Chapitre 12 : Waterfall
Je le post maintenant parce que je pars en soirée :)
TW : crise d'angoisse (pas fou pour finir l'année j'avoue, c'était pas prévu je jure !)
𝑯𝒂𝒏 𝑱𝒊𝒖𝒏𝒈 -
Minho déverrouille la porte de son studio et va déposer la boîte en carton sur la table. Jisung le regarde faire en se tenant dans l'encadrement de la porte, ses mains au fond de la poche ventrale de son hoodie. Il n'est pas très à l'aise. Qu'est-ce qu'il fait là en vérité ? Pourquoi est-ce que Minho a accepté de le ramener chez lui ?
« Tu peux entrer, Jisung, » dit-il alors, le coupant dans ses pensées.
Il avance d'un pas, son regard volant partout autour de lui, cherchant désespérément à trouver quelque chose sur lequel se fixer. Le placard de l'entrée ? Trop bas. La cuisinette dans le coin ? Trop loin ? Le lit ? Certainement pas. Minho ? Encore moins.
Encore moins.
Sauf que la seule chose qu'il peut voir à cet instant, c'est son dos et curieusement il ne peut pas détourner son regard. Le plus vieux enlève sa casquette et la pose sur la table avant d'enlever sa veste en cuir pour la laisser tomber sur le lit. Il semble fouiller quelque chose dans ses placards et Jisung déglutit. Est-ce parce que l'adrénaline court encore dans ses veines suite à la dispute avec Alix et que ses sens sont plus vifs que d'habitude qu'il remarque à quel point Minho est musclé ou est-ce qu'il n'y avait juste jamais fait gaffe ?
Le concerné doit sentir un regard posé sur lui parce qu'il se retourne pour fixer Jisung qui, malgré tous ses efforts, n'arrive pas à détourner le regard.
« Tu peux entrer un peu plus, » sourit Minho en passant derrière lui pour fermer la porte.
Leurs bras se frôlent et Jisung frissonne. La porte claque alors et le bruit de la clé dans la serrure le fait sursauter.
« Tu veux prendre une douche avant de manger ? »
Il hoche la tête en guise de réponse, pas vraiment enclin à parler, mais Minho ne semble pas s'en formaliser et lui tend simplement une serviette.
« Je suis juste à côté si tu as besoin de quoi que ce soit. »
Il attrape un jogging et un tee-shirt qu'il lui donne et Jisung disparaît dans la petite salle de bain. Il a l'impression de naviguer dans le brouillard depuis qu'il a quitté son appartement pour celui de Minho. Des bribes de sa dispute avec Alix apparaissent dans son esprit par intervalle irrégulier, remplacé par d'autres, puis par d'autres souvenirs encore plus anciens. Ses larmes se mêlent à l'eau chaude qui s'échappe dans les canalisations et il se retrouve obligé de se tenir aux parois pour ne pas glisser.
Ça monte, doucement, sûrement. Il le sent, ça monte.
Lorsqu'il sort Minho lui jette un regard mais ne fait aucune remarque sur ses yeux rouges. Il lui indique simplement la table sur laquelle trône un plat de riz au poulet.
Il est resté si longtemps sous la douche ?
« C'est les restes d'hier, lui dit Minho comme s'il avait lu dans ses pensées. Je n'ai pas grand-chose d'autre si tu as encore faim. Il faut que je fasse des courses. »
Voilà, avec une seule phrase – pourtant anodine – Minho a fait déborder le vase. C'est comme un raz-de-marée. Ça monte d'un coup, c'est impossible à arrêter, ça détruit tout sur son passage. La dernière barricade qui s'accrochait tant bien que mal vient de sauter dans le cœur de Jisung. Un gros sanglot se coince en travers de sa gorge et la vague d'eau salé qui s'abat sur lui le fait s'effondrer dans les bras de Minho qui ne peut rien faire d'autres que le serrer contre lui en espérant éviter les débris que la vague charrie sur son passage.
Il dure ce raz-de-marée, il fait foutrement peur et le riz est froid maintenant.
Jisung est recroquevillé dans les bras de Minho mais il pourrait tout aussi bien se trouver en haut de la tour Eiffel qu'il n'en aurait pas plus conscience. Sa vision est floue et ses oreilles sont bouchées : il est sous l'eau. Trouvera-t-il la force de battre des pieds ?
Il entend à peine quelqu'un lui murmurer quelque chose à l'oreille, mais à ce stade il ne sait plus si c'est Alix ou Minho. Ça pourrait bien être son père pour ce qu'il sait.
Ça devait être Minho puisque soudainement il ne sent plus le carrelage froid sous ses fesses et ses pieds ne touchent plus terre. Instinctivement, il s'accroche au cou de Minho. Son tee-shirt est mouillé. C'est lui qui l'a trempé comme ça ? Il ne sait pas. Il ne sait plus.
Est-ce qu'il s'est endormi ? Peut-être. La réalité n'est plus qu'un océan de doute dans lequel il se noie.
Est-ce que c'est un sanglot qui lui parvient depuis derrière sa barrière ouatée ? Ce n'est pas le sien. Une voix passe au travers de son hallucination. Non, deux voix.
« Je ne savais pas quoi faire...
- Calme-toi Minho. Tu vas le réveiller.
- Comment veux-tu que je me calme ? Il vient de passer une heure entière à pleurer ! »
Une respiration hachée.
« Je ne savais même pas que c'était possible de pleurer autant. »
Silence entrecoupé de reniflement.
« Je croyais qu'il allait mieux depuis qu'il était avec nous...
- C'est ma faute.
- Non, Minho...
- Si je n'avais pas été aussi con peut-être que-
- Tu n'es pas responsable de ses problèmes d'anxiété.
- Il n'a personne, hyung.
- Et sa famille ?
- Il n'en parle jamais.
- On est là, nous.
- Bah ouais, on est vachement utile ! Regarde dans quel état il est...
- Minho... »
Jisung ne remarque même pas combien sa voix est faible, ni qu'il a oublié les honorifiques, il regarde juste Minho qui s'est figé en entendant son nom prononcé dans son dos. Il se retourne pour venir plonger son regard dans le sien et Jisung s'y noie un instant avant de détourner le regard. Il en oublierait presque Chan. Presque parce que ce dernier s'est levé pour s'asseoir à côté de lui et pour le serrer fort dans ses bras.
« Ji, souffle-t-il. J'ai eu si peur quand Minho m'a appelé, souffle-t-il dans son cou.
- Je suis désolé.
- Arrête, c'est nous qui sommes désolés. »
Il le lâche doucement et Jisung lève timidement la tête vers Minho qui le regarde déjà tristement, encore assis sur une chaise de la cuisine, les yeux rouges.
« T'as pleuré ? chuchote Jisung.
- J'ai hydraté ma peau.
- Minho.
- Tu m'as regardé droit dans les yeux et tu m'as juré que ça allait mieux, dit-il simplement.
- Je n'ai pas menti, dit-il faiblement.
- Je veux juste t'aider, Jisung, dit Minho et sa voix est plus coupante qu'une stalactite. Si tu continues de rester dans ton coin sans rien me dire, on ne va pas s'en sortir.
- Sans rien nous dire, » corrige alors Chan en attrapant son menton pour qu'il le regarde.
Ses yeux chocolat n'ont jamais paru si doux à Jisung alors qu'il passe ses pouces sous ses yeux pour chasser l'eau qui semble vouloir déborder de nouveaux.
« Il faut que tu comprennes, en tant qu'ami, et en tant que hyung, on tient à toi et on s'inquiète. Et c'est normal. »
Il passe son bras autour de ses épaules et lui sourit doucement.
« Ça ne fait pas de toi quelqu'un de faible ou d'égoïste. »
Les mots de Chan se sont lovés autour de son cœur et le réchauffent doucement.
« Ce n'est pas égoïste de prendre soin de soi. »
Il a dû se rendormir sous l'effet des caresses de Chan dans son cou parce que c'est le bruit de la clé dans la serrure et de la porte qu'on ouvre qui le réveil.
« Je suis désolé de t'avoir dérangé.
- T'inquiètes pas Minho.
- Surtout que ça a dû te rappeler des mauvais souvenirs.
- À toi aussi.
- Quand même je-
- Moi j'ai Changbin pour m'aider.
- C'est vrai.
- Serez-vous les coudes tous les deux, ça ne peut que vous faire du bien.
- Rentre bien, hyung.
- Reposez-vous. »
La porte se referme et quelques minutes plus tard Jisung sent le matelas s'affaisser.
« Tu dors Jisung ?
- Non, répond-il en chuchotant. Il est quelle heure ?
- Un peu plus de 23 heures. »
Il se retourne pour faire face à Minho qu'il distingue à peine dans la pénombre.
« Chan est rentré comment ?
- Il a appelé un taxi, j'ai pas assez de place pour lui ici. »
Ils se fixent en silence.
« Je ne t'en veux pas, Jisung, murmure Minho. J'aurai juste aimé que tu me parles avant d'exploser. »
Il pose sa main sur son épaule et Jisung ferme les yeux.
« Je n'ai pas conscience que ça va vraiment mal avant que ça ne déborde, répond Jisung sur le même ton.
- Qu'est-ce que je peux faire alors ?
- Tu en fais déjà beaucoup.
- Pas assez.
- Si parce que quand je suis avec toi je pense à rien d'autre.
- Alors je resterai tout le temps avec toi. »
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