Chapitre 5 : Crise
𝑳𝒆𝒆 𝑴𝒊𝒏𝒉𝒐 -
« Je te l'avais bien dit ! »
La voix de Changbin est plus grave et sérieuse que jamais.
« C'est bon Changbin, arrête de crier. Tu vas le réveiller. »
Celle de Chris est plus posée mais l'inquiétude qui transparaît dedans n'en paraît que plus accrue.
« C'était vraiment violent Minho ?
- Sinon je vous aurais pas appelé. »
Des trois la voix de Minho est celle qui tremble le plus.
« J'avais pas vu quelqu'un comme ça depuis... »
Il n'a pas besoin de finir, ils ont comprit. La main de Chris se pose sur la sienne et la serre doucement. Il se veut rassurante mais sa mâchoire serrée démontre que lui-même ne se sent pas bien.
« La situation est différente, Minho, finit-il par dire à mi-voix.
- En quoi ?
- Elle l'est. »
Le silence se fait dans la cuisine de Changbin et Chris dans laquelle ils se sont retrouvés. Leurs visages sont tendus et leurs muscles contractés. La visite de l'exposition ne s'est pas passée comme prévue. Pas du tout.
« Euh...
- Jisung ! »
Changbin se lève et se précipite vers le blond qui a un mouvement de recul et qui tend ses mains devant lui, comme pour instaurer une distance de sécurité entre lui et son tuteur.
« Je suis désolé, murmure-t-il.
- Mais de quoi ? demande Chris doucement.
- De vous avoir inquieté. »
Il fuit leurs regards et Minho sent son cœur se serrer.
« Je vais bien, vraiment. Je suis juste fatigué. »
C'est faux, il ne va pas bien. Il n'y a qu'à voir ses ongles rongés jusqu'au sang pour le voir. C'est à se demander comment ils ont fait pour ne pas le voir plus tôt.
« Merci pour tout Minho.
- Je te raccompagne.
- C'est pas-
- Je te laisse pas le choix. »
Le brun se lève et attrape une casquette qu'il enfonce sur son crâne.
« Je reviens, dit-il à l'attention de Chris et Changbin qui n'ont pas bougé et qui fixent Jisung, un air désolé sur leurs visages.
- Appellez nous si besoin. »
Minho hoche la tête à l'attention de Chris avant de tendre sa veste à Jisung qui l'enfile sans un mot, le regard toujours fixé sur ses chaussures. Aucun mots n'est prononcé avant qu'ils ne soient dehors. La brise de fin d'avril fait voler les cheveux de Jisung qui les remet en place d'une main fébrile.
Minho aimerait dire quelque chose. Mais quoi ? Il a tellement peur de faire une gaffe...
Ils marchent côte à côte et Minho peut voir ses épaules qui se soulèvent à intervalles irréguliers. Il veut faire quelque chose, désespérément. Il doit faire quelque chose.
Sa respiration a lui aussi s'accélère alors que sa main avance peu à peu vers celle de Jisung qui tremble toujours. Il la frôle à peine qu'il le blond s'écarte, sans un mot, le visage tourné de l'autre côté. Mais Minho ne peut pas arrêter. Il a trop peur de parler, il n'a jamais su le faire de toute façon. Lui il préfère l'action, il préfère montrer les choses par les gestes. Alors sa main repart. Cette fois-ci lorsque leurs deux mains se frôlent Jisung ne s'écarte pas. Ses dents capturent sa lèvre inférieure qui ne semble vouloir cesser de trembler elle aussi. Les doigts de Minho descendent donc le long de son poignet et Jisung s'écarte de nouveau, mais c'est pas grave parce que s'il l'a laissé s'approcher c'est que ça le dérange pas. Et la fois suivante les doigts du blond s'écartent légèrement pour laisser passer ceux de Minho.
Jamais il n'a vu quelqu'un trembler autant. Rectification : jamais il n'a vu quelqu'un trembler autant et continuer de marcher comme si de rien n'était.
Leurs doigts ne se lâchent plus. Même si Minho le sent tirer dessus parfois - toujours sans prononcer un mot - il refuse de le laisser s'en aller.
Le trajet leur prend une quinzaine de minutes. Un quart d'heure de silence. Les tremblements de Jisung se sont un peu calmés lorsqu'ils arrivent en bas de chez lui.
« Écoute Minho, commence Jisung en s'arrêtant. Je voulais pas-
- S'il te plait, ne termine pas ta phrase.»
Le blond baisse les yeux vers ses pieds et Minho attrape sa deuxième main.
« Ça fait longtemps que ça dure ?
- Depuis toujours je pense.
- On t'aidera.
- Ça marche pas comme ça... »
Jisung tire sur ses mains, le forçant à les lâcher.
« Vous ne pouvez pas soigner dix huit ans d'anxiété comme ça.
- Non mais on peut être là pour te soutenir.
La voix de Minho est plus faible. Il a eu si peur tout à l'heure quand Jisung s'est effondré sur lui.
« Je vais rentrer, je suis fatigué.
- Je ne sais pas si je peux te laisser seul, repond Minho honnêtement.
- Je ne suis pas suicidaire, ricane Jisung.
- C'est pas drôle.
- Il vaut mieux en rire, Minho. »
Mais Minho ne rigole pas du tout.
« C'est pour ça que je voulais pas vous en parler (il secoue la tête et recule d'un pas). À chaque fois c'est pareil, les gens ne voit plus que mon anxiété. Je suis plus rien d'autre à leurs yeux, et ils me regardent avec le même regard que toi. »
Il se mord la lèvre. Minho cligne des yeux furieusement.
Comment fait-on pour aider quelqu'un qui est persuadé que le monde est contre lui ?
« Vas te reposer, Jisung. Demain je viens te chercher à dix heures.
- Il faut que je travaille.
- On travaillera, promis, mais je veux te montrer quelque chose avant. »
Jisung hesite un moment puis finit par hochet la tête. Minho souffle de soulagement avant de tendre son poing pour que Jisung cogne dedans avec le sien.
« Je ne fais jamais de promesses, dit-il. Mais je te promet d'essayer. »
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