Oceanside.
La chute ne m'a pas tué, mais l'atterrissage n'a pas été de tout repos. En effet, l'eau est complètement gelée, j'ai atterri si profond dans ce lac, qu'au moment de remonter à la surface, je me suis prise dans un filet. Je suis prisonnière, encore sous l'eau tentant de me sortir de là, sauf qu'en sautant, j'ai perdu mon couteau.
J'évite de paniquer, retenant mon souffle du mieux que je le peux et tâte cette merde qui m'écrase et me gêne dans mes gestes.
Après plusieurs minutes, je parviens enfin à me sortir de ce bordel, remontant le plus vite possible à la surface, reprenant mon souffle une fois ma tête hors de l'eau, et recrachant de la flotte, ayant bu la tasse à plusieurs reprises. Puis je replonge de nouveau afin de retrouver mon satané couteau. Après une dizaine d'aller-retour sous l'eau, je parviens enfin à le récupérer. Je le glisse dans ma ceinture, à l'arrière de mon jeans, m'assurant qu'il est bien accroché, puis je remonte de nouveau à la surface.
Une fois libre de mes mouvements, je regagne le large à la nage, espérant de pas tomber sur un cadavre, car j'ai assez donné pour cette nuit.
Après plusieurs mètres, je finis enfin par toucher le sol de la terre encore humide. Je sors de l'eau, pose mon sac à dos que j'ai pu récupérer dans la flotte et m'allonge sur le dos un moment, histoire de reprendre mon souffle mais également des forces.
En effet, je viens de faire un plongeon de plusieurs mètres avant de me retrouver coincée dans un filet à poissons, manquant de me noyer, et qui plus est, dans une eau atrocement glacée. Je ne suis pas vraiment au top de ma forme après ça.
Je finis par fermer mes yeux et doucement, m'assoupis d'épuisement. Je ne sais pas combien de temps s'est écoulé, mais quand je rouvre les yeux, des femmes sont penchées au-dessus de moi, chacune des lances dans la main. Je cligne des yeux à plusieurs reprises, me les frottant pour savoir si je ne rêve pas, ce qui n'est pas le cas.
– Qui es-tu ? me demande l'une d'entre elle.
Elle est métisse, des cheveux noirs ondulés, lui tombant sur les épaules. Sans doute la cheffe de cette communauté.
– Je t'ai posé une question, insiste-t-elle.
– Mila. Mila Reed, réponds-je, toujours allongée sur le sol, menacée par leur lances.
–J'ai vu ce que tu as fait là-haut, pointant son regard vers la falaise. Que fuyais tu comme ça ?
– Des rôdeurs, me relevant doucement, mettant mes mains en l'air.
– As tu été mordue ?
– Non.
– As tu été griffée ?
- Non, toujours mes mains en l'air. Écoute. Je ne cherche pas les problèmes d'accord. Je veux juste continuer mon chemin.
– Fais-tu partie d'une communauté ?
– Non. Je fais ma route toute seule. Ça évite les problèmes inutiles. Et vous alors ? regardant les nanas autour de moi. Vous êtes qui ?
– Nous sommes les Oceansides. Nous sommes une communauté composée uniquement de femmes et d'enfants.
– Je vois. Où sont passés les hommes ?
– Ils ont été tués.
– Tués tu dis ?
– Oui. Par un monstre qui s'appelle Negan.
– Negan, répété-je en retenant mon souffle, manquant de tomber par terre.
– Est-ce que tu le connais ?
– Je viens de te le dire, tentant de faire bonne figure. Je fais mon bout de chemin toute seule. Uniquement moi et mon sac à dos, lui souriant timidement.
– Je vois. Suis-nous.
– Sans façon. J'aimerai poursuivre ma route. Tu sais. Moi et mon sac à dos.
– Si tu es seule, il te faudra des vivres et quelques provisions si tu veux survivre dehors, alors suis-nous, ordonne-t-elle en ouvrant la marche. Au fait, moi c'est Cindy.
– Cool. Alors Cindy. Que faites vous dans un coin aussi isolé du reste du monde ?
-– La réponse est dans ta question Mila. C'est justement parce que c'est isolé du reste du monde que nous sommes là. Nous y sommes en sécurité. Ça nous évite les problèmes et si jamais des rôdeurs viennent ou que d'autres groupes tentent de nous piller ou nous menacer. On les voit arriver à des kilomètres.
– C'est pratique en effet, la suivant jusque à travers la forêt, longeant l'océan pas loin.
Nous traversons les bois quand soudain, un rideau de feuilles, car je ne pourrais pas appeler ça autrement, se relève devant nous, laissant ensuite apparaître un vrai village, avec plusieurs demeures en tout genre. J'arrive pas à croire ce que je vois. C'est vraiment chouette et sans doute la plus structurée des communautés que j'ai pu voir jusqu'à maintenant. Je comprends maintenant quand Cindy me dit qu'elles sont à l'abri. Elles ont tout à portée de main. Des potagers qu'elles cultivent, ainsi que quelques bêtes dans un enclos et un océan pour pécher. On retrouve un peu de civilisation au sein des Oceansides.
Une fois dans la demeure de Cindy, elle demande à l'une de ses amies de s'occuper de me récupérer des vivres et de l'eau.
J'attends dans le silence, jusqu'à ce que la femme chargée de mon package revienne. Elle arrive les bras chargés, portant un gros carton qui semble plutôt lourd avant de le poser à nos pieds, à Cindy et moi.
– Voilà pour toi Mila, me fixe la cheffe.
– C'est beaucoup trop, dis-je en fixant le contenu du carton en question. Je ne peux pas accepter. Et puis, je n'ai pas besoin d'autant de choses.
– Tu refuses mon cadeau ? lance-t-elle, se plaçant face à moi.
– Non, c'est pas ça. Je suis toute seule alors que toi, tu as une communauté à nourrir. Je ne veux pas prendre ce qui leur est dû. Je t'assure que je n'ai pas besoin d'autant de choses. Deux, trois babioles pour mettre dans mon sac à dos et deux bouteilles d'eau suffiront amplement.
– T'es bizarre Mila. Je t'offre à manger et à boire et tu n'en veux pas. Pourquoi ? Es-tu certaine de m'avoir dit la vérité à ton sujet ? me soupçonne-t-elle, croisant ses bras sous sa poitrine.
– Comment ça ? me faisant subitement surprendre par deux de ses acolytes, m'attrapant chacune un bras. Qu'est-ce que tu fais Cindy ? demandé-je tout en me débattant.
– Je veux la vérité.
– Je viens de te dire la vérité, réponds-je, la fixant droit dans les yeux. Alors si tu ne veux pas que je sois ton ennemie, demande à tes nanas de me lâcher.
– Tu me menaces ?
– Je te préviens seulement, la fusillant du regard.
– Okay, je vois. Mettez la en cage, s'adressant aux deux gonzesses qui me retiennent.
Sauf que là, à cette heure-ci, après ce que je viens de subir du haut de cette falaise, c'est vraiment pas le moment de me chercher des poux. Je fixe Cindy méchamment avant de donner un coup de tête à la nana sur ma droite qui me lâche instantanément, son nez se mettant à saigner. Puis aussitôt, je m'occupe de la seconde fille, afin de récupérer une de leur lance et de les mettre à terre avec, pointant ensuite la lame sous le cou de la cheffe.
– Je te l'ai dit, Cindy. Je ne suis pas là pour avoir des problèmes. Je ne t'ai rien demandé et je ne veux pas de tes provisions. En tout cas, pas autant. Je faisais partie de l'armée avant tout cette merde et j'ai vécu dehors toute seule pendant quelques années. Je sais me débrouiller et je sais me défendre. Alors j'aimerais une bonne fois pour toute, qu'on me foute la paix ! haussé-je, perdant vraiment patience. Est-ce trop demandé !
– C'est bon, dit-elle tout en reculant d'un pas. J'ai saisi. Baisse cette lance maintenant. S'il te plaît.
– Si je la baisse, tu peux m'assurer que vous n'allez rien me faire.
– T'as mas parole. Prend ce dont tu as besoin et va t'en si c'est ton souhait.
– Ça l'est. Je ne veux appartenir à personne. À aucun clan, ni à aucune communauté. Je veux pouvoir... soupirant, prenant une grande inspiration avant de poursuivre. Je veux pouvoir bénéficier de mon libre arbitre et de ma liberté. C'est tout, posant la lance.
Après ma réponse, je prends quelques provisions que je mets dans mon sac à dos ainsi qu'un couteau, et quitte le repère des Oceansides. Cindy a tenu à m'accompagner jusqu'à la sortie. C'est en silence que nous faisons le chemin, jusqu'à ce que nous arrivions près de l'océan.
– Voilà, on est y Mila Reed. Tu es sûre de ne pas vouloir rester. Tu pourrais nous apprendre beaucoup de choses.
– Crois-moi, d'après ce que j'ai vu, vous n'avez pas besoin de moi. Vous vous en sortez très bien toutes seules.
– Okay, me souriant. Mais si jamais tu changes d'avis, tu sais où nous trouver maintenant, me tendant la main.
– Merci Cindy, serrant la main qu'elle me tend. Fait attention à toi et aux tiens, lui souriant à mon tour.
– Toi aussi Mila.
– Merci. Au fait. Dernière chose. Si un jour toi ou une de tes filles croisez une personne avec un tatouage dans le cou. Un serpent. Fuyez le plus loin possible.
– Pourquoi ? Qui c'est ?
– C'est un groupe de barbares. Ils sont très nombreux mais ils sont également la pire espèce que l'on puisse rencontrer dans ce monde. Les rôdeurs à côté sont des enfants de chœur. Alors s'il te plaît. Si tu croises l'un de ses gars. Ne te bats pas. Fuis et mets ton peuple à l'abri.
– Pourquoi tu me dis tout ça ?
– J'ai déjà eu affaire à eux. Ils sont partout. Je suis même étonnée qu'ils n'aient pas encore trouvé cet endroit. Mais crois-moi quand je te dis que ce n'est qu'une question de temps avant que ça n'arrive.
– Je vois. On sera prudente Mila.
– Prudentes et vigilantes.
– Bien sûr. Bonne chance sur la route Mila Reed, toi et ton sac à dos. Peu importe le chemin que tu emprunteras, si jamais tu te perds, tu n'auras qu'à suivre l'océan. Nous seront là pour te recevoir.
– Merci Cindy, lui souriant une dernière fois avant de partir.
Une fois sur le sable, je longeais l'océan pour pouvoir récupérer la route.
Après plusieurs kilomètres qui m'ont paru une éternité, j'aperçois enfin le bitume. Je m'y rends lorsque j'entends des bruits de moteur. Je me cache afin d'observer ce qu'il se passe. De là où je suis, je peux compter trois véhicules et un camion, avec à l'arrière une remorque et des hommes dedans. Ils sont tous armés. Je décide de me rapprocher un peu, tout en restant à couvert, quand ils s'arrêtent près de moi, suite à l'arrêt du premier véhicule.
Un homme descend alors du gros pick-up pour se diriger au troisième, afin de discuter avec l'un des hommes à l'intérieur. De là où je suis, je ne peux pas entendre ce qu'ils se disent, quand d'un coup, tout le monde sort des voitures.
Ils sont vraiment organisés et surtout très bien équipés. Ça ne présage rien de bon. Curieusement, ils s'avancent vers moi. Mon cœur commence à battre à tout rompre, quand l'un des hommes se baisse, tâtant le sol de ses mains. On dirait un traqueur. C'est comme s'il cherchait quelque chose. Comme s'il cherchait la trace de quelqu'un. J'ai déjà vu ça lorsque j'étais à l'armée. On envoyait souvent des hommes en reconnaissance afin de traquer l'ennemi pour éviter de tomber dans des traquenards et ces hommes, on les appelait des traqueurs.
Soudain, relevant légèrement mon visage, j'aperçois celui de cet homme. Tout du moins, son profil. Et plus précisément son cou. Ce gars fait parti des serpents et je présume que tous les autres aussi. La panique commence alors à m'envahir. Je décide de vite partir afin de ne pas me faire prendre, quand je tombe nez à nez avec un rôdeur sorti de nulle part. Il me fait tomber sur le sol et ma chute fait pas mal de bruit à cause de ce qu'il y a dans mon sac à dos. N'ayant pas mon couteau à portée de main, j'enfonce mes pouces dans chacun des yeux de ce geek afin de le repousser, pour ensuite le faire tomber à mon tour et de lui écraser la face avec mon pied à plusieurs reprises.
Une fois débarrassée de lui, je récupère mes affaires et me mets à courir afin de trouver une planque, mais dans les bois, il est difficile de sa cacher, quand mes prières sont enfin exaucées. En effet, il y a une petite rivière avec de gros rochers. Je décide de sauter dans la flotte, encore, afin de me réfugier sous l'un des gros cailloux, m'enfonçant au plus profond de ce creux, me laissant ainsi le maximum de chance de m'en sortir. Du moins, je l'espère. Je bloque ensuite ma respiration quand j'entends brusquement des pas s'approcher de moi. Je sors silencieusement mon couteau de derrière la ceinture de mon jeans, le tenant fermement dans ma main, prête à me défendre si ma vie en dépend. J'entends une une voix s'exprimer.
– Faites le tour. Cherchez mieux ça. Je l'ai vu. Je suis sûre d'avoir aperçu cette pétasse. Elle ne doit pas être bien loin. Mila Reed est ici... Alors cherchez là !
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro