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Prologue

Lorsqu'Eldrid ouvrit les yeux, la première chose qu'elle vit fut une lumière aveuglante. Si vive qu'elle la terrifia. Puis une trombe d'eau glacée s'abattit sur elle, la faisant à la fois suffoquer et pousser un soupir de soulagement.

Elle était en vie.

Le soleil la brûlait, et le monde avait un goût de sel.

Elle plissa les yeux, regardant autour d'elle. Le bleu du ciel, le gris irisé du sable humide que foulait l'écume blanchâtre. Et à quelques mètres d'elle, un corps.

Godwin.

Son regard accrocha la cuirasse qui dessinait la forme d'un buste contre lequel elle s'était réfugiée quelques heures auparavant.

Eldrid fut saisie d'une peur intense, qui lacéra son âme au point qu'elle se mit à trembler.

— Godwin !

Sa gorge l'élança, mais elle n'en avait cure. Elle se précipita vers lui, frissonnante dans les embruns froids, tandis que le pire rôdait dans son esprit. Par saccades, elle revit le navire, les vagues, l'étendue vertigineuse de la mer, les profondeurs abyssales qui s'ouvraient en dessous d'eux, Godwin qui la maintenait contre lui.

Elle s'arrêta soudain, agenouillée dans le sable et l'écume, sa main prête à saisir son épaule pour le retourner vers elle. Le doute lui vrilla le ventre. Respirait-il seulement encore ? Elle ne pouvait savoir sur quoi était fermé son regard.

Elle ne voulait pas voir son visage. Elle ne voulait plus rien voir. Le murmure qu'elle s'apprêtait à proférer se transforma en hurlement.

— Réveille-toi ! Godwin, je t'en supplie !

Il ne se passa rien.

Rien. Le mot fusa dans son esprit, emplissant l'univers d'un silence lourd et poisseux.

Godwin demeurait là, inerte. Et Eldrid sentit le peu de volonté qui lui restait être balayé par l'écume qui s'abattait sur eux, tandis que l'avenir se parait de toutes les nuances de la terreur.

Il n'avait pas le droit.

Il n'avait pas le droit de l'abandonner, de la laisser seule. Pas ici. Pas maintenant. Plus maintenant.

— Godwin, je...

Eldrid s'interrompit. Ce fut un simple frémissement, ténu, presque imperceptible, et pourtant bien réel.

— Godwin ?

Godwin ouvrit les yeux, avant d'être secoué d'une série de spasmes. Eldrid s'agrippa à lui de ses mains tremblantes, pendant qu'il expulsait l'eau contenue dans ses poumons. Il se laissa retomber sur le sable, épuisé, étreignant la jeune femme dans ses bras.

~*~

Des flammes bleuâtres montaient dans l'air en crépitant, pourtant leur vision ne parvint pas à dissoudre l'étrange sentiment qui rampait dans le ventre d'Eldrid. Elle plongea ses doigts dans le sable, crispant ses poings pour tenter de défaire le nœud qui nouait sa gorge.

Ils étaient restés longtemps sur le rivage, transis de froid, tâchant de reprendre leurs souffles, serrés l'un contre l'autre sans oser parler. Eldrid s'était apaisée au fil des heures. La tension qui habitait Godwin, elle, n'avait pas disparu.

Peu avant le crépuscule, il s'était éloigné pour rassembler des branchages et allumé un feu en silence. Toujours sans proférer un seul mot, il s'était assis, et n'avais plus effectué le moindre mouvement.

Depuis qu'elle l'avait rejoint devant les flammes, la jeune femme tâchait de se concentrer sur le roulement des vagues qui s'échouait plus bas sur la plage, mais ses pensées revenaient sans cesse au soldat saxon assis devant elle.

— Qu'as-tu ? finit-elle par demander.

La voix de Godwin peina à percer la nuit, semblable à un murmure éraillé.

— C'est pourtant évident.

— Non, ça ne l'est pas le moins du monde.

Il prit une profonde inspiration, chercha ses yeux par-dessus les flammes.

— Je suis en colère.

— Je suis la seule qui devrait être en colère.

— Vraiment ?

— Tu m'as abandonnée.

Les mots étaient tombés en un murmure de ses lèvres, brûlants comme du métal en fusion dans la nuit noire et froide.

— Non, Eldrid. Je t'offrais ce que tu as toujours souhaité. Tu allais rejoindre les tiens.

La modulation de sa voix était teintée d'un calme dangereux. Eldrid haussa un sourcil.

— Mais je suis ici, répliqua-t-elle. C'est ce que tu as toujours voulu toi. Ou du moins, c'est ce que je croyais.

— J'ai cru mourir en te voyant partir. C'était comme si je m'arrachais le cœur !

— Alors pourquoi...

— As-tu la moindre idée de ce que j'ai pu ressentir ?

Il s'avança vers elle, s'agenouillant à côté d'elle. Son regard voilé par la pénombre était rivé au sien avec une telle intensité qu'Eldrid en eut le souffle coupé. Sa voix s'écoula dans la nuit, tremblante et rauque.

— J'ai cru mourir une deuxième fois lorsque je t'ai vu sauter de ce navire. Je t'ai aimé, plus fort que je ne t'avais aimé. Puis je t'ai détesté de toute mon âme de me donner un tel espoir. Je me suis jeté à l'eau, et je n'avais pas la moindre idée ce que je faisais, d'où tu étais. Chaque seconde qui passait était une torture, une éternité où tu avais le temps de sombrer pour toujours. Mais j'ai fini par t'apercevoir. Tu flottais au milieu de la tempête. Et l'instant d'après, tu avais disparu. J'ai cru mourir encore. Si j'étais arrivé ne serait-ce qu'une seconde plus tard, Eldrid, je t'aurais perdu à tout jamais.

Eldrid se leva, incapable de soutenir une seconde de plus le magnétisme brûlant qui irradiait de Godwin. Elle fixa son regard vers la mer huileuse et sombre, la gorge nouée.

— Alors oui, poursuivit le Saxon, je suis en colère. Je suis en colère contre moi, contre le monde entier. Et surtout contre toi. Bon sang, pour une fois, Eldrid, tu n'avais pas la moindre raison d'agir de façon inconsidérée et tu...

— Pas la moindre raison ? souffla-t-elle d'une voix acerbe. Tu venais de m'envoyer au Danemark sans me demander mon avis !

— J'assurais ta sécurité et j'exauçai ton vœu le plus cher, répliqua Godwin dans son dos.

Elle prit une profonde inspiration, le regard rivé aux ténèbres.

— Je n'avais aucune chance de survivre là-bas et tu le savais très bien. Erling Bjarnason a tenté de me tuer ! Il ne...

— Tu l'admets enfin ! fit Godwin d'un ton féroce.

— Là n'est pas le propos ! Je n'ai pas choisi de revenir en Angleterre. Je n'ai pas choisi d'être enfermée, emmenée à la potence, poursuivie pour trahison ! Tu m'as entraînée de force dans tout cela. Tu as toi-même dit que c'était de ta faute, que tu ne m'avais offert que du malheur ! Et en m'abandonnant sur ce navire, tu m'en as offert encore.

Eldrid sentit des larmes brûlantes envahir ses yeux. Un lourd silence s'était abattu. Le cœur serré, elle se retourna. Godwin s'était approché et se tenait juste derrière elle. Son regard la transperça comme une lame.

— Nous n'en serions pas là si tu n'avais pas décidé de trahir l'Angleterre.

— Pour trahir, il aurait déjà fallu que je sois Saxonne. Je suis Danoise.

— Si tu étais Danoise, tu aurais rejoint ton royaume.

Eldrid chancela.

Il avait touché juste.

— Je ne pouvais pas y retourner. Je ne suis qu'une capture de guerre, qu'un outil qui ne leur est plus de la moindre utilité.

Godwin eut un mouvement d'humeur, et se mit à effectuer les cent pas, traçant un vertigineux va-et-vient dans le sable.

— Tu n'aurais pas eu à retourner auprès d'Erling Bjarnason. Leur roi t'aurait accordé sa protection, et...

— Tu n'écoutes pas ! Je ne veux plus vivre sous le joug de personne. Ni celui d'Erling Bjarnason, ni celui de Sveinn. Ni sous le tien.

Godwin s'arrêta, un rictus aux lèvres.

— Tu en auras mis du temps. Néanmoins, sur le dernier point, je crains que tu n'aies guère le choix.

Eldrid se rapprocha de lui, suffocante.

— Ma servitude ne te pose donc problème uniquement lorsqu'il s'agit des Danois ? Lorsque tu m'as emmenée avec toi, après avoir massacré mon clan, tu m'avais promis que je serais libre ! C'est une promesse que tu n'as jamais respectée.

— Il ne s'agit pas de servitude entre toi et moi. Tu es ma femme.

— Cela revient au même.

— Tu n'as pas le choix.

— Je n'ai pas le choix, vraiment ?

— Cesse de dresser des obstacles entre nous pour dissimuler ton orgueil.

Elle se figea.

— Que... quoi ? balbutia-t-elle.

— Tu m'as parfaitement entendu. Et parfaitement compris.

Ils s'observèrent un long moment, Eldrid tremblante, Godwin serein. Seuls le fracas des vagues et le crépitement ténu des flammes emplissaient l'air. Le cœur de la jeune femme battait furieusement dans sa poitrine, au rythme effréné des sensations incompréhensibles qui s'agitaient dans son esprit.

— Pourquoi as-tu manqué de te noyer, Eldrid ? Pourquoi es-tu revenue vers moi ?

La nuit formait un écrin protecteur, gardienne des secrets enfouis, et le feu se dressait entre eux comme un mur infranchissable.

— Je ne voulais pas redevenir une esclave.

— Tu ne voulais pas redevenir une esclave, répéta-t-il.

Elle n'aurait su dire ce que la voix de Godwin exprimait, à mi-chemin entre la satisfaction et l'amertume, mais elle sentit son visage s'embraser devant le regard du Saxon. Elle n'ignorait pas qu'il avait attendu qu'elle prononce cette phrase, depuis si longtemps.

Godwin contourna les flammes jusqu'à se retrouver devant elle. Si près qu'elle pouvait sentir son souffle sur sa peau.

— Est-ce tout ? murmura-t-il.

Eldrid tressaillit sous la douloureuse sensation qu'une main déchirait ses entrailles. Le regard qui lui faisait face brillait d'une lueur d'espoir, sauvage et intense, et elle sentit l'air lui manquer sous l'assaut vif de la culpabilité.

— Oui, fit-elle doucement. C'est tout.

Le torse de Godwin se souleva en un long souffle, et son expiration rompit la nuit comme un soupir.



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