CHAPITRE 30 : PARIS
10 H 30
— Tout est prêt ? demande le mercenaire.
— Oui, tout. Jared m'a donné les fausses pièces d'identité pour toi et Tara. Avec le jet privé, vous y serez en 6 heures, répond Eden.
Je m'assois sur le canapé, la tête entre mes mains. Inutile de préciser que, comme d'habitude, je ne suis au courant de rien de ses plans. Une valise est posée sur le seuil de la porte, probablement celle de Kyle, puisqu'il m'a ordonné de préparer la mienne.
— Tu as besoin d'autre chose ? interroge Eden.
Il lève la tête vers moi avant de reporter son attention sur son cousin.
— Non. Je me débrouillerai pour le reste.
— Vous décollez dans moins de deux heures...
Il acquiesce et fait mine de partir, mais Eden l'interrompt joyeusement en ajustant sa fausse moustache.
— Et Kyle ! Quand tu seras à Paris, prends-moi des croissants, s'il te plaît. J'ADORE LES CROISSANTS !
— Si on est toujours en vie, pesta-t-il d'un ton tranchant.
— Oui, oui, baguette.
Il se contente d'un claquement de langue avant de tourner les talons et s'en aller.
Eden m'avait prêté une petite valise. Apparemment, on n'était censés rester qu'un jour. Ce voyage, sans la moindre explication, me met les nerfs à vif. Je déteste cette sensation d'être en permanence laissée dans l'ombre, embarquée dans un plan que je ne comprends jamais vraiment. Avec Kyle, c'est toujours comme ça : le silence et les énigmes.
Je pris alors le stricte nécessaire : des vêtements simples, au cas où Kyle décide de me faire courir un marathon car il est autant détesté en France qu'aux États-Unies. Mais également des escarpins et quelques robes de cocktails.
En fouillant ma garde-robe, que je partage avec Maddy, je tombe sur quelque chose. Une nuisette blanche en dentelle, légèrement transparente.
— Woah, lâchai-je, surprise. T'as payé combien pour ça ?
Je me retourne vers Maddy, qui est en train de se faire une manucure sur son lit.
— T'as trouvé mon petit trésor ! C'est fait exprès qu'elle soit transparente, c'est pour que tes sous-vêtements se voient.
— Et je peux savoir pourquoi tu as ça, exactement ?
— Tu me poses vraiment la question ? me répond-elle en haussant un sourcil, l'air malicieux.
Oh...
Je ne peux m'empêcher de rire. Maddy a toujours eu un faible pour les tenues provocantes, alors retrouver cette nuisette dans nos affaires ne m'étonne qu'à moitié.
Une idée traverse mon esprit, et je souris, soudain inspirée.
— Ça te dérange si je la prends pour le voyage ?
Elle relève les yeux de sa manucure, bouche bée.
— Tara... Therasya... Olsen... West... Petrova... Rosefield ! Qu'avez-vous fait de ma copine ?!
Je dois avouer que l'énumération de tous mes prénoms et noms doivent sûrement donner mal au crâne.
Elle se redresse sur le lit, l'air choqué et excité, puis s'avance jusqu'à moi.
— Tu veux l'emporter pour quoi, exactement ? Tu sais que, normalement, avec ça, on ne porte rien en dessous, hein ?
— Je sais, Maddy, je sais.
— À moins que tu préfères ne rien porter du tout.
Sa voix devient de plus en plus espiègle. Elle a toujours eu de drôles d'idées.
— Tu veux te taper Kyle ?
Alors là, certainement pas.
— Non !
— Mouais...
— Écoute, presque tous mes vêtements sont au sale, et vu l'électricité ici, ce n'est pas demain que je pourrai faire une lessive. Il me faut bien quelque chose pour dormir. Et dormir en vêtements de jour, ça me met mal à l'aise.
Je me retourne, jetant un dernier coup d'œil dans le coin de la garde-robe de Maddy avant de poursuivre :
— Et puis, de toute façon, je n'ai pas vraiment le choix de te demander ça. Même si il n'y a que des nuisettes dans ta garde robe.
Je vois enfin qu'elle commence à me croire.
— Je dirai à Eden ou Harvey de faire quelque chose pour la lessive dès que possible. C'est vrai que c'est énervant.
Je ferme la valise et me dirige vers la porte quand elle m'arrête.
— Oh, si t'as le temps de faire du shopping, prends-moi le nouveau sac de la collection Chanel, dit-elle en me serrant dans ses bras. Tu vas me manqué éperdument mi Amourette !
— Je penserai à prendre ton sac après avoir fait sauter la tête de Kyle, lui réponds-je en la serrant en retour.
Elle va fortement me manquer, même si ça ne durera que quelques jours. Maddison est comme mon parapluie sous une tempête. Ça sera la seule à me dire "N'oublie pas, même au milieu d'une fusillade, le rouge à lèvres reste indispensable".
FRANCE
19H00
Grâce à William, j'étais multilingue : je parlais russe, japonais, arabe, français, mandarin et grec. Il adorait la France, surtout pour sa culture et le Louvre, où il avait exposé certaines de ses découvertes en tant qu'archéologue. J'y étais déjà venue enfant, et j'en gardais de bons souvenirs.
Kyle avait réservé une voiture pour nous afin de nous conduire vers l'hôtel. Prendre un taxi serait trop risqué, on se ferait repérer en un rien de temps avec ce psychopathe qui croit dissimuler son identité sous une capuche.
Comment attirer l'attention de tout le monde : Chapitre 1.
Ce mercenaire est tellement demandé alors qu'il ne travaille pour personne mais ce sert des gens pour ses intérêt.
— Personne ne doit savoir que je suis revenu, lance-t-il en brisant le silence assourdissant tout en retirant la capuche.
— Tu as peur ?
— C'est eux qui ont peur, ça, c'est le problème. Un gros problème même.
— Si tu arrêtais de tuer tout ce qui bouge, peut-être que ta liste d'ennemis ne serait pas aussi longue que tous mes noms de famille réunis, crachai-je avec ironie en regardant le paysage.
Il secoue la tête, un sourire étiré sur le visage. Son téléphone sonne, et il répond immédiatement.
— Ouais, on est arrivés... Tu as déjà visualisé l'œuvre ? Ça marche... Tes croissants, tu te les mets où je pense.
J'étouffe un rire, sachant parfaitement qui se cache derrière cet appel. Mais il a mentionné une œuvre. On allait encore voler quelque chose... Putain.
— Elle doit être au musée du Louvre... Je sais... Entre l'hôtel et le musée, il y a environ 33 minutes... Ok... Je te rappellerai plus tard si j'en ai envie, poursuit-il avant de raccrocher.
Un silence s'installe à nouveau dans l'habitacle. Il roule avec concentration, les mains fermement accrochées au volant. Je laisse mon regard vagabonder sur la vitre avant, puis j'aperçois sur ses doigts quelque chose qui attire l'oeil. Parmi ses bagues, une chevalière retient mon attention. Elle est en argent, ornée d'un serpent sculpté, ses yeux incrustés de petites émeraudes brillantes. Je ne l'avais jamais remarquée auparavant.
— Dis-moi, commençai-je, en plus d'être hypocrite avec ma famille, tu leur voles aussi des chevalières ?
Il pouffe de rire.
— Tu as l'œil, princesse. C'est un cadeau de ton père, je me devais de l'accepter.
— Accepter alors que tu as kidnappé sa fille. Et dire qu'ils t'ont considéré comme leur fils...
— Je ne serai jamais l'un des vôtres, Tara. Jamais. Donc, sens-toi soulagée que je ne joue que les faux culs.
— Si tu ne te sens pas comme l'un des nôtres, alors pourquoi la portes-tu ?
— J'en avais envie, c'est tout, riposte-il d'un ton sec. Et pourquoi portes-tu le collier de ta mère si tu ne peux plus te la voir ?
« Touché »
Il a peut-être marqué un point, mais je sais très bien qu'il tente de changer de sujet pour éviter de répondre à ma question.
— Et notre mission, c'est quoi maintenant ? Tu comptes me l'expliquer ou je dois deviner ?
Il prend une profonde inspiration.
— J'ai réservé une suite à l'hôtel. Mais il nous fallait une identité qui n'attire pas l'attention. Bien que je sois populaire dans de nombreux pays, un homme que j'avais formé a réussi à détourner mes méfaits. Il avait une dette envers moi. Figure-toi que je suis le frère jumeau de Kyle maintenant !
— Et tu t'appelles comment ?
— Bryan, comme ton ex-musicien.
J'ouvre la bouche de stupéfaction. Cet homme est complètement malade.
— Au moins, l'un des seuls hommes que tu as aimé profondément. Je pourrais même en être jaloux, dit-il en étirant un sourire.
Je soupire.
— Et tu penses que les gens vont y croire ?
— Tu vas être la première à y croire en tout cas, tu as intérêt à jouer le jeu.
— Tu veux tromper qui avec tes nombreux tatouages ?
Il prend son temps pour répondre. Je sais qu'il n'avait pas pensé à ça.
— Je trouverai un moyen de les cacher.
— Dis juste que tu n'y avais pas pensé.
Il me lance un regard avant de le reporter sur la route.
— Je te trouve bien insolente.
— Je ne fais que dire les faits. Tu n'arriveras pas à passer une journée sans pointer ton arme sur la tête de quelqu'un.
Il me dévisage un instant.
— Mais moi, du coup, je m'appelle toujours Berta ?
— Non, je t'ai choisi Aurore. Si tu aimes autant la Belle au bois dormant comme quand tu étais petite, autant jouer le personnage, non ?
Wow. Cette petite attention me fait des sensations bizarres au ventre. C'est vraiment...étrange de sa part.
Heureusement qu'il n'a pas choisi de s'appeler Philippe.
Mais quelques choses me glacent immédiatement le sang. Je sais très bien que je n'ai mentionné ce Disney seulement petite et je ne le connaissais pas encore. Au fur et a mesure, je ne croyais plus au conte de fée. Alors comment savait-il ?
— Et nous sommes donc les Rosefield, poursuit-il en m'amenant à la réalité.
Il a compris que je me posais des questions.
— Tu ne t'es pas foulé pour le nom, déclarai-je en croisant les bras.
— Je dois dire que quand tu as une liste de noms de famille aussi longue que les rêves ennuyeux d'Eden, il y a du choix. Rappelle-toi des détails que je vais te donner. On s'est mariés il y a deux mois en Australie.
— Pourquoi l'Australie ?
— Parce qu'il n'y a qu'en Australie que je n'ai tué personne encore ? C'est évident ? Ça m'a inspiré.
Je roule les yeux en frottant mon doigt entre mes sourcils. La façon dont il exprime les choses les plus improbables me fatigue.
— Et pourquoi deux mois et pas trois, par exemple ?
— Parce qu'il y a deux mois, j'étais en France à faire mon business.
— Dis plutôt que tu étais en train de créer une mer de sang.
Je l'entends soupirer avant de me répondre :
— Ça fera un alibi en béton pour Bryan, en tout cas. Toi et moi, nous sommes ici pour profiter de notre union.
— Voyage de noces ?
— Ouais, on va dire ça. Loin de moi l'envie de te vexer, mais si je devais faire un voyage de noces, ce ne serait pas en France.
— Laisse-moi deviner, tu voudrais le faire à la morgue, déduisai-je en le regardant de profil.
Putain, dans tous les angles, il est cruellement beau.
— M'accompagnerais-tu là-bas, princesse ?
Il tourne son regard vers moi.
— Je t'accompagnerai dans un cimetière, pour te jeter dans ta tombe, oui.
— On sera deux alors, murmure-t-il sur un ton ironique avant de reprendre son sérieux. Cesse de plaisanterie. Notre but est simplement d'aller au musée, volé une œuvre et partir. Facile comme bonjour.
— Quel œuvre ? Questionnai-je, sceptique.
— « Les 7 sangs », ce chiffre ne te rappelle rien ?
— Si... Il a été fait avec le sang des sept dragons, non ?
— Et c'est là l'erreur, princesse. Ce n'est qu'une tache de sang noir, divisée en sept parties par ton lézard géant.
— Aconys, le rectifiai-je, agacée.
— Ouais, ouais. Je ne sais pas qui est ce malade qui a osé peindre avec le sang de cette chose, mais en tout cas, cela nous aidera dans notre recherche. C'est bien beau de vouloir chercher la statue... Mais pour l'avoir, il faut savoir comment l'utiliser.
— Et comment veux-tu qu'une toile nous aide ?
— Lorsque j'étais à Émeraude, je suis tombé sur une page d'un livre ouvert. Exactement celle qui parlait de cette toile. Apparemment, sous cette couche de sang, se cache une carte qui nous guidera vers un livre.
— Un livre ?
— C'est la clé pour t'aider à l'utiliser et sans doute pour la localiser. Tu as intérêt à mettre du tien. Je vais finir par perdre la tête avec ton pays des merveilles.
Et moi donc, mais personne ne se met à ma place.
— D'après ce que j'ai compris, la Terre et la Tyrie sont entrées en fusion, bien que ton monde existait déjà depuis plusieurs siècles. De ce que j'ai vu, de nombreux scientifiques ont essayé de découvrir la raison de ce miroir qui repose sous la cascade. Il est apparu comme par magie...
— Normalement, ce miroir est fermé aux touristes. Seules les gardiennes ou ma famille peuvent y accéder, car nous sommes les seules espèces surnaturelles, poursuivis-je en me concentrant. Étonnant que John ou William aient réussi à passer... Ou même Jadis... Elle ne possède rien.
Cette histoire est totalement fascinante.
Nous arrivons devant l'hôtel, illuminé par des lumières dorées qui mettent en valeur sa majesté et ses jardins soignés. L'ambiance est magique, témoignant de la splendeur de ce lieu emblématique.
En descendant de la voiture, je contemple le soleil sur le point de se coucher. Un portier ouvre la porte pendant que des bagagistes prennent nos valises. Kyle fait la queue à l'accueil, et je scrute chaque détail du hall.
— Bonsoir, nous avons réservé.
Je m'approche subitement près de lui en entendant sa voix parler français.
— Bien sûr, votre nom ?
— Rosefield. Avec ma femme.
Il me prend par le bras, me collant à lui. Je souris en essayant de cacher ma surprise qu'il maîtrise la langue, malgré son léger accent américain.
— Voici vos clés. Nathan, notre bagagiste, vous apportera vos valises par l'ascenseur réservé au personnel. Profitez bien.
Je remercie d'un hochement de tête, et Kyle prend les clés avant de grimper les escaliers. Au bout d'un moment, j'en ai assez de mes escarpins et les retire.
Enfin, devant notre porte, Kyle insère la clé. L'intérieur du Ritz Paris s'ouvre tel un tableau vivant de luxe. Les lustres brillent et illuminent les meubles anciens et les tapis épais. Un grand lit douillet est plaqué contre le mur en marbre, avec une baie vitrée faisant office de porte coulissante menant vers le balcon qui offre une vue sur la ville et la tour Eiffel scintillante.
— Surtout ne m'aide pas, râla-t-il devant la porte.
— Ça m'avait traversé l'esprit, mais non.
Il secoue la tête d'exaspération.
« Je crois que tu n'as pas relevé le détail là »
Je regarde à nouveau le lit et me rends compte qu'il n'y en a qu'un. Pendant qu'il dépose nos affaires sur le lit, je ne cesse de faire la remarque.
— Il est où le deuxième lit ?
— Il n'y en a pas. Je te signale qu'on est sous couverture et qu'il faut jouer le jeu.
— Tu penses que je vais dormir dans le même lit que toi encore une fois ? Autant que je dors dehors.
Je l'entends siffler, agacé par mon comportement. Je sais que je parais capricieuse, mais je refuse de partager le lit avec lui une fois de plus. Sans oublié ce qu'il s'était passé hier, mon plan n'est pas de coucher avec lui, mais de m'en débarrasser au plus vite.
— Et vu ton instabilité, je n'ai pas envie de subir ta colère dans un lit, continuai-je sans me rendre compte de la gravité de mes mots.
Il arrête tout mouvement. Sa respiration se fait bien entendre, comme si j'avais touché un point sensible. Ses iris grises me transpercent.
— Si c'est pour dire de la merde, abstient toi. Je te l'ai déjà dit, je n'ai abusé d'aucune femme, et je n'en abuserai jamais. Contrairement à ce que tu penses, je peux faire des choses qui sorte selon toi de l'ordinaire mais jamais, j'ai bien dit jamais ! Je ne ferai ça. S'il y a bien des gens que que je déteste par dessus tout, ce sont ces porcs qui osent faire ce qu'ils veulent sur le corps d'une femme.
Ses pupilles semblent prêtes à exploser, ses poings tremblent. À ce stade, j'ai l'impression qu'il va entrer en fusion.
— Jamais ! Jamais ! Jamais !
— C'est bon, Kyle, j'ai compris. Excuse-moi. Je n'ai pas réfléchis et...
— Prépare-toi pour ce soir, on attaque direct, crache-t-il avant de partir.
Je reste figée, choquée par les événements. Je n'ai pas réfléchi à mes mots. Je suis fatiguée de ce voyage, fatiguée de tout, à vrai dire. Porter de telles accusations est grave, je le reconnais, surtout sans preuve.
Je tire ma valise jusqu'à cette salle de bain luxueuse avec une douche à l'italienne. Tout est si propre que je peux voir mon reflet sur le carrelage. Je sors une robe cocktail en satin noir, longue jusqu'au-dessus des chevilles, avec des détails en dentelle sur les bretelles. Le dos entièrement nu, je choisis de l'orner d'un long collier de perles, dont celles-ci caressent ma peau. Les escarpins en velours noir feront l'affaire.
— Merde, j'ai oublié ma trousse à maquillage.
Je retourne dans la chambre et en ouvrant la porte, j'aperçois Kyle, torse nu, le bas de son costume toujours en place, fumant sur le balcon. Il s'est calmé bien vite. Ironique, pour quelqu'un qui veut rester discret, de se montrer ainsi à toute la France. Mais bon, chacun ses problèmes.
Je sors ma trousse de maquillage et m'installe sur le lit avec un petit miroir de poche. Tandis que je m'arrange du mieux possible, Kyle revient, posant son paquet de cigarettes sur le lit. Il lève les yeux vers moi, observant attentivement chacun de mes gestes pendant que j'applique mon highlighter avec les doigts.
— Le naturel te rajoute un charme qui te rend unique. Peu de personne le possède, tu devrais plus le montrer.
Je m'arrête en plein geste, réalisant ses mots, mais à peine je tourne la tête qu'il claque la porte de la salle de bain. Ce mec, franchement...
Je termine d'arranger mes cheveux en soufflant. Kyle sort quelques minutes plus tard, vêtu d'un costume noir parfaitement ajusté. Sa chemise blanche est légèrement déboutonnée, lui donnant cet air décontracté mais toujours incroyablement sophistiqué. Quant à ses cheveux... je n'ai même pas de mots pour décrire à quel point il est parfait physiquement.
« Mentalement c'était bien autre chose »
Son parfum. Tout est sensuelle chez lui que ça m'énerve. Il va falloir que je me concentre pour arriver à mes fins.
— On peut y aller ? Demandai-je pour couper mes pensées obscènes.
— Pas encore, je ne sais pas comment cacher mes tatouages.
Je réfléchis un moment avant qu'une idée ne me vienne. Je lui tends ma main, paume vers le haut.
— Qu'est-ce que tu veux ? Je n'ai pas d'argent.
J'haletai d'exaspération. Ça stupidité pouvait en être drôle.
— J'ai une solution, assieds-toi.
Méfiant, il hésite, puis finit par s'installer à côté de moi, au bord du lit. Je sors mon fond de teint, encore intact.
— Je dois couvrir les tatouages sous ta chemise aussi ?
— Non, juste ceux qui se voient. Donc vers mon cou et mes mains.
Je hoche la tête et prépare le nécessaire.
— Enlève tes bagues.
Avec une éponge, j'applique le fond de teint, mélangé à mon anticerne en espérant que ça va marcher.
— Je vais rajouter du spray fixateur pour que ça tienne, mais évite de plonger dans une piscine.
— Tu me prends pour un idiot ?
— Je te prends pour ce que tu es. Donc, oui.
Il fixe mes mouvements avec une intensité troublante, ses yeux captent chaque geste de mes mains. Je sens une énergie étrange entre nous, que je préfère ignorer en essayant de faire la conversation.
— Je ne savais pas que tu parlais français, déclarai-je pour couper court à mes pensées.
— Je dois bien connaître toutes les langues que tu parles pour te comprendre, non ?
Il est vraiment doué...
Trop doué dans ce jeu.
Son obsession pour moi est évidente, bien au-delà de la mission, sans que je puisse en comprendre la raison.
— Alors, tu parles aussi russe ? japonais ? arabe ? mandarin ? grec ?
— Ouais, avec l'italien et l'espagnol en plus.
— Impressionnant.
Il hoche la tête avec un simple "Mmh" avant de détourner brièvement le regard. Puis, dans un murmure presque inaudible, il laisse échapper :
— Mais le russe... je-je le parle depuis l'enfance.
Je l'observe, il fixe un point invisible, comme perdu dans ses pensées.
— Tu es né en Russie ? C'est ta langue maternelle ?
Je ne m'attends pas à une vraie réponse, mais il me surprend en répondant, d'une voix absente :
— C'est ce que je croyais.
À cet instant, mes sourcils s'arquent automatiquement. Que voulait-il dire ?
Son passé m'intriguait de plus en plus. Au fil du temps, j'apprenais de nouvel chose sur lui.
— On t'a fait croire que tu étais née en Russie ?
Il croise mon regard troubler avant de me répondre d'un ton toujours si absent.
— Oui.
Son « oui » résonne froidement dans la chambre.
— Tes parents ?
— Je n'en ai pas, je n'en ai plus, me coupe-t-il, agacé par mes questions, ils étaient là sans vraiment l'être.
Je termine de camoufler les tatouages de sa main, mais je remarque une petite cicatrice en forme d'étoile à huit branches sur son pouce qui à l'aire d'avoir été fait par une lame chauffée semblable à notre tatouage commun derrière l'oreille. À cet instant, il retire rapidement sa main, conscient de mon observation.
— Tara, fulmine-t-il en se levant.
— Excuse-moi, c'était impoli de ma part...Il faut que je termine ton cou par contre.
— Fais vite.
Je me lève et m'avance vers lui, examinant son cou. Le col de sa chemise est trop serré. Je tire doucement sur le tissu, cherchant à dégager la zone.
— Il faut que tu déboutonnes un peu plus ta chemise, dis-je en levant les yeux vers lui.
Il soupire lourdement en s'exécutant. Je commence à appliquer le fond de teint mélangé à l'anticerne sur le serpent tatoué, mes doigts effleurent sa peau par inadvertance. J'essaie de ne pas lever les yeux vers ses lèvres, mais quelque chose attire mon attention. Une plume à moitié tatouée s'étend presque sur le serpent de son cou.
— Qu'est-ce qu'il y a ?
Je secoue la tête, cherchant mes mots.
— Rien... c'est juste que... Quand j'étais petite, je jouais souvent avec un corbeau qui se posait sur le rebord de ma fenêtre.
Mon regard se fixe intensément sur le tatouage, et je tire un peu plus sur sa chemise pour découvrir la continuité du dessin sans révéler le corbeau entier qui repose sur son épaule. Le plumage semble ensanglanté, mais un détail me frappe. En examinant plus attentivement, je remarque les pattes du corbeau. Elles tiennent le même collier que je porte, celui de ma mère.
— Les corbeaux sont le symbole de la protection, me répond-il sans se rendre compte de ma découverte. Il a du sentir que tu cherchais à sauter par la fenêtre avec ta belle-mère dingue comme ta vrai famille.
Ça ne peut pas être un hasard...C'est bien trop grand. Comme la fleur qui porte mon prénom avec son serpent protecteur tatoué sur son flanc.
— J'ai fini, terminai-je avec précipitation en essayant de ne pas faire sentir ma frayeur.
— Rejoins-moi dans la voiture, on y sera dans quelques minutes pour attaquer.
*******
— Rappelle-toi, on analyse le terrain, on coupe les caméras, et quand l'expo est finie, on retourne à l'hôtel pour récupérer la fausse toile. Après, on dégage.
L'air de la voiture devient irrespirable, j'ouvre vite la fenêtre.
— On peut pas juste attendre ici ? L'aller-retour va m'épuiser.
— Non, trop suspect. Le Louvre est ultra-sécurisé, au moindre geste, t'es suspectée. Garde tes mains dans tes poches et joue les femmes intéressées.
Je lève les yeux au ciel, mais il a raison. Le Louvre, c'est un terrain miné. Pas d'erreurs possibles. Kyle gare la voiture dans une rue adjacente, et on sort. L'air frais de la nuit parisienne est vivifiant, le bruit des touristes et des locaux autour de nous.
À l'intérieur, le musée est bondé. Des couloirs remplis de trésors, des plafonds peints, une foule élégante en robes de soirée et costumes, tous venus pour une et même chose : s'extasier sur des oeuvres peu intéressante.
Je fais semblant d'admirer les œuvres quand Kyle s'approche de moi.
— L'œuvre, c'est où ?
— Patience. Arrête de stresser, voit ça comme une manière d'élargir ton cercle de compétence dans le vole.
— Merci, je tâcherai de l'ajouter dans mon CV quand je me serais fait licencier par toutes tes conneries, m'exclamai-je avec une pointe d'ironie.
— Et voilà que tu me rejoues la dramatique. Bon. Je retourne vers le bar, mon verre est vide.
Alors que je continue d'avancer, un homme un peu plus petit que moi se dresse soudain devant moi.
— Excusez-moi ? Puis-je avoir votre nom, s'il vous plaît ?
— Euh... Aurore. Aurore Rosefield, dis-je avec mon accent.
— Woah, j'adore votre accent. Ça vous donne encore plus de charme. Vous n'êtes pas d'ici, je suppose ?
— Non, non.
— Vous êtes venue seule, mademoiselle ?
Je m'apprête à répondre, mais une main s'enroule autour de ma taille et me tire contre un torse. Kyle.
— Il y a un problème ? Interroge-t-il d'une fausse voix soucieuse.
— Bonsoir monsieur. Vous êtes marié ?
— Oui, depuis deux mois. Que voulez-vous à mon épouse ?
Mon épouse ? Ce terme m'irrite encore plus que je ne l'aurai imaginé.
— Je souhaite m'entretenir avec votre femme. Je suis photographe pour une grande agence de mannequins, lance-t-il en sortant précipitamment une carte de visite de son smoking, qu'il tend à Kyle.
Je jette un coup d'œil à la carte et lis :
— Nous travaillons en partenariat avec Chanel, Yves Saint-Laurent, et bien d'autres marques. Votre femme m'a vraiment frappé par sa beauté, et je suis sûr que mon patron serait ravi de l'ajouter à notre équipe.
— Et ? rétorque Kyle, son ton sec.
— Elle correspond parfaitement à nos critères physiques. Elle a une beauté rare, vraiment exceptionnelle.
Il parle de moi comme si j'étais un objet.
Kyle, visiblement ennuyé, prend une gorgée de son verre, tout en laissant l'homme continuer :
— J'aimerais savoir si je peux m'entretenir avec elle, insiste-t-il.
— Elle n'est pas intéressée, réplique-t-il froidement.
Il se prend pour qui, mon père ?
Je force un sourire à Kyle avant de me tourner vers l'homme :
— Veuillez l'excuser, monsieur. Vous disiez ?
— J'aurai besoin de ses mensurations. Hanches, taille, poitrine, et le bas du corps... si vous voyez ce que je veux dire.
Je hausse un sourcil, stupéfaite.
— Pour quel genre de photos vous travaillez ? demandai-je, intriguée.
— Pour de la lingerie.
À peine a-t-il prononcé ces mots que Kyle serre le verre tellement fort qu'il se brise. Le whiskey éclate sur le sol. Sans hésiter, il avance et se place entre nous. Il fait bien quatre têtes de plus que cet homme.
— Si elle doit poser en sous-vêtements ou nue, je serai le seul à en profiter. Et je suis le seul à connaître ses mensurations comme il faut.
Je suis dans le monde des fous.
— Mais ce sont des photos professionnelles, tente l'homme, visiblement pris de court. Regardez, je peux vous montrer quelques exemples.
Il sort son téléphone et défile une série de clichés : des femmes en lingerie sexy, des tenues bien trop révélatrices. Je ne peux m'empêcher de lâcher un « woah » de stupéfaction. Elles sont magnifiques, et les détails des sous-vêtements... incroyables.
— Elle ne le fera pas, crache le mercenaire. Mais si vous pouviez m'envoyer les références de vos lingeries, je me ferais une joie de lui offrir pour nos 1 an de mariage.
Je grimace de dégoût. Il est pas croyable.
— Mais-mais...
— Bon.
Sans prévenir, il saisit l'homme par le col, le soulevant légèrement. Je reconnais cette lueur de rage dans ses yeux. Son ton est glaçant, prêt à exploser.
— Je ne sais pas si c'est mon français qui n'est pas clair ou si vous êtes juste un con. Mais je vais être très clair : elle ne fera jamais de photos pour vous, ni pour qui que ce soit d'autre. La seule personne qui verra ça, c'est moi. La seule qui...
Je pose une main sur son bras, espérant désamorcer la situation avant que ça ne tourne mal.
— Bryan, ça suffit. Lâche-le, s'il te plaît.
Tous les regards sont braqués sur nous. Génial, on a attiré l'attention. Je sens Kyle lutter pour ne pas exploser, mais la raison est vraiment ridicule.
— Ne fais pas une scène pour rien.
Après quelques secondes, il relâche enfin l'homme. J'en profite pour l'entraîner rapidement vers un coin isolé.
— T'es vraiment un con ! crachai-je.
— Quoi ? T'aurais préféré faire les photos, au final ?
Je passe ma main sur mon visage, exaspérée.
— C'est pas ça le sujet, Kyle. Tu as failli griller notre couverture.
— Tais-toi.
— Tu m'ordonnes toujours de me taire quand je dis la vérité ! m'emportai-je.
— Ferme-la, rétorque-t-il sèchement. Ces types voient les femmes comme des objets, pas comme des personnes. Ils balanceraient des millions pour que tu acceptes.
Je soupire, fatiguée par ses réactions. Il n'a pas complètement tort. Il a agi pour me « protéger », même si sa méthode laisse vraiment à désirer. Mais bon, je n'ai pas besoin de sa protection.
Je regarde autour de nous. On est dans la salle des caméras, où les écrans montrent tout ce qui se passe dans le musée. Mon regard tombe sur un couple en train de s'embrasser passionnément à l'écran. Je grimace.
— Ils avaient faim, eux, lâchai-je avec dégoût avant de détourner les yeux.
J'entends l'autre gorille se retenir de me dire de fermer ma gueule pour de bon. Il est toujours furieux, sans raison apparente.
— On n'a pas le temps pour ça, bougonne-t-il.
Le Louvre est immense, chaque recoin surveillé de près. Il faut agir rapidement et précisément.
— Comment on va faire pour tout désactiver ? On ne sait même pas où l'œuvre est exposée.
Il sort un petit appareil de sa poche et commence à bidouiller les fils sous le panneau de contrôle. Je l'observe, impressionnée malgré moi par son aisance. Il est un maître dans l'art de contourner la sécurité, même si son tempérament explosif complique les choses.
— On commence par désactiver les caméras, explique-t-il calmement. Une fois que c'est fait, on aura une petite fenêtre pour trouver l'œuvre.
— Mais on ne sait même pas où elle est ?
— Alors on improvisera, réplique Kyle, concentré. Il vaut mieux profiter du fait qu'il n'y a personne. Pendant que je fais ça, essaie de voir à l'écran si tu trouves une œuvre qui correspond à la description que je t'ai donnée.
J'acquiesce avant de me mettre au travail. Je scrute attentivement chaque écran pendant que Kyle continue de bidouiller les fils. Les salles défilent sous mes yeux, mais aucune des œuvres ne semble correspondre à celle qu'on cherche. La tension monte, et dans ma tête, un tic-tac imaginaire martèle mon esprit, s'accélérant à mesure que le temps passe.
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FINITO PIPO POUR CE CHAPITRE
(Je vous avouerai que mes plans pour le tome 2 se construit petit à petit, j'ai tellement hâte 👀)
À SUIVRE !
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