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CHAPITRE 32 : LA ROSE NOIRE







Cela fait quinze minutes que Kyle est parti, et toujours aucune nouvelle.

Je décide de me glisser sous la douche, espérant laver les traces de mes erreurs sanglantes qui semblent s'accrocher à ma peau. Dès que l'eau chaude commence à couler sur mon corps, un sanglot m'échappe, incontrôlable. Des images me reviennent en boucle : la peur dans leurs yeux, le désespoir que j'ai semé. Je revois chaque détail, chaque seconde. C'est insupportable.

Je frotte ma peau avec une telle force que chaque passage de la main me brûle. L'eau chaude amplifie la douleur, mais ce n'est rien comparé à ce que j'ai fait. Mes gestes deviennent frénétiques, mon souffle se saccade. Peu importe à quel point je frotte, le rouge persiste, mais ce n'est pas suffisant. Je veux me punir, souffrir autant que je leur ai fait mal, comme si cela pouvait effacer mes erreurs. L'eau se teinte de rose, mais je continue.

La culpabilité me submerge et me tord le ventre. Je m'effondre contre le mur froid, laissant l'eau masquer mes larmes.

— Tara ? Surgit la voix de Kyle à travers la porte.

C'est comme si sa voix était lointaine, étouffée, perdue dans le bruit de l'eau. Je ne l'entends presque pas, ou peut-être que je choisis de ne pas l'entendre.

Tu m'entends ? Réponds-moi, répète-t-il, un peu plus fort.

Mais je reste une nouvelle fois silencieuse.

— Fait chier ! Ne fait rien de stupide ! s'énerve-t-il.

Un bruit sourd résonne, suivi du craquement brutal du bois : Kyle vient de défoncer la porte. Mais je suis encore figée, perdue dans ma propre spirale de pensées, incapable de sortir de ce cauchemar. J'enfouis ma tête entre mes mains, essayant désespérément de reprendre le contrôle.

D'un coup, la paroi de la douche s'ouvre brusquement. Mon regard se tourne automatiquement vers Kyle, qui se tient là, les yeux fermés, une serviette tendue dans sa main.

Sors d'ici... s'il te plaît.

Il reste immobile, attendant que je prenne la serviette. Mes mains tremblent, mais je finis par la saisir, la serrant autour de ma taille. Lentement, je sors de la douche sans dire un mot. les gouttes d'eau glissent le long de ma peau rougie.

Je m'arrête devant le miroir, au dessus du lavabo.

Je me déteste.

Kyle se tient derrière moi, le regard détourné, et commence à poser une serviette sur mes cheveux, tentant de les sécher avec des gestes doux, presque hésitants mais je le laisse faire. Si je m'écouterai, je briserai le miroir pour me trancher la gorge avec les bouts de verres.

— Tara ?

— Mmh ?

— Je... euh... tu... tu n'es pas obligée de faire ça, tu sais ? finit-il par lâcher.

Je baisse les yeux, incapable de répondre. Ses mots semblent tellement maladroits, mais c'est presque touchant.

Je sens ses mains se retirer doucement de mes cheveux. Il recule d'un pas, comme s'il se battait avec lui-même pour savoir s'il devait rester ou partir. Je croise mon regard dans le miroir, et je vois à quel point je suis brisée. Mon corps encore rougi par l'eau brûlante, mes yeux rougis par les larmes. Et je déteste l'idée qu'il me voit comme ça.

— Pourquoi t'es encore là, Kyle ? lâchai-je, d'une voix lasse.

Il reste silencieux, ses poings se serrent légèrement. Il évite toujours mon regard, fixant un point imaginaire au sol.

— Je... j'essaie de... enfin, d'aider. Mais je suis... je sais pas comment faire, avoue-t-il, gêner.

Je le fixe un instant, sans savoir quoi répondre. Une part de moi a envie de le repousser, de le chasser, mais une autre se sent étrangement apaisée par sa présence, même maladroite. Ses yeux dérivent vers mes bras, rougis par mes frottements intense. Il les observe un moment, l'air tendu.

— T'as... t'as vraiment pas besoin de te faire ça, murmure-t-il en détournant à nouveau le regard, incapable de soutenir la scène plus longtemps.

Je serre un peu plus la serviette autour de moi, sans rien dire.

Il porte ses doigts à son front, l'air perdu.

— Tu sais quoi ? Je vais... te laisser t'habiller. On en reparlera après.

Je ne le regarde pas partir, mais le claquement de la porte me confirme son départ. Je prends une profonde inspiration, fermant les yeux un instant, repensant à sa présence. Malgré tout, elle avait un côté réconfortant.

Mais je déteste dépendre de la pitié. Je hais l'idée de faire culpabiliser les autres.

Après plusieurs minutes passées dans la salle de bain, j'espère de tout mon cœur que Kyle a décidé de dormir ailleurs ce soir, car je sens que je vais craquer.

J'enfile la nuisette que Maddison m'a prêtée ainsi qu'un long peignoir avant de sortir. La lumière tamisée de la lampe de chevet éclaire faiblement la pièce.

Je m'avance vers le balcon qui offre une vue splendide sur la Tour Eiffel illuminée. Le vent est si faible qu'il effleure à peine ma joue. Je profite de ce calme qui est de très courte durée.

— On doit parler, lança-t-il derrière moi.

Il n'y a rien à dire, répliquai-je sans même me retourner.

Je sens sa présence se rapprocher.

Tu as plein de choses à dire, mais tu t'en empêches.

— Et je suis censée dire quoi, Kyle ? ironisai-je en lâchant un petit rire nerveux pour dissimuler mon malaise.

Ce que tu as fait, par exemple. Tu pourrais m'expliquer ce qui t'est passé par la tête pour qu'on en arrive là.

Je fronce les sourcils, agacée.

Arrête de jouer l'étonné. Tu joues mal ce rôle.

— Je le reconnais, je suis mal placé pour te faire une leçon de morale donc je te n'en ferai pas. Mais je veux juste comprendre pourquoi.

Un blanc s'installe entre nous. Je serre mes doigts l'un contre l'autre, tentant de contrôler le stress qui monte en moi. Finalement, je me retourne lorsque son regard croise le mien. Ma bouche s'ouvre, mais aucun son ne sort.

Cela a toujours été ainsi lorsque je devais exprimer ce que j'avais sur le cœur. Personne ne comprend, personne n'écoute, et personne ne semble vraiment vouloir. Je sens une colère sourde monter en moi, mais aussi une profonde tristesse.

— Je... commencai-je, mais c'est comme si mes mots se perdaient dans le vide.

Il ne détourne pas le regard, visiblement près à ce que je lâche le morceau. Mais lui révéler que j'ai tué cette fille parce que je ne supportais pas l'idée de les voir ensemble serait comme lui donner ce qu'il attend de moi.

— Je suis un monstre, lâchai-je enfin en retournant ma vue sur la Tour Eiffel.

J'entends sa respiration douce derrière moi, comme s'il cherchait les mots justes pour répondre à ma confession.

— Ne dis pas n'importe quoi.

— Si, Kyle... Je le suis. Je voulais aussi tuer Alexandre.

Les larmes montent, une envie de hurler me submerge. Je déteste ce que je suis, les pensées qui m'assaillent, mon instabilité. Je déteste tout.

— Rien ne m'obligeait à faire ça. J'ai ôté des vies comme si j'avais le droit. Je me suis permise de jouer avec mes capacités, encore une fois, pour libérer des âmes de leur corps. Parce qu'au final, l'histoire de ma vie se répète inlassablement. Je suis toujours condamnée à tuer, que ce soit pour survivre ou quand mon instabilité prend le dessus.

Il reste silencieux, sans doute sans les mots qu'il faut pour me soulager. Et tant mieux s'il ne dit rien ; s'il ne peut que me servir son sarcasme, autant garder le silence.

Ma vision s'embue de larmes.

— Tu imagines juste si je fais du mal à un enfant ? Un petit être qui vient à peine de naître, qui ne connaît rien de la vie, et moi, le monstre qui lui empêche de savourer les bons côtés de l'existence ? Je ne me le pardonnerais jamais si ça arrivait.

Il pose doucement ses mains sur mes épaules. La chaleur de ses paumes contraste avec la froideur ambiante. Il reste silencieux.

— Mon plus grand rêve a toujours été d'avoir des enfants. De fonder une famille. De rester et de protéger les miens sans fuir. De leur donner tout l'amour dont j'ai été privée. Mais comment puis-je envisager d'avoir des enfants alors que je pourrais leur faire du mal ?

Je serre les poings en sentant la frustration monter en moi. Je me retourne et, lorsque je croise le regard de Kyle, je craque.

— Je ne voulais pas faire ça, Kyle, murmurai-je d'une voix brisée.

À cet instant, il m'attire contre lui, son menton repose sur le haut de mon crâne. Il reste silencieux un moment tandis que sa prise se resserre autour de moi. Je sens la tension de ses muscles, son corps tout entier qui trahit une lutte intérieure. Pourtant, je me sens en sécurité contre lui.

— Nous avons tous commis des actes que nous préférerions oublier.

Je lève les yeux vers lui, à la recherche d'une émotion dans son regard, mais ses traits restent durs et impassibles.

— Même toi, Kyle ?

Il hoche la tête.

— J'ai fait des choses que je ne pourrai jamais effacer. Des choses bien pires que ce que tu peux imaginer.

— Et tu regrettes ?

— J'agis parfois par instabilité, pour des raisons futiles. Mais je n'arrive pas à regretter, soupire-t-il. La peur que tu ressens, si tu étais vraiment un monstre, tu ne ressentirais pas cette culpabilité. Tu es consciente de tes actes, c'est la preuve que tu n'es pas perdue. Alors que moi, je considère ça comme normal.

Je ferme les yeux, me laissant aller contre lui, cherchant du réconfort dans cette étreinte, même si je sais que c'est peut-être la première fois qu'il prend quelqu'un dans ses bras.

— Comment tu fais pour vivre avec tout ça ?

Il reste silencieux un moment en caressant doucement mes cheveux, puis il parle enfin :

— Je vis avec parce que je n'ai pas le luxe de me poser ces questions. Le monde dans lequel je vis ne laisse pas de place à la culpabilité ou aux remords. Chaque pas que je fais est une question de survie, et pour survivre, je dois être impitoyable.

Ses mots sont glacials, mais il ne me repousse pas. Au contraire, son étreinte se resserre, comme s'il cherche à m'ancrer dans une réalité différente, plus douce.

— Toi, tu as ce rêve, et parmi toutes les choses qui nous rapprochent, c'est ce qui nous différencie. Tu as la capacité d'aimer, de protéger. Ne laisse pas tes peurs te voler cette chance, poursuit-il.

Je relève les yeux vers lui.

— Comment sais-tu tout ça ?

— Parce que je vois en toi ce que j'aurais aimé être. Quelqu'un qui peut encore espérer, qui peut encore rêver d'un avenir meilleur.

Je me perds dans ses aveux.

Il pose ses mains sur mes joues avec délicatesse.

— Je t'aiderai à surmonter tous les obstacles pour trouver la paix, pour atteindre la sécurité qui te mènera à réaliser ton rêve le plus cher. Je tuerai tous ceux qui tenteront de t'en empêcher, jusqu'au dernier. S'il ne doit rester que nous deux dans ce monde, alors qu'il en soit ainsi. Je refuse de te voir souffrir.

Je reste sans voix, les mots qu'il prononce résonnent en moi comme une promesse, mais aussi comme une menace. L'idée qu'il soit prêt à tout sacrifier pour moi me terrifie et m'émeut à la fois. Je n'ai jamais rencontré quelqu'un qui se soit autant engagé à me protéger, malgré toutes les erreurs que j'ai commises et je commence presque à regretter mon plan pour me débarrasser de lui.

Alors je décide de ne rien répondre et de profiter de se moment de calme dans ses bras avant que tout s'arrête.

— C'est bizarre, avoua-t-il.

— Quoi donc ?

Ses mains commencent à se détacher de moi, et peu à peu, nous nous retrouvons séparés l'un de l'autre.

— On devrait peut-être jeter un œil à la toile, propose-t-il en rompant le moment de connexion.

Je hoche la tête, bien que je ressente une légère déception à l'idée qu'il ait mis fin à notre étreinte. Mais je secoue vite la tête en chassant ses pensées.

Je prends mon sac où se trouve la toile et la sors. Avec précaution, je la déroule sur le lit pour la laisser s'étendre devant nous. Kyle s'assoie sur le bord et la scrute avec attention.

— Regarde ici, dit Kyle en pointant du doigt une section de la toile où le sang avait formé une sorte de carte.

Je me penche pour mieux voir. Les marques de sang s'étendent en lignes et courbes ce qui forme un chemin. Des symboles étranges, peut-être des runes anciennes, parsèment la toile. Au centre, une forme plus détaillée émerge, comme si ça représentait un bâtiment.

— On dirait... une université, murmurai-je. Oui ! C'est l'université de Pennsylvanie.

Kyle me fixe, l'intrigue dans le regard.

— Comment tu le sais ?

— William m'y a emmenée plusieurs fois, répondis-je en plongeant dans mes souvenirs. Il y donnait des cours d'archéologie. Je me souviens de cette structure. Ça ne peut être que ça. Et aussi les symboles...

Alors, c'est là-bas que nous devrions aller. J'appellerai Eden demain pour organiser un vol.

Mes doigts parcourent la toile, et je ressens une sensation étrange sous ma peau. Sur cette toile se trouve du braille. Et je sais en lire.

Ce n'est pas surprenant.

Lorsqu'Akira m'avait bandé les yeux pour que je devienne plus attentive aux bruits, il m'avait appris à lire le braille.

« À l'endroit où le savoir et le sang s'entrelacent, la puissance et la guérison attendent. » L'université est un lieu de savoir, mais que signifie le sang ? Interrogeai-je.

Il est possible que William ait apporté la statue là-bas avant de la reprendre.

— Si c'était le cas, la toile aurait dû changer, non ?

Pas nécessairement, répondit Kyle. La toile pourrait indiquer l'endroit où se trouve le savoir sur la statue, plutôt que la statue elle-même. Si nous trouvons ce livre, il sera plus facile de la localiser.

Exactement, on se rapproche plus de notre objectif. Il n'était qu'une question de temps avant que tout soit fini.

Tu devrais dormir, me propose-t-il en se redressant.

Tu ne vas pas dormir ici ?

Il s'installe sur un fauteuil, orienté vers le lit.

— Je préfère te laisser tout le confort dont tu as besoin.

D'un geste de la tête, il m'invite à me diriger vers le lit.

Vas dormir, princesse.

4H40
RITZ PARIS

Le sommeil m'a quitté de sitôt car je me fais réveiller par un grincement de porte. Je lève mes yeux vers le réveil qui indique l'heure tardive.

Qui était ce con qui se baladait dans notre chambre la nuit ?

Je relève ma tête en allumant la lampe de chevet. Kyle n'était plus sur son fauteuil.

Ce con n'était qu'autre que Kyle.

Je me redresse légèrement. La porte de la salle de bain est entrouverte ce qui me permet de le voir dos à moi, portant une capuche. L'eau du robinet ne fait que de couler.

Qu'est-ce qu'il fout ! Il était dehors quand je fermais les yeux ?

Mais à l'instant ou j'allais le rejoindre, il en sort.

— Qu'est-ce que tu faisais ? Demandai-je en frottant mes yeux.

Il s'assoit sur le lit en retirant ses chaussures.

— J'étais dehors, souffle-t-il.

— À cette heure ?

— J'avais des affaires à régler, siffle-t-il en retirant son t-shirt.

Je repose immédiatement ma tête contre le coussin. Avec lui, les affaires à régler concerne plus les meurtres qu'autres choses.

— Dis-moi que tu n'as rien fait de stupide.

Je n'entends que sa respiration. D'un coup, il se faufile dans le lit. Mon coeur rate un battement en sentant son parfum si proche de moi.

— Comme disait mon beau-père :"On élimine ce qui nous cause un soucie".

Je fronce les sourcils, ne comprenant pas vraiment ce qu'il veut dire. Le ton qu'il a utilisé laisse entendre une colère contenue, et je sens que le moindre mot de ma part pourrait provoquer une tempête.

Kyle, qu'est-ce que tu...

Je me ravise, réalisant que je ne veux pas envenimer la situation. Je n'ai pas envie de déclencher une apocalypse entre nous.

Écoute, je suis fatiguée après ce moment d'effort.

Il se tourne dos à moi avant de me lâcher :

— Bonne nuit imbécile.

Je m'enfonce dans les draps en fermant les yeux pour tenter de chasser les pensées tourbillonnantes. L'obscurité m'apaise, et je me concentre sur le son de ma respiration, espérant que le sommeil viendra bientôt m'emporter même si je reste méfiante sur ce qu'il aurait pu faire d'après cette phrase.

Mais le fait qu'il mentionne son beau-père me surprend. Je ne savais pas que sa mère était séparer de son père. Quoi que, je ne connais pas grand chose de sa famille. Cependant, ce petit élément m'interpelle énormément.

13H00

— Comment ça on doit attendre jusqu'à 2 heures du matin ?! Tu crois qu'on a que ça à foutre ? s'énerve Kyle au téléphone.

Eden n'a pas réussi à obtenir un vol plus tôt. Nous sommes coincés ici ensemble jusqu'à 2 heures du matin, donc pour résumer, encore 13 heures ensemble ici. Je finis de ranger ma valise sous ses mots pleins de colère.

Je me moque de savoir qu'ils ont bloqué les avions et même mon jet privé. Nous approchons de la date limite que John a imposée. Nous avons une bonne piste.

Merde, cette date limite. Je ne sais pas combien de jours ou de semaines il me reste avant de trouver ce qu'il veut, mais une chose est sûre, beaucoup de gens vont subir si je ne lui fournis pas ce qu'il demande. Il raccroche soudainement.

Nous sommes coincés ici.

— C'est bien ce que j'entends, répondis-je avec indifférence.

Putain ! J'ai déjà réservé une chambre dans un motel une fois arrivés en Pennsylvanie.

Une idée me traverse l'esprit. Ce n'est clairement pas le bon moment pour visiter la ville, mais comme nous n'avons rien à faire...

Tu peux m'emmener à la pâtisserie ? J'aimerais prendre quelque chose à manger.

Il lève la tête, un sourcil arqué.

Tu peux très bien y aller toute seule.

Mais tu n'as rien d'autre à faire non plus, alors autant y aller à deux.

Il semble hésiter. Subitement, son regard se pose sur mon poignet. Il s'avance vers moi et prend le bracelet qui bloque mes dons. Il me l'attache et, dans un soupir, il répond :

— Ok.

LADURÉE

Kyle me conduit devant la pâtisserie. Je descends avec lui et entre. L'odeur des délicieuses créations fraîchement préparées envahit mes sens dès que nous franchissons la porte de Ladurée. Le parfum sucré des macarons se mêle à celui des croissants chauds et des tartelettes à la fraise, parfaitement disposées derrière la vitrine. J'admire ces douceurs comme une enfant ; si je me laissais aller, je prendrais tout ce qu'il y a à manger.

Kyle, en revanche, à l'aire complètement perdu, les mains dans les poches, comme s'il ne se sentait pas à sa place. Je lui adresse un regard surpris. Qui n'aime pas les pâtisseries ? Nous nous plaçons dans la queue.

— Tu veux prendre quelque chose ? demandai-je en réfléchissant.

Euh...

Dommage qu'on ne rentre pas tout de suite à Manhattan. Je leur aurai apporté ce qu'ils voulaient.

J'attends sa réponse, mais il reste silencieux, absorbé par les multiples choix. C'est enfin notre tour.

— S'il vous plaît ? demande la caissière avec un sourire aimable.

Je me tourne vers Kyle une dernière fois, espérant qu'il ait fait un choix.

Kyle, tu veux essayer quelque chose ?

Il hausse légèrement les épaules, toujours hésitant. Son silence me semble suspect.

— Une tartelette à la fraise, s'il vous plaît, lançai-je.

Très bien, mademoiselle.

Pendant que la caissière prépare ma commande, l'excitation monte en moi à l'idée de retrouver le goût du glaçage sur mon palais. Je meurs littéralement pour ça.

J'adore les tartelettes à la fraise. Je ne connais pas de pâtisserie meilleure que celle-ci, m'exclamai-je, comme une enfant émerveillée.

Je-je n'ai jamais mangé de pâtisserie, avoue enfin Kyle.

Ses mots me frappent de plein fouet. Je me retourne immédiatement vers lui. Je le regarde, complètement éberluée.

Quoi ?! Tu n'as jamais goûté de pâtisserie ?

Il hoche la tête, visiblement gêné.

Non, jamais.

La caissière nous tend notre commande soigneusement emballée. Je prends le sac avec un large sourire.

Eh bien, il est grand temps de remédier à ça, déclarai-je avec détermination.

Je me tourne de nouveau vers la caissière.

Pouvez-vous m'ajouter une tartelette à la fraise de plus, un croissant... et avez-vous un tiramisu ?

Elle hoche la tête.

— Spéculoos ou café ?

Je cherche le regard de Kyle, espérant un avis.

— Je... Je n'en sais rien.

— Les deux ! Pourquoi faire un choix ! m'exclamai-je avec enthousiasme.

Quand la caissière nous apporte le tout, Kyle a décidé de payer.

Nous quittons la pâtisserie, les bras chargés de trésors sucrés, et montons dans la voiture. Kyle démarre le moteur et, sans un mot avant de nous conduire dans un endroit discret.

— On va commencer simple, avec quelque chose de basique : le croissant, déclarai-je en le sortant de la boîte.

Il le prend dans ses mains, l'air méfiant.

Je ne t'ai pas empoisonné, Kyle. Regarde, je porte mon bracelet, soufflai-je en lui montrant mon bras.

Il répond par un « Mmh » avant de prendre une bouchée. Je l'observe attentivement, remarquant comment ses traits se détendent peu à peu, comme s'il découvrait pour la première fois la douceur et le croustillant d'un croissant.

Alors ? demandai-je, impatiente de connaître son avis.

C'est... vraiment bon, finit-il par dire.

Un petit sourire effleure ses lèvres, mais il disparaît rapidement lorsque je laisse échapper un léger rire.

Tu veux goûter les tiramisus ou la tartelette à la fraise ? proposai-je en fouillant le sac.

— Ton préféré, c'est la tartelette, non ?

Oui...Enfin, je meurs aussi pour le tiramisu, hein !

Alors, ça sera mon préféré aussi.

Je lui tends la tartelette en essayant de cacher mon sourire. Cet homme fou a le don de me mettre dans tous mes états. Ses initiatives me touchent énormément.

Voilà, dis-je doucement. Essaie et dis-moi ce que tu en penses.

Kyle prend la tartelette et, après un instant d'hésitation, il mord dedans. Je scrute son visage, curieuse de voir sa réaction. Ses yeux s'illuminent brièvement, presque comme ceux d'un enfant émerveillé.

Woah... Je...

Il ne termine même pas sa phrase qu'il enchaine une bouchée après l'autre. Je souris avant de croquer à mon tour dans ma tartelette, partageant ce moment simple avec lui.

Dis-toi... Je crois que c'est la première fois que je mange des fraises...

Alors là, c'est la cerise sur le gâteau.

C'est limite plus choquant d'entendre ça que le fait que Maddy ose se mettre nue devant moi.

Je reste figée avec la tartelette suspendue devant ma bouche. Ses mots me frappent avec une intensité que je ne peux ignorer. Comment est-ce possible qu'il n'ait jamais goûté quelque chose d'aussi simple, d'aussi banal pour la plupart des gens ?

La première fois ? demandai-je, choquée, en posant doucement ma tartelette.

Il hoche la tête, continuant de savourer sa tartelette sans changer d'expression. Une vague de pitié me submerge, mêlée à une tristesse profonde. Pour lui, ce simple plaisir est une découverte tardive, et je réalise à quel point nos vies ont été différentes, malgré nos souffrances communes.

Je relève mon visage vers lui, nos regards se croisent. Il s'avance vers moi, ses doigts se lèvent lentement et effleurent délicatement le coin de ma bouche. Je sens le glaçage de la tartelette qu'il essuie avec un geste tendre.

Tu ne sais pas manger ? me jugea-t-il en haussant un sourcil.

Son commentaire me prend par surprise. Je lui lance un regard moqueur, savourant ce moment de proximité inhabituelle entre nous.

Je te retourne la même phrase, rétorquai-je en pointant la crème au-dessus de sa lèvre.

Il tire le pare-soleil et ouvre le miroir pour vérifier avant d'essuyer la crème, visiblement gêné. Je ne peux m'empêcher de sourire. Kyle peut se montrer... mignon ? Parfois. Rarement. Très rarement.

Tu veux un tiramisu ? demandai-je.

Je vais exploser.

C'est une bonne chose, tu ne manges presque jamais rien.

C'est faux, je mange, juste pas devant vous.

— Pourquoi ? l'interrogai-je en haussant un sourcil.

J'aime être seul, répond-il comme une évidence.

Ça, je l'avais déjà remarqué.

— J'aime être seule aussi. Mais c'est Maddy qui m'a sortie de ma bulle. Tant mieux, en soi, je n'aurais jamais fait la connaissance de personnes qui me sont chères aujourd'hui.

Un silence s'installe dans l'habitacle, chargé de pensées non exprimées. Il tapote contre le volant de la voiture. Je brise ce silence par une proposition :

Ça te dit qu'on sorte de la voiture pour se balader ?

Je l'entendais soupirer, perdu dans les réponses qu'il voudrait me faire part. Mais après quelques secondes, il acquiesçait. Et c'était partie pour un tour !

Il y avait tellement de choses à voir ici que je n'ai pas laissé Kyle souffler une seule seconde. On est allés explorer les Champs-Élysées, et j'ai même insisté pour qu'on visite le château de Versailles, même si je voyais bien que tout ça le laissait complètement indifférent. Franchement, il n'avait pas l'air impressionné du tout, mais peu importe. À force de marcher, je sentais mes jambes lâcher peu à peu, mais j'étais déterminée à tout voir, rien ne pouvait m'arrêter. Pour une fois, l'atmosphère entre nous était paisible, détendue, calme...

Mais le meilleur souvenir de cette balade, c'est sans doute le moment où Kyle s'est retrouvé à se disputer avec un mime. Il n'avait pas compris que le mime imitait ses gestes, et ça l'a tellement frustré que j'ai dû intervenir pour éviter que ce pauvre type finisse avec une jambe en moins.

Le soleil commence doucement à se coucher. Nous arrivons enfin dans le jardin des Tuileries. La beauté de toutes ces fleurs aux couleurs variées m'apaisent plus que tout. L'air se rafraîchit, et une légère brise caresse mon visage. Je m'arrête un instant pour admirer le paysage.

Tu as ton téléphone sur toi ? demandai-je en découvrant un beau papillon posé sur un banc.

Oui, pourquoi ?

— Je veux prendre des photos ! m'exclamai-je.

Tu te mets à la photographie maintenant ?

J'ai toujours été dans la photographie. Un peu comme toi, non ? Le psychopathe qui garde des photos de moi d'il y a des années ? lançai-je en tendant la main.

Il me dévisage un instant, et après quelques secondes d'hésitation, il finit par me tendre son téléphone. Je remarque tout de suite que ça le dérange un peu. Peut-être a-t-il peur que je tombe sur des photos de moi en faisant défiler sa galerie, encore une fois. Et honnêtement, ça ne m'étonnerait pas de lui.

Je commence à prendre des photos des fleurs, me focalisant sur leurs détails, les pétales et les couleurs. Je me perds dans l'instant, capturant tout ce que je trouve joli, sans réfléchir. Puis, en déplaçant l'objectif, je capture Kyle par accident. Il ne regarde pas l'objectif ; ses yeux sont posés sur un buisson de roses juste en face de lui.

Je reste figée un instant en observant la photo que je viens de prendre. Elle est parfaite. Il a l'air apaisé, presque vulnérable, comme s'il était dans son propre monde. Cruellement beau que ça devrait en être interdit.

Je m'approche doucement de lui.

Tu regardes quoi ? lui demandai-je en scrutant le buisson à mon tour.

Il reste silencieux un instant puis il tend la main et cueille une rose. Une rose noire, cachée parmi les autres, presque invisible.

Cette fleure, j'avais l'habitude de peindre les roses du jardin en noires pour les donner à ma mère. Je pensais que tu aimerais ça, murmura-t-il en me tendant la fleur.

Je reste un moment sans bouger par ses mots. Il vient de cueillir une rose...pour moi ?

Oh...

— Je t'aurai bien cueillit la Therasya, mais pour ça il faut que j'aille dans ton monde des merveilles et je risque de mourir en touchant cette fleure empoisonné. Alors, on va rester dans le soft pour le moment.

Je secoue la tête en étant amusé.

C'est rare, une rose noire, dis-je en la prenant. Pourquoi celle-ci ?

Il hausse les épaules et incline légèrement sa tête de côté, comme pour réfléchir.

— Je sais pas à vrai dire...Peut-être car elle me fait penser à toi ? Unique, mystérieuse... et belle. Tout ce qui est original, fait penser à toi, dit-il simplement.

Mon cœur s'emballe, comme s'il voulait s'échapper de ma poitrine.

— Tu sais que t'es doué pour dire des trucs comme ça, mais que c'est flippant en même temps, murmurai-je en essayant de cacher ma surprise.

Il esquisse un petit sourire, presque timide, avant de détourner les yeux.

— Ouais, j'imagine. Mais... c'est juste vrai.

Mon regard se pose sur la rose.

— Tu sais, je crois que je n'ai jamais passé un moment aussi tranquille, lui avouai-je, surprise moi-même par ma confession. D'habitude, tout est... compliqué.

Je m'assois sur le banc et rapidement, il me rejoint.

— Je veux dire...J'ai pris du bon temps. Ça ma fait un bien fou de ne pas tout remettre en question, sur mes choix, sur ce qui m'attend, sur mes obligations.

— Tara...

Je me redresse.

— On devrait faire ça plus souvent, non ? Juste prendre quelque minute pour oublier qu'on a autant envie de s'entretuer que de...

Je m'arrête aussitôt en imaginant la suite de ma phrase.

— Que de quoi ? Me questionne-t-il.

Que de s'embrasser...

Je n'arrive pas à continuer ma phrase qu'il me devance.

— Peut-être, répondit-il doucement, en fixant la rose que je tiens toujours. Peut-être que... j'ai besoin de ça aussi. Mais sa restera toujours aussi bizarre ses moments.

J'hoche la tête quand soudain, son téléphone se met à sonner dans mes mains.

C'est Harvey.

Il me prend le téléphone des mains et s'éloigne de moi.

Je m'assois à nouveau sur le banc, contemplant les fleurs avec le coucher du soleil qui accentue la beauté des couleurs.

Je sais que je dois rester méfiante. Kyle peut facilement revêtir son masque d'homme dur, mais au fond, c'est un enfant abandonné qui n'a pas appris à vivre. Je me retrouve à me demander si le fait de vouloir se débarrasser de lui est vraiment ce que je veux car je risquerai de le regretter.

Ou pas...

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FINITO PIPOOOOOOO POUR CE CHAPITRE 🤍

Pour une fois qu'ils ont un moment de calme après la tempête de la veille.

A DIMANCHE PROCHAINNNN !

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