| KEITH | Chapitre 1
Vous êtes vous déjà demandé si le destin existait réellement ?
Est-ce une rumeur, une allégorie, une métaphore, un mensonge ou une chose bien réelle ? Le destin est-il fait de hasard, de coïncidence, de chance, ou d'une chose supérieur à notre petite conscience humaine ? En fait, sommes-nous réellement libres ou sommes-nous enchainés par cette chose appelée destin que nous ne pouvons fuir ? Pouvons-nous le défier ? Le défaire ? Le changer ? Le destin est-il une philosophie de vie inventée par des gens qui ne savaient pas comment leur vie avait t-elle pu échapper à tout contrôle ?
Quand on y pense, qui sommes-nous ? Je n'arrive pas à mettre de mot sur ce mélange de pensées qui continue de cogner dans ma tête. Est-ce cela la folie ? Ça cogne là haut, ça ne fait que ça. Ça tape, ça fait du bruit, encore et encore et encore. Ce n'est jamais calme. Est-ce pour ça que je continue éternellement de me poser des questions ?
Au fait, qui suis-je ?
Est-ce que j'existe ? Est-ce que je suis né pour quelqu'un ou pour moi-même ? A quoi ça sert de voir le jour si on a même pas de but pour continuer à avancer. Mieux vaut en finir, non ? On ne m'a jamais permis d'exister par moi-même.
Au fait, qui suis-je ? Ah, non. Je me suis déjà posé cette question.
Je crois que je déraille. On appelle ça la folie ? Suis-je fou ou bien conscient ? D'ailleurs, qu'est ce que c'est d'être fou ? Qui a décidé que tel ou tel personne était folle ? Qu'est ce qui est normal ou ne l'est pas ? On est tous fou de toute manière, ceux qui ne l'acceptent pas sont les pires.
Après tout, on dit bien que les plus silencieux sont les plus dangereux car on ne sait pas quand ils vont exploser.
Dans ces cas-là, ces gars devant moi ne sont pas bien dangereux. Du bruit, ça, ils en font. Beaucoup trop même. Ça me casse les tympans. Encore et encore. Comme les doux murmures qui soufflent près de mon oreille, ceux qui me suivent depuis la plage. Non, depuis toujours en fait.
Ah, merde. Je me suis encore perdu.
De quoi je parlais déjà ?
Ça me revient, le destin. Oh et puis merde, le destin je l'emmerde. Chaque chose arrive parce qu'elle devait arriver voilà tout. Ah ! Mais c'est justement pas ça le destin ? Je sais plus. Je ne sais pas. Ou je sais ? Peut-être que je ne veux pas me l'avouer ? Avouer quoi ? Que j'ai une vie de merde et un cerveau qui déraille ? Ça doit être ça. Ça expliquerait pourquoi depuis 10 minutes je tourne en rond dans ma tête, cherchant un moyen de m'échapper.
Mais, m'échapper de quoi ?
- Keith, je te parle.
Ok. J'ai trouvé. C'est d'eux que je veux m'échapper. Ils me cassent trop les oreilles, surtout ceux dans le fond. Quel boucan, ils ne s'arrêtent donc jamais ? Je pensais qu'ils allaient partir après le passage du docteur et des infirmières, mais il faut croire que ça aussi c'était un mirage.
- Je ne sais pas qui vous êtes et ce que vous me voulez, mais s'il vous plait, dites leur de se taire. J'en peux plus. Je déteste le bruit.
Étonnamment, l'homme nommé Zayne répond à ma demande. Il lui suffit simplement de dire stop d'une grosse voix accompagné d'un regard noir pour que le bruit cesse. Impressionnant, je devrais le surnommer autorité man.
Tiens, c'est bizarre. Ils ont cessés de se chamailler entre eux mais pourtant ma tête fait toujours un bruit d'enfer. C'est ça, l'enfer. Je viens tout juste d'en sortir, ou plutôt de m'enfuir, alors, est-ce pour ça qu'elle résonne encore en moi ? Peut-être qu'elle me suivra à vie. Peut-être qu'il va revenir me chercher. Peut-être que je ne l'ai pas tué. Peut-être que j'ai eu peur. Peut-être que j'ai explosé. Peut-être que-
- Keith !
Mon prénom retentit dans la pièce. Il semble mécontent de mon manque d'attention. Il soupire.
- Bon sang, pourrais-tu m'écouter un peu ?
Je voudrais bien, mais il semblerait que j'en suis incapable. C'est ballot. D'ailleurs, pourquoi le ferais-je ? C'est dingue ça, on ne se connait pas.
- Je vous donne 5 minutes. Si je ne suis pas satisfait vous déguerpirez de ma chambre. Tous. OK ? Après tout, vous êtes des inconnus pour moi et je le suis également pour vous.
J'observe sa réaction. Il grimace un instant mais reprend vite son masque de froideur. Il a l'air de faire ça à la perfection. La femme à ses côtés pose une main sur son épaule pour le décontracter. Je détourne le regard, préférant le plafond à cette scène.
- Bien, comme je l'ai déjà dit tout à l'heure je m'appelle Zayne et nous nous surnommons les Seven Demons. Nous sommes tombés sur toi par hasard alors que nous nous promenions ensemble à la plage. Tu étais là, avachi par terre. On a tenté de te réveiller mais rien n'a fonctionné alors on a appelé les urgences et nous voilà à l'hôpital.
Je baille, c'est d'un ennui. Il hausse un sourcil, mais préfère ignorer.
- OK, merci de vous être donné la peine de me secourir mais j'aurai préféré mourir sur cette plage plutôt que de rester en vie. Ne vous mêlez pas de ce qui ne vous regarde pas la prochaine fois.
Mes mots prononcés avec amertume ne semble pas plaire à l'un des membres puisque celui-ci se lève d'un coup. Il espère peut-être m'en coller une, mais c'est raté puisqu'un autre finit par le retenir par le bras tout en hochant la tête pour désapprouver. En tout cas, il a l'air d'avoir le sang chaud.
- Ashelbi, tout va bien, ne t'énerve pas, rassure autorité man d'un geste de la main.
Il attend quelques secondes, puis reprend.
- Tu as dit que tu te surnommais "le démon blanc". N'est ce pas ?
- Oui, je réponds simplement.
- Il se trouve que nous cherchons un homme surnommé à peu près ainsi. Il peut s'agir d'une coïncidence mais je n'y crois pas.
- Je vois, vous croyez au destin, n'est-ce pas ? Dis-je avec mépris.
- Le destin ? Pas vraiment. Je ne crois en rien. Je préfère vivre pleinement plutôt que de me laisser guider par une force invisible. Je pense simplement que quelqu'un t'a mené à nous.
- Quelqu'un ? Vous délirez. Personne ne me connaît ni ne s'intéresse à moi, je ne vois pas qui m'aurait mené à vous.
Il laisse un moment de blanc et tourne la tête vers - j'imagine - sa petite amie, incertain. Visiblement, il hésite à me dire toute la vérité.
- C'est... compliqué. Je ne peux pas t'en parler en détail pour le moment par risque de te créer-
- Je vous arrête tout de suite, lui coupé-je la parole sans scrupule. Peu importe ce que vous me direz ça ne me fera jamais osciller.
- Tu es trop gentil Zayne, dis lui simplement la vérité puisqu'il a envie de l'entendre, affirme un costaud au visage fermé, il doit faire peur aux passants lui.
C'est ça, dit la moi cette vérité.
- Bien. Connais-tu un homme du nom de Lewis Walker ?
- Pas du tout, affirmé-je en à peine une seconde.
Ce nom ne m'évoque rien. Un silence s'ensuit dans la pièce, ils se lancent des regards, perdus par ma réponse. Manifestement, elle ne leur plaît pas.
- Bon, et de qui s'agit-il ? Je commence à en avoir marre de vos conneries, vos 5 minutes sont finis depuis longtemps. Vous abusez de ma patience là.
- Il va se calmer le gosse, tu nous parles autrement, d'accord ? Se remet à piailler le dénommé Ashelbi que je vais désormais surnommé sang chaud.
Cette fois-ci il se fait arrêter par un... enfant ? Non, adulte, mais aux manières enfantines. Je peux voir d'ici qu'il a des traits asiatiques, mais je ne saurai dire pourquoi quelque chose me dérange chez lui, comme s'il avait une autre facette. C'est facile de reconnaître ce genre de chose quand on en soi-même une.
- Il s'agit de mon père, grogne presque Zayne, comme s'il en avait honte.
La femme à ses côtés pose une main dans son dos. Est-ce un signe affectueux ? Je ne sais pas ce que c'est.
- D'accord, et qu'est ce que j'en ai à faire ? Je veux dire, en quoi c'est mon problème cet homme ?
- Il se peut que tu ais croisé sa route sans même t'en apercevoir.
- Impossible.
- Pourquoi ?
- Parce que je ne suis pas sorti de chez moi depuis ma naissance jusqu'à maintenant. Voilà pourquoi.
Soudain, c'est comme si j'avais lancé une bombe dans la pièce. Un soupçon de désespoir et de déception flotte dans cette petite chambre d'hôpital. Plus un bruit, le silence est roi. J'adore le silence. C'est calme, c'est vide, c'est rien, c'est apaisant. Mais ça me fait aussi peur; car quand il y a le silence, il y a les voix. Celles dans ma tête, celles de l'enfer. Je suis resté là-bas. Ces voix sont encore plus dangereuses que le silence lui-même. Ces voix ne cessent jamais, elles me murmurent de doux et cruels mensonges, m'emmenant avec elles dans les profondeurs de mon esprit errant. Suis-je perdu ? Où ça ? Ici ? Là-bas ? Là ? Non, je suis ici. Oh, non, le silence m'attaque. Je déraille ? Ou pas ? Je ne sais pas. Mais si, je sais, c'est le silence. Il me faut du bruit ! Pourtant, je n'aime pas ça. Mais il m'en faut, ah, je suis tiraillé. Le silence c'est rien et le bruit c'est tout. Mais quand il y a le silence il y a les voix. Et je n'aime pas les voix, non, je ne les aime pas. Elles seraient prêtes à me souffler les pires péchés du monde. Je préfère encore le bruit, il me faut du bruit ! Du bruit ! Du bruit ! Du bruit !
Je suffoque.
- Tout va bien ? Me murmure cette femme au regard bienveillant.
Je refais surface en reprenant mon souffle. Elle pose une main sur mon lit. Elle s'est rapprochée, tout à l'heure elle n'était pas là. Combien de temps je me suis perdu ? Combien de temps ai-je dérivé ? Combien de temps ces voix m'ont murmurés de cruelles paroles ? Il faut que je me concentre sur autre chose. Leur discussion, je dois me concentrer sur eux.
- Peut-être qu'il ne s'agit vraiment pas de lui...
- Tyron, tu y crois vraiment honnêtement ? Demande avec aplomb autorité man.
Il hausse les épaules, indécis.
- Shawn, t'en penses quoi ?
Ils ne se préoccupent pas vraiment de ma présence, ni du rôle que j'ai à jouer dans cette discussion. Mais bon, au final j'en ai rien à faire. Quelle que soit leur décision elle ne changera rien à ma vie. Quoi que, à mon quotidien peut-être. Mais elle ne me changera pas moi.
- Je ne suis pas certain que Keith soit celui qu'on recherche. J'avoue que ça ressemble beaucoup à la façon de procéder de ton père, mais quelque chose cloche. Je n'arrive pas à pressentir quoi que ce soit au sujet de Keith, c'est comme s'il était si imprévisible que même mon sixième sens est inefficace contre lui. Néanmoins, on peut toujours avoir le bénéfice du doute. Après tout il faut s'attendre à tout avec ton père, et surtout Keith ne nous a pas vraiment parlé de son passé ou de lui.
Je ne sais toujours pas vraiment de quoi il s'agit. Je n'ai pas plus d'explication à part le fait que, que je sois ou non l'homme qu'il recherche soit une question de vie ou de mort. La mort... La plupart des gens ont peur de la mort, ou plutôt de ce qu'il y après. C'est comme ça que j'explique le comportement des hypocondriaques. Faut-il vraiment en avoir peur ? C'est une délivrance pour certains, et une malédiction pour d'autres. Dans les deux cas il existe toujours ce petit dernier instinct de survie, comme si au fin fond du cerveau il y avait un petit-être recroquevillé qui murmurait "non, pas maintenant, je ne veux pas".
Je n'ai jamais eu de discussion saine avec des humains jusqu'à aujourd'hui.
Dois-je retourner là-bas ? Non, je l'ai presque tué pour m'enfuir, ce n'est pas pour y retourner. Non, je ne dois plus jamais le revoir, plus jamais lui faire face, plus jamais tout ça. Je dois survivre, c'est ce que me disent les voix. Je dois vivre, quitte à tuer. Je dois écouter les voix dans ma tête. Oui, c'est elles qui vont me sauver. Elles vont me guérir, je ne dois pas les repousser. NON. C'est faux. Je dois, je dois leur faire face. Ce qu'elles m'ordonnent de faire est horrible, abominable, sadique. Je dois les fuir, me réfugier dans autre chose. Mais pourtant... je n'ai jamais eu qu'elles. C'est elles qui m'ont permis de m'enfuir, car j'ai décidé de leur obéir.
Oui. D'accord. Je dois tous les tuer pour survivre, c'est ça ? Comme avec lui.
La femme qui était jusqu'ici restée quasi muette, observant mes moindres faits et gestes, paroles, et réactions, jusqu'à presque me sonder, prend la parole à la surprise de tous, et de la mienne :
- J'ai une proposition à te faire, Keith. Que dirais-tu de nous rejoindre ? Propose-t-elle avec une confiance aveugle.
- Pardon ?
- Voudrais-tu rejoindre les Seven Demons ?
***
C'est le début d'une belle aventure ;)
Finira-t-elle de la même manière... ou autrement ?
Qu'avez-vous pensé de Keith et de ce chapitre ? J'ai hâte d'avoir vos retours ehe !
Pour le prochain chapitre je fais au plus vite, tant que je ne suis pas encore à l'université haha.
Bisouuuus, love u <3
***
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