CHAPITRE 14 : GOÛT DANGEUREUX
Je ferme la porte derrière moi, le bruit sourd étouffant les sons de la fête à l'extérieur. Ce soir, ma liberté pourrait enfin être à portée de main si je mets en œuvre mon plan, malgré l'ivresse qui brouille légèrement mes pensées.
Je me retourne lentement, croisant le regard de Kyle. Il hausse un sourcil, intrigué, sans doute incapable de deviner où je veux en venir. Un sourire se dessine sur mes lèvres, mais je le dissimule en passant une main dans mes cheveux. Mon coude se soulève légèrement, et dans un geste apparemment accidentel, j'effleure une bouteille de vin qui chute et se brise au sol. Les éclats de verre se dispersent, certains atterrissant près de son pied.
Exactement ce que je voulais.
Kyle ne bouge pas, ses yeux suivant chacun de mes mouvements avec une attention nouvelle. Je m'approche de lui, le cœur battant plus fort à mesure que je réduis la distance entre nous. Il ne dit rien, mais je sens sa tension monter.
Alors que je m'approche davantage, il se lève brusquement, comme pour me défier. Je m'arrête pour laisser une distance calculée entre nous. Mes yeux capturant les siens, gris, à la recherche de mes intentions
Profite, Kyle.
Je me mords la lèvre, laissant l'ombre d'un sourire apparaître, puis d'un geste ferme, je le pousse en arrière. Il se laisse faire, tombant sur le canapé, ses yeux ne quittant pas les miens, toujours aussi perçants.
Je me penche doucement vers lui, appuyant mes bras sur la tête du canapé, encadrant son visage entre mes coudes. Cette position me rapproche encore plus de lui, et je peux sentir la chaleur de son corps irradier contre le mien. Mon parfum flotte dans l'air, s'imprégnant de l'espace entre nous, comme une caresse invisible qui enveloppe Kyle.
Je laisse un silence s'installer, juste le bruit de nos respirations qui se mêlent, amplifiant l'atmosphère déjà chargée de tension. Mes lèvres s'approchent de son oreille, sans jamais la toucher, mon souffle effleure sa peau, assez pour faire naître un frisson qui parcourt son corps.
Je sens chaque battement de son cœur résonner contre moi, sa respiration se fait plus lourde. Nos visages sont si proches que je peux presque sentir la chaleur de ses lèvres contre les miennes, mais je me retiens.
Je m'approche encore un peu plus, mes cheveux tombent en cascade autour de nos visages, ce qui crée une bulle intime où le reste du monde semble s'évanouir. Mes lèvres effleurent l'air à quelques millimètres de sa peau, glissant doucement le long de sa mâchoire, sans jamais vraiment le toucher.
Je descends ma bouche vers la base de son cou, laissant mon souffle chaud le titiller. Mais je sais très bien que tous mes faits et gestes l'affecte car il serre les poings et à chaque fois que je passe près de ses lèvres, il tente de se rapprocher, mais je recule juste assez pour le laisser à distance. Chacun de ses muscles se tendent à chaque frottement.
Il ne me touche pas, mais je sens bien qu'il en a envie. Je me penche doucement, mes lèvres se rapprochant de son oreille. Quand j'entreouvre légèrement la bouche, je laisse échapper une respiration lourde, amplifiant les battements de son cœur qui s'accélèrent.
Doucement, mes mains glissent le long de son torse jusqu'à ses jambes, avec une lenteur tellement calculée que cela pourrait sembler comme une torture. Je positionne mon corps entre ses jambes, continuant à faire voyager mes mains le long de ses cuisses, chaque mouvement accentuant la tension qui monte.
Kyle est tellement absorbé par mon visage qu'il semble ne pas remarquer les intentions cachées derrière mes gestes. Son regard est fixé sur moi, chaque muscle tendu par l'anticipation, son souffle devient tellement irrégulier à mesure que mes mains s'approchent de son entre-jambe.
« Les hommes. »
Je saisis discrètement le morceau de verre brisé près de sa chaussure et, sans interrompre le mouvement de ma main, je continue à caresser sa cuisse avec.
Soudain, je me redresse pour avancer mon visage près du sien avec une rapidité. Lorsque ses yeux sont noyés dans les miens, je sors immédiatement le morceau de verre et m'empresse de le planté dans son torse. Cependant, avant que je puisse faire le moindre geste, Kyle réagit instantanément. D'une main ferme, il attrape ma mâchoire et mon poignet, me maintenant en place avec une force qui montre clairement qu'il n'est pas dupe de mon plan.
Son regard est maintenant totalement assombrit, son contrôle et sa domination ressortent à nouveau. Il colle sa bouche à mon oreille et me murmure d'un ton tranchant :
— Tu penses que je suis suffisamment idiot pour ne pas comprendre ton petit manège ?
Il reprend le morceau de verre et le place sous ma gorge.
— Tu penses que tu peux me sous-estimer ? Hein ?
D'un geste brutal, il empoigne mes cheveux par l'arrière et tire pour avoir un accès complet à mon cou. Un cri de surprise et de douleur s'échappe de ma bouche, et l'effet de l'alcool rend ma vision légèrement floue, accentuant ma vulnérabilité.
— Je devrais te tuer rien que pour ça...Mais tu me fais fantasmer.
Il jette le morceau de verre au sol, puis me retourne brusquement pour que je m'asseye sur lui. Mon dos est contre son torse, et mes fesses reposent contre son entre-jambe
— Tu vas rester là, dit-il.
— J'ai besoin d'aire Kyle, j'étouffe.
L'envie de vomir à cause de ma consommation d'alcool monte en flèche mais Kyle n'y fait pas attention. Il pose ses doigts sur mon cou et me fait relever la tête pour que je la pose contre son épaule.
— Je veux laisser mes marques sur toi, murmure-t-il près de mon oreille
— Tu l'as déjà fait, répondis-je avec difficultés.
— Mais je n'ai pas fini, termine-t-il en caressant ma jambe en effleurant ses bagues contre ma peau.
Bordel.
Son souffle caresse la peau de mon cou, et je sais qu'il n'a qu'une envie, c'est de remettre sa tête comme la dernière fois. Sa grande main s'approche doucement de mon intimité sous ma robe, ne restant plus qu'à quelques centimètres.
Je n'ai pas la force de le repousser alors qu'il frôle ma peau sensible, chaque mouvement de ses doigts me raidissent davantage.
« Heureusement que tu as mis un short, championne. »
Il se rapproche encore plus, caressant ma cuisse intérieure. Un léger gémissement s'échappe de mes lèvres, vibrant dans son oreille. Je sais ce qu'il attend de moi ; il veut que je craque la première. Ce jeu de provocation semble sans fin,
Mais notre moment est brusquement interrompu par la sonnerie du téléphone de Kyle. Sa main s'arrête immédiatement, mais il me garde toujours vulnérable sur ses jambes. Il claque la langue contre son palais avant de répondre d'un ton tranchant.
— Quoi ?
À travers la musique festive, j'entends la voix d'Eden, excitée et déformée par le bruit ambiant.
— KYLE ! MI AMOR !
— Dépêche-toi de me dire ce que tu veux, tu m'interromps en plein milieu de quelque chose d'intéressant.
« Me voir totalement vulnérable te satisfait, connard ?»
La voix d'Harvey se fait entendre, probablement après avoir pris le téléphone d'Eden, clairement dans un état déplorable.
— Kyle, c'est Harvey. Le joint de Joey a fait effet, on a sa localisation. Il a changé d'endroit.
— Il est seul ?
Je profitai de ce moment pour me libéré mais il resserre immédiatement sa prise sur ma cuisse. Connard.
— Aucune idée, mais en tout cas, il est loin de cette villa. Des hommes ont transporté la statue, mais on ne sait pas où ils l'ont amenée.
— Ça marche, on réglera ça.
Il continue sa conversation tout en traçant avec ses doigts, des chemins lents et provocateurs sur ma cuisse. J'essaie de contenir mes gémissements mais ça en devient trop dur, et le fait que je sois saoule n'arrange clairement pas les choses.
Sa main s'arrête sur mon short. Il reclaque sa langue contre son palais.
— Un short ? Vraiment ?
— Quel short tu me parles ? Lâcha Harvey à travers le téléphone.
Je ne réponds rien, me mordant la lèvre pour ne pas laisser échapper un bruit. Kyle pose sa main sur mon dos dénudé par la robe et, d'un coup, sa main glisse le long de ma colonne vertébrale jusqu'à mes fesses. Chaque mouvement me raidit davantage. Il est prêt à tout, et son contrôle est total.
D'un coup, la voix d'Eden revient à la charge.
— KAYDEN ! ! ! JOEY N'EST PLUS DANS LA CASA !
Kayden...
Les mots de d'Eden me ramène immédiatement à la réalité.
Qu'est-ce que je suis en train de foutre ?!
Je me redresse brusquement, quittant rapidement les jambes de Kyle pour me diriger vers les toilettes. Je n'ai même pas le temps de vérifier si quelqu'un est déjà dans les lieux, je vomis directement dans la cuvette, l'alcool ayant pris le contrôle de mon corps.
J'avais trop bu, j'avais complètement dépassé mes limites. Je savais que ce jour resterait gravé dans ma mémoire comme un avertissement sévère sur les dangers de l'alcool. Soudain, quelqu'un ouvre brutalement la porte des toilettes.
Même pisser n'est pas possible avec lui autour.
Bordel.
Je n'ai pas envie de sortir d'ici, et il n'y a même pas de fenêtre pour m'échapper. Il tambourine contre la porte comme un fou, et à contrecoeur, je l'ouvre.
— Je peux vomir en paix ou c'est trop te demander ? crachai-je en tenant à peine debout.
Il analyse mon visage de fond en comble avec une grimace dégoûtée.
— Tu es totalement défoncé.
— Je ne suis pas bourrée ! Je vais bien.
— Tu tiens à peine debout et tu viens de vomir.
— Peut-être que je suis enceinte, qui sait ? dis-je avec ironie.
— Tu n'as jamais couché avec un homme, alors ça ne risque pas d'arriver.
Je me refroidis immédiatement. C'est une révélation que je ne pensais jamais entendre, surtout sur ma vie privée.
— Comment tu pourrais savoir ça ?
— Je sais tout ce qu'il y a à savoir sur toi.
— Non, tu ne sais rien du tout, bafouai-je.
Il me scrute intensément, son visage se durcissant.
— Tu crois vraiment que je ne sais rien de toi ? Je sais plus de choses sur toi que tu ne pourrais l'imaginer.
Cette déclaration me frappe comme une douche froide. Comment Kyle peut-il en savoir autant sur moi ? Et pourquoi ?
Mon cœur bat la chamade, entre colère et confusion.
Il soupire, exaspéré.
— Rafraîchis-toi le visage, tu as mauvaise mine.
Il me guide vers les lavabos.
— Je n'ai pas besoin de TON aide ! m'exclame-je, avec difficulté.
Je le repousse, puis profite du moment pour examiner mon visage. Mon teint est pâle, mes yeux sont légèrement rougis par l'alcool et la tension. Je fais couler de l'eau froide et éclabousse mon visage, laissant l'eau glacée me réveiller un peu. Kyle se tient derrière moi, les bras croisés, son regard fixant mon reflet dans le miroir.
— Tu veux une photo ? crachai-je en regardant dans le miroir.
— Non, pour le coup, je préfère m'abstenir.
— Dommage pour toi, dis-je en retouchant mon rouge à lèvres avec mes doigts. Je sais à quel point tu es fan de moi.
— Vraiment ? Je dirais plutôt que je suis obligé de t'aider.
— Rien ne t'empêche de cesser de m'aider. Pourtant, tu es toujours là, dans mes pattes, comme un petit chien. Admets simplement que tu prends un certain plaisir à être avec moi...
Je me dirige vers lui. Nous sommes seuls dans les toilettes, donc personne ne peut nous déranger. Et puis... je veux m'amuser encore et encore. Même si je joue avec le diable.
Plus je m'approche, plus il recule, jusqu'à ce que son dos se colle contre le mur. Je colle ma poitrine à son torse, frôlant mes lèvres contre les siennes.
— Avoue, Kyle, susurre-je. Tu adores cette proximité. Ça te torture de me voir et de ne pas pouvoir m'avoir.
Je sens sa respiration se hâter, ses yeux brûlants de désir malgré ses tentatives de rester impassible. Ma main glisse lentement sur son torse, s'attardant sur chaque muscle.
— Ça te rend fou, n'est-ce pas ? continue-je, ma voix douce mais provocante. Savoir que je suis si proche, mais toujours hors de ta portée.
— Arrête de jouer à ça, murmure-t-il.
L'alcool est toujours dans mon système, mais je sais très bien ce que je fais.
— Tu ne devrais pas continuer... murmure-t-il, mais sa voix manque de conviction.
Je souris, satisfaite de l'effet que j'ai sur lui. Je me penche encore plus près, nos lèvres presque en contact.
— Pourquoi devrais-je arrêter ? dis-je doucement. On sait tous les deux que tu n'en as pas vraiment envie.
Je peux sentir la tension dans ses muscles, la lutte intérieure qu'il mène. Puis, dans un geste brusque, il attrape mes hanches, me tirant encore plus près. Nos lèvres se touchent enfin. Sans pour autant s'embrasser.
— Tu joues avec le feu, Tara, murmure-t-il, sa voix rauque de désir.
Je laisse échapper un petit rire.
— Et toi, Kyle, tu aimes te brûler.
******
23 H 00
Nous sortons des toilettes et nous nous dirigeons vers la sortie, mais je peine à marcher droit. Kyle se place derrière moi, ses bras me maintenant en place comme s'il apprenait à marcher à un nouveau-né.
— On dirait que tu es en train de faire tes premiers pas, râle-t-il.
— Je n'ai pas besoin de ton aide... John ? Kyle ? KYLE ? Non, EDEN ! Je ne sais plus comment tu t'appelles...
— Tu l'as dit deux fois il y a quelques secondes, répond-il, exaspéré. Tu sais combien de verres tu as pris ?
Nous avançons lentement à cause de moi.
— Tu veux parler de verres ou de bouteilles ? Ma voix descend en crescendo.
Je n'ai même pas idée du nombre de bouteilles que j'ai bues.
— Combien ?
— Bah euh...
Je prends les mains de Kyle pour m'aider à compter.
— 1, 2, 3... euh 3 ?
— C'est le 4e doigt après le 3, hein...
— OUI VOILA ! Quatre... quatre... QUATRE ! 5, 6, 7. Ça n'arrête plus, dis-je en rigolant.
— Tu m'exaspères de jour en jour... C'en est inquiétant.
— Oh ! Tu t'inquiètes pour moi ! C'est trop CHOU.
Je lui tapote le visage comme si je félicitais un chien. Il me prend soudainement par le poignet avant que Fallon n'intervienne.
— Oh là là...Ma pauvre. Je savais que tu n'allais pas tenir... murmure-t-elle en me regardant, inquiète.
— FALLOON ! Comment va ta vie avec William ! m'exclame-je en m'approchant d'elle.
— Euh... Quoi ?
— Ferme-la, Tara, intervient Kyle en me tirant loin d'elle. Excuse-la, elle n'est pas dans son assiette.
— Oui, je vais appeler un taxi pour la raccompagner.
— Non, coupe Kyle. Je vais m'en occuper moi-même.
— Mais elle...
Il me soulève comme un sac de pommes de terre et m'éloigne de mon amie.
— AU REVOIR FALLON ! crie-je pour qu'elle m'entende bien.
Le chaos règne...
Je pensais que l'alcool s'évacuerait plus vite, mais j'avais tort. Kyle me tient fermement, me guidant vers la porte de sortie. Une fois sur le parking, il sort son téléphone pour appeler Harvey qui répond immédiatement.
— Ouais... Elle est avec moi là... Je ne sais pas combien de verres elle a bu mais elle est pire qu'Eden en termes de beuverie... Rejoins-nous vite avec lui... On va rentrer... Ok...
Je me promène sur la place où les voitures circulent, trop occupée à crier pour jouer avec les résonances. Soudain, une voiture fonce vers moi. Avant que je ne réagisse, Kyle me tire violemment en arrière, me plaquant contre lui et nous éloignant de la trajectoire du véhicule.
La voiture passe en trombe, klaxonnant furieusement. Mon cœur bat la chamade, l'adrénaline et l'alcool se mélangeant dans mes veines.
— Personne ne te tuera à part moi, ça, je t'en donne ma parole. Hurle-t-il.
Je tente de me libérer de son emprise, essayant de formuler une phrase :
— Kyle ! KYYYLE ! Mon sauveur... TROP MIGNON !
Je le pointe du doigt.
— J'ai tellement chaud, me plains-je.
Nous avançons vers la limousine, mais nous n'avons pas la clé.
— Et merde, s'exclame Kyle en grimaçant.
— J'en ai marre... Marre de ces chaussures qui me font mal au pied ! m'écrie-je en les enlevant n'importe comment.
Je commence à fredonner une chanson en retirant mes escarpins. Je monte sur le devant d'une voiture et me laisse glisser comme un toboggan, en levant les bras. Kyle soupire avant de me rejoindre, se posant contre la voiture avec moi
— Quoi ? crachai-je.
— Rien, rien. Je me pose juste des questions.
— Je ne veux pas les entendre.
— Trop tard, je veux savoir. Tu as bu dès lors que tu m'as vue avec ces filles, glousse-t-il. Tu es jalouse ?
— Le monde ne tourne pas autour de toi, Kyle. J'ai bu pour profiter de la soirée. Et si jamais tu ne le sais pas, rester avec toi pendant des jours me donne l'impression d'étouffer.
— Pourtant, c'est toi qui m'as le plus cherché ce soir.
Je me tais quelques secondes, réalisant combien j'ai déconné ce soir.
— C'est toi qui m'attires dans tes jeux stupides, répondis-je en évitant son regard.
Il arque un sourcil, un sourire en coin.
— Vraiment ? De ce que j'ai vu, tu semblais bien t'amuser. Et ce n'est pas moi qui ai commencé ce soir.
Je serre les dents, la frustration. Pourquoi est-ce qu'il a toujours une réponse pour tout ?
— Peut-être que je voulais juste oublier à quel point tu peux être insupportable, répliquai-je.
Il rit doucement avant de sortir son paquet de cigarettes.
— Tu en veux une ?
Je secoue la tête.
— Pour quelqu'un qui est censé me connaître, tu devrais savoir que je ne fume plus.
Il lève les yeux au ciel, amusé.
— Vraiment ? J'avais oublié ce détail.
Il range son paquet avant de recracher la fumée tout en me disant :
— Pas grave, ça ne me dérange pas de fumer seul.
Nous étions tous les deux plongés dans un silence, assis sur le capot de la voiture qui n'est même pas la nôtre.
Je me laisse aller, fermant les yeux pour apprécier le calme. Je ressens encore la chaleur de l'alcool, mélangée à une fatigue intense. Kyle semble réfléchir à quelque chose, ses yeux se perdant dans le lointain.
— Ne me regarde pas comme ça, dis-je en ouvrant un œil.
— Pourquoi pas ? Les moments de calmes sont les meilleurs pour être concentré.
— Et tu trouves de la concentration avec moi ?
Il recrache sa fumée.
— Il y a de tout avec toi.
J'essaie de comprendre ce qu'il veut dire mais je suis totalement sonnée que même réfléchir à me démaquiller me fait mal au crâne.
— Kyle... la statue ? Tout est en ordre ? Demandai-je.
— Le joint que Joey a fumé restera dans son organisme pendant au moins une semaine et demie. On pourra s'en occuper dans quelques jours vue que tu n'es pas en état.
J'acquiesce et descends de la voiture, rajustant ma robe. Je me place devant Kyle, mais ma bretelle tombe de mon épaule. Je suis trop fatiguée pour la remettre en place.
— Qu'est-ce que tu fais ? demande-t-il.
— J'ai mal au crâne, Kyle... Je veux rentrer chez moi, pas dans la tienne.
Il place sa cigarette dans un coin de sa bouche et remet la bretelle en place. Il me conduit vers la limousine où Eden et Harvey sont arrivés.
— Vous êtes enfin là, dit Kyle en me guidant par la taille.
— Tonton Eden ! Tu as un gros suçon sur le cou ! Petit coquin ! m'exclamai-je avec un large sourire.
Un malaise se crée directement. Harvey glousse de rire tandis qu'Eden écarquille tellement grand les yeux qu'ils pourraient tomber.
— On va rentrer, affirme Kyle en se pinçant l'arête du nez.
02 h 00
Eden et Harvey sont toujours à la même place que lors de notre arrivée à l'événement, séparés de nous par une vitre teintée. Je suis allongée sur une banquette avec les yeux mis-clos, tandis que Kyle regarde par la fenêtre. Chaque muscle de mon corps est douloureux, je n'ai plus la force de parler. C'est la dernière fois que je bois autant.
Promis, jurée.
Kyle sort son téléphone pour tracer Joey. Un point bleu clignote près de la limousine, indiquant un manoir tout proche.
— Harvey, arrête la voiture ! hurle-t-il.
La voiture freine tandis qu'une main ouvre la vitre teintée.
— C'est quoi le problème ?
— Le traceur montre que Joey est là. Eden a un autre traceur auquel je peux mettre sur la statue ?
— J'en ai ramené qu'un seul pour Joey... Et je n'ai pas de joint pour la statue, intervient Eden.
— Je ne vais pas faire fumer une statue, répond Kyle, exaspéré.
Eden cherche dans son sac, puis ses yeux se posent sur moi, complètement sonnée.
— Pourquoi tu l'as regarde ? Ejecte Kyle.
— Tu comptes la prendre avec toi ?
Le mercenaire me jette un regard sur moi avant de répondre.
— Oui.
— Elle est complètement à l'ouest, intervient Harvey par le rétroviseur intérieur.
— Mais c'est à elle de trouver cette merde, rétorque Kyle.
J'essaie de marmonner quelque chose, mais c'est incompréhensible. Ils me regardent comme si je sortais d'un asile.
Ce qui est ironique étant donné que tu es sortie d'un asile.
Ta gueule.
Je vois qu'Eden lui passe un traceur. Kyle le prend et m'emporte avec lui. Il toque à la vitre de la voiture pour qu'Harvey la baisse.
— Ne nous attendez pas. J'appellerai quand j'aurai besoin que vous nous cherchiez. Revenez avec le fourgon cette fois.
— Ça marche, répond Harvey.
— Non, je veux rentrer à la maison ! me plaignai-je.
Kyle me serre la main avec une telle force que mes dents se serre de douleur.
Cela ne voulait dire qu'une seule chose : ferme-la.
— Tu es sûr que c'est nécessaire de la prendre avec toi ? Elle serait bien plus utile dans son lit qu'avec toi, ajoute Harvey.
— Je suis TOUT à fait d'accord avec toi ! répliquai-je en essayant de retirer la main de Kyle.
— L'alcool s'élimine plus vite pour elle que pour nous. N'oubliez pas qu'elle est spéciale, pas seulement humaine. Elle récupérera vite, explique Kyle en serrant encore plus mon poignet.
« Je vais le tuer. »
Harvey démarre la limousine, nous laissant seuls à nouveau. Je prie pour que tout cela se termine vite, car je n'en peux plus.
Nous nous dirigeons vers l'entrée du manoir. Kyle ouvre la porte sans frapper, et je ne peux m'empêcher de faire une remarque :
— Ce n'est pas chez ta mère, Kyle.
— Ne me fais pas regretter de t'aider, réplique-t-il en écrasant ma main.
Je laisse échapper un léger gémissement de douleur. Sa prise est trop puissante et je n'ai pas la force de me défendre.
Mon crâne bat comme un tambour, implorant mont lit. En entrant dans le manoir, la musique explose littéralement mes tympans et les lumières clignotantes amplifient ma douleur. L'endroit semble presque abandonné mais pourtant si bondé, comme s'il s'agissait d'un repère, rempli d'alcool, de jeux d'argent et de drogues.
— Il est dans le salon, indique Kyle.
Je le suis jusqu'à l'arche qui sépare la salle à manger du salon. Je vois un groupe d'hommes discuter autour d'une table chargée de verres et de bouteilles. L'atmosphère est lourde de tension. Kyle me pousse légèrement pour que j'avance, et je me retrouve face à Joey, qui lève les yeux en nous voyant entrer.
— Je peux vous aider ? demande-t-il.
« Et je réponds quoi moi ? »
Je cherche une réponse, mais Kyle me devance par impatience.
— Joey Stuart, tu m'as déjà oublié ?
— Oh ! Vous êtes celui avec qui j'ai fumé. Vous me suivez ou bien ? Demande-t-il en riant.
« Oh, s'il savait. »
— Je passe juste dans le coin. Où est la statue ?
Il est direct.
Il commence à mélanger des cartes tout en répondant à Kyle :
— Désolé, mon ami, mais c'est confidentiel. Elle est parfaitement rangée.
— Ah ouais ?
Un coup de feu éclate, résonnant dans la pièce. Kyle tire sur le plafond, faisant sursauter tout le monde. Ce fou est vraiment imprévisible.
Je ne savais même pas qu'il cachait une arme sous sa chemise alors que je l'ai touché...
— Maintenant que j'ai toute votre attention, je vous demande à tous de sortir de la pièce, s'exclame-t-il avec assurance.
— Tu te prends pour qui ? C'est chez nous ici, se défend un des hommes.
Pitié.
L'erreur est de le défier. Cet hystérique, que dis-je, ce gorille esquisse un sourire avant de frapper l'homme avec son arme.
— Je n'ai pas l'intention de tuer ce soir. J'ai déjà une plaie à gérer, crache-t-il en inclinant sa tête vers moi.
Je fronce les sourcils. C'est moi la plaie ?
— Quelqu'un d'autre veut s'opposer à moi ? Ou je peux enfin discuter avec la personne qui m'intéresse ?
Ses yeux trahissent une impatience presque avide de confrontation. Personne ne répond, et ils se précipitent tous hors de la pièce, nous laissant avec Joey.
Je m'affale sur le canapé, regardant Joey, qui semble terrifié. Je pourrai être désolé pour lui, mais je n'ai qu'une hâte, c'est de rentrer.
— Bien, où en étais-je déjà ? Ah oui, où est la statue ? Insiste le mercenaire tout en souriant.
— Je... je n'en sais rien, marmonne Joey.
Je roule des yeux d'ennui, contemplant ma manucure qui commence à se détériorer. À cet instant, je pense seulement aux mains expertes de Maddy, qui a le dont de rendre mes ongles parfaits.
Kyle tire à nouveau. Les coups de feu font sursauter Joey, mais moi, je reste indifférente.
— Enfin de compte. C'est ta merde,Tara, fais-le parler, m'ordonne Kyle en me regardant.
— J'en ai pas envie, réponds-je d'un ton sec.
Il esquisse un sourire malicieux et tire sur le canapé, la balle me frôle à peine, faisant un troue sur le canapé. Je sais qu'il essaie de me faire peur pour que je cède à ses demandes. Je ne bouge pas, le regardant d'un air meurtrier.
Kyle pousse Joey vers le canapé à côté de moi et se dirige vers la cuisine pour chercher quelque chose à boire.
— Bon... où est la statue, Joey ? demande-je en regardant mes ongles.
— Je vous l'ai dit, je n'en sais rien... répond-il, paniqué.
— Écoute bien, Joey Stuart, Stuart Joey. Peu importe dans quel ordre on t'appelle. Je suis tellement bourré que je pourrai te vomir dessus. Sache que je n'ai ni le temps, ni l'envie de te donner de mon temps. Il me faut cette stupide statue.
— Vous voulez me la voler ?
Je lève les yeux au ciel en soupirant... Il me fatigue vraiment.
— Non, on veut simplement l'admirer, répliquai-je sarcastique. Bien sûr qu'on veut te la voler. Alors fais-nous gagner du temps et dis-moi où elle est.
Joey tremble légèrement, son regard passant de mes ongles à Kyle qui revient avec une bouteille de whisky à la main. Il s'installe sur un fauteuil, versant le contenu dans un verre avec une lenteur exaspérante. Je tourne mon regard vers Joey avec un rictus malicieux au coin des lèvres. Je me penche légèrement vers lui, laissant ma main glisser sur son bras.
— Joey, commence-je d'une voix douce, Ce n'est pas compliqué, non ? De nous dire cette cachette.
Il avale difficilement, ses yeux se posent brièvement sur Kyle avant de revenir à moi. Je sens son malaise grandir, et je sais que j'ai une chance de le faire parler en jouant la carte de la séduction.
— Écoute, continue-je en me rapprochant encore en traçant des cercles légers sur son avant-bras, tu n'as rien à craindre si tu coopères. On pourrait même... trouver un arrangement qui te soit favorable, murmure-je dans son oreille.
« Tu deviens perverse tout d'un coup. »
« Tu deviens Kyle en fait. »
Quelle horreur...
Je sens le regard de Kyle brûler de rage, ce qui m'amuse encore plus. Il boit son whisky tout en dissimulant toute trace de frustration.
— Je ne peux rien vous dire, je suis désolé.
Je glisse mes mains sur son torse, sentant son souffle s'accélérer sous mon toucher. Mes doigts traçent des motifs invisibles sur sa chemise, et je les remonte doucement jusqu'à son col.
— Regarde-moi, murmurai-je d'une voix douce en tournant la tête de Joey pour qu'il voie mes yeux.
J'ouvre quelques boutons de sa chemise tout en me mordant la lèvre.
— On peut trouver un arrangement... continue-je en avançant mon visage vers lui.
— Ça suffit, cracha Kyle d'une voix grave et glaciale, me coupant dans mon élan.
Je lève les yeux au ciel avant de reculer, exaspérée. Il veut que je fasse tout mon possible pour obtenir des réponses, mais quand je le fais, il n'est pas content.
Putain.
Je tourne mon regard, remarquant qu'il tient son verre si fort que je vois des fissures apparaître. Sous son visage qui essaie de rester indifférent, il lutte pour ne pas durcir ses traits cependant ses yeux qui sont déjà mort de l'intérieur, on l'air d'imaginer un tout nouveau cimetière à remplir.
Cependant, Joey frissonne sous mon toucher, son souffle devenant encore plus irrégulier. Je sens la peur mêlée à une émotion plus primitive, que je sais pouvoir utiliser à mon avantage.
Avec son verre de whisky toujours en main, Kyle se lève et pointe son arme contre le front de Joey.
— Dépêche-toi de le dire.
— Je ne peux pas, je vais le regretter. Ils me tueront si je l'avoue.
— Qui ?
— Je ne peux pas le dire.
— Je me fous de qui te menace, crache Kyle. Je vais te tuer.
Je lève ma jambe jusqu'à ce que la pointe de mon escarpin touche le bout du canon de l'arme. Kyle se met à fixer mes longues jambes, même s'il essaie de le cacher, je le vois se mordre légèrement la lèvre.
J'essaie de lui faire descendre sa prise.
— Inutile d'en faire toute une scène, murmurai-je ennuyée.
Je secoue mon poignet pour lui faire comprendre que si je dois faire cracher le morceau à Joey, il va falloir me retirer le bracelet qui m'empêche d'utiliser mon poison.
Avec une certaine hésitation, il cède. Il cherche la clé qui ferme la serrure de mon bracelet, et dès qu'il l'ouvre, une force inimaginable m'envahit instantanément. Je me sens revigorée, comme si tout l'alcool s'était évaporé. Je prends un couteau posé sur la table basse et commence à jouer avec en parlant à Joey. Kyle se réinstalle dans son fauteuil tout en nous fixant, tel une pièce de théâtre.
— Écoute, murmurai-je en faisant glisser la lame du couteau le long de mes doigts, ce n'est pas si compliqué. Soit tu nous dis ce qu'on veut savoir, soit je te montre ce que je peux faire avec ce joli petit jouet.
Joey tremble de plus en plus, ses yeux s'agrandit en fixant le couteau. Je sais que l'intimidation physique peut briser même les volontés les plus solides, et avec mes poisons dans le sang retrouvés, je suis prête à tout.
— Qui te menace, Joey ? demandai-je doucement, en approchant la lame de son visage, juste assez pour qu'il sente la froideur du métal contre sa peau.
Il secoue la tête.
— Bon.
Je jette un regard sur le couteau, mes yeux passant du brun au vert émeraude. Mon poison est de retour, plus mortel que jamais.
— Je ne sais pas si je devrais faire ça..., murmurai-je en fixant le couteau pour empoisonner le métal.
— Je le demanderai qu'une dernière fois. Où est cette statue ?
— J'ai promis de rien dire, s'il vous plaît... Laissez-moi...
Je pousse un soupir.
— De base, j'ai longtemps préférée tuer mes victimes de mes propres mains... Mais je dois avouer que l'idée d'abuser un peu de mes pouvoirs me prend le dessus.
Sur ces mots, j'enfonce le couteau dans sa cuisse. Il gémit de douleur, des larmes coulant sur ses joues, mais il reste immobile.
— Et c'est moi qui en fait toute une scène... murmure Kyle en me dévorant du regard.
— J'ai été gentille avec ma dose de poison. Tu as environ 8 heures pour vivre les derniers instants de ta vie... Parce que mon poison est en train de se propager dans tout ton corps. Et ça va commencer par pétrifier le bout de tes doigts... tes orteils... remontant jusqu'aux jambes, et quand ça atteindra le cerveau ou le cœur...
Il commence à trembler, ce qui me fait sourire. Je continue mon monologue :
— Tu seras mort ! continue-je en annonçant cela comme si j'avais gagné au loto.
On aurait dit que le rôle que j'ai joué sur l'île, Enami, a reprit le dessus sur moi.
Il tremble encore plus. Sa respiration s'accélère alors qu'il sent le poids de ses dernières heures s'abattre sur lui. J'appuie encore plus sur la manche du couteau pour l'enfoncer davantage.
— La statue... murmure-t-il, la voix brisée par la panique. Elle... elle est cachée dans un entrepôt au port, au quai numéro 17. Il y a un vieux conteneur bleu avec un symbole de dragon dessus. La combinaison pour l'ouvrir est 8-3-2-5. Je vous en prie, laissez moi...
Je le regarde avec une satisfaction glaciale, sachant que j'ai enfin ce que je veux. Kyle me fixe avec un sourire au coin des lèvres.
— Eh bien voilà, ce n'était pas compliqué, lâchai-je.
— Maintenant que je vous l'ai dit... S'il vous plaît... je sens que...
Et soudain, il crache une bonne quantité de sang sur le sol.
— Oups, dis-je, faussement surprise en reposant le couteau sur la table.
— S'il vous plaît, le remède...
Je prends une grande respiration, réfléchissant si je lui donne ou non.
« Il a été utile tout de même. »
« Mais j'avais le temps de mourir pour qu'il nous l'avoue. »
— Le remède risque de ne pas te plaire, j'en suis navrée d'avance.
Sur ces mots, je reprends le couteau en mains, laissant la lame ouvrir légèrement ma paume. Je place le liquide rouge dans un verre tout près.
— On guérit le poison avec un remède, mais le remède s'avère être un poison encore plus dangereux..., commence-je avant d'être interrompue par Kyle.
— La Therasya..., continue-t-il.
Il me regarde intrigué, attendant que j'acquiesce ce qu'il vient de dire. Je lève les yeux vers le mercenaire.
Comment sait-il que je suis le remède au poison ?
La Therasya a sauvé ma mère pour qu'elle m'accouche, je suis liée à cette fleur, d'où l'explication de mon prénom d'origine.
Joey regarde le verre avec dégoût.
— Je ne boirai jamais du sang ! Je-je...Vous êtes des fous, des psychopathes, allez vous faire soigner.
— C'est drôle, j'ai déjà entendu ces paroles, dis-je en souriant à Kyle qui fait de même.
Je reprends d'un ton plus sérieux.
— Bois, cul sec. C'est la seule option.
Il regarde le récipient, et d'un coup, il boit.
— Ma Therasya... Ma Petrova, murmure Kyle en me regardant tout en crachant la fumée de son joint, son rictus mauvais ne quittant pas sa bouche.
Je perçois une certaine fierté dans sa voix.
Ma Petrova...
« Non. »
Je secoue la tête, ses mots restent collés à moi comme un tatouage impossible à retirer. Il les a sortis avec tellement d'admiration et une pointe de possessivité. Cela m'agace autant que cela m'intrigue. Je ne lui appartiens certainement pas. Quand cette histoire sera finie, je ferai tout pour l'incarcérer en prison. J'en ai la force et le pouvoir de le faire.
Je tourne les talons, ignorant son commentaire. Nous avons ce que nous voulons, et il est temps de nous diriger vers le quai numéro 17. L'entrepôt ne sera pas difficile à trouver avec les indications de Joey.
— Tu comptes aller où comme ça ? me demande Kyle.
— On a ce qu'on cherche, donc on doit aller à l'entrepôt.
— Sans voiture ? Je te pensais plus intelligente que ça...
Je serre les poings. C'est vrai, j'ai complètement oublié qu'on n'a pas de transport.
Je profite du fait que Joey est complètement stone pour fouiller dans ses poches à la recherche d'une clé de voiture. Je m'arrête à la poche de son pantalon.
— Bingo.
Je lève les clés devant le visage de Kyle.
— On a trouvé notre moyen de transport, ajoutai-je.
Me prend-il pour une débutante ?
Je lui lance un petit sourire triomphant avant de franchir la porte de sortie, sentant son sourire diabolique me suivre.
Quel con.
Joey peut se considérer chanceux que j'aie choisi de le laisser en vie, mais je n'ai pas le temps de m'attarder là-dessus. Kyle me rejoint rapidement.
En sortant, nous trouvons la voiture de Joey, une berline noire aux vitres teintées. Parfait pour ce dont nous avons besoin. Il prend la clé que je tiens et me fait signe de monter. Je m'assois sur le siège passager en le fusillant du regard.
— Quoi ? demande-t-il en réglant le rétroviseur intérieur.
— J'ai des pieds, tu sais. Je touche les pédales. Je peux conduire.
— Tu peux, mais pour moi tu restes bourrée. Alors attache ta ceinture parce qu'on va démarrer, répond-il en mettant le moteur en marche.
4 H 15
Tout le trajet se fait en silence. Kyle m'a dit que l'entrepôt au port n'est qu'à 15 minutes d'ici. Je regarde par la fenêtre, les lumières de la ville défilant dans un flou lumineux. L'air est chargé de tension, une tension qui ne s'est pas dissipée depuis que nous avons quitté Joey.
En arrivant au port, nous descendons de la voiture. Le quai numéro 17 est désert, les containers empilés les uns sur les autres créant un labyrinthe de métal. Le vieux container bleu avec le symbole de dragon est exactement là où Joey l'avait décrit. Kyle sort une lampe de poche, éclairant notre chemin.
— Il y a personne, c'est bizarre, lâche-je.
— Je m'en fous, on prend et on se casse.
Il ouvre le container où une statue est déposée à l'intérieur, couvert d'un drap blanc.
— Un jour de fête. Ma liberté, s'exclame Kyle en prenant la statue avec difficulté.
— Ta liberté ? Ma liberté à moi, ronchonne-je.
Il me lance un regard avant de retirer le drap blanc.
— Elle est bien lourde.
Je visualise avec attention la statue en regardant ses yeux. Normalement, elle devrait posséder des cristaux d'émeraude, mais je ne vois rien.
— Kyle...
— Quoi encore ? Tu veux vomir une nouvelle fois ? Tu as mal au pied ? Tu es fatiguée ? éjecte-t-il.
« Il se fout de ma gueule ? »
— Tais-toi un peu. C'est une contrefaçon.
— Qu'est-ce que tu racontes ?
— Ce ne sont pas des cristaux d'émeraude qu'elle possède dans les yeux. Ce sont des pierres colorées en vert pipi, crachai-je.
Ils n'ont même pas fait l'effort de choisir la bonne teinte de vert. Il laisse tomber la statue, la laissant se briser en mille morceaux. Je sens sa rage l'envahir, et je ne suis pas prête à me faire rôtir par sa bipolarité.
— Qu'est-ce qu'on fait ? demande-je.
Il allume une cigarette lorsqu'un gang de cinq hommes nous tombe dessus.
— Fils de pute, il a détruit la statue, dit l'un d'eux.
— Joey nous a trahis.
— Alors on va lui faire sa fête après eux.
Kyle émet un rire mauvais avant de s'avancer vers eux.
— Qui veut se lancer ? dit-il d'une manière théâtrale. Vous avez de la chance, je suis d'humeur fracassante ce soir.
Les hommes sortent des armes à feu. Kyle tout seul serait mort, c'est sûr.
Oh, le bordel.
« Ce n'est pas une mauvaise chose en soi, tu seras libéré de lui. »
Je hausse les épaules, mes pensées ont raison. Sauf que si Kyle meurt, il y a moyen qu'Harvey ou même John, tuent Maddy.
— Mercenaire, cette pute, lâche un des hommes.
— Volkov, moi qui pensais qu'il était condamné à mort.
— Ferme-la et tire, ordonne Kyle.
Cet enculé a décidé de mourir ou quoi ? Il ne voit pas qu'il n'a pas le poids pour ça ? Il faut que je le sorte de là.
Pendant que Kyle et les hommes échangent des mots pleins d'amour et de bienveillance, je cherche un moyen de le sortir de cette merde.
Je vois un contrôle d'éclairage sur le mur d'un container à quelques mètres de nous. Il faut agir vite, avant que les échanges verbaux ne se transforment en échanges de balles. Mon cœur bat à tout rompre, mais je sais que la moindre hésitation peut nous coûter la vie.
Je me faufile discrètement vers le contrôle d'éclairage, espérant pouvoir éteindre les lumières et créer une diversion. Les voix derrière moi s'élèvent, de plus en plus menaçantes. Arrivée au boîtier, j'aperçois plusieurs interrupteurs. Je prends une grande inspiration et appuie sur tous les interrupteurs à la fois. Les lumières s'éteignent soudainement, plongeant le quai dans l'obscurité totale.
Un brouhaha de confusion éclate parmi les hommes armés. Je profite de l'obscurité pour me rapprocher de Kyle, sauf que cet hystérique profite de ma diversion pour tirer sur les hommes, les percutant tous avec les balles de son flingue.
À ce moment, je ferme les yeux d'exaspération...
J'aurais dû m'en douter en fin de compte. Et quelques secondes après, plus aucun bruit, il a fini.
Putain de merde.
Je lui tire par le bras pour le diriger vers la voiture.
— Ne me dis pas merci, chuchote-je en le guidant.
Une fois à l'intérieur, je ne peux m'empêcher de rigoler.
— Quoi ? Lâche-t-il.
— Ça fait quoi de se faire sauver par sa victime ?
— Je n'avais pas besoin que tu éteignes la lumière pour les enchaîner.
— Tu serais mort, Kyle, arrête de te voiler la face. Ils étaient cinq, armés. Tu crois pouvoir les vaincre avec seulement ton vieux flingue ?
— La preuve que tu ne me connais pas assez pour autant douter.
Je le fixe avec attention, cherchant à comprendre là ou il voulait en venir.
— Mais maintenant qu'on a perdu la seule piste qu'on avait. On va faire quoi ? Plus personne ne va parler de cette statue...
— Il y a toujours un moyen, mais celui-là, il va prendre un sacré bout de temps pour que toi et Maddison soyez libres.
J'essaie de déchiffrer là ou il veut en venir, mais il se tait immédiatement et démarre la voiture dans un silence.
Nous rentrons à la maison. Enfin, je sens que chaque muscle de mon corps va me lâcher si je ne retrouve pas mon lit. Et bien que je déteste dormir dans mon lit, là je l'appelle éperdument. Je m'étais endormie dans la voiture, et je ne me suis pas rendu compte que nous étions arrivés.
— On est arrivé, m'informe Kyle, ce qui me fait ouvrir les yeux.
— Je dors dans la voiture.
— Quoi ? Ce n'est même pas la mienne, déjà.
— Je ne veux pas bouger, marmonne-je.
Je l'entends soupirer avant d'ouvrir sa portière. Il ouvre la mienne et détache ma ceinture comme si j'étais un bébé.
— Lève-toi.
Je bafouille des choses incompréhensibles avant de sortir de la voiture, forcée. J'entre dans le salon, mon envie de sauter sur le canapé est trop forte, mais Kyle m'en empêche.
— Vous voilà enfin ! s'exclame Eden tout fort.
— Argh, ronchonnai-je en posant ma main sur mon front.
Je mets tout mon poids sur Kyle, qui me sert d'appui. Ma tête repose sur son torse.
— Ferme-la un peu, chuchote-t-il.
— Oh pardon ! Elle est toujours bourrée ?
— Je crois, j'en sais rien en fait.
— Je vais aller dormir moi, tu devrais l'aider à se mettre à l'aise. Elle a l'air complètement incapable de faire quoi que ce soit.
— Elle est pas en sucre, rétorque Kyle
— Fait preuve d'élégance pour une fois dans ta vie, répondit Eden en lui tapotant l'épaule.
— Emmène-moi dans ma chambre, s'il te plaît, bafouille-je.
Il soupire avant de me guider vers la pièce. J'avance si lentement qu'un escargot m'aurait dépassée à cette allure. Agacé, il me porte comme une princesse dans les couloirs. La force m'a quittée, et je sombre dans un sommeil profond, le laissant m'emmener n'importe où. Il m'emmène jusqu'à ma chambre mais s'arrête en voyant que Maddy dort en étoile de mer, donc je n'aurai pas de place pour dormir. Il sort de la pièce.
J'entends des pas mais je ne comprends pas ou il veut me déposer. Mais d'un coup, ma tête se posa contre un oreiller. Lorsque mes yeux s'ouvre légèrement, je vois une chambre auquel je n'ai jamais mit les pieds. Je suis dans un énorme lit moelleux, tout chaud.
« Quel homme capable... »
« Détends-toi s'il te plaît. »
J'ouvre légèrement les yeux. Il m'a simplement déposée sur son lit avant de repartir. Génial.
« Tu voulais la jouer la Belle au bois dormant ? »
Il revient avec des lingettes démaquillantes ainsi qu'un short et un débardeur. Il s'assoit sur le rebord du lit en tenant la lingette dans sa main. J'essaie de garder mes yeux ouverts mais je plane beaucoup trop. Je le vois grimacer, sûrement qu'il ne sait pas comment s'y prendre. Il étale la lingette sur mon visage comme s'il nettoyait une vitre avec un chiffon.
C'est quoi cette blague ?
Il appuie tellement fort que ça semble presque être une tentative de meurtre. Je frappe son poignet pour lui faire comprendre qu'il doit arrêter. Je prends les devants... Malheureusement.
« Homme capable, mon cul. »
Je me lève pour aller vers un miroir afin de démaquiller le reste. Une fois cela fait, je voulais mettre mon pyjama mais Kyle est dans la même pièce.
— Tu as besoin d'aide pour la robe ? Me demande-t-il.
Je n'ai pas pensée à ce détail. Putain.
J'hoche la tête et dès l'instant, Kyle se mit derrière moi. Je nous regarde à travers un miroir fissurer. La fermeture s'ouvre tout doucement mais Kyle regarde le sol, comme s'il donnait du respect à mon intimité.
Plutôt étonnant, vue qu'il sait que je suis vierge, ce con.
L'air de la pièce contraste avec la chaleur de mon corps. La douceur du tissu de ma robe se libère peu à peu.
— Tu...Tu peux te retourner, s'il te plait ? Demandai-je avec une petite voix.
Il ne répond rien mais se retourne pour contempler la fenêtre de sa chambre cacher par un rideau rouge sang.
Je retire la robe entièrement, laissant mon corps nu à la vue de Kyle s'il se retourne. Je pris immédiatement mon pyjama et l'enfile à une grande vitesse.
— J'entends le bruit de tes mouvements, c'est ridicule, prends ton temps...imbécile.
Je rentre dans le lit en me couvrant de la tête aux pieds. Kyle m'a déposée du côté gauche du lit, près de la porte. Alors je respecte son choix, je me dis que si je prends le côté droit, il pourrait me faire dormir dehors.
Je me tourne pour voir ce qu'il fait. Il tire son rideau et retire sa veste de costume sur une chaise, toujours en fumant. Il ouvre les boutons de sa chemise...
« Ne mate pas. »
« Je ne mate pas, j'analyse. »
Il ne remarque pas que je le regarde. Sa chemise ouverte dévoile des abdos parfaitement sculptés, marqués par des tatouages mystérieux. Chaque mouvement semble calculé, maîtrisé, comme s'il savait exactement l'effet qu'il produisait sur moi.
Il fait glisser la chemise de ses épaules, la laissant tomber nonchalamment sur la chaise. Mon regard ne peut s'empêcher de suivre chaque ligne, chaque courbe de ses muscles. Il se penche légèrement en avant pour éteindre sa cigarette, et je vois la tension dans son dos, chaque muscle se dessinant sous sa peau. Mais dès lors que je m'attardai sur son large dos, mon sang se glace en remarquant un énorme noeud de huit fait par un serpent. Mais pas n'importe lequel, l'Hydre de Lerne, un monstre de la mythologie grecque. Un putain de serpent à trois tête.
La tête du serpent près de sa nuque est particulièrement grande, tandis que les deux autres têtes sont situées sur ses épaules, plus petites mais tout aussi menaçantes.
Je sens mes poiles se redresser dès que je pose mes yeux dessus. Mais dès que mes yeux descendent, je me mets à rougir.
Putain.
Il ouvre sa ceinture. Il pense que je ne suis pas là ou bien ?
« Ou il se dit simplement que tu as autant de respect que lui, et que tu ne vas pas l'analyser. »
« Au pire... Combien de fois il m'a analysée lui, je peux me le permettre aussi. »
Il retire la ceinture de son bas de costume, la jetant contre une table où plein de bouteilles d'alcool et de médicaments sont disposées un peu partout contre la fenêtre, sûrement son bureau.
Il ne va tout de même pas se mettre en boxer avec moi dans le lit ? Le cliquetis métallique résonne dans la pièce. Je le regarde, hypnotisée par la fluidité de ses mouvements. Il ouvre sa braguette mais à ce moment, il détourne la tête vers le lit, alors je fais semblant de dormir.
« Honteux. »
Il se dirige vers une pièce cachée derrière un rideau. Sûrement son dressing. Il en ressort avec un bas de jogging avant de prendre des affaires sur la table.
— Je vais dormir dans le salon, dit-il en partant.
Mais je l'en empêche immédiatement inconsciemment.
— Kyle ! S'il te plait...Reste...Reste avec moi.
Il hausse un sourcil, surpris.
J'entrelace mes doigts entre eux, en essayant de cacher ma nervosité face à la demande que je vais lui faire.
— Je...Je n'aime pas dormir seul. Tu peux rester avec moi ?
Il continue de me fixer avant de s'attarder sur mes doigts qui bougent beaucoup. Il hoche la tête en guise de réponse.
Je le sens s'allonge à côté de moi, le matelas s'affaissent légèrement sous son poids. La proximité de son corps, même à travers la barrière de nos vêtements, crée une chaleur agréable en moi. La lumière tamisée joue sur les contours de son visage, accentuant ses traits anguleux et la lueur dans ses yeux.
— Evite de trop bouger, juste.
— Merci...
Je me retourne pour me mettre dos à lui, essayant de trouver une position agréable pour dormir mais en vain, je n'y arrive pas.
— Arrête de bouger, tu vas dormir sur le sol, râle-t-il.
— Pardon, mais je me sens pas à l'aise. rétorque-je.
— C'est ma chambre, donc mes règles. Alors si je dors mal, tu dégages.
Je soupire de nerfs face à sa bipolarité exorbitante. Après plusieurs minutes dans le calme, je ne peux m'empêcher de briser se silence.
— J'ai fait trop de conneries ce soir.
— C'est le cas de le dire, répond-il d'une voix étouffée.
— Pourquoi tu ne m'as pas déposée directement à la maison ?
— Parce qu'on avait des choses à faire.
— Mais ça n'a aboutit à rien. J'ai poignardé un innocent.
Je l'entendis glousser.
— Tu regrettes ? Et bien...j'imagine même pas le chaos dans ta tête avec toutes les vies que tu as arraché sur l'île.
Je me raidis immédiatement. Je ne comprendrai jamais cet homme. Il pouvait se montrer doux pendant quelques secondes pour ensuite se remontrer tel le fils de pute qu'il est.
— Merci de me le rappeler, dis-je d'une voix tremblante.
Il soupira.
— Ce qu'on a fait dans le passé nous suivra jusqu'à notre mort. Alors, si ce n'est pas moi qui te le rappelle, ce sera toujours quelqu'un d'autre. Et ainsi de suite. Tu ne peux pas te mettre en colère quand la vérité est dite.
Je reste silencieuse en buvant ses paroles qui me font énormément réfléchir.
— Tu sais, ce n'est pas la vérité qui me dérange, murmurai-je, cherchant à calmer les battements rapides de mon cœur. C'est la manière dont tu la déposes comme une évidence, sans égard pour ce que cela signifie réellement pour moi.
— Peut-être que tu n'aimes pas ma manière de faire, mais elle est la seule que je connaisse pour te faire comprendre. La vie ne se plie pas à tes désirs, elle te confronte à ce que tu es vraiment.
Un silence lourd s'installa entre nous mais je le laissai se propager. La fraîcheur des draps et la chaleur de la couverture m'enveloppèrent.
Je m'endormis doucement, entourée par le calme de la nuit, espérant que le jour suivant me clarifierait les idées. L'obscurité apaise mon esprit et m'offre enfin un peu de tranquillité dans ce tourbillon de confusion.
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A SUIIIIIIVRE ✨✨
La tension entre les deux est ardente 🍭
Bien sûr, toujours en espérant avoir captiver votre attention dans ce chapitre plutôt long. ❤️
Eden et Tara bourrés...🥂
Kyle qui se la joue immortel dans n'importe qu'elle moment.
Mais cette fois, il y a une petite douceur avec lui dans ce chapitre. 🤷🏽♀️
BONNE NUIT 🛌
Ou
BONNE JOURNEE👩🏽💻
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