CHAPITRE 40 : DISPARU
🌸🐍🩸
T H E R A S Y A
Le repas s'est terminé dans la bonne humeur, enfin, si l'on met de côté les regards assassins que David lançait à Kyle et les tentatives discrètes de ce dernier pour jouer les mains baladeuses.
Après avoir passé un moment à discuter avec Nora pour combler un peu le temps perdu, je me dirige vers la cuisine pour aider Irina avec la vaisselle. Mais alors que j'approche, je surprends une conversation entre Kyle et Irina. Ils rangent la vaisselle ensemble, et je dois admettre que voir Kyle s'occuper du ménage est une scène rare.
Dommage que je n'ai pas mon téléphone pour filmer ça, je suis sûre qu'Eden payerait cher pour voir.
— Elle est vraiment adorable, non ? lance Irina avec un sourire chaleureux, brisant le silence.
— Qui ça ? demande Kyle, en empilant des assiettes que ma mère lui tend.
— Tara. Elle est venue exprès pour Nora. Je suis si fière d'elle. Elle travaille dur. Je crois qu'Angelina est tout aussi fière d'elle que moi.
— Sa mère biologique ?
— Oui, tu es au courant ?
Elle semble surprise par le fait que Kyle a compris aussi vite de qui elle parlait. Elle poursuit :
— Elle a traversé tant d'épreuves, mais elle reste forte. Une vraie battante.
Je reste figée derrière la porte en tendant l'oreille. C'est rare qu'Irina évoque Angelina, et encore plus avec un étranger. Kyle a l'air d'être intrigué mais son visage reste difficile à lire.
— Je sais ce que tu es, Kyle. Être mercenaire, c'est un choix, et tout choix peut être changé.
— Je ne comprends pas ce que vous...
— Ne me vouvoie pas, la coupe-t-elle. Je sais que tu as choisi la voie qu'on t'a toujours montré, mais la vie est faite pour choisir son propre chemin.
Elle pose une main sur son épaule, et Kyle suit son geste du regard.
— Si Tara a pu repartir de zéro, tu peux aussi.
— Et si je n'en ai pas envie ?
— Je suis persuadée que pour elle, tu serais prêt à tout sacrifier. Il suffit de voir la manière dont tu la regardes quand elle parle. Je ne suis pas si vieille ; je sais reconnaître un homme attiré par une femme.
— Vous...Tu... tu te trompes.
— Vraiment ? Les yeux ne mentent pas. Ils brillent quand tu la regardes.
Il reste silencieux en assimilant ce qu'elle raconte.
— Ça fait trois fois que je te dis de me tutoyer, mais tu t'obstines à me parler avec respect.
J'observe attentivement son pied qui tape contre le carrelage de la cuisine. Qu'est-ce qu'il se passe, Kyle ?
— Je ne suis pas l'idiote du village qui ouvre la porte à tous les meurtrier menottés sous le pas de ma porte Kyle. Je ne cautionne absolument pas ce que tu as fait et c'est impardonnable.
— Je ne cherche pas la rédemption.
— Mais tu la chercheras auprès de Tara. Et si ce n'est pas aujourd'hui, ça viendra. Le jour où tu ouvriras enfin les yeux.
Je reste immobile derrière la porte, mon souffle suspendu. Je n'arrive pas à comprendre pourquoi elle dit ça à Kyle. Pourquoi elle lui donne une importance qu'il ne mérite pas. Et surtout, pourquoi elle croit qu'il aurait quoi que ce soit à chercher auprès de moi.
Je tousse discrètement pour signaler ma présence avant de pénétrer dans la cuisine.
— Tu arrives juste à temps ! s'exclama-t-elle.
Elle tend une serviette propre vers moi, insistant d'un geste pour que je prenne le relais.
— Je vais vous laisser finir, vous deux. Je vais voir si Nora a besoin de moi.
Avant de partir, elle pose une main légère sur mon bras en m'adressant son sourire tendre. Puis, elle quitte la pièce. Je me retourne et me mets à la tâche. Ces assiettes ne vont pas se laver toutes seules. Cependant, je vois du coin de l'œil que Kyle ne bouge pas, il baisse la tête et contemple un point sur le carrelage.
Je lui tends l'assiette que j'ai rincé, attendant qu'il l'a prenne pour l'empiler pendant plusieurs secondes.
Avant que je puisse prendre la parole, il me devance.
— J'étais dans mes pensées.
— Je vois ça, répondis-je. Tu pensais à quoi ?
Il cligne des yeux, comme pour chasser une pensée qu'il ne veut pas partager.
— Rien d'important, dit-il finalement d'une voix neutre. Irina. Elle est plutôt... gentille.
Je pose ma main sur son bras et fronce les sourcils. Je vois bien qu'il y a quelque chose qui ne va pas.
— Tout va bien ?
— O-oui...
Je reste sceptique à sa réponse mais ne force en rien.
— Elle est comme ça Irina. Elle verra toujours le meilleur des autres. C'est pour ça que je l'aime du plus profond de mon cœur, expliquai-je en souriant.
Le simple fait d'être entouré par juste une personne peut suffire à combler un vide qu'on n'osait pas nommer.
— Je comprends, dit-il avant de se remettre à nettoyer.
Je me racle la gorge, me demandant si l'interroger sur ses relations passés est une bonne chose. Après tout, il a gagné mon intérêt face à sa réponse. John a dit qu'il déteste les femmes. Mais pour quelque chose qui me dépasse, j'ai autant envie de savoir comme le fait que je hais cette idée d'avoir une réponse qui risque de me déplaire.
— Kyle ? Je peux te poser une question ?
Il ne relève même pas la tête et se contente d'un bref "Oui" tout en rinçant un verre.
— Je ne savais pas que tu avais déjà eu des relations... avec d'autres femmes.
Cette fois, il s'arrête net et pose le verre avec soin avant de tourner la tête vers moi.
— Pourquoi tu veux savoir ? demande-t-il avec un sourire en coin.
Je lève les yeux au ciel, exaspérée par son ton provocateur.
— Parce que tu connais mes relations sexuelles qui sont à peine existantes, je peux au moins savoir quelque chose de toi maintenant.
Il pose l'éponge et se tourne entièrement vers moi.
— Qu'est-ce que tu veux vraiment savoir ?
Il est ouvert à la conversation ? Pour une fois...
— Tu en as eu combien ?
— De femme dans ma vie ?
— Oui ?
Il lève les yeux au plafond comme pour réfléchir et se met à compter sur ses doigts.
Ok, je regrette déjà ma question.
— Alors... une... deux... trois...
Il s'arrête soudain et fronce plus intensément les sourcils.
— Ah non, celle-là, c'était juste pour apprendre à Harvey comment flirter sans dire clairement qu'il voulait la mettre dans son lit.
Je reste figée.
— Attends... Quoi ?
Il hausse les épaules comme si ce n'était rien.
— Harvey était nul pour aborder les femmes. Je lui ai montré comment être plus subtil. Ça ne compte pas, donc... deux. Oui, deux.
Parce que toi tu sais abordé les femmes ?
— Seulement deux ? Je m'attendais à plus.
Il laisse échappé un souffle amusé.
— Les femmes ne m'ont jamais intéressé. Et pour être franc, je ne comprends même pas pourquoi j'étais en couple avec elles, vu qu'il ne s'est jamais rien passé entre nous.
— Euh... "rien" rien ? Vous ne vous êtes jamais embrassés ? Pas touchés ? Vous n'avez jamais... euh...
Il me coupe brusquement.
— Jamais baisé ? Oui, jamais.
— Attends, toi aussi tu n'as jamais rien fait ?
— Je te parle des femmes avec qui j'étais en couple.
Puis il se penche légèrement vers moi, son ton devient plus direct.
— Mais si tu veux entrer dans les détails... oui, j'ai déjà fait.
Je sens mes joues chauffer, mais je refuse de détourner les yeux.
— Si je comprends bien, dis-je en croisant les bras, tu couches avec des femmes de passage, mais jamais celles avec qui tu es en couple ?
Il hausse les épaules en guise de réponse qui me laisse perplexe. C'est oui où bien c'est non ?
— Mais tu es quel genre d'animal ?
— Je n'ai jamais aimé une femme.
— Alors tu préfères les hommes ?
— Encore moins, répond-il calmement. J'ai voulu croire qu'avoir une relation me rendrait... "normal". Mais je me suis trompé. J'ai rien ressenti. Être mercenaire me réussit bien finalement.
Je me place contre le plan de travail, l'observant. Cette conversation prend une tournure à laquelle je ne m'attendais pas.
— Tu sais, parfois, quand tu es seul, tu te dis qu'il te manque quelqu'un, reprend-il après un moment. Mais une fois que tu essaies, tu te rends compte que ce n'est pas ça le problème. Ou alors, c'est simplement que ce n'était pas la bonne personne.
Il marque une pause, son regard s'égarant un instant, puis il ajoute, plus bas :
— Mais pour ma part, je sais très bien que je ne suis pas fait pour aimé une personne.
— Tu te prives d'avoir des sentiments, Kyle.
— Je ne me prive pas, je ne ressens absolument rien, dit-il d'un ton plus sérieux.
Ses iris gris deviennent ternes et reflètent une obscurité glaciale comme si tout en lui était mort. D'un ton plus joueur, il poursuit :
— C'est très rare que j'ai des envies... Il m'arrive d'aller au Red Club. C'est là qu'Ashley est arrivée et ce qui devait se passer est arrivé.
Je le regarde, interloquée.
— L'autre pimbêche au blond mal platiné ? Sérieusement ? J'ai l'impression que tu te tapes toutes les serveuses là-bas.
Il esquisse un sourire amusé.
— C'est juste ton imagination. Quatre, tout au plus, corrige-t-il avec un air désinvolte.
Ah, d'accord.
Puis, sans prévenir, il se redresse et se place devant moi. Je fronce les sourcils, déconcertée.
— Maintenant, à toi, lance-t-il.
Je le fixe, perplexe.
— À moi quoi ?
Il hausse un sourcil.
— Je sais que tu es vierge, mais je sais aussi que tu n'es pas si innocente que tu veux le faire croire.
Il a parlé, alors je suppose que c'est mon tour de me prêter au jeu.
— Eh bien... ils ne m'ont jamais touchée, dis-je avec une pointe d'hésitation.
C'est bizarre de parler de chose aussi intime.
— Parce que tu ne les laisses pas faire ?
— Je n'aime pas ça. Je préfère que leur plaisir soit tourné vers eux plutôt que vers moi, admis-je en me tortillant légèrement.
Je me sens comme une idiote avec cette explication.
— Mais tu as déjà touché intimement un homme, affirme-t-il.
Je baisse légèrement la tête. Mes joues se mettent à chauffer.
— Ou-oui, admis-je à demi-voix.
— Si ça te met mal à l'aise d'en parler, dis-le-moi, dit-il doucement.
C'est vrai que cette discussion me met mal à l'aise, mais après tout ce qu'il a partagé, je me sens presque obligée de continuer. Je secoue doucement la tête.
Il reste silencieux un instant, avant de poser une autre question.
— Et...est-ce que tu t'es déjà touché ?
La question me surprend. Je ne m'attendais pas à ça.
Je balbutie.
— Je... non.
Il hoche la tête lentement et absorbe ma réponse sans aucune trace de jugement.
— Ne te sens pas gênée, Tara. Il n'y a aucun jugement entre nous, surtout dans ce genre de conversation, dit-il de manière rassurante.
Je lui adresse un sourire timide. Il semble si... compréhensif. Ce n'est pas une facette de Kyle que j'ai l'habitude de voir.
Il pose une main sur mon épaule, et ses yeux prennent une teinte plus sérieuse.
— Les femmes méritent de vivre libres, sans avoir à craindre les hommes. Personne n'a le droit de vous juger sur ce que vous avez fait avec votre corps et a subir.
Mon cœur s'emballe, non pas de gêne, mais d'une étrange reconnaissance. Un homme qui respecte le corps d'une femme... Cela semble si rare alors que ça devrait être normal. Et pourtant, Kyle l'a toujours été. Depuis que nous nous connaissons, il a toujours prôné le consentement des deux parties, d'une manière presque naturelle.
C'est banal, bien sûr, et encore heureux qu'il partage cette manière de penser. Mais, dans mon monde, ce genre d'homme est une exception. Pas la règle.
Le souvenir de Rhys... Ce moment dans la chambre où il s'est frotté à moi. Il était prêt à me... à me violer. Ce mot m'étouffe. Il me brûle la gorge.
Un nœud se forme dans ma poitrine. J'ai envie de lui dire. Après des jours de silence, une partie de moi hurle le fait que je dois lui avouer ce que Rhys a tenté de faire.
— Kyle, il faut que je te dise...
Mais avant que je puisse continuer, tout bascule. Les lumières s'éteignent brusquement et plonge la maison dans le noir.
— Une panne ? murmure Kyle, son ton redevenu froid, méfiant.
Je secoue la tête.
— C'est bizarre ça.
Je me précipite vers le tiroir le plus proche.
— Les plombs ont dû exploser, analyse Kyle en regardant les ampoules.
Je me dépêche de sortir une lampe de poche du tiroir en jetant des objets de droites à gauches. Finalement, je l'attrape, une vieille torche à la pile faible. Elle s'allume dans un éclat faible.
— Suis-moi, dit Kyle.
Je hoche la tête et me force à respirer lentement.
Je commence à m'avancer dans la maison. Chaque pièce dans l'obscurité m'angoisse de plus en plus. Je n'arrive pas à chasser cette sensation étrange de mal-être car ça semble suspect.
— Irina !criai-je. Nora ! David !
Aucune réponse. Ma gorge se serre. Pourquoi ne répondent-ils pas ? Où sont-ils ?
Kyle s'approche de moi, marchant avec calme, mais son regard se fait insistant en analysant chaque recoin.
— Ils doivent être ailleurs, Tara. Calmement, on va vérifier.
Mais je n'arrive pas à rester calme. Je me précipite vers une autre porte, sans prendre le temps d'observer les alentours. Mon cœur bat dans ma poitrine. J'appelle encore une fois. Mais tout est toujours aussi mort. Toujours aussi silencieux.
Puis, soudainement, un cri brisé traverse la maison.
— Irina !
C'est elle. C'est Irina. Son cri est si perçant, si désespéré, que tout mon corps se fige. La terreur s'infiltre en moi. On atteint l'escalier.
Il y a du sang. Un mince filet écarlate qui serpente le long du mur, partant de l'escalier et s'étendant en une traînée. Mon estomac se noue. Je recule instinctivement, mais Kyle, sans se détourner, me lance un regard sombre.
— Reste derrière moi, murmure-t-il.
Son ton est ferme, autoritaire, mais je n'ai plus la force de l'écouter. La peur qui me saisit se transforme en colère.
— Non.
Je le pousse doucement, me faufilant devant lui.
Arrivés au deuxième étage, l'odeur métallique du sang s'intensifie, et mes yeux se posent sur le sol. Le sang est partout. Il forme des taches sombres, comme des indices laissés à la hâte par une personne qui aurait traîné des corps. Des traces de pas trempées dans la même couleur nous mène vers une porte à l'extrémité du couloir. Je m'arrête net.
Je n'y suis jamais allée depuis... des années. Mais je reconnais la porte. Elle est blanche, ternie par le temps. C'est ma chambre. Ou plutôt, c'était ma chambre.
Je me rapproche. La poignée de la porte attire mon regard. Elle est... recouverte de sang frais. La simple vue de ce sang me fait frémir.
Je tente d'ouvrir la porte, mais elle résiste, bloquée. Je tente encore et encore, mais la porte ne cède pas. Je suis prête à paniquer quand, soudain, une main ferme se pose sur mon épaule.
— Recule, me dit Kyle.
Il prend une grande inspiration avant de se reculer un peu et donne un coup de pied d'une force inouïe dans la porte. Un fracas sourd résonne, et la porte cède sous l'impact.
Le cri que je retiens s'étrangle dans ma gorge quand l'image s'impose à moi.
Irina est allongée sur mon lit, immobile. Le corps inerte, figé dans une scène d'horreur pure. Un couteau est planté dans son torse, sa gorge tranchée. Le sang qui l'entoure est presque noir, tachant le matelas et les draps blancs. Ses bras sont couverts de coupures comme un testament de la torture qu'elle a subie.
Je ne peux pas respirer. Mon corps tout entier se fige, paralysé par l'horreur. La scène devant moi est irréelle, comme un cauchemar dont je n'arrive pas à me réveiller.
Je cache ma bouche dans mes mains, mes yeux écarquillés. Le cri que j'avais retenu pendant tout ce temps finit par exploser. Un hurlement déchirant. Mes jambes tremblent sous moi, mais je me précipite vers elle, mes mains tremblent alors que je me penche sur son corps avec les battement de mon coeur à toute vitesse. Je veux la secouer, la réveiller, mais je sais, au fond de moi, que c'est déjà trop tard.
— Non, non, non, non...
Je répète ces mots en boucle, incapable d'y croire. Kyle s'approche doucement. Je sens sa présence derrière moi, mais je ne bouge pas. Quand il pose une main sur mon épaule, je le repousse violemment.
— Non ! Ne me touche pas ! criai-je d'une voix brisée par les sanglots. Elle est là ! Elle... elle va se réveiller !
Mais elle ne se réveillera pas. Je le sais, même si je refuse de l'admettre. Kyle ne dit rien, mais il s'accroupit à côté de moi. Il tend à nouveau la main, cette fois pour m'attirer doucement vers lui.
— Tara, arrête... Elle est partie.
— Tais-toi ! Tu n'en sais rien !
Mais mes propres mots sonnent creux. Je lâche son corps et me tourne vers lui. Mes larmes ne cessent de couler, et je sens mes jambes flancher. Il me rattrape avant que je ne tombe. Je me laisse faire, trop épuisée pour lutter.
— Je suis désolé... vraiment désolé, murmure-t-il contre mes cheveux, son menton frôlant mon front.
Je ferme les yeux, enfouissant mon visage dans son torse.
C'est un meurtre.
Je la vengerai.
Je te vengerai.
***********
HÔPITAL
Dans le couloir froid de l'hôpital, le silence est pesant et seulement interrompu par les sanglots étouffés de Nora qui est blottie dans mes bras. Ses épaules tremblent, ses larmes imbibent mon haut. À côté de nous, David fixe le sol, son visage est ravagé par la douleur. Ses poings sont serrés sur ses genoux, et ses jambes tremblent comme s'il peinait à rester assis.
Je caresse doucement le dos de Nora alors que tout en moi hurle. Les bruits de l'hôpital me semblent si lointains, comme étouffés par une bulle. Mais ce moment est irréelle. Je voudrais qu'il ne soit qu'un cauchemar dont je vais bientôt me réveiller.
Je répète ses mots en boucles dans ma tête.
Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?
Pourquoi la seule personne qui avait réussit à me comprendre, sans jugement, est finalement celle qui me quitte quand j'ai le plus besoin d'elle ?
La porte au bout du couloir s'ouvre, et un médecin s'approche, le regard grave. Je sens Nora se raidir dans mes bras, et David se redresse avec les yeux rougis par les pleurs qui fixent l'homme en blouse blanche.
— Vous êtes les proches d'Irina West ? demande-t-il.
David se lève brusquement.
— Oui... Oui, c'est nous, dit-il, les mots s'étranglant dans sa gorge.
Le médecin inspire profondément, son regard s'abaisse une fraction de seconde. Mon cœur se serre avant même qu'il ne parle.
— Je suis désolé, commence-t-il, et ces mots me frappent. Nous avons tout essayé, mais... elle était déjà partie avant d'arriver ici. Les blessures étaient trop graves.
Nora éclate en sanglots. Je resserre mes bras autour d'elle, les larmes roulant à nouveau sur mes joues.
David recule d'un pas, ses lèvres tremblent tandis qu'il passe une main agitée sur son visage.
— Vous...je...non...Non !
Le médecin pose une main compatissante sur son épaule, mais David s'écarte violemment, secouant la tête.
— Elle ne peut pas être morte, merde ! Elle... elle ne peut pas ! hurle-t-il, sa voix résonne dans le couloir vide. Vous avez vraiment tout essayé ?! RECOMMENCEZ ! JE...C'est ma femme... Sauver ma femme, je vous en supplie...
Je ferme les yeux pour essayer d'ignorer sa détresse pour rester forte pour Nora, mais chaque mot me transperce comme un poignard. Lorsque je les rouvre, j'aperçois une silhouette familière au bout du couloir. Un homme grand, d'environ 1m95.
David le voit avant moi. Son regard change immédiatement, et il se fige.
— Toi, crache-t-il.
Kyle s'arrête, les mains dans les poches avec son expression fermée.
— Qu'est-ce que tu fous là ?! hurle David.
Je sens Nora se crisper dans mes bras, effrayée par son ton. David s'avance d'un pas rapide vers Kyle.
— C'est toi, pas vrai ?! C'est à cause de toi qu'elle est morte ! TU l'AS TUÉ ! MAIS QU'EST-CE QU'ON T'A FAIT MERDE ? C'EST QUOI TON PROBLÈME ?
Je me lève brusquement, mais David est plus rapide. Il se précipite sur Kyle, levant le poing pour frapper. Le mercenaire ne recule pas et d'un mouvement fluide, il attrape le poignet de David en plein vol. Pas de brutalité, pas de force excessive, juste un contrôle absolu.
— Arrêtez ! hurlai-je en m'avançant vers eux. Kyle n'a rien fait, il était avec moi tout ce temps...
Il finit par se détourner, furieux, mais sa détresse est palpable. Il passe une main dans ses cheveux, comme s'il cherchait à reprendre son calme. De mon côté, je me retourne vers Kyle. Il ne dit rien mais sort son téléphone qui vibre. Après un regard rapide dans ma direction, il s'éloigne pour répondre.
Je le surveille du coin de l'œil, incapable de m'empêcher de scruter son expression. Son visage se ferme de plus en plus. Ses sourcils se froncent, et il baisse légèrement la tête, comme s'il réfléchissait intensément ou recevait de mauvaises nouvelles.
Quand il revient, il a ce regard lourd qui ne laisse rien présager de bon. Il s'approche et me fait signe de le suivre un peu plus loin, à l'écart de David et Nora.
— On a un problème, Tara, lâche-t-il à voix basse.
Il jette un autre coup d'oeil pour s'assurer que personne ne nous écoute, mais il ne fait qu'augmenter mon inquiétude..
— Maddy elle...
— Maddy quoi ? fulminai-je en le coupant.
Ma respiration devient irrégulière, j'appréhende ce qu'il va me dire.
— Des hommes de John ont débarqués à la maison et ont kidnappés Maddison et la statue.
Je reste figée, mes yeux grands ouverts. Mon cœur s'emballe, comme s'il allait exploser.
Pas encore une mauvaise nouvelle. Pas aujourd'hui.
— Maddison ? murmurai-je d'une voix à peine audible.
Je serre les poings, essayant de ne pas céder à la panique.
— On y va, dis-je d'une voix tranchante, sans même réfléchir.
Il n'essaie pas de me retenir et hoche simplement la tête. Je me dirige vers Nora qui pleure dans les bras de David.
J'aurai aimé resté avec vous...
— Je dois y aller, murmurai-je hésitante.
— Tu vas où ? demande-t-elle d'une voix brisée.
— Je reviens vite, dis-je en prenant sa main dans la mienne. Je te promets que j'essayerai de revenir vite.
Elle hoche timidement la tête, et je me relève en croisant le regard lourd de reproches de David. Il n'a pas besoin de parler, je sais déjà ce qu'il pense. Mais je n'ai pas le temps pour ses jugements.
Je fais signe à Kyle, qui pivote déjà sur ses talons pour avancer d'un pas rapide. Mon cœur bat si fort que j'ai l'impression qu'il va me lâcher, mais je ne peux pas m'arrêter. Pas tant que Maddison est en danger.
— Tu sais où ils l'ont emmenée ? lançai-je à Kyle en essayant de garder mon calme et en marchant à la même allure que lui.
Il jette un regard vers moi sans ralentir.
— Le seul endroit que je vois pour l'instant, c'est le Cercle.
— Alors allons-y.
****
LE CERCLE
22 H 10
On entre doucement dans le bâtiment par l'arrière. Kyle avance devant moi, mais je reste sur mes gardes. Je n'arrête pas de penser à John. Juste son nom me donne envie de tout casser.
Soudain, des bruits de pas se rapprochent. Kyle m'attrape par le bras et m'entraîne derrière un pilier. Je retiens mon souffle, collée au mur, face à lui. Il jette un œil rapidement et me fait signe de ne pas bouger.
Les pas ralentissent, puis s'éloignent.
— Ne fait pas de bruit, chuchote-t-il en regardant une dernière fois autour de nous.
Je hoche la tête, mais ma mâchoire est serrée. Je veux trouver John. Je veux lui faire payer.
On avance à nouveau. Le couloir semble interminable, jusqu'au moment où on tombe sur eux. Cinq hommes se tiennent juste devant nous. Ils nous remarquent immédiatement.L'un d'eux s'avance vers nous et commence :
— Bonsoir Volkov. Nous ne pensons plus jamais vous revoir ici.
Le mercenaire se place devant moi avant de répondre.
— Où est John ? crache-t-il, montrant son impatience.
— Il est occupé, répondit un autre homme.
Je remarque qu'il tient un couteau assez tranchant dans sa main.
— J'en ai rien à foutre, où est-il ? insiste Kyle avec une voix tranchante.
— Je suis désolé, vous devez repasser de...
Sans prévenir, Kyle sort un pistolet. En un éclair, les cinq hommes s'écroulent au sol, le sang s'écoulant lentement autour d'eux.
Même en le fouillant, je n'avais pas remarqué son pistolet.
Il est vraiment fort.
— Pour une fois que je vous sollicite, vous me servez tout de même à rien, siffle-t-il en les regardant se vider de leur sang.
Il soupire avant de me jeter un regard.
— Ce bâtiment est trop grand. On perdra moins de temps si on se sépare.
Je reste silencieuse, mais je hoche la tête. C'est une mauvaise idée, je le sais, mais je veux voir John. Je veux l'affronter.
Kyle s'éloigne dans une autre direction, arme en main, tandis que je reste seule. Je fixe les corps un instant, puis mon regard tombe sur le couteau abandonné par l'un d'eux.
Je le ramasse, mes doigts se resserrent fortement autour du manche. Ma respiration devient plus rapide. Sans réfléchir davantage, je prends le chemin que je connais par cœur. Le bureau de John. Il a suffit que je sois dans ses lieux qu'une seule fois, lors du dîner, pour savoir exactement où se trouve son bureau.
La rage me guide alors que j'ouvre violemment la porte. Je le vois, assis tranquillement en échangeant avec Jared, son neveux.
Je ne réfléchis plus. Mon souffle s'accélère, mon cœur tambourine dans ma poitrine. D'un pas rapide, j'entre dans le bureau de John, la rage brûlant dans mes veines.
Il lève les yeux vers moi, surpris, mais je ne lui laisse pas le temps de réagir.
— Bonjour, John.
Je me jette sur lui et plante le couteau dans ses quatre doigts posés sur la table.
— Au revoir, John.
Son hurlement déchire le silence. Il essaie de m'attraper avec son autre main, mais je l'attrape avant qu'il ne puisse faire quoi que ce soit. Le couteau s'abat sans hésitation. Son autre main tombe lourdement sur le sol.
Il grogne de douleur.
Jared écarquille grand les yeux sous l'horreur que je suis en train de propager. Il se lève précipitamment mais je ne le laisse pas s'échapper.
Je l'attrape par le col et le repousse sur sa chaise.
— Tu restes là, toi.
Il me fixe avec des yeux remplies de peur clairement visible dans son regard.
Je tourne mon attention vers John, toujours en train de gémir et de tenir son poignet ensanglanté.
— Bien. Maintenant que j'ai votre attention, on va pouvoir discuter, déclarai-je avec un mauvais sourire.
Tous les deux me fixent. Même si John ne veut pas l'admettre, son visage est déformé par la peur.
Je n'ai aucune pitié à offrir.
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🤍
Si je me serai écouté, ce chapitre aurait eu 10 000 mots 😭
Par contre, on en parle de Therasya en mode giga badass ?!
Avant elle était déjà badass, mais là c'est son côté folle + + qui s'est réveillé 😭 (Voir même, Enami qui a pris possession de ses pensées).
Merci pour les votes et vos commentaires, j'essaie de tous les lire !
À bientôt pour le prochain 👀
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