☆ Chapitre 5 ☆
Sonnée, Elie se sentit déboussolée en s'éloignant de Casita pour rejoindre le village. Elle était perdue dans ses pensées, les yeux dans le vide et la bouche entrouverte. Elle ne pouvait pas épouser quelqu'un, c'était impensable. Mais ses pensées lugubres d'enfants et de mari lui firent oublier toute notion de la réalité, à tel point qu'en se rappelant qu'elle devait retrouver Mirabel, elle regarda autour d'elle et remarqua qu'elle avait presque quitté la ville et que Casita semblait très loin maintenant. Elle n'avait aucune idée d'où elle était, complètement perdue, et commença simplement à remonter une rue en espérant trouver son chemin.
Il fallut vingt minutes à Elie pour arriver à la moitié du village quand une jeune fille de son âge accepta gentiment de lui montrer le chemin jusqu'à sa maison. Elle se sentait gênée de devoir demander de l'aide pour rentrer chez elle mais il fallait dire que son sens de l'orientation n'était pas le plus exquis. Heureusement, elles croisèrent Pepa qui prit sa nièce par le bras avec un grand sourire et la ramena, un arc-en-ciel au dessus d'elles.
- Dis tía..., lança sur le chemin Elie avec hésitation, Comment c'était...quand tu as épousé tío Félix ?
Un sourire rêveur se dessina sur les lèvres de la femme et l'arc-en-ciel se mit à briller de milles feux.
- Merveilleux... Nous étions fous amoureux l'un de l'autre, alors nous avons fait ça le plus vite possible et je ne regrette absolument pas ce choix !
Elie hocha la tête. La petite aurait put déprimer à cause de cette grande nouvelle de mariage mais son innocence l'empêchait de bien réaliser la chose. Elle se sentait encore libre, et elle était persuadée qu'elle pourrait faire changer d'avis Abuela avec un peu d'aide.
Elle dû quitter sa tante, de retour à Casita, pour foncer dans la chambre de Mirabel et espérer que celle-ci était là. En effet, la fille de Bruno préférait se concentrer sur le miracle plutôt que de penser au reste. Cela lui changeait les idées et c'était bien mieux ainsi.
- Mirabel ? appela-t-elle en entrant mais personne ne répondit
Elle ressortit en fermant la porte, se demandant si sa cousine était toujours dehors après tout ce temps. Mais elle eut vite une réponse: Mirabel entra en trombe dans la maison avant de se racler la gorge et d'agir comme si de rien n'était avec un faux sourire. Elie sourit, c'était bien elle.
- Qu'est-ce que Luisa t'as dit ? demanda gentiment la danseuse en descendant devant sa cousine
En la voyant, cette dernière reprit un vrai grand sourire.
- Je vais tout t'expliquer sur le chemin ! répondit simplement Mirabel avant de prendre le bras de la noiraude et de commencer à courir
Cela fit rire Elie qui suivit le moment sans rien dire, laissant sa cousine la guider dans la maison jusqu'à s'arrêter devant une porte. Quand elle le fit, la fille de Bruno dû prendre une grande inspiration, ne riant plus, mais elle laissa un doux sourire sur son visage. Elle devait affronter ce qu'elle redoutait mais elle n'avait pas peur, elle ne connaissait pas cela.
- Pourquoi est-ce qu'on va dans la chambre de mon père ? redemanda calmement Elizabeth, le regard ancré dans celui de Mirabel
- Je vais tout t'expliquer une fois à l'intérieur c'est promis, mais pas ici c'est trop dangereux.
Elle regarda autour d'elles pour s'assurer que personne ne soit là puis rajouta:
- Tu dois me faire confiance Elie, je sais ce que je sais.
La concernée hocha la tête, souriant toujours doucement.
- Je te fais confiance Mira.
Il n'y avait personne dans les parages, elles se faufilèrent alors sans bruit dans la vieille porte abandonnée. Elie la regarda bien avant d'entrer; elle était totalement faite de bois, éteinte, et quand il fallut l'ouvrir elle ne bougea pas. Elles durent s'y mettre à deux pour la pousser et réussir à la refermer après. Reprenant leur souffle, elles découvrirent ensuite un minuscule couloir de trois mètres, juste assez étroit pour qu'elles puissent être côtes à côtes, et au bout des trois mètres une cascade de sable avec un motif de sablier en bois tout autour. Les filles échangèrent un regard inquiet.
- Casita, commença Mirabel, Tu peux couper le sable deux secondes ?
Elles entendirent derrière la porte le sol bouger.
- Tu...tu peux rien faire ici...? souffla la jeune fille
- On a pas le choix alors...il faut qu'on y aille..., déclara Elie
Sa cousine acquiesça. Elles se rapprochèrent de la cascade et prirent une grande inspiration avant de la passer. Mais soudainement, elles tombèrent toutes deux de haut sur une grande dune de sable. Elles crièrent puis se laissèrent glisser jusqu'au bout, recrachant du sable dont elles étaient couvertes. Peut-être leur périple allait-il être plus difficile que prévu.
- Euh...Mirabel...? appela la fille de Bruno qui se releva en première après avoir épousseté ses vêtements
La concernée enleva le sable de ses lunettes plus rejoint sa cousine et alors qu'elle allait lui demander se qu'il se passait, elle n'eut qu'à suivre le regard d'Elie pour voir un immense escalier montant sur plusieurs mètres de haut. Elles le regardèrent les yeux écarquillés et la bouche entrouverte. Il était certes impressionnant, mais effrayant également quand on imaginait vouloir monter jusqu'en haut.
- Et bien j'imagine qu'on doit y aller..., soupira Mirabel, Allez viens, je vais t'expliquer ce qui s'est passé avec Luisa.
Elie acquiesça et rattrapa sa cousine qui commençait à monter.
- Et bien, quand je l'ai retrouvé, je lui ai demandé si elle savait quelque chose et au début elle a rien voulu dire jusqu'à ce qu'elle craque et qu'elle avoue avoir beaucoup, beaucoup de pression sur ses épaules.
Pauvre Luisa, se dit la danseuse avec tristesse
- Ensuite elle m'a expliqué qu'avant que Bruno soit parti, il y a eu une grosse dispute à propos d'une prophétie qu'il aurait faite et que depuis, on l'avait jamais revu.
- Donc on est là pour trouver cette prophétie ?
Mirabel hocha la tête.
- Selon Luisa, s'il y a un problème avec la magie, c'est par ici qu'il faut commencer !
- Et je pense qu'elle a raison... C'est la seule chose dont personne ne parle jamais: mon père. Mais pour qu'il soit parti à cause d'une prophétie, ça devait être vraiment grave...
Les deux jeunes filles soupirèrent en coeur. Pour garder leurs forces en montant l'escalier, elles ne reparlèrent plus, excepté pour s'assurer que l'autre aille bien. Elles essayèrent de courir au début pour essayer de prendre de l'avance mais ce fut un échec qui les retarda plus qu'autre chose puisqu'après quelques minutes passées à accéléré, elles étaient déjà essoufflées. Elles se forcèrent à avancer, faisant parfois quelques pauses, et après une demi heure de marche (où elles avaient décrété que la chambre de Bruno était définitivement la pire), elles virent enfin le bout de l'escalier. Cela leur donna juste assez d'énergie pour faire un dernier sprint puis s'écrouler sur la dernière marche, haletante.
- Plus...jamais..., assura Mirabel
Elie secoua la tête, bien d'accord avec la jeune fille.
Elles se laissèrent une minute pour se remettre de cette montée puis se relevèrent et grognèrent d'exaspération en voyant qu'un énorme trou les séparait d'en face, leur destination finale. En effet, il y avait après le fossé une autre pièce posée sur la pierre qui, elles présumaient, devait être l'endroit où Bruno dormait quand il était encore là. Et même si cet endroit était affreusement sombre, elles se devaient d'y aller pour trouver des réponses. Elie le devait absolument, même si elle ne se doutait pas le moindre du monde qu'elle était peut-être une partie importante de l'histoire constituant la disparition de Bruno. Tout le monde avait tout fait pour la garder dans l'innocence et heureusement pour vous, ce fut un franc succès.
La seul chose que les filles avaient pour passer c'était les barrières qui entouraient l'escalier. Ce n'était pas l'idée du siècle mais c'était toujours ça, alors elles en décrochèrent une et lancèrent un bout en hauteur de l'autre côté. Il s'accrocha a de longs et hauts rochers puis ne bougea plus. Elles avaient beau tirer sur la corde, c'était solide ce qui les rassura grandement.
- J'y vais en première, se proposa Elie avant d'attraper la corde fermement
- Euh...tu es sûre de ton coup...?
- Mais oui ne t'inquiète pas, tout ira bien !
Elle sourit de toutes ses dents à sa cousine avant de prendre de l'élan et de se jeter jusque de l'autre côté. Cela la fit rire, elle aimait bien les sensations fortes. Heureusement, la jeune fille atterrit saine et sauve sur la terre ferme et entreprit de remettre ses deux tresses noires comme il le fallait. Puis elle leva les pouces en l'air, faisant signe à Mirabel qu'elle pouvait y aller sans danger.
- C'est bien sa fille..., marmonna cette dernière qui elle ne semblait pas du tout rassurée à l'idée de sauter
Mais elle prit son courage à deux mains ainsi qu'une grande inspiration puis se lança à son tour. Dès qu'elle arriva vers elle, Elie la rattrapa et elles tombèrent toutes les deux à la renverse sous le choc. Nerveusement, elles rirent, et se relevèrent en époussetant leurs vêtements.
- Je te le dis, on ne reviendra plus ici après ! s'exclama Mirabel
Sa cousine hocha la tête en riant.
- Promis Mira !
Alors qu'elles commençaient à reculer du bord, un "crac" se fit entendre et en se retournant, elles ne purent retenir un hurlement de peur quand une partie du sol se détacha et tomba. Bouches-bées, les filles se penchèrent légèrement pour voir combien de temps il fallait à la pierre pour atteindre le sol et ainsi voir à quel point ce fossé était profond. Leur sang se glaça quand elles virent qu'il fallait une dizaine de seconde avant d'entendre le bruit significatif de la chute. Elles déglutirent difficilement puis mains dans la mains, s'engouffrèrent dans la pièce qui s'offrait à elles.
C'était sombre, totalement sombre, à vraie dire la seule source de lumière provenait du reste de la chambre où était l'escalier. Les filles traversèrent une sorte de petit tunnel très étroit; sur les murs elles purent voir des statues incrustées de représentation et portraits étranges de Bruno. Il y avait aussi des rats, qui partirent se cacher en courant en voyant deux arrivantes. Quelques vieux objets étaient là, rouillés et cassés, et parfois elles virent sur les murs et le sol des éclats de pierres précieuses verdâtres. Bien sûr, il y avait toujours sur le sol du sable, mais seulement une fine couche qu'elles pouvaient balayer en un mouvement de pied. Le plus intriguant et mystérieux restait la porte ronde située au bout du couloir, entrouverte.
- Je suppose que c'est là qu'on doit aller, souffla Elie qui brisa le silence
Mirabel hocha la tête. Elles se regardèrent et serrèrent la main de l'autre dans la leur avant de s'avancer et d'entrer dans la nouvelle pièce. Elle était en forme de dôme, assez grande, et au centre trônait un cercle de sable parfaitement lisse. Des pierres assez plates mais de la taille de Mirabel étaient contre les parois ainsi que des motifs étranges et singuliers.
- Y a personne..., murmura dans un soupire de soulagement la jeune fille aux lunettes
A peine eut-elle finit cette phrase, que les filles entendirent la porte se claquer derrière elles.
- NON ! hurlèrent-elles en coeur
Mais rien n'y fit, elles se retrouvèrent plongées dans une obscurité totale. Du moins c'est ce qu'elles crurent avant de discerner sous leurs pieds des petites lumières verdâtres, semblables à celles qu'elles avaient vu en pierre précieuse quelques instants plus tôt dans le tunnel. Elles baissèrent les yeux pour voir une multitude de points verts enfouis sous le sable puis, en prenant une grande inspiration, elles comprirent ce qu'elles devaient faire à présent.
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