Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

Tribut du vaincu

Il s'écoula deux jours et deux nuits. Godwin les passa prostré, une culpabilité mordante s'entremêlant à une rage folle. Une tempête déracinait tout son être, détruisant tout. Il se sentait coupable. Il se sentait humilié, aussi.

De temps à autre, on déposait sur le seuil de sa tente une maigre pitance. Aucun bruit ne filtrait de l'extérieur, comme si le camp en entier se trouvait dans une parenthèse, dans un instant suspendu. Loin de l'apaiser, ce silence accentuait chacune des vives émotions qui soufflaient au creux de sa chair.

Il s'écoula deux jours et deux nuits, avant que le même jeune homme qu'il avait rencontré à son réveil vienne le chercher.

— Suivez-moi, mon seigneur.

Le ton était hésitant, maladroit devant cet ordre donné. Godwin retint avec peine un sourire narquois et se leva.

Le campement était silencieux sous le ciel teinté d'un améthyste crépusculaire. Les pans des pavillons se gonflaient sous l'air marin, claquant parfois au vent.

On le fit enter dans une tente. Un flambeau projetait des ombres sur les toiles.

Edmund était alité, son visage cireux et fiévreux.

À la lueur des flammes, Godwin discerna l'affreuse cicatrice qui s'ouvrait dans sa cuisse, et il sentit son estomac se révulser.

Il s'agenouilla aux côtés du convalescent, le souffle coupé, les membres tremblants. Son compagnon tourna lentement la tête vers lui, son regard percutant le sien. Godwin y lut tout ce à quoi il s'attendait : reproches et colère.

— Je suis désolé, chuchota-t-il.

Un sourire, torve et incertain, glissa sur les lèvres d'Edmund.

— Tu es désolé, répéta-t-il.

Un rire secoua sa poitrine, avant de se transformer en gémissement de douleur.

— Oui, répliqua Godwin. Je suis désolé. Je ne sais pas pourquoi j'ai... je...

— C'est trop facile.

— Edmund...

Godwin sentit son cœur imploser dans sa poitrine, soulevé par une vague de rage et de honte. Edmund chercha à tâtons ses mains liées, les enserrant avec force.

— Tu mérites ce qui t'arrive, Godwin, souffla-t-il en un râle de souffrance.

Il avait envie de hurler.

Il haïssait Edmund, il haïssait ses hommes. Il se haïssait, lui. Il aurait voulu se transpercer la poitrine avec son glaive pour ne plus avoir à ressentir l'humiliante sensation de son amour-propre réduit en cendres.

Et ces barbares qui n'arrivaient pas !

— Je suis désolé, répéta-t-il.

Pourquoi diable ne parvenait-il pas à formuler quoi que ce soit d'autre ? Il se sentait vidé de ses mots.

Edmund indiqua sa jambe. Godwin se força à contempler son oeuvre. La plaie était profonde, sectionnant chairs et muscles. Ce n'était qu'une question de jours, peut-être d'heures, avant qu'elle ne s'infecte et cause des dommages irrémédiables. Ils le savaient tous deux.

— Si je survis, je ne pourrais plus combattre avant longtemps. Si ce n'est pour toujours.

Godwin n'entendit aucun regret dans la voix de son compagnon. Sa gorge se serra. Combattre, sans Edmund à ses côtés. L'idée lui était insupportable.

— Je...

— Je suppose qu'il fallait bien cela. Pour que tu ouvres les yeux.

La pression sur ses mains s'accentua.

Edmund sembla sur le point de continuer dans sa lancée, mais Godwin se dégagea, se redressant d'un mouvement vif. Il écarta d'un geste rageur le pan de la toile, retournant à grandes enjambées vers son pavillon.

Une fois soustrait aux regards extérieurs, il se recroquevilla sur sa paillasse de fortune. Là, Godwin ferma les yeux, maîtrisant ainsi les larmes qui menaçaient de le submerger. Il n'en versa pas une seule. Pleurer était inutile.

Une larme ne changerait rien à ce qu'il avait fait.

~*~

Les barbares arrivèrent à l'aube du douzième jour.

La silhouette d'une barque se découpait sur le fond verdâtre des flots. Depuis la lande sablonneuse, Godwin suivit sa course sur les vagues dansantes.

Il tenta de juguler la rage qui mordait son ventre. Au fond de lui, il savait qu'Edmund avait raison.

Il observa, avec un goût amer sur les lèvres, les soldats saxons escorter le petit groupe d'ennemis vers un pavillon pourpre. Il lui semblait que l'altercation de l'autre jour lui avait fait perdre toute sa crédibilité auprès de ses hommes.

Il rejoignit lui-même la tente quelques instants plus tard. Les mots de son ami avaient fait leur chemin, bien malgré lui, le blessant si profondément qu'il en avait honte. Il avait à cœur les intérêts de son royaume, certes, mais arriverait-il pour autant à passer outre ses intérêts personnels ? Il prit une profonde inspiration, son poing crispé sur son glaive, avant d'écarter le pan de toile qui obstruait l'entrée du chapiteau.

L'intérieur était obscur, éclairé uniquement par quelques chandelles disposées sur une table d'un bois sombre.

Malgré la faible luminosité, il reconnut sans mal la haute stature d'Erling Bjarnason de l'autre côté.

Un sourire étira ses lèvres.

Le barbare le fixait lui aussi, avec une intensité telle que son regard anthracite en devenait écœurant.

— Je suis heureux de savoir que tu es toujours en vie, saxon. J'aurai l'occasion de te tuer pour de bon.

— Pareillement.

Autour d'eux, les Anglo-saxons comme les hommes du Nord étaient silencieux, les visages graves et les traits tirés. Les épées étaient rangées, mais la tension appesantissait l'air.

— Mais nous sommes ici sous les étendards de nos rois, barbare.

— En effet.

Les doigts de Godwin caressèrent un moment la garde de son glaive, avant de retomber le long de son corps.

— Soixante mille livres, laissa tomber Erling Bjarnason.

Godwin crut un instant qu'il avait mal compris. Le regard du barbare rivé au sien était narquois, et la mâchoire du saxon se crispa. Pensaient-ils que l'Angleterre allait plier si facilement ?

— Dix mille.

— Tu proposes une somme que nous pourrions obtenir en pillant simplement quelques-unes de vos villes. Cinquante mille.

— Vingt mille.

— Et tu espères acheter la paix ?

— Vingt mille livres. La paix ne servira à rien si le royaume se délite.

— Quarante mille livres.

Un souffle d'air glacé s'engouffra sous les tentures du pavillon, faisant vaciller les flammes.

— Hors de question. Vingt mille.

— Il va te falloir faire un effort, saxon, maugréa le barbare.

Erling Bjarnason se pencha vers lui. Godwin soutint son regard d'orage.

— Nous n'avons rien à gagner d'une trêve, saxon. Nous ne voulons que venger ceux qui ont péri sous vos lames.

Godwin serra les dents.

— Vingt-cinq mille.

— Penses-tu que vingt mille livres soient un prix convenable ? Le prix à payer pour vos erreurs ? Pour tes propres méfaits ?

Les poings du soldat se crispèrent. Malgré lui, ses yeux errèrent jusqu'à Edmund, qui se tenait au milieu des hommes, appuyé sur une canne de fortune. Celui-ci soutint son regard.

— Trente mille, articula Godwin.

— Nous ne vous offrirons la paix que si elle a davantage de valeur que la guerre. Quarante mille livres.

— Trente mille, répéta-t-il d'une voix qu'il espérait ferme.

Erling Bjarnason le toisa d'un air méprisant.

— Comment se porte ma thraell ?

Godwin sentit son ventre se comprimer, et son sang se figer dans ses veines.

— Cela n'a rien à voir avec nos négociations.

— Au contraire, saxon. Comment se porte ma thraell ?

Le soldat fixa un instant le barbare qui lui faisait face, interdit.

— Elle se porte à merveille.

Quelque chose changea dans le regard qu'Erling Bjarnason avait posé sur lui.

— Trente-cinq mille et ma thraell.

Godwin eut un coup au cœur. Il imagina durant une angoissante seconde son épouse aux côtés du barbare, sur un navire qui l'emmènerait en terre ennemie. Le sourire narquois du barbare attisa sa haine, brûlante. Pourquoi voulait-il récupérer la jeune femme ? Non, réalisa-t-il. Il ne la désirait pas. Il se servait de ses sentiments pour mener les négociations.

— Trente-six mille. Sans Eldrid.

— Seulement mille de plus ? Tu accordes une valeur bien dérisoire à ma thraell. Je comprends que son allégeance aille à ceux de mon peuple.

— Tu la connais bien mal, barbare. Après toutes ces années, ne penses-tu pas qu'elle aurait déjà trouvé un moyen de jouer son rôle d'espionne, s'il avait encore une importance pour elle ?

Il vit une once de doute traverser le regard du barbare, son orgueil mis à mal, lui qui avait tant sacrifié pour que sa thraell infiltre les rangs des Saxons.

— Eldrid est saxonne, asséna Godwin. Elle...

— Peu importe. Elle ne m'est plus d'aucune utilité.

Erling Bjarnason se redressa de toute sa hauteur, si brutalement que des lames furent tirées de leurs fourreaux du côté saxon. L'homme du Nord leva le bras, un magnétisme écrasant émanant de tout son être, et Godwin sentit une bouffée de rage et d'humiliation mêlées le traverser.

Un chuintement indiqua que les Saxons avaient rengainé leurs armes. La mâchoire de Godwin se contracta. De quel droit le barbare s'autorisait-il à donner des ordres à ses hommes ?

Erling Bjarnason croisa son regard, un rictus moqueur sur ses lèvres.

— Soit, saxon. Trente-six mille livres.

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro