Mauvaise surprise.
– Tu as un fils ? soupire Carl, surpris.
– Je ne sais pas. Je crois.
– Tu sembles avoir un doute, dit-il avant d'aller à la cuisine pour remplir un verre d'eau qu'il me donna ensuite. Tiens.
– Merci Carl, buvant une gorgée avant de le poser sur la table à côté de moi.
– Alors, raconte-moi. Zachary. Ton fils. Où est il ? prenant place à mes côtés faisant en sorte d'être face à moi.
Je me mes donc en tailleur face à lui également.
– Je ne suis sûre de rien.
– Comment c'est possible Mila ? Sois tu as un fils, soit non.
– Je sais bien, frottant mon visage entre mes mains avant de râler. Écoute. Avant que le monde devienne ce qu'il est, j'étais dans l'armée. Un jour, avec mon équipe nous étions en mission. Nous avions pour but de récupérer un témoin capital dans une histoire de terrorisme. Mais pour ça, on a dû se rendre sur un territoire ennemi. On s'est fait attaquer par des rebelles. Nos véhicules ont été pris pour cible et beaucoup d'entre nous sont morts. Quant à moi, j'ai survécu, c'est vrai, mais j'ai subi de très graves dommages corporels ainsi qu'un énorme traumatisme à la tête. Quand j'ai vu les rebelles s'approcher et mettre une balle dans la tête de chacun de mes frères d'arme pour s'assurer qu'ils soient bien morts, j'ai fait la morte. Il était impossible de distinguer le faux du vrai étant donné la quantité de sang que je perdais et mon état physique. J'étais ouverte en deux. Littéralement Carl.
– Je suis désolé. Comment t'as fais pour survivre ?
– J'en sais rien. Quand je me suis réveillée, j'étais dans un camp de fortune. J'avais été recueillie par un homme et sa femme. Tous deux médecins. Ils avaient ouvert un hôpital clandestin. Ils m'ont trouvé et m'ont ramené chez eux. Ils ont pris soin de moi et m'ont remis sur pied. Je n'ai jamais su le nom de la femme, quant à son mari, il s'appelait Amir. Ils devaient sans cesse se protéger contre les rebelles. Ce que je pouvais comprendre. Ces hommes étaient des barbares.
– Qu'est-ce qui s'est passé ensuite ?
– Une fois que j'ai guéri et que j'étais complètement rétablie, j'ai remercié ce couple et je suis parti. Du moins, ils m'ont aidé à partir car j'étais toujours en territoire ennemi. Je crois que ça a été la pire expérience de ma vie. Amir me disait que je serais incapable de remarcher et pire que ça. Il a dit que je ne m'en sortirai probablement pas. Mais voilà. J'ai survécu, sauf qu'après cet incident, j'ai perdu la mémoire. Je ne me rappelle plus les six années qui ont précédé mon engagement au sein de l'armée. Ça a du bloquer un truc dans mon cerveau. Tout ce qu'il me reste aujourd'hui. Ce sont de vilaines cicatrices.
– C'est horrible Mila. Comment tu as fais pour survivre à ça ?
– Je suppose que si j'avais vraiment eu un fils, c'est lui qui m'a donné la force de m'accrocher.
– Je comprends, prenant ma main dans la sienne. Qu'est-ce que tu comptes faire ? Pour Zachary, je veux dire ?
– J'en sais rien. Ma mémoire a complètement foutu le camp, alors comment savoir si j'ai réellement eu un fils ? Et quand bien même. Je suppose que je n'aurai jamais abandonné mon enfant si j'en avais eu un. Avec ou sans mémoire, c'est impossible.
– Il y a un moyen de savoir si tu as déjà eu un enfant.
– Comment ça ? me redressant subitement, subitement intéressée.
– On a un médecin ici. Siddiq, et du matériel médical. Peut-être qu'il pourrait déterminer si oui ou non tu as eu un bébé, me souriant avant de se lever. Si tu veux vraiment savoir, on peut aller le voir.
~ Je ne sais pas trop Carl. Supposons que ce soit le cas. Que j'ai vraiment eu un bébé. Comment réagirais-je sachant que je ne sais pas ce qu'il est advenu de lui, ni même savoir s'il est en vie ? Je ne me rappelle rien entre mon entrée à l'académie et mon engagement à l'armée. Six années de ma vie parties aux oubliettes bon sang. Qui sait ce qu'il s'est passé au cours de ces années ? Et si la vérité ne me plaisait pas.
– C'est un risque à prendre, tu ne crois pas. Si j'étais à ta place, j'aimerai connaître la vérité.
– Tu as sans doute raison, mais je ne pense pas être prête psychologiquement pour ce genre de vérité.
– C'est toi qui voit Mila, se rasseyant près de moi. Mais si jamais tu changes d'avis, tu n'auras qu'à me le dire. Après tout, autant en profiter le temps que tu es là.
– C'est gentil Carl. Vraiment. J'y réfléchirai, mais pas maintenant. On ferait bien de dormir un peu.
– Tu as probablement raison, me souriant de nouveau. Ça t'embête si je reste à côté de toi ?
– Non, pas du tout. Tiens, lui donnant un bout de ma couverture, lui souriant timidement, le fixant avec insistance.
– Quoi ? Pourquoi tu me regardes comme ça ?
– Tu as quoi. Seize ans c'est ça ?
– À quelques mois près oui.
– Tu es tellement plus mature que certains autres hommes que j'ai pu côtoyer. C'est rassurant de savoir qu'il y a encore des personnes sensées dans ce monde avec la tête sur les épaules.
– J'essaie de faire de mon mieux en tout cas.
– Continue comme ça, lui souriant, posant ma main sur son épaule. Allez, on devrait se reposer. Bonne nuit Carl.
– Bonne nuit Mila.
Nous sommes tous les deux assis sur le canapé, chacun d'un côté avec une seule couverture pour deux pour nous couvrir. Nos têtes chacune posées sur chaque rebord du dossier, nous finissons par nous endormir.
Ce n'est que le lendemain matin que nous sommes réveillés par Rick, nous tapotant sur l'épaule et nous bousculant un peu.
– Hey. Réveillez-vous tous les deux.
– Papa, commence Carl, sa main posée sur mon bras. Qu'est-ce qui se passe ?
– Negan est ici.
– Quoi ? me redressant subitement en entendant son prénom, surprise.
– Il a avancé le jour de récolte Mila. Il est là pour ça.
– Je vois. Il ne doit pas savoir que je suis là.
– Ne t'inquiète pas. Je ne lui dirais rien.
– Si jamais il apprend que je suis ici, il va... paniquée.
– Calme-toi Mila, me coupe Carl. Mon père ne dira rien.
– Okay.
– Je vais aller rejoindre Negan. Carl peut rester avec toi ici, si ça te convient.
– D'accord. Merci Rick.
– De rien. Restez là. Ferme la porte derrière moi Carl et tachez de rester discrets et tout se passera bien.
– Okay papa, le suivant avant de refermer la porte derrière lui.
Rick part donc rejoindre Negan et ses acolytes. Il est accompagné de Dwight, Simon et d'autres gars qu'il ne connait pas.
– Bien le bonjour Shérif, balance Negan, se foutu royalement de lui, comme d'habitude.
– Negan, le fixant droit dans les yeux. Ta récolte est prête. Suis-moi.
– Je vais te suivre, mais avant j'aimerai que tu fasses quelque chose pour moi.
– Comment ça ?
– Pendant que mes hommes vont fouiller de fond en comble ton patelin de merde, tu vas rester ici avec moi. Tous les deux on a des choses à se dire mon pote. Simon, Dwight. Commencez la visite. Prenez une équipe de six avec vous.
– Okay boss, lance Simon, comme le bon toutou qu'il est.
Les deux hommes réunissent donc une équipe de six hommes chacun, puis partent chacun de leur côté pour commencer à inspecter les maisons.
– Merde. Pas ça, murmure l'ado, posté devant la fenêtre à guetter.
– Qu'est-ce qu'il y a Carl ? le rejoignant, inquiète.
– Baisse-toi Mila. Maintenant, me faisant signe avec sa main de rester basse.
– Tu peux me dire ce qu'il se passe à la fin ? baissée et adossée contre le mur à côté du jeune, le fixant, inquiète.
– On dirait que Negan a envoyé ses hommes pour fouiller les maisons. Il faut que tu te caches.
– Okay. Dis-moi ou alors.
– Suis-moi. Je connais un endroit mais ça ne va pas te plaire.
– On n'a pas vraiment le choix pour parlementer Carl. Alors bouge.
– Okay.
Nous sortons par l'arrière de la maison jusqu'à ce qu'il m'amène derrière les bâtiments, menant à une trappe d'égout.
– Sérieux Carl ?
– Je t'avais dit que ça te plairait pas, me souriant. Rentre là-dedans Mila. C'est ta seule chance.
– Est-ce que c'est sûr à l'intérieur ?
– Oui. Mais au cas où, prend ça, me tendant un couteau de chasseur.
– Je vois. Merci, prenant l'arme avant de commencer à descendre et que Carl referme la grille sur moi. Tu reviendras me chercher hein ?
– Je te le promets. En attendant, reste planquée.
– Okay, le fixant une dernière fois, avant de descendre les marches et de me retrouver dans des tunnels sous terrain.
Tout est froid et humide et l'odeur qui s'y dégage est à la limite du supportable. J'ai des hauts le cœur, mais je dois prendre sur moi malheureusement. Alors, je retire ma chemise et m'en sers comme bandana pour mettre autour de ma bouche et de mon nez. Il faait super noir là-dedans, je marche à l'aveugle, en laissant ma main sur le mur pour essayer de me repérer, mais ce n'est vraiment pas évident.
Après plusieurs mètres, j'aperçois un faisceau de lumière. Je le suis et décide de rester cachée à cet emplacement, afin d'y voir quelque chose, mais aussi pour voir toute personne ou tout rôdeur s'approcher de moi.
Tandis que je suis cachée à attendre qu'on vienne me chercher, je repense à ma discussion avec Carl. Et s'il avait raison ? Et si je devais aller voir ce Siddiq. Est-ce que je veux réellement savoir la vérité ? Et s'il s'avère que j'ai vraiment eu ce bébé. J'aurai encore beaucoup plus de doutes et de questions. Est-ce que tout ça en valait réellement la peine ? Je n'en suis pas certaine. La vie est suffisamment compliquée et pourrie comme ça, pour en plus se faire du mauvais sang pour une personne qu'on est même pas sûre de revoir. Une personne dont j'ignore la véracité de son existence.
Après plusieurs heures dans ce trou infâme, je commence à m'assoupir lorsque j'entends du bruit. Je me mets en position de défense au cas ou.
– Mila. Hey, s'approchant de moi.
– Carl ?
– Oui. C'est bon. Tu peux sortir. Negan et ses sbires ont foutu le camp, me souriant. Allez viens.
– Okay, le suivant sans dire un mot.
Nous rentrons dans la maison où nous avons passé la nuit. Je suis un peu réticente, car à la base, je ne devais rester qu'une nuit et pas m'éterniser à Alexandria.
– Tu ne viens pas ? me voyant prostrée sur le perron.
– Carl. Je n'étais pas censée rester plus d'une nuit.
– Tu veux partir ?
– Je vais partir mais avant... marquant une pause. J'aimerai que tu m'amènes voir ton doc.
– Tu as changé d'avis, me souriant, s'avançant vers moi.
– Disons que j'ai besoin de comprendre même si je sais qu'une fois la vérité connue, des questions subsisteront. Je dois savoir malgré tout.
– Pas de souci. Viens avec moi, m'emboîtant le pas.
Je le suis dans une petite maison en bois, à l'arrière des habitations. Il frappe à la porte et nous rentrons à l'intérieur après y avoir été invités.
– Carl ? lance un homme d'une trentaine d'années, visiblement surpris de le voir, me saluant ensuite silencieusement d'i=un signe de la tête. Qu'est-ce que tu fais là ?
– Salut Siddiq. Tu aurais un moment à nous accorder ?
– Oui, bien sur. Suivez-moi, nous amenant un peu plus loin, dans un endroit plus calme et plus discret. Alors, qu'est-ce que je peux faire pour toi ?
– Je te présente Mila. Elle a vécu des choses pas très cool. Tu as fais tes études dans un hôpital super réputé et tu as acquis certaines compétences et une bonne expérience.
– Carl, viens en aux faits, s'il te plaît.
– J'ai besoin de savoir si j'ai déjà été enceinte, lancé-je, dans un souffle sans marquer de pause.
– Je vois, me fixe le médecin. Vous n'en êtes pas certaine ?
– Disons que ma mémoire est un peu déglinguée doc. Alors est- ce que vous pouvez m'aider ? S'il vous plaît.
– Oui, bien sûr. Suivez-moi. Carl, je vais te demander d'attendre dehors.
– Hum, lui souriant. Je serais juste à côté Mila, me souriant également.
– Je sais, lui rendant timidement son sourire. On peut y aller docteur.
– Très bien. Prenez place alors, m'indiquant le lit, avant de fermer le rideau.
Il sort tout le matériel nécessaire afin de commencer son examen.
– Soulevez votre tee-shirt.
Ce que je fias sans discuter.
– Attention, ça va être froid, posant le gel sur mon ventre. Vous êtes prête ?
– Hum, allez-y..
Il prend son appareil à échographie et me passe l'engin sur l'abdomen, en appuyant plus ou moins fort à certains endroits.
– Alors ?
– Laissez-moi un peu de temps, me souriant amicalement.
Siddiq fixe son écran au fur et à mesure qu'il appuie cet engin sur mon ventre, je vois que bien que quelque chose l'interpelle.
– Ce silence va me rendre dingue doc, soupiré-je péniblement.
– J'ai bientôt terminé. Un peu de patience. Il me reste un dernier examen à faire, mais ça ne va pas être agréable.
– Comment ça ?
– Il va falloir que je vous examine in-utéro.
– Quoi ?
– Je ne peux pas vous dire concrètement si oui ou non vous avez eu un bébé juste en vous examinant avec une simple échographie. C'est pas possible. Je vois bien que votre bassin s'est élargi, mais c'est tout ce que je peux vous dire en pratiquant ce genre d'examen. Je dois aller plus loin dans la pratique afin d'être certain de ne rien manquer. Vous comprenez ? dit-il le regard grave.
– C'est vraiment la seule solution ?
– Oui, je suis désolé. Mais si vous vous sentez plus à l'aise avec une femme, je peux aller chercher la chef. C'est vous qui voyez.
– Non, réponds-je, sur un ton sec. Ça ira. Faites ce que vous avez à faire qu'on en finisse.
– Très bien. Je vais devoir vous demander de retirer votre jeans et votre culotte.
– Je vois, prenant une grande inspiration avant d'expirer, tout en évitant son regard. Vous pouvez vous tourner, juste une minute s'il vous plaît.
– Oui, bien sûr.
Je me déshabille, retirant mon jeans et ma petite culotte, puis me remets sur le lit, les jambes remontées, avec un drap posé sur moi.
– C'est bon. Je suis prête.
Il se retourne vers moi et prend son autre outil d'écographie, un long manche avec une boule au bout. Il le désinfecte et pose du gel dessus.
– Vous êtes prête ?
– Oui, allez y, tournant mon regard, sentant progressivement l'engin s'enfoncer en moi.
– Je suis désolé, je sais que c'est désagréable.
– Faites juste ce que vous avez à faire, s'il vous plaît.
Après plusieurs minutes à m'examiner, il retire enfin l'engin de mon vagin et me donne ensuite du papier pour que je puisse m'essuyer. Il se tourne ensuite afin de me laisser mon intimité pour que je puisse me rhabiller.
– Alors doc, attachant la boucle de ma ceinture. Je vous écoute.
– Voulez-vous que je fasse venir Carl ?
– Pourquoi faire ? Est-ce qu'il y a quelque chose de grave ?
– Je vous demande ça car peut-être qu'un soutien moral serait de bonne augure.
– Écoutez Doc, dis-je, agacée. Je ne vous demande pas la lune. Je veux juste savoir si oui ou on j'ai déjà été enceinte. C'est pourtant pas compliqué. Alors, je vous écoute.
– Vous l'avez été oui mais...
– Mais quoi, lui coupant la parole, voyant son regard s'assombrir. Qu'est-ce qui se passe ?
– Vous êtes de nouveau enceinte.
– Quoi, lâché-je sous le choc, perdant légèrement léquilibre. Non, c'est impossible. Vous avez forcément fait une erreur.
– Je suis désolé. Les machines ne mentent pas. À en juger par la taille et le poids du fœtus, vous êtes enceinte de trois semaines. Peut-être quatre.
– Non. Vous vous trompez je vous dit, répété-je, des larmes coulant le long de mes joues. C'est pas vrai, repensant subitement à ce que m'ont fait subir les serpents.
– Félicitations Mila.
En entendant ça, c'est plus fort que moi, je vomis toutes mes tripes, sachant pertinemment que ce gosse est issu d'un viol... Je vomis tout en hurlant ma haine et ma rage, m'écroulant ensuite lourdement sur le sol carrelé.
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