Fais chier !
Thésée avait répété cette phrase au moins une dizaine de fois pendant le trajet.

Les furies n'étaient pas des créatures faciles à tuer. Et ça l'était encore moins en plein vol, à cheval sur un pégase et avec quelqu'un derrière soit.
Elles avaient commencé à les attaquer une heure après leur première pause, c'est à dire plus de trois heures après leur départ du Camp Jupiter. Heureusement que Thésée avait mangé, sinon il aurait été dans une sacré mauvaise humeur.

-Il faut se poser, et tout de suite ! S'écriait-il, tandis qu'il repoussait une énième attaque d'une furie.

-C'est ce que j'essaie de faire ! Cria alors Lavinia, qui pourfendait l'air avec des flèches de sa manubalista. Mais elles nous lâchent pas les basques ! Et elles nous suivront quand même !

Pour confirmer ses propos, une des furies piqua droit sur le cheval de Lavinia. Mais le pégase envoya valser la créature d'un coup d'aile, ce qui n'aida pas vraiment la jeune fille à garder l'équilibre sur son dos.

Thésée réfléchissait à toute vitesse. Comment se faisait-il que des furies viennent les attaquer, alors qu'elles devraient être aux Enfers, aux côtés du seigneur Hadès ?
Ces créatures ressemblaient à des femmes, leurs ailes étaient crochues et de la fumée noire se dégageait de leurs corps et leurs cheveux. Elles avaient de longues griffes et des dents pointues, qui tentaient de leur déchirer les vêtements et les cheveux.

Thésée utilisait sa force pour contrer leurs attaques, mais elles revenaient toujours à la charge, toujours plus fortes, toujours plus voraces.
Derrière lui, Piper lui comprimait les côtes en essayant tant bien que mal de ne pas tomber, et tentait de projeter sa voix d'enjôleuse le plus loin possible pour atteindre les monstres. Mais le temps commençait à se couvrir, et les furies étaient particulièrement déterminées à les pourchasser coûte que coûte.

-Qu'est ce que vous nous voulez ! S'écria Thésée, en parant une fois de plus les ailes d'une furie. Laissez-nous tranquille !

-Tu aimerais bien, hein ? Cria une des furies. (Ses yeux brillaient, et elle sourit d'un sourire carnassier.) Mais la tâche serait beaucoup moins drôle si on ne s'amusait pas un petit peu avec vous !

La créature piqua droit sur lui, griffes sorties, et Thésée la repoussa avec son épée.

-Thésée, attention !

Le garçon évita de justesse les ailes de l'autre furie qui frôlèrent sa tête. Sans l'avertissement de Piper, une seconde de plus et il était fichu.
Lavinia balançait toujours des flèches avec son arbalète, mais le temps qu'elle remonte un carreau une furie plongeait droit sur elle, et son pégase l'esquivait en hénissant.

-Allez-vous en ! Cria alors Piper, en insufflant dans sa voix autant de puissance qu'elle le pouvait. On ne vous a rien fait !

La furie se suspendait dans les airs, et son visage de fumée s'étira en un sourire cruel.

-Crois ce que tu veux, éructa une furie en les secouant avec ses ailes. Mais ça ne nous empêchera pas de vous attraper, et d'accomplir notre tâche !

Là-dessus, elle lâcha un terrible hurlement et fonça sur eux, les pattes arrières en avant, prête à les transpercer. D'un geste vif, Thésée envoya valser la furie avec sa claymore, ce qui déstabilisa sa monture.
Le cheval ailée henni de frayeur et se cabra dans les airs, si bien que Thésée dû se cramponner à sa crinière pour ne pas tomber. Il entendit Piper crier, puis il la sentit le serrer fort contre lui, poitrine contre son dos, ce qui ne présageait rien de bon quand à la situation.

Plus le choix. Il fallait en finir.
Thésée redressa le pégase et grogna de colère.

-Ça suffit ! Dégagez avant qu'on ne vous mette en pièces !

-Essaie un peu, pour voir !

Une furie s'approcha dangereusement de Thésée. Le garçon la menaça avec son épée. Il entendit Lavinia crier derrière eux, les deux autres créatures devaient les pourchasser.
Thésée plongea soudain dans les yeux de la créature, d'un noir glacial, qui brillaient d'une lueur sombre, et il sut alors qu'elle savait quelque chose à son sujet. À y voir son sourire, son expression tordue, c'était comme si elle attendait que quelque chose se produise, comme si elle attendait que Thésée fasse quelque chose qui les ferait tous tomber.

L'orage gronda, et soudain le ciel se remplit de nuages sombres, d'un noir menaçant.
Thésée sortit de sa transe et posa une main sur le bras de Piper, comme pour s'assurer qu'elle était bien là. Il fallait faire quelque chose sur le champ.
Une main dans sa sacoche, Thésée leva l'autre bras en direction de la furie et tendit trois des ses doigts vers elle : le signe que l'on faisait pour chasser les mauvais esprits, et cria :

-Ha-di !

Là, la créature explosa en plein ciel dans un hurlement horrible. De la poussière dorée s'évapora dans les airs, et il en eut pleins les yeux.
Tournant la tête, Thésée fixa les deux autres furies et, d'une seule main, il lança un poignard en direction d'une créature, après s'être assuré de ne pas blesser Piper. Le poignard atterrit en plein dans la tête de la furie, qui se désintégra aussitôt.
Enfin, Thésée tendit le bras vers la dernière créature, qui s'acharnait sur la tête de Lavinia. Là, une bourrasque de vent projeta la furie droit sur Thésée et, en un geste, elle fût transpercée par l'épée de Thésée, et en tomba raide morte.

Le vent souffla dans les cheveux de Thésée. Il regarda vers Lavinia. Celle-ci avait les cheveux tout ébouriffés, l'air ahurie, mais elle et son pégase semblaient en vie.
Il allait demander à Piper si elle allait bien quand le tonnerre gronda au-dessus de leur tête encore plus intensément.
Quoi ? Mais qu'est-ce que c'est que ce cirque !
Le temps avait brusquement changé. Des gouttes tombèrent sur son front. Au-dessus d'eux, les nuages sombres menaçaient d'exploser.
Thésée fronça les sourcils. Mais que se passait-il, à la fin ?

-Nous devons nous poser, lança alors Piper l'air grave. Maintenant.

Son ton insinuait l'ordre. Thésée était d'accord avec elle.
Mais avant qu'ils puissent faire quoi que ce soit, le tonnerre retentit et se répercuta sur des kilomètres, si fort que les demi-dieux crurent que leurs oreilles allaient exploser. Là, des torrents et des torrents de pluie se déferlèrent sur eux, les trempant tout entier en à peine une demi-seconde.

-J'sais pas vous, mais j'ai l'impression qu'un certain dieu nous en veut, là-haut ! S'écria Lavinia en se protégeant la tête avec son bras.

-Mais comment ? (Piper s'accrochait désespérément au torse de Thésée.) Ce n'est pas ce qu'ils veulent, justement, que nous soyons là ?

Un éclair jaillit du ciel non loin d'eux. Les pégases hennirent de frayeur et se cabrèrent, puis un autre coup de tonnerre retentit.
Et un autre. Et un autre.
A chaque coup, le tonnerre devenait plus fort, plus brute, plus... barbare.
Thésée aurait mit sa main à couper que ces coups de tonnerre ne venaient pas du dieu auquel ils pensaient tous.

La pluie lui brouillait la vue, les bourrasques de vents les percutaient de plein fouet, et les éclairs menaçants les empêchaient de garder leur trajectoire. Le pégase commençait à perdre ses repères, il hennissait sans cesse et le cheval de Lavinia n'en menait pas large non plus, s'ils ne faisaient rien cela risquait de tourner à la catastrophe.
Mais que faire ? Thésée ne pouvait rien contre le tonnerre avec son épée, et la pluie était trop forte pour tenter quoi que ce soit avec ses pouvoirs, alors...

-Là !

Piper montra du doigt quelque chose devant eux. Sous la tempête, Thésée aperçut des lumières briller dans le brouillard : une ville était proche.
Puis Thésée remarqua une autre lumière, plus proche d'eux. L'espoir que cela pourrait être un refuge le fit réagir instantanément.

-Par ici ! Cria-t-il pour se faire entendre par Lavinia. Déposons nous par là, avant que ça commence sérieusement à nous...

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase. Le tonnerre retentit, la pluie prit plus d'ampleur, les vents se déchaînèrent et un éclair passa au raz de l'aile de Romulus.
Le cheval hennit. Piper voulu intervenir avec sa voix. Thésée voulu utiliser ses pouvoirs, mais il n'avait pas eu le temps d'y penser que le pégase chuta sur le côté.

Tout se passa très vite. Piper et lui glissèrent du dos de Romulus. Lavinia poussa un cri étranglé, avant de les prendre en chasse avec son cheval.

Thésée s'accrocha désespérément à la selle du pégase, attrapant à la dernière seconde la main de Piper, qui hurlait d'épouvante.
Le cheval hennissait en essayant de se redresser, en vain, alors ils chutèrent droit sur la terre, le tonnerre retentissant derrière eux, et Thésée ne pensa plus à rien sauf à leur chute sans doute fatale.

-Thésée !

Le garçon baissa le regard sur Piper, et ses intentions lui parurent aussitôt claires.
Thésée regarda la terre ferme, ferma les yeux et se concentra. Là, il poussa un hurlement, et à la seconde où un autre éclair jaillissait, un vent effroyable vint les heurter de plein fouet et les porta tout droit à terre.
Ils se heurtèrent contre les arbres, rasèrent des buissons pour au final s'écrouler dans les hautes herbes, et ce sous une pluie torrentielle. Au moins ses pouvoirs avaient légèrement amorti chute.

Lui, ne fût pas blessé.
Mais quand il entendit un hurlement près de lui, il sût que ce n'était pas le cas de tout le monde.
Thésée crut d'abord que c'était Piper, et il se leva en vitesse. Puis il découvrit Lavinia, étendue dans les hautes herbes, trempée jusqu'aux os, qui tentait en vain de se relever et... Ah, oui. Pas la peine d'être un bon médecin pour savoir que sa cheville droite formait un angle anormal.

Thésée se dirigea vers elle, et aperçu Caramel à quelques mètres d'elle qui s'épuisait à se relever.

-Vite, dit Thésée en s'agenouillant auprès de Lavinia. Il faut se dépêcher.

-Et de quoi ? On est déjà assez dans le pétrin pour que quelque chose d'autre puisse... AH !

Elle gémit de douleur et se plia en deux, et Thésée passa son bras au-dessus de son épaule pour la relever. Lavinia n'avait d'autre choix que de se reposer sur lui, et le garçon leva les yeux dans l'espoir de voir arriver Piper.

Ouf, la fille d'Aphrodite apparut enfin. Elle ne marchait pas droit, mais elle avait l'air d'être en un seul morceau. Ses cheveux lui collaient le visage, ses vêtements trempés et déchirés devenaient transparents et du sang coulait d'une vilaine entaille à son front, mais Thésée fut soulagé de la voir encore en vie.

-Par ici, s'écria-t-elle par dessus la pluie torrentielle. Je crois qu'il y a quelque chose, pas très loin, et Romulus peut encore marcher, on va pouvoir se mettre à l'abri.

-Emmène les deux chevaux, trancha Thésée en soutenant Lavinia, on te suis.

Piper ne se fit pas prier et accouru vers Caramel qui, à l'entente du nom de son camarade, s'était levé d'un seul bond.
Les trois demi-dieux s'engagèrent alors dans les hautes herbes sous la pluie qui ne cessait de les agresser, suivis par Romulus et Caramel qui s'efforçaient de ne pas s'écrouler, jusqu'à ce dit abri.

Il s'agissait en réalité d'une grange perdue au milieu d'une petite clairière, en bois avec un toit en pointe, et où une échelle donnait accès à la partie supérieure.
Ensevelie sous les branchages, une caravane était abandonnée juste à coté de la grange.

Ils entrèrent à l'intérieur.
Des tas de paille étaient éparpillés de partout, et Thésée pria pour que personne ne soit venu ici depuis longtemps.
Thésée allongea Lavinia sur un parterre de paille à l'entrée de la grange pendant que Piper faisait entrer les deux pégases épuisés.
Le garçon examina la cheville de Lavinia, et il grimaça en voyant l'angle disproportionné et le gonflement du pied.

-C'est pas beau à voir, c'est ça ? Suinta Lavinia d'une voix rauque.

-Il faut la soigner tout de suite, dit Thésée en guise de réponse. Tiens, prend du nectar pour l'instant.

Il lui donna la bouteille qu'il avait dans sa sacoche, puis il sortit un briquet et s'occupa de faire un feu au centre de la grange, avec de la paille humide et des petits cailloux. Au bout de quelques instants et un peu de volonté, de petites flammes émergèrent et illuminèrent la pièce d'une lueur orangée.

-Les médicaments qu'on a apportés devraient faire l'affaire, murmura Thésée en rejoignant Lavinia. (Puis il se tourna et chercha Piper du regard.) Piper, dis moi qu'on n'a pas perdu...

Piper lui tendit la sac de plantes médicinales avant même qu'il ne le demande. Thésée la regarda, surpris sur le coup, puis prit le sac dans les mains.

-Merci, dit-il en cachant son air impressionné.

-Je vais m'occuper des chevaux, dit-elle d'un air entendu. Et on trouvera une solution après tout ça.

Là-dessus elle se dirigea vers les deux grandes portes en fer pour les refermer.
Et puis elle s'arrêta net.
Thésée tourna la tête vers elle, et en resta béat : la pluie s'était presque arrêtée. Il ne restait plus que de fines gouttes qui perçaient les nuages, devenus plus clairs à présent, et de fins rayons de soleil illuminaient les arbres.
C'était comme si le temps avait décidé brusquement de se calmer après qu'ils se soient mis à l'abris.

Thésée observa Piper refermer les portes doucement, et il essaya de se convaincre que ce n'était qu'une coïncidence.
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Voilà voilà !
Alors, comment vous avez trouvé cette partie ?
Dur dur, pour un début de quête !

J'espère que mon histoire vous plait tout autant, en tout cas la rentrée approche et j'ai peur de ne pas être à la hauteur de mettre à jour toutes les semaines, mais bon on verra comment ça va se passer !
Je vous informerai, de toute façon du rythme de publications qui risque de changer, j'en parlerai sur ma page de message de mon compte ^^

Comme je l'ai dit dans le chapitre précédent, les commentaires de cette partie vont en fait le chapitre qui précède, à cause d'un beug de wattpad 😅

En tout cas, je vous souhaite de très bonnes fin de vacances et... au fait, vous aimez bien les images que je mets au début des chapitres ?

Prenez soin de vous les gars ! ❤