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CHAPITRE 47 : DEUX ÂMES POUR DEUX BALLES





T H E R A S Y A

🦉

___________________________

POV KYLE

20 H 30

Je serre le volant, le regard fixé sur la route. J'évite de tourner la tête vers elle. Mais je la sens. Tara est assise sur le siège passager, son regard perdu à travers la fenêtre. Elle est calme mais ses doigts bougent sans arrêt. Un signe qu'elle est tendue.

Elle est angoissée.

Je le vois, je le ressens, et ça m'énerve. Pas contre elle. Contre moi. Parce que j'ai cette envie stupide de tendre la main, de glisser mes doigts contre les siens, de la calmer d'un simple contact comme elle le fait avec moi.

Mais je ne peux pas. Je ne dois pas.

C'est un jeu dangereux. Une attraction que je ne contrôle pas, que je ne comprends même pas. Pourquoi elle ? Pourquoi cette envie, ce besoin presque violent d'être proche d'elle, alors que tout me hurle de rester loin ?

Je serre encore plus le volant. Je ne fais rien. Mais putain, j'en crève d'envie.

On est bientôt arrivés, dis-je pour briser ce silence.

Elle hoche simplement la tête.

Je me racle la gorge, cherchant quoi dire. Un truc normal. Sauf que je ne suis pas normal, et encore moins doué pour ça.

T-tu... enfin, ça va mieux ? Genre... t-tu veux que je mette de la musique ?

Putain. Pathétique.

Elle tourne la tête vers moi, un sourcil levé. Elle est en train de me juger, ou je rêve ? Mon cœur s'emballe, je commence à me sentir légèrement anxieux.

J'ai dit quelque chose de mal ? Oui, j'ai dit quelque chose de mal. Sinon, elle m'aurait déjà répondu ? Je ne sais plus...

Réponds-moi, s'il te plait.

Je ravale un soupir. Pourquoi elle parle pas ? Pourquoi elle laisse ce foutu silence s'installer encore ? Je ressens ce truc désagréable qui monte dans mon torse, ce même truc qui me serre à chaque fois que l'air devient trop lourd, trop vide. Ça dure une éternité.

T'as du mal à parler ou c'est juste moi qui te fais cet effet ? lança-t-elle tout d'un coup.

Mon coeur rate un battement en l'entendant.

— Je n'ai aucun problème à parler, répliquai-je en serrant le volant.

Ah ouais ? Pourtant, t'as bégayé, dit-elle simplement en se remettant à regarder le paysage.

J'ai jamais été doué pour gérer ce genre de trucs. D'habitude, c'est Eden qui est plus à l'aise dans ce genre de situation et qui essaie d'apaiser la tension.

Il faut que je me démerde.

— Ce qu'a jeté ce fourgon..., marmonnai-je en fixant la route. T'as vu qui c'était ?

Il allait trop vite, Kyle, murmura-t-elle en jouant avec ce foutu bracelet.

Ce bracelet qui retire toute capacité d'usage de don surnaturel. Je suis plutôt ravi que Jared ait su inventer quelque chose d'utile. Pour une fois, ce merdeux de génie des sciences m'aura servi à quelque chose.

Tu peux me le dire si t'as peur, déclarai-je en la regardant enfin.

Je n'ai pas peur, éjecta-t-elle d'un ton sec.

Tu mens aussi bien qu'Eden, soufflai-je exaspéré. Et ce n'est certainement pas un compliment.

— Je ne mens pas, lâcha-t-elle en me lançant son premier regard depuis que nous sommes entrés dans la voiture.

Son ton est froid, mais ses doigts s'acharnent sur son bracelet.

Je serre la mâchoire et tourne brusquement le volant, me garant sur le côté avant de couper le moteur.

Qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-elle, méfiante.

Je me tourne vers elle, posant un coude sur le volant.

Je suis peut-être nul pour capter les émotions des gens, mais tes mains tremblent. Et tes jambes aussi.

Elle croise les bras et détourne le regard.

— Je vais bien.

Son ton est sec, presque même énervé. Ses doigts se crispent sur ses manches, ses épaules sont tendues. Elle essaie de me la jouer indifférente, mais son corps dit l'inverse.

Tara...

Elle serre la mâchoire et secoue la tête.

— Tu crois quoi, que je vais pleurer dans tes bras ? Me rouler en boule et t'appeler au secours ?

Je la regarde sans rien dire. Elle cherche à détourner la conversation comme elle a l'habitude de le faire quand j'essaie de percer cette foutue carapace.

— Je dis juste que tu peux me le dire, soufflai-je.

Un rire nerveux s'empare de sa bouche.

Et ça changerait quoi, hein ? T'irais buter le mec, et après ? Ça m'empêcherait de voir cette putain d'image dans ma tête ? pesta-t-elle.

Je reste silencieux. Parce qu'elle a raison. Mais je n'arrive pas à la laisser comme ça.

Ses iris d'un brun foncé sont plongés dans les miens. Une seconde de silence. Une foutue seconde où l'air semble s'électriser entre nous.

— T'as jamais eu peur, toi, hein ? murmura-t-elle.

Je serre la mâchoire. Je n'ai pas de réponse à ça. Je détourne les yeux vers le volant, mes doigts tapotent nerveusement le dessus.

— Tout le monde a peur de quelque chose. Même ceux qui ne veulent pas l'admettre, murmurai-je.

— Et même toi ? m'interrogea-t-elle.

J'expire lourdement. J'hésite à répondre mais la voir comme ça, dans un état qu'elle refuse d'admettre, à essayer de cacher qu'elle est terrorisée... Ça me fout une sensation bizarre dans le ventre. Est-ce que si je me livre un peu, elle me fera confiance ?

Je me racle la gorge, essayant de trouver mes mots.

— Oui, moi aussi.

Elle se tait. C'est comme si sa respiration c'était arrêté à cause de ma réponse. Si je la regarde maintenant, je vais me trahir. J'ai déjà trop dit.

Je prends une inspiration discrète, mais ça ne change rien. Cette sensation dans mon ventre ne part pas.

— Les souvenirs représentent une peur... Une frayeur...

Les mots sortent sans prévenir, plus sincères que je l'aurais voulu. J'ai horreur de ça. D'être trop clair, trop lisible.

Tara ne dit toujours rien. Elle ne pose pas de questions, elle ne commente pas. Juste sa présence, son silence... D'habitude, j'ignore ces pensées. Je les enterre, les remplace par autre chose. Mais là, impossible. Une fois avoir ouvert ce sujet, je n'arrive plus à me concentrer sur autre chose.

Donc je sais ce que c'est d'être effrayé.

Si elle posait des questions, si elle me poussait à parler, je pourrais trouver une excuse pour couper court. Mais là... Là, c'est comme si elle me laissait le choix. Et je n'aime pas ça, parce que je ne sais pas quoi en faire.

Je fais toujours le mauvais choix.

Je passe une main sur ma nuque, l'autre toujours crispée sur le volant.

Oublie ça.

Ma voix sonne plus froide que prévu.

Te souvenir de quoi, Kyle ? lança-t-elle d'un coup.

Un frisson me traverse. Je ne m'y attendais pas. Pas à ce qu'elle pose la question aussi directement. Mon cœur se met à cogner trop fort. J'ai l'impression d'être à une séance de psy. Eden me poussait à en voir un, mais j'ai toujours refuser. Ils m'écoutent simplement pour prendre mon argent mais en cherchent pas véritablement la solution à mon état.

" Elle t'abandonnera comme ta mère..."

La voix résonne dans ma tête, sifflante, moqueuse, comme un murmure que je suis le seul à entendre.

Ma gorge se serre. Trop de souvenirs, trop de flashs que je refuse de revoir.

Je me referme, instinctivement.

Je ne réponds pas.

Le silence s'étire et devient une ombre entre nous.

Je tourne la clé pour réveiller le moteur.

J'ai besoin de fuir ce qui menace de remonter

Kyle.

Sa voix me ramène sur Terre.

Je tourne ma tête vers elle. Sa main se pose sur mon épaule comme pour m'accrocher à cette réalité que je lutte sans cesse à échapper.

Le jour ou tu voudras toi-même te livrer à moi, sache que je serai prête à t'écouter. Je te l'ai déjà dit.

Elle parle calmement, sans reproche, juste... avec une sorte de douceur qui me désarme complètement.

Pourquoi ils n'étaient pas doux comme elle ?

Je relâche un peu la pression.

La confiance viendra tôt ou tard... Elle marque une pause avant d'ajouter : Ce qui compte, c'est que tu sois proche d'Eden. Que toi et ton cousin restiez liés. Parce que c'est ça, la vraie force... l'amour de la famille.

Un souffle m'échappe.

Famille. Amour. Deux concepts qui me paraissent tellement flous.

Elle poursuit :

Quand j'étais gamine, je pensais que le pire dans la vie, c'était d'être seule.

Elle regarde ses mains qui continuent de jouer avec ses manches. J'entends une fissure dans ses mots, sa voix se brise au fur et à mesure.

Mais en fait... je crois que le plus horrible, c'est de savoir qu'à peine je suis née, j'avais déjà des ennemis...Et la plupart viennent de ma propre famille.

Je déglutis, incapable de répondre.

Ma tante... Ma grand-mère qui voulait empêcher ma mère de m'accoucher... Qui voulait me tuer en pensant que j'étais un cas perdu. Et au final...

Elle marque une pause et je la vois fermer les yeux. J'entends un tremblement dans sa voix, comme si elle allait pleurer.

— Je me dis qu'elle aurait dû le faire.

Mon estomac se serre.

Quoi ?

Personne ne te fera du mal tant que je serai là, princesse.

Parce que c'est tellement épuisant d'exister en sachant que je ne peux même pas m'aimer comme je suis.

Un rire sans joie lui échappe, étouffé, brisé. Tandis que je reste choqué de ses paroles.

— Je fais semblant d'être insensible, alors qu'en réalité, je ressens tout... beaucoup trop. Mais ça, personne n'en a rien à foutre. Parce que je suis différente. Parce que pour eux, ma douleur ne compte pas. Parce qu'ils pensent que je ne souffre jamais assez pour mériter leur putain de compassion.

Nos regards se croisent. Mon coeur se met à battre plus vite en voyant ses yeux briller.

Ses magnifiques yeux...

Mes doigts effleurent son visage, glissant une mèche de cheveux derrière son oreille. Ma paume se pose sur sa joue. Mes mouvements sont automatiques, on dirait que je n'ai aucun contrôle sur mon corps.

Elle ferme les yeux à mon contact. Une larme roule lentement sur sa peau que j'essuie avec mon pouce.

Je crois que c'est la première fois que je la vois pleurer, depuis tout ce temps.

Les personnes les plus proches de toi sont souvent les premières à te planter un couteau dans le dos... et toujours au moment où tu t'y attends le moins, murmurai-je en regardant ses magnifiques yeux en amandes.

Sa main se pose doucement sur la mienne, celle qui caresse sa joue. Elle l'effleure un instant, puis la retire lentement.

J'ai besoin de prendre l'air.

Et avant que je puisse dire quoi que ce soit, elle ouvre la portière et sort, s'éloignant rapidement de moi, seule dans la nuit.

Je reste un moment dans la voiture avant de décider de sortir. J'ai envie de la retenir, mais elle a sûrement besoin que je lui laisse de l'espace.

Je la regarde s'éloigner par la vitre. Mais subitement, je remarque ce petit point rouge, juste en bas de son dos. Mon cœur se serre. Un frisson glacial me parcourt. Je sors rapidement de la voiture et remarque sur le toit d'un immeuble, un type armé qui vise droit sur elle.

Tara ! Criai-je.

Elle ne réagit pas. Elle continue de s'éloigner en ignorant totalement qu'elle est sur le point de se faire tirer dessus. Mon corps réagit avant même que je puisse réfléchir. Je fonce vers elle aussi vite que je peux.

Je la tire violemment en arrière, mes mains sur ses épaules. Je la plaque contre le mur, sans faire attention à ce qui m'arrive.

BAM !

Le bruit du tir éclate, me paralysant l'instant d'après. Je n'ai même pas le temps de réaliser. Tout se passe trop vite. J'ai juste l'impression que le monde entier se fige.

— Tara ! Ça va ?

Je retire doucement ma main de son épaule et remarque que la balle la frôler. Son sang recouvre ma peau. Je la regarde mais elle n'a pas l'air paniqué par ce qu'il lui arrive, mais plutôt de mon état à moi.

— Kyle... marmonna-t-elle. T-ton... ton bras !

C'est là que je sens la douleur, une brûlure lancinante qui s'étend. Je baisse les yeux. Ma veste est trouée, et le sang s'infiltre dans le cuir. La balle ne s'est pas contentée de passer : elle est en moi.

— Le fils de pute à bien niqué ma veste, dis-je d'une voix douloureuse.


********

POV TARA

21 H 30
MAISON

J'ouvre la porte d'entrée à la volée en soutenant Kyle du mieux que je peux. Il a perdu trop de sang. Je referme la porte derrière nous et l'entraîne vers le salon.

— Assieds-toi là, ordonnai-je en le forçant à s'affaler sur le canapé.

Il serre les dents et s'appuie contre le dossier, sa respiration est vraiment lourde. J'ai l'impression que ce n'est qu'une question de temps avant qu'il rejoint John à son tour.

Quel horreur.

Je retire ma veste à cause de toute cette agitation et fonce vers la salle de bain pour attraper tout ce que je peux : serviettes, désinfectant, bandages, une pince.

Quand je reviens, il a la tête penchée en arrière, les yeux mi-clos.

Je m'approche et pose une main sur son épaule, il sursaute, sûrement à cause de la douleur.

— Pardon...

Nos regards se croisent. Je vois cette lueur dans ses yeux, cette sorte de fragilité qui pourrait me faire tomber quand je le vois dans cet état.

Je commence à lui retirer sa veste doucement pour ne pas le faire souffrir. Je pose mes mains sur le bas de son t-shirt. Il va falloir que je le retire pour pouvoir le soigner. Je sens sa peau chaude sous mes doigts. Il me regarde, un peu perdu, comme s'il essayait de comprendre ce qui se passe entre nous. Sans un mot, il met sa main sur la mienne, m'aidant à soulever son t-shirt. On le retire lentement.

Je remarque une cicatrice juste au niveau de son torse. Ça doit être celle laissée par Maddison, la fois où elle a dû l'opérer pour retirer cette puce que John avait placée dans son corps.

Je me concentre à nouveau sur la plaie. Son bras est vraiment abîmé, la balle l'a touché sévèrement. Le sang ne cesse de couler. J'essaie de rester calme, même si ça me stresse de plus en plus. Je baisse les yeux vers la blessure, et là je remarque... la balle. Elle est toujours là, coincée dans son bras.

— Tu as vraiment de la chance Kyle, soufflai-je en examinant tout en détail.

— De me faire tirer dessus en te sauvant la vie ?

Non ça, l'homme aurait simplement dû apprendre à bien viser la tête.

— Je ne parle pas de sa. Je veux dire... L'arme qu'il a utilisé ne possède sûrement pas assez de puissance.

— Ouais, je l'ai remarqué. C'est une bonne chose au final.

Je hoche la tête. En général, les snipers sont conçus pour pénétrer profondément dans la chair et les os. Parfois, ils peuvent même éclater ou traverser complètement le corps.

Je respire profondément et je prends la pince. Il grimace quand je me rapproche de la plaie, mais il ne dit rien.

— Désolée, murmurai-je en prenant la pince, ça risque de faire mal.

Il acquiesce de la tête. C'est toujours aussi compliqué de lui venir en aide sans qu'il se montre trop distant.

— T'arrives à tenir ? lui demandai-je.

— Ça va, souffla-t-il avec une voix empreint de douleur.

Sa main se ferme automatiquement. Les traits de son visage se crispent par la douleur.

Je tire lentement, mais la balle ne veut pas sortir facilement. J'ai l'impression qu'elle est bloquée dans sa chaire.

— On dirait que ce n'est pas la première fois que tu fais ça, murmura-t-il avec un petit raclement.

Je lui jette un regard furtif et, malgré la situation, j'esquisse un petit sourire.

— Pour être honnête, tu n'es pas le premier homme à qui je retire une balle, dis-je tranquillement.

— Et qui est l'enfoiré qui a eu le droit à cet honneur ? réclama-t-il avec son rictus au coin des lèvres.

Enfoiré ?

Je ne peux m'empêcher de lever les yeux au ciel.

— Pourquoi tu aimerais savoir ? J'ai cru que je ne t'intéressais pas, répliquai-je.

N'est ce pas ce que tu avais dit à Eden ?

— Entre ce que tu crois et ce qui est vrai, il y'a une énorme différence, répondit-il simplement.

Je l'observe, ses mots tournent dans ma tête. Cet homme va me rendre dingue.

Je secoue la tête pour chasser ma confusion et me remets à la tâche. Je ne devrais pas laisser ces pensées prendre le dessus. Avec soin, je tire doucement sur la pince, espérant que ça va sortir cette fois. La balle résiste, mais après quelques secondes, elle cède enfin. Je la retire et la regarde quelques secondes. Un petit symbole m'interpelle. Un genre de noeud de huit fait par un serpent.

Je relève les yeux vers Kyle et c'est comme si l'information était passé automatiquement dans son cerveau. Le regard qu'on s'échange laisse entendre qu'on a la même hypothèse.

— C'est un gars qui bosse pour le Cercle, proclama Kyle.

— Mais lequel ? John m'a fait être détesté par tous les hommes de là-bas ?

Il sort son téléphone et tape sur l'écran. Il me lance un regard et me dit :

— Je vais envoyer un message à Eden. Il va pirater les caméras de l'endroit où ça s'est passé. En espérant que ça nous apportera des réponses.

Ça commence à sérieusement m'énerver d'être la proie pour des personnes dont je donne même pas l'heure. Je me lève pour aller chercher un petit sachet plastique. Je place la balle à l'intérieur avant de retourner vers Kyle.

Je me place correctement pour avoir une meilleure vision de sa plaie, mais son regard insistant ne rate pas un seul de mes mouvements. Je prends le désinfectant et hésite à l'appliquer quand soudain, il me dit :

— N'ait pas peur de me faire mal.

Je presse doucement le désinfectant sur sa plaie, mais à peine l'ai-je fait que sa bouche s'entre-ouvre légèrement et un faible gémissement de douleur s'échappe de ses lèvres.

Je termine par appliquer une compresse, et une fois que c'est fait, je me redresse pour lui laisser un peu de place.

— Et ton bras ? me fit-il remarquer.

Je regarde mon bras. La douleur est bien là, mais ça n'a rien à voir avec ce qu'il vient de traverser.

— Ce n'est pas aussi grave que toi, dis-je.

Il se redresse du canapé et s'avance vers moi. Sa grande silhouette à l'air de me dominer.

—Est-ce...Est-ce que tu me laisses te soigner ? grommela-t-il.

En instant, la chaleur de sa présence m'envahit, mais je sais que je ne peux pas le laisser prendre tout en charge. Pourtant, il y a quelque chose dans son ton qui me pousse à lui donner mon accord. Alors je hoche simplement la tête.

Il prend un pansement stérile, l'ouvre délicatement, puis verse un peu de désinfectant dessus. Il l'applique soigneusement sur ma plaie, et je sens le picotement brûlant du liquide pénétrer la peau.

Ça fait mal ? me demanda-t-il, sa voix un peu rauque.

Je garde les yeux fermés, la brûlure me parvient.

Non, c'est supportable, soupirai-je, même si ça brûle de plus en plus.

Je jette un coup d'œil à son visage. Son expression est si douce, ce qui me met mal à l'aise. Il n'a pas l'air moqueur ou joueur cette fois. Juste... attentif.

Tu n'as pas l'habitude qu'on prenne soin de toi ou quoi ? balança-t-il en relevant la tête.

Je te retourne la phrase, répliquai-je du tac au tac.

Il range le reste du matériel avant de se laisser retomber sur le canapé à coté de moi. On regarde tous les deux un point fixe sous ce calme.

Essaie de faire gaffe quand même, je ne compte pas jouer les infirmiers à chaque fois, susurra-t-il.

Mais pardon ?

Mesdames et messieurs, le trophée du mec le plus culotté revient à.... Kyle Volkov.

— C'est drôle, venant d'un type qui se prend une balle pour moi.

Son sourire s'élargit un peu.

Je suis plein de contradictions.

J'hausse un sourcil, avant de secouer la tête.

T'es surtout un connard.

C'est ce qui fait tout mon charme.

Je lève les yeux au ciel avant de soupirer en me relevant du canapé :

— Bon, il faut que je prépare la chambre d'amis pour que tu puisses dormir.

Il arque un sourcil.

Ami ? Je ne suis pas ton ami.

Je croise les bras, prête à répliquer.

Et tu n'es pas mon mari non plus pour qu'on dorme ensemble.

Un sourire en coin étire ses lèvres, et je sens déjà qu'il va sortir une connerie.

— Tu as raison, je suis ni ton ami, ni ton mari.

Il s'approche lentement vers moi, son regard ancré dans le mien.

— Je suis ton ennemi, et en tant qu'ennemi qui tient à te tuer lui-même, je dormirai avec toi pour veiller à ce qu'on ne me retire pas ce privilège.

Sa voix grave marque une pointe de provocation. Il joue avec moi, comme il adore le faire. Je lève les yeux vers lui, croisant ce sourire qui m'exaspère.

Pour veiller à ce qu'on ne te retire pas ce privilège ou simplement parce que tu ne peux pas te passer de moi ? rétorquai-je.

Il lève un sourcil mais ne répond pas tout de suite. Il se contente de m'observer, cherchant peut-être à deviner jusqu'où je suis prête à aller.

Tu penses que tu as de l'effet sur moi ? m'interrogea-t-il.

Je m'avance doucement vers lui, réduisant encore l'écart qui nous sépare. Nos souffles se mélangent presque, et je peux voir chaque détail de son visage : la courbe de sa mâchoire tendue, l'éclat indéchiffrable dans ses yeux gris. Il ne bouge pas, ne recule pas. Il me laisse jouer mon jeu.

Je laisse mes lèvres s'entrouvrir légèrement avant de le tester.

— Tu as envie de coucher avec moi, Kyle ?

Mes mots cru tombent entre nous. Il ne s'y attendait peut-être pas. Ou alors, il l'attendait trop. Il se raidit à ma phrase, puis il reprend sa confiance avec ce sourire qui apparaît sur son visage, mais son regard reste sérieux.

T'es bien trop sûre de toi, Tara.

Je sens sa respiration effleurer ma peau.

Tu n'as pas répondu, murmurai-je en fixant profondément ses yeux avant de descendre mon regard sur ses lèvres.

Je vois sa mâchoire se contracter. Il ne recule pas, mais il ne cède pas non plus.

— Et toi ? me balança-t-il calmement en essayant de garder les yeux dans les miens.

Mais je vois bien qu'il a envie de goûter à mes lèvres, comme cette fois au Red Club. Ce moment où la musique continuait à jouer à travers les murs. Où nous étions que tous les deux dans cette chambre, et où nos mains ne se donnaient aucune limite.

Je m'apprête à lui répondre mais il me devance :

T'as pas besoin de jouer à ça avec moi. Si tu veux quelque chose de moi, demande-le clairement au lieu de faire des allusions.

Mon cœur cogne plus fort. Cet homme... Il arrive toujours à retourner la situation contre moi, à me faire perdre le fil.

Mais au lieu de répondre, je me contente de l'observer, toujours avec ce sourire accroché à mes lèvres. Il peut jouer au type détaché autant qu'il veut... Moi, je sais déjà ce qu'il veut.

Et ce qu'il veut, c'est moi.

*********

À travers la baie vitrée de ma chambre, je regarde l'horizon plongé dans la nuit sombre en faisant attention à ce qu'on ne m'observe pas.

Ma fenêtre a été réparé, mais comment ce fait il qu'il n'y ait aucune trace de cet homme qui me piste ?

Kyle est parti prendre une douche, et comme si ça ne suffisait pas, il a choisi la mienne. Parmi toutes les salles de bains que possèdent ma maison, c'est dans la mienne qu'il a décidé de se doucher.

Je lui ferai payer la facture d'eau.

Je tire les rideaux et commence à me déshabiller. Je me tiens devant le miroir, me scrutant, toujours en sous-vêtements. Mon corps est marqué. Il y a des cicatrices, d'autres marquent des souvenirs de l'île où j'ai cru que j'allais mourir. Et puis il y a celles laissées par Ana, ma belle-mère, qui n'a jamais voulu de moi dans la vie de William.

Je n'ai jamais compris pourquoi elle me détestait autant quand j'étais juste une gamine. Mais je suppose qu'il y a une raison, quelque chose de grave qu'elle a dû vivre pour être aussi enragée contre moi.

« Ta mère aurait dû t'étouffer à ta naissance. »

Ça me hantera toujours... Cette phrase qu'elle répétait sans cesse lorsque j'avais fait quelque chose de maladroit.
Non. Il est hors de question que je la laisse me toucher sentimentalement après toutes ses années.

Je fouille dans mon dressing à la recherche de quelque chose de simple pour dormir, et puis je tombe sur un ensemble de lingerie : un shorty et un débardeur en dentelle rouge. Je ne me souviens même pas l'avoir acheté.

Mets-le.

La voix dans ma tête me pousse à l'enfiler. Je n'hésite pas, et en une fraction de seconde, le vêtement épouse mes courbes, comme s'il avait été fait pour moi.

Je me dirige vers la salle de bain, j'entends l'eau de la douche qui coule encore. Kyle est encore dedans. Je commence à me brosser les cheveux mais mon regard dérive vers la paroi en verre. Je vois sa silhouette de dos qui est vaguement floue à travers le verre embué. Son tatouage de l'Hydre de Lerne me fait face.

Quelques minutes passent, et la porte de la douche s'ouvre. Je me retourne vers le miroir du lavabo et observe avec attention mon visage. J'arrange correctement mes cheveux.

Kyle sort, la serviette nouée autour de sa taille, et se dirige vers moi. Il ne me regarde pas tout de suite, mais je sens son regard me frôler. Quand il relève la tête, ses yeux se posent sur ma tenue. Il baisse les yeux pour me scruter de haut en bas. Au départ, ses lèvres restent en ligne, puis, un sourire se dessine. Il n'a pas besoin de parler pour que je comprenne ce qu'il pense.

— Tu m'aurais demandé de te faire ce genre de vêtement... Je te l'aurai fait sans hésité, souffla-t-il.

Sans répondre, je me tourne lentement, me plaçant dos au lavabo. Mes bras reposent contre le bord, et je laisse l'espace entre nous se remplir de silence. Je le regarde sans détour, un sourire plein de sous-entendus au coin des lèvres. La pièce se réchauffe, et non pas à cause de sa douche chaude, mais plutôt de l'attraction qui se forment entre nous. Les gouttes d'eaux sur son corps disparaissent au fur et à mesure que la tension monte. Mon regard manipulateur et provocateur ne le lâche pas une seule seconde

Il avance vers moi, je le laisse observer chaque détail que me fait cet ensemble.

— Il y a un problème, Kyle ? demandai-je innocemment.

Il incline la tête de côté et je pourrai juré avoir vu sa langue passer sur ses lèvres.

— Aucun problème, commandante.

Il s'avance et se penche vers moi. Il attrape un objet derrière mon dos, un prétexte pour se rapprocher de moi. Dans le même mouvement, il me chuchote à l'oreille :

— Si tu veux vraiment me faire perdre pied, ne t'attends pas à ce que je te dise que c'est réussi.

— Je te montre juste ce que tu ne pourras jamais avoir, dis-je en savourant l'odeur de son gel douche.

— Avec moi, "jamais" n'existe pas. Si je dois faire l'impossible pour t'avoir, rien que pour moi, alors je le ferai.

Son souffle me frôle l'oreille. Une promesse de plus. Et pourtant, je ne suis pas prête à céder. Pas encore.

J'éteins la lumière derrière moi et rejoins Kyle qui reste debout près de ma table de chevet en observant le contenant. Ses yeux se posent sur la boîte d'antipsychotiques que je range ici.

— T'as des médicaments là-dedans ? dit-il.

Je n'aime pas parler de ça, mais je sais qu'il a vu. Et c'est pas le genre de choses que je peux ignorer.

— Ce sont des antipsychotiques, murmurai-je. C'est pour ma schizophrénie paranoïde. Ça m'aide à gérer la paranoïa, les délires...

Je sens son regard sur moi. Pas de jugement, simplement de l'observation.

— Ça doit être... difficile, non ? me questionna-t-il en entrant dans le lit.

Je souris amèrement avant de le rejoindre.

— Ouais, parfois c'est difficile. Surtout quand tu te dis qu'il est mieux pour toi de garder le secret. Ou que les gens ne comprennent pas pourquoi ton comportement change immédiatement, murmurai-je en contemplant le plafond.

Kyle se redresse avant de me répondre :

— C'est-à-dire ?

Je suis surprise qu'il soit curieux face à ça. Je n'ai jamais parlé de ça concrètement avec quelqu'un. Je tourne la tête vers lui avant de lui expliquer :

— La schizophrénie... elle possède deux types de symptômes les plus courants, bien qu'il en existe plusieurs, susurrai-je avec un regard vide. Les symptômes positifs, comme les hallucinations. Ces voix qui te prennent par surprise, des choses que tu vois que les autres ne voient pas. Et puis, les symptômes négatifs, ceux qui font que tu te sens comme déconnectée, tu perds l'envie de tout, même de respirer. C'est là que tu perds l'âme de ce que tu étais, un peu plus chaque jour.

— Tu veux dire que c'est... ça te fait perdre le contrôle de toi-même ? grommela-t-il en m'observant avec énormément d'intérêt.

Je hoche lentement la tête, ne sachant pas vraiment comment lui expliquer.

— Ouais, c'est exactement ça. T'es pas toi-même, tu vois ? Les gens autour de toi commencent à se demander ce qu'il se passe, mais tu n'as même pas de réponse.

Je m'arrête un instant, cherchant les mots pour décrire cette sensation que j'ai parfois. Ce n'est jamais facile de mettre des mots sur ce qui nous ronge à l'intérieur de nous.

— C'est un combat que t'as déjà perdu avant même de commencer, poursuivis-je d'une voix absente. Mais tu dois quand même te battre, chaque jour. Même si tu sais que ça ne changera pas.

L'enfer ne me quittera pas.

— Les psychiatres ont toujours dit qu'un enfant ne pouvait pas être schizophrène. Mais moi, j'étais un cas à part. (Je laisse échapper un soupire, frustré). Je pense que c'est parce que je suis un peu... demie-humaine. C'est ce qui a tout déréglé, d'une manière ou d'une autre.

Je me redresse un peu dans le lit, observant le plafond.

— En général, la schizophrénie se développe à la fin de l'adolescence. Mais moi, dès l'âge de 5 ans, j'étais déjà diagnostiquée.

Il hoche la tête.

Il finit par briser le silence en me racontant un souvenir :

— Oh...Je connais quelqu'un qui souffrait d'Alzheimer. C'était une femme. Chaque jour, elle perdait un peu plus d'elle-même. Son esprit s'effritait. Et il y avait des gens autour d'elle qui en profitaient. Ils savaient qu'elle oublierait tout alors ils pensaient qu'ils pouvaient abuser d'elle sans que ça ait des conséquences.

Je me raidis sur place et tourne la tête dans sa direction. Il contemple un point vide et poursuit d'une voix absente :

— Ils l'ont manipulée, exploitée. Parce qu'ils savaient qu'elle ne se souviendrait jamais, répéta-t-il en baissant les yeux.

Je pose ma main sur la sienne pour le ramener à la réalité.

— Qu'est-ce qu'il lui est arrivé ? demandai-je en sentant une douleur dans le coeur.

Il regarde ma main sur la sienne avant de rencontrer mon regard, puis dans un ton tranchant, il me répond :

— Elle est morte. Elle a mit fin à ses jours quand elle a compris qu'elle était utilisé...

Ses mots n'ont pas de douceur, pas de rancœur, juste une froideur dévastatrice. L'ombre de son passé s'est glissée entre nous, et je sais que ce n'est pas à moi de le déterrer. Pas ce soir.

— Bref. On ferait mieux de dormir Tara. Je commence à me sentir fatigué.

— Bonne nuit, Kyle.

Cette conversation semble l'avoir vidé de toute énergie. Il se tourne alors sur le côté, dos à moi. J'en profite pour éteindre la lampe de chevet.

Après des minutes à regarder les rideaux fermés. Mes paupières se ferment enfin, lentement, comme si l'obscurité venait me bercer.

Je m'abandonne à cette nuit. Mais ça ne dura que quelques heures.

Encore...


_______________

Et voilàààààààà 🤭

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