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CHAPITRE 42 : CHAOS INFERNAL







T H E R A S Y A





1 H 00
MAISON

— Je suis tellement désolée... soufflai-je, en regardant Maddy s'allonger sur le lit.

Je m'assieds sur une chaise face à elle, les mains moites.

Pourquoi ? demanda-t-elle en jouant nerveusement avec son bracelet.

Ce bracelet qu'elle avait fabriqué au lycée n'avait jamais quitté son poignet. Il est lié à elle.

Tu le sais très bien, dis-je en me levant. Je n'ai pas réussi à te tenir loin de John. Tu... tu es enceinte. Tu as failli mourir, toi et le bébé. Et je m'en veux tellement...

Tara ! cria-t-elle en se redressant. Ce n'est pas ta faute ! Tu ne peux pas être partout ! Tu étais à l'anniversaire de Nora, tu avais le droit de souffler un peu.

Je baisse les yeux. Cet anniversaire... c'est devenu un cauchemar. Une fête qui a fini en scène de crime. Et moi, je n'ai même pas pu retourner en Géorgie pour voir Nora et David à l'hôpital et rester avec eux dans ce moment de détresse.

Ils vont m'en vouloir...

— C'était comment, au moins ? reprit-elle doucement. Nora est toujours aussi douée en dessin ?

Un sourire léger m'échappe. Nora... elle dessinait tout le temps quand je suis arrivée dans ma famille adoptive. À l'époque, elle n'avait que 11 ans. Je me rappelle d'avoir collé ses dessins sur mon mur pour lui faire plaisir même si on aurait plutôt dit qu'elle dessinait avec ses pieds à ce moment là.

— Elle va bien. Mais... il s'est passé quelque chose d'horrible, murmurai-je, presque inaudible.

Elle fronce les sourcils et s'approche un peu plus. Sa main attrape doucement la mienne et la serre avec force.

Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda-t-elle, son ton grave et inquiet.

J'avale avec difficulté et relève lentement mes yeux vers les siens.

I-Irina, elle...

Quoi, "Irina" ?

Je sens mes mains trembler, emportées par la tristesse et la rage.

Elle a reçu plusieurs coups de couteau... Elle...

Oh mon Dieu... marmonna-t-elle, les yeux écarquillés.

Elle est morte... lâchai-je enfin, pour la première fois.

Ces mots m'arrachent la gorge, laissant un goût amer. Je reste figée, les yeux perdus sur un point invisible du mur. Maddison me prend dans ses bras, mais je reste vide, incapable de bouger.

Tara... je suis tellement désolée... murmura-t-elle d'une voix tremblante.

Je ferme les yeux, cherchant un instant de répit dans tout ce chaos, mais les images reviennent encore et encore.

— Je n'ai rien pu faire... dis-je d'une voix brisée. Elle était juste là... et moi, j'étais paralysée.

— Arrête, tu ne pouvais pas savoir ce qui allait arriver, répondit-elle, sa main caressant doucement mon dos. Tu as fait tout ce que tu pouvais.

Je secoue la tête, incapable d'accepter ses mots.

Tu devrais aller dormir, dis-je doucement. Tu dois être épuisée. Prends le lit entier, je vais dormir dans le salon.

— Mais... tu es sûre ? hésita-t-elle. Harvey a dit qu'il dormirait ici ce soir, non ?

Toi, tu as besoin de repos. Moi, j'ai besoin de réfléchir à une solution pour en finir une bonne fois pour toutes, Maddy. Ne t'inquiète pas, je suis sûre.

Elle hoche doucement la tête avant de retourner s'allonger sur le lit. Je la regarde se blottir dans les couvertures. Une fois qu'elle est installée, j'éteins la lumière et referme la porte derrière moi.

Je me dirige vers la cuisine, mes pas lourds se font entendre dans le silence. Je prends un verre et le remplis d'eau. La première gorgée passe difficilement, comme si elle voulait s'accrocher à ma gorge, refusant de descendre. Je serre le verre un peu trop fort pour contenir ma frustration.

Tant que je ne lui aurai pas fait justice, à elle, Irina, ma famille... je ne pourrai pas dormir en sécurité.

Je n'aurais jamais pensé dire ça un jour, mais j'ai besoin de parler à Angelina, ma vraie mère. Qu'elle écoute mes problèmes, comme quand j'étais petite. Irina avait repris ce rôle en m'adoptant, et elle le faisait à la perfection. Et quand j'ai su qu'Angelina avait simulé sa mort, Irina m'a toujours dit qu'elle aurait aimé rester près de moi toutes ces années.

Ma main glisse vers mon cou, et la panique m'envahit lorsque je réalise que je n'ai pas le collier de ma mère autour. Je fonce immédiatement vers la chambre de Kyle, dont la porte est déjà entrouverte.

La salle de bain, c'est forcément là. La dernière fois que j'ai pris une douche, c'était dans la sienne. Je toque plusieurs fois contre la porte, mais tout ce que j'entends, c'est l'eau qui coule.

Bordel.

Je m'appuie contre la porte. Puis, sans prévenir, elle s'ouvre brusquement, et je bascule en arrière. Il me fixe avec sa hauteur dominatrice.

Tu m'espionnes sous la douche, maintenant ? lança-t-il.

Dans tes rêves, seulement, répliquai-je en me relevant précipitamment. Je ne fais pas autant dans l'espionnage que toi.

Je me tourne brusquement, sans réaliser à quel point je suis proche de lui. Mon regard glisse malgré moi sur son corps nu, exposé sous une simple serviette nouée autour de la taille. Ses tatouages attirent mon attention, surtout ceux qui représentent une partie de ma vie : la Therasya avec son serpent protecteur sur son flanc, le corbeau tenant dans sa patte le collier de ma mère, gravé sur son épaule suivit des multiples serpents se baladant partout qui représentent le symbol de mon don.

Kyle possède un talent indétrônable, que ce soit pour ses tatouages ou pour la création de robes.

— Peut-être que tu ne fais pas autant dans l'espionnage que moi, mais tu es sacrément  collante, lâcha-t-il, les sourcils légèrement haussés.

Je lève les yeux au ciel, agacée, avant de reculer d'un pas pour ne plus être aussi proche de lui.

— Je suis simplement venue voir si je n'avais pas oublié mon collier dans ta salle de bain. Je ne l'ai pas sur moi.

Un sourire amusé se dessine sur ses lèvres. Sans un mot, il sort de la salle de bain, me laissant la voie libre pour fouiller.

Je le fixe, sceptique, mais je ne dis rien.

Je m'avance dans la salle de bain et ouvre le meuble sous le lavabo. Mon cœur s'apaise légèrement lorsque mes doigts effleurent le collier. C'est bien celui de ma mère.

Je le tiens dans ma main, le détaille un instant, puis relève les yeux. Mon regard se fige immédiatement sur le miroir qui montre Kyle se tenant de dos. Ses cheveux noirs, encore humides, tombent légèrement sur sa nuque, et l'eau qui perle sur sa peau claire capte la lumière de la salle de bain.

Mon attention est attirée par le tatouage qui recouvre son dos : l'Hydre de Lerne à trois têtes. Chaque tête semble surgir de ses omoplates avec une précision incroyable. Les serpents qui forment un nœud en huit relient les têtes.

Quand je dis que cet homme a un talent. Tout est fait avec détail.

Je remets mon collier.

— Comment t'as pu te tatouer tout ça, tout seul ? questionnai-je en finissant d'attacher mon collier.

Il se retourne et me regarde de bas en haut.

Je suis doué, c'est tout, répliqua-t-il simplement.

Son regard glisse sur moi. Je fronce les sourcils et croise les bras.

Tu n'es pas modeste, à ce que je vois.

Il se remet dos à moi.

Quand on a raison, pourquoi le cacher ? répondit-il en haussant légèrement les épaules, ce qui fit bouger l'Hydre sur son dos.

Je ne peux m'empêcher de le fixer à nouveau. Ce tatouage, cette manière qu'il a de bouger... tout semble calculé pour captiver l'attention. Je détourne les yeux, agacée par ma propre réaction.

Tu devrais t'habiller, Kyle, lâchai-je en pointant son état presque nu. Ça commence à devenir gênant.

Pour toi, peut-être, rétorqua-t-il en resserrant la serviette autour de sa taille. Mais toi, tu t'introduis dans ma salle de bain. Alors, qui devrait vraiment être gêné ici ?

Je serre les dents, piquée par son ton moqueur, mais avant que je ne puisse répliquer, il reprend :

Tu sais ce qui est fascinant avec l'Hydre de Lerne, Tara ? me demanda-t-il en s'avançant lentement vers moi.

Je plisse les yeux, méfiante, et secoue la tête en guise de réponse.

Elle peut posséder jusqu'à dix mille têtes, mais juste une seule est immortelle, poursuit-il en approchant.

Je le fixe. Je ne comprends pas ou il veut en venir.

— Tu te considères comme un être immortel, Kyle ? rétorquai-je avec une pointe de sarcasme dans la voix.

Il ne répond pas immédiatement. Au lieu de ça, sa main s'approche de mon collier, le frôle légèrement, avant que son regard gris acier ne se plante dans le mien, accompagné de ce sourire provocateur.

Je ne me considère pas comme un être immortel, murmura-t-il.

Puis, sans prévenir, il empoigne délicatement ma mâchoire, m'obligeant à soutenir son regard intense. Sa voix grave et basse me parvient comme un murmure presque menaçant :

Mais je tiens à rester éternel à tes yeux.

Je reste figée, incapable de détourner le regard. Il me relâche et recule. Je respire enfin, mais une étrange tension plane encore dans la pièce. Il détourne le regard.

Mon coeur est lourd et oppressé. L'idée de me retrouver seule ce soir me terrifie. Je lutte contre cette sensation de vide qui m'envahit, mais les mots franchissent mes lèvres avant que je ne puisse les retenir :

Je... J'ai besoin que tu restes avec moi ce soir.

Il s'arrête net. Mon cœur se serre alors que j'essaie de rassembler mon courage.

S'il te plaît... Je ne pourrai pas... Je me... Je me sens seule, vide... J'ai besoin de toi.

Les mots résonnent dans l'espace réduit de la salle de bain, comme une confession arrachée à mon âme. Il reste dos à moi, sans me donner de réponse. Je ne sais pas ce que je redoute le plus : qu'il parte ou qu'il reste.

Finalement, il pivote lentement vers moi avec une expression indéchiffrable, mais ses yeux gris semblent plus durs, méfiants.

Qu'est-ce que tu veux vraiment, Tara ? demanda-t-il. Tu n'as jamais eu besoin de moi avant. Pourquoi ce soir serait différent ?

Je me mordille l'intérieur de la joue, cherchant à ne pas détourner le regard.

Parce que ce soir... je n'arrive pas à faire semblant. Je l'ai perdu, Kyle... Elle est morte. Et je me sens morte de l'intérieur, je n'arriverai jamais à faire son deuil. Je ne veux pas de tes bras pour effacer ma douleur, ni de tes mots pour calmer mes pleurs, murmurai-je d'une voix brisée.

Il reste immobile, comme s'il réfléchissait. Finalement, il avance un peu.

Alors, que veux-tu ?

— Je ne veux pas être seule, pas ce soir. Tu as promis de me protéger. Alors protège-moi de cette solitude, de ce vide qui me ronge. Reste avec moi jusqu'à ce que le silence dans ma tête s'apaise.

Il hoche la tête.

— Très bien, déclara-t-il, sa voix grave et posée. Si tu veux hurler, hurle. Si tu veux me noyer dans ta douleur, fais-le. Je porterai ce poids avec toi. Partage-moi ta haine, tes peines. Fais-moi tout ressentir.

— Ça ne te dérange pas ?

— Le deuil est brutal, Tara. Il te brise, te change, mais il prouve aussi que ce que tu as perdu comptait. Je préfère porter ta douleur que te laisser t'effondrer seule.

Je suis surprise ; je ne connaissais pas cette facette de lui. C'est une manière presque poétique de laisser sa douleur parler pour tendre la main aux autres.

Il se penche légèrement, plante ses yeux dans les miens, et murmure d'une voix plus basse mais encore plus puissante :

La mort prend tout. Mais elle ne pourra jamais me prendre ce que j'ai choisi de donner.

Son souffle se mêle au mien, et dans cet instant suspendu, je sens que ses mots portent plus qu'une promesse.

Je hoche doucement la tête et quitte la salle de bain, le collier froid contre ma peau. Dans un silence pesant, je me dirige vers sa chambre. L'air y est chargé de son odeur familière. Je me glisse dans son lit, les draps sont légèrement froissés, témoignant de ses nuits agitées. Je fixe le plafond.

Quelques minutes plus tard, j'entends ses pas approcher. Sans un mot, il s'installe à côté de moi, les yeux également levés vers le plafond. La proximité est rassurante, mais pas oppressante. Sans prévenir, ma poitrine se serre. Je ferme les yeux, laissant les souvenirs m'envahir.

Irina. Ses rires, ses bras qui m'enveloppaient quand j'étais au plus bas. Sa voix, douce mais ferme qui me guidait à travers mes incertitudes. Je revois son sourire, ce sourire capable d'éclairer les jours les plus sombres.

Elle avait cette manière de toujours savoir, tu sais ? Ma voix brise le silence. Quand ça n'allait pas, elle n'avait pas besoin que je dise un mot. Elle savait. Et elle restait, sans poser de questions.

— Le destin nous retire toujours les personnes qu'on a le plus aimé, murmura-t-il.

Je tourne doucement ma tête vers lui qui continue de fixer le plafond. Il poursuit d'une voix basse :

— Ma mère est partie quand j'avais le plus besoin d'elle car elle ne supportait plus la vie avec mon beau-père.

— C'est à cause de lui qu'elle a disparu, déduisis-je, presque pour moi-même.

Il ne répondit que par un silence mais finit par dire :

Un gamin de huit ans ne devrait pas avoir à couper la corde de sa propre mère.

Ces mots, crus et froids, me laissent sans voix. Je le fixe dans un silence assourdissant.

Puis je repense à ses mots de la dernière fois.

"Elle s'est pendu quand je n'avais que huit ans."

Kyle a coupé la corde de sa mère...

— Tu as vraiment... Tu étais seul face à ça ? murmurai-je, sentant ma gorge se serrer.

Il détourne les yeux du plafond et fixe un point invisible devant lui.

— Il n'y avait personne pour moi, avoue-t-il d'une voix basse, presque absente. Mon beau-père s'en fichait. J'étais juste un gosse de trop à ses yeux. Alors, oui, j'étais seul.

— Je suis désolée, Kyle... Je... Je ne peux même pas imaginer.

Il laisse échapper un ricanement amer.

— La pitié, Tara ? Ce n'est pas ce que je cherche. Tu devrais le savoir.

— Ce n'est pas de la pitié, insistai-je, le cœur lourd. C'est juste... de la peine. Pour ce gamin que tu étais. Personne ne mérite ça.

— Peut-être que je le méritai. On m'a reproché d'être une plaie. Je me suis toujours demandé si sa mort n'avait pas aussi un rapport avec moi.

— Pourquoi tu serais responsable ?

J'attends qu'il tourne les yeux vers moi, mais il s'obstine à regarder ce point invisible.

— Quand elle pleurait, c'était ma faute. Quand il criait, c'était ma faute.

Je le regarde, incapable de cacher ma douleur face à ce qu'il dit.

— Kyle... Tu n'étais qu'un enfant. Comment ça aurait pu être ta faute ?

Il serre les poings, ses mâchoires se crispent.

— Un enfant, peut-être. Mais un enfant de trop, c'est ce qu'il disait toujours. J'étais un poids pour elle, pour lui, pour tout le monde. Et quand elle a décidé d'en finir, c'était peut-être sa manière de se débarrasser de moi.

Ces mots me coupent le souffle. Je sens une vague de colère monter en moi, pas contre Kyle, mais contre ce qu'il a dû subir.

Je pose délicatement ma main sur son bras, sa tête se tourne vers notre contact. Il relève les yeux enfin sur moi, et d'une voix lourde, il poursuit :

— Je n'ai pas pu protéger ma mère de lui, marmonna-t-il.

J'aurais juré voir ses yeux briller. Je me redresse légèrement, me mettant en tailleur sur le matelas et pose ma main sur son visage, doucement, comme si je craignais qu'il ne se brise.

— Tu n'avais que huit ans, Kyle.

Sa main attrape brusquement mon poignet, presque avec désespoir, mais son regard reste dur, figé.

— Huit ans... mais je savais déjà que ce qu'il faisait à ma mère et à moi, c'était mal. Toutes les fois où il me rappelait que mon vrai père m'avait abandonné... juste pour me faire perdre pied.

Sa voix tremble, et pour la première fois, je devine la souffrance derrière ses mots.

— Ta mère... Elle n'a pas essayé de s'enfuir ? Avec toi ?

— Comment tu voulais qu'elle fasse ça, Tara ?

Il lâche un rire sadique, un son qui me fend le cœur.

— Elle avait peur de lui. Elle était terrorisée. Comme...Comme m-moi.

Je baisse les yeux, je n'arrive pas à répondre. C'est bien la première fois que Kyle se confit autant sur son passé à moi. Le poids de ce qu'il partage me coupe le souffle. Tous les deux, on a été façonnés par des monstres, utilisés comme des armes. Ana, Akira... et son beau-père.

Il relâche doucement mon poignet, mais ses yeux restent plantés dans les miens.

— Je ferai tout pour te protéger, Tara. Absolument tout.

Il pose sa main sur la mienne, comme pour sceller ce serment invisible entre nous.

— Je n'ai pas réussi à protéger ma mère, mais toi, je le ferai. Je te l'ai déjà dit, je ferai couler le prix du sang pour chaque larme que tu verseras.

— Et qui te protégera, toi, Kyle ?

Ses traits s'assombrissent, et sa réponse est presque un murmure :

— Personne ne l'a fait. J'ai appris à survivre seul.

Instinctivement, je prends sa main dans la mienne et la serre de toute mes forces.

— Alors laisse-moi être cette personne.

— Nous reconstruire ensemble nous tuera, Tara.

— Pas si on règle le problème, répondis-je avec une pointe d'insistance.

Il arque un sourcil, visiblement intrigué, mais méfiant. Je prends une profonde inspiration avant de continuer :

— Tu sais que je suis la première à vouloir être loin de ma famille, de leurs mensonges, de toutes ces vérités qu'ils m'ont cachées. Mais avec la crise de Jadis, je ressens ce besoin de les aider.

Je marque une pause, baissant légèrement la voix.

— Mais ce n'est pas mon seul problème.

— Et c'est quoi ?

— C'est toi, Kyle.

Il se fige, son visage perd un instant de sa froideur habituelle. J'enchaîne avant qu'il n'ait le temps de répondre.

— John exerce un pouvoir sur toi que je ne cesse de questionner.

Son regard s'assombrit immédiatement.

— Arrête ça tout de suite.

Je secoue la tête, refusant de reculer.

— Pourquoi tu ne me laisses pas comprendre pour t'aider ? Je n'arrive pas à oublier ce qu'il s'est passé près du Manhattan Bridge.

Son visage se ferme, il retire brutalement sa main de la mienne. Mais je continue.

— Tu t'es mis à cracher du sang, Kyle. Et tu n'avais même pas été attaqué physiquement. Alors qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Il détourne les yeux, mâchoire serrée, comme s'il luttait contre des souvenirs qu'il préférait enterrer.

— Ne te mêle pas. S'il te plait.

Sa voix résonne comme des paroles de détresse. Bordel, cet homme me fait mal au coeur.

— Tu veux me faire croire que c'était rien ? C'est comme si ce type avait un contrôle sur toi, et je refuse de rester dans l'ignorance pendant que tu te détruis.

Il claque la langue, agacé, mais je sens que mes mots l'atteignent. Pourtant, il se referme, comme toujours.

— Ce n'est pas ton problème.

— Peut-être que si, Kyle. Peut-être que tu es mon problème, et je ne compte pas tourner le dos.

— Pourquoi tu fais ça ? murmure-t-il.

— Parce que tu ferais la même chose pour moi, répondis-je doucement. Même si je ne t'aurai rien demandé, tu aurais cherché à comprendre. Ce que tu fais toujours.

Je n'attends pas de réponse de sa part, j'éteins la lampe de chevet de mon côté et me met dos à lui pour m'endormir. Je force mes yeux à se fermer en espérant que le sommeil vienne rapidement, mais j'entends le matelas bouger.

Il se lève doucement, et je devine ses pas dans la pièce. Je ne bouge pas, même si l'envie de me retourner me traverse. Il semble agité, et je préfère le laisser tranquille.

******

10 H 00

Je sens mes paupières se soulever lentement, et tout est calme autour de nous. La lumière du soleil filtre doucement dans la pièce. Une fois mes yeux bien ouverts, je réalise que je suis blottie dans les bras de Kyle. Ma tête repose contre son cou, son menton posé sur le sommet de mon crâne, tandis que son bras est serré autour de ma taille.

On a dormi comme ça... ensemble ?

Je pose délicatement ma main contre la peau nue de son torse et essaie de sortir de cette prison.

— Tu es déjà réveillé ? marmonna-t-il dans son sommeil.

Merde, je l'ai réveillé ?

— Désolée, je ne voulais pas te réveiller... chuchotai-je en me demandant comment on a pu en venir à là.

— Ce n'est rien.

Son bras se desserre de ma taille. J'en profite pour me redresser. Kyle se tourne, dos à moi. Il marmonne une série de mots sans queue ni tête, et je ne peux m'empêcher de sourire doucement. C'est presque mignon, dans un sens.

Je me dirige vers la porte, mais elle s'ouvre brusquement. Eden débarque dans la pièce, refermant derrière lui avec une tête complètement paniquée.

— ME VOY A VOLVER LOCO! (Je vais devenir fou !)

Je le fixe, surprise, tandis que Kyle grogne des insultes incompréhensibles à son cousin pour lui reprocher de l'avoir réveillé.

— Surveille ton langage, Kyle ! rétorqua Eden en fronçant les sourcils. Et n'oublie pas que c'est moi qui lave tes slips quand tu pars en mission. Franchement, ils sont pas mal du tout. T'as choisi une bonne matière, ça doit être hyper confort. Je t'imagine bien faire le grand écart avec.

Il n'a pas le temps d'en dire plus qu'un oreiller lui atterrit en plein visage.

— Très mature, Kyle. Vraiment, je suis impressionné par ta créativité.

Ce dernier grogne encore quelque chose d'incompréhensible, la tête toujours enfoncée dans l'oreiller qui lui reste.

Eden me lance un regard désespéré et agite les bras.

— Sérieusement, Tara, t'as vu dans quel état il est ? C'est moi qui dois gérer tout ça ! On a une urgence, et monsieur dort comme un ours en hibernation.

Je hausse un sourcil.

— Une urgence ?

Il hoche frénétiquement la tête.

— Comme d'hab, je me lève pour aller chercher un truc, et quand Harvey dort dans le salon, j'allume mon mégaphone pour lui hurler dans les oreilles. Sauf que là... je sais pas comment, mais trois femmes ont réussi à entrer chez nous.

Je tourne instinctivement la tête vers Kyle, qui se redresse, perplexe.

— Si vous me croyez pas, allez voir vous-mêmes. Elles sont bizarres, j'ai senti un froid glacial dans mon corps, et juste après, une chaleur atroce.

T'as juste chopé la grippe, non ? balança Kyle, sceptique.

Si j'avais la grippe, je t'aurais déjà toussé dans la tronche pour te le prouver. ALLEZ VOIR !

Je jette un dernier coup d'œil à Kyle, qui lève les yeux au ciel mais commence à se lever. On se dirige vers le salon et j'aperçois trois femmes qui se tiennent debout, immobiles, comme si elles attendaient quelque chose.

L'une d'elles a une peau tellement blanche qu'elle reflète presque la lumière, comme si elle était faite de neige. Un frisson glacial m'envahit, mais aussitôt après, une vague de chaleur intense me submerge en voyant une autre femme avec une frange noir et un sourire éclatant.

Elles ne me sont pas inconnues.

Elles ne peuvent pas être là.

Ce sont les Gardiennes.

Shiva ? Riza ? Zei ? Qu'est-ce que vous faites ici ?! m'exclamai-je en avançant vers elles.

À peine ai-je fait un pas vers Riza qu'un poing me frappe violemment en plein visage. Sa frange noire aux mèches blondes cache ses yeux sombres qui ont l'air d'être remplie de colère à mon égard.

Pardon, j'ai laissé ma colère parler, soupira-t-elle sans aucune trace de remords.

Je me redresse aussitôt, frottant ma joue endolorie.

Désolé, Riza attendait de te coller une droite depuis le jour où tu as disparu, m'expliqua Zei, tout en m'aidant à me relever.

Le contact de sa main brûle littéralement ma peau, et je m'écarte immédiatement. Après c'est son élément : le feu.

Bon sang... je ne pensais plus jamais les revoir.

Qu'est-ce que vous faites là ? demandai-je d'une voix tendue.

C'est plutôt à nous de te poser la question, Therasya, souffla Shiva en se dirigeant calmement vers la cuisine.

Elle touche un verre qui se recouvre de givre dès son contact avant de se briser.

Tu as disparu au moment où on avait le plus besoin de toi.

— Je sais. Pardonnez-moi, me justifiai-je. On ne m'a pas vraiment laissé le choix et...

Et tu réalises combien de gens ont vu leurs familles brûler sous leurs yeux pendant que tu couchais avec Kyle ?! cracha Riza, les bras croisés.

Quoi ?! Non ! C'est un malentendu !

Je me tourne désespérément vers Kyle ou Eden pour chercher du soutien, mais Eden reste figé, totalement hypnotisé par ces trois femmes aux dons surnaturels, et Kyle, à moitié réveillé, repose sa tête contre le mur.

Super.

Wow, mais... c'est quoi ce cirque ? intervint soudainement Maddy, qui arrive dans la pièce. Et pourquoi il fait super chaud et super froid en même temps ?

Avant que je puisse répondre, Shiva me devance.

C'est normal. Le froid, c'est moi. La chaleur, c'est Zei. Toi, tu es qui ? demanda-t-elle.

Mon amie déglutit, mais elle ne se laisse pas impressionner longtemps.

Moi ? Je suis celle qui n'arrive plus à fermer les yeux à cause de tout ce brouhaha. Alors, si vous pouviez baisser votre thermostat personnel, ça m'arrangerait.

Elle s'assoit sur le canapé tandis qu'Harvey continue de dormir comme un bébé avec tout ce boucan.

— Je n'arrive pas à croire qu'il y a la Reine des Neiges et Bloom des Winx qui sont dans mon salon, murmura Eden. Si je peux me permettre d'ailleurs, appeler son enfant Riza, je le prendrai comme une insulte.

— C'est comme appeler son gosse Jadis. Pitié, vous n'êtes vraiment pas aimé, commenta Maddy.

— Après on parle, mais Tara s'appelle quand même Therasya ! ajouta Eden.

Je roule des yeux en entendant ses paroles qui n'ont aucun rapport avec la gravité de la situation.

Je sais que je suis une trahison pour elles. J'ai tourné le dos à mon monde, laissant la colère de Jadis tout détruire à cause de ce que ma famille lui avait fait. Je sais que je vais devoir prouver ma valeur si je veux regagner leur confiance.

Après quelques minutes, je profite d'être seule avec les filles pour sortir le grimoire que Kyle et moi avons volé à l'université. Je le pose sur la table.

C'est quoi ça ? Tu crois qu'on a le temps de bouquiner ? râla Riza.

Elle est si en colère contre moi. Cependant, une partie de moi comprend sa frustration.

— C'est un grimoire. Il parle de mes origines et d'une statue mythique capable d'endormir les Créateurs de la Tyrie, et d'arrêter ses tremblements. Comme le désert, dis-je en essayant de rester calme.

Zei s'empare du livre sans attendre, pendant que Riza me fixe comme si elle voulait m'achever sur place.

La statue ? C'est qu'un mythe. Ma grand-mère me racontait ça pour m'endormir quand j'étais gamine, répliqua Shiva en haussant un sourcil.

Non, elle existe vraiment. Mais elle ne m'appartient plus. Quelqu'un d'autre l'a maintenant, admis-je en soupirant.

Riza en profite pour m'attaquer à nouveau.

Sérieux ? Donc, tu couches avec un mercenaire, tu nous lâches du jour au lendemain , et en plus, tu perds ce qui pourrait tout réparer ? Bravo, t'es vraiment la meilleure, se moqua-t-elle.

Je prends sur moi pour pas répondre. Ça sert à rien de perdre mon temps en explications, pas avec elle.

Figure-toi que cette statue, je l'avais, dis-je, sans me laisser démonter.

Shiva me fixe, puis se lève, déjà décidée.

Alors, on va la récupérer, annonce-t-elle fermement. Peu importe qui l'a maintenant.

*******

J'ai dû inventer tout un scénario pour convaincre Eden de nous conduire au Cercle sans que Kyle soit au courant. Je ne veux pas qu'il se mêle de cette histoire, surtout pas maintenant. Il m'a déjà assez ralentie à force de traîner avec lui.

Et franchement, ça n'a pas été simple.

Une fois sur place, Eden gare le fourgon et on sort rapidement. On entre dans le bâtiment, mais à peine quelques pas faits, une dizaine de types armés nous entourent, les armes pointées sur nous.

Riza glisse discrètement une main vers sa ceinture, où elle cache toujours des dagues. En un éclair, elle en sort une et la plante dans le torse d'un des hommes.

L'effet domino est instantané. Avant même qu'un autre ait le temps de réagir, Shiva les fixe d'un regard glacial. Littéralement. Une vague de froid envahit la pièce, et les mecs restent figés, incapables de bouger, comme paralysés par une peur qu'ils ne comprennent pas.

— Zei, Therasya, allez chercher la statue. On s'occupe d'eux, ordonna Shiva, sa voix tranchante et déterminée.

Zei me lance un regard rapide avant de courir vers les escaliers. Je la suis sans hésiter, laissant les deux autres gérer le carnage derrière nous.

— Wow, je n'avais encore jamais vu ça, avouai-je en marchant à toute vitesse.

— À force, on s'y habitue.

On arrive devant une porte en acier, imposante, avec un panneau près d'elle. Il y a un genre de scanner ou d'écran tactile qui semble demander une empreinte. Je m'arrête, perplexe.

C'est là, tu crois ? lui demandai-je, un peu hésitante.

Zei jette un coup d'œil à l'écran, puis sourit comme si c'était trop facile. Sans prévenir, elle pose sa main à plat dessus. L'écran clignote un instant avant de fumer et de grésiller. En un éclair, la porte s'ouvre avec un bruit métallique.

— Facile comme bonjour.

Je la regarde, impressionnée, mais elle est déjà en train de s'avancer à l'intérieur.

Viens, dit-elle en entrant d'un pas décidé.

À l'intérieur se trouvent des étagères et des objets dans des vitrines, mais quelque chose dans l'air me dit que la statue est quelque part ici, bien cachée. Je commence à regarder autour de moi, ne sachant pas vraiment où chercher. C'est un endroit secret, un peu comme un musée privé ou une salle de stockage.

Je m'arrête soudainement en voyant une petite alcôve presque invisible dans un coin. C'est tout en bas, sous une étagère, et ça m'attire comme un aimant.

Regarde, là-bas, murmurai-je en me dirigeant vers l'endroit.

Elle pousse doucement l'étagère et découvre une sorte de porte dissimulée dans le mur, et, d'un geste rapide, elle l'ouvre.

Mon coeur s'emballe en voyant la statue à l'intérieur.

On l'a trouvée, chuchota-t-elle.

J'hoche la tête, mais mon attention se porte sur un écran à côté de la cachette. Une image en 3D s'affiche, montrant un corps avec une puce placée au niveau du cœur.

C'est quoi, ça ? murmurai-je en pointant l'écran.

Au même moment, j'entends du bruit dans les couloirs. Je me précipite pour voir ce qu'il se passe, mais un froid glacial m'envahit, comme si tout mon corps était gelé. C'est insupportable.

Accroche-toi à moi, me dit Zei.

Ma main se pose sur son bras, et une chaleur me traverse aussitôt.

— J'adore jouer les radiateurs sur pattes, je devrais être payé pour ça, dit-elle en plaisantant.

Je laisse échapper un petit rire et me dirige vers les filles avec elle. En arrivant, je découvre plusieurs corps congelés au sol, tous bleus, les yeux grands ouverts, dans une scène d'horreur.

Shiva marche tranquillement entre les cadavres. Quand elle nous voit, son sourire s'élargit. C'est la première fois que je la vois sourire, et franchement, ça me fout un peu les jetons.

Vous avez fait vite.

Et on a ce que l'on cherche, réclama Zei. Cassons-nous vers la cascade pour rejoindre Émeraude. Il faut en finir au plus vite.

Tout va à toute vitesse. Elles se dirigent vers la porte, mais je m'arrête. Je suis perdu dans mes pensées, imaginant ce que cela pourrait entraîner. John va forcément se rendre compte que la statue n'est plus en sa possession, et j'ai vraiment peur qu'il s'en prenne à Kyle, comme hier soir.

Cette puce que j'ai vue... Il n'aurait quand même pas placé ça dans son corps ? Mais ça expliquerait tant de chose.

Je réfléchis trop, c'est certain.

— Bordel, Therasya ! hurla Riza.

Je me mets en mouvement, malgré moi. Quand on monte dans le fourgon, Zei annonce notre prochaine destination, mais Eden est réticent.

Attendez, quoi ? Je ne peux pas vous conduire là-bas, surtout si Kyle n'est pas au courant.

On s'en branle de Kyle et de ton avis, rétorqua Riza en jouant avec sa dague. Plus vite on en termine, plus vite Tara pourra être soulagée de retourner à Manhattan, vu qu'elle n'en a rien à foutre de sa propre famille.

Sa pique fait mal, mais je l'encaisse malgré le fait que mes pulsions meurtrières me hurlent de lui planter sa dague là ou je pense.

C'est de la folie ! s'exclama-t-il en me lançant un regard lourd de reproches.

Il cache quelque chose. Lui aussi doit redouter la décision que je vais prendre. Je suis persuadé qu'il s'inquiète pour Kyle.

Il attend une réponse de ma part, mais je n'ai rien à dire. Tout ce que je sais, c'est qu'on a dépassé un point de non-retour.

Fais-le, Eden, soufflai-je en plantant mes yeux dans les siens. Je veux tuer Jadis. Et je tuerai John.

Tu l'as entendu, elle t'a dit de le faire, soupira Zei en posant une main sur l'épaule de mon ami, qui fit un mouvement brusque sous la brûlure de son contact.

Je l'entends souffler avant de démarrer le fourgon en direction de la chute d'eau. Il est trop tard pour faire machine arrière.

Aujourd'hui annoncera la fin.

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On arrive à la fin de la mission de Tara 👀

Bien sûr, pas la fin du Tome 1 ! Je pense aller vers les 50 chapitres !

Le retour de Zei m'a manqué, elle a trop de flow 😩

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