À l'écran, une ancienne fabrique de jouets se déployait dans une ambiance lugubre et claustrophobe. Les couleurs vives des dessins qui ornaient les murs contrastaient violemment avec l'ambiance sonore du jeu, composée uniquement de bruits de pas et de cliquetis métalliques. Chaque salle était un piège. Des jouets animés à l'allure grotesque rôdaient dans l'ombre, mais aucun n'était plus terrifiant que lui. Une peluche bleue géante, aux proportions absurdes, trônait au centre de la salle principale, son sourire disproportionné et ses yeux globuleux suffisant à glacer le sang.
AtomAdam : Allez, on croit en toi Lix !
PennyLoop : C'est quoi le jeu ? 🙃
RachTheRogue : OMG vous êtes tellement pas prêts 👀
Un frisson parcourut l'échine de Félix tandis qu'il fixait les moindres recoins du décor, à l'affût du danger. La tension épaississait l'air autour d'eux, chaque mouvement de son pouce sur le joystick devenant une danse nerveuse.
"Putain, mais comment je sors de là ? murmura-t-il entre ses dents serrées.
— Apparemment y'a une clé dans...
— Ji, laisse-moi faire. Et les gars, pas de backseat. Merci."
Assis à ses côtés dans un siège de gamer qui semblait l'engloutir, le propriétaire des lieux n'était pas en reste. Caché sous la capuche d'un hoodie beaucoup trop grand pour lui, il avait les genoux remontés contre sa poitrine, ses mains recroquevillées autour de son téléphone. Son jean skinny contrastait avec la mollesse de son sweat, et sa casquette plaquée sur ses mèches brunes donnait à son allure quelque chose de désinvolte. Jisung tenait son téléphone d'une main serrée, répondant aux commentaires à une vitesse qui trahissait son habitude de jongler entre les deux mondes. Il envoyait des réponses rapides, ses yeux balayant furtivement vers la partie pour suivre son évolution.
"Pourquoi on joue à ce truc, déjà ?" murmura Félix, concentré.
Jisung s'enfonça un peu plus dans son siège, ses jambes agitées par une nervosité qu'il ne pouvait masquer.
"Parce que c'est génial. Et flippant. Mais surtout génial. Et les viewers adorent nous voir souffrir."
CharliChomp : Ah oui clairement 🙏
NovAnna49 : True 😂
Félix laissa échapper un rire nerveux, mais son regard ne quittait pas l'écran.
"Rappelle-moi pourquoi j'ai accepté de devenir ton side kick ?"
Jisung leva un sourcil, un sourire en coin.
"Parce que tu m'aimes trop pour refuser. Moi... et les caméras."
Le blond roula des yeux, mais un sourire amusé joua sur ses lèvres.
"Touché."
Soudain, une ombre massive se découpa dans le halo tremblotant d'un couloir mal éclairé. La peluche géante surgit sans prévenir, son apparence cauchemardesque amplifiée par les néons vacillants. Sa tête démesurée, coiffée d'un sourire figé et grotesque, se pencha pour passer à travers l'ouverture, comme un prédateur prêt à se glisser dans une tanière trop étroite. Les dents acérées, luisantes comme des lames fraîchement aiguisées, brillaient dans l'obscurité. Son regard – ou du moins, ce qui ressemblait à des yeux – semblait transpercer l'écran, comme s'il sondait directement l'âme du joueur. Le jeune homme bondit instinctivement de son siège, un sursaut incontrôlé malgré le fait qu'il savait parfaitement ce qui l'attendait.
"Oh, mon dieu, il est là ! hurla Jisung, pointant l'écran d'un doigt tremblant.
— Tais-toi ! J'ai des yeux !"
PixEli : Putain, Ji, tu peux pas la fermer deux secondes ? Je vais te donner une bonne raison de crier, moi, tu vas voir.
🗡️ Lilipoutou : PixEli, encore une seule insulte et c'est le ban direct. Compris ?
ErikXplorer : Mon pire cauchemar ce truc...
Jayson63 : 😱😱😱
MariusMaximus : COUUUUURS !
D'un geste fébrile, le pro gamer reprit le contrôle, dirigeant son personnage vers les conduits d'aération à proximité. Pas le temps de réfléchir. Il s'y engouffra à toute vitesse, mais le monstre était déjà sur ses talons. Les bruits lourds et métalliques de ses pas, avides de chair et de sang, résonnaient dans le labyrinthe exigu. Chaque coup contre le sol semblait faire vibrer les parois, transformant l'espace étroit en caisse de résonance horrifique. L'écho amplifiait la tension, se mêlant aux halètements précipités du joueur et aux violons stridents. Son sens de l'orientation ? Inexistant. Les couloirs se succédaient, tous identiques, avec pour seule lumière les lampes de secours rougeoyantes qui se mettaient parfois à clignoter de façon erratique. Dans le chat, les messages défilaient à une vitesse vertigineuse. Les hurlements écrits, l'avalanche de majuscules, rendaient la scène encore plus oppressante.
Un bruit sourd, proche. Trop proche. Les pas s'étaient accélérés. Ils n'étaient plus derrière lui, ils étaient pratiquement sur lui. Félix pouvait presque sentir l'haleine de cette créature – ou peut-être était-ce son imagination alimentée par une peur viscérale.
Une bifurcation. Gauche ou droite ? Il hésita une fraction de seconde de trop. Les murs du conduit semblaient se refermer sur lui, suintant presque d'une humidité étouffante. Il prit à gauche, trébuchant presque en essayant de maintenir sa vitesse. Devant lui, un toboggan métallique apparaissait, menant vers l'inconnu. Une issue ? Une trappe mortelle ? Il n'avait pas le temps d'y penser. Il se jeta dedans sans réfléchir, le corps comprimé dans l'étroit conduit. La glissade fut brutale et désorientante, mais elle n'avait pas ralenti le monstre, qui continuait de le poursuivre, toujours plus proche, toujours plus rapide.
Une impasse. Le conduit se resserrait, se terminant par une paroi fermée. C'était la fin. Il savait qu'il n'avait aucune chance, mais son instinct de survie l'obligeait à avancer, à se battre jusqu'à la dernière seconde.
Comme sortie tout droit des ténèbres, la peluche surgit. Ses bras démesurés s'écrasèrent contre les parois, émettant un grincement métallique insupportable. Ses griffes artificielles s'abattirent sur le personnage à l'écran et ses dents pointues se rapprochèrent de sa tête. Le cri incontrôlables des deux adolescents déchira le silence de la pièce. La manette échappa des mains tremblantes de Félix pour heurter le sol, tandis que Jisung tira sur les cordons de la capuche de son hoodie pour se protéger.
BrandOnFire : RIP Félix, gone but not forgotten...
"Allez, à ton tour monsieur l'influenceur ! J'ai assez donné de ma personne pour ton live," dit Félix en traînant lourdement le siège de son ami devant l'écran.
MariusMaximus : Fais-nous honneur 🫡
AtomAdam : GO QUOKKA !!!
Malgré l'assaut de commentaires encourageants, Jisung était toujours recroquevillé en position fœtale, réduit à une petite boule informe sur son propre stream. Il n'en était pourtant pas à son coup d'essai. Ce n'était pas un amateur de l'horreur de pacotille, ni un profiteur des tendances du moment qui voyaient Halloween comme une opportunité commerciale. Non, Jisung vivait pour ce genre d'expériences, pour ces frissons incontrôlables qui le faisaient se mordre l'intérieur des joues jusqu'à ressentir le goût métallique du sang. Il aimait l'horreur, vraiment. Il aimait ces sensations qui le mettaient au bord de la rupture, qui faisaient bondir son cœur dans sa poitrine et transformer ses nuits en labyrinthes de cauchemars.
Peu importe le média. Peu importe le genre. C'était précisément ça qu'il recherchait : des émotions exacerbées, qu'elles soient positives ou négatives. Il se délectait de cette tension insoutenable, cet instant suspendu entre le réel et l'imaginaire, entre l'effroi et le plaisir masochiste de se laisser emporter. Alors, il ne pouvait pas abandonner maintenant. Il ne pouvait pas se montrer aussi faible alors qu'il avait lui-même signé pour souffrir.
À contrecœur, Jisung poussa un soupir théâtral et laissa sa chaise rouler jusqu'à son destin, capitulant face à Félix après un échange muet – un duel de regards où il savait, au fond, qu'il avait perdu d'avance. Le visage tendu, Jisung prit la manette, redémarra la partie depuis le checkpoint maudit et laissa ses doigts flotter un instant au-dessus des boutons, comme un plongeur hésitant devant une eau glaciale. La pièce semblait se refermer sur lui, le silence seulement rompu par les violons angoissants de la bande-son, amplifiant chaque respiration et chaque grincement du fauteuil.
De l'autre côté du bureau, Félix était tout sourire, observant son ami avec la délectation d'un prédateur devant sa proie piégée. Lui, avait déjà traversé cette vallée de terreur quelques minutes plus tôt, mais rien ne valait le spectacle d'un Jisung tendu comme une corde d'arc, ses yeux fixés sur l'écran avec une intensité presque comique. Bien sûr, Félix ne pouvait s'empêcher d'en rajouter. Il se pencha lentement au-dessus de l'épaule de Jisung, son souffle chaud frôlant presque les muscles tendus de sa nuque, alors qu'il attrapa un bonbon dans le paquet à côté du clavier. Ce dernier sursauta violemment, lâchant un juron qui ne fit qu'élargir le sourire de l'autre.
Mais avant qu'il ne puisse râler davantage sur ces taquineries vicieuses, un bourdonnement discret émana de la poche de Félix. Il le sortit sans vraiment réfléchir et ses yeux s'illuminèrent lorsqu'il vit le nom flottant sur la notification.
Reçu à 00:32
Oublie pas qu'on a cours demain... Je prendrai pas de notes pour toi cette fois, je te préviens.
Envoyé à 00:32
T'inquiète, ça va bien se passer ! C'est qu'un projet.
Reçu à 00:33
Lix, on parle d'une production complète là ! Pas d'un PowerPoint bidon préparé à la dernière minute avec ChatGPT.
Envoyé à 00:33
Déstresse ! Te connaissant, tu vas trouver des idées brillantes dès l'annonce des sujets.
Reçu à 00:34
On sait jamais... Je préfère me préparer à toute éventualité.
Envoyé à 00:34
Hyunnie, me dis pas que t'es encore en train de bosser ? Fais une pause, sérieux.
La réponse tardait à venir. Les pieds de Félix martelaient le sol, un rythme presque hypnotique tandis que ses yeux restaient fixés sur l'écran de son téléphone, guettant la moindre vibration. Devant lui, les cris perçants de Jisung, réagissant au moindre bruit ou détour inattendu dans son jeu, n'étaient plus qu'un écho lointain, noyé dans ses pensées. Félix connaissait cette quête insatiable de perfection qui consumait Hyunjin, ce besoin viscéral de reconnaissance qui semblait peser sur ses épaules. Mais ce soir-là, il ne pouvait malheureusement pas être celui qui apaiserait cette tempête intérieure. Pas directement en tout cas.
Envoyé à 00:37
Allez, viens sur le stream, ça va te détendre un peu. C'est soirée jeux d'horreur en plus, ça devrait te plaire !
Félix pinça les lèvres en relisant son propre message. Hyunjin, détendu ? Devant un live de Jisung ? Cette simple idée le faisait presque rire. Il secoua la tête. Aucun espoir.
À l'autre bout du campus, Hyunjin parcourait le message d'un air distrait. Assis à son bureau, il se penchait sur une toile encore fraîche, où des teintes sombres s'entrelaçaient dans une danse hypnotique. Une forêt noyée de brume, inquiétante et fascinante à la fois. C'était une scène ambiguë, entre rêve et cauchemar, le genre de décor qui pourrait aussi bien abriter un massacre sanglant qu'une quête énième magique. Parfaite pour alimenter son imagination en vue de l'assignation du lendemain.
Autour de lui, son atelier improvisé ressemblait à une sorte de reliquaire dédié à l'art et au cinéma en tout genre. Les murs, encombrés de photographies et de croquis griffonnés, formaient un patchwork hétéroclite. Un visage spectral ici, un paysage dystopique là-bas. Une vieille caméra argentique trônait sur une étagère, entourée de livres expliquant l'art du cadrage, les mécaniques de la peur, ou encore les arcs de transformation des personnages.
Hyunjin, imprégné de sa transe créative, traçait les derniers détails d'un arbre aux branches noueuses. Chaque coup de pinceau traduisait une maîtrise rigoureuse, presque obsessionnelle. Pour lui, l'art n'était pas un divertissement, tout comme l'horreur n'était pas qu'un genre : c'était un miroir de l'âme humaine, un terrain où la catharsis et la beauté se rejoignent dans l'obscurité. Il appréciait les silences qui étouffent, les détails qui glacent, les récits qui hantent bien après que le générique ait défilé. Pas question de céder à la facilité.
Soudain, son téléphone vibra de nouveau, brisant le calme qu'il avait réussi à instaurer. Hyunjin posa son pinceau avec un soupir las, ses doigts tâchés de noir. Il hésita, son regard oscillant entre la toile et l'écran lumineux de son téléphone. Céder ou ignorer ? Après une seconde d'hésitation, durant laquelle il imagina la moue et les yeux implorants que le blond devait tirer en attendant sa réponse, il cliqua sur le lien.
Quelques secondes plus tard, l'artiste se retrouva face à Félix, souriant à pleines dents devant la caméra. Ce dernier agita joyeusement la main pour célébrer son arrivée, mais ce n'était pas Félix qui retenait l'attention de Hyunjin.
C'était Jisung.
Installé devant son écran, casquette vissé sur sa tête, Jisung s'agitait frénétiquement sur sa chaise. Son visage était une mosaïque d'émotions vives : frustration, peur, défi. Hyunjin plissa les yeux en silence, une expression de dédain amusé flottant sur ses traits. Depuis leur premier échange en cours, Jisung avait cette rare capacité de l'agacer à un degré quasi artistique. Trop bruyant. Trop désinvolte. Toujours prêt à détruire ses idées d'un trait de sarcasme ou à éclater de rire devant des blagues que Hyunjin jugeait indignes de leur âge. Et son goût pour le cinéma ? Une hérésie.
Jisung raffolait des blockbusters criards et des comédies grotesques, de ces histoires qui misaient tout sur l'explosion ou la punchline, sacrifiant toute profondeur au profit d'un spectacle tapageur. En comparaison, Hyunjin était un puriste. Il vénérait l'élégance gothique et la lente montée en tension, ces œuvres où chaque silence et chaque ombre racontaient une histoire. The Witch, avec son atmosphère oppressante et ses dialogues presque chuchotés. Crimson Peak, un chef-d'œuvre visuel baigné dans le macabre. Même les jeux interactifs comme les Dark Pictures Anthology offraient une exploration subtile de la peur, loin des jumpscares trop évidents de Poppy Playtime.
Et pourtant, en cet instant, il se surprit à trouver la scène devant lui... divertissante. Pas le jeu grotesque qui éclaboussait l'écran de couleurs vives et de monstres absurdes, non. Mais bien Jisung lui-même.
Un cri déchirant surgit lorsque la créature rose aux membres élastiques bondit à l'écran. Jisung, pris de panique, recula si brusquement que sa casquette tomba, dévoilant ses mèches folles un peu trop longues pour paraître soignées. Il plaqua ses mains sur ses joues rondes, comme pour empêcher son visage de se désintégrer sous la peur. Felix, qui observait la scène un peu en retrait, se cacha derrière le siège de son ami. De son côté, Hyunjin esquissa un rictus, retenant difficilement son amusement. Il posa son pinceau tâché de peinture et s'appuya contre la table, une main sous le menton. Était-ce la scène ridicule à l'écran ou Jisung, dans toute sa théâtralité spontanée, qui captait son attention ? Difficile à dire.
Mais une chose était certaine : le voir ainsi, pris entre terreur et exagération comique, avait quelque chose d'étrangement captivant. Presque jouissif. Peut-être était-ce un brin pervers de sa part, mais Hyunjin savourait sa pseudo détresse émotionnelle. Et tandis que Jisung marmonnait des insultes au monstre rose qui continuait de se déhancher sur l'écran, Hyunjin se rendit à l'évidence : il n'allait sûrement pas se coucher de sitôt.
Hello mes fiers cinéphiles en herbe ! Alors, on en pense quoi jusqu'ici ? 🤗
Pauvre Minho s'est fait voler son âme sœur incontestée, celle qui met d'accord tous les Wattpadiens... Espérons que la vengeance de l'esprit Minsung shipper sera douce 👀
Mais alors, comment nos deux tourtereaux vont-ils bien pouvoir se rapprocher, eux qui se sont détestés au premier regard ? Rendez-vous lundi pour la séquence 2 🤭
Gros bisous ❤️
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