Révelations
(le passé n'est qu'une histoire que nous nous racontons)
Il avait fait appel à lui non pas parce qu'il n'en pouvait plus, mais parce qu'il en était incapable, il n'y arrivait plus. Peut-être que lui saurait lire dans son coeur, et saurait la "délivrer" de ses nombreux démons.
Il avait rencontré Peter quelques années plutôt, à l'occasion d'une fête de fin d'année. Sans savoir réellement pourquoi, il avait tout de suite pensé que Peter était la personne dont avait besoin W. Peut-être que lui pourrait la sauver, la guérir, la délivrer.
W. était assise sur la terrasse, lorsqu'il s'était glissé à ses côtés.
Elle ne dit rien, lui non plus d'ailleurs. Ils restèrent là, plus d'une heure, à contempler le ciel azur.
Elle lui sourit, peut-être par gêne, ou pour être polie, il n'en savait rien. Il lui rendit son sourire, sans rien ajouter.
- Qui es-tu? chuchota-t-elle
- Qui je suis n'a pas d'importance, W.
Elle baissa la tête.
- Qui es-tu? Comment me connais-tu?
- Et toi, Olivia, qui es-tu? Qui es-tu lorsque tu ne te dissimule pas derrière l'identité de W., ou d'une quelconque autre fille? On dit souvent que nos espérances et nos peurs définissent qui nous sommes réellement, de quoi as-tu peur, en quoi espère-tu Olivia?
Ses mains tremblèrent, elle tenta de les dissimuler en les cachant dans ses poches. Qui était-elle réellement? Elle n'en savait rien, elle ne le savait plus. La vie lui avait tout pris, emportant avec elle, les misérables choses qui lui permettaient encore de rester debout. Elle n'était plus rien, plus personne, juste une épave.
Elle adressa un regard anxieux à son interlocuteur. Il remarqua que ses questions avaient troublé la jeune femme, alors il continua:
- Je n'ai jamais su ce qu'était l'anxiété. Dans ma tête j'ai toujours sept ans et le monde ne me fait pas peur. Je lève la main en classe et parle fort. Je n'ai pas peur d'aller voir les autres enfants sur le terrain de jeux. Le monde entier semble être mon ami. Je ne tire pas non plus sur mes manches, cherchant à dissimuler une quelconques cicatrice à l'avant de mes bras. Je n'ai pas peur de regarder les gens droit dans les yeux lorsque je m'adresse à eux. Je grandis en voulant être quelqu'un d'unique. Je grandis en voulant rester moi-même, fidèle à mes valeurs. J'aime aller dans les avions, sans penser qu'ils pourraient s'écraser. Je ne pense pas souvent à la mort. Je pense plutôt au futur, et je n'en ai pas peur. Voilà qui je suis Olivia, et toi, qui es-tu?
- J'ai vingt-quatre ans, et je n'aime toujours pas rester seule dans le noir. Mes mains tremblent lorsque je ne parviens pas à exprimer ce qu'il se passe dans ma tête, et je sais que de toute évidence, personne ne me comprendra vraiment. Mes amis parlent de devenir acteur, médecin ou encore professeur, lorsque tout ce que je veux devenir c'est courageuse. J'aimerais pouvoir me réveiller le matin, sans avoir peur de la vie et de ce qu'il pourrait arriver. J'ai passé tellement d'années à craindre la mort, que je n'ai jamais eu le temps de penser à mon futur. J'ai été dans plus d'hôpitaux que de fêtes, et j'ai imaginé ma mort plus de fois que je n'ai imaginé mon potentiel mariage. Je sais que je ne me battrai jamais assez pour les choses que je veux dans la vie, car je serai trop effrayée d'enfin avoir quelque chose que je veux vraiment. Tout ce que je veux, c'est arrêter d'avoir peur. Voilà qui je suis. Voilà qui est Olivia.
- Au fait, je m'appelle Peter. Peter Holmes.
- Olivia Nills, enchantée. sourit-elle
- Pourquoi te faire appeler W.?
- Tu poses beaucoup de questions Peter Holmes.
Il rigola, surprit de l'entendre l'appeler par son nom complet.
Son rire était mélodieux, presque enfantin. La jeune femme esquissa un léger sourire. Ce rire lui rappelait tant de souvenirs. Elle entendit le rire de ses frères lors de leur nombreuses batailles d'eau, elle revit leurs fines lèvres s'étendre en de larges sourires, elle les revit s'agripper aux jambes de son père.
- J'ai fais quelque chose qu'il ne fallait pas? s'inquiéta-t-il, voyant la moue d'Olivia
- Non, non, ne t'en fais pas. Ton rire ressemble beaucoup à celui de mes frères, c'est tout.
- Quel âge ont-ils?
- Ils ont dix-neuf et quinze ans. dit-elle d'une voix brisée
Elle n'avait jamais pu accepter la mort de ses frères. Pour elle ils demeuraient vivant, bien que morts à neuf et cinq ans. Pour elle, ils n'étaient à présent plus des enfants, mais avaient grandit, tout comme elle l'avait fait. Accepter leur mort serait accepter d'avoir tout perdu. Elle s'accrochait toujours à cet infime espoir de retrouver ses frères vivants.
- L'un de mes frères s'appelait William. avoua-t-elle soudainement Depuis toute petite, je n'ai rêvé que d'une chose: être comme eux. Je les ai toujours admiré, presque envié. Eux non plus n'ont jamais su ce qu'était l'anxiété, la peur. Je les enviait car il voyait le monde en couleur tandis que j'étais coincée dans ma vision noir et blanche. Ils étaient tellement insouciants. sourit-elle Je m'en suis également beaucoup voulut lorsqu'ils sont morts. J'aurais tellement aimer prendre leur place. soupira-t-elle
- Olivia, tu étais tout ce qu'ils avaient, tu étais celle à l'origine de toutes ces couleurs, de toute cette insouciance. Si tu étais morte à leur place, que seraient-ils devenus? Tu étais leur seule famille, sans le savoir tout leur monde tournait autour de toi. Tu n'as peut-être pas pu les sauver de la mort, mais tu as au moins épargné leur vie. Tu devais être très jeune lorsque tes parents sont morts. Tu as fais beaucoup de sacrifices pour subvenir aux besoins de ta famille, de tes frères. Olivia, je sais que tu t'en veux beaucoup à cause de ça, mais ne soit pas trop dure envers toi-même, tu n'avais que douze ans.
- Oui mais...
- Peu importe ce qu'il arrivera, tu restera toujours mon héroïne préférée, bien loin devant Wonder Woman. la coupa-t-il
Elle bafouilla un rapide merci, tentant de retenir ses larmes. Il sortit de sa poche une paire d'écouteurs et lui tendit l'un d'entre eux. Il se rapprocha d'elle, passant son bras autour de ses épaules.
Les premières notes de la chanson se firent entendre peu à peu. Elle ferma les yeux et se laissa porter par cette douce mélodie.
♪ Still Getting Used to Being On My Own - Tom Odell ♪
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Je vous remercie énormément de m'avoir lue jusqu'ici. Merci également pour vos votes et commentaires. N'hésitez pas à partager la fiction ;)
Le mystère plane toujours autant sur la mort de la famille d'Olivia. À votre avis comment sont-ils morts? (#NCIS #Bones)
J'ai enfin pu introduire le dernier personnage principal de la fiction: Peter Holmes!
Pour les personnes ne voyant pas la liste des personnages (en fin de chapitre), ils sont:
James Gallagher [Niall Horan] , W. [Piper Curda], Ella Pope [Maia Mitchell], Arthur Gallagher [Russel Crowe] et Peter Holmes [Andrew Garfield]
Ici, la chanson que j'ai choisie fait partit du dernier album de Tom Odell (qui est au passage mon chanteur préféré), Wrong Crowd. Les paroles de la chanson parlent plutôt d'une rupture amoureuse, mais je pense que l'on peut également les adapter à une quelconque perte d'un proche.
N'hésitez pas à me faire part de vos avis quant au choix des musiques ;)
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