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6 : D'erreurs et de confiance

La forteresse se dressait devant elle, et Eldrid sentit une vague glacée de haine s'immiscer en elle au souvenir de son long séjour dans les cellules que l'édifice abritait.

Elle regarda Godwin passer les portes de la forteresse. C'était lui qui l'y avait enfermée. C'était lui qui l'en avait fait sortir — à condition qu'elle devienne sa femme. Il y avait quelque chose d'étrange à le voir rentrer tandis qu'elle se tenait dehors. Comme un clin d'œil ironique des dieux.

Le bâtiment était identique à ses souvenirs, suintant de cette aura grise des lieux qui ont vu couler trop de sang et de larmes.

Ses doigts se refermèrent sur le manche de la dague, et elle sentit tout à coup un poids lui peser sur la poitrine. Elle aurait dû rester avec Godwin.

Chaque personne qui passait auprès d'elle, chaque regard qu'elle croisait, l'emplissait d'une terreur pure.

La dernière fois qu'elle avait été entourée de tant de Saxons, c'était le jour où leur roi avait décidé de la punir pour sa trahison. Le jour où elle avait failli perdre la vie. Traîtresse. Il lui semblait que le mot était inscrit sur ses traits. Qu'il suffisait que des yeux l'effleurent un peu trop longtemps pour que la vérité éclate.

C'était une impression pour le moins désagréable, et elle fut soulagée lorsque Godwin revint.

— Tu ne t'es pas enfuie, railla-t-il.

— Effectivement.

Un sourire joua sur les lèvres de Godwin. Ce fut bref, mais suffisamment distinct pour que la jeune femme sente son ventre se contracter. Non, elle ne s'était pas enfuie. Ils savaient tous deux qu'elle ne s'enfuirait pas — qu'elle ne s'enfuirait plus jamais. Elle avait fait son choix, à moins qu'on eût choisi pour elle.

Il prit sa main, pour la guider à l'intérieur de l'édifice. Eldrid chassa la peur qui menaçait de la submerger. Ce n'était qu'une forteresse, et peu importe ce qu'elle y avait vécu, cela ne se reproduirait plus. Godwin était là, Godwin l'aimait, Godwin avait juré de la protéger. Elle devait lui faire confiance.

— Les Danois se sont installés dans le Kent il y a quelques mois. Ils ont bel et bien attaqué plusieurs fois la cité, avant de remonter le fleuve. Æthelred est parti juste avant la première attaque des barbares. Il s'est rendu en Mercie, où il a marié une de ses filles à l'ealdorman Eadric.

Eldrid expira lentement. Les lieux l'oppressaient. Ces longs corridors de pierre, les hommes armés qu'ils croisaient au détour d'un couloir, les regards qu'on jetait sur elle, dépourvus d'animosité, mais qui la terrifiaient.

— Un mariage ? répéta-t-elle. En pleine invasion ?

— Le roi renforce ses alliances. Ce n'est pas si étonnant.

— Il compte donc riposter contre les Danois ? Par les armes ?

— Non. Il négociera. Mais du moins doit-il espérer limiter le risque de trahison. Si la situation se dégrade davantage encore, je ne serais pas surpris de voir des ealdormans sceller des pactes avec les barbares ou se rallier à eux. Aux dernières nouvelles, Æthelred est désormais de retour à Winchester.

— Donc nous y allons ?

Pour seule réponse, Godwin ouvrit une porte.

Eldrid s'arrêta sur le seuil, interdite. C'était une chambre. Godwin envisageait de s'attarder, et elle n'était pas certaine d'apprécier.

— Nous n'allons pas à Winchester ?

— Pour l'heure, les barbares se trouvent entre nous et le roi. Sans compter que nous ignorons où ils comptent aller. Qu'ils marchent sur le Wessex et sur Winchester reste une probabilité.

La jeune femme jeta un regard vers le couloir, avant de s'engouffrer dans la pièce. Elle referma prudemment la porte derrière eux.

— Justement, chuchota-t-elle. Je pourrais me rendre utile, et...

— Ce n'est pas tout. Theodore est en Est-Anglie.

Eldrid se figea.

— Tu veux aller le retrouver ?

— Oui.

— Pourquoi ?

Godwin lui lança un regard scrutateur.

— Pourquoi cette question ? Je suis lié à lui, et toi également. Et s'il te faut vraiment une raison supplémentaire, sache qu'il pourrait certainement nous aider.

— Tu lui fais confiance ? Ce n'est qu'un enfant.

— Il a grandi, Eldrid. Et il a commis des erreurs, c'est vrai. Mais il me confierait sa vie s'il le fallait, et je lui confierais la mienne.

— Il a failli me mener à la mort. Il pourrait recommencer.

— Il t'a sauvé la vie, et ton ingratitude me sidère. Je sais que tu tiens à lui, malgré tout. N'essaie pas d'entretenir ta colère pour me dissimuler ton attachement.

Eldrid tressaillit. Fallait-il toujours qu'il la désarme ainsi ? Godwin se rapprocha, et elle déploya des trésors de volonté pour ne pas reculer.

— Que crains-tu de moi, Eldrid ?

— Je... je ne sais pas.

— Moi non plus.

Il se détacha d'elle, et elle parvint de nouveau à respirer. Elle se détourna de lui pour reprendre contenance.

— Il est hors de question que je l'abandonne, poursuivit-il. Theodore est parti à notre recherche, mais il a aussi fui Winchester parce qu'il t'a sauvé la vie.

— Æthelred l'aurait fait poursuivre s'il avait la moindre suspicion envers Theodore.

— Dans ce cas, il t'aurait fait poursuivre toi. Non. Il sait que les barbares sillonnent le royaume et sèment le chaos, et que nous pouvons l'aider à les contrer.

— Alors pourquoi ne pas y aller maintenant ? Pourquoi aller récupérer Theodore ? Il est sans doute bien plus en sécurité en Est-Anglie qu'à Winchester, malgré tout.

— Æthelred ne te croira sans doute pas lorsque tu lui diras que tu souhaites espionner pour lui. Il hésitera à ce que je rejoigne de nouveau son armée. Mais il sait que Theodore est attaché à nous, et que nous sommes attachés à lui. Et si Theodore reste entre ses mains, il aura l'assurance que tu ne trahiras pas. Et que même si tu essayais, je ne te laisserais pas trahir.

Eldrid se retourna.

— Mais je vais trahir, souffla-t-elle.

— Je sais. Mais il te soupçonnera moins ainsi.

— Et si les choses tournent mal ? Tu ne peux pas te servir de Theodore comme une garantie alors que tu sais qu'il risquera de payer mes actes de sa vie ! Tu ne peux pas le sacrifier...

— Il ne sera pas sacrifié. Tu trahiras, puisque tu ne sembles pas vouloir faire autrement...

— Godwin, tu sais bien que je...

— Nous avons déjà eu cette discussion, et nous n'allons pas la recommencer maintenant. Tu attendras que la vigilance d'Æthelred s'endorme, fit-il à voix basse. Tu le feras remporter une bataille, tu lui promettras de lui faire gagner la guerre. Tu essaies d'aider les Danois depuis suffisamment longtemps. Crois-tu que tu auras la moindre chance si tu n'es pas proche du trône d'Angleterre ? Si l'on se méfie de toi ? Le roi te fera confiance, il me fera confiance. La vie de Theodore cessera de peser dans la balance, et Æthelred ne doutera plus de nous. Ensuite, si tu le veux toujours, et si cela est encore nécessaire, tu pourras trahir.

Sa dernière phrase n'avait été qu'un murmure, mais cela n'empêcha pas Eldrid de l'entendre distinctement.

— Et combien de temps cela prendra-t-il ? Tu laisses ouverte la possibilité que la guerre se termine sans que j'aie pu agir !

— Peut-être. Il y aura une vie à vivre, après la guerre, quelle qu'en soit l'issue. Tu dois y songer. Nous devons y songer.

— Nous ?

Godwin l'observa un instant, une lueur douloureuse au fond des yeux. Doucement, ses mains se posèrent sur ses épaules. Eldrid se sentit suffoquer sous leur poids.

— Eldrid... Je ne te laisserai pas tout risquer pour une cause que tu ne comprends même pas.

— Que je ne...

— Voir l'Angleterre devenir Danoise. As-tu seulement songé à ce que cela signifierait ? À ce que cela impliquerait vraiment, pas uniquement pour les Danois, mais pour nous tous ? Pour des personnes comme Theodore qui devront vivre sous le joug de ceux qui ont massacré leurs familles ? Pour tous ceux que cette guerre blessera, d'une manière ou d'une autre ? Si tu avais survécu au raid quand tu étais encore enfant, si tu n'avais pas été capturée, si tu avais été comme moi...

— Je ne suis pas comme toi, justement. Mais il ne s'agit pas d'être Danoise ou non. Des gens seront blessés dans cette guerre. Des gens perdront tout ce qu'ils ont, ou déjà tout perdu. Tu l'as dit, tu as raison, et j'en ai conscience. J'en ai conscience, Godwin ! J'ai vu trop de sang. Je peux faire en sorte que la guerre se termine rapidement, avec le moins de souffrance possible.

Eldrid pensait chacun des mots prononcés. C'était comme un brouillard au fond d'elle, qui se levait peu à peu. Elle en avait assez du sang, assez de la mort, assez de la guerre.

Elle pouvait presque sentir la présence de la cellule où elle avait été enfermée, quelque part sous ses pieds, comme un douloureux rappel.

Elle avait une responsabilité dans ce qui se jouait à présent, et elle en sentait le poids qui l'écrasait, jour après jour.

Elle avait une erreur à réparer, et elle sut que Godwin le comprenait.

Il la guida jusqu'à l'unique fenêtre qui se trouvait dans la pièce. Elle donnait sur les quais en contrebas.

— Les barbares redescendront le fleuve pour regagner le Kent. Ils passeront ici tôt ou tard, dans les semaines qui viennent. Il se peut qu'ils attaquent. Et s'ils ne le font pas, ce sont les Saxons qui attaqueront.

— Tu veux les attendre ?

— Oui. Je veux les combattre, et prouver à Æthelred que mon allégeance va encore à l'Angleterre. Une fois que ce sera fait, nous irons chercher Theodore, et nous pourrons nous rendre à Winchester.

~*~

Près d'un mois était passé. Le temps s'était écoulé lentement.

Les barbares avaient été aperçus redescendant le fleuve. Ce n'était plus qu'une question de quelques jours avant qu'ils n'atteignent Londres.

Godwin ne parvenait pas à trouver le sommeil. À moins que ce ne fût l'inverse. Il était épuisé, mais aucun rêve ne venait se poser sur ses paupières closes.

Le plan était simple et efficace. Les soldats avaient eu le temps de le préparer, et ils seraient en supériorité numérique. Il n'y avait pas la moindre faille que les barbares pourraient exploiter. Lorsqu'ils viendraient, ils s'écraseraient contre les défenses saxonnes.

Godwin regardait Eldrid, à peine discernable dans l'obscurité. La nuit la protégeait, comme un écrin enveloppant une gemme précieuse. Il ne pouvait la discerner, mais il la trouva pourtant d'une beauté à couper le souffle.

Sa respiration à elle était paisible. Godwin aurait voulu se glisser dans ses rêves pour effleurer du regard ce qu'elle y voyait. Il savait qu'elle n'aimerait pas qu'il la contemple ainsi, et cela le déchirait. Il l'attendait, depuis si longtemps. Eldrid avait changé, il avait changé lui-même. Pourtant, ce n'était pas assez. Il n'y avait rien entre eux qu'une étendue où régnait la désolation, un mur d'orgueil et d'incompréhension qu'ils ne pouvaient abattre, un champ de bataille où se jouaient des combats perdus d'avance.

Il se figea soudain.

C'étaient des bruits ténus, à peine discernables. C'était une mélodie à la fois barbare et cruellement humaine.

C'était le chant de l'invasion.

Il demeurait une faille, tout compte fait. Celle de la surprise.

— Eldrid, chuchota-t-il. Eldrid !

Elle se réveilla en sursaut.

— Lève-toi. Vite !

— Que se passe-t-il ?

— Les Danois.

— Mais... ils ne devaient pas attaquer avant plusieurs jours !

— Je sais, siffla-t-il.

Depuis la fenêtre qui perçait le mur, Godwin observa un instant les navires barbares qui avaient jeté l'ancre dans le port, et le ballet des ombres qui se glissaient dans la pénombre, et les silhouettes saxonnes qui s'enfuyaient.

— Ils sont bien moins nombreux que ceux du campement que nous avons vu. Ils ont dû se diviser pour prendre la ville par surprise.

Le Saxon passa sa dague et son épée à sa ceinture, jeta une cape sur les épaules d'Eldrid qui restait interdite.

— Nous partons. Maintenant.

— Tu ne vas pas combattre ?

— Je ne sais pas. Nous ne pourrons pas nous organiser à temps, ce serait...

Il n'acheva pas sa phrase. Un vacarme assourdissant s'éleva de l'étage inférieur.


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Je voulais vraiment poster plus rapidement ce chapitre, mais les partiels ont eu raison de moi... 😅

J'en profite pour vous souhaiter de bonnes vacances à ceux et celles qui en ont, et de bonnes fêtes ! ❤︎

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