☆ Chapitre 4 ☆
A son grand étonnement, Elie passa une nuit paisible. Cela était sûrement dû au fait qu'elle avait réussi à réparer le réveil de sa cousine sans problème et à lui parler tout à fait normalement, lui montrant qu'elle avait encore son pouvoir. Car s'il y avait quelque chose qu'Elie redoutait, c'était de ne plus pouvoir parler aux machines, ne plus pouvoir les comprendre et les aider. Elle voulait les soigner, les réparer, leur lire des histoires, jouer avec elles, danser avec elles, leur faire des câlins, et tout un tas d'autres choses encore auxquelles elle pensa avant de s'endormir. Elle avait peur pour sa famille aussi bien sûr, plus que tout. C'était d'ailleurs la seule vraie raison pour laquelle elle avait voulu faire cette mission, pour s'assurer que personne ne perdre son pouvoir et qu'ils restent tous heureux.
De très bonne humeur, elle se leva donc le lendemain matin. En sortant, elle vit Mirabel en bas qui lui fit de grands signes dès qu'elle l'aperçu. Elles se rejoignirent rapidement puis sortirent ensemble rejoindre le reste de la famille qui préparait le petit déjeuner à l'extérieur.
- Bon, commença Mirabel, Soyons claires, tu es de nous deux la plus proche de Dolores.
- Oui.
- Alors je pense que ce serait une bonne idée que ce soit toi qui aille lui parler.
- Oui.
- Est-ce que tu sais ce que tu dois dire ?
- Oui.
- Vraiment...?
- ...Non.
Elie sourit d'un air innocent à sa cousine ce qui la fit soupirer.
- Demande lui quelque chose comme "est-ce que tu as entendu des trucs magiques ?" ou juste une question comme ça pour savoir si elle sait quoi que ce soit !
La fille de Bruno hocha la tête et imita l'air déterminé de Mirabel pour s'approcher de son autre cousine. Celle-ci se servait à manger dans son assiette au buffet installé.
- Salut Dolores ! lança-t-elle joyeusement
La concernée tourna lentement la tête vers elle, les yeux légèrement écarquillés.
- Donc...je sais que toi et moi on est très proches...et je pense que je peux tout te dire sur ce qui me concerne alors ça paraitrait logique que toi aussi tu puisses tout me dire...non ?
Elie ne semblait pas vraiment certaine de cette phrase mais elle sourit de toutes ses dents pour mieux faire passer cette rencontre. Dolores regarda furtivement ailleurs puis se refixa sur sa petite cousine, ne disant pas un mot.
- Alors si on est d'accord là-dessus, reprit la noiraude, Tu pourrais me parler du problème de magie d'hier soir ? Tu sais, avec Mira on a eu...quelques complications...mais toi qui entends tout, je suis sûre que tu as entendu quelque chose dessus ! Pas vrai ?
Elle avait dit ceci d'une voix douce et posée, pour autant Dolores la regarda d'un air presque effrayée. Mais tout à coup, Félix surgit de derrière Elie en lançant un regard sévère à sa fille.
- Camillo ! s'exclama-t-il, Arrête de te faire passer pour Dolores pour manger deux fois !
En effet, en tournant la tête derrière son oncle, la fille de Bruno vit la véritable Dolores, un plateau à la main. Son cousin se retransforma alors avec un sourire moqueur.
- Ça valait le coup !
Comme toute réponse, Casita le poussa avec un volet ce qui fit rire légèrement Elie. L'oncle et le cousin s'éloignèrent chacun vers la table, Dolores, elle, s'approcha de sa cousine pour lui parler à voix basse.
- La seule personne qui s'inquiète pour la magie c'est vous, assura-t-elle en désignant d'un signe de tête Mirabel plus loin, Vous et les rats cachés dans les murs.
Alors que la jeune s'éloignait, laissant Elie perplexe, elle revint d'un coup sur ses pas, les yeux écarquillés.
- Oh ! Et Luisa ! J'ai entendu sa paupière trembler toute la nuit...
Elle ne dit pas un mot de plus et s'éloigna comme si de rien n'était. La noiraude regarda Luisa passer près d'elle à ce moment, et elle rejoignit rapidement Mirabel pour la mettre au courant. Mais avant qu'elle ne puisse dire quoi que soit, Abuela sortit de la maison, une tasse à la main.
- Allez ! Tout le monde à table !
Sur ces mots, des chaises arrivèrent pour se poser tout autour d'une table et chacun des membres de la famille s'installèrent à leur place respectives, déposant diverses choses. Avant qu'elles n'y aillent, Elie chuchota à Mirabel d'aller voir Luisa, disant qu'elle avait des informations ou du moins des craintes concernant la magie. La fille de Julieta acquiesça et s'assit donc à côté de sa soeur (ce qui irrita Pepa censée être à sa place). Comme à son habitude, Elie s'assit entre Dolores et Isabela qui lui adressèrent toutes deux un sourire en la voyant.
- Chère famille ! lança Abuela en s'asseyant en bout de table, Nous sommes tellement reconnaissants pour le nouveau pouvoir de notre petit Antonio.
Celui-ci la regarda avec un grand sourire, entouré de six animaux qui la fixait également.
- Je suis persuadée que nous trouverons un parfait usage de ton pouvoir ! assura la vielle femme en commençant à citer des idées
Tandis qu'elle parlait, Elie vit Mirabel entamer la conversation à voix basse avec Luisa. Et très soudainement, la jeune fille aux lunettes tapa du poing sur la table avec un immense sourire en s'exclamant:
- Oh j'en étais sûre !
Tout le monde sursauta et tous les regards se tournèrent vers elle.
- Mirabel ? Si tu as du mal à être attentive je vais t'aider, commença Abuela
- Oh non, ça-
- Casita, la coupa Alma
La chaise de Mirabel se recula et celles de Pepa et Félix a ses côtés se décalèrent pour que la jeune fille se retrouve assise à l'endroit où était son oncle: juste à la gauche d'Abuela.
- Alors, comme je vous le disais, reprit celle-ci, Il n'est pas raisonnable de considérer le miracle comme acquis. Aujourd'hui nous travaillerons deux fois plus dur !
Mirabel hocha la tête et déclara:
- Je vais aider Luisa !
Mais elle ne put pas se lever; sous les ordres d'Alma la chaise la fit revenir contre la table.
- Tout d'abord, continua la ville femme en se levant, J'ai une grande nouvelle. J'ai parlé aux Guzman à propos de la demande en mariage de Mariano pour Isabela (tout en parlant, elle marchait jusqu'à cette dernière en souriant). Dolores, avons nous une date ?
La concernée pencha la tête pour mieux entendre et après quelques secondes elle déclara:
- Ce soir. Et il veut cinq bébés.
Des petites fleurs poussèrent sur la tête d'Isabela.
- Oh c'est formidable ! s'exclama Abuela, Un jeune homme aussi bien élevé pour notre parfaite Isabela ! C'est pour nous la garantit d'une nouvelle génération de pouvoirs magiques qui rendra nos deux familles encore plus fortes.
Isabela qui avait affichée un air surpris à l'annonce de Dolores s'était vite reprise, les joues roses. Elle souriait à sa grand-mère mais Elie savait, elle, ce qu'elle pensait vraiment de tout ça. Il y avait eu un soir, la première fois que la jeune fille avait rencontré Mariano, où elle avait tout expliqué à sa cousine, bien qu'encore jeune à l'époque.
Trois ans auparavant...
- Elle veut que je l'épouse ! s'écria Isabela, des larmes aux coins des yeux
Elle venait d'entrer en trombe dans sa chambre, courant à toute vitesse vers son lit où elle s'effondra avant d'éclater en sanglots. Elie entra à son tour, refermant doucement la porte derrière elle, puis elle couru jusqu'au lit rejoindre sa cousine.
- Tu n'es pas obligée de le faire..., murmura-t-elle
Isabela releva la tête. A cause de ses larmes, son mascara avait coulé et dégoulinait sous ses yeux.
- Il le faut, affirma-t-elle, pleurant toujours, Il le faut pour la famille.
- Non ! C'est ce qu'Abuela veut mais pas toi ! Et...et elle n'a pas à choisir pour toi !
Pour la première fois de sa vie, Elie se rebella, ce qui surprit les deux jeunes filles. Aucune ne revenait d'avoir entendu cela, mais cela fit se dessiner un sourire sur les lèvres de la fille du Julieta.
Il fallut un instant pour qu'Isabela arrive à bien se calmer, avec l'aide de sa cousine qui resta à ses côtés, à lui parler et la rassurer. Finalement, elles étaient toutes deux assises sur le lit, les larmes séchées.
- Me marier avec Mariano renforcera notre pouvoir d'après elle, révéla la fille aux fleurs, Et elle a raison, elle compte sur moi. J'étais triste parce que...elle ne m'a même pas demandé... Je viens tout juste de le rencontrer, là ! Il y a deux heures à peine ! Et j'apprends que je dois l'épouser, peut importe si je l'aime ou pas !
- C'est injuste, affirma Elie en hochant la tête
- Oui mais...je ne veux pas la décevoir, elle compte sur moi.
Sur ces mots, elle se redressa, enleva de ses mains son maquillage fondu et garda la tête haute.
- Je suis parfaite, c'est mon devoir de le rester.
La fille de Bruno regarda sa cousine avec admiration. Elle l'avait toujours admirée, Isabela Madrigal. C'était vrai: elle était absolument parfaite. Et Elie avait toujours voulu lui ressembler, c'était son modèle, son idole, et elle était profondément fière de savoir qu'il s'agissait aussi de sa cousine et meilleure amie. Quand son père était parti, c'était Isabela - et Dolores - qui avaient fait en sorte de créer de vrais liens solides avec la petite fille. Quand elle avait ouvert sa porte et avait vu ce dessin d'elle avec toutes ses petites machines autour, c'était Isabela qui l'avait applaudit de toutes ses forces dans la foule. Quand elle avait fait son premier spectacle de danse à sa famille, c'était Isabela qui l'avait aidée et encouragée. Quand elle s'était prit les moqueries des enfants du village, c'était Isabela qui était venue les gronder et leur ordonner de ne jamais revenir. Quand elle était tombée, c'était Isabela qui lui avait tendu sa main pour l'aider à se relever. Et quand elle avait vu une photo de son père et s'était demandée comment sa vie aurait été s'il avait été là, c'était Isabela qui avait répondu que sa famille l'aimait coûte que coûte et la soutiendrait toujours dans ses choix.
Alors oui, Elie devait tout à sa cousine, et elle l'aimait plus que tout, plus qu'elle n'avait jamais aimé quelqu'un et qu'elle n'aimerait jamais quiconque.
Retour au temps présent...
- N'oublions pas que notre communauté compte sur nous ! rappela Abuela, sortant la jeune fille de ses pensées, La familia Madrigal !
- La familia Madrigal ! répétèrent tous les autres en coeur
- La familia Madrigal, souffla Elie en s'efforçant d'oublier son récent souvenir
Alors que tout le monde se levait pour partir effectuer sa tache, la fille de Bruno voulu rejoindre Mirabel qui s'empressait déjà de retrouver Luisa, partit au loin, sûrement pour éviter sa soeur. Mais alors qu'elle s'avançait dans sa direction, une voix la retint.
- Elie !
Elle s'arrêta net et se retourna pour voir Abuela avancer vers elle, un grand sourire aux lèvres.
- Oui Abuela ? Tu as besoin de moi ?
- Viens avec moi, j'ai quelque chose à te dire.
La jeune fille jeta un dernier regard vers Mirabel qui disparaissait derrière un buisson au loin puis soupira. Tant pis, elle lui raconterait comment leur discussion c'est terminée, pour l'instant Abuela avait besoin d'elle.
Côtes à côtes, les deux femmes s'éloignèrent donc en marchant, au début dans un silence total avant qu'Alma ne se racle la gorge et annonce:
- J'ai beaucoup réfléchis, Elie. Tu le sais déjà, très bientôt ta cousine Isabela va se marier et comme j'ai remarqué que vous êtes toutes les deux très proches, elle a sûrement dû te parler un petit peu de ce qu'était le mariage ?
Elie sourit en entendant les mots de sa grand-mère. Elle avait remarqué qu'elle et Isabela étaient très proches ! Mais elle ne pouvait pas trahir sa cousine, alors elle secoua la tête comme simple réponse.
- Oh je vois..., marmonna Alma avant de reprendre un sourire, Et bien...un mariage c'est lorsque deux personnes qui s'aiment décident de passer le restant de leur vie ensemble. Cela peut aussi être un avantage pour les deux familles, ce qui est le cas pour nous.
Mais Isabela n'aime pas Mariano, se dit Elie sans pour autant oser le dire à voix haute
- Je vois, ce n'est pas la vision que j'avais de la chose, répondit en toute honnêteté la jeune fille
- Et bien, maintenant qu'un premier mari est entré dans la famille, je me disais qu'il était important qu'il ne soit pas seul et qu'un second vienne. J'aimerais beaucoup réussir à marier Dolores mais je sais qu'elle sera moins facile à convaincre...enfin je veux dire, ce sera plus difficile de trouver quelqu'un à son goût ! Mes espoirs reposent donc sur toi, Elie.
Sur ces mots, elles s'arrêtèrent, et les yeux de la jeune danseuse s'écarquillèrent. Elle ? Se marier ? Non, ce n'était pas possible, elle ne voulait pas !
- M-mais...je..., bafoua-t-elle
- Je sais que tu ne me décevras pas, que tu feras le choix qui est le meilleur pour la famille, n'est-ce pas ?
Le regard insistant d'Abuela fit baisser les yeux d'Elie sur ses chaussures. Elle repensa à sa vie paisible avec sa famille et ses machines, devait-elle vraiment dire adieu à tout cela ? Elle comprit alors ce qu'Isabela avait ressentit ce jour là, quand elle avait pleuré après avoir rencontré Mariano. Et pour la première fois depuis longtemps, Elie eut envie de pleurer elle aussi. "Tu feras le choix qui est le meilleur pour ta famille", ces mots résonnaient sans cesse dans sa tête. Elle serra donc les dents et acquiesça sans un mot.
- Parfait ! lança énergiquement Abuela, Je suis très fière de toi, je savais que tu accepterai !
Et sa grand-mère laissa la jeune fille seule avec les miettes de son coeur.
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