Je pensais que je pouvais le faire. Je pensais vraiment, vraiment que je pouvais.

Mais je ne peux pas.

Regarder Ellie marcher dans l'allée, l'entendre elle et Ran se promettre de passer le reste de leur vie ensemble tout en ignorant les regards que Ran me lancait...

Rindou me regardait aussi, même s'il avait amené une autre fille au mariage.

C'est trop.

Je venais de quitter sournoisement le mariage de Ran pour me réfugier sur le toit de l'immeuble où se déroulait la somptueuse cérémonie. Ma respiration était saccadée comme si j'étais sur le point d'avoir une crise de panique. Les bouffées d'air froid de la nuit qui passaient devant moi étaient quelque peu apaisantes. Mais je m'agrippais toujours nerveusement à ma robe de demoiselle d'honneur en satin alors que des larmes coulaient sur mes joues, gâchant le maquillage que j'avais mis si longtemps à appliquer.

Lorsque la porte du toit s'est ouverte, je me suis retournée pour cacher ma douleur à celui qui marchait vers moi.

Une main chaude se posa sur mon épaule. 'T/P? Est-ce que ça va?'

Mikey.

Il était la seule personne qui ne m'a pas fait sentir que j'avais besoin de jouer un rôle. Je me retournai lentement, lui révélant mes yeux pleins de larmes.

'Viens ici.' Il m'attira contre lui et me caressa les cheveux pendant que je sanglotais dans sa poitrine. Les baisers réguliers qu'il plaçait au sommet de ma tête et son eau de Cologne familière réussissaient à me calmer. J'ai manqué de larmes quelques minutes plus tard.

'Tu devrais partir.' dit-il, brisant le silence.

Je m'éloignai pour pouvoir le regarder. "Tu veux que je quitte le mariage ?"

Il prit mes joues en coupe et essuya doucement les restes de mascara avec ses pouces. « Non, je voulais dire que tu devrais quitter Tokyo. »

Mes sourcils légèrement froncés. 'Où est-ce que j'irais ?'

'Où tu veux. N'as-tu jamais pensé à aller vivre à l'étranger ?'

"Bien sûr que j'y ai pensé mais... je n'ai pas l'argent."

"Je paierai tout."

Je le regardai avec de grands yeux, surpris par son offre. "Pourquoi ferais-tu cela pour moi ?"

'Parce que je-' Il s'arrêta comme s'il était sur le point de me révéler un secret et secoua la tête. 'Peu importe pourquoi. Tout ce que tu as à faire est de me dire dans quel pays tu souhaiterais vivre et je m'occupe du reste. Tu peux déjà partir la semaine prochaine si tu veux.'

Mon souffle exhala sur un demi rire. "Es-tu si impatient de te débarrasser de moi, Mikey ?"

Un sourire se dessina sur ses lèvres. Mais ce sourire semblait triste, nostalgique. "C'est tout le contraire, en fait. Mais je veux que tu sois heureuse plus que tout. Et cela n'arrivera jamais tant que tu seras ici."

Je savais qu'il avait raison. La ville dans laquelle j'ai grandi était désormais associée à trop de souvenirs blessants. Mon père, Ran, Rindou,... Chacun d'eux m'avait blessé, peut-être même plus qu'ils ne m'avaient rendu heureuse.

Ironiquement, la seule personne dont je ne voulais pas me séparer était la seule personne qui m'avait dit de partir.

Mikey...

Il y avait une tendresse dans la façon dont il me regardait qui me coupait le souffle.

Au cours des derniers mois, nous étions passés de parfaits inconnus qui s'étaient rencontrés par hasard sur un toit un soir, à des amis et des confidents l'un pour l'autre, se souciant plus du bien-être de l'autre que du nôtre.

Il ne voulait pas que je parte. Je pouvais le voir dans ses yeux. Je pouvais le sentir dans la façon dont ses bras se resserraient autour de moi. Pourtant, il me proposait toujours de m'aider à sortir de cette vie devenue si lourde.

'J'aimerais pouvoir faire la même chose pour toi. J'aimerais pouvoir t'aider aussi.' J'ai exprimé mes pensées à haute voix.

Prenant une de mes mains, il porta ma paume à sa joue. Et à ce moment-là, sous le ciel étoilé, j'ai finalement remarqué à quel point il avait l'air mieux que lorsque je l'ai rencontré pour la première fois. Ses cernes étaient maintenant presque inexistantes. Ses yeux autrefois sombres pétillaient. Et, au lieu des bras fins dans lesquels il me tenait habituellement, deux bras forts me tiraient près de son corps.

Il ressemblait à un homme complètement différent. Le genre d'homme que les gens verraient dans la rue et chuchoteraient. Non pas parce qu'il ressemblait à un junkie mal nourri, mais parce qu'il aurait pu être un mannequin ou une célébrité.

J'enroulai mes bras autour de son cou et posai ma tête sur son épaule. Il blottit son visage dans le creux de mon cou et aspira avant de laisser échapper un bref soupir qui chatouilla ma peau.

"Je ne veux pas te quitter, Mikey."

"Je viendrais te rendre visite de temps en temps. Tout ira bien."

Et je l'ai cru quand il l'a dit parce que Mikey ne m'avait jamais menti.

Nous nous reverrons.

Je vais bien.

Tout ira bien.