CHAPITRE 16 : UNE GUERRE ET UN KARAOKE
MAISON
23 H 45
Après tout cela, une bonne douche s'impose. Je laisse l'eau chaude couler sur ma peau, emportant avec elle la fatigue accumulée et les tensions de la journée.
La chaleur pénètre dans tout mon corps, sur chaque centimètre de ma peau, comme pour effacer le poids que je traine depuis si longtemps.
Mais ce n'est pas juste la fatigue qui doit partir. Le sang, celui que j'ai versé, semble collé à ma peau, totalement incrusté dans mes mains. Je les frotte avec une rage silencieuse pendant plusieurs minutes, quitte à me faire rougir la peau. Je veux que tout parte.
Finalement, je sors de la douche en enroulant une serviette autour de ma taille. Mon regard se pose directement sur le miroir, au-dessus du lavabo. Je m'arrête sur les légères taches de rousseur sur mon nez, qui contrastent aussi légèrement sur mes joues.
Un rappel constant de mon innocence. Je les fixe un moment, avant de remarquer un mouvement dans le miroir, une ombre derrière moi. Mon cœur s'accélère.
Je me retourne brusquement, mais il n'y a rien. Juste la pièce vide. Je prends une profonde inspiration et, en revenant face au miroir, mon reflet à totalement changé.
— Enami...
Non...
Ce n'est qu'une illusion. Il faut impérativement que je me calme avant qu'elle prenne vraiment naissance. Mon cœur bat la chamade, et je serre les poings, tentant de me convaincre que ce n'est pas réel. Mais le regard intense de cette autre version de moi-même semble me défier, comme si elle attendait le moment de s'imposer, de prendre le contrôle.
— Vous les avez jetés les corps ?
Eden.
Je l'entends parler depuis le salon. J'entreouvre la porte légèrement pour écouter. Kyle doit sûrement être avec lui.
— Ouais, répondit Kyle.
— Et c'est tout ?
— Quoi encore ?
— Je te connais depuis des années Kyle. Depuis que je sais qu'on est des cousins éloignés. Et je peux te dire que je ne t'ai jamais vu être aussi proche d'une femme que elle.
— Tu dis que de la merde, si je reste près d'elle, c'est seulement pour avancer. Si elle fait ce qu'on lui dit, elle pourra sortir plus vite avec Maddison, et arrêter le génocide qui se passe chez elle.
— Ce n'est qu'une excuse, Kyle !
Mon cœur accélère à chaque mot, surtout quand j'entends Kyle glousser d'une manière qui risque fortement de me déplaire.
— Tu crois vraiment ?
— Elle t'intéresse ?
Je sens une vague de froid me traverser. La dernière chose que je veux, c'est que Kyle s'intéresse à moi, que ce soit pour des raisons personnelles ou stratégiques. Son implication rend tout plus compliqué, plus dangereux.
— Tu veux que je te dise ? Non, elle ne m'intéresse pas, clairement pas.
Un soulagement.
Mais il continue :
— Regarde ce qu'elle est, elle n'est même pas normale. C'est juste une putain de gamine perturbée qui cherche à cacher son innocence, sa naïveté, sa putain de pureté... alors que ce n'est qu'une fragile.
Chaque mot me frappe de plein fouet. Mes ongles se plantent immédiatement dans la paume de ma main pour contenir ma rage.
— Et surtout, ce n'est qu'une fille facile qui s'ajoute à la liste. Je pourrai la baiser autant que je veux et la tuée juste après.
Une boule de dégoût monte dans ma gorge. Il me répugne au plus haut point.
— Une fille fragile ? Questionne Eden. Pourtant, elle a essayer de te tuer ? Et elle t'a planté avec une lame. Personne n'a osé te faire ce qu'elle a fait.
Un silence s'installe pendant plusieurs secondes, jusqu'à ce que Kyle reprend.
— Peu importe. Il faut que j'appelle quelqu'un pour...
Mais d'un coup, un bruit sec retentit. Un flacon en verre, posé sur le meuble près de la porte de la salle de bain, vient de tomber.
Il s'interrompt immédiatement. Mon souffle se fige alors que j'entends des pas se diriger vers moi. Kyle ouvre la porte de la salle de bain et ses yeux se posent sur mon visage, puis descende plus bas. Je porte toujours ma serviette.
— Tu as entendu quoi ? Me demande-t-il.
— Assez pour me rendre compte qu'en plus d'être un gros connard, tu es aussi un putain d'enfoiré.
Il croise les bras avant de me dire :
— Je n'ai dit que la vérité.
— Je suis juste une femme à ajouter à ta liste ?
Il lève les yeux au ciel, puis, il appuie son corps contre la porte fermée.
— Réponds-moi, Kyle !
— Quoi ?
— Tu veux que j'apporte ce que John exige, mais après, tu comptes me tuer ?
Il s'avance lentement vers moi avec une lueur provocante dans les yeux. Mon coeur bat à tout rompre face à cette proximité.
— Pourquoi tu t'abstiens toujours à vouloir des réponses, hein ?
C'en est trop. La rage explose en moi, envahissant chaque fibre de mon être. Ma main se précipite vers sa joue avec une force impétueuse. Le bruit de la gifle résonne vivement dans la pièce.
— Tu n'es qu'une pourriture, crachai-je, la voix tremblante de colère.
Je tente de le gifler de nouveau, mais cette fois, il bloque mon poignet d'une prise ferme.
— Je te déconseille de le faire encore une fois.
— Et tu vas faire quoi ? Faire ce que tu attends depuis que je suis ici ? Tu veux que je te dise Kyle ?
Il me fixe d'une manière si sombre que cela pourrait me déstabiliser, mais je refuse de céder.
— Je sais très bien que tu ne vas pas me tuer, dis-je avec assurance, parce que tu as un lien fraternel avec mon frère. Mais laisse-moi te faire une promesse.
Je m'approche dangereusement de lui, plongeant mon regard dans ses iris gris perçants qui semblent refléter une profondeur troublante.
— Si tu crois que tu peux me manipuler, tu te trompes. Je te promets que je te rendrai la monnaie de ta pièce, peu importe le coût.
Il émit un rire, mais je ne compte pas m'arrêter à la.
— Te tuer serait une chose très simple pour toi, tout comme moi.
— Et tu proposes quoi ? demande-t-il faussement intéresser.
— La prison.
— Wow, quel frayeur !
Je m'approche encore plus près, chaque mot prononcé avec une froide détermination.
— Tu devrais, oui. Je peux très bien t'emmener dans le pire trou de prison de Manhattan, une cellule qui te donnera l'envie de mourir à force d'y être enfermé. Et je peux t'assurer que je veillerai à ce que tu passes des jours horribles là-bas, quitte à me faire virer. Je veux te faire payer.
Je vois bien qu'il essaie de déterminer si je plaisante, mais ma voix est plus qu'une menace ; elle porte le poids d'une promesse que je n'oublierai jamais. Mon regard est implacable, et chaque mot que je prononce est imprégné de la certitude que je suis prête à aller jusqu'au bout de ma détermination.
Son rictus mauvais reprend forme.
— Hâte de voir ça alors, Commandante.
Et sur ses derniers mots, il s'en va.
Je prends une profonde inspiration, essayant de calmer les battements frénétiques de mon cœur. Kyle a le don de me mettre dans tous mes états. Je quitte la salle de bain en direction de ma chambre.
— Je ne peux plus le voir, je ne peux plus supporter rien que le son de sa voix ! crachai-je en cherchant désespérément des vêtements.
Bizarrement, je n'ai pas eu de réponse de Maddy. Je me retourne brusquement et découvre Maddy dans un coin de la pièce, les yeux embués de larmes.
— Maddy ? dis-je, surprise par sa présence et son état. Qu'est-ce qui se passe ? Pourquoi es-tu en larmes ?
Elle essuie rapidement ses larmes, essayant de cacher son chagrin, mais je peux voir la détresse dans son regard. Je m'approche d'elle doucement mais elle recule encore plus. L'incompréhension s'empare de moi.
— NE T'APPROCHES PAS ! Hurle-t-elle, tremblante.
— Qu'est-ce qu'il se passe ?!
— Tu...Tu as...
Sa voix se brise, et elle ne parvient pas à finir sa phrase. Ses yeux, chargés de terreur, sont fixés sur moi comme si j'étais une menace. Je fais un pas en arrière, cherchant à comprendre la source de son effroi.
— Maddy, calmes-toi ! dis-je, essayant de rester calme. Je ne comprends pas ce qui te fait peur. Dis-moi ce qui se passe.
Les larmes continuent de couler sur ses joues, et elle regarde autour d'elle comme si elle cherchait une échappatoire. Son état de panique semble de plus en plus désespéré.
— Tu as tué...Tu l'as fait...
La vérité me frappe soudainement avec une intensité écrasante.
— Je l'ai fait pour te sauver ! dis-je, tentant de justifier mes actions.
— Tu crois que j'avais besoin de voir des litres de sang au sol pour me sentir en sécurité ! s'écrie-t-elle, sa voix pleine de douleur et de colère. Comment pouvais-tu penser que c'était la seule solution ?
— Je t'ai dit la vérité, répliquai-je, tentant de me défendre. J'ai dû faire certaines choses pour ma liberté. Et si on s'en prend à toi, ou à n'importe qui auquel je tiens, je n'hésiterai pas. J'agis sans réfléchir quand il s'agit de protéger ceux que j'aime.
— Tu penses que ça justifie ton acte abominable ?
Abomination...
Elle cherche désespérant dans la poche de son gilet quelque chose, puis elle le jete sur le lit quand elle le trouve. Mes comprimés.
— J'ai trouvé ça. Tu ne m'as même pas dit toute la vérité. Tu ne m'as jamais dit que tu es gravement malade d'une schizophrénie extrême.
Je reste figée, incapable de détourner les yeux de la colère et de la peur qui se lisent dans son regard.
— Tu comptais ne jamais me le dire ? demande-t-elle, la voix tremblante.
— Pour que ça change encore plus la façon dont tu me vois ? Non, je ne te l'aurais pas dit.
Mes mots semblent la glacer encore davantage. Je reprends :
— Honnêtement, si je t'avais tout révélé, tu n'aurais pas paniqué ? Dormir avec quelqu'un qui pourrait te tuer à cause d'une maladie qui la rend instable...
— J'étais totalement dans le déni quand tu m'as avoué tes crimes... J'essayais de te défendre pour ne pas affronter la réalité.
— Maddy...
Elle secoue la tête, les larmes aux yeux, et commence à rassembler ses affaires, les jetant dans un sac.
— Où tu vas ? Demandai-je.
— Je ne peux pas rester ici, pas avec toi, désolée... dit-elle en continuant de rassembler ses affaires. C'est beaucoup trop. Je n'avais pas réalisé à quel point...
Elle laisse sa phrase en suspens, incapable de trouver les mots justes pour exprimer la profondeur de son émotion.
— Maddy, attends ! criai-je en m'approchant précipitamment. S'il te plaît, ne pars pas comme ça. Nous devons parler de tout ça.
Elle se tourne vers moi, ses yeux brillants de larmes.
— Je ne peux pas continuer comme ça. C'est trop lourd pour moi.
Puis elle ferme la porte derrière elle avec un bruit sec.
Je m'effondre devant le lit, mon dos contre le matelas. La pièce semble se rétrécir autour de moi, chaque seconde s'étirant dans un étouffement silencieux. Les émotions se bousculent en moi, mélange de culpabilité, de tristesse et de désespoir. Les comprimés sur le lit me rappellent la réalité brutale de ma condition, un fardeau que je n'avais pas voulu partager, mais qui semble maintenant avoir brisé tout lien de confiance.
Je regarde le sol, perdu dans mes pensées, avec seulement une lampe pour m'éclairer. Mon souffle est haletant, chaque respiration semblant amplifiée par le silence écrasant.
00 H 30
Ça doit faire au moins trente minutes que je tourne partout dans le lit pour essayer de dormir, mais en vain. Impossible.
Je n'aime pas dormir seule, dans le noir. L'absence de lumière ravive des souvenirs douloureux, des traumatismes enfouis que j'essaie d'oublier. Les moments où Ana profitait de la noirceur pour me maltraiter, me gifler dans l'obscurité, se répètent dans ma mémoire comme un film dégradant que je ne peux pas arrêter. Je me souviens des claques inattendues, des cris étouffés, du sentiment d'impuissance et de peur constante.
Trop c'est trop.
Je me lève, décidée à changer d'environnement pour essayer de calmer mes pensées. En me dirigeant vers la cuisine, je remarque Eden étendu sur le canapé, apparemment endormi. Il a probablement cédé sa chambre à Maddy pour la nuit, ce qui me surprend et me touche en même temps.
Je vais à la bouilloire, la remplis d'eau fraîche et la place sur le feu. En attendant qu'elle chauffe, je prends un moment pour regarder autour de moi.
— Tu devrais dormir, murmura une voix.
Je me retourne instantanément. Kyle.
— Je n'y arrive pas, lâchai-je.
— Il n'y a rien de difficile, tu fermes les yeux et tu t'endors.
— Tu es bouché ou simplement stupide ? Je t'ai dit que je n'y arrive pas, crachai-je à bout de nerf.
Il semble surpris par ma réponse. Après tout, j'étais à cran. Je pouvais en vouloir au monde entier, rien n'était facile pour moi.
Je passe nerveusement une main sur mon visage
— Excuse-moi. Ce n'est pas contre toi. Mais si tu viens simplement pour me mettre encore plus de mauvaise humeur, passe ton chemin. Quelqu'un a déjà pris le relais, dis-je en cherchant une tasse dans le placard.
— Je vois ça. Maddison te fait la gueule.
Je me raidis immédiatement. Il continue :
— J'ai entendu ses sanglots. Il faut dire, qu'elle est encore plus sensible que toi.
— Kyle...
— Je me tais, dit-il en levant les mains comme signe de paix.
Je secoue la tête en ajoutant le sachet de thé dans ma tasse.
— Tu te fais quoi ? Demande-t-il surpris.
— Un thé ? Pourquoi ? Tu en veux un ?
Il fronce les sourcils en regardant le sachet de thé comme s'il était un ennemi à abattre.
— Non...Non...
J'hausse les sourcils, surprise par son bégaiement.
Le silence règne tandis que je verse l'eau chaude dans la tasse. Je mélange le sachet de thé à la camomille, espérant qu'il m'aidera à dormir. Enfin, c'est ce que prétend Internet.
Je prends une petite gorgée à cause de la chaleur. Mais les yeux de Kyle ne me lâchent pas.
— C'est la première fois que tu vois quelqu'un boire ? Lâchai-je, perdu.
— Non. Je ne suis pas un fan de thé, je comprends pas en quoi les gens trouvent une certaine relaxation.
— Chacun a ses propres moyens de se détendre. Tu devrais essayer, ça te rendrait moins grognon.
Il ouvre le frigo, ignorant mon commentaire. Je le voix prendre un soda avant de s'appuyer contre le comptoir à quelque centimètre de moi qui boit la tasse.
Il prend une gorgée de son soda, avant de la baisser.
— Je peux te poser une question ? Demande-t-il en regardant un poing fixe.
— Dis-moi ?
— Pourquoi tu n'aimes pas dormir seule ? Il y a quoi qui te terrorise autant ?
Je reste silencieuse un instant, surprise par la question.
Il poursuit :
— Quand je t'ai posé la question sur tes peurs quand on allait entrer au Manoir Olsen. Tu ne m'as pas parlé de ça.
— Et pourquoi je l'aurai fait, Kyle ? Tu n'es pas une personne digne de confiance.
Il gloussa tout en regardant son soda.
— Toi aussi, tu me connais mal.
— Tu ne me laisses pas te connaître.
— Il n'y a rien à savoir.
Mais je veux tout de même comprendre.
On marque une pause, avant que tout ce brise par son bégaiement.
— Tu...tu veux dormir avec m-moi ?
Il fixe un point en face de lui, visiblement mal à l'aise. Sa question me surprend profondément. Ce n'était clairement pas le même Kyle à qui j'avais eu affaire dans la salle de bain, mais malgré tout, je ne peux pas accepter.
— Je ne préfère pas, dis-je doucement, cherchant les mots justes.
Je ne vais pas me rejoindre dans ton lit après les atrocités que tu as dit à mon égard.
Je le vois hocher la tête, sans pour autant donner de réponse. Il prend une dernière gorgée de son soda avant de le jeter à la poubelle
— Comme tu veux, mais évite de mourir.
Et il s'éloigne vers sa chambre.
Je reste seule dans la cuisine, réfléchissant à ce moment étrange. Après quelques minutes, je sais que je dois me coucher aussi. Je prends une profonde respiration, me dirigeant vers ma chambre.
Une fois dans le lit, je m'allonge et tente de me détendre, mais les pensées continuent de tourbillonner dans ma tête. Je me retourne encore et encore, essayant de trouver une position confortable. Chaque mouvement semble augmenter mon anxiété, et le calme de la nuit ne fait que rendre le silence plus oppressant.
*******
17 H 45
J'ouvre doucement mes yeux à cause du rayon du soleil qui filtre à travers les rideaux. La lumière du matin, douce mais persistante, pénètre dans la chambre, réveillant lentement mon esprit encore engourdi par la nuit agitée.
Je m'étire avec lenteur. Le sommeil n'a pas été des plus reposants, et j'essaie de me réveiller complètement. Alors que j'ouvre les yeux, je remarque une présence au pied de mon lit. Kyle est là, immobile, les yeux fixés sur moi avec une intensité inquiétante.
Je sursaute en me redressant dans le lit.
— MAIS QU-EST-CE QUE TU FAIS LA ?!
Il semble surpris par ma réaction, mais ne bouge pas immédiatement.
— Je t'observe ?
Bien sûr, c'est normal de regarder les gens dormir ?
— Tu m'as regardé toute la nuit ?
— Mmmh... Oui, répond-il, visiblement détaché. Tu bouges énormément.
Je reste figée, choquée par sa réponse.
— Pourquoi n'as-tu pas simplement frappé à la porte si tu voulais vérifier comment j'allais ? C'est complètement envahissant de rester là à me surveiller pendant que je dors.
— Qu'est-ce que j'en ai à foutre de comment tu vas ?
Sa réponse sèche me laisse sans voix. Il semble presque amusé par la confusion et la colère sur mon visage.
— Alors, qu'est-ce que tu fais là ?
— Je ne voulais pas vraiment vérifier comment tu allais, explique-t-il. Je voulais juste voir si tu bougeais autant que je le pensais, comme quand on a dormi ensemble. C'est fascinant, en quelque sorte.
— Je ne sais pas si je dois paniquer ou pleurer.
Il se lève de sa chaise.
— Les mouchoirs coûtent cher, alors panique seulement.
Je suis abasourdie par sa réponse,
— Tu es complètement déconnecté de la réalité, murmurai-je sans voix.
Il se redresse, semblant légèrement contrarié par mon commentaire.
— Je veux juste comprendre ton mal-être. Où est le problème ?
Son indifférence me choque encore plus.
— Le problème, Kyle, c'est que tu ne comprends pas que ton comportement est intrusif et irrespectueux. Tu ne peux pas simplement t'immiscer dans la vie des gens comme ça, même sous le prétexte de vouloir les comprendre.
— Épargne-moi ta leçon de morale. J'en ai rien à faire.
— C'est ça, Kyle. Tu te fiches de tout et de tout le monde. Un jour, tu te retrouveras seul, et tu comprendras pourquoi personne n'a voulu rester avec toi.
Il affiche un rictus mauvais, sans le moindre remord.
— Je suis déjà seul, lâche-t-il froidement.
Il croise les bras avant de reprendre :
— Bref. Je voulais juste te dire qu'on n'a toujours aucune trace de cette statue, et John commence à perdre patience.
Je me redresse en retirant le drap qui me recouvre, tout en l'écoutant.
— Eden a bossé dur ce matin, entre fouiller des dossiers et appeler des contacts. Mais ça ne donne rien. La statue reste introuvable.
— Il ne l'a pas caché, on l'aurait trouvé au manoir sinon, ripostai-je.
Il hausse un sourcil, pensif.
— Tu m'as dit que William est très malin, alors peut-être qu'il l'a placée là où personne ne penserait à chercher.
J'ouvre la bouche pour répondre, mais au même moment, Maddy ouvre la porte de la chambre. Je me redresse immédiatement en la voyant, surprise par son apparition soudaine.
— Je veux juste récupéré ma trousse de maquillage.
Je me fige, ne m'attendant pas à cette excuse banale pour son intrusion.
— Oui, bien sûr, dis-je en essayant de cacher ma déception.
Elle évite mon regard en se dirigeant vers la commode. L'atmosphère est lourde, et je sens que quelque chose ne va pas, mais je préfère ne pas insister. Quant à Kyle, il semble savourer se moment. Je peux apercevoir son sourire narquois.
Elle récupère rapidement sa trousse de maquillage sans un mot, puis se dirige vers la porte. Avant de la franchir, je l'arrête.
— Maddy... tu sais qu'on peut parler, si tu veux, dis-je doucement.
— Je n'ai pas grand-chose à dire, murmure-t-elle avant de fermer la porte derrière elle.
Le silence lourd retombe dans la pièce. Je me tourne vers Kyle, qui semble amusé par la scène.
— Tu trouves ça drôle ?
— Tu vas être de mauvaise humeur toute la journée, ou bien ?
Je roule des yeux en soupirant. Jusqu'à ce qu'il reprend.
— Habille toi, on sort.
— Quoi ? Mais...
Il me balance des habilles au visage.
— Tu as dormi toute la journée, il est déjà 17h55.
Je regarde l'horloge, surprise par l'heure qu'il m'annonce. Il a raison, la journée est déjà bien entamée.
— Où est-ce qu'on va ?
Il sourit avant de me dire, d'une voix résonnante :
— Tu verras bien.
*****
RED CLUB
18H30
— Un club de strip-tease ? Sérieusement ? m'exclamai-je en fixant l'enseigne néon rouge du "Red Club" à travers la vitre de la voiture.
Il coupe le moteur tout en allumant une clope.
— Relax, je vais pas te demander de danser.
— Encore heureux ?
— On va juste s'asseoir... et s'amuser un peu, dit-il avec un sourire en coin.
— On est vraiment là pour s'amuser, ou tu as un autre plan en tête ?
— Peut-être un peu des deux, répondit-il en ouvrant la portière.
On pénètre dans le club, et l'ambiance nous submerge aussitôt. Le lieu est immense, presque écrasant par sa grandeur. Un bar en forme de losange, baigné dans la lueur intense des néons rouges, domine la salle. Les scènes sont théâtrales, éclairées par une lumière tamisée qui met en valeur chaque mouvement des danseuses, leurs silhouettes se fondant dans un jeu d'ombres sensuel. Au-dessus, trois étages s'élèvent, bordés de balustrades où des silhouettes mystérieuses se tiennent près des rambardes, observant la scène en contrebas. Le plafond au centre est fait de vitraux teintés de rouge sang, ce qui ajoute une atmosphère à la fois séduisante et sinistre.
— Enfin...Mon cocon, s'exclame Kyle en me guidant près de bar.
Il semble parfaitement à l'aise ici, comme s'il était chez lui. Les éclats de rire, la musique pulsante, et les regards en coin se fondent dans un brouhaha enivrant.
— Tu viens souvent ici ? demandai-je, légèrement mal à l'aise.
— Plus souvent que je ne devrais, répond-il en crachant sa fumée.
— Ah ouais...
— Marco, deux cocktails, dit-il au barman.
— Je ne veux pas boire, lâchai-je.
Le mercenaire soupire avant de faire signe au barman de s'en aller.
— Tu sais profité de la vie ? Ronchonne-t-il.
Je lui affiche une grimace en guise de réponse. Le barman revient à la charge.
— Voilà pour vous, Volkov. Et pour la miss, un verre d'eau, dit-il en posant les boissons devant nous avec un sourire en coin.
Kyle lève les yeux au ciel avant de prendre son cocktail, tandis que je saisis mon verre d'eau, sentant la tension s'apaiser légèrement.
Il m'entraîne vers deux canapés en velours noir, face à face, en forme de croissant, niché dans un coin légèrement à l'écart du brouhaha principal. L 'endroit semble un peu plus intime, mais toujours imprégné de cette atmosphère sensuelle et sombre qui règne dans tout le club. De là, on pouvait avoir une vue sur les danseuses, ce qui me met profondément mal à l'aise.
Je m'assoie face à lui.
— Tu m'as emmené ici pour que je vois quel est ton genre de fantasme ? Demandai-je.
— Voir des stripteaseuses n'est clairement pas mon genre de fantasme. Je ne les regarde jamais, dit-il en pianotant sur son téléphone.
Je fronce les sourcils, jetant un coup d'œil autour de nous, les danseuses continuant leur performance sur scène.
— Alors pourquoi m'avoir amenée ici ? demandai-je, intriguée par ses véritables intentions.
Il lève les yeux de son téléphone et me fixe un instant, un sourire en coin.
— Parce que c'est un endroit où personne ne viendra te chercher. C'est assez discret pour discuter sans être dérangés, dit-il en prenant une gorgée de son cocktail. Et puis, tu es en pleine guerre avec Maddison. Il vaudrait mieux pour moi d'éviter d'avoir à enterrer un autre corps de sitôt, non ?
Cet homme est totalement épuisant.
Je bois une gorgée d'eau en tentant d'ignorer sa présence envahissante, mais il semble prendre plaisir à ma réaction. Il s'installe plus confortablement dans le canapé, les bras étendus le long du dossier, affichant un air satisfait.
Une femme en lingerie très dénudée s'approche de lui avec un regard accrocheur. Je détourne immédiatement le regard, mes joues chauffées par la gêne. Kyle, lui, semble complètement déconnecté de la situation, presque surpris par l'arrivée de la femme.
Je n'ose même pas me retourner pour voir ce qu'il se passe, me contentant de fixer intensément le sol ou les danseuses qui se produisent plus loin.
— Kyle... Ça fait longtemps, dit la danseuse, d'une voix douce.
Je tourne légèrement la tête et découvre la blonde aux cheveux polaires assise juste à côté de lui. Elle enroule une mèche de ses cheveux autour de ses doigts et cambrent fortement sa poitrine, essayant visiblement d'attirer l'attention de Kyle. Pourtant, ce dernier semble complètement absorbé par son téléphone, comme si rien de tout cela n'existait.
— Tu perds ton temps, Ashley.
Elle commence à caresser doucement son bras, puis glisse ses mains sur son torse dans une tentative flagrante d'attirer son attention.
Aussitôt, il lui attrape le poignet d'une main ferme.
— Je t'ai dit, tu perds ton temps. Va me chercher un autre verre, ordonne-t-il en désignant son verre vide d'un mouvement du menton.
Ashley, visiblement vexée, souffle de frustration avant de me lancer un regard assassin, comme si c'était ma faute. Elle se détourne pour aller chercher la boisson, ses talons claquant contre le sol.
Je la regarde s'éloigner avant de reposer mes yeux sur le mercenaire, qui ne peut s'empêcher d'émettre un rire moqueur.
— Tu es si gênée que ça ? Wow.
— C'était très gênant, répondis-je, me dandinant sur le canapé pour me remettre face à lui.
— Ça doit être ça.
Je marque une pause, puis je me tourne vers lui, hésitante mais décidée.
— Tu as déjà couché avec elle pour qu'elle soit autant frustrée ? demandai-je en désignant Ashley du pouce.
Kyle lève les yeux de son téléphone, un sourire en coin.
— En quoi ça te regarde si j'ai déjà couché avec elle ?
— Tu connais bien mes relations sexuelles, non ?
— Évidemment, je les connais toutes. Et il n'y en a aucune. Vierge comme une feuille.
— Et j'en ai aucune honte.
Aucune honte à avoir.
— Mais par contre, je dois dire, la façon dont tu prends les rênes avec les hommes... Ça, c'est incroyable.
Je recrache immédiatement l'eau que j'avais en bouche.
— Attends, attends, attends.
Je me redresse brusquement.
— Tu vas me dire que... que tu as vu ?
— Tu n'es pas très innocente dans le domaine, juste que personne ne ta baiser entièrement.
— Aucun homme le fera.
— Tu comptes avoir une famille comment ?
— Ça ne te concerne pas.
Il rigole.
— Tu te limites aux préliminaires, mais tu ne laisses jamais un homme aller plus loin. C'est vraiment triste.
Je me raidis, un mélange de dégoût et de colère montant en moi.
— J'espère que tu ne m'as pas amenée ici juste pour discuter de mes actes sexuels. Ça, ce serait vraiment triste.
Des claquements de talons se rapprochent de nous, et je vois Ashley s'avancer avec une expression agacée.
— Tiens, ton putain de verre, cracha-t-elle en le posant sur la table basse, me lançant un regard noir avant de s'éloigner rapidement.
Il prend le verre dans ses mains, avant de me répondre.
— Hier soir tu m'as dit que tu étais de mauvaise humeur, alors je te détends en te sortant.
— Tu sais, tu peux réussir à me détendre juste en sortant de ma vie.
— Je te trouve un peu dur dans tes propos, murmure-t-il, faussement vexé, en posant le verre sur la table, sans même l'avoir bu. Pour une fois que je veux faire les choses biens.
— Tu m'emmènes dans un club de striptease pour que je m'arrache la gueule ?
— C'était soit ça, soit je t'emmène dans un cimetière déterrer des corps.
Je le fixe, abasourdie par sa réponse.
— Parce que c'est censé être une meilleure option ?
Il hausse les épaules avec nonchalance.
— Moins de cadavres ici, plus de distractions. C'est une question de perspective.
Je secoue la tête, dépitée.
— Tu as un sens de l'humour vraiment particulier.
Il allait répondre, mais soudainement, il incline la tête comme s'il détectait quelque chose. Son expression, déjà distante, se transforme en agacement.
— On doit partir.
— Quoi ? Je n'ai même pas fini mon verre d'eau.
Sans attendre de réponse, il m'attrape par le bras et m'entraîne vers une arche dissimulée derrière un rideau rouge. Derrière, un long couloir baigné de néons rouges et verts se révèle. Des groupes de personnes se pressent ici, tous s'embrassant la bouche grande ouverte.
— Berk...
Kyle ne se laisse pas démonter et continue de me tirer dans le couloir, jusqu'à me plaquer contre un mur dans un coin à l'abri des regards. Je le fixe avec confusion alors qu'il se rapproche, le visage sérieux.
— Surtout, ne fais rien. Tu risques d'attirer l'attention.
Je lève les yeux vers ses yeux gris perçants, ses mains se posant fermement près de ma tête, bloquant toute possibilité de fuite. Sa silhouette imposante contraste vivement avec la mienne, me faisant sentir comme une proie coincée dans un piège.
Son visage se rapproche du mien, nos nez se frôlant, et je sens son souffle chaud contre ma peau. Il murmure :
— Reste immobile.
Il se rapproche encore plus, relevant ma tête de ses doigts positionnés sur mon menton. Mes yeux ne cessent de le regarder avec peur et envie. Un frisson parcourt ma colonne vertébral à chaque rapprochement.
Ses lèvres effleurent les miennes, frôlant la peau sans jamais vraiment toucher. Le contact léger crée une tension palpable, chaque mouvement et chaque respiration se font plus intenses alors que je lutte pour rester immobile. Son corps, pressé contre le mien, empêche tout mouvement, tout en me maintenant hors de vue.
Après quelques instants interminables, il se redresse légèrement, observant la situation autour de nous avec une vigilance renouvelée.
Je reprends aussi vite le contrôle de mes pensées.
— Que ce passe-t-il ? Demandai-je.
— Des hommes qui travaillent pour ta tante étaient là. Comme tu l'as tuée. Ils veulent sûrement la venger.
Il sort son téléphone de sa poche et appelle Eden.
Putain.
J'en aurai jamais fini avec elle.
******
MAISON
20H25
— Tu es sûr que c'est les hommes de Jadis ? S'exclama Eden en mangeant.
Je reste assise sur le canapé, comme spectatrice de leur dialogue.
— Oui. Ce ne sont pas les hommes de John. Ils ne portent pas le nœud de huit. Il faut pas que Tara sorte d'ici.
— La vache ! S'exclame encore Eden en mangeant ses chips.
Kyle le dévisage avant de passer un coup de fil et de partir.
— Ou est Maddy ? Demandai-je à Eden.
— Dans votre chambre, pourquoi ?
— On est en froid en se moment.
— Oui, elle m'a raconté.
— Vraiment ? Je ne pensais pas qu'elle t'en aurait parlé.
Eden marque une pause avant de répondre.
— Elle avait besoin de quelqu'un pour l'écouter. J'étais là.
Je hoche la tête, me pinçant la lèvre. Je sais que je devrais aller lui parler, mais je redoute qu'un premier pas de ma part ne déclenche une vraie tempête.
Il passe une main réconfortante sur mon épaule.
— Ne t'inquiète pas, elle finira par comprendre.
— Elle m'a vue tuer quelqu'un, Eden. Je doute qu'elle puisse comprendre facilement.
— Oh, crois-moi, Kyle a bien réussi à me traumatiser aussi. Avec le temps, on s'y habitue.
— Mais toi, tu as grandit dans ce monde. Maddison, elle, non.
Eden baisse la tête un moment, avant de la relever avec des étoiles dans les yeux.
— J'AI UNE IDÉE ! S'exclame-t-il.
— Je te préviens, je ne lui ferai pas de danse.
— Non, on va aller au karaoke !
— Quoi ?
— Quoi de mieux que de renouer les liens avec de la bonne musique et une ambiance festive ?
— Kyle ne va jamais te laisser me faire sortir. Surtout pas avec ce qu'il s'est passé. Tu l'as bien entendu...
— Tu crois que j'ai besoin de son accord pour aller chanter sur du Britney Spears ?
Je laisse échapper un petit rire.
— Je vais aller chercher Maddy en douce. Kyle est verrouillé dans sa chambre, et je pense que l'appel risque de durer un certain temps.
— Et si Kyle découvre notre plan et nous attrape ?
Il me sourit, les dents serrées.
— Alors, choisis bien ton cercueil. Apparemment, l'acajou est le numéro un dans le monde, répondit-il en me tapotant l'épaule.
Ça promet.
*****
NEW JERSEY
JERSEY CITY
21 H 15
— LOS AMORES DE MI VIDA ! EL KARAOKE NOS PERTENECE ! ( Allez les amours de ma vie, le karaoke nous appartient !) S'exclame Eden en posant deux bières sur notre table.
L'endroit est en pleine effervescence. Les néons colorés clignotent au rythme de la musique, et des guirlandes lumineuses ajoutent une touche festive. Les murs sont couverts de posters de groupes légendaires, créant une ambiance vivante et chaleureuse.
Des groupes de gens se rassemblent autour de leurs tables, certains chantant avec enthousiasme, d'autres applaudissant les performances des autres. La scène, bien éclairée, est le point de repère de la soirée avec un écran géant affichant les paroles des chansons. Le micro passe de main en main, et la joie se fait ressentir.
Maddison et moi restons silencieuses en observant ce qu'il se passe autour de nous. Eden, quant à lui, semble prêt à s'amuser pleinement. Je prends une gorgée de ma bière, espérant que cette soirée nous détendra un peu.
Eden se lève brusquement, avec des lunettes de soleil et un collier de plume rose fluo. Il se dirige vers la scène en balançant les bras comme un chef d'orchestre. Il attrape le micro avec une énergie débordante et se lance pour interpréter Livin' on a Prayer de Bon Jovi.
— Vamos! Canta conmigo !
Des rires éclatent, et certains spectateurs se joignent à lui, remplissant la pièce de bonne humeur.
Je regarde Maddison, dont le visage s'éclaire légèrement malgré elle. Elle se détend un peu, entraînée par l'énergie contagieuse d'Eden.
Je réfléchis à lui parler, mais je crains que même le son de ma voix ne la mette de mauvaise humeur. Peut-être vaut-il mieux laisser le moment se dérouler et voir comment les choses évoluent.
Eden descend de la scène, avec l'acclamation de tout le monde. Il se dirige vers notre table, visiblement ravi.
— Alors, qui veut être la prochaine star du karaoké ? demande-t-il, en posant les mains sur ses hanches comme un chef d'orchestre.
Je sirote immédiatement ma bière, en évitant son regard.
— Je chanterai après, répondit Maddy.
Un soupir de soulagement m'échappe.
— Je ne pense pas que Tara chantera, ajoute-t-elle.
— Euh, non. Ce n'est pas trop mon truc, dis-je.
— En public, peut-être, mais je sais que tu sais chanter en privé, murmure-t-elle avec un sourire en coin.
Essaie-t-elle de lancer une conversation ?
Je souris timidement, mais mes yeux se heurtent rapidement à ceux d'Eden, qui est en train de boire deux bouteilles de bière d'un trait.
Oh non...
— EDEN ! S'exclame mon amie. C'est toi qui est censée nous conduire à la maison.
— Relax, Chica. Je suis le maître de la situation.
Ses yeux se posent sur une femme qui vient de sortir des toilettes.
— PIOU MADRE MIA ! JE REVIENS LES FILLES.
Il se dirige vers elle avec une énergie inattendue.
— Les hommes, lâche-t-elle en soupirant d'exaspération.
Je laisse échapper un petit gloussement avant de me placer en face d'elle. Malheureusement, je crée simplement un blanc pendant plusieurs secondes qui semblent être une éternité.
— Elle est comment ta bière ? Demandai-je en essayant de cacher ma nervosité.
— Alcoolisé ? répond-elle, avec un sourire en coin.
Je ris doucement, soulagée de voir qu'elle semble un peu plus détendue.
— Tu es vraiment nul pour faire la conversation, ajoute-t-elle en buvant une gorgée.
— C'est dur de socialiser quand tu sens la tension.
Elle hoche la tête.
— Tu... tu m'en veux toujours ?
J'essaie de cacher ma nervosité en glissant mes doigts tremblants sous la table, mais mes hésitations me trahissent.
— Il me faut du temps. C'est tout. Du temps pour oublier ces horreurs, du temps pour accepter tout ce que j'ai vu.
J'hoche la tête en signe de compréhension.
— C'est sûr, continue-t-elle. Je ne peux pas ignorer notre amitié, qui est très importante pour moi, mais j'ai besoin de mettre un ordre dans ma tête. Ce que j'ai vu, je ne suis pas prête de l'oublier.
— Je comprends... dis-je, cherchant les mots justes.
Elle boit avant de me regarder avec une lueur de défis.
— Mais tu sais... Tu pourrais me chanter une chanson pour accélérer le processus.
— Maddy, on parle de traumatisme, et tu es prête à tout oublier en m'entendant chanter ?
— Mais non, imbécile. Montre-moi simplement à quel point tu tiens à notre amitié.
Je déglutis difficilement. Chanter devant tout ce monde ?
— Fais comme s'il n'y avait que moi dans la salle.
— Facile à dire...
Elle éclate de rire, et je me sens un peu plus détendue malgré tout.
— Allez, je suis sûre que tu es capable de le faire. Et puis, qui sait ? Peut-être que tu vas adoré.
Ou détester.
Je prends à peine le temps de me décider que l'animateur m'appel déjà. Je fusille Maddy du regard qui boit sans remord. Je me retourne, découvrant Eden près de l'animateur avec un grand sourire.
Je rejoins la scène sous l'acclamation des spectateurs. Maddy me lâche des pouces pour me souhaiter bonne chance alors que l'angoisse m'envahit immédiatement.
— Quelle musique ? demande l'animateur.
Avant que je puisse répondre, Maddy saisit le micro.
— Freak the Freak Out de Victoria Justice, c'est une de mes chansons préférées étant petite !
— Tu as de la chance que ce soit toi, parce qu'à Nora, je ne lui aurais jamais fait ce privilège, chuchoté-je à son oreille.
Elle descends les marches.
Seule face au public.
Je prends une grande respiration alors que les premières notes de la chanson résonnent dans la salle. Le rythme entraînant commence à faire son effet, et je me laisse emporter par la musique, essayant de canaliser toute mon énergie et mon enthousiasme dans ma performance.
À mesure que la chanson avance, je remarque la mâchoire d'Eden qui tombe sous le choc, écarquillée d'étonnement. Je me surprends moi-même à donner le meilleur de moi-même, enchaînant les mouvements avec plus de confiance. La foule réagit, et l'adrénaline monte en flèche.
Eden se déchaîne, sautant dans tous les sens au rythme de la musique, tandis que les autres spectateurs le suivent. Maddy hurle pour m'encourager, ses cris de soutien me propulse encore plus dans ma performance.
Alors que j'attaque le refrain final avec toute l'énergie dont je dispose, je remarque une grande silhouette se profiler derrière Eden. Mes yeux s'écarquillent sous l'effet de la surprise, mais je ne laisse rien paraître et continue de chanter avec toute l'intensité possible.
C'est Kyle, immobile et observe la scène avec une expression difficile à déchiffrer. Quand Eden sautille en se retournant, il se fige immédiatement car Kyle est juste derrière lui, alors que Maddy se cache le visage avec un plateau qu'un serveur lui avait déposer.
Mais malgré tout, je ne peux pas m'arrêter de chanter. Je poursuis ma prestation avec toute l'énergie que j'ai.
La chanson se termine en beauté, et je descends rapidement de la scène vers Eden qui cherche à se justifier, mais l'alcool lui monte totalement à la tête, il divague.
— Kyle, on voulait juste...justifai-je avant qu'il ne m'arrête.
— J'en ai rien à foutre, on rentre.
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FINITO PIPO POUR LE CHAPITRE 16 !
J'essaie de faire vite pour le prochain, promis.
Avec le travail, c'est complicadoooo...🤧
En espérant toujours que mon histoire vous plaise. 🫶🏽
Dommage que dans la lecture on ne peut pas entendre comment j'imagine les voix de mes personnages, parce que la voix d'Eden quand il chante, c'est à mourir de rire 😩
BISOUS
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