
X : Gluttony
J'ai faim.
Thésée ne savait en aucun cas que cette pensée pouvait être autant vraie avant d'entrer dans ce bâtiment.
Franchement, le demi-dieu n'aurait jamais pu imaginer un endroit pareil.
La salle était tellement vaste que Thésée n'en voyait pas la fin, même malgré ses beaux yeux de lynx.
Lui et les autres venaient d'entrer dans une sorte de salon de thé, mais il n'y avait pas que des boissons à disposition.
Des tables basses entières de cupcakes, de muffins, d'amuse-bouche à n'en plus finir étaient installés dans toute la salle. Les tapis semblaient être constitués de mousse au chocolat et les murs imprégnaient tellement de couleurs chaudes qu'on ne distinguait même plus les peintures, elles-mêmes représentant des mets plus appétissants les uns que les autres.
Il n'y avait que quatre fenêtres, réparties sur chacun des murs, et semblaient elles aussi faites de chocolat.
Un chemin traversait toute la salle mais il était aussi inutile qu'une poignée sur un mur : il y en avait tellement partout qu'on ne savait plus où donner de la tête, ni même où marcher sans écraser un gâteau qu'on avait sans doute laissé tomber par mégarde.
Mais ce n'était pas la salle qui était la plus extraordinaire : toutes les denrées, que ce soit macarons, muffins ou cupcakes, s'envolaient comme par magie et allaient se placer où bon leur semblait dans la vaste salle. Si bien que l'on voyait constamment des gourmandises voler au-dessus de nos têtes et disparaître dans l'immensité de la pièce.
-Par la barbe d'Héphaïstos, murmura Léo, la bouche grande ouverte.
C'est vrai, il n'y avait aucun mot pour décrire cet endroit.
Percy, Annabeth, Piper, Léo, Grover, Nico, Frank, et même Thésée, tous furent submergé par l'émerveillement. Ils entendaient leur ventre gargouiller les uns après les autres, ce qui leur donna encore plus l'envie de goûter à une petite friandise leur passant sous le nez.
-Mais... où est-ce qu'on est tombé ?
Piper regardait avec admiration tout ce qu'elle voyait passer près d'elle.
Thésée ne put que la comprendre. Il n'avait jamais vu autant de nourriture réunie dans un seul et même endroit, et jamais aussi appétissante.
Mais du coup, qu'est ce qu'ils étaient venus faire ici, au final ? Il en vint presque à oublier la raison de leur venue.
Ses pensées furent vite remises en ordre quand il entendit une voix grave et sonore au fond de la salle.
-Bienvenue, chers clients !
Une forme se distingua entre les tonnes de sucreries, et Thésée riva d'instinct sa main sur son fourreau.
La forme se changea rapidement en une silhouette humaine. Mais elle s'approchait bien vite pour un homme... Non. En fait, la silhouette flottait dans les airs.
C'était un homme vêtu d'un costume à froufrous marron clair, et on pouvait déjà apercevoir sa longue moustache à la Hercule Poirot. Le type était chauve, mais son crane était d'une propreté irréprochable.
Il n'était plus qu'à quelques mètres des arrivants quand il laissa échapper un rire de plaisir.
-Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas reçu de visite de ce genre ! D'habitude, ce ne sont que de simples mortels qui ne voient pas toutes mes merveilles ! Ils n'arrivent pas à voir plus loin que le bout de leur nez, alors mon entreprise entière...
Le drôle d'homme se laissa emporter dans des pensées apparemment longues et profondes, car il perdit en altitude jusqu'à se retrouver au sol. Quand il se souvint des nouveaux arrivants.
-Enfin ! Vous, vous êtes là ! Vous allez enfin voir tout ce que je recèle dans mon univers ! Qui aime les macarons bleus ?
-Euh... moi, répondit Percy en lorgnant l'assiette avec envie. Mais...
-Mais on ne veut pas vous déranger, coupa Annabeth en prenant le bras de son copain.
L'homme au costume chocolat fixa la jeune blonde, qui ne le lâchait pas non plus du regard. Un rictus s'afficha doucement sous sa moustache guidon.
-Non... je sais que vous n'êtes pas là pour déguster. Vous avez besoin de mon aide, jeunes demi-dieux.
Ses yeux se tournèrent vers Thésée qui en fut troublé. Ses prunelles chocolat étaient pleines de malice et de sous-entendu.
Mais Thésée garda un visage interdit. Bien sûr qu'il n'était pas là pour se goinfrer ! D'ailleurs, il commença à se demander quel genre de personne pouvait bien diriger un tel endroit. Il chercha dans sa mémoire, mais aucun souvenir ne lui rappela un homme à gourmandise.
Le type avait dû lire dans son esprit, car il se redressa de tout son long avant de s'exclamer.
-Laissez-moi d'abord me présenter ! Je m'appelle Adéphagie. Roi du plus beau pécher capital, à savoir la gourmandise. Pour vous servir !
Il fit une petite courbette, mais les demi-dieux étaient tellement perplexe quant à leur interlocuteur qu'ils ne firent rien. Roi de la gourmandise ?
-Mais ne faites pas cette tête, voyons ! Aller venez, installons-nous dans un coin chaud et confortable, loin de mes... distractions.
Là-dessus, il retourna à l'état de flottement, puis traversa la salle sans être dérangé par tous les mets délicieux qui rôdaient autour de lui.
-Vous croyez qu'on peut sortir d'ici sans se faire voir tout en empruntant un en-cas ? chuchota Léo en hoquetant.
-Ne touchez à rien, reprit Percy en balayant la salle du regard. On attend ce qu'il peut nous offrir avant de faire quoi que ce soit.
Dit celui qui bavait devant une assiette de macarons bleus...
La petite voix de Thésée lui disait aussi que cet endroit n'était pas fait pour des gens comme eux... ou comme lui.
Il prit un petit moment pour observer l'immense pièce dans laquelle il était tombé. Il pourrait peut-être remarquer un détail qui lui avait échappé.
Ne voyant rien, il emboîta le pas de ses compagnons pour rejoindre ce drôle d'homme, sans regarder toute la nourriture qui lui faisait tant envie.
Il avait dit dans un endroit tranquille loin des distractions ?
Et bien, ce n'était qu'un tout petit coin isolé de la vaste salle où des sièges étaient confortablement installés autour d'une petite table, faite de chocolat blanc.
Encore plus isolée dans un coin, une commode portait une assiette en verre, mais entièrement vide. C'était bien étrange, pour un endroit où toutes les gourmandises volaient et virevoltaient n'importe où.
Les demi-dieux s'installèrent sur les sièges qui avaient la même consistance et odeur qu'un marshmallow, ce qui troubla fortement Thésée. Son ventre gronda de plus belle.
-Bien ! (Adéphagie se reposa sur un petit nuage en barbe à papa et soupira de plaisir.) Jeunes demi-dieux, il est l'heure de l'histoire !
De l'histoire ? Mais de quoi parlait-il ? Apparemment, les autres étaient tout aussi perplexes que Thésée. Léo se gratta la tête en se demandant de quelle histoire parlait-il, et c'est Annabeth qui devina la première.
-Il veut bien sûr parler de notre histoire, et de ce qui nous amène ici, bande d'andouilles !
C'est une fille d'Athéna, pensa Thésée.
Il la laissa alors raconter toute l'histoire, du moment où ils ont commencé leur quête, jusqu'à maintenant en passant par leur rencontre avec Thésée, et Léo faisait quelques commentaires sur ses exploits personnels, sans que personne ne lui en tienne rigueur.
Thésée se rendit compte que son mensonge à propos de son nom était bien passé, puisqu'aucun ne lui demanda confirmation.
Pendant son récit, l'esprit de la gourmandise prenait entre ses doigts sa longue moustache tout en regardant des cupcakes passer. C'était comme s'il les écoutait d'une oreille tout en pensant à ce qu'il dégusterait pour le goûter, mais ça ne dérangea pas la blonde.
-Ah, soupira Adéphagie en basculant sa tête en arrière, ça me rappelle de bons souvenirs, tout ça. Ces bons vieux temps où je me baladait de ville en ville, faisant goûter mes merveilles à qui voulait, et où les...
-Donc pouvez-vous nous aider ? coupa Piper. Ô Adéphagie, esprit de la gourmandise et des mets exquis.
L'homme moustachu cligna des yeux à plusieurs reprises : ça devait faire longtemps qu'on ne lui avait pas coupé la parole comme venait de faire la fille d'Aphrodite.
Cette dernière resta impassible après avoir été si audacieuse, ce qui obligea Adéphagie à répondre à sa question.
-Oui, jeune fille, je peux vous aider. (Son visage devint soudain plus grave. Sans doute parce qu'il n'a pas pu déblatérer tous ses beaux souvenirs de jeunesse.) Mais pour ça il faut que vous me disiez exactement ce que je peux bien vous apporter, n'est-ce-pas ?
Thésée fronça les sourcils. Mais où voulait-il en venir, au juste ?
Les demi-dieux et Grover, eux, s'échangèrent des regards entendus. Que mijotaient-ils ?
Piper se tourna vers Thésée, les yeux pleins d'appréhension.
-On... nous... nous n'avons pas été entièrement honnêtes envers toi, dit-elle enfin. En fait, ce que veut dire Adéphagie, c'est que pour se lancer dans une quête, les demi-dieux doivent rendre visite à un Oracle pour les guider. Il nous aide en nous révélant une prophétie. Et cette quête ne fait pas exception.
Pas honnêtes. Oracle. Prophétie. Quête.
Tout ça sonnait familier dans l'oreille de Thésée.
Mais en y réfléchissant deux secondes, cela voulait dire que les demi-dieux lui avaient menti ! Ils étaient en fait là parce qu'une prophétie les avait guidé jusqu'ici ! Tout un délire, en somme !
-On sait que ça peut te faire un choc, reprit Percy la voix soucieuse. Mais dans notre colonie, l'Oracle de Delphes nous apparaît quand une quête est lancée où dans des cas urgents. Il nous permet de ne pas faire n'importe quoi et de rentrer sains et saufs. Enfin... en fonction de ce que la prophétie veut nous révéler. Tu comprends ?
En voyant l'air soucieux de ses camarades, Thésée se rendit compte qu'il n'avait pas prononcé un mot et gardé un visage stoïque tout ce temps. Il devait se réveiller, et vite.
-Oui, je comprends, marmonna-t-il en agitant de la tête. Mais si je comprends bien, la... la prophétie qui vous a mené jusqu'ici a un rapport avec Adéphagie, c'est bien ça ?
Il regarda tour à tour ses camarades, comme s'il les rencontrait pour la première fois.
Alors comme ça, ils avaient reçu une prophétie... de Delphes, en plus. Décidément, ces demi-dieux cachaient bien des choses. Qui sait s'ils n'avaient pas encore d'autres secrets à cacher...
Avant qu'ils ne disent quoi que ce soit, Thésée se risqua à prendre la parole.
-Et qu'en est-elle... donc ?
Silence.
Seules les confiseries qui s'écrasaient au sol ou qui passaient près des visages dérangeaient l'ambiance.
Mais alors quand enfin Annabeth ouvrit la bouche pour, probablement énoncer la fameuse prophétie, Adéphagie se redressa sur son fauteuil de nuage.
-Ce n'est pas nécessaire de parler de ça maintenant, dit-il en agitant nerveusement la main. Je sais de toute façon ce qu'il faut faire, maintenant tout de suite.
Une lueur de malice passa dans son regard chocolat.
Thésée ne comprenait pas pourquoi il ne voulait pas entendre la prophétie, et au vu des expressions de ses camarades, ils se disaient la même chose.
Frank fut le premier à réagir. Il fronça les sourcils et se redressa, donnant encore plus de carrure à son grand gabarit.
-Euh... où voulez-vous en venir, au juste ?
L'esprit de la gourmandise passa sa langue sur ses lèvres.
-Vous allez devoir me rapporter quelque chose pour moi, bien sûr, annonça-t-il d'une voix mielleuse.
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