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7 : Au cœur des ténèbres

Les barbares étaient entrés. Eldrid recula, livide, comme si cela pouvait suffire à la maintenir à distance du danger qui rôdait sous leurs pieds.

Godwin glissa la dague entre les doigts d'Eldrid. Elle était tétanisée, et il dut refermer de force sa main tremblante sur le manche. Elle secoua la tête, tâchant de se soustraire à sa poigne.

— Non...

— Prends cette lame. Tant que tu seras avec moi, je te promets que tu n'auras pas à l'utiliser.

— Tant que je serais avec...

Un coup violent sur la porte la fit pousser un cri, que Godwin s'empressa d'étouffer. Il pressa un instant son corps contre le sien.

— Tout va bien, Eldrid, chuchota-t-il. Tu es Danoise, tu te souviens ? Il ne t'arrivera rien.

Elle acquiesça faiblement. Il aurait voulu poser ses lèvres sur les siennes. Il n'en eut pas le temps. La porte de la pièce vola en éclats.

Godwin poussa la jeune femme derrière lui, tira son épée. Le barbare périt sur sa lame, avec une facilité cruelle. Il jeta un regard à Eldrid. Elle avait reculé encore, et se tenait prostrée dans un angle du mur — là où elle n'aurait aucune échappatoire.

Il eut à peine le temps de retirer son arme, qu'un second homme du Nord fit irruption. Godwin s'immobilisa devant le regard que posait le barbare sur le corps inerte du premier. Puis il rencontra ses yeux emplis de haine, juste avant qu'il ne se jette sur lui avec un cri de rage.

Un cri qui se réverbéra sur les pierres des murs, un cri à la fois barbare et terriblement humain. Un hurlement qui ébranla le soldat saxon, un court instant.

Son épée cingla l'air, juste à temps pour contrer la hache adverse qui fusait vers lui.

Il devait protéger Eldrid. Il n'en eut pas le temps.

L'épée s'envola de ses mains. Un coup de poing le propulsa au sol. Des hurlements déchirèrent le voile flou qui s'était posé sur ses yeux — Eldrid. Il se jeta vers sa lame, évitant de justesse le fil de la hache, qui se brisa en heurtant le sol.

Godwin suffoquait en rampant sur le sol, tendant la main vers son épée, tâchant de couvrir les quelques centimètres qui séparaient la garde du bout de ses doigts... Il avait une conscience aiguë des battements de son cœur qui emplissait chaque parcelle de sa chair.

Un poids se jeta sur son dos, l'immobilisant. Le fil d'un poignard mordit sa mâchoire.

— Ne le tuez pas ! cria Eldrid en norrois.

L'intervention détourna l'attention du barbare. Godwin vit Eldrid se ruer dans sa direction, dague brandie. La lame qui appuyait sur sa jugulaire s'envola, le poids qui pesait sur lui disparut, et, dans un fugace instant de lucidité, Godwin sentit toute l'horreur de la situation le frapper de plein fouet. Le Danois bondissait vers la jeune femme.

Le soldat saxon se jeta en travers de sa route, bloquant le bras du barbare. Un combat de force brute venait de s'engager entre eux.

Godwin serra les dents, luttant pour ne pas lâcher prise. La lame se rapprochait de son cœur, centimètre après centimètre. C'était une course inexorable. C'était un combat perdu d'avance. Il avait l'impression de s'opposer à un géant.

— Eldrid ! hurla-t-il.

Elle était leur seule chance. Elle devait tuer le barbare, ou ils mourraient tous les deux. Il risqua un coup d'œil derrière lui. Eldrid se tenait là, paralysée. La dague pendait mollement au bout de ses doigts tremblants.

En silence, Godwin proféra une dernière supplication. Puis il défit son emprise et se jeta sur Eldrid, lui arrachant la dague des mains. Il eut à peine le temps de se retourner, pour ficher la lame dans le cœur du barbare.

La jeune femme était livide.

— Bon sang, à quoi pensais-tu ? Tu as failli nous tuer tous les deux !

Elle ne répondit rien, tremblante. S'il n'avait pas frôlé la mort tant de fois auparavant, il savait qu'il tremblerait, à cet instant même. Ses doigts se refermèrent d'un geste sûr sur la garde de son épée, qui gisait au sol.

— Viens, jeta-t-il.

~*~

Quatre. Godwin avait occis quatre hommes du Nord depuis le début de l'attaque. Eldrid ne parvenait plus à juguler la nausée qui s'était emparée d'elle.

Elle le suivait machinalement le long d'une succession de corridors et de marches, à l'abri de sa lame qui répandait le sang danois. Elle aurait voulu fermer les yeux, et se réveiller ailleurs, dans un endroit où ne régnaient pas les effluves du sang et de la mort.

Un cinquième attaquant rencontra le fer du Saxon alors qu'ils arrivaient dans la cour. Elle détourna le regard. Par une ouverture, elle contempla le flot de Saxons qui se massait aux battants entrouverts de la forteresse.

Quelques secondes plus tard, la main de Godwin se posait sur son épaule.

— Cours. Je suis juste derrière toi.

Le bruit d'une lame en rencontrant une autre résonna tout près d'elle. Elle jeta un regard, le temps de voir Godwin désarmer un énième adversaire.

Elle se mit à courir, dévalant une ultime volée de degrés. Sous ses pas, la pierre se mua en terre, et l'air nocturne emplit ses poumons, chargé de l'odeur des flammes et du sang.

Eldrid se retourna, glacée par une soudaine appréhension. Il n'y avait plus aucune trace de Godwin derrière elle.

— Godwin ! hurla-t-elle.

Il devait être là, quelque part. Il ne pouvait en être autrement.

Elle perdit de précieuses secondes à le rechercher.

Elle fut happée par la foule, ballottée en tous sens, les cris de terreur et les sanglots résonant à ses oreilles, la masse des corps ployés sous la peur la faisant suffoquer. Plus loin, par-delà les portes, les lames barbares se dressaient. Tenter de fuir malgré les lames, ou se replier dans la citadelle envahie. Ce n'était pas une fuite qu'opéraient les Saxons qui l'entouraient : c'était un incontrôlable mouvement désordonné, où suintait le désespoir de ceux qui étaient pris au piège. Eldrid entendait son propre sang qui battait à ses oreilles, qui semblait clamer son désir de ne pas être versé.

Une main se referma sur son bras. Elle n'eut pas besoin de tourner la tête pour comprendre qu'il s'agissait de Godwin. Lui seul était capable de la tenir ainsi, avec toute la force du désespoir qui l'habitait à l'idée de la perdre.

Il l'extirpa du flot. Des taches de lumières trop vives éclairaient la scène, celles des flammes qui embrasaient la cour en un ballet de torches mouvantes et de feux destinés à saccager les lieux.

— Que...

— Pas par là, fit-il simplement.

Ils traversèrent la cour. Eldrid s'attendait à chaque instant à ce qu'une lame vienne les faucher dans leur course. L'épée que Godwin avait tirée luisait sous la lumière des flammes.

Ils atteignirent une porte qui leur fit gagner une tour. Godwin se saisit d'une torche qu'il confia à Eldrid, avant de les entraîner dans une volée de marches descendante. Elle déboucha sur un large sous-sol où étaient entreposés des vivres. Assez pour faire face à un siège.

Eldrid n'eut pas le temps de le questionner. Le Saxon achevait de dégager un espace, au fond de la pièce couverte d'ombres.

Elle s'approcha, le flambeau dévoilant une succession de coffres, de tonneaux et de sacs de grain. Pourtant son regard était déjà happé par l'espace au sol qui se détachait clairement au milieu des contenants.

Une trappe. Un tunnel. Une échappatoire.

— Et les autres ? Les Saxons ? demanda-t-elle tandis que Godwin commençait à retirer la dalle qui obstruait le passage.

— Je ne peux rien faire pour eux.

L'amertume dans sa voix était évidente, et Eldrid ne répliqua pas. Elle savait ce qu'il ressentait. Elle l'avait ressenti, elle aussi, lorsque Godwin et ses hommes avaient rasé son village.

— Descendons, fit Godwin en s'emparant de la torche. Je refermerai derrière nous.

Eldrid s'approcha de l'ouverture. À ses pieds, elle eut le temps d'apercevoir une échelle qui s'enfonçait dans les profondeurs, avant qu'un brusque courant d'air ne mouche la flamme.

Elle prit une longue inspiration pour juguler la panique que lui provoquait cette plongée dans les ténèbres. Elle avait l'impression d'entendre avec une intensité accrue les bruits du combat qui se jouait au-dessus d'eux.

Ses mains trouvèrent à tâtons le rebord de la trappe, et elle s'y engouffra. Elle toucha le sol plus vite qu'elle ne l'avait pensé. Il y eut un bruit sourd lorsque le Saxon remit la dalle qui dissimulait le passage en place. Il lui sembla soudain que l'obscurité s'était faite plus prégnante encore, qu'elle s'insinuait jusqu'à l'intérieur de son corps.

Elle se concentra sur le son de la descente du soldat — ses mains qui entraient en contact avec un barreau de l'échelle, le tintement de son épée, le frottement par intermittence de son vêtement contre la roche. Enfin, il fut à côté d'elle.

Elle entendait la respiration de Godwin, mais elle ne pouvait discerner les contours de sa silhouette. C'en était presque rassurant. Il était là, autour d'elle, dans toute la pénombre qui l'entourait.

Elle réprima un cri lorsque la paume du soldat entra en contact avec son dos.

— Donne-moi ta main.

Elle nicha ses doigts dans les siens. Elle n'aimait pas cette intimité forcée. Au moins faisait-il noir, assez pour ne pas avoir à contempler les traits de Godwin.

Ils avancèrent, progressant avec lenteur. Les doigts libres d'Eldrid s'éraflaient contre les parois rugueuses et humides, tandis qu'elle y faisait courir sa main.

— Où cela mène-t-il ?

— À une lieue de Londres, au nord. Si un jour l'envie te prend de libérer un Danois détenu là-bas, tu sauras comment faire.

— Ce n'est pas drôle.

Le silence s'installa à nouveau. Eldrid avait bien trop conscience de la paume contre la sienne. Depuis des mois, elle s'évertuait à replacer entre eux une distance, celle qu'elle avait rompue en regagnant les côtes anglo-saxonnes. Une distance fragile, branlante, sans cesse mise à mal, mais qui existait bien, creusée par les actes indicibles et par des fautes impardonnables.

— Comment savais-tu que ce souterrain existait ? J'imagine que son existence n'est pas connu de tous, ou ne serions pas les seuls à l'avoir empruntés.

— J'ai passé du temps dans cette forteresse. C'est à Londres que l'on m'a appris à combattre, lorsque je me suis enrôlé. J'y suis demeuré assez longtemps pour explorer la forteresse de fond en comble.

— Mais je présume que tu n'as pas remarqué à quel point les cellules étaient peu confortables.

La main de Godwin se détacha lentement de la sienne. La brusque amertume qui irradiait du saxon semblait alourdir l'air autour d'eux.

— Non, en effet, fit-il d'une voix trouble.

Eldrid laissa son bras retomber le long de son corps. Pourquoi avait-il fallu que leurs mots prennent cette tournure ?

— Crois-moi, j'en suis désolé.

— Vraiment ?

— Je pensais être capable de ne plus t'aimer. Mais je ne pouvais me résoudre à te tuer.

— Alors quoi ? Je devrais t'en être reconnaissante ?

— J'ai fait des erreurs. J'en suis conscient, et j'en suis désolé.

Elle réprima la nouvelle remarque acerbe qui était montée à ses lèvres. Il était facile de formuler des regrets dans l'obscurité, mais elle ne faisait guère mieux avec ses reproches.

Un bruit résonna derrière eux. C'était un son lointain, porté par écho à travers la pierre, mais pourtant bien réel.

— Ce n'est rien, chuchota Godwin. Je ne suis pas le seul Saxon à connaître l'existence de cette galerie, même s'il s'agit d'un des secrets les mieux gardés de la forteresse.

— Tu es certain que les Danois ne connaissent pas l'emplacement de ce passage ?

— Je suppose que non, ou ils l'auraient déjà emprunté.

Eldrid se retourna, comme si son regard pouvait percer les ténèbres qui s'étendaient derrière eux.

Les doigts de Godwin s'agrippèrent de nouveau aux siens. Ce simple geste, emprunt de force et de tendresse, suffit à l'apaiser.

Elle n'avait de cesse de maintenir un espace entre eux. Un gouffre infranchissable, un rempart imprenable. Pourtant, parfois, elle se surprenait à espérer que cette distance vole en éclats, un instant, le temps d'un éphémère espoir. Tout aurait alors été si simple, si doux, si paisible. Mais c'était impossible, pour leur bien à tous les deux. L'espoir leur était inaccessible.

Ils progressèrent en silence, avançant péniblement dans l'étroit passage. La rumeur de l'attaque avait cessé depuis longtemps.

Enfin, après une nouvelle trappe, la lumière de l'aube se déversa sur eux.


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Voilà un nouveau chapitre :)

J'en profite pour vous souhaitez une bonne année !

(Ou comme on dit en anglo-saxon, pour rester dans le thème : gesælige niwe gear !)


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